Chapitre 1 : Tournoi

« Hey, Giréléna, ne va pas si vite quand même ! »

Je suis en train de courir derrière elle alors que j'ai l'impression qu'elle a le feu à la queue. Enfin, façon de parler puisque ce n'est pas possible actuellement. Je finis par sauter sur son long corps cylindrique avant de me maintenir dessus. Elle s'arrête, tournant son visage vers moi avant de me dire :

« Je peux savoir ce que tu es en train de faire là ? »

« Comme je ne peux pas te suivre car tu vas tellement vite, je suis bien obligé de grimper sur toi, je suis désolé, Giréléna. »

« Tu n'as pas vraiment l'air de l'être. » rétorque t'elle en me fixant de ses yeux saphirs. Je fais un petit sourire avant qu'elle ne soupire, recommençant son mouvement.

Ca va mieux quand même. Deux bonnes semaines sont passées depuis cet incident et il n'y en a pas eu d'autres. Heureusement pour moi. Enfin, encore une fois, j'aimerai penser de la sorte mais ce n'est malheureusement pas possible.

« Giréléna, nous sommes proches d'une ville non ? »

« Vivalnar. Connu pour sa charcuterie abondante et ses fermes nombreuses et … »

« Bon, j'ai compris. On va essayer de te trouver à manger là-bas, d'accord ? De la charcuterie pour nous deux. Par contre, je vais devoir faire une halte et il faut aussi que je récupère de l'argent. C'est dommage mais c'est ainsi. »

« Je t'ai déjà dit que pour l'argent, je … »

« Et tu sais aussi ma réponse. Je veux travailler de façon honnête. Pas en utilisant tes pouvoirs et ton charme pour … Quoi ? Pourquoi tu me regardes avec un sourire mauvais ? »

« Oh, tu n'aimes pas que j'aille voir d'autres garçons et que je les charme ? »

Qu'est-ce qu'elle raconte là ? Je fais un hochement de tête négatif avant de répondre d'une voix lente mais sûre :

« Je n'aime pas que tu manipules les autres, c'est différent. »

Voilà qu'elle fait maintenant une mine boudeuse. Vraiment, j'ai du mal à la comprendre cette Giratina humanisée. Ah … je ne dis plus rien alors que nous avançons tous les deux, moi sur elle. J'ai au moins de la chance qu'elle me laisse la monter.

« J'ai faim ! J'ai vraiment faim ! » s'écrit-elle subitement, me faisant sursauter.

« Alors, dépêchons nous ! Plus vite on y arrive, plus vite, nous pourrons manger. » répond-je alors qu'elle accélère sans prévenir. Je pousse un cri de surprise, commençant à me maintenir à sa taille, ma tête collée contre son dos. HEY HEY ! ELLE VA TROP VITE !

Et pourtant, quelques minutes plus tard, elle s'arrête alors que j'ai le mal … j'ai mal au ventre. Je sais pas comment je peux appeler ça. Le mal de femme-serpent ? Ohla ! Je pose une main sur ma bouche.

« Vomis sur moi et je te fais avaler tout ce que tu craches. »

« T'avais pas qu'à … argl. »

Je tombe sur le côté, restant couché pendant quelques instants pour reprendre mon souffle. Mais surtout combattre ce mal de ventre qui m'envahi. Elle l'a fait exprès ou quoi ? Je sais pas mais j'ai encore du mal à tenir sur mes jambes. Je crois pas que ça va passer en un clin d'œil malheureusement.

« Nous sommes arrivés sinon. » me dit-elle alors que je me tourne vers elle. Voilà qu'elle a repris sa forme humaine. Je détourne le regard. Cette fichue jupe qui semble provenait de ses écailles est bien trop courte ! Je ne vais pas la regarder ! Je ne ferai pas ça ! « Pourtant, la vue est agréable, Nev. »

Tsss ! Je me redresse aussitôt sans lui répondre. Non mais ! Pour qui est-ce qu'elle me prend ? Elle devrait pourtant savoir que tout ça est inefficace avec moi ! Je me mets à côté d'elle, la dépassant avant de me diriger vers cette ville. Ohla ! C'était quoi son nom ? Vivalnar ? C'était peut-être la ville la plus grande que je connaisse.

« Tsss … c'est pas si mal que … hey ! »

Elle voulait se vanter mais son ventre a parlé pour elle. La voilà qui coure vers la ruelle marchande, déjà en train de regarder les étalages. Ah … j'ai l'impression d'avoir affaire à une enfant. Enfin … nous nous sommes dit la vérité, elle et moi.

