Bonjoir, lecteurs! Je sais que ça fait longtemps que je n'ai pas posté quoique ce soit, et ceci pour une raison très simple: je m'étais promis de ne plus écrire et de me cantonner à la traduction. Mais, faible comme je le suis, après avoir vu le 4x19 et lu le TS de chezchuckles, You're not going to like this, je me suis retrouvée attelée à mon clavier pour produire ce petit TS. Voilà voilààà.

Disclaimer: Si Castle et Beckett étaient à moi, ça ferait bien longtemps que le 12th se serait transformé en baisodrome géant^^


Le prix à payer

Love is whatever you can still betray. Betrayal can only happen if you love. (John Le Carré)


Castle remua lentement son scotch dans son verre, les yeux fixés sur les glaçons. Il repensait aux évènements de la journée, et sentait une dague s'enfoncer dans son cœur à chaque fois qu'il s'arrêtait sur les évènements de la salle d'interrogatoire. Je me suis fait tirer dans la poitrine, et je me souviens de chaque seconde!

Elle lui avait menti. Et il avait été assez aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Cet état de fait brisa quelque chose en lui. Il devait suivre les conseils de sa mère, et aller de l'avant. Levant les yeux, il observa le tableau noir qui renfermait son propre secret, celui qu'il s'était évertué à taire, pour protéger celle qui aimait. Qu'il avait aimé. Que devait-il faire maintenant ? Continuer, ou laisser tomber ?

Il prit rapidement sa décision. Il n'avait plus aucune raison de continuer son enquête. Plus aucune raison de continuer à la suivre. Si elle ne voulait pas lui dire son secret en face, eh bien soit, il la laisserait seule. N'était-ce pas ce qu'elle voulait depuis presque 4 ans ? Mais il devait tout de même la mettre au courant de ses avancées. La laisser mener ce combat qui avait défini sa vie.

Il empoigna son téléphone, et laissa pendant un instant son doigt au dessus de la touche d'appel rapide destinée à Beckett. En un geste, il s'apprêtait à mettre fin à 4 ans de partenariat. Je peux le faire. Je dois le faire. Finalement, il pressa la touche. Autant le faire le plus rapidement possible, comme on retire un pansement.

(…)

Elle se tenait devant sa porte, anxieuse, attendant qu'il ouvre. Il était parti en trombe du precinct quelques heures plus tôt en la laissant en plan, et son coup de fil l'invitant à venir lui avait fait songer au pire. Etait-il arrivé quelque chose à Martha, à Alexis ?

Finalement, la porte s'ouvrit, et elle ne put retenir le sourire éblouissant qui vint illuminer son visage en le voyant, sourire qui ne dura pas en voyant la mine grave qu'il arborait. A son invitation, elle entra dans le loft.

-Alexis va bien ?
-Oui. Elle travaille dans sa chambre, et mère est à son école.

Elle fut surprise par le ton froid qu'il avait utilisé pour lui répondre.

-Castle ? Que se passe-t-il ?

Il soupira et se passa une main tremblante sur le visage. Cela allait être beaucoup plus difficile que prévu. Je peux le faire. Je dois le faire.

-Castle ?
-Je dois vous montrer quelque chose. Vous n'allez pas aimer ça, mais c'est un juste retour des choses. Venez.

Elle le suivit dans son bureau, étonnée. Un juste retour des choses ?Que voulait-il dire ? Une sourde anxiété commença à lui serrer le cœur. Il ne pouvait pas savoir. C'était impossible, il n'était pas au commissariat à ce moment-là… Mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander d'où lui venait cette froideur à son égard, et ce ressentiment qu'elle lisait dans son regard.

Il s'arrêta à peine à l'entrée de son bureau, se dirigeant immédiatement vers la télécommande, allumant le tableau. En voyant ce qu'il contenait, Kate prit une brusque inspiration. Les photos de Raglan, McAllister, Montgomery, sa mère lui sautèrent au visage. C'était son enquête. Sa vie. Sa vie, étalée là sous la forme d'une poignée de pixels. Elle sentit le monde tourner autour d'elle, ses genoux se dérober, mais comme toujours, elle ne laissa rien paraître. Comme toujours, elle se barricadait derrière son image de femme flic forte. Presquecomme toujours, car elle ne s'attendait pas à cela de la part de son partenaire.

