- Bien, tout le monde, passez une bonne soirée !
- Bonne soirée Ryuzaki-sensei ! répondit le Club de Tennis en choeur.
- Les Titulaires, entraînement spécial, bien sûr.
- Bien sûr, marmonna Momo.
Il avait une affreuse envie de manger. Il songea rapidement qu'être un estomac sur pattes le perdrait. Tous récupérèrent leurs raquettes et commencèrent à s'échauffer d'une manière plus ou moins enthousiaste, selon qu'on soit Eiji ou Ryoma. Ils firent ensuite des matchs de deux contre un en alternant les groupes. Lorsque ce fut la fin, ils étaient tous épuisés. Ils se changèrent et Momo s'approcha de son Première année préféré.
- Echizen, on va grignoter un truc ?
- Wiss (1) !
Ils proposèrent également aux autres de venir. Oishi ne pouvait pas, Kaidoh non plus, Kawamura devait aider au restaurant et Inui avait des données à récolter sur Dieu seul sait quelle personne. Fuji et Eiji accompagnèrent donc les deux gloutons. Bien évidemment, avec toute l'innocence dont ils étaient capables, Momo et Echizen annoncèrent à leurs senpais que la note étaient pour eux seulement quand leurs commandes arrivèrent. Et quand la dame au guichet leur demanda de payer :
- Ce sont les deux derrière qui nous invitent ! répondirent-ils en choeur.
Eiji soupira et Fuji rigola.
- Allons, Eiji. On trouvera un moyen de se venger.
L'homme-chat déglutit.
" Ne se mettre Fuji à dos sous AUCUN prétexte ! " pensa-t-il.
Ils prirent tous deux leurs commandes et payèrent celles de leurs kouhais (étonnamment, ou pas, élevées). Après ce petit tour, ils attaquèrent leurs plateaux. La journée avait été éprouvante. Momo et Echizen semblaient vraiment heureux d'engloutir leurs hamburgers. Autant que de jouer au tennis. Ces deux-là étaient vraiment des cas...
*
* *
Le lendemain, Ryoma manqua l'entraînement du matin car Karupin avait fait tombé son réveil dans la nuit et les piles s'étaient retirée par la plus grande malchance. Lorsque le garçon s'était réveillé, il avait trouvé son chat assis sur l'arrière-train, miaulant comme s'il était fier de son coup. Echizen avait d'abord pensé à l'ébouillanter mais il se ravisa pour cause d'attachement trop grand. Il avait donc simplement pris sa douche, manger, but ses bouteilles de lait quotidiennes, engueuler son père de ne pas l'avoir sorti du lit et s'était enfui en direction de Seigaku.
Il était arrivé juste à temps pour le premier cours. Dans les couloirs, il croisa Kaidoh.
- Oyaho, Kaidoh-senpai, avait-il dit d'une voix... de sa voix habituelle en fait.
- Shhhh, ohayo. Demain, siffla le joueur au bandana-sans-bandana-parce-que-non-il-n'a-pas-le-droit-de-le-mettre-en-cours-donc-il-est-obligé-de-laisser-ses-cheveux-libres-et-même-qu'on-le-reconnaît-pas-toujours-mais-au-final-sa-tête-d'antipathique-même-s'il-peut-parfois-être-mignon-le-trahit.
- Demain ? répéta Echizen, étonné.
Mais le Deuxième Année s'en alla sans rien ajouter. Ryoma ouvrit grands les yeux et se demanda si son senpai allait bien. A midi, alors qu'il se dirigeait vers le toit, il croisa Fuji et Eiji.
- Fuji-senpai, Eiji-senpai, les salua-t-il.
- Yo Ochibi ! N'oublie pas demain ! glissa l'acrobate avec un clin d'oeil.
- Quoi demain ?
- Si tu oublies, Ochibi, tu auras affaire à moi !
- Demain ! conclut Fuji en entraînant son ami dans l'autre sens.
Ryoma les regarda partir sans comprendre. Mais au moins, il savait que Kaidoh allait parfaitement bien. Enfin, parfaitement... Ou alors, ces trois-là avaient attrapé un virus bizarre. Soit ça, soit il y avait quelque chose qui devait se dérouler demain. Hum... Après réflexion, il pencha pour la première option. Il ne voyait vraiment pas ce à quoi il devrait penser en se réveillant demain. Peut-être l'ont-ils appris à l'entraînement de ce matin... Ryoma pesta contre son chat avant de s'en vouloir et de supplier intérieurement Karupin de lui pardonner ce moment d'égarement. Mais ne pas savoir était frustrant. Horriblement frustrant. D'autant plus qu'il n'avait droit qu'à un indice.
- Demain, hein ? laissa-t-il échapper dans le vent.
Dans la journée, il croisa Oishi qui trottinait pour rendre un livre à la bibliothèque.
