Disclaimer : Le présent récit est une fanfiction emprunté au monde de BSG remis au goût du jour par Ronald D. Moore (que je salue au passage), quand aux principaux personnages, en dehors d'Helena Cain, Cyrus Xander etc... ils viennent de mon imagination, donc soyez indulgents.
Mon souhait serait de vous offrir une autre vision du monde des 12 colonies de Kobol, éloigner des clichés habituels, n'hésitez pas à poster des critiques, bonne ou mauvaises sur la qualité de mon travail.
Fandom : BSG 2003.
Personnage : Amiral Helena Cain
Principe : Le fanfiction que vous allez lire et suivre a deux axes, le premier narrer la vie du célèbre amiral Helena Cain depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte, j'ai pris le parti de m'appuyer sur mon imagination et la documentation trouvé sur le wiki de BSG pour décrire les mondes des 12 colonies. Le deuxième axe est narré les évènements que je suppose avoir eu lieu entre la première guerre Cylon et la chute des Douze colonies de Kobol, c'est à dire que j'englobe dans cette fanfiction tous les mondes peuplés par les coloniaux. Je ne me suis pas cantonné à centré le récit sur tel ou tel personnage, ou ambiancé toute l'histoire à bord d'un battlestar, tout mon propos est de faire vivre l'univers des 12 colonies aux travers de la vie de l'amiral Cain.
Chapitre 01
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
1 mois après l'incident du restaurant 'le Tauron'
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
(29 ans avant l'Holocauste Cylon…)
Les bruits que faisaient les oiseaux réveillèrent Helena Cain. Elle se leva de son lit soudainement, c'était une espèce de lit de camp, ce n'était pas le chant des oiseaux qui l'avait réveillé, mais une douleur à l'abdomen, elle ne dormait pas bien et se mise debout après un moment, elle portait une robe de nuit rouge, elle entra très vite dans la salle de bain et vomi dans le lavabo du sang. Elle se regarda dans le miroir, ses cheveux avaient poussé, elle n'avait plus sa chevelure coupée au ras de la nuque, en quatre semaines, ses cheveux avaient atteint presque sa poitrine.
Elle pensait qu'elle devrait les coupés, mais elle n'avait pas le temps pour cela. Les marques de bleus que lui avait laissées Walters avaient depuis longtemps disparu grâce à la chirurgie réparatrice. Elle fixa durant un long moment son reflet dans le miroir tout en s'essuyant les lèvres pleines de sang. Elle n'avait pas dormi depuis quatre jours, et cela se voyait sur son visage. Elle se demandait ce qu'elle attendait ici dans cet hôtel miteux de Gaoth, la capitale d'Aérilon. C'était la planète grenier à blé des douze colonies. Cain n'aimait pas cette planète aride et sèche. L'accent des aériliens était insupportable aux oreilles de la Tauronne.
Elle était en mission pour les Services de renseignements des 12 colonies, section Sexpionnage. Walters l'avait envoyé sur Aérilion après sa sortie du centre sur Caprica. Elle avait été admise dans la clinique du centre peu après sa tentative de suicide. Après une semaine de convalescence et de prise de fortifiants, Cain avait été envoyé précipitamment sur Aérilion pour prêter main-forte à deux agents en mission. Walters l'avait choisi uniquement parce qu'elle était pilote de Viper et pouvait aussi piloter un Rapace.
Cain était sous la surveillance d'un maître-espion du nom de Tanathos. Un Leonien d'une trentaine d'années qui parlait peu et dont la calvitie précoce le rendait encore plus vieux. C'était un junky et il ne s'en cachait pas. Il était son responsable et chaque jour il lui administrait une dose du contre-poison que la veille il l'obligeait à avaler. D'habitude le service n'était pas aussi drastique, mais Walters avait insisté pour que Cain ne soit jamais perdue de vue ni laissée en liberté.
Et c'était ce poison qui la rendait malade chaque matin pensait-elle…
Cain vouait de plus en plus une haine insondable à l'égard de Dana Walters, cette femme était un véritable monstre, elle n'avait pas hésité à faire tuer des officiers coloniaux pour assouvir sa vengeance, et elle poursuivait ses amis Karlson et Zembrano.
La jeune femme après avoir terminé de se coiffer, se remise au lit, il n'y avait rien d'autre à faire pour elle que d'attendre la venue de Tanathos et de son contre-poison.
Bien sûr, Cain avait pensé déjà à s'évader, Walters avait uniquement besoin d'elle qu'à cette occasion et parce qu'elle était la seule personne disponible et capable de piloter un Rapace et surtout qui connaissait les protocoles militaires. Elle ne pouvait s'échapper, la porte de sa chambre était verrouillée, elle était prisonnière, on ne la sortirait qu'au moment de l'exécution de sa mission.
Dana Walters avant son départ pour Aérilion, était venue lui rendre sa valise avec ses affaires, Cain ne possédait rien, mis à part quelques vêtements, son canif, son journal intime et quelques cubits. Walters lui avait dit qu'elle reviendrait au Centre sur Caprica, elle n'en avait pas fini avec elle… La jeune femme se doutait bien que la chef du renseignement préparait un autre mauvais coup diriger contre Karlson et Zembrano.
Après cinq minutes à tourné dans tous les sens dans son lit, Cain, se leva et alla chercher dans son armoire une nouvelle chemise, depuis une semaine elle portait la même. C'est en ouvrant sa valise et sortant la chemise qu'elle remarqua que son journal intime avait été sorti de sa pochette. Helena fronça les sourcils, qui avaient pu le lire ?
La porte de sa chambre s'ouvrit au même moment, et deux hommes entrèrent, le premier était Tanathos, le second, c'était Gibbert, un vicieux qui aimait se curer les dents avec son coutelas. Gibbert n'était pas plus grand que Tanathos, son regard vif se posa sur Helena Cain qui venait de mettre sa nouvelle chemise. Un regard plein d'avidité. Elle lança une insulte à l'adresse des deux hommes. Ils ne s'en formalisèrent pas, Tanathos lui annonça qu'ils allaient quitter l'hôtel, ils avaient rendez-vous avec leur contact.
Cain sut que l'instant de l'action était venu et que l'on allait avoir besoin de ses talents de pilote.
Un peu plus tard, quand ils quittèrent l'hôtel délabré, ils montèrent dans une voiture brimbalante que conduisait Tanathos, ils roulèrent en direction des faubourgs de la ville, qui étaient envahi parla forêt et les grandes terres agricoles, à la sortie Est de la ville les attendaient un Rapace vétuste posé au milieu d'un champ, un homme surveillait l'appareil, il s'appelait Dowson. Thanatos les déposa tout près de l'appareil, il dit à Gibbert qu'ils les attendraient ici. Cain monta dans le Rapace, suivi par Gibbert et l'homme. Elle décolla quelques secondes plus tard après avoir fait chauffer les moteurs. L'appareil était mal entretenu, Cain avait du mal avec le manche, Gibbert lui dit que ce Rapace avait été acheté par les services à la casse. Cain volait selon le plan établi sur la carte, elle devait se poser dans un lieu appelé Onyx, c'était un petit village de fermiers situé dans l'Hémisphère Sud. Gibbert s'adressa à Dowson qui était assis derrière, il lui dit.
- Dès que nous aurons pris possession de la marchandise, on quittera Aérilon.
Gibbert sourit.
Puis il ajouta.
- Ce fumier veut jouer les durs avec nous, on va lui faire sa fête.
Le Rapace approchait du lieu dit, Cain le savait, elle posa l'appareil à quelques pas d'une ferme abandonnée, le lieu du rendez-vous d'après Gibbert.
L'endroit était au bout du monde, aucun champ ni arbre ne poussait sur cette terre, la ferme était le dernier vestige de vie. Cain n'aimait pas cet endroit. Gibbert regarda sa montre et grimaça.
- Ils sont en retard…
Puis quelques minutes plus tard, Dowson montra du doigt une voiture qui venait au loin sur la route.
La voiture s'était arrêtée à quelques pas de la ferme sur l'accotement de la route. Deux hommes en sortirent, le premier soutenait le deuxième, quand ils arrivèrent à hauteur du Rapace, Cain vit le visage de ce dernier, c'était un vieil homme qui portait une longue barbe blanche, il était inconscient. Dowson aida le premier homme à déposer le vieillard à l'arrière du Rapace. Puis, Gibbert ordonna à Cain de décoller.
- Qui est-ce ? Demanda-t-elle tout en gardant fixée la ligne d'horizon durant le vol.
Gibbert posa la main sur la cuisse de Cain, et lui dit.
- Ma belle, ce monsieur est une pourriture qui cause des ennuis à nos Services, et aussi au Président des Douze colonies…
Cain enleva la main de Gibbert posé sur sa cuisse. Ce dernier ajouta l'air de rien.
- Nous sommes à six mois des élections, et notre Président qui est très ami avec notre patronne voudrait que l'on oublie une histoire de jeunesse, que Walters a apprise, et en échange de l'élimination de ce maître chanteur, le Président a accepté d'accorder à notre Patronne une dérogation spéciale…des petites faveurs…
Gibbert se mit à rire, Cain avait la nausée. Ils approchaient de Gaoth. Tout à coup, le téléphone de Dowson sonna, celui-ci répondit à l'appel, durant quelques instants il garda le silence puis il raccrocha, Cain ne voyait pas ce qu'il faisait, soudain il sortit une arme et la braqua sur sa nuque au moment où elle allait poser le Rapace. La jeune femme fut pétrifiée par la peur et instinctivement remonta le manche, le Rapace quitta le sol pour gagner en altitude. Tous les occupants du Rapace furent secoués, Gibbert sursauta.
- Merde ! Tu es devenu dingue ? Dit-il à Cain, son expression était de terreur et de fureur.
Puis il s'adressa à Dowson, qui lui dit.
- Changement de programme, Tanathos vient de me donner l'ordre de tuer Cain, nous n'avons plus besoin d'elle. Il nous attend à l'hôtel Samanta.
Gibbert lui cria dessus.
- Tu veux la tuer pendant que nous sommes encore dans les airs !
Dowson s'excusa.
- Et pourquoi il n'a plus besoin d'elle ? Je croyais que Walters voulait encore l'utiliser ? Jeta Gibbert en fixant Cain et en lui ordonnant de se poser, il pointait sur elle son arme.
Gibbert se massa la nuque, Dowson avait toujours son arme pointée sur Cain, la jeune femme amorçait sa manoeuvre d'atterrissage, Dowson répondit.
- Tanathos m'a dit que Walters l'avait informée que l'amiral Karlson avait été assassiné sur Caprica…
Cain reçut un coup de poignard en plein cœur ! Karlson ? Assassiné ? Gibbert arma le chien de son pistolet. Il allait tirer ! Helena était sonnée par cette nouvelle… elle allait fondre en larme quand Gibbert la saisit par les cheveux et lui ordonna de se poser. Elle ne voyait plus rien, son esprit était embrumé par le chagrin, machinalement elle fit ce qu'elle avait appris, elle posa délicatement le Rapace et elle coupa les moteurs. Puis elle se cacha le visage pour pleurer…
Dans le même temps, Gibbert regarda Dowson et lui dit.
- On ne la butera pas encore, je veux m'amuser avec elle, tu as pigé ?
Dowson remis son pistolet dans son ceinturon, Gibbert lui sorti de sa poche une paire de menottes, il fixa un moment Cain qui la tête baissée n'arrêtait pas de sanglotée.
- La petite a perdu quelqu'un ? Lui dit-il en faisant des signes obscènes. Je vais consoler la petite, ne t'en fais pas…
Il posa sa main sur la cuisse de Cain tandis qu'il allait la menotté au siège de pilotage, tout à coup Helena Cain sortie de son chagrin, son visage n'était pas celui d'une femme qui pleurait, c'était celui d'une furie, elle frappa du coude Gibbert en plein dans la gorge, il se cogna la tête sous la violence du choc, Dowson surpris sorti son pistolet, mais Cain vif comme l'éclair le frappa dans les yeux, lui crevant les yeux, et lui arracha son pistolet et tira une rafale en hurlant de rage, quand Dowson s'écroula sur le tapis, elle vida son chargeur sur le corps de Gibbert et le balança au dehors du cockpit. Quand elle en eut fini avec ses deux cerbères, elle sortit très vite du Rapace et tomba sur le sol rocailleux à genoux, à ce moment-là elle pleura toutes les larmes de son corps…
Son chagrin était immense, durant de longues minutes une peine enfouie depuis des années refit surface.
Karlson mort ? Elle n'arrivait pas à le croire !
- Mademoiselle ? Dis une voix dans son dos.
Cain se retourna vivement, s'essuyant les yeux, elle regarda le vieil homme qui était sorti de son sommeil, on l'avait drogué, c'est du moins ce que pensait Cain.
Il avait un sourire amical qui donnait confiance, il s'avança jusqu'au moment où il fut à quelques pas de Cain. Elle se mise debout et reboutonna sa chemise, qui durant la bagarre s'était ouverte.
Le vieil homme avait remarqué ses yeux rouges encore humides, il lui demanda.
- Ma fille tu as pleuré ? Pourquoi ?
Cain avait de la peine à parler, le chagrin qui l'avait assailli l'avait presque rendue muette, le choc provoqué par la mort de Karlson était comparable au choc qu'elle avait eut le jour de la mort de ses parents sur Tauron. Karlson était plus qu'un ami et un protecteur pour elle, il était la seule personne qui lui restait dans la vie. Elle finit par lui dire d'une voix monocorde.
- L'amiral Karlson a été assassiné…
L'expression sur le visage du vieil homme changea, la nouvelle l'avait aussi secoué.
- Le Héros est mort, tu dis ? Balbutia-t-il.
Il leva la tête au ciel et dit une prière d'Aérilon.
- L'Amiral était un grand homme… Un homme de sa trempe ne nait que tous les cent ans…
Cain sécha ses larmes, elle avait retrouvé un peu de sa combattivité qui lui avait sauvé la vie dans le cockpit en feignant d'être effondré, ses deux cerbères avaient relâché leur attention lui permettant de les abattre.
Le vieil homme lui expliqua qu'il s'appelait Marc Fabian.
- Pourquoi ces salauds vous ont-ils kidnappé ? Demanda Cain en montrant du doigt le Rapace.
Il lui dit que le Président Taylor des Douze colonies avait eu un enfant avec sa fille i ans, et qu'elle était morte en couche, il voulait récupéré le petit garçon, c'était pour connaitre le lieu où il avait caché le petit garçon, qu'il l'avait fait kidnapper, et aussi faire disparaitre toutes les preuves de sa liaison passée.
Cain lui conseilla de quitter Aerilon.
- Prenez votre petit-fils avec vous et faites vous oublier.
Elle alla dans le Rapace et fouilla les cadavres des deux hommes, elle revint plus tard avec un petit sac qu'elle donna au vieil homme.
- C'est tous les cubits que j'ai pu trouver sur eux, avec cela vous pourrez vous payer un billet pour une autre planète.
Elle écrivit une adresse sur un bout de papier qu'elle tendit à Fabian.
- Il s'agit de l'adresse de la cousine de l'amiral Karlson, elle vit sur Caprica, allez la voir et dites que vous êtes un ami d'Helena Cain, elle vous aidera.
Le vieil homme lui baisa les deux mains et la remercia. Il se mit en tremblant en route, la ville n'était pas très loin. Cain resta sur place, elle avait trouvé sur le corps de Dowson un chargeur et le pistolet de Gibbert lui serait encore utile pour sa vengeance, une vengeance qui serait implacable et surtout rapide !
L'hôtel Samanta était l'un des plus luxueux hôtels de Gaoth, durant la guerre avec les Cylons il avait servi de QG aux forces coloniales. Il avait trois siècles, mais gardait toujours son cachet classique. Il était de forme octogonale avec de larges colonnades à sa base, il disposait de trois cents chambres luxueuses. C'était dans la suite numéro 150 que Tanathos logeait depuis quinze jours. Il pouvait se permettre ce genre de luxe, le gérant de l'hôtel était un obligé de Dana Walters.
Et le personnel était donc aux petits soins pour Tanathos, sa suite comptait huit chambres et une grande salle de bain qui ressemblait plus à une piscine ! Thanatos venait de raccrocher, il avait reçu un coup de fils de la police de Gaoth, l'informant qu'un Rapace avait été abandonné au nord de la ville dans un terrain vague, et que l'appareil était enregistré à son nom. Il conclut que Gibbert et Dowson avaient eu des ennuis et avaient laissé l'appareil. Il avala trois gélules de sa drogue et se dirigea vers son lit, quand un groom de l'hôtel frappa à sa porte. Il lui apportait sa commande. Thanatos lui donna un pourboire et le laissa entré, il tirait un chariot avec des plats. Quand il eut déposé les plats sur la grande table du salon, il quitta la suite. Thanatos le suivi et ferma la porte. Il n'avait pas très faim, après absorption de sa drogue il dormait soudain la porte claqua et le groom tomba sur le tapis du couloir, Tanathos n'y comprenait rien, une femme apparue dans l'embrasure de la porte, il eut du mal à la reconnaitre, elle referma la porte derrière, elle pointait dans sa direction un pistolet.
Thanatos leva les mains. Il reconnut Helena Cain, mais ses yeux étaient rouges et elle serrait les dents.
Le groom était inconscient, elle passa à côté de lui, Tanathos recula, il avait une arme cachée près de son lit. Cain se planta devant lui et le frappa au ventre. Il tomba sur le lit, elle lui mit son pistolet sur la tempe.
