J'adore vraiment Shingeki no Kyojin et j'ai eu un coup de cœur pour le couple/duo que forment Ymir et Christa, donc je me suis dit « pourquoi ne pas essayer d'écrire dessus ». Cette fiction prendra essentiellement place pendant les trois années d'entraînement, mais il se peut que je déborde un peu pour les derniers chapitres. Cette fanfiction sera essentiellement composée de tranches de vie, donc pas d'aventure ou de mystère à résoudre, juste la vie de tous les jours.
Je préfère prévenir tout de suite, il y aura au cours de l'histoire quelques spoilers.
Bonne lecture.
Disclaimer : Shingeki no Kyojin est la propriété de Hajime Isayama.
Un nom.
Le corps de Sasha endormie fut jeté négligemment sur l'un des lits par l'adolescente aux tâches de rousseurs qui avait pris l'initiative de la transporter jusqu'au dortoir. Christa se pencha légèrement vers la jeune fille assoupie, persuadé que le choc allait la réveiller. Mais celle-ci, exténuée par cinq heures de courses, se contenta d'émettre un léger ronflement. La fille blonde sentait le regard oppressant de l'autre fille dans son dos.
-Merci,murmura Christa mal à l'aise.
Son interlocutrice la fixa pendant quelques secondes sans dire un mot, puis laissa échapper d'un air grognon :
-Pas de quoi, de toutes façons je n'ai pas fait ça pour toi...Ou pour elle...J'ai agi uniquement par intérêt personnel.
Des gloussements et des éclats de voix marquèrent l'arrivée d'un second groupe de filles alors que Christa cherchait une réponse appropriée. Elle remarqua que l'adolescente qui lui avait donné un coup de main pour transporter Sasha avait profité de ce moment d'inattention pour lui fausser compagnie.
Elle s'élança machinalement vers l'extérieur, mais s'arrêta sur le seuil. Dehors, seules quelques rares étoiles tentaient timidement de percer la pénombre et les branches craquaient d'une façon sinistre sous les assauts du vent. Dans la chambre la plupart des nouvelles arrivantes s'affairaient à choisir une paillasse parmi celles encore disponibles.
-Tu attends quelqu'un ? l'interpella une fille aux cheveux noirs,un petit ami qui va passer ici pour se rendre dans son dortoir par exemple.
-Euh non c'est juste que...
Christa remarqua qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle cherchait à faire en s'élançant à la suite de la personne qui l'avait aidé un peu plus tôt dans la soirée, surtout quand la personne en question avait précisé, plusieurs fois, avec insistance, n'avoir agi que par intérêt personnel.
-Alors fermes la porte, le froid rentre.
Elle hocha la tête et entreprit de pousser la porte qui glissa sur le sol en grinçant et se tourna vers la fille qui l'avait interpellé-Mina si elle se souvenait bien :
-Tu ne saurais pas comment s'appelle cette fille avec les taches de rousseur ?
-Avec des taches de rousseurs...Tu pourrais être un peu plus précise, cette description correspond au minimum à une dizaine de filles ici !
Christa baissa la tête d'un air penaud. En effet, avec si peu de renseignements,personnes ne risquaient de savoir de qui elle parlait. Elle farfouilla dans ses pensées quelques instants pour étoffer sa description.
-Plutôt grande, avec les cheveux bruns assez courts.
Mina inclina la tête d'un air pensif, le menton entre les mains.
-Non ça ne me dit rien désolé.
-Je pense voir de qui tu parles...
C'était une fille assise en tailleurs quelques matelas plus loin qui venait de s'immiscer dans la conversation.
-...Et maintenant que j'y pense, il me semble qu'elle ne t'as pas quitté des yeux de tous le repas...
Christa déglutit avec difficulté, elle avait sûrement attiré son attention en camouflant la miche de pain pour Sasha sous son uniforme essaya-t-elle de se persuader, cela n'avait rien de personnel. Pourtant la boule qui venait de se créer dans son estomac ne faisait que s'accroître, et si c'étaient « eux » qui l'avaient envoyer pour la surveiller ou pire pour...Elle se mordit l'intérieur de la joue pour reprendre ses esprits, ce n'était pas le moment de paniquer.
-Est-ce que par hasard tu connaîtrais son nom ? se hasarda-t-elle à demander.
Une fois de plus la réponse fut négative, ce qui creusa encore plus son désarroi et ses suspicions. Pendant ce temps la chambre s'était presque intégralement remplie, les deux lits encore libres étaient ceux situés entre celui de Sasha et une paroi en bois mal isolée où le vent s'infiltrait en sifflant.
