Vous êtes de très, très vilaines filles ! j'ai bien compris que ce qui vous ferait triper serait que j'envoie ce pauvre Poisson aux Enfers, histoire qu'il y retrouve son bourreau... vous êtes terribles... si Alba-Chan vient se plaindre à moi, je vous dénoncerai sans pitié. Ye be warned !... ; ))


Une Rose aux Enfers

Chapitre 1 : La vérité en face

Etait-ce parce que Minos l'avait souhaité aussi fort que son âme damnée pouvait le lui permettre ? était-ce simplement un nouveau coup du sort ? la continuation de la Guerre Sainte sur les territoires mêmes des Armées de Hadès ?...

Toujours était-il qu'il se tenait là, son magnifique Saint des Poissons. Vivant. Sans aucune boue ni trace de sang maculant son visage d'ange ou son armure dorée.


"Le magnifique Albafica..." chantonnait la voix du Juge, tellement impatient de revoir son obsession qu'il en avait quitté le Tribunal précipitamment, sous les yeux effarés de son Procureur.

"Epargne-moi tes sarcasmes, Minos." rétorqua la voix du Poisson.

"Oh, Albafica... toi si beau... avec une bouche si amère et des paroles cinglantes..."

Le Poisson posa le pied sur la première marche menant au Tribunal, levant le regard vers le Juge.

"Je ne compte pas m'éterniser ici."

"Je te promets d'être clément."

Un petit rire secoua les épaules d'Albafica.

"Toi ? clément ? toi qui prends plaisir à casser les corps de tes adversaires avec la dernière des cruautés ? toi qui t'abaisses à dévaster ce village qui était si cher à mon coeur ? toi, tu veux me faire croire en ta clémence ?... je ne suis pas un enfant dont on endort la conscience avec des contes, Minos."

"Oh, Albafica... que puis-je faire pour te prouver que je m'en veux terriblement de t'avoir fait endurer tout ceci, hmm ?..." en descendant les marches à son tour, revêtu de son magnifique surplis.

"Oublie ma beauté, Minos. Intéresse-toi à mes talents guerriers. Sens la puissance de mon cosmos."

"Tu es fier, Albafica. Un digne Saint de la déesse guerrière."

"Et toi, tu es tordu. Un bon et fidèle chien de Hadès."

Minos stoppa son pas à quelques marches du magnifique Poisson.

"En effet, tu n'es plus un enfant, Albafica. Les champs de roses empoisonnées t'ont fait grandir trop vite..."

Sourire terrible en face.

"Toutes les âmes transitent par les Enfers, Albafica. Toutes, sans exception. Toi, tu as juste quelque peu... tardé."

"Je te l'ai dit : je ne compte pas m'éterniser."

"Hmm... de la même façon dont tu avais promis, à l'époque, de ne jamais me laisser passer ?..."

Le Poisson grimaça.

"Tu m'y avais forcé, Albafica. T'es-tu rendu compte du sort que tu as réservé à mes hommes ?"

"Sort qui t'a arraché un rire dont mes oreilles se souviennent encore, Minos ! alors ne tente pas de me faire croire que leur sort t'importait !..."

"Ah... tu sais... nous, les Spectres, nous l'exprimons de manière différente, voilà tout."

"A d'autres. Tu es immonde, Minos. Immonde."

Les yeux du Poisson dardaient le Juge.


Minos descendit encore d'une marche. Proche.

"Ah... le regard rebelle... celui dont je voulais te débarrasser..."

"Il n'est pas trop tard." par pure provocation.

"Ne me tente pas, belle Rose."

"Montre-moi ta puissance, Minos. Ici. Sur ton terrain. Que ta défaite soit visible par tous tes pairs."

"Oh, pourquoi tant d'amertume, hmm ? tu l'as eue ta victoire, il me semble..."

"Tu te tiens encore devant moi. C'en est de trop."

"Admets que les lois soient différentes. Albafica, j'aimerai..." en venant effleurer une mèche de cheveux azur du bout des doigts. Mouvement de léger recul en face.

"Ne me touche pas."

Minos baissa les paupières, sourire coupable au visage.

"Pour qui d'autre aurais-je quitté ma place au Tribunal afin de venir l'accueillir en personne hors de l'édifice, Albafica ?"

"Il ne fallait pas te donner cette peine, Minos."

"Rose... sois un peu plus douce que venimeuse, pour une fois. S'il te plaît..."

"Tu ne poses pas les yeux là où il le faut, Minos." (veuillez noter qu'il n'y a absolument aucun double-sens dans cette phrase, merci !)

"Albafica, crois-moi, j'ai admiré tes techniques..."

"Ma beauté, voilà ce que tu as admiré. Et c'est ce que tu désires toujours souiller."

"Tu ne m'écoutes pas... c'est dommage." presque résigné. "Même ici, tu ne m'écoutes pas. Tu ne m'as jamais écouté. Tu n'as jamais pris la peine de prêter l'oreille à ce que je tente de te dire."

"Tu restes ce marionnettiste abject qui ne respecte rien."

"Tu me reproches de ne pas m'intéresser à tes techniques alors que tu me juges sur elles seules."

Un silence. Pesant.


"Albafica, je ne veux pas que tu passes devant ce Tribunal et que l'on t'enferme dans une de nos prisons... je ne veux pas entendre tes cris tourmentés résonner à mes oreilles de jour comme de nuit... sais-tu ce que cela signifie pour un Juge ? c'est renoncer à son privilège d'éternité, c'est risquer la colère suprême de notre Maître et toi... tu dis que tu ne comptes pas ?..."