- Tu vas me dire maintenant où tu caches tes maudites doses de poison et de contre-poison.
Thanatos lui indiqua l'armoire, il voulait l'éloigner du lit pour lui permettre de prendre son arme. Quand elle eut sa réponse, elle le frappa à la tête et il perdit connaissance.
Un peu plus tard, lorsqu'il reprit connaissance, il était toujours étendu sur le lit, Cain était assise sur une chaise en face de lui, le groom était ligoté et bâillonné dans le salon. Il s'aperçut qu'il était aussi ligoté.
Cain l'observait.
- Tu m'as menti, j'ai trouvé le contre-poison dans une valise au-dessus de la commode. Dit-elle.
Puis elle jeta un œil à sa montre et dit.
- Tu as encore 3 heures avant de mourir… tu connais l'effet de ce poison non ? J'ai pris celui où il est écrit 'larmes de Canceron'.
Thanatos compris qu'elle l'avait empoisonné avec le plus puissant et le plus horrible des poison, c'était, il le savait une mort lente et affreuse. Il devint fébrile.
- Que veux-tu ? Pourquoi tu ne me tues pas maintenant ? Hurla-t-il presque.
- C'est Dana Walters que je tuerai, toi tu vas mourir comme tu prévoyais que je meurs, en agonisant et en crachant tout ton sang.
Elle se leva et mis un bâillon sur la bouche de Tanathos qui hurlait « Tue moi ! », elle quitta la chambre, avant de refermé la porte elle plaça sur la poignée, la pancarte « Ne pas déranger ». Mais soudain, elle changea d'avis, et ouvrit la porte, Tanathos était étendue sur le lit il tentait de se libérer, il gigotait dans tous les sens, Cain savait qu'il aurait une mort lente et effroyable, quelque chose, un sentiment de pitié lui fit abrégé ses souffrances, une balle dans la tête à travers l'oreiller qu'elle lui avait mise sur le visage le libéra de son atroce souffrance. Elle sortit une fois Tanathos mort.
Chapitre 02
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
1 mois après l'incident du restaurant 'le Tauron'
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
Le téléphone de Dana Walters sonna en plein milieu de la nuit, elle venait à peine de s'endormir, elle avait passé toute la journée à revoir des dossiers, vingt-quatre heures auparavant, elle avait appris l'assassinat de l'amiral Karlson. Elle avait fêté dans la soirée cette nouvelle dans un restaurant chic de Paylin. Elle ignorait encore lequel de ses services et de ses agents avait réussi à tuer Karlson.
Elle leva les yeux au plafond et saisit le combiné, son interlocuteur lui annonça la mort de trois agents du service sur Aérilion.
Il ajouta :
- Madame, Helena Cain, a disparue…
Elle ouvrit les yeux, la mort de ses trois agents était de toute évidence imputable à Helena Cain. Dans l'esprit vif de Dana Walters il apparut très vite que la tauronne rendue furieuse par la mort de son ami allait chercher à se venger. Walters connaissait la mentalité de feu des Taurons, Cain, malgré ses années passées sur la paisible Picon, était resté dans l'âme une tauronne, et le sang versé demandait du sang.
Elle appela par l'interphone son homme de confiance, celui qui était chargé de la sécurité dans sa résidence ici sur Picon, où la vie de Cain avait été par deux fois entre ses mains. Walters avait bien conscience que Helena Cain était une menace pour elle, elle ne pouvait laisser une tauronne assoiffée de sang et de vengeance être un danger pour elle.
Si Karlson était mort, son bras droit, Erika Zembrano était encore en vie, et Walters s'imaginait déjà, Helena Cain entrée en contact avec le commandant de l'Artémis. Elle avait préparé un plan pour se débarrasser de Zembrano, mais depuis un mois, le commandant de l'Artémis avait disparu de la circulation, ses espions l'avaient signalée pour la dernière fois sur Géménon.
Estimant qu'elle ne pouvait pas perdre de temps, Walters décida d'agir, elle descendit dans son bureau, Vick, l'y attendait à sa demande, il était son homme de confiance. Walters était en robe de nuit, elle était pressée, dans son bureau se trouvait une console. Il s'agissait d'un minicentre de communication, Walters quand elle n'était pas au travail sur Caprica, aimait a rester en contact avec le bureau. Elle commença par entrée en communication avec le colonel Duran, sur Virgon, par chance le décalage horaire faisait qu'elle était en plein après-midi.
- Duran, je veux que vous mettiez toutes nos unités de terrain en alerte, notre section sur Aérilon a merdé, et ils ont été massacrés par Cain, je veux apprendre sa mort dès que possible, avez-vous compris ?
Le message avait été reçu cinq sur cinq.
Elle se tourna vers Vick, elle lui ordonna de lâcher les chiens dans le parc.
- Madame, nous n'avons que dix hommes de disponible sur place, avec les chiens rôdant dehors on risque un accident, vous savez qu'ils sont affamés.
Elle hocha la tête.
- Ils n'auront qu'à faire attention !
- Devons-nous demander des renforts ?
Walters hocha la tête.
- Cette salope de tauronne n'est pas invisible, si elle vient le système électronique de défense interne nous signalera sa présence. Chaque porte de la résidence est verrouillée comme je te l'ai ordonné ?
- Oui madame, personne ne peut entrer. À la moindre tentative d'effraction, elle sera électrocutée.
Malgré toutes les précautions prises, Vick était quand même inquiet.
- Madame pourquoi ne pas regagner le Centre sur Caprica, là-bas vous y serez plus en sécurité et cela laissera le temps à nos agents de mettre la main sur Cain.
Walters lui répondit crument et la voix emprunte de colère.
- Je veux qu'elle sorte de son trou ! Cette salope à gâcher le plus beau jour de ma vie ! J'ai enfin éliminé Karlson, et cette tauronne vient m'embêter ! En plus, elle mit un terme à mon plan de chantage visant le Président des Douze colonies. Si je me terre au Centre, cette garce restera dans son trou à rat et attendra la bonne occasion pour me faire la peau, par exemple, durant le trajet menant de la résidence à l'astroport, je ne veux pas faire dans mon froc chaque fois qu'un pétard explosera dans la rue à mon passage ! Tandis que si je reste ici, je l'obligerais à venir sur mon terrain. Ce n'est pas une salope de tauronne qui va m'impressionner. - Pourtant, elle a tué trois de nos agents sur Aérlion.
- Tanathos était un connard de drogué ! Tel que je le connais il a dû coller à Cain deux imbéciles.
- L'agent Dowson et l'agent Gibbert madame. Précisa Vick.
- C'est encore pire, Gibbert était un imbécile, ici même il y a près d'un mois c'est lui que j'avais chargé de violer cette salope de tauronne ! J'ignorais que Tanathos l'avait mis sur cette opération simple d'enlèvement, il faut vraiment que je fasse tout ici !
Elle prit une gorgée de vin Virgon et cracha encore.
- Comment une petite putain de tauronne peut-elle me mettre tellement en colère ! Ces chiens de taurons sont vraiment une plaie, dommage que les Cylons ne les aient pas tous exterminés !
- C'est peut-être parce qu'elle était très liée à l'amiral Karlson.
- Tu as raison, cette Helena Cain c'est une nouvelle Karlson en jupe, raison de plus pour nous en débarassé ! J'ai été vraiment une imbécile ! Je l'avais par deux fois entre mes mains, la dernière fois j'ai failli la mettre en bouillie, mais je l'ai laissée s'en tirer ! J'étais tellement occupé à tendre cet appât qu'elle représente pour Karlson que j'en avais oublié que cette salope était si dangereuse !
Vick acquiesça et lui demanda de nouvelles instructions, Walters tapota de son unique main valide sur sa console et lui dit.
- Va me chercher le dossier que nous avons sur Zembrano, nous n'allons pas la laisser aussi s'en tirer, Cain est dans la nature, et Zembrano est aussi dangereuse, d'autant plus que si elle pète les plombs elle est capable de nous atomiser avec son battlestar !
L'autre se dépêcha, et revint quelques instants plus tard, porteurs d'un épais dossier qu'il tendit à Walters.
Elle sentit une drôle d'odeur de pourriture.
- Est-ce que tu conserves de la viande pourrie ici à donner aux chiens ?
- Non, madame. Dit-il étonner.
Lui aussi avait senti une forte odeur de viande avariée, tout à coup, la chef du renseignement reçut des bouts de cervelles sur le visage, Vick s'écroula net.
Elle n'eut que le temps de se baissé, les balles sifflèrent, et s'abattirent sur son bureau, elle appuya très vite sur un bouton et une vitre blindée transparente l'isolat du reste de la pièce en une fraction de seconde. Assurée d'être en sécurité maintenant, Walters se leva de derrière son bureau, elle vit une forme humaine qui avançait vers elle venant du couloir qui menait à la pièce où étaient entreposées les ordures.
- Putain de tauronne ! Dis Walters en serrant les dents.
Helena Cain était maintenant à quelques pas de son bureau. Le cadavre de Vick gisait à deux pas d'elle, une balle explosive avait littéralement fait éclater son crâne. Le sol était jonché de morceaux de cervelles.
La tauronne, semblait être sortie de la mer, ses vêtements étaient mouillés et elle était couverte jusqu'à la tête d'une espèce de couche d'ordure, même son visage était maculé d'une fine crasse brunâtre. Seuls ses yeux étaient visibles, et ces yeux étaient froids et glaçaient le sang.
Walters avait sous-estimé Cain, elle avait trouvé un moyen d'entrée dans la propriété et dans sa résidence malgré la sécurité renforcée. Elle avait sûrement utilisé le système des égouts, ou plutôt les canalisations qui rejetaient dans la rivière les déchets ménagers. Un conduit pas très large, mais qui avait été emprunté par la jeune femme, cette fosse septique tout en longueur conduisait à la salle des ordures. Jamais elle n'aurait imaginé que la tauronne aurait pu pénétrer dans une fosse septique infecte et rempli de cafards !
- Espèce de salope ! Rugis Walters en colère. Tu es tellement prête à m'abattre que tu n'hésites pas à rentrer dans un tuyau à merde ! Tu es vraiment une tauronne !
Cain ne répondit pas, si elle ouvrait la bouche elle risquait d'avaler un déchet, elle avait déjà eu du mal à respirer quand elle était entrée cinq minutes plus tôt dans l'étroit conduit.
À l'académie on lui avait appris à toujours surprendre l'adversaire par une tactique inattendue, la résidence de Walters elle le savait pour y être entrée deux fois, était très bien gardé, une seule solution s'offrait à elle, la prendre par surprise et en entrant par l'endroit le plus inattendu. Durant les minutes de sa pénible traversée du conduit à plat ventre, au milieu des cafards et des immondices en putréfaction, Cain avait gardé à l'esprit un seul objectif, tuer Walters ! Pour éviter de mourir asphyxiée, elle avait mis un mouchoir sur son nez, à un moment donné de sa traversée putride, elle avait craint que le conduit aboutisse aux toilettes ! Mais les Dieux de Kobol semblaient veillés sur la tauronne.
Maintenant, elle faisait face à Walters, elle savait que la vitre blindée était impossible à brisée… la chef du renseignement était comme une lionne en cage, elle faisait les cent pas, de son unique bras elle lui faisait des signes obscènes, Cain compris très vite que Walters essayait de gagner du temps en détournant son attention. La jeune femme dans sa précipitation à abattre Walters, en avaient oublié les gardes !
Quand au moment où elle entendit des bruits de pas précipités, elle courut vers la salle des ordures, et referma la porte, qui fut tout à coup criblée de balles !
Cain, failli ouvrir la bouche pour reprendre son souffle, mais ce retint, elle prit conscience que son plan n'était pas sans failles. Elle pensait que Walters avait posté tous ces hommes à l'extérieur et que deux ou trois gardes resteraient à l'intérieur, mais visiblement, ils étaient beaucoup plus nombreux que prévu.
Walters quand elle vit arrivés ses hommes leur indiqua la direction que Cain avait prise.
- Tuez cette salope ! Allez ! Hurla-t-elle au passage des huit hommes armés de mitraillettes et de pistolets.
Elle exultait maintenant, Cain malgré tout était sortie de son trou et était prise au piège, elle appela depuis sa console maculée de cervelle les gardes restés dehors, deux en tout, elle leur ordonna de coupé à Cain toute voie de sortie par la fosse septique qui se jetait dans la rivière.
Helena Cain, n'avait plus d'échappatoire, elle se doutait bien que la voie qu'elle avait empruntée serait gardée maintenant, déjà le silence s'était installé au-dehors, les gardes préparaient l'assaut.
Elle décida de ne pas laisser aux gardes le temps de se préparer, elle craignait qu'ils utilisent des grenades assourdissantes voir des grenades offensives, elle se rua donc sur la porte éventrée et fusa comme un diable en boîte en vidant ses deux chargeurs, elle tirait pour se couvrir et sortir de la pièce, les gardes réagirent avec lenteurs, trois furent atteints par les rafales des deux pistolets, les autres reculèrent, car ils étaient tous à découvert le long des murs du couloir qui menait à la salle des ordures.
Son audace et sa témérité avait porté ses fruits, elle était maintenant sorti de la souricière, et les gardes avaient battues en retraite, enjambant très vite les cadavres des trois gardes, Cain en profita pour leur prendre leurs mitraillettes, elle trouva deux grenades sur l'un des corps et se dirigea prudemment vers la bibliothèque où Walters se trouvait, elle pensait qu'elle devait avoir profité de la bataille pour s'éclipser… mais non, quand elle déboucha dans la bibliothèque, elle trouva Walters debout derrière son pupitre à donné des instructions à ces gardes, ces derniers s'étaient mis à couvert derrière deux sofas et la grande table qui juxtaposait la bibliothèque.
Walters donna aussitôt l'ordre de faire feu sur Cain, la jeune femme se mise à l'abri derrière le mur qui vola en éclat sous la puissance des tirs nourris, elle faillit recevoir un éclat en pleine tête, mais se baissa à temps. Elle lança sans attendre les deux grenades qu'elle espérait être des grenades offensives…
Quand elles explosèrent elles firent un bruit sourd infernal, Cain se couvrit les oreilles, quand le bruit cessa, il y eut un silence de courte durée, que Cain rompis en se jetant avec fureur sur les gardes mitraillette arrosant la pièce d'une pluie de balles. Elle était remplie d'une froide détermination, tué Walters ou mourir en le tentant, elle lui avait enlevé la dernière personne qui comptait le plus dans sa vie, elle n'avait plus de raison de vivre si ce n'était souffrir et souffrir. Ces rafales happèrent trois gardes, les autres se couchèrent et se mirent à l'abri. Walters instinctivement s'était mise à couvert derrière son bureau, malgré la vitre blindée.
Il ne restait plus que deux gardes sur les huit qui avaient pris en chasse Cain, Walters voyait le nombre de ses hommes fondre comme neige au soleil, la panique commença à la gagnée, bien qu'à l'abri derrière cette vitre blindée, elle ne se sentait pas en sécurité, elle regretta de ne pas avoir profité de la venue de ses hommes pour sortir de sa cage et quitter la résidence. Elle dut s'avouer à elle-même qu'Helena Cain était une personne hors du commun, son désir d'assouvir sa vengeance l'avait conduite à s'exposer et à affronter l'une des femmes les plus puissantes des Douze colonies.
Walters se résolut à appeler la police de Paylin pour sauver sa vie.
Elle était sur le point de le faire, quand elle vit tout à coup les deux derniers gardes jetés leurs armes au sol et quitté leur position sous la grande table.
Elle les insulta copieusement, mais rien n'y fit, Cain, quant à elle les pointait son arme sur eux et leur ordonna de se mettre à plat ventre. Elle les désarma complètement et leurs attacha les mains, ils restèrent couché sur le ventre la tête face contre sol.
Helena porta son attention sur Walters, elle avait maintenant un petit rictus.
- Salope ! Lui cracha Walters. Rie tant que tu le peux encore, tu vas crever bientôt !
Cain commença à tâter la surface de la vitre blindée. Pour Walters il ne lui restait plus qu'une seule chance, que les secours arrivent vites. Elle lui fit la conversation tout en sortant d'un tiroir un pistolet.
- J'ai lu ton journal intime ma fille ! Dit-elle tout à coup.
Cela mis en colère Helena qui s'arrêta net, elle jeta un regard plein de haine sur Walters, qui se mise à rire.
- Je te ferai grâce de tes états d'âme de gamine de quinze ans et de tes béguins d'adolescente, la partie la plus intéressante c'est quand tu parles d'un évènement qui t'a bouleversé il y a un an chez Karlson…
- La ferme ! Cria Cain en frappant avec la crosse de sa mitraillette la vitre blindée.
Walters la dévisagea. La déstabiliser lui permettrait d'abattre Cain. Elle continua.
- Ma pauvre petite ! Quand j'ai lu cette petite confession, j'ai été très étonné, mais en vérité cela ne m'a pas surpris. Dis-moi n'as-tu jamais ressentie plus que de l'amitié et de l'affection pour lui ? Est-ce que petit à petit cette affection est devenue plus intense ? Et un jour n'as-tu pas souhaité qu'il te prenne dans ses bras et t'embrasse ?
Helena hésitait, elle ne trouvait pas les mots, Walters l'attaquait sur un terrain intime avec ses questions presque des vérités, cela la perturbait, Karlson était mort et son souvenir remontait à la surface. Elle avait lu son journal intime, et c'était comme si elle était soudainement mise à nue.