-Mais pourquoi t'intéresses-tu tant à elle ? interrogea cette fille qui avait été,elle aussi,incapable de lui donner un nom, si tu cherches à te faire des amis il y a des personnes qui m'ont l'air bien plus sympathiques ici.
Christa haussa les épaules en signe d'ignorance, à vrai dire elle même n'en savait rien. Peut-être y voyait-elle un fantôme de ce passé qu'elle avait laissé derrière elle.
La cloche signalant le début du couvre-feu se mit à retentir. La fille aux cheveux blonds remarqua qu'elle n'avait toujours pas choisi sa propre couchette, l'idée de dormir exposée au froid et collée contre le mur glacial ne lui plaisant guère elle opta pour l'autre. Dehors, seul le martèlement des bottes brisaient le silence de la nuit. Les chuchotements déclinaient au fur et à mesure que le bruit des pas s'intensifiaient, pour reprendre en intensité dès que les gardes s'éloignaient de nouveau. Elle sentit les yeux lui piquer et réprima un bâillement, le mieux pour l'instant était de dormir, la journée avait été fatigante et demain risquait d'être encore plus rude, mais surtout après un bonne nuit de sommeille elle aura les idées claires pour réfléchir à tout cela. Et le lit à sa droite restait toujours vide.
Christa se roula en boule sous le drap et tourna son visage vers Sasha, toujours profondément endormie. Jusqu'à présent elle s'était tenue près de l'entrée, observant les allées et venues des unes et des autres et, pour le moment l'inconnue, son inconnue, n'était toujours pas revenue de son escapade nocturne, or si ses calcules étaient correctes, il y avait de grandes chances qu'elle soit contrainte d'utiliser le lit à sa droite.
Christa remonta la couverture sur sa tête, comme si ce morceau de tissu était en mesure de lui offrir une protection.
Christa mordit dans son morceau de pain, brisa la croûte et en arracha un morceau. La mie avait peu de goût et un aspect caoutchouteux en bouche. Elle en frotta une tranche à l'intérieur de son bol pour attraper les derniers grumeaux collés à l'intérieur. Autour d'elle le son des cuillères raclant les écuelles avait remplacé les conversations matinales. La jeune fille ne pouvait s'empêcher de se sentir nerveuse à l'idée de cette premières journée d'entraînement et, à en voir le visage de certains de ses condisciples, elle n'était pas la seule dans ce cas.
-J'ai hâte de m'essayer à la manœuvre tridimensionnelle ! s'exclama un garçon dont l'enthousiasme tranchait avec l'ambiance générale.
-Ça a quand même l'air dangereux, les accidents doivent être terribles, rétorqua un autre plus inquiet.
Un brouhaha d'idées contradictoires parcourut la salle.
Ceux qui avaient fini commencèrent à quitter la cantine par petits groupes, récemment formés, les derniers retardataires en profitèrent pour attraper un bol au vol et s'emparer de leurs places désormais libres.
Christa sentit quelqu'un s'asseoir à coté d'elle et jeta un rapide coup d'œil. Elle reconnue Sasha qui la salua d'une voix pâteuse. Sa main droite serrait un bol vide et une cuillère tachée, signe qu'elle avait déjà avalé sa propre portion, pourtant les gargouillis que produisait son estomac semblait indiquer que cela n'était pas suffisant. La plus jeune contempla le morceau de pain qu'elle tenait encore entre ses doigts. Elle sentit le regard de sa camarade se poser dessus. Elle le tendit :
-Il ne me reste pas grand chose mais...
Les yeux de Sasha s'illuminèrent et elle se mit à bafouiller des remerciements. Ces remerciements bredouillés provoquèrent chez la petite blonde à la fois une gène, mais aussi un curieux sentiment de satisfaction dont elle se sentait coupable.
L'un des officiers chargé de les encadrer fit irruption dans la salle. Il parcourut du regard la pièce en s'attardant sur les recrues encore attablées.
-J'ai besoin de quelques mains supplémentaires pour les corvées, le nombre de sanctionnés n'est pas suffisant, des volontaires ?
La plupart se mirent à baisser la tête et à regarder leurs pieds, cherchant à se faire le plus discret possible pour y échapper. Le sourire coupable qui venait d'apparaître sur la figure barbouillée de Sasha indiqua qu'elle faisait parti des sanctionnés en question.
Le militaire désigna du doigt une tablée :
-Bon, j'ai l'impression que je vais devoir désigner, vous deux, vous donnerez un coup de main pour la vaisselle.
Il se tourna vers une seconde table :
-Et vous trois vous aiderez à l'installation des équipements pour les test de ce matin.
Il s'arrêta un instant pour réfléchir.
-Je crois qu'il me manque encore une personne pour aller chercher de l'eau...
Automatiquement,Christa se leva et elle s'entendit dire :
-Je suis volontaire !
