1er souvenir.

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Firenze, 1476

Ezio regarda autour de lui d'un air nerveux. Federico avait décidé de lui trouver une fille et malheureusement lorsque son grand-frère avait une idée en tête, rien ne pouvait le distraire de son objectif.

Remarquant l'air gêné d'Ezio, Federico se mit à ricaner.

"Non, espèce de lâche, tu ne partiras pas d'ici tant que tu n'auras pas obtenu au moins le nom d'une fille. Tu es en âge maintenant et tu dois apprendre à te comporter en homme."

Ignorant les protestations de son cadet, le jeune homme se mit à scruter la place du marché. En fin de journée, la plupart des clients rentraient chez eux préparer la soirée et la place se vidait. Les clients encore présents étaient des servantes d'âge avancé venues chercher des ingrédients de dernière minute.

"Eh bien, conclut'il pour l'instant, ce n'est pas ça."

Avec un soupir de dépit, il s'appuya contre le pilier en bois d'un entrepôt.

"Ce n'est pas grave, tenta Ezio. Une autre fois, il y aura peut-être plus de...

_ Hey ! Que penses-tu de celle-là ?" le coupa Federico en effectuant un mouvement de tête vers l'étale du marchand de tapis le plus proche.

Ezio suivit son regard. C'était une très jeune femme. Inconscientes des regards posés sur elle, elle observait avec attention les détails d'une broderie. Les traits de son visage étaient très fins et délicats, un peu sévère. Deux mèches de longs cheveux noirs encadraient son visage. Le reste de sa chevelure était maintenu en chignon par une résille perlée.

"Sa robe est ample, déclara Federico d'un oeil expert, difficile de dire mais je suis prêt à parier qu'elle est aussi belle dessous. Alors ?

_ Elle est...magnifique, finit par répondre Ezio.

_ Bene, alors va lui parler.

_ Wow wow wow, comme ça ? Maintenant ? demanda Ezio, soudainement paniqué.

_ Bien sûr maintenant ! Pas quand elle sera vieille et ridée. Allez va lui parler.

_ Mais à quel sujet ? Je ne connais ni son nom, ni ce qu'elle...

_ Ce n'est pas le sujet qui est important, l'interrompit Federico. Tu vois petit frère, la plupart des hommes sont tellement effrayés par les jolies filles qu'elles se retrouvent la plupart du temps toutes seules. Ceux qui vont leur parler ont un avantage. Allez fonce. Elle va finir par s'en aller. Ne réfléchis pas. Tu trouveras les mots le moment venu. Ca viendra tout seul.

_ Si tu le dis", répondit Ezio d'un air peu convaincu.

Le jeune homme pouvait lire la moquerie dans les yeux de son aîné. Bien qu'intimidé à l'idée d'aborder une inconnue, à plus forte raison une aussi belle inconnue, il ne voulait pas passer pour un lâche aux yeux de son frère. Aussi, après avoir expirer profondément une dernière fois, il se dirigea vers l'objectif avec la résignation d'un condamné promis à l'échafaud.

Derrière lui, il ne pouvait pas observer l'expression de Federico, partagé entre l'envie de rire et la fierté de voir enfin son petit frère grandir.

Quand Ezio arriva à son niveau, la jeune femme se tourna naturellement vers lui. Chose rare pour une italienne, elle avait les yeux bleus, un magnifique bleu clair comme le ciel. Le jeune Auditore composa ce qu'il espérait être un sourire naturel.

"Qu'y a t'il ? lui demanda t'elle.

_ Euh... Comment ? répondit-il, encore perdu dans la contemplation de ses yeux.

_ Pourquoi... vous vous tenez ici, éclaircit la jeune femme qui ne paraissait pas particulièrement enchantée par cette soudaine proximité.

_ Oh euh... parce que, parce que..."

Ezio avait l'impression d'être une poule enfermée dans une cage un jour de marché.

"C'est n'importe quoi Federico, ca ne vient pas du tout tout seul... Eh bien, en fait je voulais vous demander quelque chose... Mais qu'est ce que je vais dire... et en fait c'était votre nom, ... quel est votre nom ?"

La jeune femme eut un petit rire sans joie.

"Certainement pas un nom qu'il vous sera utile de retenir".

Et sur ces propos, elle s'en alla.

"Et attendez, la rappela Ezio. En fait, je n'étais pas prêt. Je voulais me montrer charmant, spirituel... et drôle. Est-ce que, est que je peux avoir une seconde chance ?"

Pour illustrer ses propos, il joignit les mains et lui adressa le regard le plus suppliant qu'il put.

La jeune femme sourit brèvement et reprit sa route.

"Ou pas... marmona Ezio en la regardant s'éloigner. Bon... et bien ça c'est fait.

_ Mais non Ezio, c'était pas si mal, l'encouragea son frère en lui posant une main sur l'épaule. Tu t'es totalement ramassé au début mais tu t'es bien rattrapé. Tu l'as fait sourire. La prochaine fois elle se rappellera de toi, tout n'est pas perdu.

_ Non, répondit Ezio, je peux encore arranger ça. Je vais la suivre un peu... voir où elle habite."

Federico se contenta de hocher la tête. Suivre une femme qui vous a repoussé jusque chez elle n'était certainement pas la meilleure approche mais lui aussi connaissait son frère et il savait qu'Ezio n'en démordrait pas.

"Il va vite comprendre de toute manière. Au moins, ce soir, il aura quelque chose de drôle à raconter."