Elle se souvint de l'évènement dont Walters parlait et qu'elle avait lu dans son journal intime, c'était l'année dernière, au cours d'une de ses visites à la résidence familiale des Karlson en banlieue de Queenstown, elle était entrée dans la chambre de l'Amiral pour lui rendre un vieux livre qu'elle avait emprunté quinze jours plus tôt.
Elle avait trouvé la chambre vide, et en déposant le livre sur l'étagère, elle avait vu posé sur le lit de l'Amiral son uniforme. Dans un premier temps, elle avait été impressionnée par l'uniforme, car elle rêvait de devenir comme lui un jour, un amiral. Quand elle prit le veston sur le lit elle le sera fort et sans savoir pourquoi, commença à humecté le parfum sur l'uniforme, c'était le parfum de l'amiral qui était encore belle et bien vive. Durant quelques instants, une sorte de bonheur intense s'était emparé d'elle et son cœur battit la chamade.
Puis, tout à coup, se rendant compte de son geste, elle reposa délicatement l'uniforme. Elle n'avait pas compris son geste, une pulsion qu'elle n'avait jamais connue avant, à part quand adolescente, elle avait eu le béguin pour un garçon au collège.
Walters la dévisageait et remarqua ses hésitations.
- Tu vois, ton silence est encore un aveu… la réaction de l'Amiral quand je lui ai annoncé que tu serais envoyé dans la section Sexpionnage était un aveu de plus… Tout homme qui aime une femme ne supporterait pas de la voir dans le lit d'un autre. Karlson est un homme, et il l'avait oublié, durant toutes ces années il s'était cru à la limite de la machine, froid et méthodique, mais son cœur lui était resté humain…Je n'aurais jamais pu l'atteindre s'il était resté le personnage froid qu'il était, mais pas de chance pour lui, il avait un point faible, et c'était toi ma chérie !
Cain tremblait de colère.
Si avant elle voulait tuer Walters, maintenant elle voulait la mettre en morceaux !
Cette dernière se moquait d'elle et ajouta
- Alors ? Quand est-ce que tes sentiments ont changé ? Combien de fois en passant à côté de lui ton cœur ne s'est-il pas mis à battre la chamade ? Insista-t-elle.
Helena Cain, était abasourdie… elle s'appuya sur la surface de la vitre blindée, visiblement choquée, elle se sentait coupable aussi, Karlson était son mentor, jamais elle n'aurait dû tombée amoureuse de lui se disait-elle. Tout ce qu'affirmait Walters était vrai, ces sensations elle les avait éprouvés depuis ce jour. Et quand dans le restaurant, Karlson lui avait tenu la main, elle avait senti son cœur battre encore plus vite. Elle se remise de l'émotion intense que Walters avait fait ressurgir dans son cœur, l'homme qu'elle aimait était mort.
- Petite salope de tauronne, tu en pinçais pour l'Amiral Karlson… maintenant qu'il est mort tu dois souffrir le martyre, mais ne t'en fais pas tu vas bientôt le rejoindre.
La vitre blindée se leva tout à coup et Walters sorti un pistolet, Cain surprise par le geste, mis une seconde à réagir, cette seconde était de trop, Walters tira, ou plutôt voulu tiré. Mais le coup ne partit pas…
Quand elle s'en rendit compte, Walters essaya de remonter la vitre blindée, mais Cain lui sauta dessus et lui arracha son pistolet de la main. S'en suivit une bagarre, où les deux femmes agrippaient la chevelure de l'autre, c'est Cain qui eut le dessus, car plus forte. Elle donna à Walters un coup de poing si violent qu'il mit la femme au tapis. En tombant, elle se cogna violemment la tête contre le parquet. Elle perdit connaissance aussitôt. Bientôt, une marre de sang commença à apparaitre sur le sol.
Cain à bout de force et exsangue tâta le pouls de Walters, elle était morte.
La jeune femme ramassa le pistolet de la morte, elle visa un meuble et tira, le coup parti tout seul… Helena remercia encore une fois les Dieux de Kobol de l'avoir épargnée.
Puis elle posa un regard triste sur le cadavre de Walters, cette femme avait brisé sa vie, sa carrière… pourquoi tant de haine ? Elle monta vite à l'étage et se lava de toute la saleté, elle trouva dans la penderie un pantalon et une chemise, elle s'habilla rapidement, elle ne voulait pas tomber sur d'autres hommes de Walters. Dehors elle savait que les chiens affamés rôdaient, elle préféra affronter les chiens que de devoir passé encore par la canalisation d'égout et tombé sur les hommes de Walters.
Elle eut une idée.
Retournant à la bibliothèque, elle fit se lever les deux gardes à qui elle ordonna sous la menace de ses pistolets de se placer derrière la grande porte, Cain les tenait en respect tout en ouvrant la porte grande ouverte. Elle contrôla le sens du vent. Puis elle se plaqua derrière la porte, guettant la venue de la meute. Elle ne se fit pas trop attendre, quand l'odeur du sang frais leur parvins ils arrivèrent telles des balles de fusil et se ruèrent à l'intérieur de la maison, quand le dernier chien passa, elle fit sortir les deux gardes et referma derrière elle la porte, coinçant les bêtes à l'intérieur de la maison qui se mirent à dévoré les cadavres.
Elle indiqua aux gardes le portail.
- Vous pouvez partir, je n'ai rien contre vous. Ordonna-t-elle.
Ils ne se firent pas prier.
Chapitre 03
Planète Caprica, Delphi
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
32 jours après l'incident du restaurant 'le Tauron'
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
(29 ans avant l'Holocauste Cylon…)
Cyrus Xander s'étirait, il passait une nuit blanche, couché sur le siège de la salle d'attente de l'hôpital Central de Delphi où l'on avait très vite admis l'amiral Terence Karlson après qu'une ambulance l'eut amené. Xander était accouru aussitôt qu'il avait appris la nouvelle de l'attentat. Dans la station Ragnar, le furtif avait été détruit et c'était comme s'il avait précédé l'assassinat de l'amiral pensait-il.
Erika Zembrano était aussi présente, elle avait appris la nouvelle plus tard, uniquement aux informations en continu à la TV entre deux navettes à l'astroport de Géménon. La nouvelle de l'attentat contre la personne de l'amiral Karlson était à la Une de tous les journaux télévisés comme radiophonique. Dehors campait une centaine de journalistes et de reporters venus des différentes rédactions des douze colonies de Kobol.
Karlson n'était pas seulement un Héros de la guerre contre les Cylons, mais certains politiciens influents, surtout de Picon ou de Tauron (les deux planètes se déchiraient pour revendiquer la nationalité de Karlson), envisagent depuis quelques années de lancer l'amiral dans l'arène politique. Des sondages internes avaient démontré la très grande popularité de Karlson, surtout dans les planètes les plus défavorisées. Évidemment sur Tauron et Picon l'adhésion était encore plus forte.
La cousine de l'amiral était venue tôt le matin pour prendre de ses nouvelles, car l'amiral n'était pas mort, il portait au moment de l'attentat un gilet par balle, si le tueur avait visé la tête, Karlson serait déjà mort. Mais sa chute et le fait que son gilet ne protégeait que sa poitrine et son abdomen, avait causé des lésions internes.
Les commandants de l'Atlas et du Delphi étaient passés aussi, le commandant Turner ancien adversaire de Karlson avait semblé très abattu. Le lieutenant Farber et Drew Tanner étaient aussi présent dans la salle d'attente, toute cette partie de l'hôpital avait été réquisitionnée dans l'urgence par l'armée, la sécurité avait été doublé. Zembrano se tenait immobile appuyée contre le mur en face de la porte qui donnait sur la chambre de l'amiral qui était sorti du bloc opératoire il y a une heure. Une vitre donnait sur la chambre, il était étendue immobile dans son lit d'hôpital, un appareil était connecté à ses fonctions vitales. Le chirurgien-chef avait interdit l'accès à la chambre de l'amiral. L'opération qu'il avait subie avait été longue et délicate, s'il passait la nuit on avait bon espoir qu'il se rétablisse, sinon…
Zembrano gardait les yeux baissés, elle n'avait ni pleuré ni montré le moindre signe d'émotion quand elle était entrée dans l'hôpital sous la nuée des journalistes et des caméras. Tout se passait à l'intérieur, d'habitude extrovertie, elle maintenait un calme et une attitude de sérénité qui étonnait même le lieutenant Farber. Peu avant de venir à l'hôpital, elle était passée au Temple de Poséidon, le Dieu tutélaire de Picon, cela faisait des années qu'elle n'était pas entrée dans un Temple, elle avait été priée pour Karlson.
Tanner voulu allumé une cigarette, mais se retins. Il était comme tous les autres nerveux, l'attentat sur Ragnar et celui perpétré contre l'amiral Karlson avait fait que ses nerfs étaient à fleur de peau. Xander remarqua sa nervosité et lui conseilla d'aller dormir à l'hôtel. Tanner obéi avec mauvaise volonté.
- Passé par la sortie de derrière, les journalistes attendent à la porte principale. Lui dit Xander.
Puis il s'adressa à Zembrano.
- Vous feriez mieux d'aller dormir commandant.
Elle ne lui répondit pas.
Il n'insista pas.
Farber lia conversation avec lui.
- Vous avez appris la dernière nouvelle ? La chef du renseignement a été retrouvée morte hier matin dans sa résidence de Picon ainsi que neuf de ses hommes.
- Je me demande si cela n'est pas lié à l'attentat contre Karlson ? Dit Xander.
- Je ne pense pas, la police quand elle est arrivée sur les lieux, a trouvé des chiens qui avaient dévoré les cadavres… Walters avait beau être chef du renseignement, elle n'en restait pas moins une pourriture, si quelqu'un l'a tué c'est sûrement le milieu, on dit qu'elle fricotait avec le Ha'la'tha.
Erika entra dans la conversation.
- Farber, vous êtes un idiot, fermé là un peu !
- Mon Commandant, qu'ai-je, dis ?
- Walters n'était pas le genre de personne à fricoté comme vous dites avec l'Ha'la'tha, car l'Ha'la'tha est Tauron, et elle détestait les taurons.
- Si ce n'est pas eux, qui est-ce alors ?
Ils furent interrompus par l'entrée de l'amiral Wallis, il était accompagné de plusieurs officiers de haut rang et trois civils, l'un d'eux était Marta De Tage, une influente politicienne qui faisait partie du Cercle d'Arès comme Wallis et Zembrano. Les autres, elle les connaissait de vue, ils faisaient aussi partie du Cercle. Pour la première fois, plusieurs membres du Cercle d'Arès se réunissaient en public, ce qui n'était jamais arrivé avant.
L'amiral Wallis était un sexagénaire plein de morgue et de suffisance, Zembrano ne l'avait jamais aimé, il n'était plus le supérieur hiérarchique de Karlson depuis que ce dernier avait gagné ses galons d'amiral il y a cinq ans, tout de même Wallis restait le supérieur du commandant Zembrano. Cette dernière se mise au garde-à-vous mollement et salua. Elle commençait à être fatiguée du balai interminable des personnalités de tout bord qui tenaient officiellement à apporter leur soutien à l'amiral, ce cortège d'hypocrites pour la plupart durait depuis le début de la soirée. En période d'élection, tous les politiciens qui aspiraient à entrer au Quorum voulaient s'afficher et être là où les caméras étaient braquées, en ce moment, l'attention du public était tournée vers l'hôpital central de Delphi.
Wallis jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule de Zembrano, il regardait un petit moment l'amiral Karlson dont les fonctions vitales étaient reliées à un appareil. Puis il s'adressa sur un ton grave aux personnes qui l'accompagnaient sans prêter attention au commandant Zembrano ni aux autres.
- Si Karlson meurt…
- Il ne mourra pas. L'interrompit Zembrano sur un ton ferme, mais calme.
L'amiral Wallis lui jeta un regard plein de mépris.
- Nous devons parer à toutes les éventualités commandant…
Zembrano failli s'emporter, mais ce retins, dans son dos, il y avait son ami qui luttait pour sa vie.
- Monsieur. Dit-elle, je ne pense pas que cela soit le bon endroit pour parler de cela.
Wallis acquiesça.
- Vous avez raison, venez avec moi… nous allons faire une déclaration à la presse…
Le commandant hocha la tête.
- Quel genre de déclaration ?
- La seule option que nous avons toujours eue est celle d'attaquer avant d'être attaquer par les Cylons. Expliqua Wallis. Nous avions accordé suffisamment de temps à Karlson pour mener à bien son projet de furtif, mais vous avez perdu dans la station Ragnar une opportunité, maintenant, je vais prendre les choses en main.
Puis il s'adressa à Xander venez avec nous aussi.
Zembrano ne pouvait rien faire, elle obéit.
- Farber resté ici avec deux marines, je vais revenir. Lui ordonna le Commandant Zembrano en ajustant le col de sa chemise.
Le Lt. Farber salua le commandant et le cortège, qui se dirigea vers la sortie de l'hôpital.
Les projecteurs et le cliquetis des appareils photo ébloui le petit groupe qui se tenait sur la première marche de l'hôpital, ils étaient alignés sur deux files, dans la première qui faisait face aux caméras se tenait au centre : Marta De Tage, à sa droite, l'amiral Wallis et à sa gauche, le commandant Zembrano. Derrière eux on trouvait Cyrus Xander et le restant du groupe.
Les journalistes étaient agglutinés comme une masse compact et poussaient contre les barrières de sécurités tenues par des marines, ils submergèrent les nouveaux venus de questions du genre.
'Avez-vous une idée de l'identité du tireur ?' Ou 'Le dernier bulletin médical annonçait que l'amiral Karlson était en état de mort clinique, est-ce vrai ?'
Marta de Tage, une femme entre deux âges fit taire les journalistes avec un sourire tout hypocrite.
- Mesdames et messieurs, j'aimerais vous lire une déclaration, il s'agit d'une lettre que m'a écrite peu de temps avant ce tragique évènement, l'amiral Karlson pour qui j'avais une très grande amitié…
Zembrano faillit éclater de rire, aux réunions secrètes du Cercle d'Arès, jamais elle n'avait vu l'amiral discuter avec De Tage ! De toute évidence, elle voulait récupéré un peu de la notoriété de Karlson. Zembrano redoutait le pire maintenant…
De Tage lut la lettre, sa voix se voulait tremblante et remplie d'émotions.
- Chère amie, dit-elle lisant comme s'il s'était agi d'un avis à la population. En ces temps troublés les Douze colonies ont le devoir d'être unies, nous avons tous ratifié l'Article de la Colonisation il y a cela plus de vingt ans… malgré la guerre qui devait unir tous les mondes, chaque planète à conservé son système et ses préjugés vis-à-vis de l'autre. Il est maintenant de mon devoir de vous annoncer que je me présenterais aux élections à la présidence des Douze colonies.
Quand De Tage eut fini la lecture de la lettre, un silence lourd gagna toute l'assistance, qui ne dura que quelques secondes, passés l'instant de la surprise, les journalistes commencèrent à assaillirent de questions De Tage, qui visiblement satisfaite par l'effet prêta toute son attention aux questions des journalistes.
Zembrano n'intervint pas, car Wallis lui tira la manche de sa veste d'officier, elle commença à reculer sachant qu'elle ne pourrait rien faire, sinon servir de faire-valoir à De Tage, les mensonges et la manipulation de De Tage et de Wallis lui donnaient la nausée.
De Tage posa devant les photographes aux côtés de Zembrano, elle arborait un sourire éclatant.
- Madame De Tage, demanda le chroniqueur Antonof pendant ce temps. Est-ce que l'amiral Karlson avait déjà en tête de se présenter aux élections, ou était-ce une surprise pour vous ?
- L'amiral Karlson m'avait parlé une fois de son désir d'entrer en politique, il m'avait même proposé un ticket à ses côtés, mais je ne pensais pas qu'il envisageait sérieusement de concourir à la présidence.
- Madame De Tage, est-ce que vous allez reprendre le flambeau ? Demanda une journaliste.
De Tage marqua un temps d'arrêt, elle réfléchissait. Elle répondit innocemment.
- Je le voudrais… j'aimerais que l'esprit et les idéaux d'unité de l'amiral Karlson triomphent.
À ce moment Zembrano remonta les marches, Xander la suivait de près.
- Vous n'avez rien dit commandant ? Jeta Cyrus Xander abasourdi.
- Que voulez-vous que je fasse ? Le Cercle d'Arès vient de parlé par la voix de De Tage, ils ont choisi comme option pour combattre les Cylons d'entrer dans la conquête politique, ils pensent arriver au pouvoir par les urnes, les imbéciles !
Xander se massa le crâne.
- Ils utilisent le nom de l'amiral pour attirer la sympathie du public sur De Tage. Si De Tage devient Présidente des Douze colonies, il y aura sûrement la guerre.
- Oui, c'était l'option de Wallis… Il est derrière tout cela, jamais Karlson n'aurait dévié de sa route, il représentait un obstacle pour Wallis et il a profité de l'occasion pour le court-circuiter. Répliqua Zembrano en lançant un dernier regard en arrière.
Wallis et De Tage continuaient leur show. Xander et Zembrano entrèrent à nouveau à l'intérieur de l'hôpital, ils traversèrent le hall d'entrée qui était gardé par trois marines, puis ils franchirent la porte qui donnait accès à l'aile de l'hôpital réservé par l'armée. Ils empruntèrent le long couloir qui conduisait à la chambre où l'amiral luttait contre la mort.
- Commandant, commenta Xander soucieux, nous avons perdu le Fantôme, et il nous faudra des mois voir des années pour en reconstruire un… J'espère que l'amiral ne mourra pas d'ici là.
