Marseille, les Catalans.
Mercédès avait 5 ans et Fernand 10. Leurs parents les emmenaient souvent à la plage où les deux cousins se rencontraient. Fernand commençait déjà à apprendre le métier de pêcheur; son père lui transmettait ses secrets pour manier la canne, car pour les filets Fernand n'était pas assez grand. Pendant son apprentissage Mercédès courait le long de la plage des Catalans et mouillait ses pieds. Et Fernand la rejoignait souvent, quand il aurait fini son travail ou quand il n'était plus surveillé par son père; comme ça il lui jetait de l'eau dessus et la faisait rire. Il aimait bien la taquiner, comme tous les frères aînés. Les parents de Mercédès travaillaient toute la journée du matin jusqu'au soir: son père pêchait du poisson et sa mère en vendait au marché du Port ou faisait des coliers et des bibelots en coquillage pour les vendre aussi.
Deux ans après Mercédès allait à l'école où elle apprenait lire et écrire en français; il faut pas oublier qu'elle parlait déjà le catalan. Comme elle était encore petite pour aller toute seule en ville c'était Fernand qui l'accompagnait tous les jours à l'école. C'est vrai qu'au début il avait pas trouvait cette idée très géniale, accompagner une petite gamine, mais après il avait compris que comme ça il pouvait fuir la monotonie de la vie des pêcheurs. Lui aussi allait à l'école, mais comme tous les mômes il séchait ses cours. Quand ils se baignaient dans la mer,des fois Mercédès se noyait et Fernand lui sauvait la vie comme un héros. Alors elle le remerciait mille fois, ce qui le rendait très fier. Il venait souvent chez elle et goûtait à ses gâteaux qu'elle apprenait à préparer. Elle apprenait aussi une danse catalane, une sorte de paso doble qu'elle aimait beaucoup danser.
A 11 ans Mercédès eut ses premières règles; sa mère Pénélope lui prodigua alors quelques conseilles comment l'on devait se comporter devant un garçon, qu'il fallait pas être trop coquette parce que les garçons en profitaient. Mais par contre elle lui disait rien contre Fernand, parce qu'il était toujours bienvenu chez eux. Son petit cousin devenait un beau garçon qui brisait les coeurs de beaucoup de jeunes Catalanes. Il savait bien les embrasser, mais il n'allait jamais plus que le moral général lui permettait. Il dansait merveilleusement, et c'est comme ça en fait qu'il seduisait toutes ces filles. Mercédès se moquait souvent de lui et de ses conquêtes, et lui il se fâchait mais il préférait toujours sa compagnie à celle des autres filles. Bientôt le père de Fernand mourut d'une crise cardiaque; alors son oncle, le père de Mercédès, Alejandro Herrera le prit sous sa protection. Quelques mois après Napolèon ordonna à tous ceux qui sont capables de porter une baïonnette de faire leur service militaire. Comme ça Fernand était obligé de partir à Toulon. Un an après il retourna et vit Mercédès grande et plus belle que jamais. Alejandro se rendait compte de son attachement pour sa fille; c'est pourquoi un jour il dit à Fernand: "Si tu veux avoir ma fille, tu dois la mériter. Tu dois montrer que tu es digne d'elle; c'est à dire pas de scandale. Nous les Catalans, on doit se marier entre nous; moi personnellement je préfère avoir toi comme gendre qu'un inconnu. Mais c'est elle qui choisira à la fin."
Le soir les Catalans organisaient des soirées dansantes, autour du feu, devant une guinguette du village, sous le ciel étoilé. Il y avait des guitaristes qui chantait des chansons espagnoles, tandis que Fernand dansait avec Mercédès ou avec Carmen, son ex qui courait encore après lui, ce qui le flattait énormément. Quelques mois plus tard monsieur Herrera mourut aussi. Fernand devint le seul protecteur de ses cousines. C'était vraiment des temps difficiles pour tous. La pauvreté commençait à devenir plus jour un des copains d'Edmond Dantès suggéra à Edmond d'aller à la soirée catalane le soir, car là il y avait beaucoup de belles filles et l'ambiance était, d'après les dires, très 'cool'. Dantès accepta. Le soir de la sortie il se mit des vêtements d'un soin assez coquet, puis descendit la Cannebière où ses copains l'attendaient pour aller ensemble aux Catalans. Le village parraissait être un ghetto: tous les habitants se parlaient en catalan, à peine ouvrant la bouche. A peine ces jeunes Marseillais eurent foulé le sol catalan, que tout le monde cessa sa conversation et se mit à les regarder de travers. Ce sont des intrus! Se disaient-ils. Les jeunes garçons décidèrent d'essayer de se faire moins remarqués; La musique commença à jouer, le feu éclairait les visages des gens autour et leur donnait l'effet grotesque et effrayant. Les torches aussi avait été allumées.
