Chapitre 1 : Impulsion

Part. 1 : Bella

-Bella, réveille-toi…
La voix de Jacob me semblait si proche… Et si lointaine à la fois… J'étais tellement absorbée par mon rêve. Dans ce rêve, je marchai au bord de la plage de la Push, seule, sans Jacob, et je voyais les vagues qui s'échouaient sur le sable fin, sous le regard bienveillant de la lune. J'étais tellement bien assise là bas, à contempler les étoiles et cette pleine lune si accueillante. Mon regard ne pouvait se détourner de sa pâle clarté, et cette blancheur me faisait penser à la peau de mon unique amour. Edward. Le trou dans ma poitrine s'ouvrit et je hurlai dans mon lit.

- Eh bien, quel accueil ! J'espérai que tu serais contente de me voir, j'avoue être un peu déçu Bella. Jacob m'avait instantanément prise dans ses bras et me berçait. Ses paroles n'étaient qu'un masque destinés à me détendre. Au fond de lui, je savais qu'il souffrait de me voir ainsi. Mais que pouvais-je bien y faire ? Edward m'avait quitté depuis des mois maintenant, j'avais à peine retrouvé le sourire grâce à Jacob, mais mon cœur restait vide. Cependant, le voir comme ça de bon matin dans ma chambre, cela me faisait un petit pincement au cœur. J'étais vraiment contente qu'il soit là.

- Pourquoi es tu là si tôt Jacob ?
-Il n'est pas si tôt que ça petite marmotte. Il est presque onze heures. Je voulais aller me promener à la réserve, je suis exempté de tour de garde aujourd'hui…
Ah oui, les tours de garde… Victoria essayait toujours de m'attraper pour m'étriper. Mes amis loups-garous me défendaient comme ils pouvaient, mais j'avais tellement peur pour eux au cas où ils se retrouveraient face à elle… Jacob m'apportait une bonne nouvelle de plus, il ne serait pas tué aujourd'hui. Je lui souris et répondit :
-Je vais prendre un douche et on y va.

Il m'avait amené sur notre plage. Cette plage où il m'avait raconté pour la première fois les légendes Quileute. Depuis, nous étions revenu tant de fois sur ce sable blanc. Nous avions passé de longues heures à discuter, rire, se balader main dans la main. Aujourd'hui n'étant pas une exception, nous nous promenions comme deux amoureux. Je me sentis mal à cette pensée.
- Jacob, je crois que j'abuse de ta gentillesse. On ne devrait pas se promener main dans la main.
Il me lâcha la main, et prit l'air le plus triste que je lui connaissais.
-Ca ne me dérange pas moi. On est mieux quand on se tient la main car on se réconforte mutuellement. Tu as besoin de mon soutien je suis sûr.
-Oui, tu sais très bien que oui Jacob, mais…
Je me mordis la lèvre inférieure. Comment lui faire comprendre. Je l'aimais d'amitié et j'aimais le soutien physique qu'il m'apportait. Je ne pouvais pas le lui avouer sans le blesser. Je regardai la mer qui ondulait au même rythme que dans mon rêve. Je me rappelai que j'étais seule dans ce rêve. Mais que je pourrais y faire rentrer Jacob. Après tout, pourquoi lui faire comprendre que mon cœur était détruit. Et si j'acceptai Jacob comme…

-Oh mon dieu Bella, vu la tête que tu tires, tu dois avoir des pensées drôlement compliquées ! Tu essayes de démontrer le théorème de Cauchy-Schwartz ou quoi ?
-Tu t'y connais en mathématiques maintenant ?
-J'ai vu ce nom dans un de tes bouquins l'autre jour, mais ne me demande pas de quoi ça parle…
Jacob n'était pas un fana de l'école mais faire nos devoirs ensemble était l'un de nos passe-temps favoris. Ou plutôt, un passe-temps nécessaire pour que nos pères respectifs autorisent toutes les fois où l'on se voyait. Je récapitulai mentalement que l'on se voyait tous les jours, week-end compris. Je le voyais plus qu'Edward à l'époque où l'on…
- Ne t'évanouis pas Bella s'il te plaît…
Jacob m'avait une fois de plus pris dans ses bras avant que je défaille. Il fallait vraiment que j'arrête de penser. Ou que je ne pense plus qu'à Jacob. Cela se rapproche de l'amour de ne penser qu'à une seule personne non ?

-Dit moi Jacob, que ressens-tu vraiment pour moi ?
Cette question était sortie toute seule de ma bouche. Je l'avais pensée à voix haute. Et je m'en voulais terriblement, j'essayai de réparer ma bêtise :
-Laisse plutôt tomber. Je ne voulais pas te blesser Jacob je suis réellement désolée, oublie ma question s'il te plaît…
-Je vais quand même te répondre Bella… Mais je vais commencer par te raconter une petite histoire. Une histoire de loups-garous. Chez nous, le sentiment amoureux est très spécial. On s'imprègne de la personne, on n'en tombe pas amoureux. C'est une sorte de coup de foudre. Le loup-garou sera alors fidèle toute sa vie à la fille dont il s'est imprégnée, et attendra qu'elle veuille de lui. Mais cela arrive forcément. Je t'expliquerai un autre jour plus en détail. Pour moi ceci n'est pas de l'amour, cela ressemble à de la dévotion. Je ne me suis pas imprégné de toi, va savoir pourquoi… Mais je pense que cela nous met sur un pied d'égalité.
-Je ne comprends rien Jacob… Tu ne veux pas essayer d'être plus clair ?
-On pourrait juste sortir ensemble. Toi, tu penses peut être toujours à lui, mais moi, je ne me suis pas imprégné de toi. Notre amour l'un pour l'autre se vaut…en quelque sorte.
-Il ne se vaut pas vraiment. Tu es réellement attiré par moi.
-Tu ne l'es pas par moi peut être ?
-Si, mais différemment.
Je réfléchissais à ses paroles. Ainsi, si son histoire d'imprégnation était vraie, il n'était peut être pas autant amoureux de moi que je le pensai. J'avais besoin de lui, cela ressemblait à de l'amour…en quelque sorte.

Je relevai la tête, Jacob avait rapproché sa bouche de la mienne. Je me doutais de ce qu'il comptait faire. Vite, je réfléchis. Que devais-je faire ? Je sentais sa main qui entourait la mienne… Son contact était vraiment très agréable. Ce garçon me réchauffait physiquement et mentalement. Je ne réussissais pas à penser à autre chose que sa main dans la mienne et sa bouche qui s'approchait. Mais je ne paniquai pas, je me sentais calme et détendue. Son visage m'apparaissait comme une évidence que j'aurais toujours reniée. J'avançai mes lèvres pour toucher les siennes. Il fût moins doux que moi et m'embrassa avec passion, ce qui n'en fût pas moins désagréable.

Part. 2 : Edward

-Bella…
Evidemment, je ne pouvais plus faire que soupirer son nom à longueur de journée… Maintenant que je l'avais quittée, il fallait que je la laisse vivre sa vie. Sa vie d'humaine.
Et moi pauvre immortel. Comme je me haïssais. Je me haïssais de tout. De l'avoir rencontrée, de l'avoir séduite, d'être allé vers elle et de l'avoir laissée m'aimer. Elle avait dû souffrir à cause de moi. Et depuis les quelques mois où je l'avais quittée, je ne faisais qu'effectuer une juste pénitence. Je souffrais comme je l'avais fait souffrir. Sauf que ma douleur serait infinie.
En plus, son image me hantait. Comme la première fois où j'avais essayé de l'éviter, quand j'étais parti voir Tanya et les siens. Le visage de Bella s'interposait toujours entre mon regard et ce que j'essayais de voir. Les pires moments étaient les nuits étoilées. Mes yeux s'attardaient toujours vers les cieux, et je ne voyais que Bella. La clarté de la lune semblait éclairer sa peau. Evidemment ce n'était qu'une illusion. Bella n'a plus jamais été près de moi depuis notre rupture.
J'étais resté avec ma famille deux semaines. Leur plombant littéralement le moral, j'étais parti en solitaire. De tout façon, je n'avais toujours été que seul. Carlisle m'avait peut être trouvé une famille, mais j'étais toujours isolé. Ma courte période amoureuse avec Bella avait été le seul moment de mes deux vies (pour ce que je me rappelai de la première) où je m'étais senti complet.
Je me demandai si la revoir, sans qu'elle me voit évidemment, ne serait pas une bonne façon de se regonfler le moral. Et après avoir fait le plein d'images, de sons et d'odeurs, je pourrais repartir sur les chemins. Je m'assurerai qu'elle aille bien, qu'elle se soit trouvé des amis de confiance, un petit ami peut être. Une humaine n'a pas la même conception du temps qu'un vampire, elle était peut être déjà passée à autre chose…

Je hurlai de désespoir. Un autre que moi était-il en train d'embrasser Bella à ce moment même ? J'avais mal de partout en y pensant. Mais ce n'était qu'une juste punition. Je la recevais sans fléchir. Je la méritais.

Je décidai cependant de rentrer aux Etats-Unis pour voir Bella. Pas tout de suite, mais il faudrait que je la revois si je voulais continuer à 'vivre'.

Part. 3 : Jacob

-Bella…
Quel bonheur incomparable de pouvoir soupirer ce prénom amoureusement sans qu'elle me repousse. Et l'embrasser…c'était jouissif, je n'avais pas d'autre mot pour décrire mon bonheur d'être avec elle. Evidemment, il y aurait un certain temps le fantôme d'Edward entre nous… Mais depuis notre premier baiser, Bella n'avait plus craqué en ma présence. Elle avait eu quelque fois le regard vide et lointain, avec sa petite ride au front. Je savais alors qu'elle pensait à lui. Mais qu'est ce que c'était quelque fois en deux mois… Je la faisais rire et sourire, et c'était ma plus grande victoire. Le buveur de sang perdait la bataille de jour en jour.
-Arrête de sourire niaisement Jacob !
Car évidemment, elle me rendait heureux. J'étais le plus heureux des loups-garous. Même Sam qui s'était imprégné d'Emily ne semblait pas aussi heureux. Et puis, pour rajouter au bonheur local, Charlie semblait m'apprécier et me souriait en douce quand je partais avec Bella.
-Jacob, désolé de te tirer de ta rêverie, mais ton père va bientôt arriver, si on prenait une pose descente ?
Je redescendis sur terre. Ah oui, une pose descente… Nous étions allongés sur le canapé. Où plutôt j'étais allongé sur le canapé et Bella était allongée sur moi. Je caressai ses cheveux en nous redressant. Je montai le volume de la télé pour me reconcentrer sur Monster Garage. Je ne lâchais pas pour autant la main de Bella. Nos journées se suivaient et se ressemblaient. Mais nous étions loin d'une routine. Par contre, j'avais peur de l'embêter avec mes motos et mes voitures.
-Si on sortait ce soir ? Resto, ciné… tu choisis et je conduis !
Je savais qu'elle me laisserait conduire car j'aimais cela. Par contre, vu que, quoique l'on fasse cela me conviendrait, autant qu'elle choisisse ce qui lui plairait le plus.
-Tu sais, je n'aime pas forcément sortir.
-Oui mais ça nous changerait, et puis j'ai envie de t'inviter quelque part.
-Alors je préfère un resto.
Je m'en doutai un peu. Bella avait tellement peur de tomber sur un insignifiant détail qui lui rappellerait Edward qu'elle évitait presque tous les divertissements. Musique, cinéma et lecture, elle avait tout abandonné le jour où il l'avait abandonné. Je pensais que j'allais devoir la guérir de tout cela aussi. Je maudissais Edward. Quel gougeât ! Ce terme lui semblait si approprié, lui qui parlait avec ce langage si soutenu. Je lui ferai payer ce qu'il avait fait à ma Bella. Elle était mon amie, et même si je n'étais pas tombé amoureux d'elle, je l'aurais défendu contre le buveur de sang. J'essayai de garder mon calme, il n'était pas là donc je n'avais aucun intérêt à m'exciter.
-Allez ,on y va. On pourra passer chez toi pour que tu te changes et après je t'amène dans un super resto !
-Ca, ça m'étonnerait car tu ne connais pas Port Angeles !
-Je vais t'étonner Bella…