- Je l'espère aussi… mais je sens que cette fois il va partir pour de bon, combien de fois nous avons frôler la mort lui et moi ensemble à bord de l'Artémis… jamais devant le danger il ne reculait, mais là dans le cimetière de Delphi le Terence Karlson que je connais avait décidé de mourir…
Xander sursauta, où voulait en venir Zembrano ?
Xander répliqua fermement.
- Vous vous trompez commandant, je l'ai eu au téléphone quelques instants avant l'attentat et je peux vous dire que l'homme qui me donnait des ordres n'était pas quelqu'un qui s'apprêtait à mourir.
- Peut-être… mais la police m'a fourni la déposition d'un témoin qui était présent sur les lieux, une vieille dame qui a assisté de loin à toute la scène... elle a affirmé à la police que le tueur était une femme, et qu'elle ressemblait au portrait gravé sur la tombe de Roxana…
La stupeur et l'incompréhension le gagnèrent.
- Mais Roxana est morte depuis des années. Dit Xander.
- Oui c'est vrai, mais Valdez est mort aussi, pourtant il est revenu d'entre les morts pour saboter le Fantôme. S'il ne s'était pas agi de Roxana, je n'aurais pas émis une telle hypothèse, mais connaissant l'amour profond qu'éprouvait Karlson pour sa fiancée, je doute fort qu'il ait pensé à autre chose. Le témoin affirme que Karlson avait sorti le premier une arme… je connais Karlson, et quand il sort son pistolet ce n'est pas pour le remettre dans son étui.
- Donc si je comprends bien, vous dites que Karlson aurait pour le moins hésité si ce n'est s'être laissé tirer dessus par le fantôme de Roxana ?
- Il ne s'agit pas d'un fantôme, quand j'ai appris la nouvelle de l'attentat de Ragnar et que Valdez était impliqué, j'ai ordonné que l'on exhume son corps au cimetière de Caprica City, son cercueil était vide, j'ai alors ordonné l'exhumation de celui de Roxana, là aussi, le cercueil était vide… j'ai reçu il y a dix minutes l'information de la police.
Ils s'arrêtèrent quand ils trouvèrent le spectacle stupéfiant qui s'offrait à eux, les deux marines qui gardaient la sortie de derrière, étaient étendus inconscients.
Zembrano se rua immédiatement vers la chambre de Karlson craignant le pire, elle trouva à quelques pas de là le Lt. Farber qui avait été visiblement assommé. Elle releva le lieutenant, qui était encore dans les vapeurs… puis elle sortit son pistolet et entra dans la chambre de l'amiral.
Elle eut la surprise de sa vie, une femme de dos, aux cheveux longs, habillé comme un pêcheur de Picon était assis à côté du lit de l'amiral elle serrait de ses deux mains sa main gauche, elle tremblait ou sanglotait.
Helena était heureuse malgré le tragique de la situation, il était là, Karlson luttant entre la vie et la mort, inconscient, son visage ne bougeait pas, parfois sa poitrine se soulevait signe qu'il respirait, mais sa respiration était de plus en plus espacé, la jeune femme le voyait bien… elle était assise à ses côtés, le simple fait de pouvoir être à nouveau près de lui avait effacé pour un temps le souvenir de ses nombreuses journées d'épreuves où elle avait subi le martyre… la jeune femme n'avait pas remarqué l'entrée dans la chambre de Zembrano, qui l'observait pantoise…
Cain serrait la main gauche de Karlson très très fort, elle voulait sentir son cœur battre, pour lui elle avait enduré les pires privations, bravé la mort et l'humiliation…
Elle souffla tout en lui déposant un long baiser sur le front.
- Mon amour… ne me quitte pas… ne m'abandonne pas… j'ai tellement besoin de toi…
Soudain elle sentit qu'un des doigts de Karlson avait bougé… Elle parla cette fois plus fort pour l'inciter à réagir, elle pensait que le son de sa voix avait provoqué une réaction… Son cœur battait encore plus vite, elle sentait que Karlson essayait de lui répondre…
- Mon amour ! Mon amour ! C'est moi, Lena ! Ne me quitte pas… ne m'abandonne pas… j'ai tellement besoin de toi ! Tu m'entends !
Elle sentait que Karlson réagissait, quand elle remarqua l'entrée de Zembrano, elle se retourna.
Et elle se précipita vers le commandant, elle voulut tomber dans ses bras les larmes aux yeux, et lui dire que l'amiral avait réagit, mais Zembrano la repoussa.
Cain resta sans voix un long moment.
- Il est vivant ! Vivant ! Dit-elle entre deux sanglots. Vous m'avez comprise ! Il est vivant !
Zembrano lui ordonna de sortir de la chambre.
- Mais madame ! Je vous dis qu'il a réagi ! Dis Cain avec véhémence.
Le commandant sortit son pistolet et le braqua sur sa tête. Elle avait une expression de froide colère, c'était comme si elle avait vu un fantôme !
- Je t'ai dit sort !
Après un long moment, Cain acquiesça sans dire un mot, Zembrano referma la porte de la chambre et poussa la jeune fille dans le couloir, elle faillit tombée.
Cain voyant les deux marines toujours inconscients, elle s'excusa.
- On ne m'aurait jamais laissé passer… j'ai dû employer la force… Dit-elle avec contrition.
Le Lt. Farber s'était assis et se massait la tête.
Zembrano subitement la frappa du genou dans le ventre, le coup avait été violent.
- Petite idiote ! Cracha Zembrano hors d'haleine.
Cain encaissa le coup et se tordit de douleur. Elle se redressa après un moment. Elle ne comprenait pas la réaction du commandant Zembrano qui était aussi une amie.
- Madame, je vous le dis, l'amiral est encore en vie… Balbutia-t-elle avec difficulté. Si vous ne me croyez pas, allez vérifier et parlez-lui….
Zembrano esquissa un sourire narquois.
- Lui dire des mots doux comme toi par exemple ?
Cain ouvrit de grands yeux, elle ne s'était pas doutée un seul instant que Zembrano l'avait prise sur le fait.
- Madame laissez-moi vous expliquez…
- Il n'y a rien à expliquer…
Elle ordonna au Lt. Farber de ranimé les deux marines, elle voulait parler seul à seul avec Cain.
Quand Farber s'éloigna, Zembrano se tourna vers Cain, elle avait le regard froid.
- Je sais que c'est toi qui as tué Dana Walters… Je l'ai su dès que j'ai appris la nouvelle. Qui sinon toi aurait pu commettre cette bêtise.
- Walters m'a fait cela ! Dit-elle avec colère. Ses yeux exprimaient la souffrance et la détresse.
Elle déboutonna vivement son chemisier et lui montra son abdomen, il ne restait plus qu'une cicatrice dernier reliquat de sa tentative de suicide. Elle lui montra ensuite ses épaules avec ses bleus.
- Walters a failli me tuer en me battant avec une canne en acier… Elle marqua une pause, le souvenir de cette souffrance intense était insupportable. Et puis elle a voulu me faire violer par l'un de ses sbires… Finit-elle par dire au bord des larmes.
Zembrano hésita, elle n'avait pas eu conscience de ce que Cain avait traversée… un sentiment de remords commençait à la gagnée, elle avait peut-être été trop dur avec elle, Cain était une amie, et une amie de Karlson, mais puis tout à coup lui revint la scène insupportable de Cain dans la chambre de l'amiral, son long baiser et ses paroles, ces paroles étaient pour elle comme autant de coups de poignard dans son dos, elle estimait que Helena l'avait trahi, jamais elle n'aurait dû tombée amoureuse de lui ! Pour elle, il était inconcevable que Cain puisse une minute éprouver plus que de l'affection pour Karlson, c'était incroyable !
Et Karlson, il l'aimait c'était évident, elle avait essayé de le ramener à la vie comme Cain l'avait fait en parlant et en parlant, mais il n'avait pas réagit, comment expliquer si ce n'est par les miracles de l'amour que Karlson ai senti la présence d'Helena Cain ? Cette vérité, Zembrano ne voulait pas la voir, ni la croire, Karlson qui c'était toujours refusé parce qu'il était encore amoureux de Roxana avait ouvert son cœur ce que Zembrano avait toujours voulu…voir Karlson laisser dans son cœur la place à quelqu'un d'autre, elle avait espéré que ce serait elle, mais elle ne s'attendait à ce que Helena Cain, celle qu'elle avait vu grandir lui vole le cœur de son très cher ami ! Cela elle ne pouvait le supporter.
Cain jeta après un moment.
- Walters a fait assassiné l'amiral !
- Non ce n'est pas elle ! Rétorqua Zembrano vivement irritée.
Elle était submergée par des émotions contradictoires, ce n'était plus possible pour elle de regarder Helena Cain comme la petite sœur qu'elle avait toujours été… non, elle détourna son regard de Cain.
Xander arriva sur ces entrefaites accompagné de trois marines, que Zembrano rabroua copieusement pour les failles dans la sécurité de l'hôpital.
Zembrano ordonna soudain aux marines d'arrêter la jeune femme.
Cain recula, elle portait toujours son canif dans sa poche…
Elle se laissa pourtant mettre les menottes, elle pensait que Zembrano agissait sous le coup de l'émotion.
Mais le commandant était froid à son égard. Elle s'adressa aux marines.
- Vous allez ramener le cadet Cain à bord de l'Artémis, mettez l'en isolement, c'est compris ?
Helena n'en croyait pas ses oreilles, elle avait couru contre vent et marée à l'annonce de l'hospitalisation de l'amiral Karlson, depuis Picon à Caprica à bord d'une navette de trafiquant, car elle n'avait pas assez de cubits pour payer un voyage en navette normale, uniquement pour être aux côtés de Karlson, et voilà que Zembrano l'éloignait encore une fois de lui ! Cain se mise en colère, avec véhémences elle demanda à être libérée, les trois marines la poussaient vers la sortie de derrière, elle se débattait, mais cette fois, elle ne pouvait rien faire.
Xander qui n'était pas intervenu, car il ne connaissait Cain que de nom, demanda soudainement des explications au commandant Zembrano qui souffla en voyant Cain disparaitre.
Elle expliqua qu'Helena Cain avait assassiné Dana Walters, la chef du Renseignement. Elle en était certaine. C'était pour la protégée qu'elle la faisait transférer à bord de l'Artémis.
- Mais pourquoi la mettre au cachot alors ? Demanda Farber.
- Je veux la dressée et en faire un vrai soldat, ce que Karlson n'a jamais réussit à faire, car il était trop clément… il fondait sur elle de grands espoirs, mais elle lui à fait faux bond, je ne lui pardonnerais jamais d'avoir mis en échec le projet Fantôme.
- Mais… elle n'y est pour rien…
- Détrompez-vous, si elle avait été au rendez-vous, en tant que pilote hors pair, nous aurions depuis un mois les coordonnés du monde Cylon, Karlson m'a toujours appris à ne pas faire de sentiment quand la vie de beaucoup de gens dépendait de la décision d'un seul.
Elle tourna son regard vers la chambre de Karlson et ajouta.
- Par sa faute, Terence est entre la vie et la mort...
Chapitre 04
Dock spatial de Scorpion, Battlestar Artémis, quinze jours plus tard…
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
(29 ans avant l'Holocauste Cylon…)
Elle venait déjà de passé une semaine reclue dans une des cellules du quartier disciplinaire du Battlestar Artémis. Cain n'aurait jamais imaginé se retrouver en cellule à bord du célèbre Artémis. On l'avait prise pour une criminelle, elle qui n'avait jamais commis de crime !
Elle se sentait injustement traitée par le commandant Zembrano, qui durant ces sept jours ne vint pas la voir, ne serait-ce que pour s'expliquer et lui permettre, à elle, de se défendre. Ce n'était pas que la cellule était inconfortable, elle avait dormi dans des lits en fer encore plus dur, ni même son traitement, les gardes étaient attentionnées, car ils savaient qu'elle était l'une des proches amies de l'amiral Karlson, qui était respecté et aimé par tous les membres de l'équipage de l'Artémis.
Non, ce qui chagrinait autant Helena Cain, était le fait, qu'elle ne pouvait voir et être aux côtés de l'homme qu'elle aimait, l'homme dont elle était tombée amoureuse petit à petit… la révélation de cet amour avait été tardif à se manifesté et était survenue dans d'horribles circonstances… pourquoi se disait-elle en se tenant la tête, pourquoi ses sentiments profonds d'amour n'avaient pas émergé plus tôt ? Si elle avait révélé son amour plus tôt à Karlson aucun des drames qu'elle avait vécus au cours de ces dernières semaines ne serait arrivé…
Elle en était certaine, Karlson éprouvait lui aussi de l'amour à son égard, si elle lui avait parlée, et si elle s'était ouvert à lui, tout aurait été différent… Helena avait le cœur qui saignait, l'idée de devoir encore être éloigné de l'homme qu'elle aimait la rendait folle… Elle avait le sentiment profond que Zembrano faisait exprès de l'éloignée de Karlson, Helena s'imaginait que Zembrano avait comprise ou sentie que l'homme qu'elle croyait un jour lui appartenir lui échappait et que Cain était sa rivale. Helena connaissait les sentiments d'amours profonds et secrets qu'éprouvait le commandant Zembrano vis-à-vis de l'amiral Karlson. Une femme aussi longtemps restée amoureuse d'un homme pouvait réagir de différente façon, Zembrano, selon Cain, avait trouvé un prétexte idéal pour la tenir à l'écart.
Elle en était là de ses réflexions, quand la grille de sa cellule s'ouvrit. Le Lt. Farber fit son entrée dans la cellule. Cain ne lui prêta aucune attention, elle voulait voir Zembrano. Elle le lui dit.
- Je suis désolé, mademoiselle, mais le commandant Zembrano est retenu au haut commandement de la flotte colonial sur Picon. Vous êtes libre maintenant…
Helena Cain, bouillait intérieurement.
- Je suis libre de quitté ma cellule, mais pas l'Artémis je suppose ? Demanda-t-elle certaines de la réponse.
- C'est exact, dès à présent vous êtes en service à bord de l'Artémis au grade de pilote de Rapace. Nous manquons de pilotes de Rapaces ces temps-ci. Le Commandant Zembrano a dit que vous obéiriez.
Cette affirmation était on ne peut plus certaine, Helena Cain avait beau être une femme en colère, elle en restait quand même une soldate. Elle le savait.
- Mademoiselle, le Commandant Zembrano compte sur vous, elle voudrait vous voir progresser…
Cain cracha au sol, si c'était la volonté du Commandant Zembrano, elle ferait tout le contraire…
Aux commandes d'un Rapace, il lui suffirait de plusieurs bonds PRL pour être en orbite autour de Caprica et se rendre sur Delphi pensa-t-elle… Cain ignorait que Zembrano la faisait surveillée.
Une haine tenace avait vue le jour dans le cœur de Helena, elle ne pardonnerait jamais à Zembrano sont inhumanité à son égard… Au lieu de lui tendre la main et l'aider dans ces moments critiques et douloureux, Zembrano l'avait rejetée et ostracisée.
Pour sa quinzième sortie à bord du Rapace 209, le Lt. Helena Cain gardait le cap, elle avait entrée les coordonnées d'un astéroïde qui faisait partie de la ceinture d'astéroïdes Achéron dans le système Helios Gamma qui abritait les colonies Sagittaron, Libran, et Scorpion. Le rayon d'action du Rapace au niveau des bonds PRL était moins important que celui d'un Battlestar ou de tout autre appareil colonial. Cain avait tenté plusieurs fois, sans succès d'effectuer un bond PRL, mais au bout de plusieurs échecs elle comprit que le système de PRL de son Rapace avait été désactivé, sûrement sur ordres du commandant Zembrano.
Cain décida d'attendre une bonne occasion, voler un Viper lui serait très difficile, mais elle ne désespérait pas, elle était anxieuse et n'avait plus eu de nouvelle de l'amiral Karlson.
Elle avait essayé de glaner des informations parmi les membres d'équipages, mais elle n'obtint rien, si ce n'est que Karlson avait été transféré à l'hôpital militaire de Caprica City. Était-il mort ? Était-il toujours plongé dans le coma ? Elle l'ignorait, et cette incertitude la rongeait de l'intérieur, parfois le soir, elle se mettait à pleurer toute seule dans les toilettes…
Elle avait aussi des douleurs à la tête, elle ne savait pas si c'était le fait d'une ancienne blessure, elle en avait subi tellement au cours de ses années passées dans le semi-bordel de Alfy et Alfon sur Tauron, ou était-ce les effets secondaires des poisons que l'on lui avait inoculés ? Parfois, elle vomissait du sang…
Un infirmier lui avait dit qu'elle passait par une phase de retour après avoir frôlé la mort lors de sa tentative de suicide. Son corps réagissait ainsi. Il lui avait donné des médicaments pour calmer la douleur, mais plus le temps passait et plus elle se sentait aller de mal en pis.
Quand elle posa le Rapace 209 sur la surface de l'astéroïde, son copilote, le lieutenant Mario Gertro passa à l'arrière et commença à scanner l'astéroïde. Il dit après un moment.
- Ce rocher est composé de nickel et de fer, la flotte pourra en tirer assez de minerais pour alimenter les hauts fourneaux de Tauron et de Virgon.
