Un petit clown, deux petits clowns, trois petits clowns

BONJOURS BANDE DE PETITS BALLONS ROUGE

Sachez que vous venez, très cher lecteur, de cliquer sur une crack fic.

Il est encore temps pour vous de quitter très vite cet endroit pour sauver votre âme.

Vous: mais je n'ai pas d'âme !

Moi: Bienvenu, dans ce cas ! :D

Vous avez effectivement bien lu dans le résumé: cette fic ne comporte non pas un, mais trois clowns. Et je ne l'ai pas mis en crossover, PARCE QUE.

Je tiens à remercier Adé et Candie Crush, qui par leurs délires un midi m'on permis d'enrichir ce magnifique OS.

Merci à vous !

Petites précisions supplémentaires: les Boohbah sont des peluches trop mignonnes.

Paul Benichou est un critique littéraire. Mais il s'appelle Benichou. C'est triste.

Avertissement: le meurtre, c'est pas bien les enfants.

« Vous êtes RENVOYE, espèce de SOUS-MERDE ! »

Ronald prit un air de chiot battu. Des petites larmes perlèrent le long de ses joues blanches.

« Mais pourquoi ? » geint-il. « Je me suis toujours très investi dans le travail ! »

Le Grand Patron de MacDonald se pinça fortement l'arête du nez.

« Vous faites beaucoup trop peur aux enfants ! C'est pourquoi j'ai pris la décision d'embauché Winnie L'Ourson à votre place ! »

« Ce gros sac à miel ? » s'indigna Ronald.

« LUI, au moins, il a un potentiel sympathie ! La porte est derrière vous, vous pouvez la prendre ! »

Le clown obéit prestement, des larmes de désespoir ruisselantes sur son visage, la lumière céleste tombant sur le haut de son crâne, et sortit dans la rue, sous la pluie, sur une reprise de la Marche Funèbre au violon.

Il s'arracha quelques cheveux rouges, tout à son incommensurable douleur.

O rage ! O désespoir ! O MacDo ennemi ! N'avait-il tant vécu que pour vivre cette infamie ? Et ne s'était-il blanchi dans les travaux du sandwich que pour voir flétrir en un jour sa formule Happy Meal ?

Il s'effondra devant la bouche d'égout, les genoux dans un flaque d'eau, et leva les bras vers le ciel dans un cri de souffrance déchirant.

Ce cri de cochon qu'on égorge eut pour effet de perturber le sommeil du juste de Pennywise, clown dansant de son état, qui digérait son dernier repas dans sa « maison » nauséabonde, nous avons nommé la tuyauterie des égouts de la ville.

Très contrarié, il se dirigea vers la source de cet horrible bruit, prêt à disséquer du gosse.

Il découvrit un autre clown, rouge et jaune, à quatre pattes par terre, frappant une feuille morte détrempée de ses poings serrés.

Il le fixa un instant, incrédule, depuis sa bouche d'égout.

Puis il décida que ce spectacle était bien trop humiliant pour l'image de sa profession.

Il toussota.

« POURQWAAAA, » s'époumonait Ronald.

Ça fut très agacé.

Il tapa du pied dans l'eau grise des égouts, provoquant un petit bruit de grelot.

« EH ! Je te cause ! » gronda-t-il d'une voix terrible.

Ronald leva les yeux vers le ciel, ébahi, les yeux écarquillés.

« Dieu ? Est-ce que c'est toi ? »

Pennywise se tapa la tête contre le mur.

« Mais non, espèce d'abruti congénitale ! Dans les égouts ! »

Ronald tourna sa tête, perdu, dans la direction indiquée.

Il croisa le regard ORANGE très agacé d'un Pennywise énervé.

« … Ah non, c'est le Diable en fait. »

Ça poussa un long gémissement de désespoir.

« Mais pas du tout ! »

Il poppa hors des égouts, tel un génitif enclavé au milieu du sujet d'une phrase grecque.

« Je suis Pennywise ! »

Il émit un petit entrechat, sous son bruit de grelot.

« Le clown dansant ! »

Il s'inclina exagérément, balayant presque le trottoir de ses cheveux orange ternes.

« Un très, très proche ami du Diable ~ »

Ronald se sentit tout petit à côté de ce grand dadais de deux mètres.

« Ton costume, il est moche, » affirma-t-il, en détaillant la tenue grisâtre de l'autre clown.

Pennywise fit la moue, horriblement vexé.

« … Je peux savoir ce qui t'as poussé à ruiner mon sommeil ? » grommela-t-il, soucieux d'éloigner la conversation de son fantastique costume à pompon.

« Je me suis fait licencier, » se lamenta Ronald. « Après des années de bons et loyaux services à côtoyer des sales mômes impertinents qui me jette des frites toutes molles à la tête ! »

Le regard de Pennywise s'était illuminé à la mention d'enfant, puis s'était fait interrogatif à la mention de « frite molle ».

Est-ce que c'était une métaphore perverse ou… ?

« C'est dur, » compatit-il.

« Très, » confirma Ronald.

« Mais ce n'est peut-être pas une raison pour hurler comme ça sous la pluie. Ça fait très adolescente au lendemain d'une rupture. »

La lèvre inférieure du clown rouge et or se remit à trembler.