Albafica vit quelque chose d'étrange refléter dans la pupille du Juge.

"Redevenir mortel ne te ferait pas grand mal, Minos."

"Tu ne regardes pas les mortels, Albafica."

"Tu te trompes !..."

"Oh, tu parles de la jeune Agasha ? Tu l'as regardée parce qu'elle t'a regardé la première, sois honnête, beau Poisson. La Rose... si longtemps ignorée qu'elle réclame un soupçon de reconnaissance, un regard... allons..." en avançant une aile qu'il place dans le dos du Poisson doré, l'approchant plus près encore. "Laisse-moi rêver que quelque chose soit possible..."

"Serais-tu cet enfant qui se nourrit de contes, Minos ?..."

"Je suis... tout à toi, beau Poisson. Tout à toi."

"Tu..."

"Cesse de me présenter tes épines, Albafica... montre-moi plutôt la douceur de tes pétales, ma Rose."

Albafica ferma les yeux un court instant puis inspira, repoussant d'un trait le Juge, se défaisant de son étreinte.

"NON ! je te connais, Minos ! la honte, la destruction, le malheur, voilà ce que tu sèmes ! Même si tu venais à renoncer à ta place de Juge, tu demeurerais le même ! ton rêve est insensé et ne nous mènera à rien ! Il s'agit simplement d'une chimère, Minos ! Une chimère grotesque que tu as pris plaisir à nourrir de ta folie !"

Le Juge soupira. "C'est exact, oui, je resterai le même mais... serais-tu vraiment venu à moi si j'avais été l'agneau rêvé et doux que tu me dépeins ? Albafica, je sais... j'ai connu tes péchés avant même que ton enveloppe charnelle ne se présente ici, j'ai jugé ton âme lorsque j'étais en face de toi au Sanctuaire."

"Maudit ! comment oses-tu me piétiner de la sorte ?"

"Tu t'es porté volontaire pour cette mission dès lors que tu as su qui mènerait les troupes de mon Seigneur. Tu rêvais d'avoir le Spectre du Griffon en face de toi. Tu te languissais après l'Etoile Céleste de la Noblesse, belle Rose. Vois comme tout le reste te paraissait insipide et dérisoire pour venir te jeter toi-même dans mes filets !... "

"Je..."

"Shhh !..." avec le doigt venant se poser sur les lèvres colorées de honte du Poisson "... ne m'oblige pas, Albafica !... tu es venu, seul. Tu voulais voir la puissance des Spectres à l'oeuvre, là est ton péché ultime. Tu avais envie de te mesurer à un des Juges de Hadès parce que tu t'estimais à la hauteur ; un des meilleurs guerriers d'Athéna, le douzième qui souhaitait se hisser au rang de premier. Tu voulais qu'on te regarde, qu'on te remarque, qu'on t'admire, y compris tes pairs ! Un village à tes pieds ne te suffisait plus, bel orgueilleux."

Les yeux d'Albafica s'agrandissaient au gré des révélations.

"Albafica, tu t'es jeté à ma tête comme personne n'avait jamais osé le faire jusqu'à présent. Combien de fois m'as-tu réclamé alors que mes subalternes se faisaient désireux de s'occuper de toi, ma Rose ? combien de fois mon nom a franchi tes douces lèvres comme un appel interdit, rappelle-moi ? mais la Rose préfère s'envelopper dans le déni, par facilité et par fierté je suppose. Même lorsque j'ai souhaité m'occuper de Shion, il a fallu que tu réapparaisses et que tu occupes le devant de la scène. Tu voulais que je ne vois que toi. Tu me voulais, Albafica, aussi fort que je te veux maintenant !"

La voix avait tonné. C'en était vrillant de désir inavoué, d'attirance malsaine et complémentaire.

Le regard de la Rose venait de basculer. Albafica était à présent horrifié par la vérité qu'il venait d'entendre, essuyant de plein fouet cette gifle chargée de faits indéniables, déstabilisé par les arguments irréfutables que venait de lui aligner le Juge.

"Même lorsque je t'ai brisé, tu es revenu à la vie avec une volonté farouche. Cesse maintenant de te battre et de te rebeller et accepte ce que je n'ai jamais proposé à la moindre âme, Albafica."

"Jamais je ne..."

"La solitude a eu raison de toi et de ta fierté. Tu pouvais berner le monde entier, Albafica, toutes ces larves... et peut-être même y es-tu parvenu avec celle qui vous sert de déesse mais jamais tu n'aurais pu tromper un Juge. Vos péchés, nous les connaissons par coeur pour les avoir constamment sous les yeux. Des siècles que nous les jugeons !... Notre Tribunal est chargé de vos envies, de vos convoitises, de vos mensonges. Comment pouvais-tu espérer parvenir à donner le change, beau Poisson ? comment ?"

"Min..."

Il bégayait. Perdu. Anéanti. La barrière de faux-semblants venait de voler en éclats.

"Maintenant, abandonne-toi au repos, Albafica. Cesse de tourmenter ton être et ton âme. Penses-tu vraiment que ton armure puisse te protéger de tout, Saint du Poisson, y compris de toi-même ?"

"Je te... déteste."

"Au moins, je ne te laisse pas indifférent." avec un petit sourire amer.

Minos le vit chanceler, le soutenant d'une aile. L'échange de regard fut intense, comme jamais.

"J'ai si peur, Minos..."

"Je veille sur toi, mon beau Poisson."