Et en effet, je l'ai étonnée… Si j'avais pu prendre en photo sa tête quand je lui ai montré le restaurant. C'était trop comique. C'était le seul restaurant que je connaissais à Port Angeles, car c'était le seul où mon père m'ait jamais emmené. Et rien qu'une fois… Mais je m'en rappelai comme si c'était hier car le cadre était magnifique. Le restaurant était plutôt un bar-restaurant, mais sa terrasse était l'immense plage de sable blanc et beige qui s'étendait sous ses pilotis. La cuisine, si mes souvenirs étaient bons, était classique et, toujours d'après mes lointains souvenirs, dans mes prix.
-C'est magnifique ! Comment as-tu déniché un endroit pareil ?
-Secret de loup-garou ! Cette adresse se transmet de génération en génération tu sais…
Elle rigola. La soirée commençait agréablement. Nous nous sommes installés à une table et avons mangé. Ou plutôt j'ai dévoré tout ce qui arrivait sur notre table et Bella a grignoté les restes…
A la fin, je lui ai proposé d'aller se promener sur la plage. Il ne faisait pas bien chaud, nous n'étions qu'au début du mois d'avril, et Bella frissonnait.
-Tu veux ma veste Bella ?
-Non ça va aller. C'était vraiment super ce soir Jacob… J'ai adoré ce restaurant, et l'ambiance est tellement agréable. Tu as vraiment le chic pour organiser des choses qui me plaisent.
-La soirée n'est pas finie… Je vais peut être encore te surprendre !
-On dirait que tu as été en couple toute ta vie. Tu sais exactement quoi faire pour me rendre heureuse. Je ne te remercierai jamais assez. Mais j'ai peur que…
-Tu as peur du grand méchant loup peut être ?
-Arrête ça Jacob. J'ai peur que tu n'espère trop de chose de moi, j'ai l'impression que nous ne sommes pas 'en équilibre'. Tu fais tout pour me rendre joyeuse, et tu y arrives très bien, et moi je…
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase car elle trébucha sur un galet. Je me maudis une fois de plus de n'être pas assez attentionné et attentif à ce qui pourrait arriver. La sangsue l'aurait sûrement rattrapée avant qu'elle ne s'étale dans le sable. Mais le spectacle de Bella tombée sur la plage était plutôt ravissant. Au lieu de l'aider à se relever, je m'assis à côté d'elle et commençai à épousseter le sable de ses vêtements.
-Je suis vraiment une catastrophe !
-Ce n'est pas grave, tu ne t'es pas fait mal ?
-Non comme d'habitude c'est spectaculaire mais je n'ai rien.
-Tu sais que tu es mignonne quand tu es maladroite comme ça…
-Ne dit pas de bêtise ! Je suis une cruche.
-Une cruche ravissante Bella…
En disant cela, je l'enlaçai dans mes bras et l'embrassai. Comme d'habitude, ce fut une explosion de joie qui se propagea dans tout mon corps. Je vibrai d'émotion. Nous étions si bien là sur la plage. Et puis, je n'avais plus peur qu'elle me repousse. Je l'attirai physiquement, et j'avoue que j'en profitai un peu. C'était sa faiblesse et ma force. C'était grâce à cela qu'elle voulait bien de moi. Car je lui apportai un soutien moral en étant son meilleur ami, et physique en l'entourant de tendresse. Je lui redonnai confiance en elle. J'avais bien le droit à une récompense, et elle était la plus belle des filles que je connaissais.
Je l'embrassai de plus belle, ma main parcourait son corps. Ses cheveux, sa nuque, son dos puis ses reins. Je sentais à peine ses mains à elle, qui parcouraient pourtant mon torse et mon dos. Nous étions seuls sur cette plage, et je voulais plus que des baisers ce soir, c'était plus fort que moi, c'était une pulsion. Cela ressemblait plus à un comportement de loup-garou qu'humain, mais je n'avais pas envie d'arrêter cela. Surtout que Bella semblait bercée par la même magie que moi. Elle s'accrochait à moi comme jamais. Et là, sur cette plage de Port Angeles, nous avons lâché tout ce qui nous retenait dans le monde qui nous entourait, et nous nous somme laissés emportés par les vagues de l'amour.

Part. 4 : Bella

-Jacob…debout !
-Mmmm…laisse moi dormir !
-Allez debout, on va faire de la moto aujourd'hui, tu m'as promis !
-OK OK, je me lève.
Cela faisait vraiment longtemps que je n'avais pas fait de moto. Je n'avais plus eu mes fameuses hallucinations sonores d'Edward depuis bien longtemps. Depuis que j'étais avec Jacob en fait, et je voulais savoir s'il me 'parlerait' aujourd'hui. Peut être qu'il ne serait pas content de savoir que Jacob et moi, c'était de plus en plus sérieux. Voire trop sérieux comme relation, et cela m'inquiétait un peu. Jacob semblait de plus en plus amoureux chaque jour, et je ne faisais rien pour l'en empêcher. Je n'en faisais rien car je me sentais bien. Pas amoureuse, mais heureuse. J'aimais Jacob sur tous les points, mais mon cœur refusait de lui faire une place en tant que potentiel successeur à Edward. Impossible de rouvrir mon organe vital. J'étais persuadée que cela ne changerait jamais. Mais je devais essayer de faire des efforts pour Jacob.

-Ca va Bella ?
-Oui, mais la moto ne m'intéresse plus autant qu'avant.
-Pourtant tu commence à peine à maîtriser l'engin.
-Justement, c'est moins marrant…
-Tu trouves ça moins marrant de ne plus aller à l'hôpital à chaque virée ? T'es bizarre comme fille parfois tu sais.
Je me demandais ce qu'il pouvait penser de moi en ce moment. Aurais-je un jour la force de lui expliquer pourquoi j'avais voulu faire de la moto ? Sûrement pas. Ces cachoteries me mettaient mal à l'aise. Si je voulais rendre Jacob heureux, je devais arrêter. Sauf que pour le moment, je ne voulais pas oublier la voix d'Edward. Ni son somptueux physique. Mais de ce côté-là, Jacob n'avait pas vraiment à se plaindre. Ce n'était pas la même beauté qu'Edward, mais son corps était vraiment bien fait et il était tellement rassurant de se perdre dans ses bras.
-Bella, je vais me transformer quelques minutes. Victoria s'était rapprochée hier et j'aimerais savoir si on est en en lieu sûr.
-Pas de problème vas-y.
Nous avons posé les motos et je me suis assise sur une souche d'arbre. Jacob enleva ses habits, me déposa un baiser sur les lèvres et se transforma en s'éloignant de moi. Je fus parcourue par un frisson. Et si Victoria était dans le coin ? Jacob et moi étions sans défense… Mais Jacob l'aurait sentie si elle avait été proche de lui. Cela ne me rassura pas vraiment, il venait juste de se transformer, et il n'aurait pas pu la sentir avant. Le vent fit bruisser les feuilles des arbres, ce bruit me glaça d'effroi. On aurait dit que quelqu'un s'approchait entre les troncs… Je devais rester calme…

D'un coup Jacob fut de retour dans la clairière, en loup-garou. Il avait sauté devant moi comme pour me protéger de quelque chose qui aurait été là où je regardais.
-Du calme Jacob tu me fais peur là !
Il grogna.
- Aurais-tu oublié que je ne te comprends pas quand tu es loup ?
Il se transforma et fila sur ses vêtements.
-Dépêche toi Bella on s'en va.
-Que se passe-t-il Jacob ?
-Ca sent le buveur de sang par ici…

Nous rentrâmes chez Billy. Jacob ne me parla pas une fois. Cela m'énerva.
-Tu veux bien me dire ce qu'il s'est passé ?
-Eh bien un vampire à forcé nos lignes et n'est pas passé loin de nous tout à l'heure.
-Qui ? Victoria ?
-Ca m'énerve tellement de penser que je suis incapable de te protéger convenablement !
Il semblait vraiment fou de rage, je décidai de ne pas insister. Décidant qu'il valait mieux que je rentre je l'embrassai rapidement et je retournai chez Charlie.

De retour chez moi, je cogitai toujours sur l'attitude de Jacob. Qu'est ce qui l'avait énervé comme cela ? Quel vampire traînait dans le coin ? Cela ne me rassurait vraiment pas. Victoria avait surement recruté un vampire pour me traquer comme elle avait demandé à Laurent. Je vérifiai l'état des portes et des fenêtres de la maison. J'étais contente que Charlie soit encore au poste, si le vampire arrivait maintenant mon père ne serait pas blessé. Je me réfugiais dans la chambre. J'étais incapable de rester en place. Je tournai en rond nerveusement. A un moment, je passai trop près de mon bureau et ma veste, un peu ample, s'accrocha à la lampe de bureau. Elle s'écrasa sur le sol avec un bruit qui m'indiqua clairement qu'elle venait de mourir. Au moins, cela m'occuperait de ranger tout cela. Mais il faudrait que j'explique à Charlie comment j'avais réussi ce prodige. J'étais vraiment trop maladroite. Je contemplai le désastre. Je me baissais pour ramasser la lampe et je constatai une chose étonnante sur la latte de parquet sur laquelle elle était tombée. La lampe avait tapé juste sur la rainure, et cela avait soulevé légèrement la plaque de bois. Et dessous, on aurait dit qu'il y avait quelque chose. Etonnée, je pris deux minutes pour remettre la lampe hors d'état sur le bureau, ramasser les morceaux d'ampoule brisée, et je me concentrai sur la latte. Je la soulevai, et ce que je découvris à l'intérieur me fit tomber dans les pommes.