« M-mais, M-mais… comment je vais payer mon loyer maintenant ? »

Pennywise haussa les épaules.

« Bouffe le propriétaire, ça devrait régler efficacement le problème. »

« Mais tu es un psychopathe ? »

« Je suis un clown badant qui sort des égouts. A quoi tu t'attendais. »

Ronald ouvrit la bouche en « o », émettant un « bah » pas très intelligent.

« C'est parce que tu es né prématuré que tu es aussi bête ? » s'enquit Pennywise, excédé.

« C'est méchant, » pleurnicha Ronald.

Ça, horrifié, le regarda fondre en larme. Il se prit la tête dans les mains.

Un enfant hurla en arrière-plan et partit en agitant ses bras comme des spaghettis, affirmant qu'il venait de voir deux clowns effrayants.

« Tu es un très mauvais clown, il va falloir remédier à ça, » fit Pennywise. « Je t'offre l'hospitalité. »

Ronald essuya ses larmouillettes de crocodile.

« Dans les égouts ? »

« Juge pas, » s'offusqua Pennywise. « C'est super confortable en vrai. »

« Mais ça pue. »

« Pardon ? » s'indigna Ça.

Il se renifla distraitement pour vérifier ces dires.

« Je parlais des égouts, » corrigea Ronald.

« … Je le savais, » prétendit Pennywise. « Ne t'en fais pas, on s'habitue très vite à l'odeur. »

Il retint difficilement le « en tout cas plus rapidement qu'à ta tête » qui lui brûlait la gorge.

Puis il décida que, de toute façon, cette caricature de clown n'avait pas le choix, et il l'attrapa par le bras pour l'entraîner dans la bouche d'égout.

Un physicien en perdit sa mâchoire et partit pleurer en PLS dans un coin sur toutes ses convictions scientifiques détruites. Depuis quand deux adultes, dont un de deux mètres, pouvait passer comme ça dans un si petit orifice ? Nous aurait-on menti depuis tout ce temps ?

La vie est une vilaine chienne.

ooOooOooOoo

Les sirènes des voitures de police résonnèrent bruyamment dans la ville de Gotham.

En haut des immeubles passait une grande ombre noire capée.

L'ombre poursuivait, en concert avec la police, le clown aux cheveux verts qui galopait à toute allure dans les rues, pestant contre son revolver dont l'orifice était occupé par un mini drapeau « BANG ».

Il n'avait jamais été foutu de différencier les vraies armes de ses jouets. Mais il dira que c'était la faute de cette incapable de Harley Queen, parce qu'il a de l'amour propre.

Il dérapa au détour d'une rue, provoquant une vague de braillement chez le petit peuple lorsqu'il remarqua sa magnifique tronche déteinte à l'acide.

Il adressa un clin d'œil goguenard à une mémé Gertrude standard, qui était restée figée avec son cabat au milieu de la route.

C'est à ce moment qu'il vit son SALUT.

Un chœur d'angelot accompagna les paillettes célestes qui brillèrent autour de la bouche d'égout.

Sans réfléchir plus que ça, il prit son élan et se jeta dedans à plat ventre, atterrissant tête la première dans l'eau grise.

Batman s'écrasa lamentablement sur le trottoir, pile là où il se tenait deux secondes plus tôt.

« AH ! Dans ta face Batou ! » jubila le Joker, recrachant un peu d'eau.

Il n'eut cependant pas le temps de lui adresser un pied de nez supplémentaire, puisqu'un ballon rouge lui éclata au-dessus du crâne et qu'un très grand clown bien flippant le saisit par le col.

« C'est une propriété privée, ici, pas un open-bar ! » fulmina Pennywise, qui venait de se faire cavalièrement réveiller pour la deuxième fois de la semaine.

« Ce sont des égouts, » se défendit l'intru.

« Toujours ce ton condescendant ! Les égouts c'est fantastique ! » protesta Pennywise.

« Je persiste à dire que ça pue vraiment, » intervint Ronald.

Le grand clown fit des yeux de cocker.

« Personne ne me comprend, » pleurnicha-t-il.

« Moi, si, je te comprends ! 3 » fit une fan girl anonyme, avant de s'envoler au pays des licornes.

Le Joker rajusta son veston, fixant l'arc-en-ciel laissé par la fan girl avec suspicion.

Puis il pointa Pennywise d'un doigt accusateur, appuyant sur le nez rouge du clown.

Sa victime loucha dessus.

« Tu es un USURPATEUR ! Je suis le SEUL clown autorisé à Gotham ! »

Il se tourna vers Ronald.

« Et toi aussi ! Vous me devez des DROITS D'AUTEUR ! »

Les deux autres clowns échangèrent un regard blasé.

« Oui mais moi je fais des Big Mac, » se défendit Ronald. « Et je rends des gens obèses. »

« Et moi je suis ton pire cauchemar, » fit Pennywise d'une voix gutturale.

Ses lèvres barbouillées de rouge s'étirèrent vers le haut, dévoilant des dents aussi effilées que des lames de rasoirs. Il s'autorisa même un filet de bave, histoire d'avoir en plus l'air d'un gros dégueulasse.

