Chapitre 1 : Etrange livre
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1997
Ses deux mains retenant sa tête, Ginny Weasley pensait. Ses yeux bleus étaient fixés sur un parchemin partiellement noirci, mais la jeune fille ne le lisait pas. En effet, ses pensées étaient toutes tournées vers le trio, vers les trois personnes qui comptaient le plus pour elle :
Harry Potter, son petit ami ; Hermione Granger, son amie la plus proche et Ron Weasley, son frère… Ils étaient tous trois partis. Sans doute était-ce pour réaliser une mission dont ils n'avaient soufflé mot à personne. Mais Ginny souffrait… vivant cruellement le manque de ces personnes tant chéries. Son rôle à elle était dérisoire, à part suivre les cours imposés et contenir la colère qui grandissait en elle, peu de choses illuminaient ses journées.
De plus, ses camarades de 6ème année étaient très peu nombreux. Beaucoup de parents avaient renoncés à inscrire leurs enfants à Poudlard cette année, estimant l'endroit trop dangereux. D'autres comparaissaient déjà en justice à cause de « l'illégitimité » de leur sang…
Poussant un soupir à fendre l'âme, Ginny tourna quelques pages du pavé de métamorphose posé à côté d'elle. Il fallait qu'elle se concentre, mais ce n'était pas chose facile. Toutes ses pensées ne faisaient qu'alimenter le tourbillon de colère qui grandissait en elle. Son inutilité était déprimante, son moral au plus bas et… même si elle rechignait à l'avouer, Harry lui manquait…
Finalement, au bout de quelques minutes, elle se rendit compte que son bouquin n'abordait en aucun cas le sujet demandé par Mac Gonagall. Elle se leva vivement comme pour libérer l'énergie négative qui l'animait et commença à farfouiller dans les étagères à la recherche d'un autre livre intéressant.
Elle en prit deux ou trois, puis, au moment où elle allait faire demi-tour, un tout petit livre coincé entre deux gros tout en haut de l'étagère attira son attention. La rouquine s'en saisit, intriguée.
La couverture ne contenait aucune information. Il n'y avait ni titre, ni nom d'auteur, ni date de parution, et encore moins l'édition. Curieuse, la jeune fille l'ouvrit et remarqua à ses pages jaunies et presque collées qu'il n'avait pas été utilisé depuis longtemps.
C'est alors que des souvenirs affluèrent à ses pensées : le journal intime de Tom Jédusor, les trous noirs, la colère, le sentiment d'impuissance, la chambre des secrets. Dans un clap sonore, la jeune fille referma le livre pour le remettre en place. Non, plus jamais, elle ne prendrait le risque de s'intéresser à un carnet étrange…
Dès qu'il fut remis sur l'étagère, la jeune Weasley hésita : si ce livre était à Poudlard, il ne contenait évidement aucun danger. Mme Pince n'aurait sûrement pas pris le risque de mettre un ouvrage dangereux à la portée de tous… Elle tendit la main pour reprendre l'objet mais une petite voix interne la coupa dans son élan :
« Mais peut-être que ce livre a été déposé par un élève malintentionné… »
Un court débat s'insinua en elle… mais ce fut la curiosité qui l'emporta.
Se promettant de ne rien écrire à l'intérieur, elle commença à le feuilleter au hasard. Il y avait plusieurs chapitre abordant des sorts complexes qui permettaient par exemple de nettoyer une pièce entière, de réparer un objet magique, ou encore de communiquer avec des personnes lointaines. En lisant les explications pour réaliser les sorts, elle comprit qu'ils étaient vraiment bien trop complexes pour une simple élève comme elle.
Légèrement déçue, elle tourna une dernière page dans l'intention de remettre le livre à sa place. Mais le titre de ce dernier chapitre attira son attention : « Apparition d'une porte temporelle ».
Les battements de son cœur commencèrent à s'affoler et elle jeta quelques coups d'œil inquiets autour d'elle avant de s'enfoncer dans le recoin le plus sombre de la bibliothèque.