Part. 5 : Edward

Elle avait bien trouvé quelqu'un. Un loup garou qui plus est. Ce timide garçon de la Push qu'elle aimait bien. Et elle semblait heureuse en plus. Soucieuse mais heureuse. Est-ce que, au fond de moi, j'avais espéré qu'elle ne trouve personne ? Qu'elle reste seule juste parce que moi je l'avais quitté et que personne n'aurait plus le droit de l'aimer ? J'avais été bête. Je n'aurais pas dû la quitter.
Toute la souffrance que j'avais endurée ces derniers mois n'était rien comparée à ce que j'avais ressenti quand il s'était penché pour l'embrasser, et qu'elle ne l'avait pas repoussé. Et même qu'elle attendait ses lèvres. Encore une fois, je n'avais que ce que je méritais.
Mais je n'avais jamais subi quelque chose avec une telle violence. Même le premier jour où elle s'était assise à côté de moi. L'envie de meurtre que j'avais ressenti à ce moment là, le choc de son odeur. Ce n'était rien comparé à cela. La voir avec un autre. Je n'y avais jamais vraiment cru. Je disais cela car je pensais à elle et que c'était le mieux. Mais pour moi c'était un supplice, un bûcher interminable. Je devais me concentrer sur sa joie à elle pour pouvoir éteindre le feu dans mon cœur. Mais j'avais aussi les pensées de Jacob dans ma tête. Son bonheur me dégoutait tellement il ressemblait au mien quand j'étais avec Bella. J'avais vécu par procuration le léger baiser qu'il lui avait donné. Il avait des sentiments si forts que j'en étais écœuré. Car c'était un garçon honnête que Bella méritait, et je ne ferai rien pour gâcher leur bonheur. Je devais partir au plus vite. Mais avant il fallait que je revois Bella. Que je sache où ils en étaient dans leur relation. J'avais vu dans les pensées de Jacob qu'il savait que Bella ne l'aimait pas encore. Mais il était persuadé que ça viendrait, et il fallait que je laisse les choses se dérouler comme elles le devraient.

En plus, j'avais presque rompu le traité en m'approchant de la Push. J'avais suivi Bella et Jacob qui roulaient en moto. Je me suis d'ailleurs demandé pourquoi Bella faisait de la moto. A mon avis, il aimait la mécanique et Bella n'avait pas du avoir la force de lui dire ce que elle, elle pensait. Toujours à penser aux autres et jamais à elle. Et puis Jacob s'était transformé et cela avait failli virer au cauchemar. Il m'avait instantanément senti et avait sorti les crocs. Il avait sauté entre Bella et moi ; et dans sa tête tourbillonnaient les pires insultes que j'ai jamais entendues. Et surtout, il était prêt à se battre jusqu'à la mort. A une époque, ce duel m'aurait fait rire, mais là, je me sentais vidé de toute force. J'avais fui. De toute façon, je ne me serais pas battu devant Bella. Je n'aurais pas dévoilé ma présence, et j'espérais que le cabot ne le ferait pas. Bella ne devait pas être au courant de mon retour. Il fallait que je reparte. Je me laissais une semaine pour aller voir Bella dormir, en espérant qu'elle ne dormirait pas avec Jacob. Et je devais aussi aller le voir lui pour lui dire que je repartais et de ne pas dévoiler ma venue.

Part. 6 : Jacob

Il était revenu. Ce satané buveur de sang avait osé approcher son sale visage de la réserve. Il n'en aurait pas fallu beaucoup plus pour déclencher une guerre. Pourquoi s'était-il approché aussi près ? Pourquoi n'était-il pas venu parler à Bella quand je m'étais transformé ? A cause de la frontière ? Je n'y croyais pas. Mais bon dieu, pourquoi était-il revenu ? Cela m'avait mit dans tous mes états, la meute avait tout découvert en même temps que moi et c'était un branle bas de combat à la réserve. Les Cullen seraient-ils revenus ? Sous mes conseils, nous avions décidé de ne rien dire aux non loups-garous, Bella comprise. Elle ne semblait pas être au courant et je ne voulais pas qu'elle le soit. Si elle l'apercevait, cela sonnerait la fin de notre histoire. Evidemment, cela ne faisait pas longtemps qu'on était ensemble, quelques mois à peine. Mais j'espérais que ça dure. Et Bella semblait aller mieux. Il ne fallait pas qu'Edward vienne tout gâcher. Il l'avait quitté, il fallait qu'il reste loin d'elle. Je m'en occuperai personnellement. D'ailleurs, je décidai d'aller immédiatement chez Bella pour me faire pardonner mon comportement. Et je ne lui laisserai pas le temps de poser des questions, je l'abreuverai de mots doux et je parlerai de choses diverses. Elle ne me ferait pas mentir sur le vampire qui était près d'elle si je réussissais à éviter le sujet. Je laissais un mot à mon père et partit chez Bella.

Tout était éteint chez elle, sauf sa chambre. Charlie n'était pas encore rentré, et c'était tant mieux car ainsi je pourrais m'excuser librement. Je sonnai et frappai à la porte, comme je le faisais d'habitude. Bella ouvrit sa fenêtre et cria :
-Pars Jacob.
-Pourquoi ? Je suis venu m'excuser pour mon comportement, je suis désolé de m'être emporté, ce n'était pas ta faute. Regarde je suis calme maintenant. Ouvre moi on va passer une bonne soirée.
-Non. Je suis désolée moi aussi mais je ne peux pas te voir ce soir.
Elle éclata en sanglot.
-Qu'est ce qu'il y a Bella ? Ouvre moi, que je te réconforte, qu'est ce qui ne va pas ? C'est de ma faute ?
-Non de la mienne, va-t-en Jacob s'il te plaît…

Je ne comprenais plus rien, et ma colère était revenue.
-Il est passé te voir c'est ça ? Ce satané buveur de sang est passé chez toi ? Bella ouvre moi ! Je t'en supplie parle moi.
- De quel buveur de sang tu parles ?
Ainsi, il ne serait pas passé chez elle. Mais alors, pourquoi me rejetait-elle comme cela ?
-Et toi pourquoi ne m'ouvre tu pas ?
Elle ferma la fenêtre. Je croyais qu'elle allait me laisser là tout seul sur le seuil mais au bout d'une minute la porte s'ouvrit. Bella était dans un état pitoyable. Elle ressemblait à un cadavre. Ses yeux étaient cernés de noir, elle semblait avoir pleuré toutes les larmes de son corps. Elle ressemblait trait pour trait au fameux soir où il l'avait quitté. Il était forcément passé pour qu'elle ait cette tête là. Je m'avançai pour la prendre dans ses bras, elle me repoussa.
-Non Jacob. Je ne peux plus. Je croyais que je finirai par t'aimer, et ce n'est pas le cas.
Elle sanglotait en disant cela. J'espérais qu'elle disait la vérité, mais je n'en étais pas sûr. Avait-elle juste profité de mon amour ? Non, elle m'avait toujours avertie de ses sentiments. Elle avait été honnête depuis le début. Mais je refusais de croire en une fin.
-Et pourquoi veux-tu arrêter tes efforts maintenant ? Je peux encore attendre. On est si bien tous les deux. Tu ne pourras pas me faire croire que tu n'es pas bien avec toi.
-Je ne vais pas te répéter cent fois la même chose Jacob. Je me sens très bien avec toi. Mais c'est malhonnête de ma part de sortir avec toi. Je…j'abuse de toi en quelque sorte.
-Eh bien continue d'abuser de moi Bella. Je n'attends que ça.
Je lui fis un sourire complice, j'espérais que cela détende l'atmosphère. Cela fonctionna…un peu.
-Je ne peux plus. Ce soir je me suis rendu compte que toute ma vie je penserai à Ed…Edward.
Prononcer ce mot à voix haute était un supplice pour elle.
-Il est passé c'est ça ? Tu ne peux pas le nier, après t'avoir aperçue à la Push il est venu ici hein ?
-Quoi, il était à la Push ?
Bella avait crié. Puis s'était évanouie. Cette fille était d'une fragilité déconcertante.

Je l'ai porté jusqu'au canapé et je l'ai réveillée. Ma révélation n'avait pas amélioré son état. Et elle n'était pas au courant de son retour avant ma gaffe. J'avais été bête de m'emporter comme cela et de lui dévoiler ce qu'elle ne savait pas. Mais je ne voyais pas ce qui avait pu la mettre dans son état à part le retrouver.
-Il est ici ?
-Il me semble l'avoir senti à la Push oui. Mais j'étais persuadé que tu le savais. Ou qu'il t'avait parlé après. Comment se fait-il que tu sois dans ce triste état Bella ?
-Rien d'important. Il faut que tu partes Jacob, je suis méchante avec toi.
-Au risque d'être pathétique…ne me quitte pas Bella.
-On restera amis Jacob. Amis pour toujours. Mais je ne peux pas sortir avec toi, je… Ce n'est pas honnête.
-Cela m'est égal. Moi je suis heureux, même si tu ne m'aimes pas encore. Tu ne veux pas me rendre heureux ?
J'avais touché un point sensible. Bella voulait toujours faire plaisir aux autres, même quand elle en souffrait. C'était lâche de ma part. Mais je ne pouvais plus vivre sans elle. Elle réfléchissait. Elle hésitait même peut être.
-Je veux te rendre heureux Jacob, et le seul moyen, c'est d'être honnête avec toi. Tu es quelqu'un de bien qui ne mérite pas une fille comme moi.
-Alors nous ne nous reverrons plus Bella.
Je partis à toute vitesse. Elle m'avait brisé le cœur ce soir. Je venais de recasser le sien et j'en étais conscient, mais je ne voulais absolument pas que ça s'arrête. La méthode forte serait peut être la bonne. Mais je devais empêcher que le buveur de sang l'approche. Elle ne devait pas se remettre avec lui.

Part. 7 : Bella

Ma tête me faisait horriblement mal. J'avais ressenti un panel d'émotion beaucoup trop fort pour une seule soirée. Cela avait commencé avec ma joyeuse découverte. Le CD qu'Edward m'avait fait et ses photos, tout était encore dans ma chambre, sous le parquet. Ainsi, j'avais enfin une preuve qu'il avait existé. Pendant une minute, je fus rayonnante de joie. Voir les photos d'Edward et écouter sa musique, cela me combla. Me rappela les bons moments. Edward était si beau. J'essayai de graver son visage dans ma tête. Ces photos disparaîtraient peut être un jour et elles étaient mon dernier souvenir. Je devais les conserver précieusement. Et puis, au bout de quelques minutes, l'angoisse, la panique, la peur, la tristesse. Tout cela arriva d'un coup. J'ai cru que j'allais mourir, que mon cœur ne tiendrait pas la distance. Mais non, en pleurant j'ai tout encaissé. J'ai revécu toute la souffrance que j'avais ressentie lorsqu'il m'avait quitté, j'ai ressenti ce vide à l'intérieur de mon corps. Et j'ai su que je ne guérirai jamais. Edward m'avait volé mon âme, mon cœur et mon corps. Je devais quitter Jacob, c'était l'évidence même. Mais pour le moment, j'étais trop occupée à pleurer et à me rouler dans mon lit. Une crise de nerf…Voilà ce que j'ai fait. Puis ma tristesse est passée à la colère, j'en voulais à tout le monde. A moi-même qui avait voulu venir vivre à Forks, à Edward qui était si beau, à Jacob qui m'avait acceptée alors que je ne l'aimais pas. A ma mère qui n'était pas là, à mon père qui était là. A Jessica, Mike et Angela. Tous les gens que je connaissais m'énervaient. Et puis je me suis calmée. Toutes ces personnes m'avaient soutenue et aimée. Je leur étais reconnaissante. Je me comportais comme une gamine capricieuse. Je me repris.

