Miracle, Première Partie

Tout l'équipage était dans la cuisine du Thousand Sunny exceptés le cuisinier et le médecin. Ces derniers se trouvaient dans la pièce d'à côté, l'infirmerie. Tous étaient assis sauf le bretteur : Robin tenait Nami dans ses bras, cette dernière le visage blanc et les yeux humides. Usopp fixait le bois de la table tout comme Brook. Franky était assis sur le sofa, regardant ses pieds. Quant à Luffy, il avait la tête légèrement baissée, l'ombre de son chapeau cachant ses yeux. Malgré cela, on pouvait voir que son visage était sérieux, presque triste. Le spadassin portait son habituel chandail blanc qui ne l'était plus. Il était écarlate car couvert de sang, celui de Sanji. Son porteur avait également les mains et les avant-bras teints de la même couleur. Il était debout, planté comme un piquet à environ trois mètres de la porte de l'infirmerie, le visage pâle et couvert de sueur, à regarder le bois comme s'il voulait y voir à travers. C'est ce qu'il voulait d'ailleurs. Le voir, à lui. Depuis la cuisine, on pouvait entendre le petit médecin se démener comme un dingue pour soigner le cuisinier, gravement blessé.

Flash-Back :

Il faisait nuit noire. Le second des Mugiwara déambulait dans les rues d'une petite ville marchande qu'ils avaient accostée plus tôt dans la matinée. Il n'y avait personne dehors à part quelques poltrons saouls jusqu'à la pointe des cheveux qui titubaient au milieu de la rue principale, bouteille à la main, déblatérant des idioties et autres choses incompréhensibles. Zoro, voyant le Sunny amarré au port en face de lui décida de rentrer, ne voulant pas chercher le navire une nouvelle fois. Alors qu'il marchait au milieu de l'artère principale, des mouvements, éclats de voix et gémissements attirèrent son attention, sur sa gauche. Il ralentit sa marche jusqu'à progressivement s'arrêter, la tête tournée vers la ruelle sombre d'où semblaient venir les bruits. Sa main droite sur la garde blanche de Wadô Ichimonji, il s'approcha prudemment, plissant les yeux comme pour mieux voir. Il distingua alors trois silhouettes. Elles étaient toutes les trois debout, assez grandes, et semblaient porter toutes leur attention sur une masse à leurs pieds. Cette dernière ne bougeait pas, mais les faibles gémissements semblaient venir d'elle. Un des hommes (il avait pu déterminer leur sexe grâce aux voix) tenait un couteau, luisant comme s'il était recouvert d'un liquide épais. Comme... du sang. Il s'apprêta à dégainer mais les trois hommes le remarquèrent et s'enfuirent en courant dans la direction opposée au bretteur.

« Hé ! Arrêtez-vous ! » Leur cria-t-il, trop tard.

Il courut vers la masse inerte au sol, ne pouvant rattraper les fuyards. Il s'agenouilla et chercha la tête de la personne recroquevillée qu'était la « masse inerte » qu'il avait vue jusqu'à présent. Il la retourna sur le dos et examina son corps meurtrit. Sa chemise bleu ciel était imbibée de sang, déchirée aux endroits où avaient été donnés les coups de couteau. Il remonta son regard vers la tête. Son cœur eut un raté quand il posa son regard sur le visage blanc de la victime qu'il ne connaissait que trop bien. Ces cheveux couleur épis de blé, ce sourcil enroulé... Il fût prit d'une grande panique mais ne s'énerva pas, cela empirerait les choses. Il le prit délicatement dans ses bras et se mit à courir comme un dératé en direction du bateau. Énormément de questions se bousculaient dans sa tête : « Qui étaient ces types ? », « Pourquoi l'ont-ils agressé ? » ou encore « Comment cela se fait-il que le Cook n'ai pas riposté ? ». Cette dernière interrogation en souleva de nouvelles, au plus grand malheur du bretteur : « Sanji sait pourtant bien se défendre. Comment ces enflures ont-ils fait pour l'entourlouper ? », « L'ont-ils drogué ? Forcé à faire des choses pas nettes ? Le Cook aurait alors refusé et les malfaiteurs se seraient vengés par le fait qu'il ait refusé ? Rah, k'so alors ! ». C'est quand il arriva enfin au Sunny qu'il arrêta de se torturer le moral. Luffy, l'ayant aperçu, commença à s'approcher de l'échelle pour accueillir son second. Mais il remarqua que quelque chose clochait : « Pourquoi Zoro était-il si pressé de rentrer au bateau ? ». Le sabreur « chargea » le cuisinier sur son épaule comme un vulgaire sac à patates et grimpa à l'échelle de corde. Avant même de toucher l'herbe verte du pont, il hurla à s'en casser la voix :