-Castle…
-Je sais que vous n'allez pas aimer ça, mais je ne pouvais pas vous le dissimuler plus longtemps. Cet été, quand vous étiez à l'hôpital en train de récupérer de votre blessure…

Ses dents se serrèrent à cette pensée, à la pensée qu'elle lui avait menti depuis tout ce temps, qu'elle se souvenait depuis le début… Fais-le. Arrache le pansement.Il continua donc ses explications, parlant rapidement, comme pour abréger le moment.

-J'ai reçu un coup de fil d'un homme qui se présentait comme un proche de Montgomery, qui disait qu'il lui devait la vie, et qu'il pouvait vous protéger à condition que vous laissiez tomber l'affaire de votre mère. C'est pourquoi je vous en ai éloigné et que j'ai continué à enquêter de mon côté.
-Castle… Pourquoi avoir fait ça ?
-Essayez de deviner, répondit-il amèrement.

Elle le regarda intensément pendant un long moment. Elle savait exactement pourquoi il avait fait ça.

-Vous avez fait ça pour me protéger…, laissa-t-elle échapper dans un souffle.

Il ne répondit pas, gardant un visage fermé. Inconsciemment, elle fit un pas dans sa direction, mais il recula, et ce détail n'échappa pas à la jeune détective, qui sentit son cœur se serrer. Il ne put empêcher une pointe de joie de traverser son cœur à la vue de sa douleur. Qu'elle souffre autant que je souffre, qu'elle voit le prix de la trahison. Il se haï immédiatement d'avoir eu une telle pensée.

-Castle… Pourquoi maintenant ?

Et voilà. Ils y étaient. Le moment était venu. L'écrivain ferma les yeux et prit une grande inspiration, comme un sauteur à l'élastique sur le point de s'élancer d'une falaise.

-J'ai tout entendu. J'étais derrière la vitre sans tain.

La mâchoire de Beckett s'ouvrit en grand. Mais avant qu'elle ne puisse répondre quoique ce soit, Castle enchaîna rapidement.

-Alors, j'ai décidé de mettre fin à notre partenariat. Je ne viendrais plus au precinct, Kate. Je ne vous ennuierai plus avec mes théories farfelues, et vous pourrez faire votre paperasse tranquillement. Néanmoins, je me devais de vous mettre au courant de mes avancées sur l'enquête de votre mère. Donc… tenez, dit-il en lui tendant une petite clé USB, voici l'intégrale de mes recherches. Vous êtes libre, maintenant. Résolvez cette affaire comme vous l'entendez.
-Je vous avais dit… je vous avais dit que je vous voulais à mes côtés, le jour où j'attraperais le coupable…

La voix de Beckett sortait sous la forme d'une plainte misérable, étranglée sous l'effort qu'elle faisait pour refouler ses larmes. Pour la première fois depuis qu'elle était arrivée, le regard de Castle croisa le sien.

-Et je serais là. En tant qu'ami. Dès que vous aurez une piste sérieuse, appelez-moi. Je viendrais. Mais ce sera tout. Je ne peux pas faire plus, Kate. Pas après…

Les mots moururent dans sa gorge, et le poids des non-dits envahit la pièce. Elle le regardait, éperdue, ses admirables yeux verts mouillés de larmes. En gardant son secret, elle l'avait définitivement perdu. En tant qu'ami. Ce n'était pas suffisant. Mais c'était tout ce qu'elle avait mérité. Elle comprenait désormais le prix à payer pour ne pas faire face à ses sentiments. Une dernière fois, néanmoins, elle tenta de lutter.

-Castle, je…
-Il vaudrait mieux que vous partiez, maintenant, coupa-t-il.

Doucement, il la raccompagna jusqu'à l'entrée du loft. Avec une dernière conversation qui se passait de mots, la porte se referma sur les décombres de ce qui avait été le partenariat le plus explosif du 12e precinct. Et, la petite clé USB fermement serrée dans son poing, la grande Kate Beckett, femme forte, flic indestructible, se laissa glisser au sol, secouée de sanglots inextinguibles. Richard Castle, de son côté, écrivain de best-sellers de renommée internationale, se retrouvait pour la première fois à cours de mots, le front collé contre la porte de son loft, écoutant les pleurs de la femme qu'il aimait malgré tout à travers la porte, le visage strié de larmes silencieuses.

C'était le prix à payer pour avoir gardé des secrets trop longtemps. A force de vouloir voler trop près du soleil, on finit par se brûler les ailes.