Le temps est quelque chose de bien mystérieux, lut-elle,et nous savons que les voyages temporels n'ont encore jamais pu être possibles à ce jour. C'est pourquoi, nous avons décidé de vous partager une de nos formules longuement réfléchies et expérimentées (…)
La suite du texte était presque illisible car effacé. Ginny lut les instructions qui permettaient de faire apparaître cette porte et fut étonnée par une formule aussi simple. Fronçant les sourcils, elle se demanda si cet ouvrage n'était pas le fruit d'une farce digne de ses frères jumeaux. Cette formule si simple paraissait si étrange et si accessible pour ce qu'elle permettait d'accomplir, que la jeune Weasley décida de ne pas s'y intéresser outre mesure. Alors qu'elle s'apprêtait à refermer le petit livre, une autre pensée lui vint à l'esprit :
« Et si par hasard, la formule marchait... et que je pouvais voyager dans le temps afin de changer les choses… ? »
L'idée lui semblait si attrayante et si dangereuse qu'elle sentit ses jambes fléchir. Un poids s'abattit sur ses épaules. Peut-être avait-elle entre ses mains un moyen d'agir et d'être enfin une actrice active dans cette guerre, mais beaucoup d'éléments portaient à croire que cette expérience pouvait se révéler bien trop dangereuse et surtout bien différente que ce que le livre décrivait…
L'adolescente hésita longuement. Deux forces égales mais conflictuelles se battaient en elle ne lui laissant aucune seconde de répit. Finalement agacée, elle décida d'emprunter cet ouvrage et de prendre quelques jours pour réfléchir sérieusement à tout cela.
S'approchant de la bibliothécaire, elle glissa le petit livre entre ceux de métamorphose et les tendit à la vieille femme. Cette dernière leva un sourcil à la vue de l'objet :
-Ce livre ne fait pas partie de la bibliothèque, Miss Weasley, où l'avez-vous trouvé ?
-Oh ! Excusez-moi, il est moi, suis-je bête, mentit la Gryffondor masquant sa surprise.
Mme Pince lui tendit le livre avec une certaine réticence, mais n'étant pas propriétaire de celui-ci, elle ne put que le donner à celle qui se désignait comme tel… Elle enregistra les deux autres en grommelant quelques paroles incompréhensibles et libéra la rouquine dont les joues s'empourpraient de secondes en secondes.
A présent, sa frayeur était grande, le livre n'appartenait pas à la bibliothèque de Poudlard. Qui donc l'avait déposé et dans quel but ?
Sa réflexion l'empêcha de se concentrer sur ses pas qui la menèrent très rapidement à son dortoir. S'asseyant sur son lit, elle observa avec attention le petit livre. Ses pensées, pour une fois axées sur autre chose que la colère, s'activaient en elle de manière intense.
Soudain, elle eut une idée brillante. Elle déchira la page du livre qui concernait les informations qui l'intéressaient, masqua ce travail à l'aide d'un sort et cacha le parchemin découpé sous son oreiller avant de sortir rapidement de son dortoir. Un sourire naissait sur ses lèvres tandis qu'elle s'approchait à grand pas du bureau de son professeur de métamorphose.
Elle toqua deux fois et entendit une voix l'autoriser à entrer. Ce qu'elle fit aussitôt.
-Bonjour professeur, dit-elle d'une voix polie.
-Bonjour Miss Weasley, puis-je vous être d'une quelconque utilité ?
-Oui, madame…, répondit prudemment la demoiselle. Voilà, j'ai trouvé cet ouvrage à la bibliothèque, Mme Pince m'a informé qu'elle n'en n'était pas propriétaire, mais je le trouve vraiment intéressant et comme je cherche de la distraction pour occuper mes pensées au maximum, serait-il possible que vous le soumettiez à une analyse ? Je n'ai pas envie de réitérer l'expérience de ma première année...