- Demain ! cria-t-il en passant.
Vint ensuite le tour d'Inui :
- Il y a 99% de chances que d'autres te l'aient déjà dit mais je me dois quand même de te l'annoncer, pour les 1% restants : Demain.
- Mais demain quoi, Inui-senpai ?
Le fou de données sourit, remonta ses lunettes et sortit une mixture rouge d'on ne sait où (Hého, pas de pensées malsaines hein xD). Ryoma s'enfuit sans demander son reste. Juste avant le début des cours, alors qu'il était assis, Kawamura frappa à la porte de sa salle et demanda à lui parler.
- Echizen-kun, je viens juste pour te dire de ne pas oublier demain, chuchota-t-il à son oreille.
En fin de journée, Ryoma crut qu'il allait commettre un meurtre. TOUS ! Ils étaient TOUS au courant et lui répétaient TOUS la même chose. Sans rien lui dire de concret, au final. Il était tellement irrité que lorsque Momoshiro lui proposa d'aller manger quelque part, il déclina l'invitation.
- Ah, je vois. Tu vas préparer quelque chose pour demain, hein ? Bah, bonne chance Echizen !
- Hein ?
Mais même lui, SON Momo qui ne lui cachait rien, s'éloigna rapidement et sans lui donner plus d'explications. Une fois rentré chez lui, il vérifia les trois calendriers de la maison, interrogea mine de rien sa cousine et sa mère mais n'osa pas poser la question à son père. Qui sait ce que ce vieux déchet pourrait lui répondre ! Dépité, Ryoma s'écroula sur son lit. Il avait beau se creuser la tête, il ne voyait absolument pas de quoi voulait parler son équipe.
- Oh, et puis je verrais demain, c'est tout !
*
* *
Ryoma se réveilla en sueur. Il avait très mal dormi. Dans son rêve, il faisait un match de tennis contre Atobe. Ce dernier se transforma soudainement en grenouille et claqua des doigts avant d'annoncer l'exploit de ses prouesses. Prouesses qui consistaient à attraper toutes les mouches qui passaient à proximité. Déboussolé, le jeune Prince se tourna vers ses coéquipiers mais Oishi était une femme, Eiji un chat, Fuji un diablotin, Kawamura un sushi géant, Momo une boîte de frite, Kaidoh un serpent, Inui un ordinateur et Ryuzaki-sensei le yéti des neiges. Ils le regardaient tous et scandaient "Demain, demain, demain, demain". Sans comprendre comment ni pourquoi, il se retrouva à porter un tutu rose et tout le monde se moquait de lui. Il avait beau essayer de l'enlever, rien n'y faisait. Le Trio de Première Année était hébété, Tomoka hurlait que "Ryoma-sama est troooop beau dans cette tenue" et Sakuno rougissait. Le clou du spectacle fut que Karupin le battit 6 à 0.
Il prit sa douche un peu plus longtemps que d'habitude, histoire de se débarrasser le plus possible de ce cauchemar sans queue ni tête. Une fois attablé devant son petit-déjeuner, il se souvint qu'aujourd'hui était ce jour. Le demain de la veille (Ouah !). Son appétit le quitta et un noeud d'angoisse prit sa place.
" Est-ce que je devrais sécher ? "
Non, fuir ses responsabilités n'est pas digne d'un homme. C'est ce dont il se persuadait alors qu'il marchait vers Seigaku. Momo n'était pas passé le chercher mais il n'y fit pas plus attention que ça. D'ailleurs, il avait appris qu'il n'y avait pas non plus d'entraînement matinal. Il décida donc d'attendre dans sa classe. La matinée se passa normalement. Mais il était chiffonné de ne toujours pas savoir...
A midi, il partit manger sur le toit. L'après-midi passa également et vint enfin l'heure de rejoindre le Club. Il n'eut pas réellement l'occasion de demander aux autres ce que signifiait leur cirque d'hier puisque le programme d'entraînement d'Inui était assommant. Il eut même du mal à ouvrir la bouche autrement que pour tenter de respirer à la fin de celui-ci. Presque en rampant, il s'approcha de ses coéquipiers.
- Alors ? Qu'est-ce qui est censé se passer aujourd'hui ?
Ils échangèrent tous un regard.
- Ne me dis pas que tu ne sais pas ? demanda Momo.
- Bah si.
- Et donc, tu n'as rien fait ?
- Bah non.
- Sssssssh ! (vas-y Kaidoh, bientôt on te comprendra ! Yeah, tous avec toi ! Pardon, je m'emporte...)
- Et donc, tu n'as pas été voir Sakuno-san de la journée ? s'enquit Oishi.
- Ryuzaki ? Pourquoi ?
- Parce que c'était son anniversaire, Ochibi ! soupira Eiji.
- On a tous été le lui souhaiter.