Ezio suivit donc la jeune femme passant par moment par les toits ou les rues adjacentes. A sa grande fierté, elle ne remarqua pas sa présence. Les leçons de Federico portaient bien ses fruits.

Ils arrivèrent finalement devant une grande bâtisse qu'Ezio reconnut comme la demeure de la famille Vespucci, des commerçants de marchandises orientales réputés pour leurs épices.

Un homme, de haut rang d'après ses vêtements, semblait attendre devant l'entrée. Lorsqu'il aperçut la jeune femme, il s'avança. Cette dernière en revanche s'arrêta et regarda autour d'elle. Ezio se dissimula derrière un pilier.

"Bonne journée Mademoiselle Vespucci," salua l'homme.

La voix et le costume bleu foncé semblèrent vaguement familiers au jeune Auditore mais il était trop loin pour apercevoir le visage de l'homme. Discrètement, il se rapprocha.

"Je vous l'ai déjà dit, répondit la jeune femme d'une voix dure. Je ne suis pas intéressée.

_ Je sais, oui. Mais moi, je le suis."

Il n'y avait à présent plus de doute pour Ezio, l'homme devant lui était son ennemi de toujours, Vieri di Pazzi.

Ce dernier s'avança devant la porte d'entrée, barrant le chemin à son interlocutrice.

"Laissez-moi passer", exigea cette dernière, d'une voix peu assurée.

Alors qu'elle s'avançait vers la porte, Vieri l'attrapa rudement par le bras.

"Je ne pense pas, amore mio, grogna t'il. J'ai décidé que j'en avais assez d'attendre que tu écartes les jambes de ton plein gré. Alors tu vas venir avec moi et tout de suite.

Avant que la jeune femme puisse répondre quelque chose, il plaqua une main sur sa bouche.

"Chut... Sois une gentille fille. Ton père est un bon marchand et ta famille est riche. Mais la mienne l'est dix fois plus. Si tu aimes tes parents, laisse toi faire."

Ezio en avait assez entendu. Il s'avança dans la lumière.

"C'est assez", commanda t'il.

Vieri ne le reconnaissant pas encore, s'exclama :

" Espèce de chien galleux. Qui est-tu pour te mêler de ca ? Ce qui se passe ici ne te regarde pas.

_ Ca suffit Vieri, reprit Ezio d'une voix dure. Tu déranges cette jeune femme.

_ Ezio, cracha son interlocuteur. Ton imbécile de frère n'est pas là pour te protéger aujourd'hui. Tu vas regretter d'avoir quitter ses jupons.

_ Approche" se contenta de répondre le jeune homme.

Alors que Vieri se précipitait sur lui, poing levé, Ezio attrapa son bras au vol et le ramenant vers lui le tordit violamment. Dans une brusque secousse, il le relacha et alors que son adversaire manquait encore d'équilibre, il lui asséna un coup de poing dans la joue.

Vieri, projeté au sol, hurla de douleur.

"Fils de pute ! Enfoiré, siffla t'il en crachant par terre. Au milieu de la bave rougeâtre trônait un morceau de dent.

Alors qu'il s'avancait vers lui, Vieri, malgré la douleur, se releva précipitamment et grimpa comme il put les marches de l'escalier derrière lui. Il y avait quelque chose de véritablement menaçant dans l'attitude de son rival et une dent cassée suffisait amplement. La fille ne valait pas cette peine.

Une fois au sommet, il se retourna et lança pour la forme "Tu paieras pour ça Auditore ! Ta putain de famille toute entière le paiera.

_ Ne refais jamais çà, se contenta de répondre Ezio d'une voix sombre. Ou je te trouverais."

Alors qu'il regardait Vieri disparaître, il se demanda ce qu'il venait de se passer. En le voyant s'en prendre à la jeune femme, il avait bien sûr ressenti une profonde colère mais ce n'était pas comme lors de ces précédents conflits avec Vieri. C'était un sentiment froid, implacable. Quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti avant.

"Et ces mouvements... Je ne me serais jamais cru capable de me battre ainsi. C'était comme... instinctif."

Une voix tremblante troubla le cours de ses pensées.

"Merci."

C'était la jeune femme. Elle était pâle et visiblement encore sous le choc.

"Ca va ?" demande t'il

_ Oui, oui. je vous remercie, monsieur. Sans vous je... Enfin c'était courageux de votre part.

_ Vous devriez vous faire accompagnée pendant quelques jours.

_ Ne vous inquiétez pas. Je sortirais avec ma servante et s'il réapparaît, je préviendrais mon père.

_ Je connais bien cet homme. S'il vous importune à nouveau, dîtes-le moi.

_ Vous êtes quelqu'un de bien, Messere, sourit faiblement la jeune femme.

_ Quel homme resterait sans réagir ? répondit simplement Ezio. Bonne soirée, prenez soin de vous.

_ Vous aussi", répondit t'elle avant d'ouvrir la porte de sa maison

Ezio se retourna, prêt à reprendre sa route vers la demeure Auditore.

"Monsieur ? le rappela soudainement la jeune femme. Mon nom est Christina, Christina Vespucci. Tout à l'heure, vous me l'aviez demandé..."

"C'est un honneur, Christina", répondit-il en s'inclinant légèrement. Je suis Ezio Auditore.

Christina rougit légèrement.

"Eh bien, Ezio. Il semblerait que vous ayez gagné votre seconde chance."

Et sur ce, elle se pencha vers lui et effleura sa joue d'un baiser avant de rentrer précipitamment.

Ezio reprit son chemin avec, sur les lèvres, un sourire que Federico aurait qualifié de tipicamente stupido.