L'Aranel et la Malédiction de Melkor
Un Conte de Charles Perrault revisité par...
Son résumé : Il était une fois... ainsi commencent tous les contes de fées. Celui ci ne déroge pas à cette règle immuable. L'enfant chérie des Valar, maudite à sa naissance par Morgoth, réussira-t-elle à échapper à la terrible malédiction qu'il lui a lancée ? Et si à la place d'un prince, c'était un roi qui venait à son secours ?
Pairing : Thranduil... (Si, si...)/OC
Rating : Tout public
Genre : Conte de Fées revisité avec l'univers de Tolkien
Relectrice : Les chapitres sont relus par Lilou Black.
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent absolument pas. Tolkien se retournerait certainement dans sa tombe s'il voyait ce que j'en fais.
Note de l'auteur : C'est la première fois que je fais un détournement de conte. L'idée m'est venue d'un coup. D'ailleurs ce conte a été écrit d'une seule traite. J'espère qu'il vous plaira !
Bonne lecture !
Je dédie cette histoire à tous ceux et toutes celles qui aiment les détournements de conte !
L'Aranel et la Malédiction de Melkor
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1
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Le Don Maudit
Il était une fois, dans le beau et grand royaume de Valinor, vivaient des êtres d'une incommensurable beauté aux pouvoirs dépassant l'imagination, même la plus folle.
Par un beau matin de printemps, tandis que les oiseaux chantaient haut dans le ciel, la reine Varda mit au monde la plus belle et la plus adorable des petites filles. La petite Aranel, comme l'appelaient les gens du pays bienheureux, fit la joie de ses parents ainsi que de tous ses oncles et tantes, parrains et marraines réunis.
Cependant, à Avathar, l'un des endroits les plus reculés de ces terres, l'un des "parrains" de l'enfant rongeait bien difficilement la rage et la jalousie qui le consumaient car il avait été évincé de l'intronisation de la petite princesse.
Effectivement, lors d'une très grande cérémonie, chaque Vala de Valinor lui octroya un don, cadeau de naissance qui devait aider la petite princesse à grandir dans les meilleures conditions imposées par sa prestigieuse naissance.
Melkor, puisqu'il s'agissait de lui, ne décolérait pas d'avoir été ainsi mis de côté. Certes, il était craint et peu respecté de par ses hauts faits de vilenie en ce monde qu'il voulait plus malheureux qu'heureux, mais il se jura que cette injure serait la dernière de la part de ceux qui avait été jadis sa "famille".
C'est pourquoi, tandis que la fête était à son apogée, le terrible Vala que l'on avait renommé Morgoth à cause de la noirceur de son cœur et de sa terrible cruauté, se présenta monté sur l'une de ses ténébreuses bêtes sortie tout droit de la Mer des Ombres.
— Ainsi l'on s'amuse sans que je ne sois invité ? dit-il d'une voix si forte et puissante que les Eldar eux-mêmes se mirent à trembler de peur.
Les Valar, quant à eux, exprimaient une telle consternation de le voir ici qu'ils se regroupèrent tous autour du berceau pour lui cacher la vue de la princesse, belle innocente endormie.
Melkor, ou Morgoth, peu importe le nom qu'on lui donnait, ne fut pas dupe de ce que ses ennemis faisaient, c'est pourquoi il afficha l'un de ses plus cruels sourire sur son visage déjà déformé par la haine.
— Allons, allons, mes chers amis, que me cachez-vous donc que je ne devrais point voir ?
Sa voix était un poison pour qui l'entendait, et les elfes présents durent se boucher les oreilles pour ne pas succomber à une terrible mélancolie.
— Il n'y a rien pour toi ici Morgoth, avança la douce Varda, bien décidée à protéger, quoiqu'il lui en coûte, l'enfant endormie.
L'époux de la reine, Manwë, n'avait pas quitté des yeux celui qui avait été jadis son frère. Plus que quiconque, Melkor aurait dû être présent pour cet incroyable baptême car au-delà des liens qui liaient chaque Vala, il n'en restait pas moins que ce dernier partageait son sang. Il était l'oncle de la petite princesse.