Le Joker renifla.

« Même pas peur, » se rengorgea-t-il.

Pennywise éclata d'un rire hystérique.

« Ah oui ? Et de quoi as-tu peur, alors ? Ne répond pas, je le sais déjà ~ »

Ses traits se brouillèrent, s'affinèrent.

Ses cheveux se résorbèrent sur son crâne, prenant une teinte d'un vert bien chimique.

Son costume clownesque laissa place à un veston violet.

Bientôt, le Prince du crime de Gotham fit face à lui-même.

Il ne put retenir un mouvement de recul.

« Tu as peur de ta propre folie ! » jubila Pennywise à travers la bouche de sa victime.

Il fit un pas vers lui.

Le Joker émit un très grand cri de femme en détresse, et se jeta en PLS dans un coin des égouts, le pouce dans sa bouche fendue.

« C'était trop facile, » soupira Pennywise.

« Euh, » fit Batman, passant la tête dans la bouche d'égout. « Excusez-moi ? »

Ronald lui adressa un doigt d'honneur.

Tout le monde fut choqué.

« C'est un club privé, ici, » fit-il.

« Ouais, » approuva Pennywise en reprenant sa forme normale. « C'est uniquement réservé aux clowns. »

Batman eut l'air sceptique sous son masque.

« Dans les égouts ? »

« ON NE CRITIQUE PAS ! » s'époumona Pennywise.

« En fait, » tempéra la chauve-souris, « je voulais juste arrêter le Joker. »

Ronald lui signala de dégager d'un petit mouvement souple du poignet.

« Pas question. Entre clown, il y a une solidarité. »

« Tant qu'il est dans ces FABULEUX égouts, tu ne le touches pas, » menaça Pennywise. « Sauf si tu tiens à ce que je te bouffe. »

Une petite larme brilla sur le masque de Batman, qui fut contraint de s'éloigner sous la musique « Oh Darkness My Friend. »

« Et un colocataire de plus, un ! » s'enthousiasma Pennywise, avant d'entamer un Harlem Shake.

OoOooOooOoo

« Pennywise ! » beugla le Joker. « T'as encore laisser traîner des gosses partout ! »

« Tu abuses, » renchérit Ronald. « On t'a pourtant dit que tu ne pouvais pas les utiliser comme décorations de Noël. »

« Mais vous avez vu comme c'est joli ? » plaida Pennywise. « On dirait des petits lampions flottants ! »

Il avait en effet eu la brillante idée d'envelopper les enfants dans des guirlandes à ampoules clignotantes.

« N'importe quoi, » grinça le Joker. « C'est juste creepy. »

Pennywise croisa les bras sur sa poitrine, boudeur.

« Pourquoi tu ne les bouffes pas, tout simplement ? » s'enquit Ronald, les yeux rivés sur une petite fille dont la guirlande disait « Joyeux Noël » en morse.

« Ce serait dégoûtant, » fit Pennywise en fronçant le nez de dégoût. « Je ne me nourris que de leurs peurs. »

Un sourire annonciateur de blague douteuse étira les lèvres du Joker.

« C'est que les gosses effrayés doivent avoir tendance à salir leurs pantalons. »

Il y eut des exclamations dégoûtées venant de ses camarades.

« Vous avez une mauvaise influence sur moi, » se plaignit Ronald. « A la base, je voulais juste vendre des frites, moi. »

« Vendre ou ne pas vendre des frites, telle est la question, » fit sagement Pennywise.

« De toute façon, on ne t'a pas sonné, espèce de capitaliste. » le rembarra le Joker. « Nous, au moins, on ne paye pas nos maquillages avec l'argent des enfants obèses. »

Un caméraman à casquette zooma sur le visage défait de Ronald, lançant une musique déchirante à grand renfort de violons. L'image effectua un fondu au noir, annonçant un flash-back tout à fait inintéressant.

« Vous voulez donc postuler pour le rôle de mascotte de notre fantastique restaurant. »

Un adolescent boutonneux hocha fébrilement la tête, les paluches tripatouillant son costume rouge et or trop grand pour lui.

« Et vous vous appelez comment ? » s'enquit le Grand Patron, tout en se masturbant devant une image de Winnie L'Ourson.

« R-Ronald, » fit l'adolescent, entrouvrant la bouche de manière à nous faire voir son appareil dentaire.

« C'est un nom bien pourri, ça, » fit le Grand Patron en s'emparant d'un mouchoir. « Vous êtes engagé. J'espère que vous savez au moins faire un bon clown. »

L'adolescent se jeta à ses pieds, les yeux éperdus de reconnaissance.

« Oh, merci ! Je ne vous décevrais pas ! »

La suite devenant beaucoup trop mièvre et menaçant de déclencher une alerte Pedobear, le réalisateur décida de revenir dans les égouts.

« Gasp ! » s'étouffa le Joker. « Tu n'es pas un vrai clown ! »

« Traître ! » l'invectiva Pennywise.

Ronald fit la moue.

« Oui, et vous non plus de toute façon. Un clown c'est gentil à la base. »

Un petit silence prit place.

« En fait, depuis le début, je suis un extra-terrestre âgé de plusieurs millénaires, » déclara Pennywise.

