Complot
Auteur: Stripe; traduction: moi!
De tous les métiers qu'Edward Elric pensait exercer plus tard, l'enseignement était sans doute le dernier. Il n'avait aucune envie de se tenir debout devant une classe d'enfants à essayer de leur apprendre à lire. Il était d'humeur changeante, ce qui était propre à rendre les enfants entre 4 et 12 ans insupportables.
Ce qui amène obligatoirement la question de savoir pourquoi il était en train d'enseigner en ce moment même. Il savait déjà comment. L'institutrice était tombée malade quelques jours auparavant et, allez savoir pourquoi, il avait été choisi pour enseigner à ces garnements tout ce qu'ils avaient besoin de savoir. Etait-il assez âgé pour être professeur ? Il était à peine majeur – est-ce que ça suffisait vraiment pour faire un bon enseignant ?
Bref. Il y avait sûrement quelqu'un qui serait mieux que lui pour ce travail. Bon sang, Ed n'avait même pas terminé l'école élémentaire. A l'époque où ses camarades de classe terminaient l'école il était déjà à Central pour travailler en tant qu'Alchimiste d'Etat.
C'était l'institutrice, maintenant grisonnante, qui avait suggéré qu'il enseigne. En fait, elle était aller voir Al, et Al avait dit oui sans lui demander avant.
Edward se vengerait un jour, même s'il ne savait pas encore comment. Mais il ne pouvait pas refuser, surtout pas à l'enseignante qui avait l'habitude de lui envoyer des craies pendant le cours de maths pour qu'il suive un peu. Elle n'était pas aussi impressionnante qu'Izumi – qui lui avait appris l'alchimie à coups de poings – ou Winry – qui lui avait appris que les clés à molette faisaient bien plus mal que les craies- mais il préférait ne pas la mettre en colère.
Du coup, pour le moment il n'avait pas le choix.
« Très bien », dit Edward d'une voix exaspérée aux petites têtes curieuses. « Alors, qu'avez-vous appris lors de votre dernière leçon ? » Pour toute réponse il n'eut que des regards vides. Finalement, une fillette leva la main et prit la parole sans même en avoir reçu la permission.
« Où est notre maîtresse ? » demanda t'elle d'une voix autoritaire. Ed fronça les sourcils. Il n'aimait déjà pas cette gamine.
« Elle est malade. » répondit-il en essayant de cacher son irritation. « Maintenant dites-moi ce que vous avez appris ». Les élèves se regardèrent comme pour décider de ce qu'ils allaient faire. Ed haussa les sourcils. Ils étaient plus intelligents qu'il ne le pensait. S'il ne savait pas ce qu'on leur avait appris, il ne pourrait pas reprendre la leçon, ce qui l'obligerais à leur laisser la journée libre. Eh bien, ça n'allait pas se passer comme ça. L'ancien alchimiste d'état réfléchit quelques minutes, attendant de voir si l'un de ses élèves allait craquer.
Non. Pas un seul. Tant pis.
« Ok, puisque personne n'a l'air de s'en souvenir, » il jeta un regard critique sur la classe, « ja vais vous donner une leçon particulière aujourd'hui ». Il prit une craie et commença à dessiner un cercle sur le tableau. Il entendit quelques élèves gémir alors que quelques autres paraissaient vraiment intéressés. « Qui a entendu parler de l'alchimie ? ». Le cercle terminé, il se retourna vers la classe et vit toutes les mains levées. Il se tourna à nouveau vers le tableau et dessina deux triangles pour former une étoile sur le cercle. Quand il regarda ses élèves, il les vit tous examiner le cercle avec curiosité.
Tous, sauf la petite fille qui avait déjà pris la parole et qui gardait sa main levée en le regardant stupidement. Ed lui jeta un coup d'œil. Voyant qu'elle avait son attention, elle commença à parler.