Cain acquiesça, depuis quelques semaines, le haut commandement était à la recherche de gisements de minerais stratégiques, les cerveaux du haut commandement avaient appris à leur dépends que durant la guerre avec les Cylons, il fallait posséder des réserves stratégiques et secrètes de minerais utiles dans l'industrie de l'armement. Et la ceinture d'astéroïde Achéron était inexploitée depuis toujours.
- Je vais communiquer l'info à l'Artémis, ce rocher on va le marquer, ainsi la navette minière pourra le retrouver et l'extraire plus facilement du champ d'astéroïdes. Ajouta Gertro.
Cinq minutes plus tard, le Rapace 209 quittait la ceinture d'astéroïdes et regagnait le bord de l'Artémis.
Le Lieutenant Helena Cain en descendant de son Rapace alla remplir son rapport de mission, le capitaine Tullassa était son supérieur direct, il commandait l'escadrille de Rapaces de l'Artémis. Ce n'était pas un tendre, sous ses airs de gros débonnaire de vieux quadragénaire, il cachait un tempérament de fer et une discipline encore plus stricte, Cain le salua après avoir rempli son rapport.
Il l'arrêta quand elle passa devant lui.
- Lieutenant Cain… Dit-il.
Helena se mise au garde-à-vous et attendit que le Capitaine parle.
- Vous êtes un bon officier Lt. Cain, dites-moi pourquoi malgré vos compétences en matière de pilotage de Viper, vous a-t-on affecté à l'escadrille de Rapaces ?
Cain ne répondit pas, elle ne préférait pas trop en dire, elle avait appris à ses dépens que dire la vérité pouvait lui attirer des ennuis, comment aurait-elle pu expliquer au Capitaine le fait que le commandant de l'Artémis était jaloux d'elle uniquement parce qu'elle avait vu en elle une rivale. Elle salua le capitaine et lui donna une vague excuse, puis elle se dirigea vers les quartiers des pilotes.
Mario Gertro la rattrapa. Depuis quelques jours il n'arrêtait pas de la draguer. Mais elle ne s'occupait pas de lui, elle faisait son travail et rien d'autre, le sort de Karlson occupait son esprit tout le temps. Gertro était un coureur de jupon, c'était un bel homme, mais ses manières révulsaient parfois Cain.
Elle prit sur sa couche sa trousse et se rendit dans les douches communes.
À sa sortie du cachot, elle avait résolu de s'emparer d'un Rapace puis d'un Viper et de retrouver l'homme qu'elle aimait, peu importe si ce geste lui valait d'être chassé de la flotte colonial.
Elle prit une douche et puis alla se coiffé, elle était passé chez le coiffeur du bord quelques heures après sa sortie de cellule, elle avait remarqué qu'elle avait négligé son apparence, elle avait retrouvé sa coiffure normale coupée au ras de l'épaule, et de temps en temps elle se maquillait, elle voulait être belle le jour où elle retrouverait Terence Karlson.
En sortant des douches, elle croisa par hasard le Lt. Farber qui passait par là, celui-ci avait une mine triste.
Cain lui demanda ce qui lui était arrivé.
Le lieutenant Farber pu difficilement contenir son émotion, il s'appuya contre le mur de la coursive et jeta.
- Lieutenant Cain… C'est l'Amiral Karlson… On vient de nous annoncer qu'il était mort…
Cain ne sentait plus ses jambes elle recula et failli tombée à la renverse, un soldat qui passait par là la rattrapa et la fit s'assoir à même le sol froid de la coursive. Farber lui tourna le dos et commença à pleurer en silence.
La jeune femme était effondrée, si sur Aérilion l'annonce qu'avait faite Dowson de l'assassinat de l'amiral l'avait touchée et quasiment anéantie, son instinct de conservation au moment où elle allait être violée et puis tuée par Gibbert l'avait ramené à la réalité… Mais là, à bord de l'Artémis, isolée et rejetée par la meilleure amie de l'homme qu'elle aimait, cela l'avait terriblement affectée moralement et psychiquement.
Elle n'était plus présente, son corps était sur l'Artémis, mais son esprit divaguait quelque part dans les limbes du cosmos…
Elle entend une voix qui criait.
- Merde ! Amenez-la chez le docteur ! Elle nous fait une syncope !
Cain ne sentait plus son corps, ses muscles, elle était devenue froide…
Quelqu'un dit paniquer.
- C'est urgent ! Empêchez-la d'avaler sa langue ! Elle va claquer ! Vite appeler le docteur Monroe !
Le Lt. Farber transporta Helena Cain au pas de course à l'infirmerie, de la bouche de la jeune femme une bave toute blanche avait commencé à jaillir, ce qui effraya encore plus ceux qui croisaient son chemin dans sa course à travers les coursives.
Le docteur Monroe ausculta rapidement la jeune femme que le Lt. Farber avait déposé sur le lit à l'infirmerie, Monroe était un vieux docteur qui avait fait toute la campagne d'Helios Beta et le restant de la guerre Cylon aux côtés de l'amiral Karlson.
Lui aussi avait appris la nouvelle, et avait du mal à conserver son calme, ses mains tremblaient, si bien que son assistante, le docteur Suzanna, le seconda. C'était une grande blonde aux cheveux frisés et qui portaient des lunettes noires, elle était disait-elle allergique à la lumière artificielle du bord. Elle était originaire de Virgon, mais avait un fort accent Caprican.
- Regardé. Dis Monroe en ouvrant la bouche de Cain et en découvrant le sang.
Elle était pantoise, Monroe jeta un coup d'œil interloqué.
- Je ne comprends pas, elle avait tous les symptômes de la crise épilepsie, et maintenant elle crache du sang comme si elle avait eu un organe interne atteint… Dit Monroe.
Farber qui restait à l'écart était anxieux.
Monroe proposa.
- Nous devrions faire une radiographie du thorax et de l'abdomen. Dans son dossier médical, il est dit qu'elle a reçu une blessure au ventre.
- Vous ne pensez pas que son ancienne blessure s'est rouverte ?
Il acquiesça.
- Si elle a été mal suturée, il suffirait d'un coup violent porté au ventre pour rouvrir la plaie, et peut-être provoquer une lésion interne.
Farber sursauta et dit soudain.
- Docteur ! Je m'en souviens, c'était à Delphi, à l'hôpital, Zembrano et Cain se crêpaient le chignon je ne sais plus pour quelle raison, elle m'avait mis K.O. et je retrouvais petit à petit conscience, j'ai vu à un moment le commandant Zembrano donner un violent coup du genou dans le ventre de Cain.
Monroe ordonna très vite l'opération. On demanda à Farber de quitter la pièce, tandis que deux infirmières préparaient les instruments chirurgicaux.
La radio du ventre avait confirmé ce que le docteur Monroe avait diagnostiqué, une hémorragie interne.
Il fallait opérer de toute urgence…
L'opération dura huit heures. Mais à la fin Cain fut sauvée…
Si son corps avait été sauvé et guérit, son esprit et son âme avaient été atteints.
Elle était restée inconsciente durant vingt-quatre heures, elle avait reçu la visite de ses camarades, Zembrano n'était pas venue, Farber qui était resté à son chevet durant quelques heures après son opération lui avait dit que le Commandant était sur Caprica, l'annonce de la mort de l'amiral Karlson l'avait bouleversé autant qu'elle.
Helena Cain repensa à Zembrano, Farber était très triste de voir le lieutenant Cain ainsi. Elle dormait dans le lit d'hôpital de la petite salle de l'infirmerie, aux côtés de deux officiers en convalescences qui étaient maintenus dans le coma en attendant leurs transferts. Le souvenir de Karlson remontait à la surface, la perte de l'être aimé occupait ses pensées plus que son état physique. Elle savait qu'elle pouvait tout supporter, elle avait déjà tout supporté au cours de sa courte vie, était-elle née pour souffrir et voir les êtres qu'elle aimait disparaitre ? Elle voulait pleurer, mais les larmes ne venaient pas, c'était comme si à partir de la mort de Karlson toute forme d'émotion avait disparu chez elle.
Le Lt. Farber voulait lui redonner le moral et du baume au cœur, mais elle n'écoutait pas ses paroles d'encouragements. Elle finit par lui demander de partir.
- Laissez-moi tranquille Farber…
Le lieutenant se leva, il s'apprêtait à quitter la pièce, mais se ravisa, et commença à parler.
- Mademoiselle Cain je vous…
- Arrêtez ! Arrêtez ! Cria la jeune femme hors d'haleine.
Elle se mise péniblement sur le côté et le regarda droit dans les yeux, le Lt. Farber qui restait coi.
- Farber, oubliez-moi… je vous en supplie, oubliez-moi…
- Mais je vous aime !
- Assez !
Elle tremblait de colère.
- Farber faites ce que je vous dis, je ne vous aime pas, et jamais je ne vous aimerais… un amour à sens unique est la pire des tortures ! Vous voulez devenir un nouveau Commandant Zembrano et rester toute votre vie accrochée à une personne qui ne partage pas les mêmes sentiments ?
Il reçut les paroles crues de Cain comme autant de coups de poignard dans le cœur.
La jeune femme continua sur le même ton froid et dur.
- Passez à autre chose Farber, le seul homme que j'ai aimé est mort… je n'aimerais plus jamais un autre, et vous obstiner à me courir après pourrais causer votre perte…
Elle se recoucha, fatiguée… Farber ne dit plus un mot et quitta la pièce.
Une chose occupait l'esprit d'Helena Cain dorénavant… Zembrano, Zembrano, la femme qui lui avait arraché l'homme qu'elle aimait. Jamais elle ne lui pardonnerait. Elle décida que le Commandant paierait le prix du sang !
Helios Delta, Battlestar Artémis, vingt jours jours plus tard…
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
(29 ans avant l'Holocauste Cylon…)
Helena Cain était sorti de l'infirmerie après deux semaines temps solaire, la première chose qu'elle avait faite avait été de se rendre chez le coiffeur du bord, et de lui demander de lui raser le crâne ! Malgré ses réticences, le coiffeur obéit, surtout que l'expression de froideur qu'il avait lue dans le regard de Cain l'avait pétrifié. Il obtint quand même de lui couper les cheveux en brosse.
La jeune femme voulait laisser son passé derrière elle, s'enlaidir lui permettrait de passer inaperçu et de ne pas attirer les regards des hommes, de souffrir et de faire souffrir, Farber était un garçon gentil, elle l'avait repoussée violemment pour son bien.
À partir de ce jour le Lt. Cain devint encore plus renfermée et froide. Elle alignait les sorties de Rapace sans discontinuer, se proposait la première pour les sorties les plus dures et les plus dangereuses, elle n'hésitait pas à s'exposer au danger. Une fois elle avait failli écraser son Rapace au cours d'une mission de routine, pour oublier son chagrin elle avait commencé à boire, elle qui n'avait jamais supporté l'alcool.
Après chaque mission, c'était devenu un rituel, elle participait à des beuveries, elles étaient tolérées par les officiers supérieurs, car elles permettaient à certains éléments de décompresser. Le commandant Zembrano s'absentait souvent ces derniers jours, elle venait de rentré à peine d'un voyage sur Aerilion, où elle continuait son enquête en relation avec l'assassinat de son père et le meurtre de Taro, cela occupait son esprit, elle avait délégué au colonel Rufus le commandement de l'Artémis, qui continuait les manœuvres dans l'espace d'Helios Gamma.
Au cours de l'une de ces beuveries dans le mess des officiers, Cain frôla la mort…
Comme tous les jours après la fin du service, certains pilotes de Rapaces et de Vipers se réunissaient autour d'une table de Triade, un jeu de cartes populaire dans les Douze Colonies. Cain avait appris à y jouer durant son séjour à l'infirmerie.
Les enjeux pouvaient varier, l'un des plus prisés était le Strip-Triade, à chaque point perdu on devait ôter un vêtement, si bien que souvent le perdant se retrouvait nu comme un ver. Cain n'avait jamais perdu au jeu que ces chemises et quelques centaines de cubits avant de reprendre la main. La partie était bien entamée, et la bière de Virgon coulait à flot. Cain comme le reste des trois derniers joueurs en lice était on ne peut plus éméchée.
Elle avait un très bon jeu, des 'Couleurs', la main la plus forte, les autres ne devaient pas avoir un meilleur jeu selon elle, elle remit des cubits sur la table, Kaloda, un pilote de Viper qui avait le crâne rasé et des lunettes faisait la moue, Cain lui décocha une pique.
- Alors Kaloda ? Tu vas encore terminer à poil mon gars ! Tu suis ou pas ?
Elle s'adressa aux autres avec un air triomphant, Mario Gertro et Jeannie Pandora.
- Allez les amis, montrés votre jeu sinon !
Kaloda tenait ses cartes octogonales d'une façon désinvolte, il les jeta sur la table, il avait une mauvaise main. Jeannie Pandora montra son jeu, elle aussi avait une mauvaise main, Gertro, avala une rasade de bière avant de jeter son jeu sur la table… il avait comme les autres perdu. Cain prit les cubits sur la table. Mario Gertro se cala sur son siège et pesta.
- Merde ! Tu nous as encore ratiboisé Helena !
La jeune femme se leva de table ses cubits récoltés dans un mouchoir.
- Maintenant les amis, comme j'ai gagné avec la main la plus forte il va falloir que vous vous mettiez à poil ! Dit-elle le sourire aux lèvres.
Kaloda commença à ôter sa chemise, quand Gertro l'arrêta.
- Dis-moi Helena, tu connais le jeu de la balle qui tue ?
Il lui tendit une canette de bière, elle la saisit et la vida cul sec.
- C'est quoi ce jeu ? Demanda-t-elle intéressé.
Gertro jeta un regard en biais à ses deux camarades. Puis il se leva de table et alla chercher quelque chose dans son casier. C'était une arme, avec un barillet. Il le posa sur la table de jeu en face de Cain.
- On fait un pari Helena, je mise tout cela (il sortit de sa poche quelques cartes de crédit) il y en a un paquet… si tu gagnes cette fois tu empocheras tout cela…
Cain hésitait, son esprit était déjà embrumé.
- Et si je perds ? Demanda Cain en hoquetant.
Gertro se pencha vers elle et lui dit.
- Si tu perds, tu coucheras avec moi… on dit partout dans le vaisseau que tu es encore vierge.
Quand Kaloda entendit cela, il s'écria.
- Merde tu veux rire Mario ?
L'autre lui fit signe de se taire. Et demanda à Jeannie Pandora de venir à côté de lui. La jeune femme obéie, Gertro lui glissa un mot dans le creux de l'oreille, elle pouffa de rire et se rua vers son casier, elle revint très vite porteuse d'un bocal noir. Gertro regarda Cain et lui dit.
- Tu vois dans ce bocal il y a du miel de Géménon, quand je te ferai l'amour je te badigeonnerais avant, tout le corps avec…
Jeannie Pandora gémit et simula un orgasme.
- Tu vas voir ma chérie, dit-elle en se caressant le cou, Mario est le meilleur lécheur de miel de la Galaxie ! Il a une langue rugueuse…
Gertro déposa un baiser sur le cou de Pandora qui recula. Les autres applaudissaient, excités par le spectacle érotique.
Helena quant à elle, avait la tête qui tournait, elle se gifla pour reprendre un peu de contenance, sans comprendre pourquoi elle accepta le pari.
Gertro redevint sérieux et lui expliqua.
- Cette arme vient de mon père sur Géménon, c'est un sept coups, une seule balle, chaque tour tu vise un point de ton corps, la jambe, le bras, l'épaule, au quatrième tour ce sera la tête… jamais personne n'est arrivé plus loin que l'épaule, car à chaque nouveau tour on refait tourner le barillet. Si tu refuse de tirer durant un tour, tu perds.
Cain ramassa l'arme et s'assit en face de Gertro qui attendait son tour.
Elle visa sa jambe droite, les trois autres la regardaient avec attention, ils étaient nerveux, Cain appuya sur la gâchette, le coup ne partit pas…
Elle souffla, et posa l'arme sur la table, c'était au tour de Mario Gertro. Il saisit l'arme et fit tourner le barillet puis il tira sur sa jambe droite, le coup ne partit pas…
La tension était arrivée à un point que d'autres pilotes s'étaient joints au spectacle.
Cain tira directement sur son bras gauche, le coup ne partit pas… Gertro commençait à avoir des sueurs froides, Cain l'amenait vers un défi qu'il ne pouvait que relever, ses camarades l'encourageaient, lui aussi il eut de la chance, le tour de Cain vint encore, la jeune femme affichait une désinvolture accentuée par la bière. Elle visa et tira sur son épaule gauche, le coup ne partit pas… Gertro s'essuya le front avant de faire tourner le barillet au dernier moment il visa non pas son épaule gauche, mais la droite et il tira… cette fois le coup parti !
Il tomba à la renverse, ses camarades se précipitèrent sur lui, Cain elle le regarda froidement, il gisait dans son sang, elle ramassa l'arme tombée par terre et vérifia le barillet, elle constata qu'une deuxième balle suivait celle du coup de Gertro.
Elle hurla à ce dernier pleine de rage.
- Tu as voulu me tendre un piège ? Tu voulais me baiser ? Fils de pute ! Personne ne me touchera ! Jamais !
Disant cela elle porta l'arme contre sa tempe, les autres ouvrirent de grands yeux, aucun ne réagit, Cain ajouta d'une voix froide
- Tu pensais que je ne le ferais pas ?
Elle voulut appuyer sur la gâchette quand un bras puissant lui fit jeter l'arme d'où partit un coup qui résonna dans toute la pièce.
Il s'agissait de Farber, qui la retourna, et la réprimanda.
- Vous êtes devenue folle ? Vous voulez mourir ?