Sur ces entrefaites, Jacob sonna à ma porte. J'étais complètement ailleurs. J'étais retournée dans ma coquille, et je ne voulais parler à personne. Cependant, Jacob insistait. Et après un cours dialogue, il a laissé échapper qu'Il serait revenu. Edward. Je crois m'être évanouie. Je me suis réveillée dans le canapé, où j'ai quitté Jacob. Et puis, j'ai eu ce que je méritais : nous ne nous reverrions plus. Quand il m'a dit cela, mon cœur a explosé une seconde fois. Sauf que je n'avais plus de larme et que mon corps était exténué. Je me suis donc endormie sur le canapé, brisée…

Charlie m'a réveillé le lendemain matin. Il semblait soucieux mais n'a pas posé de question. J'avoue ne pas lui avoir laissé le temps, j'ai filé sous la douche et je me suis habillée. Quand je suis redescendue dans la cuisine, j'étais présentable.
-Salut papa, ça va ?
-Oui. Mais, et toi ? Pourquoi as-tu dormi sur le canapé ? Tu as l'air crevée…
-Justement hier soir j'étais très fatiguée, on a parlé avec Jacob et j'ai eu la flemme de remonter dans ma chambre. J'avais vraiment sommeil.
-Bon. Passe une bonne journée alors.
-Merci toi aussi papa.
Toujours aussi peu bavard ce Charlie. Cela m'épargnait bien des efforts et je le remerciais mentalement. Nous étions lundi, je devais retourner au lycée pour la dernière semaine de cours. Je décidai de me comporter normalement, après tout, Edward ne s'étant pas manifesté c'est qu'il ne voulait pas me voir. Et il ne se serait pas réinscrit au lycée pour une semaine. Donc rien n'avait changé dans ma vie, sauf que j'avais quitté Jacob, et qu'il l'avait mal pris. Je devais absolument réparer cela, mais je ne savais pas comment m'y prendre.

Le lycée se révéla moins pénible que prévu. La fin de l'année avait toujours une ambiance particulière et tout le monde était très détendu. Cela me relaxa. Au fond le lycée c'était simple. Pas de vampire ni de loup garou. La paix. L'ennui aussi, mais au moins je ne souffrais pas. Je pensais à autre chose que mes amis surnaturels. Je passais le temps.

A la fin de la journée, je décidai d'aller me promener en forêt pour trouver des idées. Comment redevenir amie avec Jacob ? Comment savoir si Edward était vraiment là ? Je m'assis sur une souche, comme à mon habitude et j'y restai des heures. Je me disais qu'aujourd'hui, j'avais réussi à parler avec mes camarades. Savoir qu'Edward était revenu m'avait chamboulée, j'avais passé une soirée et une nuit horrible, mais je n'avais pas replongé dans la dépression. En fait, mon cœur espérait même apercevoir de nouveau Edward. Mais ma raison me dictait que ce n'était pas bien, et que je devais plutôt me concentrer sur quelque chose de durable. A savoir mon amitié avec Jacob. Je me rendis compte qu'il y avait de moins en moins de luminosité et je décidai de rentrer. Je n'eus pas d'illumination, mais j'essayai quelque chose :
-Jacob est ce que tu es la ?
J'attendis trente seconde, puis je repartis vers la maison.
-Toujours pour toi ma Bella…
-Oh Jacob.
Je m'avançai vers lui, sans trop d'entrain pour ne pas lui donner de fausses idées, et m'arrêtai à un mètre de lui.
-Jacob pardonne moi. J'ai besoin de ton amitié. Je ne peux t'offrir que ça et j'en suis sincèrement désolée, crois moi s'il te plaît.
-Je te crois.
-Alors reste mon ami !
-Ce n'est pas possible Bella. Il me faudra du temps pour accepter de n'être plus que ton ami. Je ne m'étais pas fait trop d'illusions, mais je pensais que cela allait marcher, surtout depuis qu'on avait…bref tu sais sur la plage de Port Angeles.
Je souris à ce souvenir.
-Tous les moments que l'on a passés ensemble resteront à jamais dans ma mémoire Jacob. Mais si je veux pouvoir me regarder dans une glace, je dois arrêter de jouer avec tes sentiments. Accepte moi en tant qu'amie je t'en prie.
Il fallait qu'il m'accepte. Sinon je resterai à moitié brisée à vie.
-Laisse-moi du temps. Et si tu veux que l'on soit ami, tu devras repousser le vampire.

Part. 8 : Edward

Elle l'avait quitté. Mon cœur s'était regonflé, métaphoriquement parlant, après avoir appris cette nouvelle. Je pouvais peut être la reconquérir. Mais est ce que ce serait le bon choix ? Et si elle me quittait ? Si elle me repoussait ? De toute façon, je ne pouvais plus vivre sans elle. Si elle me repoussait ou me quittait un jour, j'irai en Italie chez les Volturi. Je signerai mon arrêt de mort moi-même.
Mais Jacob avait était très doué. Conscient de ma présence, il avait dit des choses que j'aurais préféré ignorer, et ses pensées étaient sans équivoque. Le fameux 'tu sais sur la plage de Port Angeles', j'en frémissais encore. Elle était allée avec lui beaucoup plus loin qu'avec moi, et cela me faisait mal au cœur. En même temps, je ne savais même pas si moi et mon corps glacé je pouvais lui offrir la même chose. Et puis il lui avait dit de choisir entre lui ou moi. Je n'étais même pas sûr que Bella me choisisse.
Et elle ne l'avait peut être même pas quitté à cause de moi. Rien dans l'esprit de Jacob ne trahissait ce que Bella ressentait encore pour moi. Il était vraiment très malin et filtrait ses pensées comme les membres de ma famille. Ce loup-garou m'impressionnait autant que je le haïssais.
Est-ce que je devais revenir dans la vie de Bella ? J'ai pensé un instant à appeler Alice, elle connaitrait le futur elle. Sauf que ses visions changeaient en fonction de mes décisions. Donc elle ne serait pas d'une grande aide. Carlisle et Esmée me conseilleraient d'aller la retrouver. Rosalie brûlerait ma Vanquish. Emett serait désolé et m'achèterait une DB9. Jasper ne dirait rien. Alice viendrait chercher Bella elle-même si on lui demandait son avis. Quatre contre un, plus deux votes blancs. Sur ces statistiques encourageantes, je décidai de lui rendre visite cette nuit même. Mais juste pour la contempler dormir. Je n'attendais que cela depuis des mois, et ce soir je pourrai enfin l'approcher de près. Je ne savais pas encore si j'allais revenir dans sa vie, mais je savais juste que j'avais besoin de la voir.

Elle était magnifique même si ses traits semblaient si fatigués. Mais elle était toujours vivante, et sans égratignures. Sa respiration était loin d'être régulière. Elle devait se battre dans son sommeil. Ou avoir des pensées compliquées. Comme chaque fois où j'étais venu la voir dormir, elle prononça mon prénom. Je fus ravi de voir que cette habitude n'avait pas changé. Evidemment, elle parlait aussi beaucoup de Jacob. Je ne lui en voulais pas. J'étais juste très frustré de ne pas avoir accès à ses pensées. Si seulement cela avait changé. Je pourrais savoir ce qu'elle pensait de moi. Au même moment, elle se réveilla. Je restai figé comme le marbre. Perdu dans la contemplation de son visage, je ne l'avais pas prévu, et c'était trop tard pour m'échapper par la fenêtre. Il ne fallait pas qu'elle regarde dans ma direction, et qu'elle se rendorme vite. Evidemment, comme pour me contrarier, elle n'en fit rien. Elle fit par contre quelque chose qui me surpris.
Elle se leva, alla chercher un lecteur CD sur son bureau. Elle l'ouvrit, soupira de soulagement et repartit au lit avec le lecteur. Que pouvait-il bien avoir là dedans? J'eus la réponse immédiatement, quand elle alluma le lecteur. Mon ouïe m'informa que c'était la berceuse que je lui avais composée. Elle avait donc trouvé le CD et les photos. J'étais content, et triste à la fois. A cause de cela elle n'avait pas pu m'oublier ni reconstruire sa vie, je n'avais pas réussi à disparaître de ses pensées. Mais grâce à cela j'étais persuadé qu'elle m'aimait toujours. Elle soupira un dernier « Edward » et s'endormit.

C'était décidé, je devais lui parler. Mais comment faisait-on pour revenir dans la vie de quelqu'un ?

Part. 9 : Bella

Le mercredi soir, je le vis enfin. Il était donc bien revenu. Pour m'éviter un trop gros choc, il avait semé des indices. Du genre sa Volvo grise garée devant chez moi. Au cas où je n'aurais pas aperçu sa rutilante voiture, sa veste était suspendue à l'entrée. Et pire, il avait posé Orgueil et préjugés sur le guéridon. Etait-ce un message ? J'avais rangé le chef d'œuvre de Jane Austen après notre séparation. C'était tout un symbole… Je lui fus tout de même reconnaissante pour tous ces indices car me retrouver face à lui fut difficile et douloureux.

-Bonjour Bella.
Sa voix était toujours aussi magnifique, douce et enjôleuse. Le voir là, physiquement présent face à moi me fit oublier tous les mois qui avaient passé. Je redécouvrais Edward, et sa perfection, mais une partie de mon cerveau était en mode 'attention danger'. Surtout que lui était en mode 'éblouissement total de la fille qui se trouve en face de moi'.
-N'oublie pas de respirer. Et je ne t'ai pas encore embrassé…
Il comptait m'embrasser. Ce fut trop, les vannes s'ouvrirent d'un seul coup.
-Ah oui, tu arrives comme cela huit mois après m'avoir quittée et tu veux m'embrasser ? Mais tu crois quoi, que je vais t'accueillir les bras ouverts ? Tu m'as fait souffrir comme je n'avais jamais souffert.
Je commençai à sangloter. Mais je n'avais pas fini.
-Je…j'ai pleuré pendant des jours, je n'ai parlé à personne pendant des mois. Et toi, toi tu arrives comme une fleur en disant 'on s'embrasse'. Mais ça ne marche pas comme ça la vie. On n'a pas toujours ce qu'on veut et ce soir je ne veux pas t'embrasser. Donc tu peux toujours courir.