Sa grimace fut rejointe par un sourire réconfortant de la part de MacGonagall.
-Je comprends, miss Weasley, cette histoire est en effet inquiétante… Un livre égaré ne faisant pas partie de la bibliothèque… mmm… et que contient cet ouvrage, miss ?
-Oh, des sortilèges compliqués sur des éléments de la vie plus ou moins courante, je ne les crois pas dangereux, mais en revanche, bien pratiques pour certain, même si j'ai parfaitement conscience que je n'ai pas la maturité nécessaire pour les réaliser. J'ai juste besoin de m'occuper l'esprit…
Le professeur de métamorphose tendit la main et répondit :
-Je pense que vous pouvez toujours vous occuper en travaillant, mais toutefois, je vais effectuer tous les sorts possibles afin de déterminer si ce livre possède des traces de magie noire. Dans le cas contraire, je vous le rendrai.
-Merci professeur, fit Ginny en rougissant légèrement avant de donner l'ouvrage à Mac Gonagall.
Puis elle quitta le bureau, les jambes légèrement flageolantes et assez fière de son mensonge.
Trois jours s'écoulèrent sans que la directrice de Gryffondor ne fasse signe à Ginny. Le lundi matin suivant, entre deux cours, elle la rattrapa dans les couloirs et lui indiqua qu'elle n'avait trouvé aucune magie négative émanant de cet objet. Elle lui précisa toutefois que ces sorts n'étaient pas du tout adapté à son niveau et la pria également de se concentrer sur ses cours malgré la période sombre qu'ils traversaient.
Ginny acquiesça sans un mot, remercia son professeur et rangea précieusement l'ouvrage.
Maintenant qu'elle se savait hors de danger, elle ne put s'empêcher d'attendre avec impatience le repas du midi, afin de s'éclipser pour réaliser le sortilège.
Dès que l'heure fatidique de la fin du cours arriva, la rouquine se précipita, le cœur battant, en direction de son dortoir. Heureusement, il était vide. Elle se saisit rapidement du parchemin caché sous son oreiller, le ré-attacha au livre et, suivant les indications, alla se planter devant un des quatre murs de la pièce.
Elle ferma les yeux pour se concentrer, puis, mût d'un courage brûlant, elle leva sa baguette et prononça haut et fort la formule, suivie de la date désirée : « 1975 ». Aussitôt, un éclair de lumière bleu turquoise en jaillit et vint frapper le mur avec une violence inouïe la faisant tomber brutalement au sol.
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1415
Quelques siècles plus tôt, au beau milieu du Moyen-âge, en 1415, par une nuit obscure, une silhouette avançait dans le noir. Elle était à peine visible et seul le froissement de sa cape sur le sol trahissait sa présence.
L'ombre se déplaçait à pas feutrés. Arrivée à l'orée d'une forêt, elle s'y enfonça, sans aucune hésitation. Son allure était rapide, et ses regards régulièrement jetés en arrière ne semblaient pas être dû à la peur d'éventuelles bêtes sauvages.
La silhouette arriva bientôt au pied d'un grand arbre. Elle s'immobilisa et tendit la main droite en avant, une faible lueur bleue apparut et c'est alors qu'une ouverture se creusa dans l'arbre.
L'ombre s'engouffra à l'intérieur et traversa un long couloir tout aussi sombre que l'extérieur. Ses pas la menèrent rapidement devant une porte. Elle fit alors tomber la cape qui couvrait sa tête et de longues boucles brunes vinrent se répandre sur ses épaules.
C'était une jeune fille d'environ seize ans. Elle portait sous sa cape noire une longue robe en toile verte. De la même main blanche qui avait retiré sa capuche, elle vint heurter la porte en trois coups réguliers. Celle-ci s'ouvrit aussitôt, comme par magie et laissa apparaître une grande salle éclairée par d'étranges bougies qui semblaient flotter dans les airs.
-Miss Olliway, vous êtes en retard.