« Ah, » lâcha Ronald.

« Café ? » proposa le Joker en sortant une cafetière de nulle part.

« Volontiers, » approuva Pennywise.

OoOooOooOoo

Harley Queen poussa un long soupir las en se faufilant sous sa douche.

Elle déprimait un peu.

Elle n'avait pas beaucoup vu Mister J, ces derniers temps.

Et quand il venait, il trimballait avec lui une désagréable odeur d'égout, dont elle avait beaucoup de mal à se détacher.

Elle se coula sous le jet d'eau, soupirant d'aise. Son maquillage coula le long de sa peau, jusqu'à l'évacuation de sa baignoire.

« Pas mal, » fit d'ailleurs une voix appréciatrice en provenance du susdit trou.

Elle poussa un cri très perçant lorsque l'éclat d'un regard doré se détacha dans l'orifice.

Elle jaillit hors de sa douche, enroulant prestement une serviette autour de sa taille.

Le silence se fit dans sa salle de bain, uniquement rompu par le fracas du jet d'eau sur la porcelaine de sa baignoire.

Puis un petit ricanement retentit, non pas en provenance de l'évacuation, mais en provenance des chiottes.

Horrifiée, elle tourna la tête vers le trône où elle posait régulièrement sa pêche.

Une tête de clown grimaçant en sortait, tout sourire.

« Bonsoir, » fit le clown d'une voix aigüe. « Je suis Penn- »

BAM.

Harley referma violemment le couvercle des toilettes sur le crâne du clown.

Puis elle tira la chasse d'eau.

Plusieurs fois.

« Non mais ! Espèce de voyeur ! » s'indigna-t-elle. « C'est une honte ! »

Elle rouvrit le couvercle.

Pennywise était toujours là, l'air parfaitement blasé, tournant au milieu du siphon.

« … Aïe, » lâcha-t-il laconiquement.

« … AAAAAAH ! » hurla Harley, s'enfuyant à toutes jambes hors de sa salle de bain, laissant sa serviette et un trou en forme d'elle derrière elle. « Il y a un clown dans mes toilettes ! »

ooOooOooOoo

« Les chiottes, franchement… » soupira Ronald. « Tu ne crois pas que tu pues assez la merde comme ça ? »

« Un peu de compassion ! Elle a tiré la chasse d'eau, je te rappelle ! » couina Pennywise, ôtant une feuille de papier toilette humide de son avant-bras.

Un grand claquement retentit dans les égouts. Le Joker, hors de lui, se précipitait vers eux, le regard fou, une batte de base-ball à la main.

« PENNYWISE ! JE VAIS TE TUER ! HARLEY M'APPARTIENT ! »

L'intéressé bondit en arrière et se jucha en haut de sa tour d'objet divers, hors de porté de son camarade fulminant.

« J'ai juste jeté un petit coup d'œil ! Par curiosité ! » se justifia-t-il.

Le Joker fit tourner sa batte dans sa direction, écumant de rage.

« C'est MA chose ! Tu n'as pas L'AUTORISATION de jeter un coup d'œil ! »

Ronald fit apparaître un paquet de pop-corn pour suivre l'échange dans les meilleures conditions.

« Je n'ai presque rien vu, de toute façon, » tenta Pennywise.

La batte fit son baptême de l'air et s'écrasa pile au milieu du front du clown.

Il dégringola tout en bas de son tas de truc et atterrit dans un PLOUF sonore au milieu de l'eau d'égout.

Il y resta tapi, laissant juste ses yeux dépasser pour pouvoir surveiller le Joker.

Joker qui avait d'ailleurs saisi un club de golf et se dirigeait vers lui, les yeux promettant mille morts.

« Ce soir, je vais t'envoyer dormir avec les poissons, » affirma-t-il, fouettant l'air de son arme improvisée.

Pennywise lui adressa son plus beau sourire.

« Tu ne pourras pas ! »

Le Joker se stoppa, méfiant.

« Et pourquoi pas ? »

Le clown pointa tous les enfants qui gravitaient dans les airs comme des mini-planètes.

« Parce que je flotte ! »

« … »

ooOooOooOoo

Ronald se promenait tranquillement dans la rue, asphyxiant tous les passants avec son subtil parfum d'égout. Quelques gamins fuyaient dès qu'il le voyait.

C'est-à-dire qu'à force de vivre avec des clowns psychopathes, on commence à y ressembler.

Même si Pennywise se faisait discret depuis que le Joker l'avait tabassé à coup de club de golf pour délit de blague honteuse.

Un gamin le bouscula violemment, courant après un petit bateau en papier qui voguait dans les égouts.

« Malotru ! » s'exclama Ronald. « Mal élevé ! »

Le gosse lui adressa un signe obscène.

Le clown fut terriblement choqué dans son intégrité.

Une vague de colère colérique lui traversa l'esprit.

Comment ? Ce sale môme impertinent croyait pouvoir le bousculer comme ça ?

Grave erreur !

Il pouvait se montrer aussi TERRIBLE que ses colocataires !

Si, si !

Il prit le gamin en chasse, plein de rage meurtrière.

Ah ! Alors on pensait que Ronald était gentil !