Elle avait l'impression que sa voix s'était exprimée indépendamment de sa volonté, que son personnage de « fille sur qui on pouvait compter » qu'elle essayait de construire depuis son arrivée au camp lui collait à la peau tel un costume dont elle n'arrivait pas à se défaire.
Mais le regard satisfait de son instructeur et l'air soulagé de ses condisciples lui indiqua qu'elle avait fait le bon choix. Si elle continuait à agir comme ça , elle serait appréciée par les autres,à coup sûr.
Elle fit le salut réglementaire et partit dans la direction indiquée,au fond du terrain situé à l'arrière du bâtiment abritant la cuisine et le réfectoire. Le puits, qui s'enfonçait sur plus d'une dizaine de mètres sous la terre, avait été creusé derrière un bosquet d'arbres que les rayons matinales perçaient timidement.
Par réflexe elle tenta d'apercevoir le fond, mais l'obscurité qui y régnait l'empêchait de voir.
A la place elle ramassa un pierre et la laissa tomber, au bout de quelques secondes elle discerna un léger bruit d'impact. Christa remis derrière son oreille un mèche de cheveux blonds qui s'était placée devant ses yeux, attrapa la corde et tira pour faire remonter la seille. Mais après plusieurs mètres d'ascension le récipient se bloqua. Elle tira de nouveau sur la corde, puis retira encore et encore, rien n'y faisait, le seau refusait de venir. La jeune recrue se pencha légèrement pour essayer de comprendre le problème et constata que le récipient s'était coincé dans un creux d'une telle façon qu'il était impossible à débloquer en tirant sur le fil.
Elle se hissa sur la pointe des pieds, se pencha en avant, et étira son bras au maximum, ses doigts se refermèrent sur le vide. Elle pensa un instant à demander de l'aide, mais quelque chose l'en empêcha, à la place elle se plaça à genoux sur le rebord et se pencha encore un peu plus. Christa se sentit glisser, et elle ne put s'empêcher de laisser échapper un cri mêlé de surprise et de frayeur lorsqu'elle bascula en avant. C'était la fin, elle allait s'écraser lamentablement au fond de ce puits et mourir d'une manière ridicule, bien loin du sacrifice héroïque qu'elle espérait...
On l'attrapa par le bas de son blouson et elle atterrit brutalement sur le sol.
-Qu'est-ce qui t'as pris ! la houspilla une voix reconnaissable entre toutes.
Toujours à terre, Christa bredouilla faiblement :
-Je voulais...
Apparaître comme une personne sur qui on peut compter, mais les mots se coincèrent dans sa gorge.
-Rendre service, acheva l'autre fille avec un soupir de désapprobation, et tu pensais que te mettre inutilement en danger était la manière la plus adéquate de t'y prendre ?
Avant même d'obtenir une réponse, elle releva la plus jeune sans ménagement et se dirigea vers le puits.
Christa épousseta rapidement son uniforme couvert de terre tandis qu'un seau rempli d'eau remontait en se balançant au bout de la corde.
-Merci, murmura la plus petite.
Les mains de l'adolescente avec les éphélides se crispèrent sur la anse du récipient et une partie du liquide transparent se déversa sur ses pieds.
-Pas de quoi, dit-elle-visiblement gênée.
Christa se mit à penser que les mauvaises rumeurs qui couraient sur son compte, n'étaient pour la plupart que des fadaises, et s'en voulu de pas connaître le nom de la personne qui lui était venu en aide deux fois en moins de vingt-quatre heures.
-Ton nom...Je..J'aimerais le savoir, je n'ai pas fait attention lors de la séance d'intimidation hier...
Un sourire se dessina sur le visage de son interlocutrice.
-Ymir, répondit-elle en relevant la tête avec fierté.
Elle donna une légère pichenette sur le front de la plus petite.
-En effet tu n'as vraiment pas fait attention, je fais parti de ceux à qui l'on a épargné une telle chose.
-Ça veut dire que tu as vu, que tu étais là lorsque...
Christa s'interrompit net et persuadée d'avoir fait remonter des souvenirs douloureux, baissa la tête, embarrassée :
-Je suis désolé, je ne voulais pas...
-Sans importance, tout cela c'est du passé.
Les différent sons qui lui parvinrent aux oreilles : un bruits de pas qui baissait en intensité, le grincement du seau, le clapotement de l'eau, indiquèrent à la fille aux cheveux blonds que sa camarade avait commencé à s'éloigner.
-Bon tu viens ! L'entraînement est sur le point de commencer, l'apostropha la plus grande.
Christa releva la tête et vit l'autre apprentie qui l'attendait quelques mètres plus loin. Elle emboîta le pas de Ymir.