Cain ne dit pas un mot, elle évita son regard, elle frappa la table du pied qui tomba à quelques pas de Gertro blessé à l'épaule, elle quitta ensuite la pièce sans un mot.
Farber la vit s'éloigner abasourdi par son geste, après quelques instants il s'adressa aux pilotes en colère.
- Amenez-le à l'infirmerie ! Ordonna-t-il en parlant de Gertro.
Il était furieux.
Il ajouta en pointant du doigt le groupe de Gertro.
- Vous trois je vais vous tenir à l'œil, vous êtes nouveaux à bord de l'Artémis, et vous causer des ennuis depuis quelque temps.
Cet incident motiva la convocation du Lt. Helena Cain dans le bureau du Commandant Zembrano, de retour de Caprica.
Cain attendait cet instant depuis plus d'un mois, avoir en face d'elle le Commandant Zembrano !
Chapitre 05
Helios Delta, Battlestar Artémis, deux heures plus tard…
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
(29 ans avant l'Holocauste Cylon…)
Après avoir cuvé la bière qu'elle avait ingurgitée, elle entra dans les quartiers du commandant Erika Zembrano, Helena Cain ne s'attendait pas à la voir assise derrière son bureau à attendre sa venue, elle portait au bras droit un brassard noir de deuil. Cain comprit qu'elle avait assisté aux funérailles fédérales de l'Amiral Karlson, dont la radio du bord avait diffusé les grandes lignes il y a deux jours. Elle avait changée de couleur de cheveux, elle était passée du roux à la blonde platine, elle ignorait que Zembrano afin de passée inaperçu se grimait en blonde, sa photo était partout dans les douze colonies, elle n'avait que cette seule solution pour pouvoir continuer son enquête et suivre la piste des tueurs de l'ex-lieutenant Taro.
Cain, remarqua aussi, poser sur le bureau un pistolet standard colonial. Elle était entrée escortée par deux marines. Zembrano les congédia. Après un moment, elle s'adressa à Cain une fois seul avec elle.
- Qu'as-tu fait à tes cheveux ? Demanda-t-elle, remarquant sa tête en brosse.
Cain ne la regardait pas.
- Madame ce n'est pas vos affaires. Répondit Cain avec dédain, feignant de ne pas la voir.
Elle bouillait intérieurement…
Zembrano ne réagit pas au ton inamical de Cain, elle comprenait qu'elle puisse être en colère contre elle. Ne lui avait-elle pas fait mal ?
Elle se leva et passa devant son bureau, puis elle dit abruptement.
- Lena, es-tu devenue folle au point de vouloir te suicider ?
Cain l'ignorait, sa colère ne faisait que grandir au fur et à mesure que Zembrano parlait.
Zembrano lui dit après d'une voix douce et amicale.
- Lena, ne pourras-tu jamais me pardonner pour tout le mal que je t'ai fait ?
Cain répondit froidement.
- Jamais je ne vous pardonnerai ! Je n'ai même pas été autorisé à assister à ses funérailles.
Zembrano baissa les yeux.
Elle avait compris, elle saisit le pistolet qui se trouvait posé sur le bureau. Cain crut un moment qu'elle allait s'en servir, mais à sa grande surprise elle le lui tendit.
- Prends le Lena… Dit-elle la fixant droit dans les yeux. Je t'ai toujours considéré comme une amie, un peu comme ma petite sœur... je t'ai blessée et rejetée quand tu avais le plus besoin d'affection et d'une amie… je ne te reconnais plus, la jeune fille pleine d'ambition et de droiture que j'ai connue a disparu… à la place j'ai devant moi une créature qui joue avec sa vie et celle des autres, remplies de haine, prend cette arme et assouvie ta soif de vengeance… Vas-y prend cette arme, elle appartenait à Karlson si je dois mourir je préfère que cela soit une amie qui le fasse avec l'arme de l'être qui m'a toujours été le plus chère à mon coeur.
Cain saisi tout à coup le pistolet colonial, elle le fixa longtemps, et le braqua contre le front de Zembrano, elle avait une expression de colère froide, puis elle répondit à Zembrano la voix remplie de mépris.
- Si je suis devenue la créature que vous dites, c'est de votre faute… vous m'avez empêché de trouver l'amour et le bonheur que je cherchais depuis toujours. Votre attitude, votre jalousie à mon égard m'a fait souffrir à un point que vous n'imaginer, vous m'avez trahit, comme m'avait trahi ma meilleure amie Tina… Une seule personne m'est restée toujours loyal, il aurait pu me rendre heureuse, son amour était ce dont j'avais besoin, mais il est mort, jamais je ne pourrais vous pardonner de m'avoir empêché de l'aider à sortir du coma dans lequel il était plongé. Par dépit amoureux vous l'avez tué et vous avez aussi tué l'Helena Cain que vous aviez connue.
Elle posa arme sur le bureau.
- Vous tuer ne me le ramènerait pas, vous êtes tellement lié à lui, que vous tuez, ce serait aussi le tuer… Je veux que vous viviez et que le remords vous ronge comme le chagrin me ronge, un jour vous subirez le châtiment que vous méritez.
Zembrano encaissa les coups, Cain rajouta.
- Je voudrais être affectée à un autre Battlestar.
Zembrano acquiesca.
- Promets-moi au moins que tu ne feras plus de folies.
Cain lui décocha un regard glacial.
- Maintenant que je sais que vous allez souffrir autant que je souffre, je veux vivre et attendre le jour où je vous verrais mourir.
Cain tourna les talons et se dirigea vers le sas, Zembrano lui saisi la main gauche et la serra fort contre elle.
- Pardonne-moi Lena ! Dit-elle la voix rauque.
Helena Cain s'extirpa de son étreinte et voulut quitter la pièce. Mais Zembrano lui demanda de rester encore un peu.
Elle alla prendre une petite boîte métallique dans son armoire et la donna à Cain.
- Quand tu seras aux calme et seule, ouvre-la, tu y trouveras quelque chose.
Puis Cain sortit.
Zembrano ramassa le pistolet colonial et jeta le chargeur vide sur la table, elle le remplaça par un chargeur plein, Cain n'avait pas remarqué que l'arme n'était pas chargée, le poids de l'arme n'avait pas changé. Elle avait voulu tester la détermination de Cain, si elle avait tiré, Zembrano aurait été dans l'obligation de l'abattre, car elle pouvait représenter une menace pour elle et accessoirement le Cercle D'Arès, tels étaient les ordres du Cercle. Mais elle n'avait pas tiré, cela lui laissait du temps pour retrouver sa raison, c'était tout au moins ce que Zembrano espérait. Si Cain devenait incontrôlable par la suite, elle n'aurait qu'un choix. L'éloignée était la meilleure solution, qu'elle soit affectée à bord d'un autre Battlestar lui permettrait d'oublier et de se reconstruire, Zembrano craignait qu'elle ne se fasse encore du mal. Elle espérait ardemment que le contenu de la boîte métallique apaise sa haine.
Elle se demandait ce que cette petite boîte en métal pouvait contenir, Zembrano lui avait conseillé de l'ouvrir une fois au calme, malgré tout le ressentiment qu'elle éprouvait à son égard, Cain suivi son conseil et se rendit dans la Salle Tactique (ST) qui était utilisée pour le contrôle des opérations durant les batailles, elle était déserte, elle ferma le sas et posa la boîte sur la table. Elle avala un cachet contre la migraine et la gueule de bois. Elle avait décidé de quitté l'Artémis, peut-être qu'à bord d'une autre Battlestar le souvenir de Karlson s'estomperait, l'Artémis respirait Karlson, il avait été son Battlestar durant des années…
Le simple souvenir du passé la rendit à nouveau triste. Elle ouvrit la boîte. A sa grande surprise elle trouva un appareil étrange, une espèce de lunette métallique, une lettre était placée au fond de la boîte. Cain la prit et se mit à la lire.
Lena, je sais que tu ne me pardonneras jamais les souffrances que je t'ai infligées, au risque de ma vie je te confie ce Holoband… prends-le et retrouve celui que tu aimes…
Elle ne saisit pas les paroles de Zembrano, elle avait entendu parler des Holobands bannis dans les Douze colonies au moment du déclenchement de la Guerre avec les Cylons, elle n'en avait jamais vu, d'où sa surprise. On lui avait dit que le Holoband était une interface qui permettait d'entrer dans un monde virtuel appelé le Monde V.
Un peu hésitant Cain, posa l'instrument sur ses yeux, que voulait dire Zembrano ?
Soudain une lumière envahit ses yeux et tout son champ de vision changea, la pièce avait changée d'aspect, ce n'était plus la Salle Tactique avec son pupitre et son grand écran transparent DRADIS, son environnement avait changé… En lieu et place, elle se voyait sur une plage de sable jaune, comme sur Picon, les vagues qui se fracassaient sur les rochers très loin d'elle lui donnaient vraiment l'impression qu'elle était au bord de la mer comme autrefois, cette sensation d'avoir les pieds dans le sable chaud était vraiment réel. Les doux rayons du soleil d'Helios Alpha la revigoraient, elle n'avait plus éprouvé cette sensation depuis qu'elle était arrivée à bord de l'Artémis.
C'était étrange, mais elle se rendit compte qu'elle ne portait plus son uniforme, mais une longue robe blanche, elle se toucha le crâne et sentit le tissu d'un chapeau, un long chapeau, qu'elle ôta de sa tête. En jetant un coup d'œil dans la mer qui s'écrasait sur le sable chaud, elle vit son reflet, elle était vraiment élégante, durant quelques instants, la femme coquette qui sommeillait en elle prit le dessus. Ses cheveux avaient poussé au point qu'elle avait retrouvé sa chevelure soyeuse coupée au ras des épaules. Elle s'admirait, admirait son reflet, un sourire éclaira son visage.
Elle fut dérangée dans ses pensées par une voix lointaine, cette voix lui était familière… elle chercha du regard d'où elle pouvait provenir, car elle l'avait reconnue, et son cœur s'était mis à battre la chamade, elle courut vers les dunes de sable, hors d'haleine en atteignant le sommet elle chercha l'origine de la source de cette voix. Là bas sur sa droite elle aperçut une forme humaine qui se rapprochait. Elle commençait à distinguer mieux la forme, c'était un homme, il courait dans sa direction, le cœur d'Helena faillit bondir de sa poitrine, elle s'élança elle aussi à sa rencontre en criant.
- Karlson ! Karlson !
Chapitre 06
Caprica City, Caprica, une semaine plus tôt…
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
(29 ans avant l'Holocauste Cylon…)
La nuit était tombée sur la capitale de la planète Caprica, Carpica City, la ville grouillait toujours autant d'activité, la mégalopole et ses villes satellites ne dormait jamais rayonnait sur une large baie. Le Pont Panthéon était l'un des plus imposants ouvrages d'art de la ville, il enjambait la baie de Caprica, sa construction remontait à il y a presque cinquante ans. À cette heure de la nuit, le trafique sur le pont était très important.
Les bouchons étaient fréquents, ce qui ne rendait pas la tâche aisée au chauffeur de monsieur Ithaca. Assis à l'arrière en pleine lecture du Caprica Chronicle, le journal qu'il possédait. Monsieur Édouard Z. Ithaca était sans conteste l'homme le plus influent des Douze Colonies. Âgé de soixante-quinze ans, il avait fait fortune dans la papeterie avant de racheter plusieurs journaux, il avait étendu son empire au-delà de Caprica, il possédait plusieurs groupes de presse sur Géménon, Tauron, Canceron. Sous ses allures d'homme respectable et de bon père de famille se cachait un homme avide de pouvoir, et d'argent, une grande partie de sa fortune cachée venait du trafic d'armes. De loin le commerce le plus lucratif des Douze mondes de Kobol. Depuis des années, et même avant la guerre avec les Cylons, Ithaca avait trempé dans ce commerce.
Pour mieux comprendre, il faut revenir au lendemain du commencement des hostilités, lorsque les Cylons, les machines que l'homme avait créées s'étaient révoltés contre leurs maîtres, la révolte avait été soudaine et violente. La machine qui servait de gardien d'immeuble était devenue une machine de mort, tuant dans leurs sommeils des familles entières logeant dans l'immeuble. Le garçon de café mécanique, avait empoisonné les clients, le garagiste machine, avait saboté les véhicules, les machines soldats s'étaient révoltés dans leurs casernes. Si bien que dans les premiers jours du chaos, l'homme mit du temps à réagir.
C'est à ce moment qu'Ithaca était arrivé avec ces navettes de contrebande, proposant au plus offrant des armes pour se défendre, si bien que pendant des mois, ces navettes déchargent dans les docks de plusieurs mondes une grande quantité d'armes. Lorsque l'humanité réagit en levant en masse des soldats et en construisant des Battlestar, Ithaca suivit le courant et fournit aux villes qui étaient isolées et sous le feu des bandes de Cylons, des armes. À la fin de la guerre, Ithaca avait triplé sa fortune.
Aujourd'hui, il avait rendez-vous avec un client important en dehors de la ville. Il ne rencontrait jamais ses clients dans son bureau, en homme discret, il préférait ne pas attirer l'attention sur lui, c'était là l'un des succès de sa réussite, ne jamais faire parler de lui, si bien que rares étaient les personnes à le connaitre.
La voiture s'arrêta à un tournant qui conduisait à une petite clairière située à la base de l'un des piliers du Pont Panthéon sur la rive droite.
Ithaca descendit de voiture se dégourdir les jambes, il faisait froid, son chauffeur resta dans la voiture. Ithaca n'avait pas besoin de protection.
Un homme arriva depuis les fourrées, il portait une longue barbe et des lunettes. Il salua Ithaca.
- Vous êtes à l'heure pour une fois Jubba. Lui dit Ithaca les mains dans les poches.
- À contrat important, heure importante. Répondit l'autre.
Ils commencèrent à s'éloigner de la voiture.
- Est-ce que tout est prêt pour le jour J ? Demanda Ithaca.
- Oui, toute notre équipe est sur les lieux, il ne manque plus que l'occasion, ce sera difficile…
- Je compte sur vous, vous avez déjà reçu une avance…
- Ne vous inquiétez pas l'homme qui est en charge de ce contrat est le meilleur sur le marché. De plus, il sera assisté par le fameux 'Liquidateur'. Vous voyez j'ai mis toutes les chances de notre côté.
Ithaca admira un moment le ciel étoilé.
- Il nous faut aussi faire taire cette personne, elle est devenue trop curieuse…
- Ne vous inquiétez pas, dès que notre homme n'aura plus besoin d'elle, il la fera disparaitre.
Elle courait à en perdre haleine, quand finalement elle tomba dans ses bras, elle l'inonda de mille baisers sur la joue, Karlson la laissa faire, sa joie était immense, elle n'en croyait pas ses yeux, il lui était revenu, elle était inondée de bonheur, les larmes avaient laissé la place à l'allégresse, après ces longs moments où elle resta la tête blottie contre lui, elle finit par lui dire.
- Karlson ! Tu m'as tellement manquée…
Karlson posa sa main droite sur sa joue et lui essuya une larme, il répondit d'une voix douce et tendre.
- Lena, c'est toi ?
Elle caressa sa joue et posa sa tête dans le creux de son épaule.
- Karlson…
Elle était heureuse, tellement heureuse… Après un moment où la joie l'avait rendue muette, elle finit par lui demandée d'une voix à peine audible.
- Comment se fait-il que tu sois ici, dans le monde V ?
Karlson mit ses bras autour d'elle, elle sentait qu'il voulait la retenir. La chaleur de son corps était apaisante, assise dans la Salle Tactique elle avait l'impression que tout était réel, les sensations qu'elle ressentait dans le monde V envahissaient son esprit et son corps. Elle était submergée de bonheur.
- Tu veux le savoir ? Tu as le droit, et bien c'est une longue histoire. Dit Karlson.
Elle l'écouta narré le moment où dans l'hôpital il avait senti et entendu sa voix, son esprit, disait-il revenait petit à petit d'entre les limbes… Mais ce fut le silence, et quand plus tard il rouvrit les yeux il s'aperçut qu'il se trouvait dans le cottage, dans le salon, Erika Zembrano était présente, ainsi que le Dr Cyrus Xander. Ce dernier lui avait expliqué que les médecins militaires de l'hôpital de Caprica City avaient décidé de transférer son corps dans une base secrète, un laboratoire secret où les scientifiques de la Fédération étudiaient un moyen de vaincre la mort.
Pour sauver sa vie, on devait le plonger dans le coma artificiel, en espérant qu'il en sorte de lui-même ou l'aider à l'en sortir, mais plus il passait du temps dans le coma plus des lésions au cerveau serait à craindre, et l'armée ne voulait pas perdre un cerveau fort utile, Xander en tant qu'ancien concepteur du Holoband proposa de déchargé la mémoire et son esprit via une nouvelle interface neuronale dans un monde virtuel qui n'était accessible qu'à un cercle restreint trié sur le volet, dont Zembrano et Xander faisaient parties. Ceci afin d'éviter les piratages informatiques et occasionnellement que Karlson livre des secrets militaires… Le périmètre entourant le cottage était uniquement 'joignable' par les possesseurs d'un Holoband de conception révolutionnaire, et Zembrano ainsi que Xander possédait ce modèle, ainsi personne en dehors du périmètre ne pouvait entrée et de ce fait, espionner.
- Quand tu sortiras du coma, tu retrouveras ton esprit sauvegardé dans ce monde virtuel ?