— Tu n'aurais pas du venir... Mon frère, dit Manwë à son tour, d'une voix ferme.
Melkor tourna son regard hanté sur celui qu'il avait toujours jalousé, et ce depuis le premier jour de leur création. Il n'avait pas oublié que Manwë avait été, et resterait, le préféré de leur père alors que lui, Melkor, avait toujours tout fait pour prouver sa supériorité vis-à-vis des autres Valar. Il les surpassait tous et pourtant, c'était lui que l'on avait renié.
Oui, tous autant qu'ils étaient auraient du le craindre et le vénérer au lieu de le bannir comme un vulgaire mortel. Au lieu de se prosterner à ses pieds, on l'avait châtié, renié, pire que tout... insulté !
Ces imbéciles avaient besoin d'une bonne leçon, mais aujourd'hui, il se contenterait de leur insuffler la peur. Qu'ils la goûtent et en apprécient la saveur car c'était là le plus terrible des présents qu'il pourrait leur faire pour les remercier de la façon dont ils l'avaient traité.
— Ne pas venir ? reprit-il, imperturbable, alors que j'apprends de source sûre que je suis oncle et parrain ? N'aurais-je point droit, moi aussi, d'offrir un présent à la douce petite chose que vous me cachez avec tant de vigueur ?
— Il n'y a rien pour toi ici, jeta avec colère Yavanna qui ne pouvait souffrir Melkor après ce qu'il lui avait infligé sur Almaren en détruisant ses deux plus belles créations. Prends ton haleine fétide et ta bête répugnante et allez terroriser les confins des ténèbres puisqu'eux seuls goûteront à tes tours de malice !
A ces mots, Melkor fut pris d'un bruyant éclat de rire qui se répercuta dans toute la grande salle, envoyant des élans de pure terreur parmi tous les invités restés figés depuis son arrivée impromptue.
Les dédaignant totalement, Melkor souffla tout en avançant doucement vers Yavanna et les autres Valar.
— Vous ne pouvez me refuser le droit du sang, dit-il dans un murmure. Puis, sans prévenir, il scanda des mots en langage noir qui hérissèrent chaque Vala présent.
Impuissants, ces derniers virent avec horreur le corps du nouveau né, emmailloté dans ses langes, s'élever dans les airs avant de terminer sa lente course dans les bras de cet être qui aspirait le mal en lui comme une simple bouffée d'oxygène.
Le bébé émit un léger pleur d'inconfort avant d'ouvrir ses yeux purs et innocents pour les fixer sur ceux, rouges et damnés, de Morgoth.
— Quelle belle enfant tu es, dit ce dernier d'une voix doucereuse.
Son regard s'était fait songeur et, en cet instant aussi effrayant qu'étrange, Varda ainsi que Manwë se dirent qu'ils auraient bien aimés en connaitre le sens réel car Morgoth savait mieux que quiconque se jouer des autres.
D'un mouvement leste, le dieu malfaisant approcha un doigt à l'ongle pointu et tranchant de la joue veloutée de la petite princesse qui, inconsciente du danger, se mit à babiller.
— Quel présent pourrais-je bien te donner, petite chose ?
— Rien, nous ne voulons rien de toi, rétorqua Varda avec précipitation.
La reine s'était avancée vers lui, prête à reprendre son enfant par la force.
— Allons, ma chère, vous tous ici présent, lui avez octroyé un don, il est normal qu'en tant qu'Oncle de sang et parrain, j'en fasse de même.
Puis, revenant à l'enfant :
— Je sais ce que je vais te donner. Un incroyable présent que rien ni personne ne pourra t'enlever...
Et là, le dieu malfaisant se penchant sur l'Aranel et lui susurra à l'oreille des mots en langage noir puis tendit la petite à sa mère.
Varda la lui arracha presque des mains pour porter sa fille contre son sein et retourna auprès des siens.
— Que lui as-tu offert ? demanda Manwë, le visage anxieux, ce qui fit rire encore plus fort Morgoth qui se régalait de voir les Valar dans une telle situation. Tout ça pourquoi ? Pour une petite chose sans force ni défense.