- Heeeeein ? Mais comment vous le saviez ?
- Ryuzaki-sensei l'a dit hier. Et en guise de punition, tu devais t'en rappeler tout seul.
- C'était impossible, je ne savais pas moi ! ronchonna-t-il.
Ils lui jetèrent tous un regard meurtrier. Il déglutit.
- Dites donc, vous avez rapidement repris des forces...
- Ne change pas de sujet ! Comment comptes-tu te faire pardonner ? interrogea Oishi.
- Hein ?!
- Tu as oublier son anniversaire !
- Je lui souhaiterais l'année prochaine !
- Ochibi ! s'indigna l'autre membre de la Golden Pair.
- Je m'excuserais.
- Elle doit croire que tu la détestes. Ou qu'elle n'est pas importante pour toi, susurra Fuji.
Chaque mot s'échappant de la bouche du Prodige pouvait être une arme meutrière. Derrière ses airs d'ange, il était infernal.
- Et ? s'avança Echizen.
- Et ? Ah, désolé. Je pensais que tu ne te fichais pas d'elle. Mais visiblement, elle représente autant qu'une vieille paire de chaussette !
Un silence s'installa sur les courts. Ryoma réfléchissait. Il commençait à se sentir coupable de ne pas avoir pensé à son anniversaire. Il n'avait pas envie qu'elle le déteste. Elle était hum... envahissante mais attachante. Et puis, elle ne lui avait jamais rien fait de mal. Il n'avait pas non plus envie de la voir pleurer. Parce que c'était sûr que cette idiote pleurerait. Et si elle pleurait, il ne saurait pas comment réagir. C'est pourquoi il enfonça encore plus sa casquette sur sa tête avant de parler d'une voix boudeuse de quelqu'un qui a un poil trop de fierté :
- Bon... Je dois faire quoi alors ?
Perdu dans ses réflexions, il n'avait pas vu Fuji faire un décompte avec ses mains. Alors que son dernier doigt s'était abaissé, Ryoma avait parlé.
- Good timing ! le félicita Momo en riant.
- Hein ?
- Laisse, ordonna le Prodige. Bien, alors d'abord, tu dois lui acheter un cadeau. Mais tu ne peux pas le lui donner normalement. Si tu y avais pensé aujourd'hui, tu aurais pu. Mais étant donné que tu as totalement oublier le jour de sa naissance, ce qui revient à dire que tu fous d'elle, tu dois te rattraper en faisant dix fois mieux.
- Dix fois mieux ?!
- Fuji est vraiment persuasif, souffla Eiji à son partenaire. Il sait comment manipuler les gens.
- Oui, dix fois mieux. Pour qu'elle puisse te pardonner.
- Et donc, je dois faire quoi ?
- Les gars, vous en pensez quoi ? demanda Fuji.
- Mmmmmh... Ah ! Je sais. Un rendez-vous ! s'écria Momo.
- Un...
- Oui ! Oui ! Ca me semble parfait ! Bien fait pour toi, Ochibi, nyah !
- Mais, ils ne sont pas un peu jeunes ?
- Oh, Mama-Oishi, reste en arrière ! ordonna Eiji.
- Un rendez-vous me semble parfait, dit le faux-gentil-et-adorable joueur.
- Mais... mais... s'étrangla Echizen. Que... qu'est-ce que... je vais devoir faire ?
- Fais-toi pardonner.
- Mais... mais...
- Se pourrait-il que... tu n'aies jamais eu de rendez-vous ? demanda Momoshiro avec un sourire satisfait.
Il ne prit pas la peine de répondre mais tripota sa casquette nerveusement. Les autres Titulaires le regardèrent avec affection. Lorsqu'il s'en aperçu, Ryoma s'énerva.
- Oh ! C'est bon. Je ferais mieux de ne pas écouter vos conseils !
- Oh que si, tu devrais, le contra Fuji.
- Pourquoi ?
- Parce que Sakuno-san serait affreusement triste sans ça. Fais confiance à tes aînés !
Echizen détailla ledit aîné des pieds à la tête. Honnêtement, faire totalement confiance à Fuji... c'était un peu suicidaire. Une goutte glissa le long de son dos et il décida d'obéir. Qui serait assez fou pour désobéir à quelqu'un qui était capable de tenir debout après un verre d'Inui Juice ?
- Bien, lança Eiji tout joyeux. Let's go Ochibi ! Préparons ton premier rendez-vous !
- Ouais ! s'écrièrent tous les autres en choeur.
Ryoma soupira et se prépara mentalement au pire. Pour que tous, inclus Inui et Kaidoh participent, il y avait une raison de s'inquiéter...
(1) je n'ai aucune idée de comment s'écrit l'expression qu'utilise tout le temps Echizen. Si ce n'est pas la bonne orthographe, prévenez-moi ;)