-Je m'en excuse, professeur. J'étais suivie et j'ai préféré prendre mes précautions afin d'éviter d'être découverte.
-Votre excuse m'indiffère, Miss. Vous avez interrompu les leçons. Allez prendre place au fond de la salle que je puisse reprendre.
La jeune sorcière s'empressa d'obéir et la tête baissée, alla s'asseoir au fond de la pièce sous le rire des autres élèves.
Ses yeux verts lançaient des éclairs. A chaque fois, son professeur de magie trouvait un moyen de la ridiculiser.
Elle ne disait rien car elle savait qu'elle pouvait être renvoyée à chaque instant, ce qu'elle ne voulait pas.
Ses parents ignoraient qu'elle avait des pouvoirs. Elle était la seule de sa famille à être sorcière et il ne fallait pas que quelqu'un le découvre sous peine d'être pourchassée et de finir sa vie cachée.
La magie était son unique raison de vivre mais elle n'était pas appréciée dans l'école. Aucun élève ne l'aimait, sauf Henry peut-être, parce qu'elle n'était pas née de parents sorciers. Elle était l'une des rares à être une descendante magique née de parents sans pouvoir.
-Miss Olliway ? Pouvez-vous répondre à la question que je viens de poser ?
La jeune fille sursauta et leva les yeux vers son professeur.
Elle rougit. Elle n'avait absolument rien entendu, trop occupée à ressasser sa mauvaise humeur.
Tous les regards se posèrent à nouveau sur elle et elle croisa celui, particulièrement moqueur, d'Anthonin.
Elle ne put s'empêcher de soupirer. Lui aussi, il la détestait. Et elle… Elle en était transite amoureuse.
Il était brun et avait des yeux d'un noir profond. Son visage carré et sa barbe bien taillée faisaient de lui l'homme idéal.
-J'ai posé une question, Miss Olliway, il me semble, reprit le professeur. Êtes-vous dans la lune ou rêvez-vous attentivement à Damoiseau Black au lieu de vous intéresser à la connaissance que je vous apporte.
Anthonin (car c'était bien lui dont le professeur parlait) ne put s'empêcher de ricaner et de dire :
-Elle peut toujours rêver. Son visage d'ange ne m'intéresse absolument pas ! Je ne veux pas d'une sang impur dans ma famille.
Tous les élèves éclatèrent de rire et le professeur esquissa lui aussi un sourire.
Morgana fulminait. Là, c'était trop, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Elle se leva brusquement prête à assumer la conséquence de son acte spontané et inspiré par une colère contenue depuis fort trop longtemps.
Quelques parchemins et sa plume tombèrent de sa table sous le choc, mais la demoiselle ne s'en préoccupa pas. Elle pointa un doigt accusateur sur son professeur et gronda :
-Vous êtes un professeur exécrable qui ne cessez de me rabaisser pour une histoire de « sang » que vous ne connaissez même pas et pour des valeurs qui ne sont point défendables. Vous osez m'humilier devant l'ensemble de mes camarades ici présents, c'est de loin la preuve la plus visible qui montre que vous manquez parfaitement de discernement et de gentillesse. J'ai conscience que les femmes n'ont pas à exprimer leurs opinions, et encore moins les « sangs impurs » ! Pourtant, j'estime, et j'en suis fière être bien plus intelligente et censée que l'ensemble des personnes de cette pièce. Puisque vous désirez si ardemment vous complaire dans cette absence de logique ainsi que ce trop plein d'arrogance, et bien soyez certain de ne plus jamais me revoir. Que Merlin vous maudisse !
Et sur ces paroles proférée avec une haine profonde, la gentille et douce Morgana qui, d'habitude, supportait tous les sarcasmes en silence quitta la pièce en claquant la porte, laissant un grand silence derrière elle.
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1415
Ginny sentit un grand souffle d'air frais la balayer de toutes parts. Elle se retrouva soudainement dans ce qui semblait être une salle de classe particulièrement sombre éclairée par des bougies.