Et bien on allait voir !

Il rattrapa l'enfant dans une ruelle, comme un chaton bondissant sur une mouche.

« Je te tiens ! » jubila-t-il.

Le gamin se débattit vigoureusement, le gratifiant d'un vigoureux coup à l'entre-jambe.

Ronald souffrit.

« Amateur, » ricana Pennywise depuis les égouts.

Ronald lui lança un regard terrible.

Ses yeux se posèrent sur l'enfant renfrogné qu'il tenait à distance.

« … Comment t'appelles-tu ? » fit-il d'une voix veloutée.

Le môme lui adressa un regard mauvais.

« Géorgie, » murmura-t-il d'un ton haineux.

« Que de bon souvenir, » soupira Pennywise, nostalgique, depuis sa bouche d'égout.

Ronald vit rouge. Géorgie !

De terribles souvenirs de sa traumatisante enfances firent surface.

Géorgie ! C'était la brute du lycée, qui lui avait volé, un jour, SA PELUCHE BOOHBAH !

Il ne s'en était jamais remis. Ce TRAUMATISME avait brisé quelque chose au fond de son âme sensible de jeune enfant. Il n'avait jamais surmonté cette terrible perte, qui hantait, aujourd'hui encore, ses pires cauchemars.

Son regard se reposa sur l'horrible garnement. Il voyait nettement en lui le kidnappeur de Boohbah.

IL ALLAIT PAYER POUR CE CRIME.

D'un geste, il éclata le crâne du gamin sur le mur le plus proche, offrant ainsi une façade rouge flambant neuve pour le propriétaire.

Cette agression fut si soudaine que Géorgie n'eut même pas le temps de crier, et que Pennywise tomba sur le cul dans un tintement de grelot.

« Mais ça ne va pas ! » brailla d'ailleurs le clown. « Tu n'as même pas pris le temps de lui faire peur ! Déjà que tu viens de tuer MON casse-croûte, il fallait en plus que tu le tues MAL ! »

Ronald ne répondit pas, fixant le petit cadavre avec un sourire très satisfait.

Il s'était enfin catharsisé de toutes ces années de souffrances aux restaurants.

« Tu es vengé, Boohbah, » murmura-t-il.

ooOooOooOoo

« Je viens d'obtenir un POSTE ! » clama fièrement le Joker, en faisant irruption dans la salle centrale des égouts.

Pennywise leva à peine les yeux de son livre, juste le temps de vérifier qu'il n'avait pas de batte de base-ball.

Ronald cessa de se curer les dents, évacuant le reste d'un Wrap dans l'eau.

« Ah oui ? Et où ? » demanda-t-il, plus par politesse qu'autre chose.

Le Joker se jucha sur une petite commode flottante par la magie des fées et des petits Pennywises.

« Au CIRQUE ZAVATTA ! »

« Oooh, » approuva Pennywise. « Joli. »

« C'est le rêve de tout clown, » approuva Ronald en essuyant une petite larme.

Le Joker leur fit un petit clin d'œil et prit une pose charismatique.

Les deux autres clowns furent obligés de papillonner des cils pour ne pas être trop ébloui par tant de prestance.

« Et bien sûr, » reprit le Joker, « vous êtes invités à la première. »

Pennywise applaudit à tout rompre devant cette si merveilleuse idée.

« Tellement d'enfants en perspective ! » s'extasia-t-il.

« Tu pourras te servir dans le tas, » assura le Joker.

« Oh, chouette alors, » s'exclama Pennywise.

Ronald léchouilla ses doigts pleins de gras.

« J'ai hâte de voir ça, » ronronna-t-il.

ooOooOooOoo

Le Joker s'inclina exagérément au centre de la piste, dans un roulement de tambour, et les applaudissements du public.

La lumière tamisée du cirque ruisselait sur le vert de ses cheveux, illuminait le blanc de sa peau, éclaboussait le rubis de ses lèvres, réhaussait le violet de sa tenue.

Il vivait son heure de gloire, il en était bien conscient.

Il se redressa, replaça son chapeau haut-de-forme au sommet de son crâne.

« Est-ce que ça vous a plu ? » hurla-t-il dans son micro.

« OUI ! » firent les gens dans le public qui n'avait pas encore été traumatisés par les clowns.

« NON ! » firent les gens dans le public dont le gosse avait rencontré récemment une bouche d'égout.

« Parfait, » reprit le Joker en faisant rouler les « r ». « Cela tombe vachement bien, parce que je vous ai réservé une petite surprise. »

« Oooh, » fit le public.

« Aller, Pennywise, la piste est à toi ! » proclama le Joker, faisant un grand geste vers les coulisses.

Une nuée de ballon rouge s'en échappèrent alors, s'envolant vers le haut du chapiteau.

« Oooh, » fit le public adulte.

« AAAH, » firent les enfants qui avaient déjà vu ces ballons.

Pennywise apparut alors dans la lumière des projecteurs, en équilibre sur une grosse boule rouge, saluant l'assemblée avec le bras arraché d'un enfant, le sourire aux lèvres et du sang plein le costume.

« Oooh, » firent les abrutis qui étaient présent.

« AAAH, » firent les gens normaux.

