Jolie Lily, belle enfant gâtée… Tu attires la lumière avec l'air de ne pas y toucher. On t'envie et t'admire, et je crois que moi aussi. A part que pour moi, ce n'est que de la jalousie.

Le Monde n'a que toi dans les yeux. Ton joli regard vert qu'on recherche quand on est seul. Mais pour moi, Lily, qu'est-ce que tu as fait ? Tu m'ignores et l'ignores : j'aurais pu être toi. Moi aussi, on m'a déjà dit que j'étais jolie, et même très ! Moi aussi, j'ai des yeux qui trottent dans la tête, et d'une couleur superbe. Moi aussi, mes cheveux volent au vent et rendent la vie plus belle à ceux qui les admirent. Moi aussi, les érudits louent mon intelligence et ma culture. Mais tout ça, c'est en seconde main, car où que j'aille, tu me précèderas toujours.

J'ai oui dire que tu avais une sœur qui te détestait. Et j'ai même entendu dire que ça te faisait parfois pleurer. Oh Lily, silly tiny Lily ! Comment tes yeux verts peuvent-ils ne rien voire ! Tu attires la lumière et laisses les autres dans le noir. De vos parents, elle n'aura eu que des comparaisons et des vœux de similitude embués de fierté. On est toujours moins bien loti quand on marche à tes côtés. Tu possèdes en toi toutes les merveilles de l'univers, et nous laisses en pâture son vide infini. Un garçon t'aime, ou peut-être deux, ou peut-être tous. La rumeur autour de moi te rend omniprésente.

Le Monde n'a que toi à l'esprit. Toi et ton agressive perfection. Egoïste enfant, la préférée de ses parents. Le Monde est stupide, dire que je ne m'en suis pas plus tôt doutée ! Arrêter sa ronde, rien que pour te contempler. Tu pourrais être à l'origine de guerres millénaires, de complots immondes, de lâche héroïsme, tout ça pour ton seul et unique égoïsme. Car oui, tu l'es. Quand la Terre, pendant une minute, omet de te regarder, ça ne va plus. Tu peux t'effondrer, pleurer à chaudes larmes, être désespérée. En fait, tu ne comprends pas qu'on ne puisse pas t'aimer. Oh, ça ne dure jamais longtemps ! « Pourquoi donc es-tu si triste, ma pauvre enfant ? »

Un jour, je ne savais pas encore, j'ai tenté d'aller vers toi. Tu sais si bien le faire, pourquoi pas moi ! Aujourd'hui encore, j'admire notre petit échange. Enfin, surtout ce que moi j'ai dit. Toi, tu ne faisais que suivre la conversation avec futilité. Sans grande utilité. Pour faire partie du reste de la communauté, je t'ai admirée. Je me suis inclinée devant toi, et mieux que les autres. Avec déférence et poésie, avec distinction et esprit, avec une éloquence infinie.

Mais voilà que tu te récriais ! Tu te faisais rétive, déjà tu fuyais. Notre unique rencontre dont j'attendais tant, et voilà qu'elle se finissait sur une morale stérile. On ne dit pas ce genre de choses aux gens quand on vient de les rencontrer. Je fus éloignée d'un battement de cils. Isolée par une politesse imbécile. A la réflexion, tu n'avais pas besoin de moi. Tu avais un Monde entier pour toi ! Tu n'as que faire de ceux qui ne t'admirent pas. Ne t'étonne pas que certains te détestent tant. Ne t'étonne pas quand tu mourras d'une mort violente.

L'intelligente petite Gryffondor, vu par un visage mat aux yeux d'or. Je te vois bien finir avec un petit arrogant. Joueur de Quidditch, populaire et hâbleur. Pourquoi pas un des compères Black ou Potter ? Un garçon t'aime, et sûrement plus. Trop intéressée par toi pour ne l'avoir jamais vu. Après des décades à le fréquenter, tu baignes dans une ignorance émerveillée. Au fond, es-tu si intelligente que ça ? Jamais tes yeux verts ne furent plus myopes. Jamais un argent-vert ne fut plus aveugle. Le Monde n'a que toi dans le cœur. Car ce garçon est mon Monde. Je serai la seule qui jamais ne l'aimerai. Il pourrait mourir pour toi et se sacrifier. Pour ton souvenir seul, car jamais plus tu n'y repenseras.