Avais-je réellement dit cela ? Ce n'était pas vraiment vrai, mais pas réellement faux non plus. Je mourrais d'envie de l'embrasser. Mais il ne m'aimait pas et je ne devais plus tomber dans le piège de ses mots. Je devais être forte.
Il semblait dépité par ma petite tirade. Son sourire avait disparu. En même temps, je savais qu'il était un bon comédien puisque j'avais un temps cru qu'il m'aimait, moi petite sotte insignifiante…
-Excuse moi Bella, je ne comptai pas t'embrasser sans ta permission crois moi.
-Te croire ? Je ne te crois plus Ed…Edward.
Prononcer son prénom alors qu'il était face à moi me brula les entrailles. Son prénom était si joli, j'adorais le prononcer avant. Mais depuis qu'il m'avait quittée, c'était comme si j'avais de l'acide sulfurique sur la langue.
-Comment pourrais-je regagner ta confiance ? Je n'ai pas les mots adéquats pour te décrire comme je suis désolé que tu aies souffert. Je ne pouvais plus vivre loin de toi, je suis revenu pour te voir. Je ne comptai pas rester, surtout que quand je suis arrivé tu semblais si heureuse avec Jacob. Mais tu l'as quitté il me semble, et je me suis dit que tu aurais peut être besoin de soutien et …d'amour.

Il savait déjà tout. Il m'avait sûrement espionné en train de dormir. Je détestai cette impression d'avoir été suivie.
-D'amour ? Que sais-tu de l'amour, monsieur je quitte ma copine alors que je lui dis que je l'aime ?
Il grimaça presque. De douleur ? L'avais-je blessé en disant cela ? En même temps, il m'avait tellement fait souffrir qu'il méritait bien cette petite pique.
-J'en sais que justement je l'ai fait par amour. Pour que tu puisses vivre ta vie. Mais c'est toujours l'amour m'a fait revenir. Et c'est l'amour encore qui me fera rester jusqu'à ce que tu me reprennes ou que tu me repousse. Je n'ai pensé qu'à toi en te quittant. Je ne pensais pas être la bonne personne pour toi, si encore je peux me considérer comme une personne. Mais toi ma Bella, tu es la personne qu'il me faut, et je t'aimerais pour le restant de l'éternité. Que tu me croies ou pas.

Il prenait de l'assurance au fur et à mesure qu'il parlait. Il semblait sincère. Mais devais-je le croire, ou pas ? C'était tentant de penser qu'il revenait pour moi. Mais j'étais trop faible. Je n'étais pas sûre de survivre à une deuxième tentative de flirt avec Edward. Est-ce que je devais prendre ce risque pour passer quelques jours de bonheur avec l'homme le plus beau du monde ? Est-ce que Edward, comme le ténébreux M. Darcy dans le livre d'Austen, était réellement amoureux ? Est-ce que moi, aveuglée comme Elisabeth, j'étais trop orgueilleuse pour voir ses véritables sentiments ? Est ce que je me cachais derrière mes préjugés par facilité ? Pendant que je réfléchissais il s'était avancé.
-Bella, est ce que je peux t'embrasser ? Sur la joue au moins…
Je lui tendis ma joue, après tout, il allait peut-être craquer et me transformer en vampire. Après cela, il n'aurait plus le choix, je m'accrocherais à lui pour l'éternité. Il ne craqua pas, et me mit dans tous mes états. Il sentait bon, son baiser était délicat et agréable. Le froid de ses lèvres apaisa le feu de mes joues. Oui, je devais prendre le risque de passer quelques jours avec lui. De toute façon, comme je m'en étais rendu compte à cause de ma désastreuse expérience avec Jacob, j'aimerai Edward pour toujours. Donc je ne voyais pas l'utilité de le repousser, puisque je n'en accepterai plus aucun autre. En même temps, s'il me quittait encore…Eh bien, je souffrirai de nouveau. Je réalisais que je n'avais plus peur de la douleur sachant que j'éprouverai un bonheur inégalable avant. C'était évident, je me damnerais pour passer du temps avec Edward. Je n'étais plus qu'un agneau sans défense. Et il le sentit car ses lèvres effleurèrent les miennes. Puis, dans la même milliseconde, il se retrouva à l'autre bout de la pièce.

-Désolé, cela fait si longtemps que je ne t'ai plus embrassé que je dois me maîtriser.
Il souriait en disant cela. Il avait l'air heureux de m'avoir embrassé. Et moi, j'étais sur un nuage. J'avais envie de lui, de son corps parfait. J'avais envie d'entendre sa voix de ténor murmurer mon prénom.
-Je n'ai pas envie que tu te maîtrises Edward.
Cette fois ci, je réussis à dire son prénom avec amour. Ma personne se reconstruisait. Je m'approchai de lui et l'embrassait à pleine bouche. J'ai cru qu'il allait me tuer. Mais il réussit à se contenir à ma grande déception. Je l'emmenai dans ma chambre, il me suivit sans rien dire. Arrivés dans mon petit refuge, nous nous sommes couchés sur le lit.
-Bella, je t'aime. Je… je suis si content que tu veuilles encore de moi. J'avais tellement peur.
-Tu aurais des doutes sur mon amour ?
Et je l'embrassai de plus belle. Puis je caressai son torse. Ses mains se baladaient dans mon dos. Nous nous laissâmes aller. Son corps froid se mariait à merveille avec mes membres brûlants. Je le contemplais, il était encore plus magnifique que dans mes pensées. Sa beauté ne pouvait pas être retranscrite, ce n'était qu'en chair et en os qu'Edward était parfait. Mes pensées m'avaient arrêté dans nos étreintes.
-Tu penses à quoi ?
-Resteras-tu avec moi pour l'éternité ?
-J'ai fais une erreur dans ma vie Bella, je n'en commettrai plus. Si tu veux bien de moi, je resterai à tes côtés toute ta vie.
Evidemment, je préférai l'éternité à toute ma vie. Mais je venais de le retrouver, je n'allais pas gâcher ce moment. Je négocierai l'éternité plus tard. Je m'approchai de ses lèvres. Je sentais que tout mon corps tremblait, et pas de froid. Lui semblait heureux, le coin de ses lèvres se soulevait légèrement. Ce sourire allait me rendre dingue, je ne pourrais jamais m'en lasser. Nous avons recommencé à nous embrasser, calmement, puis de manière de plus en plus intense. C'était si bon d'être avec lui. Sans réfléchir, nous avons unit nos corps, c'était la suite logique de ce que nous attendions tous les deux.

A un moment, alors que j'étais transie par l'amour et que le corps d'Edward occupait toutes mes pensées, nos regards se croisèrent, et j'aperçus que ses iris étaient d'un noir profond perlé de rouge. Il semblait avoir d'un coup une soif plus meurtrière que ce qu'il avait sans doute jamais connu. Mais je n'avais pas peur. Edward maîtrisait toujours tout. Ses lèvres quittèrent mes lèvres pour mon cœur, et celui-ci battit encore plus fort. Sentir Edward contre ma poitrine était quelque chose d'inoubliable. Il semblait autant heureux que moi. Et il fit alors quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas du tout, alors que je l'espérais.

Part. 10 : Edward

Je l'avais mordue. Je méritais l'enfer et la damnation éternelle pour cela. Je l'avais mordue, et je l'avais maintenue en vie pour qu'elle devienne l'une des nôtres. Je n'étais capable que de semer le mal et la dévastation. Je me haïssais encore plus qu'avant. Je l'avais emmenée chez moi pour achever la transformation. Cela durerait encore un jour et j'avais laissé un mot à Charlie pour qu'il ne s'inquiète pas. 'Edward est revenu et je suis partie avec lui car nous avions des choses à nous dire. Je t'appellerai demain. Bella'. J'espérais que cela conviendrait, je ne savais pas si Bella était habituée à découcher.
Je me maudissais et me traitais de tous les noms d'oiseaux possibles et inimaginables. Comment avais-je pu faire ça ? J'avais toujours refusé de la transformer, j'avais toujours cru que cela allait lui voler son âme. Et pourtant j'avais perdu le contrôle. Son odeur n'avait pas seulement empli ma bouche et mes poumons, c'était tout mon corps qui s'était rempli de sa fragrance. Je n'avais pas pu résister. Le vampire avait pris le dessus sur l'homme, et j'avais toute l'éternité pour le regretter. Lorsque j'étais dans ses bras, son sang chantait pour moi. La mia cantante. Cet amour mythique, ce besoin mystique, je l'avais vécu. Elle était mon âme sœur, et mon corps avait répondu en rythme aux pulsations de son sang. Au fur et à mesure que son cœur battait, je sentais mon être tout entier vibrer selon sa cadence. Nous étions en parfaite harmonie. Alors, j'avais mordu Bella dans le seul but de l'avoir à mes côtés pour l'éternité. Mes désirs avaient pris le pas sur ma raison. Je n'avais pensé qu'à moi, et non plus à ce qu'elle voulait. Même le goût exquis de son sang ne pouvait me faire oublier les conséquences de mon acte. Et pourtant, sentir couler son sang dans ma bouche puis au fond de ma gorge avait été la sensation la plus exceptionnellement agréable que je n'avais jamais ressentie. Même faire l'amour à Bella était à peine comparable à ce sang chaud agité de remous qui se balançait sous ma langue. Je n'y aurai plus jamais droit, mais je m'en souviendrai pour l'éternité. Le retour à la réalité avait été brutal et je n'étais pas fier de moi. Au moins, j'espérais ne pas avoir été trop une brute quand je l'avais mordu. Une chose me soulageait très légèrement, c'est qu'elle avait au moins eu une autre expérience de l'amour avant avec Jacob. Je ne lui avais pas volé toute sa vie d'humaine… De plus, j'espérais qu'être transformée par celui qu'elle aimait rendrait la chose plus facile.

Mais depuis l'instant fatidique, Bella se tordait de douleur. Impossible de savoir ce qu'elle ressentait vraiment : elle ne criait pas mais son corps frémissait, se crispait, semblait souffrir le martyre. Le venin était en train de se répandre dans ses veines. Il lui faudrait du temps pour retrouver la raison et la vie. Si on pouvait appeler cela une vie. Comment allait-elle réagir ? C'était ce qu'elle voulait, mais il y a si longtemps de cela. Elle avait vécu des choses entre temps, elle était sortie avec un loup-garou. Elle n'allait plus pouvoir voir Jacob. Et rien que pour cela, elle allait me haïr. Elle aurait tellement raison… Et moi, comment allais-je vivre ça ? Je pourrais l'aimer plus facilement, je n'aurais plus à la protéger 24 heures sur 24. Mais si elle me rejetait ? Si elle m'en voulait ? J'étais totalement désemparé et décidais d'appeler ma famille pour me conseiller.

-Edward ! Quel bonheur de t'avoir enfin au téléphone. Tout va bien j'espère ?
-Non Carlisle. Tout va plutôt mal. J'ai besoin de vous tous à la maison.
-Tu es à Forks en ce moment même ?
-Oui, je te raconterai tout en arrivant. Dépêche-toi.