Lorsqu'il commença à jongler avec des têtes d'enfants, tout le monde déguerpit vers les portes, hurlant et braillant à s'en CASSER LA VOOOOIX.

Le cirque battit tous les records de vidage.

Jamais Pennywise n'avait eu autant de terreur à disposition en une seule fois.

Ce qui fait qu'il tomba en bas de sa boule, frappé par la grâce de l'indigestion.

« Bouh, » fit un gars, resté tout seul dans la salle. « Remboursez. »

Pennywise émit un petit rot.

ooOooOooOoo

Ronald était ébahi. Il venait de découvrir qu'il y avait des chiottes dans les égouts.

C'était inimaginable, fantastique, incroyable, fantasmagorythmique.

Il s'y dirigea comme une fleur, louvoyant entre la multitude de ballon « I love Derry and Your Mother » que Pennywise avait lâché partout.

Il se mit à courir au ralenti, sous une lumière rose et des paillettes dorées. Un chant d'église raisonna, alors que ses pas se faisait plus bondissant. Il tendit la main vers la poignée, illuminé de toute part.

Il ouvrit la porte, un grand sourire aux lèvres, rivalisant presque avec les sourires de ses camarades.

Il y eut alors un bruit de disque rayés. Toutes les lumières et paillettes s'éteignirent d'un coup.

Il resta un instant figé.

Puis il serra les poings.

« AH, Y'A PAS QUE LES BALLONS QUI FLOTTENT ! » rugit-il. « Qui n'a pas tiré la chasse ?! »

Pennywise passa la tête par l'ouverture, les yeux ronds.

« Eh bien, étant dépourvu d'organe prévus à cet effet, je ne pense pas pouvoir être en mesure de faire ce genre de chose, » ricana-t-il.

Le Joker rabattit la visière de son chapeau sur ses yeux et partit se cacher très loin.

OoOooOooOoo

« Bonjours, » fit Harley, tout sourire. « Votre Creepy Meal, c'est sur place ou à emporter ? »

Elle tendit le sac en papier vers un petit couple tout mignon.

« C'était une excellente idée d'ouvrir ta propre chaîne de fast-food, » approuva le Joker.

« Je sais, » se rengorgea Ronald. « Et c'était une bonne idée de mettre cette fille en caissière. »

« Je sais, » approuva le Joker.

« Bonjours, » salua un père de famille. « Un menu MacGéorgie, s'il vous plaît. »

« Mais bien sûr, » ronronna Harley. « Tout de suite, monsieur. »

« En fait, » s'enquit le Joker, « il manque un clown, on dirait. Où est Pennywise ? »

Harley poussa un cri à la mention de ce cher clown et se roula en boule sur le comptoir, la tête dans les genoux et pleurant à chaud de larme.

Le Joker la jugea.

« Je crois qu'il… raccompagne nos clients vers leurs voitures, » roucoula Ronald.

Le Joker éclata d'un rire hystérique, réussissant l'exploit de faire pleurer une vingtaine d'enfant fêtant leur anniversaire.

Il se dirigea à petit pas volatile vers la sortie, avide d'assister à une démonstration de son illustre camarade.

Fort justement, une joyeuse petite famille se dirigeait vers une adorable petite Clio vert pomme.

La petite fille, qui traînassait derrière ses parents, se vit soudainement dépossédée de son ballon, qui s'envolait MYSTERIEUSEMENT vers les arbres.

Elle lui courut après, sans que ses parents inconscients ne s'en rende compte.

Le Joker appuya ses coudes sur la rambarde, piochant dans un paquet de frite.

C'était mieux qu'au cinéma.

La petite fille se stoppa d'un coup lorsqu'un très grand clown s'avança vers elle, tenant délicatement son ballon du bout des doigts.

« Bonjours ~ » susurra Pennywise, et c'était la première fois que le Joker le voyait avec des yeux bleus. « C'est un très beau ballon que tu as là. »

La petite fille lui adressa un sourire édenté.

« Oui ! » s'enthousiasma-t-elle. « Je l'ai eu au restaurant, là-bas. »

Elle pointa le MacRonald.

« Oh, oui, oui, je vois, » s'amusa le clown. « C'est très bien, Amélia. »

Un air de doute passa sur le visage de la fillette.

« … Comment vous connaissez mon nom, Monsieur le Clown ? »

Pennywise la fixa sans répondre, son grand sourire figé sur sa bouche entrouverte. Son œil gauche partit légèrement sur le côté, sous l'influence de son léger strabisme.

Le ballon fut secoué par un coup de vent.

« … Ma maman… m'a dit de ne pas parler aux inconnus, » articula la petite Amélia, qui n'était peut-être finalement pas si bête que ça.

« Oh, » s'exclama Pennywise, comme s'il venait de s'éveiller d'un songe. « Je me présente. Je suis Pennywise, le clown dansant ! »

Il bougea un peu la tête, provoquant un bruit de grelot.

La fillette eut un micro-sourire.

« Je dois y aller, maintenant, » murmura-t-elle timidement.

Le sourire de Pennywise s'évanoui.

Ses yeux s'assombrirent. Le bleu de glace évolua à l'ambre dorée.