« HEY ! NEV ! Arrête de rêvasser ! »

Hein quoi ? Elle me prend subitement par le bras, me tirant jusqu'à elle tout en souriant. Elle me présente quelques saucissons et autres nourritures issues de la charcuterie. J'entends des murmures et des regards, certains disant :

« Non mais elle est vraiment avec lui ? Regardez-moi cet adolescent. Avec ses cheveux roses et sa taille, il est complètement ridicule. C'est peut-être un esclave ? Un domestique ? »

Je baisse la tête avec honte. C'est sûr que par rapport à Giréléna, je fais vraiment pâle figure. Très très pâle figure même. Je me gratte la joue avec lenteur, n'osant plus regarder devant moi. J'ai un peu honte, je l'avoue. En fait, j'ai très honte même.

« Giréléna, je vais te donner un peu d'argent, d'accord ? Tu achètes ce que tu veux. »

Je place déjà ma main sur mon sac, l'ouvrant pour en retirer une petite bourse. Ah … elle a bien rétréci depuis le temps mais bon. Ce n'est pas le moment de penser à ça. Je … bon. Voilà pour elle. Normalement, connaissant les prix, elle pourrait vraiment se satisfaire de tout ça. Je prends la main de Giréléna, déposant les nombreuses pièces dans celle-ci mais elle m'agrippe ma main, me tirant contre elle.

« Je peux savoir ce que tu fais encore ? J'ai pas envie de payer. Tu me payes ! C'est encore meilleur si c'est un cadeau ! »

« Demander de la nourriture comme cadeau, y a vraiment que toi pour … »

Elle m'empoigne encore mieux, me forçant à être collé contre elle alors que je me retrouve devant. Je sens sa poitrine juste derrière mon crâne. C'est gênant, très gênant. Et puis, elle a placé ses mains sur mes épaules, un peu autour de mon cou.

« Alors, au lieu de parler, exécution. »

Qu'est-ce qu'elle manigance ? Elle me pointe différents morceaux de lard alors que je demande au boucher de me les donner. Bon, avec l'argent que j'ai, aucun souci pour payer et visiblement, ils semblent moins chers que prévu.

« Miam, miam, miam, je sens que je vais me régaler. »

Dire qu'elle m'a presque ruiné. Enfin, non, avoir autant de viande et autres pour cet argent, c'est étonnant. Et il reste aussi quand même quelques pièces. Elle me regarde avec de gros yeux attendrissants. Je sais ce qu'elle veut.

« Non, Giréléna. Ce n'est pas tout pour toi. »

« Mais tu vas cuisiner ça quand hein ? J'ai faim ! J'ai faim ! J'ai faim ! »

« Ne te plains pas sinon je … »

Raaaaaah ! Pourquoi est-ce qu'elle me regarde comme ça ? Je suis censé faire quoi ? Surtout que j'ai l'impression que je dois lui être redevable. Je ne sais pas comment réagir exactement … bon … j'ai compris. Je me prend soudainement une feuille en plein visage, Giréléna ayant un petit rire.

« Hahaha ! Quel idiot ! Regarde donc devant toi la prochaine fois, Nev ! »

« Très drôle, je suis vraiment mort de rire, Giréléna. »

Je prends la feuille et je suis prêt à la jeter mais je m'arrête dans mon mouvement. Qu'est-ce que … C'est quoi ça ? Une affiche ? De la publicité pour un tournoi ? C'est étrange, très étrange même mais en même temps.

« HEY ! Giréléna ! J'ai ma solution ! »

« Qu'est-ce que tu racontes encore ? » me dit-elle alors que je lui présente l'affiche.

C'est un tournoi. Un tournoi avec une forte récompense en argent pour le gagnant ! Même les femmes-pokémons sont autorisées ? C'est quoi ce tournoi ? Mais surtout, c'est la récompense en argent ! Avec une telle somme, il n'y aurait normalement aucun problème !

« Mouais, des femmes-pokémons, c'est ça ? Tu sais que si tu perds contre elles, tu risques de devenir un esclave sexuel ? C'est peut-être ce que tu cherches ? »

« Non, je cherche surtout un moyen d'avoir de l'argent, c'est différent. »

« Mais avant, je veux que tu prépares à manger ! »

« Ca ne te dérange pas que je participe au concours ? Enfin, plutôt au tournoi ? »

« Bof, j'en ai rien à faire. Fais-moi à manger ! »

Bon, ça sert surtout à rien de discuter avec elle. Elle ne pense qu'à son estomac sur le moment. Il fallait bien que je m'en doute. Mais ce n'est pas un problème, je m'y attendais aussi. Nous avons déjà quitté la ville et je suis en train de préparer les flammes. Pendant ce temps, elle commence à fouiner dans mon sac, la tête plongée dedans, le regard mutin. Mais aussitôt, je lui donne une petite claque sur le sommet du crâne.