Ils arrivèrent aux premiers signes de l'aurore. Carlisle, Esmée, Alice, Jasper, Rosalie et Emmett. Ils me saluèrent tous à leur façon, ce qui alla du cri aigu d'Alice à la bourrade monumentale d'Emett. Ils semblaient vraiment heureux de me revoir, et dire que j'allais encore casser leur joie. Je leur proposais de parler au salon. Heureusement que nous n'avions pas emporté les meubles : la table était toujours là, et nous nous sommes assis autour, à nos places habituelles.
-Alors qu'y a-t-il Edward ? demande Carlisle de sa voix calme et posée.
Au moins, il me détendait.
-J'ai fait une énorme bêtise en revenant ici. Je comptai juste apercevoir Bella, m'imprégner de son odeur et repartir. Sauf qu'il s'est passé trop de choses d'un coup.
-Tu l'as revue ?
La remarque venait d'Alice. Elle n'avait pas eu le temps de prévoir mon action tellement je n'avais rien prémédité. Mais maintenant qu'elle allait 'scanner' l'avenir de Bella, elle savait.
-Oh mon Dieu Edward !
-Et oui…
-Mais c'est super !
Je grognai avec une telle force que son sourire se dissipa.
-Enfin, je veux dire que…
-Tais-toi Alice. Laisse-moi expliquer aux autres ce qu'il s'est passé.
Je leur expliquai en gros toute l'histoire. Si j'avais pu encore rougir, je l'aurais fait quand j'arrivai au moment où je l'avais mordu, mais j'étais obligé de leur raconter pourquoi j'avais perdu le contrôle. Emmett était plié en deux.
-Mon pauvre frérot est incapable de surmonter ses pulsions sexuelles ? Faut se maîtriser mon vieux !
Il se tut quand il croisa mon regard. Ma famille acceptait la nouvelle avec une telle légèreté… Ils ne semblaient pas se rendre compte de l'énorme erreur que j'avais commise.
-Bref je l'ai mordue, et elle va se réveiller d'ici quelques heures je pense.
-Grave erreur mon cher…

Je me retournai et vis la nouvelle Bella, en haut des escaliers, immobile. Elle était évidemment encore plus belle que lorsqu'elle était humaine. Son physique semblait gracieux et fragile, mais je savais que ce n'était qu'une illusion, elle était bien plus forte que nous tous. Ses iris avaient perdu leur magnifique couleur marron chocolat pour un rouge vif. Cela me déprima. J'adorais ses yeux, et je ne les verrais plus jamais de la même façon. Cela serait une fois de plus ma punition pour l'avoir transformée. Mis à part ce détail, la voir ainsi me coupa le souffle, ou plutôt j'arrêtai de respirer.
-Bella… Comment te sens-tu ?
Physiquement, elle avait l'air d'encaisser le choc, mais elle semblait craintive. En fait elle nous dévisageait comme si c'était la première fois qu'elle nous voyait. Elle semblait intimidée, d'une manière si…humaine.
-Ca va… Mais je ne sais pas comment se sentent les vampires en général.
-Dans ce cas c'est que tu dois aller bien. Tu as soif ?
-Hum… Je ne sais pas, j'ai plutôt envie d'essayer tous ces nouveaux trucs de vampires.
Evidemment, même vampire elle ne réagissait jamais comme les autres.
-Bienvenue parmi nous sœurette !
-Oh, Emmett, quel plaisir de te revoir !
Son ton était sarcastique mais elle semblait vraiment heureuse de les revoir tous. Et elle ne semblait pas m'en vouloir. Enfin…
-Puis-je te parler en privé Edward ?
Son ton était neutre.
-Ca va barder, ou ça va baiser…choisis ton camp frérot !
-Tais-toi Emmett. Répondis-je.
Elle n'avait pas bougé d'un centimètre depuis le début de la conversation. Elle ne devait peut être pas trop savoir comment se comporter. Je la rejoignis, sans trop savoir ce qui m'attendait ; mais je pensais qu'Emmett avait raison, c'était soit très bon signe, soit très mauvais.

Je la suivis jusque dans ma chambre. Et là, elle m'embrassa avec passion. Je voulus la repousser par habitude, mais je me rappelai qu'elle ne craignait plus ma force maintenant. Je ne sais combien de temps nous nous sommes embrassés, mais je finis par la repousser.
-Tu ne m'en veux pas ?
-Pourquoi donc ?
-Pour t'avoir transformée. Tu ne vois donc pas toutes les conséquences de ce geste ? Ta famille, tes amis…comment vas-tu leur expliquer ta nouvelle apparence ? Et puis, je t'ai volé ton existence… Je m'en veux tellement tu sais.
-Oui je m'en doute… Tu culpabilise toujours. Mais on s'occupera des détails plus tard. Je ne maîtrise pas encore tout. Par exemple comment me comporter avec les autres ? Sont-ils heureux de ma transformation ? M'aiment-ils toujours ? Comment chasser ? Comment maîtriser mon ouïe ? J'ai un mal de crâne terrible à cause de tous les bruits environnants.
Je rigolai. Elle ne réagissait réellement jamais comme je l'attendais. J'essayai d'écouter les pensées de ma famille. Ils étaient tous plutôt content que je sois de nouveau avec Bella, qu'elle soit humaine ou vampire ne les dérangeait absolument pas. Emmett voulait tester la force de la nouvelle-née. Rosalie détestait le fait d'avoir dû revenir. Du classique en quelque sorte.
-Ils sont tous ravis de te retrouver, comporte toi normalement. Par contre, tu dois maîtriser ta force sinon tu vas tous nous faire des bleus.
Ses sourcils se levèrent pour montrer son étonnement. Elle était magnifique. J'étais soulagé d'une chose, je l'aimais autant si ce n'est plus que lorsqu'elle était humaine. Et elle semblait m'aimer aussi, malgré mon énorme bêtise. Et surtout, au vu de son regard vide, je semblais encore pouvoir l'éblouir…

Part. 11 : Bella

Mise à part la transformation qui était plutôt douloureuse, c'était absolument fantastique d'être un vampire. Jamais je n'aurais avoué que j'avais souffert pendant plus de vingt-quatre heures pour devenir celle que j'étais maintenant. C'était d'abord une sensation de douleur qui se propageait dans tout le corps. Puis une chaleur insoutenable, l'impression que je brûlais de l'intérieur. Et enfin le pire de tout, le froid. Je m'étais sentie raide, congelée, et surtout privée de tout mes sens. Et puis au fur et à mesure que les heures passaient, j'avais l'impression de retrouver l'usage de mon corps. J'avais toujours froid, mais ce n'était plus désagréable. Et puis j'avais perdu la sensation de fraîcheur : ma transformation s'était achevée. Je ne comptais pas dire tout cela, je ne voulais pas qu'Edward culpabilise plus que ce qu'il le faisait déjà. J'étais juste ravie que ma transformation ait eut lieu sur un coup de tête, sans avoir à négocier avec lui. Il n'aurait jamais voulu me mordre s'il n'avait pas perdu le contrôle. J'avais l'impression d'être complète. Je me sentais comme si j'étais enfin arrivée là où je désirais aller depuis ma naissance. En plus, je ne ressentais pas de soif comme je l'avais craint. J'étais juste comme une enfant à qui on vient de confier un nouveau jouet. Sauf que le jouet était mon corps. J'entendais absolument tout à des kilomètres à la ronde, je voyais nettement les plus insignifiants détails, et je me sentais agile pour la première fois de ma vie. Après avoir observé Edward sous tous les angles avec ma nouvelle vue, avoir senti son odeur avec mon nouvel odorat, et entendu son timbre avec ma nouvelle ouïe, je ne pouvais qu'apprécier la transformation. Je remarquai plus de détails, et le monde me semblait plus beau. Edward avait fini par redescendre avec les autres, et j'attendais dans sa chambre de me familiariser avec mes nouvelles capacités. Au bout d'une heure, je maîtrisais mon ouïe et je n'avais plus de migraine. Au bout de deux, mes yeux répondaient enfin à ma volonté et non pas à leur bon vouloir. Je doutais juste de ma force : impossible de la tester ici, je n'avais pas envie de casser son divan. Je descendis donc saluer ma nouvelle famille.

Ce furent d'abord Carlisle, Esmée et Alice qui m'accueillirent chaleureusement. Jasper me serra rapidement contre lui, et me donna confiance en moi. Je fis une bise sur chaque joue de Rosalie, et elle tenta de me sourire. Emmett voulu me serrer de toute sa force dans ses bras. Sauf que mon instinct pris le dessus et considéra comme une menace ses deux énormes bras autour de mon frêle corps. J'écartai les bras pour le repousser, et je le vis valser à l'autre bout de la pièce.
-Oups, désolée Emmett. Je ne voulais pas te…
-Même pas mal ! Je voulais juste vérifier ta force!
Ca alors, j'étais vraiment un vampire ! J'étais heureuse. Edward me prit par la main, et m'emmena à ma première partie de chasse. Il me montra comment suivre une odeur, comment attaquer les animaux, comment ne pas être trop sauvage. J'étais un peu déconcentrée par la beauté de mon professeur, mais je réussis à me nourrir. C'était de toute façon assez instinctif. Au bout d'une heure, nous nous sommes arrêtés, et je me rendis compte que nous étions dans notre clairière.
-Tu as fait exprès de nous emmener ici ? Demandais-je.
-Oui, on pourra parler tranquillement.
Il était craquant quand il me regardait intensément comme cela.
-Je n'ai pas forcément envie de parler tu sais.
-Tu as vraiment des pulsions toi… Me dit-il avec un sourire coquin. Mais il faut que tu penses un peu à Charlie, Jacob, le lycée… Comment comptes-tu régler tous ces problèmes ?
Je commençais par le plus facile.
-Je pensais ne plus aller en cours pour cette année, il ne reste plus que trois jours ce n'est pas grave. Et j'arriverai l'année prochaine en étant juste devenue comme vous. Cela devrait passer aux yeux de tout le monde. Il faudrait juste signaler votre retour le plus tôt possible.
-Cela peut effectivement être accepté. Sauf peut être par tes plus proches amis.
-Si je réussis à me comporter comme d'habitude avec Angela, Mike et Jessica, ils ne devraient pas être trop insistants.
-On verra bien. Et pour ton père ? Et Jacob ?
-Je pensais les mettre tous les deux dans la confidence. Jacob de toute façon sera bientôt au courant. Je ne sais pas trop comment il va réagir. Mais il devra comprendre que c'est ce que je voulais, et que je l'aime toujours…
-Je ne sais pas s'il le prendra bien…
Il prit deux secondes pour réfléchir.
-En fait non, je sais qu'il le prendra mal.
Je ne répondis rien. Que pouvais-je bien dire ? Que j'étais torturée à l'idée de faire souffrir Jacob, mais qu'il le fallait bien… Que de toute façon, j'aurais fini par devenir un vampire puisque j'avais toujours souhaité cela. Que Jacob devait m'accepter, sinon je perdrai une moitié de mon âme. Heureusement, Edward m'empêcha de déprimer en reprenant la conversation :
-Par contre pour ton père…ce n'est pas vraiment une bonne idée tu sais.
Je n'avais pas peur des réactions de mon père. Nous n'étions pas complices, mais nous nous comprenions. Et je sentais que cela allait bien se passer.
-Il entendra ce que j'aurais à lui dire puis oubliera aussitôt les détails qui le gênent je pense. Mieux vaut cela pour lui qu'une sombre histoire de disparition.
Ce que je ne lui dit pas, c'est que pour moi aussi cela valait mieux. Je n'avais pas envie de tirer un trait sur ma famille. Je ne voulais pas quitter mon père.
-Comme tu voudras, dans tous les cas je te soutiendrai. Et s'il faut, nous partirons tous d'ici. Je ferai tout ce que tu veux mon amour. Mais maintenant, passons aux choses sérieuses…
Il avait dit cela en collant son buste d'Apollon contre ma poitrine… C'était sensationnel. Je ne sentais plus le froid comme avant, au contraire, j'avais l'impression que nos étreintes me réchauffaient. J'avais gagné sur tous les points avec ma transformation. Ce bonheur qui m'envahissait me faisait oublier mes amis, mon père, et même Jacob.