- Oui, je l'espère. Répondit-il. Erika m'a rendu visite plusieurs fois et elle a bon espoir…mais je crains qu'il nous faille attendre longtemps...
Il lui sourit, puis la souleva et la prise dans ses bras, elle soupira.
- N'en parlons plus, tu es là, et je ne rêve pas…
- Oui Lena, dit-il, oui je suis là.
Elle voulut l'embrasser, cette fois sur la bouche, mais il se détourna.
Il passa sa main sur sa chevelure, Helena était tellement heureuse de le voir. Elle et Karlson restèrent ainsi à contempler le soleil, la chaleur de l'astre diffusait sur eux une aura électrisante. Elle sentait que Karlson restait distant par principe et non parce qu'il le voulait, ses yeux lui disaient qu'il l'aimait, la manière dont il avait de la serrée dans ses bras, tout, la confortait dans son idée que Karlson n'osait pas se déclarer, elle le connaissait, il n'était pas le genre d'homme à ouvrir son cœur, mais en repensant à l'attitude ultraprotectrice qu'il avait eue à son égard dans le restaurant le Tauron, son cœur lui disait de ne plus hésiter, elle finit par lui dire.
- Je t'aime…
Elle attendait sa réaction… mais il ne réagit pas, se contenant de s'éloigner un peu.
Elle insista et lui raconta avec un peu de timidité dans la voix à quel moment elle était tombée amoureuse de lui. Elle lui ouvrait son cœur finalement.
À ce moment, elle perçue dans l'attitude de Karlson un changement, il souffla. Et il finit par lui dire comme s'il se forçait.
« Je me souviens encore du jour, c'était il y a neuf mois, tu étais venu ici même sur la plage, tu portais cette robe blanche magnifique et un grand chapeau pour te protéger du soleil… Moi je venais de rentré de mission à bord de l'Atlas, je ne m'attendais pas à recevoir ta visite, quand je suis descendu sur la plage, et que je t'ai vue tellement belle et si rayonnante, je… j'eus du mal à me retenir de te prendre dans mes bras et de t'embrasser…mon cœur brûlait d'un désir fou… le coup de foudre, je ne te voyais plus comme ma petite Lena, mais comme une femme désirable, mais mon esprit me disait que je ne pouvais pas… je ne devais pas retomber amoureux et risquer de souffrir encore… »
Helena l'écoutait avec attention et frénésie, son cœur battait si fort à chacune de ses paroles qu'elle crut qu'il allait sortir de sa poitrine, il lui avouait son amour à sa manière…
Il reprit la voix grave.
- Je craignais aussi que tu me repousses… Si tel avait été le cas, je t'aurais perdu à jamais.
Helena le dévisagea les yeux remplis de joie.
« Pourquoi n'as-tu pas cédé à l'appel de ton cœur ? Pourquoi mon amour ne m'as-tu jamais dit cela avant ? Si tu l'avais fait ce jour la, je me serais donné à toi sans hésiter, je t'aimais déjà depuis si longtemps, j'attendais de ta part un signe, n'importe lequel de tendresse… quand je t'ai vu sur la plage venir à ma rencontre ce jour-là j'avais cru que tu céderais… nous étions seul, personne n'aurait pu nous surprendre, nous aurions pu même vivre notre amour dans le secret…et tout aurait été différent. »
Karlson haussa les épaules.
« Lena, que de regrets j'ai eus ce jour la de ne pas t'avoir avoué ce que je ressentais au fond de mon coeur… je n'avais jamais réalisé avant à quel point je t'aimais… ce n'est que quand Walters dans le restaurant s'en est pris à toi, que j'ai compris que j'allais te perdre, je sentais que j'allais exploser, je bouillais intérieurement de te voir aussi perdue, ce n'est que la pensé de te voir blesser qui m'a fait reculer, je voulais à tout prix t'arracher à elle... Et quand tu es parti avec elle, mon monde faillit s'écrouler, je savais que Walters voulait te faire du mal et j'ai tout fait pour te retrouver durant tout ce temps, mais tu avais littéralement disparu. J'ai imaginé le pire, ta mort me hantait. Ce qui m'a empêché de devenir fou était le projet de Viper Furtif… Pour éviter de penser à toi, je me suis plongé corps et âmes dans le projet, au point de me proposer pour le vol à bord du Furtif, si je devais mourir je préférais mourir en service, car je pensais t'avoir perdue… mais après Roxana est réapparu et puis c'est le trou complet. »
Ce que venais de lui raconté Karlson l'avait émue à un tel point qu'elle resta silencieuse durant de longues minutes, ils étaient enfin réunis pensait Cain et c'était tout ce qui comptait.
- Voilà Lena, tu sais tout maintenant…
Il fit un pas dans sa direction, Helena sentait qu'il hésitait, elle voulait tomber dans ses bras et l'embrasser, mais il s'arrêta.
- Lena… c'est trop tôt… ici dans le monde V je ne crains pas de te dire les choses telles qu'elles sont, mes sentiments à ton égard… mais dans le monde réel, je sens que je ne pourrais jamais franchir le pas comme je l'ai franchi ici.
La jeune femme comprenait, Karlson avait une personnalité complexe.
- Peut-être est-ce le destin qui nous a permis de nous retrouver ici, quand tu regagneras ton corps ce que tu auras vécu dans le monde V t'ouvrira les yeux. Tu comprendras à quel point je t'aime et à quel point tu m'aimes.
Il posa sur elle un regard plein de tendresse, il lui demanda de la suivre, ils marchèrent le long de la plage et gagnèrent un petit cottage qui bordait la plage, Cain le reconnu, il s'agissait de la résidence de la famille Karlson sur Picon. Là où elle passait ses vacances.
Elle trouva l'endroit exactement pareil à celui qu'elle avait connu dans le vrai monde.
Karlson, se dirigea vers la cuisine qui était à l'entrée, Cain, admirait le décor, elle n'arrivait pas en croire ses yeux, ce monde V était comme le vrai monde ! Elle comprit que Zembrano lui avait donné l'Holoband afin de venir le rejoindre.
Il revint porteur d'un plateau, une bouteille d'Ambrosia et deux verres. La liqueur vert prisée de la haute société.
Elle s'assit sur le fauteuil du salon, elle avait l'habitude de s'y étendre après avoir pris un bain de mer autrefois quand elle venait en vacance.
Karlson lui tendait un verre rempli à moitié. Elle avala la délicieuse liqueur, tandis que Karlson s'installait sur le fauteuil en cuir qui lui faisait face.
Karlson tourna la tête de côté, il dit à haute voix.
- Ma vieille amie Erika… Je dois te dire merci de m'avoir permis de revoir Lena…
Cain posa son verre sur le sol, et se leva, elle le rejoignit et s'assis sur l'accoudoir du fauteuil, elle toucha son visage tendrement avec la main gauche, elle ne voulait pas lui parlé de Zembrano et de ses derniers évènements, elle savait qu'il le prendrait très mal.
- Ne parlons pas de Zembrano, profitons du moment mon amour. Dit-elle.
Elle voulut encore l'embrasser, mais une fois de plus, Karlson se déroba et il avala une rasade d'Ambrosia, il lui tint la main droite.
- Lena, il ne faut pas…
Cain ouvrit de grands yeux, elle était contrariée.
- Ne m'as-tu pas dit il y a quelques minutes que tu m'aimais ? Qui y a-t-il de mal à nous aimé ? Zembrano, elle, a compris la nature de nos sentiments respectifs.
Il se tint la tête entre les deux mains, il semblait lutté intérieurement contre quelque chose, puis il agrippa les deux mains de Cain et il lui dit avec véhémence.
- Lena n'a-tu pas compris que ce qui t'est arrivé avec Walters est entièrement de ma faute ! C'est parce que Walters avait deviné que je t'aimais et que j'étais prêt à tout pour toi, qu'elle s'en est prise à toi… Si je reviens dans le monde réel, je ne ferais encore que t'exposer au danger, mes ennemis me guettent, Walters a encore des soutiens et des amis et ils pourraient s'en prendre encore à toi pour m'atteindre, et cela je ne le veux pas.
Helena l'avait laissé parlé, il ne voulait plus lâcher ses deux mains comme si sa vie en dépendait, elle avait désiré connaitre la raison de ses réticences à exprimer son amour à l'acceptée elle, maintenant Karlson lui avait dit tout. Ainsi donc, il se sentait coupable de tout ce qui lui était arrivé… et ses paroles étaient celles de quelqu'un qui avait peur, non pas pour lui, mais pour elle, elle remarqua avec frayeur qu'il avait dit : si je reviens dans le monde réel. Comme si la perspective de rester à tout jamais dans ce monde virtuel était la solution qu'il envisageait pour la protéger, elle ne voulait pas cela, non non, se dit-elle, il devait revenir, lui revenir.
Entre-temps, Karlson lâcha ses deux mains, il se leva du fauteuil, elle le suivit du regard, il alla prendre un livre sur l'étagère. Il le feuilleta.
Elle se dit à elle-même qu'elle avait raison, elle avait toujours su qu'il l'aimait, malgré les dénégations de Zembrano, et les souffrances qu'elle avait vécues, elle se sentait maintenant revivre. Dans le monde réel, ils n'avaient pu s'avouer leur amour ou se retrouver, ils s'étaient ratés à plusieurs occasions, Cain voulait profiter de chaque instant de bonheur, car elle savait que le bonheur était un bien fugace et temporaire.
C'est à ce moment qu'elle décida qu'il fallait qu'elle le sauve, le sauve de lui-même et de son amour protecteur.
- Je t'aime, et je sais que tu m'aimes, pourquoi le cachez dans le monde réel ? Karlson, lorsque tu seras de retour dans le monde réel, voudras-tu m'épouser. Demanda-t-elle.
Sa réponse ne se fit pas attendre.
- Le Karlson ici te dirait que vivre à tes côtés pour toute la vie est son souhait le plus cher… mais le Karlson du monde réel, te dirait non… ta vie sera constamment menacée aussi longtemps que tu resteras proche de moi…
Elle s'emporta contre lui, sa façon quasi hypocrite de lui parlé l'agaçait, c'était un trait de caractère de l'éducation raffiné sur Picon, Karlson était trop imbu de cette éducation qu'il cherchait à tout prix à fuir la vérité de son cœur, cela, Helena ne le supportait plus. Elle dit tout à coup rouge de colère.
- Ne t'occupe pas de ce qui pourrait m'arriver si je continuais à te fréquenter…oublie le Karlson du monde réel, ton esprit est ici dans le monde V et c'est ce qui compte, c'est ici que tu décideras quoi faire de notre relation, je t'aime à la folie, et je sais que tu m'aimes, oublie le monde réel, laisse derrière toi cette armure protectrice qu'est ton éducation Picone, écoute ton cœur il te dira quoi faire…
Un silence pesant tomba alors sur la pièce, Cain était hors d'haleine, son ultime cri du cœur l'avait épuisé. Il passa un long moment au cours duquel ils restèrent silencieux, plongés dans leurs pensées, puis, Karlson remit le livre dans l'étagère, et revint près du fauteuil, il tenait dans sa main droite, quelque chose qu'il tendit à Helena, c'était une photo d'eux prise il y a deux ans dans un parc de Caprica city, elle s'en souvenait, elle venait de quitté le collège Athéna de Picon pour entrer à l'académie militaire, comme cadeau, Karlson lui avait offert un voyage sur Caprica.
Il lui caressa tendrement la joue et il dit.
- Tu vois cette photo, je l'ai conservé dans ce livre, je la gardais avant dans mon bureau à bord de l'Atlas. Quand je la regardais parfois quand j'étais las, en pensant en toi et à ta vie faite de souffrance, je tirais la force de continuer à me battre pour protéger les douze colonies et te protéger toi, l'être le plus cher à mon cœur. La flotte coloniale était une partie de ma vie, mais ma vraie vie, c'est toi.
Karlson l'attira tout contre lui, Helena se laissa faire, il l'embrassa sur la joue en lui disant.
- Comme je t'aime Lena, j'ai du mal à croire que notre amour soit réel…mais il y a une chose qui est encore plus importante que notre amour… et c'est pour cette raison que j'ai demandé à Erika de te permettre de me rejoindre ici dans le monde V.
Il lui tint la tête entre ses deux mains et plongea ses yeux dans les siens, elle voulait parlée, mais il ne la laissa pas.
- Écoute-moi Lena, j'ignore combien de temps je resterais dans ce monde V, peut-être à tout jamais…
- Ne dis pas cela ! Fit Cain la voix tremblante.
- Ne m'interrompt pas… Ce que je vais te dire est très important, j'ai fait le serment de défendre les Douze colonies de Kobol, toute ma vie j'ai accompli mon devoir, en ne pensant qu'à la guerre avec les Cylons, ce que je vais te dire peu de gens le connaissent, je fais partie d'une organisation pan colonial appelé Cercle d'Arès, dont l'objectif est la protection es Douze colonies, Erika en fait partie aussi, je te dis cela parce que j'ai une confiance absolue en toi.
Cain était troublé.
Karlson continua sur le même ton sérieux.
- Depuis le sabotage du Furtif et ma disparition, le Cercle d'Arès a pris une autre voie que celle que je préconisais. Moi et Wallis avons le même objectif, la destruction des Cylons, mais nous différons par la manière. J'ai toujours été partisan d'une attaque préventive du monde Cylon, c'est pour y arriver que j'ai mis toutes mes forces dans le projet de Furtif… Mais Wallis, lui est partisan de l'attaque frontale. Il m'a trahi, Erika devait me succéder au commandement de l'escadre Artémis, mais il a placé un de ses fidèles, malgré mes instructions, et l'entrée dans la course à la présidentielle de De Tage complique encore plus les choses, si De Tage la va-t-en-guerre accède à la présidence, je crains que les Douze colonies n'entrent en guerre ouvertement avec les Cylons et connaissant leurs perfidies, je crains qu'ils ne nous attaquent bien avant.
La perspective d'une nouvelle guerre effrayait Cain… Elle en avait connue une et connaissait le lot des souffrances qu'apportait la guerre.
Karlson tenait la tête de la jeune femme entre ses deux mains comme un hypnotiseur. Cain l'écoutait sans réagir.
- Ce que nous ressentons l'un pour l'autre, nous devons le laisser de côté, si tu m'aimes tu comprendras que l'avenir de milliards d'êtres humains dépend de ce que nous ferons toi et moi… Nous manquons de temps Lena, il y a quelques minutes je t'ai ouvert mon cœur, maintenant que tu sais ce que je ressens pour toi, je veux qu'au nom de notre amour, tu fasses tout ce que je te dirais.
Elle lui saisit ses deux mains, tout ce qu'il disait, elle l'avait comprise comme une façon de lui expliquer qu'il ne reviendrait jamais. Alors, elle lui dit avec véhémence.
- Comment pourrais-je vivre maintenant sans toi ? Tu m'as dit que tu m'aimais, et pourtant tu agis comme si tu étais toujours mon tendre ami…
Elle posa un baiser sur ses lèvres. Karlson la giffla. La jeune femme s'écarta de lui, elle était bouleversée par son geste, jamais il ne l'avait frappée. Ce geste lui rappela tout à coup les sévices qu'elle avait subis dans le bordel d'Alfy et Alfon. Elle tremblait de colère.
Karlson remarquant son attitude s'excusa pour son geste.
- Lena ! Tu ne comprends pas ! Tu es pour moi la seule personne qui soit capable d'éviter à la race humaine de disparaitre !
- Non non ! Hurla Cain les larmes aux yeux. Je te déteste !
Soudain il y eut un flash et Cain retrouva le monde réel, elle tourna la tête plusieurs fois, elle avait perdu la connexion. Elle avait ôté son Holoband. Elle le déposa dans la boîte en métal, elle avait les larmes aux yeux.
Chapitre 07
Helios Delta, Battlestar Artémis
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
(29 ans avant l'Holocauste Cylon…)
Durant les jours qui suivirent, Cain ne fit que repenser à sa rencontre dans le monde V, elle était très triste, Karlson l'homme qu'elle aimait la voyait uniquement comme un instrument à son service dans sa guerre avec les Cylons. Elle avait cette étrange sensation qu'il s'était jouée d'elle… une sorte de chagrin d'amour s'emparait petit à petit d'elle, et le soir dans sa couchette il n'était pas rare que ses voisins de chambré l'entendent pleurée.
Cain ne trouvait le réconfort que dans l'amitié du docteur Suzanna, après ses heures de service à bord de son Viper, Cain meublait ses fins de journées en sa compagnie, elle s'était liée d'amitié avec elle le jour où elle avait été admise à l'infirmerie du bord pour son hémorragie interne.
Durant sa convalescence, Cain avait appris entre autres à jouer au jeu de cartes Triade, mais aussi avait découvert que le docteur Suzanna était, tout comme elle, une admiratrice de Jason Tony, célèbre acteur de cinéma dont l'heure de gloire remontait avant la guerre Cylon. Au début, à l'infirmerie Suzanna lui apportait des romans-photos de sa collection personnelle, pour passée le temps elle dévorait ses histoires de pirates, de brigands au grand cœur.
Romantique dans l'âme, Helena Cain, avait toujours rêvé de rencontrer un homme qui ressembla à Jason Tony, plein de fougue et de verve, il était prêt à escalader une muraille pour aller sauver sa bien-aimée. C'était le premier héros de son enfance, elle se souvenait durant la guerre avec les Cylons des séances de cinéma de son quartier organisé dans une cave pendant que la ville était la proie de bombardements éclair des Raiders cylons.