La jeune fille prit un air gêné :
-Veuillez m'excuser ! dit-elle. Je…
Elle s'interrompit. Personne ne semblait s'être aperçu de sa présence. Elle observa les occupants de la pièce et se rendit compte qu'ils avaient à peu près son âge. Les filles étaient revêtues de robes de toile, tandis que les garçons portaient d'étranges pantalons et de longues chemises.
Elle fronça les sourcils, que faisait-elle ici et pourquoi donc personne ne la voyait ? Elle n'avait pas l'impression d'être tombée en 1975…
-Miss Olliway ? Pouvez-vous répondre à la question que je viens de poser ?
Ginny sursauta et regarda l'homme qui venait de prononcer cette phrase. Il observait attentivement une élève dans le fond de la classe.
La rouquine suivit son regard et aperçu la jeune fille concernée. Celle-ci semblait différente des autres. Moins joyeuse, plus renfermée. Elle portait une robe verte en toile nouée à la taille et ses yeux verts étaient illuminés par les bougies de la pièce.
Ginny ne sut pourquoi mais cette jeune fille l'intriguait.
-J'ai posé une question, Miss Olliway, il me semble, reprit le professeur. Êtes-vous dans la lune ou rêvez-vous attentivement de Damoiseau Black au lieu de vous intéresser à la connaissance que je vous apporte.
Le nom "Black" fit sursauter Ginny. Elle vit alors un garçon se mettre à ricaner et s'exclamer :
-Elle peut toujours rêver. Son visage d'ange ne m'intéresse absolument pas ! Je ne veux pas d'une sang impur dans ma famille.
La rouquine eut un étrange sentiment. Elle se demandait vraiment où elle avait bien pu tomber.
Le langage des personnes présentes dans cette pièce était étrange et voilà qu'elle se retrouvait face à un jeune homme ressemblant beaucoup à Sirius Black, une vingtaine d'années en moins, mais au tempérament si désagréable que ça ne collait pas du tout avec le parrain d'Harry.
Mais où avait-elle bien pu tomber? La jeune fille commença à paniquer. Son regard s'était tellement concentré sur Black qu'elle fut surprise d'entendre le bruit d'une chaise renversée à terre.
Elle tourna la tête et vit la jeune fille de tout à l'heure se mettre debout avec violence. Elle pointa son doigt en direction du seul adulte présent dans la pièce puis s'écria d'une voix furieuse :
-Vous êtes un professeur exécrable qui ne cessez de me rabaisser pour une histoire de « sang » que vous ne connaissez même pas et pour des valeurs qui ne sont point défendables. Vous osez m'humilier devant l'ensemble de mes camarades ici présents, c'est de loin la preuve la plus visible qui montre que vous manquez parfaitement de discernement et de gentillesse. J'ai conscience que les femmes n'ont pas à exprimer leurs opinions, et encore moins les « sangs impurs » ! Pourtant, j'estime, et j'en suis fière être bien plus intelligente et censée que l'ensemble des personnes ici présentes. Puisque vous désirez si ardemment vous complaire dans cette absence de logique ainsi que ce trop plein d'arrogance, et bien soyez certain de ne plus jamais me revoir. Que Merlin vous maudisse !
Et sur ces mots, elle quitta la pièce. Ginny, comme toutes les personnes de la pièce, était surprise, mais pour une raison différente. Cette fille, Olliway, semblait être martyrisée par les autres… parce qu'elle n'était pas d'une famille de sorciers.
Il fallait qu'elle en sache plus. Ginny tourna les talons, ignorant si elle était toujours invisible aux yeux des autres ou si ça avait changé. Puis, elle rattrapa la jeune fille :
-Olliway ! appela-t-elle.
Etrangement, Morgana semblait l'entendre. Elle s'arrêta et regarda autour d'elle, vaguement inquiète, mais elle ne vit personne.