Cependant, je dus bien à un moment me rendre à l'évidence, je devais parler à Charlie. Le lendemain, je rentrai donc chez mon père. Je l'avais appelé la veille en lui disant que je ne rentrerai pas une deuxième nuit, mais que tout allait bien. Je lui appris que je m'étais remise avec Edward. Il grogna si fort que je me suis demandée un instant s'il n'était pas lui aussi un vampire.
-Ne t'en fais pas papa, cette fois ci il ne me laissera plus. En fait, nous nous sommes expliqués, et tout va bien entre nous. Mais demain quand tu me verras, j'aurais légèrement changé, ne t'inquiète pas je t'expliquerai tout.

Et là, maintenant, c'était l'instant où je devais tout lui expliquer.
-Salut papa !
Je le rejoins dans la cuisine.
-Bonjour Bella…oh mon dieu…
Il me dévisagea de la tête aux pieds.
- Tu es vraiment pâle ! Tu es malade ?
Heureusement qu'il était totalement inattentif et qu'il n'avait pas remarqué le changement de couleurs de mes yeux.
-Pas vraiment. En fait je ne me suis jamais sentie aussi bien de ma vie. Serais-tu capable de m'accepter comme ceci ou veux-tu des explications ?
Après tout, pourquoi lui faire peur s'il m'acceptait comme cela ? Mais je sentis qu'il s'énervait.
-Des explications envers ton humble père me semblent appropriées vois-tu. Tu pars deux jours en me disant juste qu'Edward est revenu. J'ai peur que tu ne reviennes complètement détruite, et voilà que tu débarque en étant…comme eux.
Il n'avait pas l'air dans de bonnes dispositions envers ma nouvelle famille.
-Tu as déjà tout compris papa. Ils ne sont pas comme nous, en fait ce ne sont pas des humains. Je suis devenue comme eux, tu l'as très bien dit.
Il écarquilla ses yeux.
-Et que sont-ils ?

J'avais perdu toute confiance en moi, je me mordis la lèvre inférieure, signe de grande nervosité chez moi. Comment dire ce mot : vampire. Cela allait forcément l'effrayer.
-D'abord je dois te dire qu'ils ne font mal à aucun humain. Et que c'est moi qui ai choisis de devenir l'une des leurs
Ce n'était pas vraiment vrai puisque je n'avais pas eu le choix lorsque cela s'était produit. Mais si je l'avais eut, j'aurais choisi l'immortalité auprès d'Edward. Il me regarda avec un sourire triste et des yeux interrogatifs.
-Bella s'il te plaît dit moi.
Il paraissait faible tout d'un coup. J'avais l'impression d'achever mon père.
-Des vampires. Nous sommes des vampires.

Il fit l'effort de rester debout. Il ferma les yeux. Il se cramponna à la table. Vite, je devais dire quelque chose pour le rassurer :
-Mais ne t'en fais pas, on ne fait du mal à personne ! On ne boit que le sang des animaux. Et je voulais continuer à vivre avec toi papa. C'est pour cela que je t'ai tout avoué plutôt que de faire croire que j'avais disparue, ou que j'étais malade… S'il te plaît papa accepte moi.
Il se grattait la tête. Il réfléchissait. Et moi pendant ce temps, je restais à l'autre bout de la cuisine. J'étais tellement stressée que mes mains s'ouvraient et se refermaient toutes seules en un mouvement compulsif. J'avais vraiment peur que mon père me repousse. Ou pire, qu'il prenne son rôle de chef de la police au sérieux et qu'il décide de me chasser. C'est lui qui reprit la parole, j'étais trop concentrée à essayer de calmer mon corps.
-Tu as bien dit vampire ou j'ai mal entendu ?
Son ton était neutre. Impossible de savoir ce qu'il pensait.
-Oui oui. Mais comme je te l'ai dit je ne fait de mal à personne.
-Les vampires ça tue des humains non ?
Il était suspicieux. J'avais peur qu'il se dirige vers son arme de service. Même si je l'aurais intercepté avant qu'il ne l'atteigne.
-Pas les Cullen. Comme je te l'ai déjà dit –j'avais l'impression de dire dix fois la même chose, mais c'était pour le bien de mon père-, ils ne boivent que le sang des animaux. Cela fait des années qu'ils sont à Forks, il n'y a jamais eu de problèmes !
Son regard s'illumina. Qu'avais-je dit ?
-Et l'an passé ce n'était pas eux peut être ? Les bêtes sauvages ?
Bon sang, il était intelligent ce Charlie. En même temps il était chef de police, c'était son métier. Il n'avait pas besoin de savoir que c'étaient des vampires qui avaient causé tous ces morts. Juste que ce n'était pas les Cullen.
-Non pas du tout, ils n'ont rien fait. Ils ne touchent pas aux humains et moi non plus. Regarde je suis là à côté de toi et je ne te fais rien.
Il se grattait à nouveau la tête.
-Mais les vampires ça craint le soleil ?
J'espérais ne pas avoir à contrecarrer tous les mythes vampiriques. Enfin pour celui-ci, il n'était pas nécessaire de lui dévoiler notre scintillement en cas de journée ensoleillée.
-D'où leur présence à Forks où il n'y a quasiment jamais de soleil.
Il prit sa mâchoire entre ses mains. En tout cas il n'avait pas l'air terrifié par moi. Mais il n'avait pas dit son dernier mot.
-Je ne comprends pas tout. Tu es réellement un vampire ? Tu bois du sang ?
Cela avait l'air de le tracasser au plus haut point que je ne mange pas comme lui. Il ne se posait pas de questions sur ma force ou quoique ce soit (à part le soleil). Son problème c'était ce que nous mangions.
-Oui je bois du sang animal.
Une fois de plus j'insistais sur ce 'animal'. J'espérais que cela rentrerait dans son cerveau.
-Et tu ne manges plus normalement ?
Je ne comprenais pas son problème. Quel était le souci avec mon régime alimentaire ?
-Non papa.
Il semblait triste. Je testais quelque chose :
-Mais je sais toujours faire à manger, donc je cuisinerai pour toi tout les soirs !
Son visage reprit des couleurs, c'était cela qui l'inquiétait ! Charlie avait des réactions tellement étonnantes. Je tirais peut être de lui.
-Papa, je sens que tu n'as pas bien compris ce que j'ai voulu te dire.
Je pris deux secondes de pose. Je devais être convaincante là.
-Si je t'ai révélé tout ceci, c'est car je veux continuer de vivre avec toi. Je veux te dire bonjour le matin avant de partir au lycée, je veux te préparer des lasagnes le soir pour que tu les manges devant ton match, je veux continuer à être ta fille, même si j'ai changé…
Il réfléchit une bonne minute. Mes mains reprenaient leur danse compulsive.
-Eh bien… Je ne comprends pas tout à ton histoire de vampire, mais si tu restes ma Bella, je dois pouvoir réussir à te considérer comme ma fille. Si tu es heureuse surtout…
-Je suis heureuse papa. Je t'aime tu sais ?
Et je le pris dans mes bras. Je fis bien attention à ne pas lui donner de coups et à ne pas le serrer trop fort. C'était peut être la première fois que je me comportais comme cela avec mon père, mais il en avait sûrement besoin.

Je rejoignis Edward dans sa voiture, et lui demandai les réelles pensées de mon père.
-J'ai du mal à cerner les pensées de Charlie. Ce que j'arrive à entendre, c'est qu'il tiendra le choc. Il ne m'aime toujours pas mais ton final l'a bluffé. Tu as raison, il fait plutôt abstraction de toute chose surnaturelle. Et puis il s'est dit qu'il était prêt à tout accepter rien que pour tu viennes dans ses bras comme quand tu étais jeune. Chapeau !
-Ce n'était pas du théâtre, j'avais vraiment envie de le soutenir.
-Et tu as parfaitement réussi Bella. Prête pour l'ultime confrontation de la journée ?
Je soupirai :
-Jacob…

Part. 12 : Jacob

Je n'avais plus de nouvelles de Bella depuis trois jours. Qu'était-elle devenue ? J'étais allé voir Charlie qui ne m'avait rien appris. Apparemment elle serait avec Edward. Qui était bien revenu. Et qui allait donc me reprendre ma Bella, mon amie, mon amour… Comment la reconquérir ? Comment lui faire comprendre que le buveur de sang ne l'aimera jamais comme moi je l'aimais ? En même temps, si jamais je m'imprégnais un jour d'une autre fille, je ferais souffrir Bella. Mais cela me semblait impossible. Je décidai d'aller chez elle, elle serait peut être revenue.

La Volvo grise garée devant chez elle refroidit mes ardeurs. S'il était là, cela allait dégénérer. Comme pour répondre à mes attentes, il sortit de sa voiture. Son regard froid me transperça. Ce n'était pas cela qui allait me calmer.
-Jacob, Bella voudrait te parler.
-Et alors ? Elle doit passer par un intermédiaire pour ça ?
-Non, mais je préfère te prévenir. Elle a changé.
Je hurlai. A la mort. Il n'avait pas pu la transformer quand même. Cela faisait trois jours qu'il était revenu et déjà il semait la mort. Ne voulant pas arriver à une conclusion hâtive, je préférais demander des détails.
-Comment ça changé ?
Je lus du doute dans ses yeux dorés. Il semblait ne pas vouloir dire à voix haute ce qu'il avait fait. S'il l'avait fait. Ce dont je n'arrivais pas à me persuader. Non, Bella n'avait pas pu devenir un vampire. Dans le doute, et parce que j'attendais ce moment depuis si longtemps je décidais d'attaquer. Il semblait faible et hésitant. Je lui sautai donc dessus, me transformant au milieu de mon saut. Je lui faisais face, et j'étais maintenant aussi fort que lui. Il n'allait pas s'en sortir comme cela, j'allais déchiqueter sa peau de marbre. Je bondis, il m'esquiva sans peine. Son expression avait changé. Il avait maintenant le visage déterminé. Je vis dans ses yeux noirs la haine qu'il éprouvait envers moi, la jalousie que Bella m'ai un jour appartenu. Ainsi il avait sûrement toujours voulu se battre lui aussi, mais attendait juste que je fasse le premier geste. Sa voix glaciale me provoqua :
-Je connais tout ce que tu vas faire à l'avance sale cabot, tu n'as aucune chance contre moi.
Je savais déjà tout ceci et cela allait juste mettre du piment dans la bagarre. Nous allions voir qui se maîtrisait le plus ici. Je me mis à penser à des choses totalement différentes, notamment à Bella lorsque nous étions ensemble. Je lui ressortis en pensée le soir du restaurant, le corps de Bella dans mes bras chaud. Cela me faisait mal de penser à tout cela, mais lui souffrait évidemment encore plus que moi et il m'attaqua. L'ayant largement anticipé, je vis arriver son poing longtemps avant qu'il ne m'atteigne. Je parais son attaque et lui griffait le torse avec une de mes pattes libres. Il recula, légèrement blessé. Son regard était triste. Le pouvoir des pensées était immense, cela lui apprendrait à écouter ce qui ne le regardait pas. En plus de ma victoire mentale, c'était jouissif de frapper mon adversaire de toujours. J'avais attendu ce moment si longtemps… J'allais l'achever, je lui sautais dessus, toutes griffes dehors, en poussant un feulement sauvage.