Les personnages de Jason Tony, avaient positivement apaisé ses peurs durant les raids Cylons. De temps en temps, Cain rendait visite à Suzanna dans ses quartiers, elle y avait découvert une collection incroyable de films de Jason Tony. Elle en était ébahie, chaque fois, qu'elle lui rendait visite, elles se passaient des films de Tony. Il arrivait parfois, qu'elles restent tard à revoir trois ou cinq films d'affilés de Tony. Jamais Cain n'aurait imaginé trouvée à bord de l'Artémis une admiratrice aussi dévouée.
A son grand regret elle dû s'avouer à elle-même que Suzanna en matière de 'Tonylogie' la dépassait d'un cran, il lui arrivait durant les séances de débité instantanément tous les dialogues du film !
Helena était trop fine pour ne pas comprendre que la passion de Suzanna pour cet acteur de légende mort il y a soixante ans, était pour elle comme un refuge, une forteresse qui lui permettait d'échapper à la dureté de la vie. Elle avait dû souffrir énormément se disait, Cain, elle sentait que Suzanna cachait une profonde blessure.
Elle se sentait de plus en plus proche d'elle, car elle aussi avait des blessures à cicatriser, la trahison de sa meilleure amie Tina Marona était une plaie encore béante, Cain était une femme sentimentale. En se liant d'amitié avec le docteur Suzanna elle voulait en quelque sorte retrouver le goût à la vie, l'amour qu'elle éprouvait pour Karlson lui avait redonné de l'espoir dans le genre humain, si l'homme qu'elle aimait de tout son être lui était revenu, pourquoi donc ne pas essayer de s'ouvrir aux autres.
Bien sûr, à bord de l'Artémis, il y avait Erika Zembrano, mais elle l'avait toujours considéré comme sa grande sœur, mais pas comme une amie intime, car entre elle et Zembrano il y avait un véritable gouffre, elles n'avaient rien en commun, Zembrano était une femme sophistiquée, la plus belle femme de l'univers, et elle restait éternellement le commandant de l'Artémis, elle ne partageait jamais son dîner avec qui que ce soit, on ne la voyait jamais déjeuner dans le mess des officiers.
Le commandant Zembrano mettait entre elle et tous les membres de l'équipage une barrière, cette barrière, Karlson l'avait aussi érigé, il disait que le commandant d'un Battlestar ne devait jamais être intime avec ses subordonnés, car à la bataille, il aurait à sacrifier des vies, et peut-être celle de ses subordonnés.
Zembrano imitait en cela Karlson, femme à poigne elle déroutait Cain, qui malgré tous ses efforts n'avait jamais réussit à trouvé le moindre centre d'intérêt commun qui aurait pu servir à briser le mur qu'elle établissait entre elle et les autres. Zembrano comme Karlson n'avaient en réalité que peu d'amis, Cain se souvenait des paroles de Walters au sujet de ce dernier :
Il faut savoir choisir ses amis, c'est la raison pour lequel des gens comme moi ou votre ami l'Amiral ont si peu d'amis, car voyez-vous parfois les amis nous attirent des ennuis…
Oui, cette méfiance à l'égard des autres que nourrissaient Karlson, Zembrano et Walters était légitime, tous les trois avaient dû souffrir de la trahison d'un ami, elle aussi avait payé le prix fort ce genre d'amitié mal placée, mais au fil du temps, Helena se rendit compte qu'elle perdait sa jeunesse à rester isolé et cloitrée comme une nonne.
Son éducation sur Picon avait fait d'elle une petite fille modèle, comme toutes les filles de bonne famille sur Picon, mais elle, Helena, en son for intérieur savaient qu'elle n'était pas Picone et que cette éducation stricte pouvait bien convenir à Karlson, mais elle, non, elle était tauronne, le sang tauron coulait dans ses veines, celui d'une race fière.
Ce fut par goût du risque qu'elle avait accepté de suivre Tina Marona dans les quartiers chauds… C'était le côté subversif de Tina qui l'avait toujours attirée, elle était tellement hardie et n'avait peur de rien, que Cain en fille bien sage profitait de l'occasion pour quitté son vernis d'éducation Picone et redevenir tauronne de temps en temps.
C'était exactement ce sentiment qui l'avait attirée chez le docteur Suzanna, cette femme était une vraie femme, elle lui apprenait la vie, jamais Zembrano ne lui aurait montré comment une femme doit se comporter devant l'homme qu'elle aime. Ou comment une femme marche avec élégance.
Zembrano, était tellement martiale et aussi emporté quand elle n'aimait pas quelque chose, que Helena n'avait pas osée s'habiller en robe la semaine dernière pendant le bal sur la station Scorpion, de peur qu'elle lui arrache la robe, et la traite de catin. Elle la surveillait constamment, la chaperonnée serait le terme exact.
L'amitié de Suzanna lui permettait d'échapper à ce carcan dans lequel l'avait mise Zembrano, depuis sa tentative de suicide dans le mess des officiers, Cain n'avait plus guère l'occasion de s'amuser. Au fil du temps, les deux femmes devenues des amies intimes commencèrent à se tutoyer et à parler de leurs vies respectives. Suzanna lui avait parlé au cours d'un dîner au mess des officiers de son enfance malheureuse sur Virgon, de son père ivrogne mutilé de guerre et de sa mère qui les avaient quittés à sa naissance, son récit était si poignant et ressemblait tellement au sien, que Cain se sentie encore plus proche d'elle.
Tant et si bien qu'elle lui proposa un jour de devenir sa sœur. Suzanna n'avait pas bien saisi. Elle lui parlait d'une coutume ancienne sur Tauron. Cain sortie de sa poche son canif qu'elle avait apporté spécialement, elles étaient dans les quartiers de Suzanna.
Helena était heureuse à l'idée d'avoir trouvé une sœur de substitution, sa petite sœur avait disparu à la fin de la guerre avec les Cylons. Elle lui manquait et le trou laissé vacant dans son cœur elle voulait que Suzanna le remplisse.
En lui montrant le canif elle lui expliqua.
- Irena, cette cérémonie est ancienne, elle est de tauron, plus précisément elle vient des Enfants d'Arès…
Suzanna fronça les sourcils, elle connaissait les enfants d'Arès, ils étaient une branche du peuple tauron qui vivait dans l'hémisphère sud de la planète, ils avaient la peau plus tannée que les taurons septentrionaux, et ils parlaient un dialecte tauron différent de celui des nordistes.
En plus, ils ne pratiquaient pas la coutume du tatouage, car leur foie leur interdisait toute forme d'altération du corps donné par les Dieux, un Dieu surtout, Arès qui avais forme mi-humaine et mi-taureau, c'est pour cette raison que cet animal était aussi vénéré par eux comme un Dieu.
- Es-tu des Enfants d'Arès ? Posa Suzanna curieuse.
Cain acquiesça.
- Mes grands-parents oui, ils se sont installés à Hypathia, la capitale de Tauron. De mes racines sudistes je n'ai conservé que quelques mots du dialecte de mes grands-parents tel que le mot duni pour terre, et sif pour rivière, et le respect pour le Dieu Taureau…
Suzanna était intéressé. Elle avait compris pourquoi Helena avait ses yeux en amandes si caractéristiques des sudistes.
- Lena, en quoi consiste cette cérémonie ?
Helena ouvrit le canif, la lame se détendit et elle posa sa main gauche sur la table. Elle se fit une entaille au niveau du pouce, le sang commençait à couler, elle tendit son pouce en direction de Suzanna qui se laissa faire, Cain posa son pouce sur son front et avec son sang; elle dessina deux motifs représentant la lune de tauron : Minos, et Tauron. Puis Cain entailla le pouce de Suzanna et guidant sa main elle lui fit dessinée les mêmes motifs sur son front, Suzanna riait. Cain dit solennellement.
- Comme Tauron et Minos sa petite sœur, toi Irena Suzanna et moi Helena Cain aujourd'hui nous devenons sœur de cœur. Par ce serment nous jurons l'une et l'autre de rester toujours unis comme le sont des sœurs. Si l'une d'entre-nous ne respectait pas ce serment, quelle soit maudite à jamais.
Suzanna et Cain se félicitèrent tout sourire, Cain était des deux la plus heureuse, une sœur, elle avait trouvé une sœur !
Helios Delta, Battlestar Artémis, trois semaines plus tard…
11 ans après la fin de la première guerre Cylon
(3 ans avant l'épisode sur Leonis)
(29 ans avant l'Holocauste Cylon…)
Le Commandant Erika Zembrano montait les marches qui menaient au cottage où elle savait trouver Terence Karlson.
Cet endroit avait été créé par lui d'après ses souvenirs, ce lieu il l'aimait. Le ciel était toujours bleu et ensoleillé, comme souvent, ses visites étaient quotidiennes, elle aimait le retrouver dans cet endroit calme et apaisant. Karlson avait bien accepté ce monde, la première fois, on avait craint qu'il ne réagisse pas bien. Mais c'était un homme de caractère.
Depuis une semaine, Zembrano n'avait plus eu l'occasion de placer dans ses nombreuses conversations un sujet relatif aux Douze colonies, à la politique ou au Battlestar… non, Karlson lui demandait tout le temps des nouvelles de Helena Cain, cela inquiétait Zembrano.
Zembrano en vint même à regretté de lui avoir remise l'Holoband, mais elle n'avait pas eu le choix, quand elle avait raconté à Karlson l'incident dans le mess des officiers où Cain avait failli se brûler la cervelle, il lui avait demandé de toute urgence à la voir. Au moins se disait-elle pour se consoler, Cain l'avait oubliée et ne pensait plus à se venger…
Si elle rendait visite à Karlson c'était pour prendre de ses nouvelles, mais aussi avoir son opinion sur tel ou tel questions, elle voulait surtout abordé le thème des mystérieux conspirateurs de Géménon responsable de la mort du .
Comme à son habitude, Karlson en la voyant entrée, lui proposait de s'asseoir sur le divan qui faisait face à la grande baie vitrée qui donnait sur la mer azure. Et il lui demandait de ses nouvelles et si Helena Cain allait bien.
- Elle n'est plus venue te revoir après sa petite crise ? Demanda Zembrano.
Il acquiesça.
- Parfois Lena peut être une véritable tête de mule… elle n'accepte pas de nous rejoindre.
- Et c'est elle que tu veux voir prendre la relève ? Elle s'est liée d'amitié avec le docteur Suzanna, tu ne la connais pas, c'est une grande blonde dont le mode de vie est à l'opposer de celui de Lena, si tu comprends ce que je veux dire. À l'infirmerie depuis sa venue on a une recrudescence de grippes et de rhumes chez certains des membres d'équipages masculins de l'Artémis. Lena et Suzanna sont même devenues sœurs d'après les bruits qui courent.
- Lena a besoin d'une amie. Répondit Karlson en croisant les bras.
Zembrano nota son allusion.
- Crois-tu que je n'ai jamais essayé de gagner son amitié ? Mais elle est impossible, tu peux en être amoureux, mais moi son caractère m'insupporte.
Le commandant, voyait Karlson joué nerveusement avec un stylo qu'il avait ramassé sur la table, son attitude était celle de l'amiral Karlson, l'homme qu'elle avait toujours connu, froid et distant quand il s'agissait de l'avenir de l'humanité. Cela lui plaisait de le retrouvé ainsi, sur les dents, et pensant plus à l'avenir des Douze Colonies qu'à son amourette avec Cain. Elle pensa qu'elle avait encore une chance de conquérir son cœur si Helena le rejetait ainsi.
- Terence, dit-moi, est-ce que tu vois en Lena ton héritière spirituelle si j'ose dire, ou bien la regardes-tu comme ta femme ? Jeta Zembrano en écrasant sa cigarette dans le cendrier.
Elle connaissait tellement bien Karlson qu'elle pouvait se permettre ce genre de questions directes.
Sa question parut mettre Karlson dans l'embarras, il ne répondit pas tout de suite, il cherchait ses mots. Zembrano savait pertinemment que Karlson voulait protéger Cain et envisageait de rester dans le monde V, Xander lui avait 'dit' que l'amiral étudiait la possibilité de faire disparaitre son corps… Il voulait préparer Cain à assumer des responsabilités dont la jeune femme ne se doutait pas. Pour Zembrano c'était pur follie que de se sacrifier ainsi et placer toutes ses espérances sur les épaules d'une femme à peine âgée de vingt ans ! Zembrano était prête à tout pour l'empêcher de se suicider pour garantir la sécurité de Cain. Un homme aussi exceptionnel que lui ne pouvait et ne devait disparaitre, le Haut commandement comptait toujours sur lui et espérait sa sortie du coma artificiel.
Karlson lui dit.
- Erika, toi comme Lena comptez énormément pour moi, si tu es ma meilleure amie, Lena est bien plus encore, mais j'ai décidé de mettre de côté ma vie personnelle pour le bien des Douze colonies de Kobol…
- Mais écoute-moi, tu es fou de te sacrifier pour elle, Lena en ce moment ne veut plus te voir, elle a un chagrin d'amour.
Il haussa les épaules.
- Lena est très forte, elle s'en remettra… et ce n'est pas le moment pour cela, j'ai besoin d'elle et de toi.
- Tu ne comprends pas Terence ! Lena, celle que tu dis aimer, tu l'as froissée…
- Mais bon sang ! Je n'ai jamais été bon pour la diplomatie de salon, elle n'a pas voulu entendre, je lui ai expliqué que je ne pouvais pas vivre avec elle dans le monde réel et qu'elle devait faire ce que je lui dirais…
- Tu es aussi borné qu'elle, Terence. Très bien je lui demanderai de venir te voir. Mais ne compte pas sur moi après, je ne suis pas le cupidon de service.
Il se mit à rire, Zembrano avait décidé de placer dans la conversation le dossier Géménon, elle ne lui laissa plus le temps de parler.
- Terence, dit-elle en allumant une autre cigarette, as-tu entendu parler de Mace Bonner, Matius, Barachan, ou Ankla ?
L'amiral se câla dans son fauteuil et réfléchit.
- J'ai déjà entendu l'un de ces noms… mais je ne me souviens plus où…
Zembrano profita de l'occasion pour lui raconter tout, Karlson écouta avec attention, elle conclut.
« Pendant un mois avant l'attentat contre toi sur Delphi j'ai écumé Géménon de long en large, à la recherche d'informations sur ces personnages, j'ai fait tous les bars, les quartiers pourris de Oranu, Illumini, une piste m'a amené après sur Canceron et j'ai passé au peigne fin Hades, Prommos, Mangala, et les autres petites villes, et j'ai trouvé dans un coin perdu de la campagne côtière une adresse qui était en relation avec l'un des types, Ankla, j'ai rencontré sa mère, et tu sais quoi ? Elle m'a dit que son fils de trente ans avait changé de nom il y a quatre ans et lui avait rendu visite deux mois auparavant, accompagné par trois autres hommes… l'un d'eux était un Géménon, du nom de Barachan. Ankla était venu chercher quelque chose chez sa mère. Puis ils sont partis et elle n'a plus jamais revu son fils. Je pense que les deux autres devaient être Bonner et Matius et que le mot de Taro : 'possible conspiration' ne doit pas être négligé. »
Karlson fronça les sourcils, il se leva et se mis à faire les quatre cents pas. Zembrano était contente de revoir son ami pensé à autre chose qu'à Helena Cain !
- Quelle est ton opinion là-dessus ? Demanda Zembrano.
Il s'arrêta et dit.
- Résumons les indices, Taro a été assassiné par deux individus dont les armes de poings sont enregistrées au nom de Mace Bonner, tu trouves des relevés téléphoniques indiquant que plusieurs personnes sont en relation entre elles, sur Canceron la mère d'Ankla parle de la visite de son fils accompagner de trois autres hommes, qu'est-il venu chercher chez sa mère ?
Il marqua une pause, et puis soudain s'écria.
- Cela me revient ! Ankla, c'est de l'ancien Géménien, cela signifie 'Futur'.
Il alla prendre un livre sur l'étagère et y trouva la confirmation de ce qu'il avançait.
Zembrano était perplexe.
- S'il y a une conspiration comme Taro l'a écrit, en quoi consiste-t-elle ?
- Je l'ignore, mais s'ils ont pris la peine de faire taire Taro, c'est qu'elle doit être importante. Qu'un Canceron comme Ankla choisisse un ancien nom Géménon signifie bien une chose… Le S.D.U. est né sur Géménon. Peut-être que le sabotage du Fantôme et mon assassinat sont-ils liés ?
Zembrano hocha la tête.
- Tu crois que le S.D.U. prépare quelque chose ?
- Il faut le découvrir…
Erika Zembrano était satisfaite, Karlson l'avait bien aidée, à elle de continuer l'investigation.
Elle regarda l'horloge et se leva, il était temps pour elle de partir.
Zembrano lui prit la main et lui dit d'une voix douce.
- Je sais Terence que tu aimes Lena, elle a besoin de toi dans le monde réel, et moi aussi.
Il la regarda et leva les yeux au ciel.
- Mon devoir était de garantir la sécurité de mon Battlestar durant la guerre, j'ai sacrifié la vie de pilotes pour sauver l'Artémis et son équipage, leurs morts m'est resté depuis sur la conscience, l'amour de Lena a été en quelque sorte une rédemption pour moi. Mais je ne veux pas la mettre en danger par ma faute.
Elle devint tout à coup toute rouge, elle n'insista pas, elle allait se déconnecter quand Karlson ajouta à son adresse.
- N'oublie pas ce que je te dis toujours.
Zembrano grimaça.
- Oui je sais, avoir à l'œil Lena.