« CHOPPER ! CHOPPER ! »

Ses cris de détresse eurent vite-fait d'alerter l'ensemble de l'équipage, n'étant pas habitués à entendre leur second hurler ainsi le nom du renne, qui plus est, avec tant de peurs et d'inquiétudes dans la voix. L'équipage au complet était maintenant sur le pont. Le petit renne médecin, voyant leur cuisinier en sang dans les bras de leur second commença à paniquer et hurla en courant dans tous les sens :

« Vite ! Un médecin, un médecin !

-Mais c'est toi le médecin, baka ! Lui rappela Usopp en lui donnant une petite claque derrière la tête.

-Ah oui, c'est vrai ... Zoro, amène-le moi vite à l'infirmerie. Vous autres, préparez-moi des serviettes propres en quantité et de l'eau chaude. »

Une fois les directives annoncées, tout le monde s'affaira à préparer ce que Chopper leur avait demandé. Dans l'infirmerie, le petit renne au nez bleu courrait dans tous les sens, attrapant médicaments, bandages, matériel pour la chirurgie ... Zoro était resté dans la pièce, ce qui gêna Chopper :

« Zoro, sors s'il-te-plais, tu me gêne pour me déplacer et ta présence m'ajoute de la pression supplémentaire. » Lui ordonna-t-il calmement.

Le spadassin ne bougea pas, regardant le corps du coq inconscient, allongé sur le lit, dont les draps étaient d'un rouge foncé. Chopper le remarqua et s'énerva :

« Oï Zoro ! Sors, maintenant ! Aller ! »

Tout en disant cela, il ouvrit violemment la porte donnant sur la cuisine et poussa le gêneur hors de l'infirmerie. Toujours sous le choc, le bretteur resta là quelques secondes à regarder dans le vide. Ses nakamas étaient déjà dans la cuisine et le regardait. Après un court instant, tous détournèrent leur regard du bretteur. Robin tenait Nami dans ses bras, cette dernière le visage blanc et les yeux humides. Usopp fixait le bois de la table tout comme Brook. Franky était assis sur le sofa, regardant ses pieds. Quant à Luffy, il avait la tête légèrement baissée, l'ombre de son chapeau cachant ses yeux. Malgré cela, on pouvait voir que son visage était sérieux, presque triste. Le spadassin portait son habituel chandail blanc qui ne l'était plus. Écarlate. Il était écarlate puisque couvert de sang, celui de Sanji. Son porteur avait également les mains et les avant-bras couverts teints de la même couleur. Il était debout, planté comme un piquet à environ trois mètres de la porte de l'infirmerie, le visage pâle et couvert de sueur, à regarder le bois comme s'il voulait y voir à travers. C'est ce qu'il voulait d'ailleurs. Le voir, à lui. Depuis la cuisine, on pouvait entendre le petit médecin se démener comme un dingue pour soigner le cuisinier, gravement blessé. Zoro, lui, ne l'entendait pas tellement qu'il était plongé dans ses pensées. Il regardait toujours dans le vague, n'ayant pas bougé d'un pouce depuis que le médecin l'avait mis dehors. Les questions qu'il s'était posé tout à l'heure refirent surface dans son esprit. Il les chassa très vite en secouant la tête de droite à gauche. Ce geste eut l'effet de le sortir de la torpeur dans laquelle il était depuis un bon moment déjà. Il entendait tout, maintenant : Les « bips » sonores continuels de l'oscilloscope, les bruits des sabots de Chopper qui martelaient le sol rapidement, le tintement des scalpels et autres qui s'entrechoquaient ... Il décida subitement de changer de pièce, les bruits venants de l'infirmerie lui donnant la nausée. Il se retourna brusquement, ce qui attira l'attention de ses nakamas, et se dirigea à grands pas vers la sortie. Les autres personnes présentent dans la pièce le regardèrent partir avant de revenir dans leur position initiale. Seul Luffy n'avait pas bougé, gardant la tête obstinément baissée, l'ombre de son chapeau cachant toujours ses yeux. Zoro se dirigea à grandes enjambées vers leur chambre à lui et Sanji. Il ouvrit rapidement la porte pour vite la refermer à clef. Il retira ses sabres de sa ceinture pour les poser contre le mur, puis il enleva ses chaussures et s'affala sur le lit, dos au matelas, les mains sur le visage. Il prit alors une grande inspiration dans l'espoir de calmer ses hauts le cœur et de mettre ses idées au clair. Il resta quelques secondes dans cette position avant de se rendre compte qu'il avait encore les mains, les avant-bras et le t-shirt recouverts du sang de son amant. Cette observation le dégoûta. Il se leva donc, prit des affaires de rechange et marcha vers la salle d'eau.