A cet instant, une chose que je n'avais pas dans mon champ de vision m'attrapa en plein vol et me plaqua au sol. Cela avait sauté plus haut que moi et m'avait jeté à terre avec une force incroyable. Impossible de savoir qui c'était, mes yeux ne voyaient que la terre contre laquelle ma tête était maintenue, mais c'était un vampire vu l'odeur répugnante que cela dégageait. Et surtout vu la force que cela avait, car j'étais totalement incapable de bouger. L'odeur était familière, mais je ne reconnaissais aucun des membres de la famille Cullen. Puis la pression se relâcha, et je vis apparaître Bella devant moi. J'avais été intercepté par Bella… Choqué, je me retransformais aussitôt.
-C'est pas possible comment t'as fais ça ?
Une fois remit de ma surprise d'avoir été stoppé net dans mon élan par Bella, je la regardai. Elle était effectivement devenue blanchâtre, et c'était elle qui puait comme son acolyte. Le monde venait de s'écrouler autour de moi… Je grognais.
-Tu ne m'as pas vraiment fait ça j'espère ?
-Je suis désolée Jacob, c'est ce que je voulais depuis si longtemps et puis…comment dire …
Elle hésitait. Que s'était-il passé ?
-Bref, l'occasion s'est présentée et je suis devenue un vampire. Mais ça ne change rien à mes sentiments pour toi. Tu es mon ami. Mon meilleur ami.
Elle semblait sincère. Je ne savais pas trop quoi penser. En fait si je savais, je les détestais tous. Le pragmatisme prit quand même le dessus.
-Ils t'ont mordu, ils ont rompu le traité. Ca va être la guerre Bella.
Elle sanglota. Comment un vampire pouvait montrer ses émotions à ce point ? J'avais toujours trouvé les vampires glaciaux. Bella, elle, semblait si proche de ce qu'elle avait été avant. Ou peut être était-ce parce qu'elle était mon amie, et que je la connaissais si bien…
-Jacob, oublie cinq secondes le traité et pense à nous en tant que personne. Je veux continuer à être ton amie. J'ai besoin de toi.
Moi aussi j'avais besoin d'elle, mais pas en tant que sangsue.
-Et moi je t'avais dit que si tu choisissais le vampire, cela serait définitivement fini entre nous. Je crois que nous nous sommes tout dit.
Je me demandais comment je réussissais à garder mon calme. En même temps, les attaquer aurait signé mon arrêt de mort. Bella aurait défendu son buveur de sang préféré, et à deux contre un je n'avais aucune chance. Surtout vu la manière dont elle m'avait plaqué au sol. Elle m'avait trahi, elle était devenue l'une des leurs. Elle ne serait plus jamais ma Bella. Evidemment, elle était toujours aussi belle, à part ses yeux qui étaient désormais noirs avec des teintes rouges et dorées. Je voyais bien qu'elle avait toujours le même cœur, mais je ne pouvais pas supporter sa transformation. Ce n'était peut être que physique ce qui avait changé en elle, mais pour moi, elle avait changé de camp. En même temps, je n'arrivais pas à me dire qu'elle n'était plus mon amie. Je détestais Bella, je détestais Edward qui l'avais rendue comme cela, et surtout qui me l'avais repris. Mais je n'arrivais pas à me dire que je devais la tuer. Je n'avais donc plus rien à faire ni avec elle, ni avec ma meute. Je devais partir.
-Adieu Bella.
Je lus la détresse dans son regard. Cela devait bien faire écho à la mienne.
-Non, Jacob reste.
C'était horrible de l'entendre me supplier. En fait non, c'était un supplice, un bûcher insoutenable qui me brûlait de l'intérieur.
-…s'il te plaît.
Je partis sans me retourner, sentant le feu se développer dans ma poitrine et laissant mes jambes me guider.

Part. 13 : Edward

Le lendemain de la rencontre entre Bella et Jacob, nous étions tous sur nos gardes. Nous ne savions pas comment allait réagir la meute, ni ce que Jacob comptait faire. Allait-il partir loin de Bella ? Ou allait-il emmener ses amis loups vers une mort certaine... Jasper était très tendu et tournait en rond dans le salon. Alice s'inquiétait car elle ne pouvait pas voir les loups-garous. Bella était prostrée sur le canapé, en pleine réflexion, mais sûrement pas à cause de la bataille qui s'annonçait. Elle n'avait pas parlé de toute la nuit, et j'avais lu une tristesse énorme sur son visage. Elle aurait dû s'y attendre : un loup ne pouvait pas supporter un vampire. Et pourtant elle avait espéré qu'il l'accepte. Je me demandais comment j'allais pouvoir lui redonner le sourire. Mais je savais que je réussirai, je rendrai Bella heureuse, même sans son meilleur ami. Emmet qui revenait de son tour de garde m'interrompit dans mes réflexions :
-Ils arrivent. Par le nord.

Aussitôt, nous fûmes tous à l'extérieur, courant dans la direction qu'avait indiqué Emmett. Je me rendis compte que Bella ne nous avait pas suivis. Je rentrais à l'intérieur pour la chercher.
-Allez Bella vient.
Elle releva la tête, ses yeux étaient remplis de désespoir, et elle me suivit sans rien dire. J'aurais tellement aimé lire ses pensées, savoir ce qu'il fallait que je lui dise pour la réconforter…

Nous avons vite rattrapé les autres. Et nous avons attendu dans une clairière verte et humide l'arrivée des loups-garous. Nous n'avons pas pu nous empêcher de reculer lorsque nous les avons vus arriver. Ils étaient impressionnants. Plus grands et forts que nous, plus imposants. Ils étaient tous différents. Je devinais lequel était Sam : le premier, au pelage le plus foncé, presque noir. Son regard était dur. Je devinais qu'il y avait une fille dans le groupe, à ses yeux nettement plus expressifs, à son pelage soyeux et parfaitement propre et lisse. Elle s'appelait Leah d'après les pensées de ses compagnons. Il y avait trois jeunes, Seth, le frère de Leah, Quil et Embry, qui ne voulaient pas tuer Bella mais qui auraient bien aimé se bagarrer. Et enfin les deux derniers, Jared et Paul, qui restaient calmes. Ils n'étaient donc que sept, ce qui les mettaient dans une position inconfortable puisqu'en infériorité numérique. Jacob qui manquait à l'appel. Je m'en étais aperçu immédiatement, j'aurais reconnu facilement son pelage marron orangé si particulier. Avec nos pouvoirs en plus de notre force, ils n'avaient aucune chance de s'en sortir. J'espérais que Sam en était conscient et qu'il n'allait pas déclencher une guerre pour rien. Il muta en humain pour nous parler. Il était aussi impressionnant en humain qu'en loup. Grand, fort, musclé et déterminé. Il alla droit au but.
-Vous avez rompu le traité. Nous devons vous tuer ou vous chasser de cette ville.
Je lus dans ses pensées qu'il n'avait pas fini de parler. Carlisle allait dire quelque chose, je le retins d'un geste.
-Cependant, nous ne sommes pas encore décidés.
Nos muscles se détendirent un peu. Nous avions du répit. Carlisle cette fois ci ne put s'empêcher d'ajouter un mot.
-Vous voulez peut-être écouter ce que nous avons à dire pour notre défense ?
Sam leva un œil interrogateur. Cela ne l'intéressait pas plus que cela. C'était Jacob qui lui posait problème.
-Non c'est bon. Nous savons que Bella souhaitait devenir un vampire, vous n'avez pas besoin de le réexpliquer. Cependant, si nous ne faisons rien, cela voudrait dire que nous cautionnons ce geste, or il nous révolte. Aucune close dans le traité n'évoquait ce cas là, et nous sommes dans le flou sur ce que nous devons faire.
Je me demandais quand est-ce qu'il allait nous dire ce qui le gênait.
-Le problème, c'est Jacob.
Enfin, nous y arrivions.
-Il est parti on ne sait où… Nous ne savons pas s'il compte revenir. Et surtout s'il revient, nous ne savons pas comment il prendrait la nouvelle de la mort de Bella.
Ainsi, ces prétentieux quadrupèdes pensaient gagner la bataille. C'était pathétique, mais stratégiquement, ils ne pouvaient pas non plus révéler leur faiblesse. Bella parla pour la première fois depuis son ultime rencontre avec Jacob.
-Vous ne savez pas ce qu'il compte faire ?
Tout le monde entendit la tristesse dans sa voix. Ma culpabilité de l'avoir mordue remonta en flèche dans mon esprit. J'espérais ne pas avoir blessé Bella plus que je ne le croyais.
Sam répondit. Sa voix était teintée de haine. Ce n'était pas parce que Bella était un vampire, c'était car elle avait causé le départ de Jacob.
-Nous ne savons rien du tout. Juste qu'il n'avait pas les idées très claires hier lors de son départ et qu'il ne savait pas s'il voulait te tuer ou pas. Et comme nous –et il insista fortement sur ce nous-, nous ne voulons pas détruire ce pauvre Jacob, nous préférons te garder en vie le temps que lui décide. S'il veut te tuer, il reviendra et nous serons tous à ses côtés pour vous exterminer.
Je lus que cette pensée ne le réjouissait guerre. Il nous haïssait réellement, mais ne voulait pas voir la mort d'un membre de sa meute à cause d'une humaine intrépide qui avait choisi l'éternité. En fait, il me révélait un côté humain que je ne soupçonnais pas chez cet homme. Sam avait une lutte personnelle qui dépassait sa mission de loup : il voulait que sa meute reste en vie, qu'ils restent huit loups insouciants et heureux. Enfin sept maintenant, puisque Jacob était parti. Ils ne nous attaqueraient uniquement si Jacob revenait pour nous achever. Je me pris à espérer que Jacob ne revienne jamais.
Carlisle mit fin à la discussion.
-Entendu. Mais dans tous les cas vous pouvez être sûr que nous ne mordrons aucun autre humain. Je pense que nous pouvons dire que le traité est reconduit jusqu'à nouvel ordre.
Sam lui serra la main, réprimant une grimace à cause du contact glacé de mon père.
Au moins nous n'aurions pas à nous battre physiquement aujourd'hui. Maintenant, j'allais pouvoir m'occuper de Bella.