« Miss ! Mais que faîtes vous ? Vous allez vous tuer, rasseyez vous immédiatement ! »
« C'est vrai que votre maître ne serait pas très content si jamais il m'arrivait quelque chose… n'est-ce pas Stan ? »
La jeune fille regarda avec un plaisir malsain, la grosse et immonde face du chauffeur devenir exsangue, cette face qui affichait sans complexe les séquelles d'une acné qu'il aurait mieux value laissé en paix, c'était si facile.
La jeune fille se détourna rapidement de cette horrible contemplation au profit du paysage qui défilait à travers la vitre fumée de la voiture ministérielle : Londres s'éveillait, les vacances étaient finies, les petits moldus reprenaient le chemin de l'École déjà avec lassitude, leurs cartables semblaient peser une tonne…
Elle en repéra plusieurs de son âge et se mit à imaginer ce que cela pouvait faire d'être une….
Non, non ! Elle ne devait pas se permettre d'avoir de telles pensées, si Père pouvait l'entendre… Elle frissonna au seul souvenir de cette intrusion mentale qu'elle avait déjà subie à maintes reprises, on lui avait déjà parlé de viol, elle ne comprenait pas pourquoi tout le monde trouvait cela différent, mais il fallait bien avouer que c'était monnaie courante là d'où elle venait.
Elle croisa le regard sarcastique de Stan dans le rétroviseur, si seulement elle pouvait l'écraser ce minable cloporte.
Il ne perdait jamais une occasion de prendre de l'ascendance sur sa jeune maîtresse, il n'avait pas vraiment digéré le fait qu'elle lui ai fait porté le chapeau de la libération de l'elfe de maison de Père…qui lui non plus n'avait pas tellement apprécié…
La jeune fille avait presque eu pitié de lui quand elle avait vu le pauvre serviteur ne tenant même plus sur ses jambes, résultat d'une série de doloris et de sortilèges de l'invention de Père lui-même. Vu les cicatrices du cracmol mieux valait ne jamais donner à Père l'occasion de les lui infliger.
« Alors Miss ? Vous avez réellement l'intention d'entrer à Poudlard avec cette tête, on dirait bien que vous avez confondu votre brosse avec un scroutt à pétard ! »
Le pathétique chauffeur tomba alors dans une crise de fou rires incontrôlée, arrosant le pare brise de ses postillons.
Presque pitié en effet…
Mais force est de constater que Stan avait raison (grrrr), elle avait laissé la fenêtre ouverte bien trop longtemps, elle prit alors la brosse que le chauffeur lui tendait (une vraie! Hein Miss ?).
Ses long cheveux dorés redevinrent aussi lisses qu'à l'accoutumée. Elle se mit à jouer avec une mèche pour que les reflets cuivrés apparaissent, seul lien qui l'unissait encore à elle… Mon petit rayon soleil qu'elle disait toujours avant d'éclater de rire…
De l'amertume se lisait maintenant sur le visage de la jeune fille d'une pâleur presque surnaturelle, ses yeux gris et froids se firent vagues avant de reprendre leur expression hautaine et désabusée qu'on leurs connaissait. Il ne fallait pas se laisser aller surtout pas maintenant. Stan l'observait avec une curiosité non feinte. Il ne fallait surtout pas lui monter ses faiblesses… son humanité… elle était bien la fille de son père, oui ou non ?
La jeune fille mit la brosse dans son sac, en profitant ainsi pour préserver son visage de la curiosité de l'immonde obèse. Elle aperçut alors par la même occasion la lettre… elle l'avait oubliée. Elle ne savait si c'était une poussée masochiste qui la poussa, justement, à se saisir du morceau de papier, mais elle le fit et le relut pour la centième fois depuis le début des vacances :
Ma chère fille, Tu vas maintenant quitter St Gabrielle et enfin entrer dans le monde magique. Inutile de préciser que j'attends beaucoup de toi, que ce soit au sujet de ta conduite qu'à celui de tes résultats scolaires. Tu dois faire honneur à notre famille. La situation actuelle est bien complexe et les tensions se ressentent dans Poudlard même, tu t'apercevras très vite que là-bas on ne peut rester neutre. Ton père, Draco Malefoy.
Tu sais bien que j'ai de grandes ambitions pour toi, Durmstrang te semblait tout indiqué mais au vu de quelques complications Poudlard s'est imposé, je suis certain que tu parviendras à atteindre les sommets, mais pour parfaitement développer ton potentiel tu devras suivre un apprentissage complémentaire nous verrons cela à Noël lorsque tu reviendras à la maison où je pense pouvoir y séjourner quelques jours.
« maison » … « pouvoir y séjourner » …« Noël » …..