Un des copains de Dantès avait déjà abordé une Catalane avec un fort accent. Il n'y avait plus que Dantès et ses deux autres amis qui étaient restés. Ces deux autres garçons essayaient de s'approcher d'un groupe de filles, mais elles semblaient avoir déjà des prétendants. Un peu après on pût entendre le son d'une guitare qui annonçait le paso doble. Un couple sortit de la foule et se mit au milieu pour danser. La fille paraissait être très jeune, à peine 15 ans; une belle aux cheveux magnifiques, noirs comme l'ébène, qui flotaient sauvagement au gré du vent, d'une taille gracieuse comme guêpe. Le jeune homme qui l'accompagnait était plus agé qu'elle, grand, costaud, et semblait très protecteur à son égard. Tous les deux avaient le sourire aux lèvres lorsqu'ils dansaient. C'était évident que la jeune fille plaisait au jeune homme, mais on ne pouvait pas dire la même chose avec assurance pour la fille. Il y avait une certaine aisance entre les deux, comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. En voyant la fille Dantès fût subjugué. Il décida de l'aborder.
-Buenas noches, essaya-t-il en espagnol. Voulez-vous bien m'accorder une danse?
Mercédès se tourna vers lui et le regarda d'un oeil perçant.
-Avec plaisir, monsieur. Mais j'aimerais d'abord connaître votre nom.
-Ah, excusez-moi! Edmond Dantès. Enchanté.
-Moi, je m'appelle Mercédès, dit-elle avec un sourire enchanteur.
-Mercédès...
-Vous venez de la Ville, n'est-ce pas? Je ne vous ai jamais vu ici.
-Vous avez raison. Je suis marseillais. C'est ma premierère visite aux Catalans. Je suis venu avec mes amis... Est-ce que donc vous... marmona-t-il en essayant de ramener la conversation sur la danse.
-Vous savez, je ne suis pas sûre que vous vous sentirez très à l'aise, ici, parmi les Catalans. Vous êtes sûr de vouloir danser avec moi?
-Sûr et certain! Je vous en prie! demanda Dantès.
-Allons-y, alors!
Mercédès s'en alla auprès du guitariste et lui dit quelque chose à voix basse. Celui-ci se mit à jouer une romance. Notre couple commença à danser. Mercédès avait l'air hautaine, mais en vrai elle avait très peur de Dantès. Edmond avait décidé de la conquérir. La musique devenait de plus en plus rapide et passionnée. Leurs coeurs battaient très fort, et leurs mains devenaient moites. Fernand se demandait qui était cet étranger qui dansait avec elle, comme il n'était pas à ses cotés quand Edmond et son amie avaient fait connaissance. A peine la danse finie, Dantès et Mercédès restèrent à se contempler pendant un long moment. Fernand bouillait d'impatience, c'est pourquoi il alla auprès de Mercédès. En s'approchant d'eux il vit qu'ils discutait, mais il ne réussit pas à savoir de quoi.
-Mercédès! Viens, allons-y! Il est tard et ta mère t'attend.
-Ah Fernand, attend! Laisse-moi te présenter Edmond Dantès. Edmond, voici Fernand, mon cher cousin.
-Enchanté, dit Edmond en lui donnant la main, tandis que celui-là le regardait de travers.
-Ouais, ouais... allons-y maintenant! Il prit la main de la jeune fille violemment. Tu l'appelles déjà par son prénom! Allons-y!
-Fernand laisse-moi! On s'est pas dit aurevoir!
-J'ai promis à ta mère qu'on rentrerait avant 9 heures, et il est 9 heures et demie.