« AIE ! Mais ça fait mal, Nev ! Tu me provoques ? Tu sais ce qui risque de t'arriver ? »

« Oui. Mais toi, tu sais ce qui risque de t'arriver ? Que tu n'aies pas à manger. »

« … … … ah ! Tu vas voir ! Quand on en aura terminé avec ce fichu tournoi ! La prochaine fois, j'irai cuisiner ! »

Ah oui ? Elle est où la blague ? Je la regarde avec suspicion et elle sent bien que je ne la crois pas le moins du monde. Et elle a parfaitement raison. Bon, je ferai mieux de préparer le repas. Je commence à fouiner dans le sac à mon tour. Bizarre, il manque …

« GIRELENA ! Tu as déjà mangé dedans ! »

« Hey ! Ce n'est pas comme si j'allais être constipée non plus ! Je n'ai pas le corps d'une humaine, je te rappelle ! Je suis bien mieux que ça ! »

« Des mots très élégants provenant d'une demoiselle. »

Je commence des fois à être las de me bagarrer avec elle. Mais je crois que c'est ce qu'elle cherche dans le fond. A se rendre intéressante. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur des petites imbécilités de la sorte.

Quelques instants plus tard, je l'observe en train de manger goulument. Vraiment ? Elle avait tant faim que ça ? Est-ce que je dois vraiment la considérer comme une femme-pokémon ? Elle termine son repas mais elle a les joues barbouillées de sauce.

« Je vous jure, vraiment. »

Je sors un petit mouchoir et m'approche d'elle. Je commence à essuyer ses joues alors qu'elle me les tend. Je rêve ou je suis en train de délibérément lui essuyer les joues ? Surtout qu'elle savait qu'elle était tâchée ! Devant mon désarroi, elle dit dans un petit rire :

« Voilà, tu te comportes exactement comme un serviteur à sa reine. »

« Tu veux que je t'envoie le mouchoir sur la face ? »

« Essaies donc pour voir, Nev. »

Je n'ai pas de temps à perdre avec ça. Je mets le mouchoir en boule avant de le jeter dans le feu. Elle ne veut pas m'écouter, elle ne veut rien comprendre. Pourquoi je devrai perdre mon temps ? Je m'installe dans mon coin, prêt déjà à dormir.

« Hey … Au cas où, pour demain, je serai dans les gradins hein ? Pas dans les vestiaires. Pas envie que les femmes-pokémons me remarquent. »

« Fais comme tu veux, Giréléna. Je ne pense pas que ça sera pour me soutenir. »

« … … … Evite juste de te rendre ridicule pendant un combat, d'accord ? »

« Je ne sais pas, je verrai suivant mon humeur. Bonne nuit, Giréléna. Bonne nuit. »

« Mais qu'est-ce que tu m'énerves quand tu me parles comme ça ! »

Qu'est-ce qu'elle est en train de faire ? Je ne comprends pas mais elle se déplace à toute allure avec sa couverture sur le corps. Elle arrive jusqu'à moi, déposant une partie de la couverture sur moi alors que je la regarde interloqué.

« Arrête de bouder comme un gamin, ça m'enrage plus que tout le reste ! »

« Je ne boude pas ! Et qu'est-ce que tu fais là ? »

« Je te remercie pour la cuisine ! Tss ! Espèce d'humain ingrat ! Tais-toi et dors ! »

J'arrive plus à saisir ce qui se passe avec elle ! Des fois, elle me fatigue. Des fois, elle se montre agréable et sympathique ! C'est qui la vrai dans ce traquenard ? Pas que je me fasse piégé comme un débutant par sa faute !

« Tu dors et tu te tais, compris ? »

« Ouais, ouais, je dors, je dors. »

Je grogne de mon côté et j'entends aussi un grognement du sien. Je ferme les yeux, cherchant à plonger dans le sommeil le plus rapidement possible. Mais la sentir à côté de moi me met un peu mal à l'aise, je le reconnais.

« Grumpf. A plus faim, je suis gavée. Mais je te veux, toi, comme dessert ! »

« Qu'est-ce que tu racontes ? Giréléna, non, je ... »

Je sens tout son corps qui s'effondre sur moi alors que je tente de me mouvoir. Il est hors de question que je me laisse abuser de la sorte et … Hein ? Elle est en train de dormir là ? Elle a vraiment les yeux fermés ? Elle est vraiment en train de dormir là ? C'est stupéfiant, vraiment stupéfiant même. Mais moi ? Je suis censé faire quoi ? Je ne peux pas bouger !