— Taratata, cher frère... Jamais vous n'auriez dû vous atteler à une tache aussi ingrate et répugnante que celle de faire un enfant comme n'importe quel être inférieur. C'est si peu digne de vous... Mais tant pis.
Manwë s'avança, non sans éprouver une très grande colère, envers cet être qu'il avait jadis considéré comme un frère et un allié.
— Que-lui-as-tu-donné ?! répéta-t-il plus durement.
Au dehors du palais, des éclairs illuminèrent la grande salle et bientôt les grondements si caractéristiques du tonnerre se firent entendre tout près d'eux. Les colères du roi étaient légendaires et personne ne se serait risqué à le contrarier.
Morgoth, loin de s'en impressionner, gonfla ses joues avant de passer une langue pointue sur ses lèvres noires.
— Le sommeil éternel quand elle aura atteint l'âge vénérable de sa puberté.
A l'annonce de cette terrible sentence, tous se figèrent.
— Comment as-tu osé ?! s'exclama Aulë qui, consterné, brandit sa hache au-dessus de sa tête, bien décidé à en découdre avec ce monstre sans âme.
Cependant, il fut vite arrêté dans son élan par la main levée de Manwë.
— Voilà une terrible malédiction pour un être si innocent. Elle ne t'a rien fait.
— Certes non, mais vous tous ici présent, oui, et voir vos têtes atterrées est un bien beau cadeau pour un si maigre don, répondit Morgoth, plus cruel que jamais.
Ce dernier, ayant accompli son dessein, se retourna, prêt à partir, mais à l'instant où il allait enfourcher sa terrible monture, il se souvint d'une dernière chose :
— Je serais vous, bien que je ne le sois pas, je me méfierais des rouets qu'affectionne tant Vairë. Je ne sais pas, mais il me semble que dans un peu plus de cinquante ans, cela risque de poser problème à une certaine petite personne.
Et, fier d'avoir installé le poison si acide de la peur, Melkor que l'on nomme Morgoth non sans raison, quitta la fête de la petite princesse, laissant dans son sillage une terrible envolée de doutes.
Vairë, épouse du gardien des âmes, avait le regard lointain, comme perdu dans un autre temps.
— Que vois-tu donc ? demanda Námo, son mari, qui avait compris que quelque chose se passait.
La Tisserande baissa les yeux. Elle savait, mais ne pouvait rien dire car tel était son terrible don.
— Je ne peux hélas le dire, souffla-t-elle, contrite.
— Mais il en va de la vie l'Aranel, cria Yavanna qui ne pouvait croire que la femme de Námo ne veuille rien dire même dans ce genre de cas d'extrême urgence.
— Elle ne le peut, répondit Manwë, glacial, car tel est son fardeau. Savoir sans pouvoir.
Lestement, il s'avança vers la Vala qui avait courbé les épaules.
— Allons, reprit ce dernier, ne soit point dure avec toi-même, Vairë. Nous ferons en sorte que la malédiction de Morgoth ne se réalise pas et ne soit jamais vue que comme un affreux mensonge.
Puis se retournant vers les Eldar et les elfes Vanyar qui assistaient à la réception : — Ne laissons pas cet envoyé des ténèbres gâcher ce qui aujourd'hui est une fête d'allégresse et d'espoir !
Comme par magie, la musique retentit à nouveau et chacun sembla pouvoir enfin souffler et pourtant...
Pourtant personne n'oublia et les années passèrent sans que jamais l'ombre de Morgoth ne quitte le cœur des Valar et des Eldar de Valimar.
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A Suivre
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Aranel : signifie princesse en quenya
Valinor : signifie pays des Valar en quenya)- Le royaume bienheureux comme il est appelé, fut retiré du cercle des mondes après la submersion de Númenor en 3319 2A, suite à la rébellion d'Ar-Pharazôn et la violation de l'Interdit des Valar.
Valimar : ou Valmar est la capitale des Valar et des Maiar sur les Terres Immortelles à Valinor.