« Vous êtes Monsieur Edward, n'est-ce pas. »
« Oui » répondit-il faiblement. « Maintenant, que pouvez-vous me dire à propos des runes-»
« Et vous vivez avec mademoiselle Winry n'est-ce pas ? » demanda la fillette en levant vers lui de grands yeux innocents. Ed était prudent. Il se moquait de ce que disait les gens – surtout les enfants. Mais cette gamine ne lui inspirait pas confiance ; elle complotait quelque chose.
« Pour le moment oui. Bien, maint-»
« Est-ce que vous allez vous marier ? »Ed faillit s'étrangler en entendant la question. Les enfants ne respectaient décidément plus leur professeur.
« Ce n'est pas votre problème. » Il aurait pu se contenter d'un non. Ils ne sortaient même pas ensemble – ils étaient juste amis. Mais d'une certaine façon, Ed ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'un oui vienne un jour répondre à la question de la fillette.
Une autre petite fille prit cette fois la parole : « Oooh… vous êtes mariées alors ? C'est tellement mignon ! » couina t'elle.
« Quoi ? » Ed sentit son visage s'empourprer. « Non ! Non on n'est pas mariés ! »Mon dieu, il avait vu juste, ces gamins étaient en train de comploter contre lui. Les enfants se turent un moment. Peut-être que maintenant ils allaient garder leur stupide bouche fermée.
« Bon continuons. Le principe fondamental de l'alchimie est-»
« Est-ce vous voulez l'épouser ? »Ed résista à la tentation de s'arracher les cheveux. Par pitié, ces gosses ne pouvaient-ils pas passer à autre chose ? Peut-être que s'il continuait comme si de rien n'était ils se lasseraient.
« -est l'échange équivalent. Vous ne pouvez recevoir quelque chose qu'en-»
« Mais vous l'aimez bien, non ? » Apparemment même les garçons étaient contre lui.
« -en donnant une autre de même valeur. Par exemple, vous-»
« Vous rougissez ! » C'était encore cette fillette. D'accord, la tactique ne semblait pas vraiment fonctionner. Ces gamins savaient certainement à quel point ils étaient agaçants.
« -vous ne pouvez pas changer un verre en arbre-»
« Ed et Winry, assis sous un arbre, qui s'E-M-B-R-A-S-S-»
« D'ACCORD ! J'abandonne ! Très, bien, oui, je suis amoureux de Winry ! Je veux l'épouser ! Mais ce n'est pas votre problème ! » Les élèves reculèrent légèrement, alarmés par cette soudaine explosion de rage. C'étaient exactement pour ça qu'il ne voulait justement pas devenir enseignant. « Vous les garçons vous ne vous marierez pas avant dix ans au moins. Pourquoi est-ce ça vous intéresse ? Laisser moi faire mon boulot, et vous pourrez faire ce que vous voudrez après. Oh », il s'arrêta, la craie dans la main comme s'il s'apprêtait à écrire quelque chose au tableau. « Si vous répétez un seul mot de ce que vous venez d'entendre à qui que ce soit – surtout Winry – je vous tue. »
Les élèves se comportèrent à merveille le reste de la journée. Inutile de dire Qu'Edouard n'eut plus aucune raison de s'énerver.
Plus tard
Alphonse se tenait devant les élèves de école de Resembool, agenouillé pour se mettre à leur hauteur. « Alors, comment ça s'est passé ? » demanda t'il calmement, un sourire machiavélique aux lèvres. « Qu'est-ce qu'il a dit ? »
Une fillette leva la main pour parler.
« Oui Mindy ? »
Il a dit qu'il était amoureux de Mademoiselle Winry et qu'il voulait l'épouser » répondit-elle avec un adorable sourire.
« Bon travail. Bon, combien on avait dit ? 200 sens chacun ? » Les enfants hochèrent vigoureusement la tête, les mains tendues. Al vida son portefeuille pour les payer – heureusement il en avait assez pour tout le monde. Ils partirent tous dépenser leur argent en achetant des sucreries. Al se redressa. Il était temps pour lui de rentrer.
Il était peut-être délesté de plusieurs milliers de sens.
Mais le pouvoir que ces informations lui donnaient sur son frère n'avait pas de prix.