Après une bonne demi-heure, qu'il avait majoritairement passées à réfléchir sous la douche, il sortit enfin. Le sabreur prit la direction du pont herbeux, hésitant à retourner en cuisine. D'ici, il pouvait entendre tous les bruits venants de l'infirmerie, ou bien était-ce son imagination ? Oui, c'est ça, il devait halluciner. Mais cela le rendit nauséeux d'imaginer le cuistot se faire charcuter sur la table ... Il chassa une mouche imaginaire de devant son visage et s'éloigna le plus possible de la cuisine. Il airait sur le bateau. Ses pas l'avaient finalement mené à la proue du Sunny. Cela devait faire environ deux bonnes heures qu'il avait déserté la cuisine. Chopper devrait avoir fini depuis ... Zoro prit une grande inspiration et se dirigea vers l'antre du cuisinier. Au moment d'abaisser la poignée, il eut une petite hésitation mais se décida à entrer. Quand il pénétra dans la pièce, il n'y avait personne ... Bizarre. Il regarda la porte de l'infirmerie, cette dernière étant entrouverte. Il s'y dirigea d'un pas rapide, redoutant le pire. Le bretteur ouvrit la porte en grand, ce qui attira sept paires d'yeux sur lui. Sept paires d'yeux en larmes. Le renne médecin se dirigea vers lui en courant pour s'accrocher à son pantalon et dire entre deux sanglots :

« Je suis désolé Zoro ! Je n'ai rien pu faire ! Je suis un incapable, un raté ! Je ... »

A l'entente de sa première phrase, il posa son regard sur le lit. Il cessa alors d'entendre le petit médecin s'attribuer tous les synonymes possibles du mot « incapable ». Il avança difficilement vers le corps de son amant, poussant Chopper de sa main par la même occasion.

« Il ... Il est partit juste une minute avant que tu n'arrives ... Je ... Je suis vraiment désolé ... » Reprit le petit renne, essayant tant bien que mal de contrôler ses sanglots.

Zoro s'assit sur le bord du lit et prit la main du récent défunt dans la sienne. Elle était encore chaude ... Des larmes pointèrent le bout de leur nez. Il ne put les retenir et les laissa mouiller ses joues, silencieusement. Il ferma les yeux et posa sa tête sur le torse du cuisinier. Soudainement, il fut pris d'une grande colère. Il sera les dents avant de se lever et de courir vers le pont verdoyant. Une fois sur celui-ci, il se laissa tomber lourdement sur ses genoux avant de hurler, la tête dirigée vers le sol, les poings serrés sur ce dernier :

« POURQUOI ?! D'ABORD KUINA MAINTENANT SANJI ! Espèce de vieux croûton ! Pourquoi ?! Pourquoi ? Pourquoi ... » Sa phrase finit en sanglots.

De l'infirmerie, on pouvait entendre le bretteur. Le fait d'entendre ce dernier hurler fit redoubler les pleurs de chacun. Chopper était assis au pied du lit, regardant ses pieds de ses yeux humides, honteux de ne pas avoir pu sauver leur cuisinier. Soudain, les oreilles du petit médecin furent attirées par un bruit, car elles se tournèrent vers la couche. Toujours les yeux fermés, il fronça les sourcils. Il se leva, se précipita vers son tabouret, rapprocha ce dernier du lit et monta dessus. Il saisit son stéthoscope et posa l'embout sur plusieurs endroits du torse du défunt, cherchant un quelconque son de respiration ou de pouls. Les autres n'y comprenaient rien. Pourquoi chercher un quelconque son de pouls alors qu'il est censé être décédé ? Peut-être que le médecin avait vu une once d'espoir ... Tout d'un coup, le « défunt » se cambra brusquement, prenant une grande et bruyante respiration pour ensuite être prit d'une forte quinte de toux. Suite à la violente réaction du cuisinier, tous sursautèrent, laissant même échapper un cri de surprise pour certains. Le petit médecin tomba de son tabouret mais se remit vite sur pieds pour y remonter et donner un masque à oxygène à Sanji, ce dernier ayant du mal à reprendre son souffle. Il se calma bien vite, l'oxygène pur et frais aidant.