-Tu m'entends ? demanda Ginny en s'approchant près d'elle.
-Qui êtes-vous ? s'enquit la jeune élève soudainement méfiante. Où vous cachez-vous ?
-Je ne me cache pas, je suis en face de toi, tu ne me vois pas ?
L'adolescente recula, la frayeur apparaissant dans ses yeux, elle remit sa capuche :
-Je ne te veux aucun mal, la rassura Ginny. Je m'appelle Ginny Weasley, j'ai voulu essayer un sort et je me suis retrouvée là. Qui es tu ?
-Où êtes-vous ? reprit la jeune fille.
Ginny s'approcha pour essayer de la toucher afin de lui faire sentir sa présence. Mais à peine l'avait-elle effleurée qu'elle se sentit aspirée par un trou béant.
Une épouvantable migraine s'empara d'elle et, bientôt, des images apparurent dans sa tête :
Elle s'appelait Morgana Olliway. Elle venait d'une famille pauvre qui vivait dans un village. Son père et ses trois frères la battaient. Aînée de deux sœurs encore bien jeunes, Morgana était devenue la femme de maison à la mort de sa mère, lorsqu'elle avait 10 ans. La jeune fille était forte, elle avait appris à se défendre et son but était de protéger ses petites sœurs de son père et de ses frères. Elle venait de fêter ses 11 ans quand un homme était venu la voir et lui expliquer qu'elle était différente des membres de sa famille. Elle était une sorcière. L'homme s'appelait Marwin Grandun, il était professeur et il l'accueillit dans son école. Toute la journée, Morgana travaillait à la maison et la nuit, elle étudiait la magie avec d'autres enfants de son âge. Trois ans plus tard, Marwin fut assassiné et remplacé par un autre professeur qui la prit en grippe et adopta un comportement sadique avec elle. C'est à partir de ce moment là que la jeune fille fut martyrisée par les autres sorciers. Morgana avait un caractère très calme, qui cependant pouvait exploser très brutalement… la magie était sa seule raison de vivre. Ce jour-là, Morgana arriva en retard en cours, elle se rebella pour la première fois et quitta la salle pour rencontrer Ginny…
Le mal de tête s'intensifia soudainement puis Ginny perdit connaissance.
Morgana sentit un trou béant se former sous ses pieds et elle se retrouva aspirée. Avant même d'avoir le temps de crier, un brutal et violent mal de tête la prit soudainement, la mettant au bord de la nausée. Des images apparurent alors dans son esprit :
Elle s'appelait Ginny Weasley, c'était une petite rouquine heureuse, entourée de six frères tous aussi roux qu'elle. Elle était souvent gentiment embêtée par eux, mais au fur et à mesure qu'elle grandissait, elle avait apprit à se défendre et était devenu une jeune fille au caractère bien trempé. Elle avait reçu une lettre à 11 ans, lui annonçant qu'elle était acceptée dans une grande école de sorcellerie. Elle était tombée amoureuse d'un jeune garçon, Harry Potter. Un orphelin, un survivant, un héros, un malheureux. Elle avait suivi Harry tout au long de sa scolarité. Un mage noir avait, année après année, essayé de se débarrasser de lui. Ginny avait été manipulée par ce mage noir au cours de sa première année. Harry l'avait sauvée. Plusieurs aventures s'étaient déroulées au cours de ces années. Cet Harry était vraiment malheureux, il avait perdu ses parents, un certain James Potter et une certaine Lily Evans, puis le parrain de ce garçon était apparu, un dénomé Sirius Black qui mourut également. Bientôt la dernière année de Harry arriva et Ginny dut rester à Poudlard, elle trouva un livre, elle fit un sort et elle vit Morgana…
Le mal de tête s'intensifia soudainement puis Morgana perdit connaissance.
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1997
Ginny ouvrit les yeux avec difficulté, elle avait un mal de crâne absolument affreux. Elle se redressa et constata qu'elle était allongée dans son lit à Poudlard…. C'était étrange, elle ne se rappelait pas s'y être couchée la veille. C'est alors qu'elle se rappela son rêve. C'était vraiment étrange...