Tout cela sonner faux dans la tête de la jeune fille, s'en était presque ridicule de parler de la demeure de son enfance comme d'un chaleureux foyer… une vie….où elle n'aurait de cesse d'attendre le moment où elle pourrait y retourner…enfin.
Cette « maison » elle l'avait quitté à 6 ans pour aller dans ce pensionnat sorcier en Suisse mondialement réputé, on y apprenait les rudiments de la magie mais aussi à lire et à écrire, avant de rentrer dans une véritable école de sorcellerie. En réalité, y étaient enseignés de nombreuses choses aussi bien sorcières que moldues.
Ce métissage ne plaisait pas du tout aux familles de sang pur, pourtant seule clientèle de St Gabrielle, vu les frais de scolarité.
Mais les résultats étaient excellents et la discipline de fer qui y régnait soulageaient les parents les plus réticents.
Elle s'était souvent demandée ce que cela lui ferait de quitter le pensionnat, elle avait constatée presque avec horreur que ça ne lui faisait rien, « la sensibilité est la pire des tares » lui disait sa grand-mère. Ce qu'elle n'avait pas manquer de lui rappeler cet été lorsqu'elle était revenue « chez elle » et qu'elle n'avait pas songer à masquer sa déception de ne pas y trouver son père, elle aurait pourtant du s'y attendre, il n'était jamais là.
Sa promesse de venir la voir ne lui faisait ni chaud, ni froid. Il ne s'intéressait à elle que par convoitise, juste pour ce qu'elle était susceptible de lui apporter.
«Ma chère fille » Tu parles, tu caches vraiment mal ton jeu, papounet !
« papounet » ? D'où pouvait bien lui venir une expression aussi grotesque ?
Elle ne l'avait jamais entendu « chez elle » en tout cas.
« Nous sommes arrivés, Miss »
Miss regarda d'un air absent la gare moldue. Stan lui ouvrit la porte, elle sortit et en profita pour jeter la lettre dans le caniveau tandis que Stan tentait tant bien que mal d'avancer à travers la foule avec tous les bagages de sa maîtresse.
« Pire que Paris Hilton. »
« Qu'il y a-t-il Stan ? »
« Non rien juste une vieille actrice moldue, enfin pas vraiment une actrice…. »
Elle laissa le chauffeur à ses tergiversations. Comme tout cracmol, Stan avait des goûts très éclectiques.
« C'est là, Miss. »
« Quoi là ? »
Elle ne voyait qu'une simple barrière entre les voies 9 et 10.
« Vous courrez droit devant vous et là, magique, vous passez de l'autre côté. » dit il avec un rire moqueur qu'il ne prit même pas la peine de retenir.
Elle regarda une nouvelle fois la barrière, de plus en plus sceptique, partagée entre le fait qu'elle ne supportait pas admettre son ignorance, surtout à cette face d'aubergine et le fait d'être prise pour une idiote, elle était une Malefoy, que diantre !
C'est alors que tel le messie, apparut un garçon roux, elle commençait tout juste à le détailler qu'il fonçait déjà comme un taré sur le barrière, manquant de peu de renverser deux ou trois moldus au passage.
Elle ferma les yeux attendant l'inévitable choc…qui ne se produit pas.
Le rouquin avait bel et bien disparu.
Devant l'air éberlué de la jeune fille, Stan était hilare. Elle le fusilla du regard et lui arracha le chariot des mains le faisant (sans faire exprès) tomber par terre. Elle courut vers cette fameuse barrière, les yeux fermés, comme si sa vie en dépendait, à ce moment là elle oublia toute dignité, elle allait vers sa nouvelle destinée, de toute façon ça ne pouvait pas être pire qu'avant…du moins elle l'espérait.
Elle ne redouta pas l'improbable choc…qui se produit.
« Aie ! »
Encore sous le choc, elle consentit enfin à ouvrir les yeux, elle était, les quatre fers en l'air (?) , sur un quai bondé où attendait sagement une magnifique locomotive rouge.
Se débarrassant de ses contemplations ferroviaires, elle se leva avec grâce et agilité, et épousseta sa robe blanche, elle coûtait une fortune. Tatie Pansy la tuerait si jamais par le plus grand des malheurs elle avait le moindre accroc. Elle replaça le ruban bleu marine qui lui serrait la tête, assorti au liseré de sa robe et partit en claquant les talons, n'accordant même pas un regard à la jeune fille blonde qu'elle avait renversée et qui avait laissé échapper un cri.
La locomotive fuma, un contrôleur siffla annonçant le départ.
Elle ria, assez nerveusement : « Tiens toi bien Poudlard, car Iris Malefoy arrive »
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PS :Désolée pour la phrase de fin, il n'y a rien de plus kitch, mais j'ai rien trouvé de mieux pour retranscrire la détermination d'Iris
PPS : Pour ceux qui se le demande mon Stan et le contrôleur du magicobus ne font qu'un.