« Mais bien sûr, » répondit-il, dévoilant ses dents effilées d'un sourire qui n'avait plus rien de sympathique, ni même d'humain. Un filet de bave coula le long de sa mâchoire, sur sa collerette.

La petite fille poussa un très grand cri et partit à toute vitesse vers ses parents, les bras en l'air.

« DONNES MOI TES FRITES ! » rugit Pennywise d'une voix terrible, tendant les bras pour l'attraper.

Le Joker fronça les sourcils.

Pennywise se stoppa tout net. Il venait apparemment de prendre conscience de ce qu'il venait se dire.

« … Mince. Je me suis encore trompé de phrase. »

Il se colla une claque.

Dommage. Tout ça avait très bien commencé.

OoOooOooOoo

Le Joker se posta sur sa commode flottante fétiche.

Ronald lui jeta un regard torve. Pennywise était occupé à régler son magnétophone, qu'il avait malencontreusement cassé. Cela faisait dix minutes que l'objet répétait en boucle « Pennywise… crr… Clown dansant… crr…. Mourir. »

Et, à force, ça avait commencé à le mettre plutôt mal à l'aise.

« Psst, » murmura le Prince du Crime. « Tu veux savoir comment j'ai eu ces cicatrices ? »

Il pointa son sourire tailladé du pouce.

Ronald haussa un sourcil.

« Dis toujours. »

Pennywise jeta très loin son magnétophone et se racla la gorge, coupant le Joker dans sa très prochaine interprétation.

Il monta en haut de son tas de truc.

Puis il fléchit les jambes et les bras, et exécuta une fantastique danse cosaque, sous les yeux ébahis de ses camarades.

Le magnétophone se remit en marche dans un « crr » sonore.

Une toute nouvelle musique en sortit, accompagnant la fabuleuse danse du clown.

« On s'en bat les couilles, on s'en bat les couilles, on s'en bat les couilles couilles couilles couilles ! »

Le Joker fut extrêmement vexé.

OoOooOooOoo

« Donc, tu vois mon petit, » expliqua patiemment le Joker en passant un bras autour du cou de Ronald. « Ceci est une ville très particulière. Tu dois y trouver ta place, en tant que clown démoniaque ! »

Il balaya la ville de Gotham du bras.

« Et moi, je suis là pour t'y aider. »

Ronald hocha la tête, attentif. Son mentor du jour le traîna à travers les rues, le guidant à travers les quartiers.

« Tu dois faire ton nom dans la grande famille du crime ! » clama le Joker. « Et pour ça, tu dois réussir à attirer Batsy sur les lieux de tes méfaits. »

Ils s'arrêtèrent devant un orphelinat.

« Et pour ça, il faut frapper GRAND. »

Il lui fourra des explosifs dans les mains.

« Un feu d'artifice fera l'affaire. »

Il le gratifia d'une tape vigoureuse sur l'épaule.

« Aller, bon courage ! Et évite de mentionner devant Pennychou que tu as fait exploser une telle réserve de bouffe, ça risque de lui faire faire une crise d'apoplexie. »

« Pennychou ? » répéta Ronald. « Ça ressemble à Bénichou. »

Le Joker ne lui répondit pas. Il s'était déjà éloigné très loin.

Ronald déglutit, fixa le bâtiment.

… Bon. Quand faut y aller, faut y aller.

Pennywise fit un bond de deux mètres lorsque le bruit d'une violente explosion retentit dans toutes les tuyauteries. Il manqua de se faire embrocher par des stalagmites qui s'étaient décrochés du plafond.

Il prit le temps de se remettre de sa frayeur causée par sa presque chiche-kébabisation, et jeta un coup d'œil par l'une des bouches d'égout.

Le Joker s'y précipita d'ailleurs très à propos.

« Il l'a fait ce con ! » brailla-t-il, avant de s'écraser à ses pieds.

… eh ?

OoOooOooOoo

« Désolé, ce soir, je n'ai pas le sourire, » chantonna le Joker.

« Je fais mine d'être sur la piste malgré la routine, » reprit Ronald, tapant du pied sur la scène du karaoké.

« J'ai le maquillage qui coule, mes larmes font de la lessive sur mon visage de cloooown ! »

« Je sais bien que vous n'en avez rien à faireeeuh ! »

Le visage de toutes les autres personnes présentes dans le bar approuva ces paroles.

« De mes problèmes quotidiens, de mes poubelles, de mes colèreuh, » continua courageusement le Joker.

« Je suis là pour vous faire oublier… »

« Vous voulez que ça bouge ! »

« Ce soir je suis payé… »

« JE REMET MON NEZ ROUGEUH. »

Le Joker laissa tomber son micro par terre, des lunettes de soleil céleste lui tombant miraculeusement sur le nez.

Un grand silence prit place dans le bar.

Il jeta un regard vers Ronald, qui se trémoussait encore sur la musique qui ne s'entendait plus.

Un temps.

« C'était NUL ! » fit un gars dans la salle.

Une tomate s'envola, s'écrasant sur la tête du clown rouge et or.

« Vous chantez comme des quiches lorraines ! » approuva une femme.

Une chaise s'envola à son tour.