En bougeant légèrement pour sortir de son lit, Ginny fit tomber quelque chose au sol. Elle se pencha et aperçut un petit livre qu'elle reconnut sur-le-champ. Elle quitta ses couvertures et se baissa pour le récupérer. C'était bien lui : l'ouvrage qu'elle avait trouvé à la bibliothèque.
Elle l'ouvrit à la page du sort et, là, elle vit avec surprise que le texte était devenu lisible :
Le temps est quelque chose de bien mystérieux, lut-elle alors, et nous savons que les voyages temporels n'ont encore jamais pu être possibles à ce jour. C'est pourquoi, nous avons décidé de vous partager une de nos formules longuement réfléchie et expérimentée…
Si vous pouvez lire la suite de ce paragraphe, cela signifie que la formule a fonctionné. Vous aviez donc une importante mission à réaliser.
Il y a quelques minutes, vous avez rencontrez et choisi la personne à qui vous êtes maintenant liés. C'est elle qui va accomplir votre mission. Elle se trouve en cet instant à l'endroit où vous aimeriez vous-même vous trouver
Pourquoi tout cela ?
Il y a moins de risques, puisque celui ou celle que vous avez désigné est une personne neutre.
Votre but est le suivant : votre élu doit réussir la mission que vous lui avez confiée en 9 mois.
Vous pourrez l'aider en communiquant avec lui par la pensée.
Vous devrez lui expliquer pourquoi il est là sachant qu'il doit normalement se trouver dans le corps d'une personne qui lui ressemble beaucoup ou de sa descendance, il faut qu'il découvre qui est cette personne et qu'il ne dévoile à personne sa véritable identité.*
A présent concentrez-vous et essayez de l'appeler.
Ginny relut plusieurs fois le passage, abasourdie, puis, elle jeta un coup d'œil autour d'elle pour vérifier que personne ne pouvait la voir et appela à voix haute :
-Morgana ?
Personne ne répondit.
Elle relut alors le paragraphe et tomba sur la phrase : "Vous pourrez l'aider en communiquant avec elle par la pensée."
Elle réessaya en suivant, cette fois, les indications :
« Morgana, Morgana Olliway, tu m'entends ? »
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1975
Elle avait mal à la tête, elle était allongée dans un lit. Morgana ouvrit les yeux mais fut éblouie par la clarté du blanc autour d'elle.
-Morgane ? Tu es réveillée ?
La jeune fille papillonna des yeux, elle entendait vaguement ces voix lointaines.
Quelqu'un lui prit la main et Morgana ouvrit enfin les yeux. Trois jeunes filles du même âge qu'elle l'entouraient et l'une d'elle lui tenait la main.
La sorcière les dévisagea avec surprise, elle ne connaissait pas ces filles.
-Ca va ? Tu veux qu'on appelle l'infirmière ?
« Linfirmière ? » se répéta mentalement Morgana, qui pouvait bien être ce « Linfirmière » ? Et pourquoi ces filles la tutoyaient alors qu'elles lui étaient inconnues.
-Je…, commença Morgana.
« Morgana ? » Résonna une voix qu'elle semblait alors connaître. « Morgana Olliway, tu m'entends ? »
-Quoi ? Oui ? répondit Morgana à voix haute.
-Va la chercher Célia, ordonna alors la jeune fille blonde à ses côtés.
Morgana fronça les sourcils, que se passait-il ? Et soudain, d'un coup, tout lui revint en tête : cette Ginny Weasley, elle avait vu toute sa vie dans sa tête et c'est là qu'elle reconnut sa voix…. Mais où était-elle ? Elle ne la reconnaissait pas parmi ces filles qui l'entouraient… Et elle-même ? Où se trouvait-elle ? Quel était ce lieu étrangement blanc ?
