Prologue
Je sentais le canon froid du pistolet à l'arrière de ma nuque, les yeux agrandis par la terreur, les mains tremblantes et la gorge sèche. Lui, ne bougeait pas d'un millimètre, convaincu que j'étais totalement en son pouvoir de par son règne de peur.
Et je l'étais.
La peur me gelait les os, m'empêchant de bouger ne serait-ce que d'un millimètre ou même de parler, d'implorer sa pitié. Quoique j'ignore si l'un ou l'autre m'aurait couté la vie.
J'ai peur. Oui, j'ai peur.
Mon cœur bat tellement fort, tellement vite que je me demande comment et pourquoi je suis encore en vie. Ne devrait-il pas avoir déjà explosé dans ma poitrine ?
Il ricane derrière moi, je le sais, je le sens. Pourtant je ne l'entends pas. Sans doute parce que la peur me prive déjà de tous mes sens.
Nous sommes dans le noir total. Même si j'étais face à lui je ne le verrais pas. Mais je sais que c'est lui.
L'odeur de sa cigarette emplit la pièce. Une odeur insupportable.
Je sens que je vais mourir.
La fumée me prend la tête, la gorge, je pleure presque, sans vraiment pouvoir.
Une unique larme descend de mes yeux jusqu'à mes lèvres, et je goûte le sel qu'elle contient. Ce sera la dernière chose que je sentirais.
Avant le goût du sang.
Pour un peu, je verrais presque ses doigts qui pressent la détente.
J'entends distinctement ses paroles, comme si il séparait chaque syllabe.
-Crève.
J'entends la détonation. Il y a un flash.
Je tombe à terre dans une mare noire et rouge, flot de sang infini, et, enfin, mes pensées s'éteignent.
-Présent-
Je me réveille en sursaut dans mon lit, m'efforçant de ne pas crier.
Je suis en sécurité. Une douce lumière filtre à travers les rideaux de ma chambre et quand je laisse reposer ma tête contre l'oreiller, je sens l'eucalyptus. Pas de cigarette. Pas de noirceur. Excepté peut-être dans mon cœur.
Il n'y a rien ici qui me terrorise. Oui, je suis parfaitement en sécurité.
Alors pourquoi fais-je ce rêve, ce cauchemar, toute les nuits ?
Je n'en peux plus.
Pourquoi le Patron me tue-t-il sans arrêt la nuit ?