« Vous avez assassiné mes tympans ! » se plaignit un soûlard.

« Nous sommes des incompris ! » affirma Ronald, le visage dégoulinant de jus de tomate.

OoOooOooOoo

« Donc, vois-tu, ça c'est des enfants, » expliqua Pennywise, un bras autour des épaules de Ronald. « Et en tant que clown démoniaque, tu dois te faire un point d'honneur de faire de leurs vies un ENFER. »

Ronald hocha la tête, très attentif.

« Et pour ça, comment faire ? » questionna le grand clown.

« On les manges ? » proposa Ronald.

« Pas du tout, » rétorqua Pennywise. « On en fait disparaître quelques-uns et on se fait voir de temps à autre par les autres ! Histoire qu'il panique tous bien entre eux. »

« Oooh, » fit Ronald.

« Aller, montre-moi ce que tu sais faire, » ordonna le clown, tout sourire, avant de partir se réfugier en haut d'un arbre.

Ronald émit un petit « euh ».

Ce n'est pas juste, Pennywise a un avantage, il lui suffit de montrer sa tronche pour faire flipper n'importe qui.

Il s'approcha d'un des enfants qui jouaient dans le parc.

« Bouh ! » tenta-t-il.

Personne ne fut convaincu.

Pennywise ricana dans son arbre.

« Je suis un clown, » affirma Ronald.

Les enfants le fixèrent, blasé.

Pennywise gloussa.

« Ayez peur de moi ! » désespéra Ronald.

Les enfants éclatèrent de rire, imités par Pennywise qui ne tenait presque plus en équilibre sur sa branche.

Ronald se mordit les lèvres. Ses mains tremblèrent. Sa vision se troubla.

« C'est un ORDRE, » gronda-t-il d'une voix gutturale qui n'était pas la sienne.

Les enfants se turent.

Pennywise aussi.

« Bien, vous m'avez compris. Vous me trouvez drôle ? … C'est ce qu'on va voir. »

Il bondit sur l'un des enfants, couteau en avant.

Personne ne sut d'où il sortait son ustensile, les plus pervers imaginant bien évidemment des choses dégoûtantes.

Mais en tout cas, les enfants le sentirent très bien s'enfoncer dans leurs chairs.

Ce fut un véritable massacre, un enchevêtrement de cri et de hurlement.

Pennywise était figé, ahuri, en haut de sa branche.

Il ne riait plus du tout.

… Mais qu'est ce qui venait de se passer ?

OoOooOooOoo

La présentatrice, tout sourire, fixait les caméras. Ses cheveux blonds chimiques encadraient son visage plus maquillé que celui d'un clown.

Et, JUSTEMENT, les choses était tellement bien faites qu'il y avait effectivement un clown sur le plateau.

« Bonjoooours, chers téléspectateurs, » roucoula la présentatrice. « Aujourd'hui, dans cette nouvelle édition de « Tellement Vrai », nous accueillons un invité très spécial. »

La caméra quitta le visage de la présentatrice pour se tourner vers celui de la créature qui lui faisait face, entouré de ballon rouge.

« Mr. Pennywise, » exigea la femme, « expliquez-donc à nos chers téléspectateurs votre tragique histoire. »

Le clown hocha la tête d'un air grave. Un petit bandeau s'afficha sous son visage, portant l'inscription « Je kidnappe des enfants et me nourrit de leurs peurs je n'arrive pas à arrêter. »

« Tout a commencé quand j'étais très jeune, » fit-il.

L'image se vit apposée un filtre noir et blanc, accompagné d'un bruit de violon, histoire de bien signaler que ça allait être triste.

« Au début, je me contentais de leurs faire peur, vous comprenez, » expliqua Pennywise. « Je me faisais discret, pour ne pas embêter les gens. Je suis même allé vivre dans les égouts, vous voyez. »

La présentatrice hocha la tête d'un air grave.

Les violons se firent plus lancinant.

« Et puis un jour, j'ai accidentellement arraché le bras d'un enfant. »

La musique se stoppa d'un coup.

La présentatrice ouvrit de grands yeux.

« Mais je n'ai pas fait exprès ! » se justifia-t-il.

L'ambiance se détendit aussitôt sur le plateau.

« Ouf, j'ai eu peur, » soupira la présentatrice, toute sourire. « Bien sûr, je comprends. Tout cela a dû être un choc terrible pour vous. »

Pennywise hocha tristement la tête, essuyant une petite larme.

« Oui, absolument terrible. »

Il y eut un bref arrêt sur image, en gros plan sur son image défait.

« Surtout, qu'après, un groupe d'enfants à tenter de m'assassiner ! »

L'ingénieur son ajouta un bruit d'éclair.

« Quelle horreur, » s'effara la présentatrice.

Un ballon flotta brièvement devant l'objectif de la caméra.

« Ils m'ont laissé tomber au fond d'un puit, » renifla Pennywise.

« Oh, mon pauvre Monsieur, » couina la présentatrice en posant sa main sur la sienne. « Quelle horrible épreuve ! »

« Depuis, je fais tout pour ne pas faire de mal aux enfants, » reprit Pennywise. « Mais j'ai toujours faim, c'est un vrai calvaire ! »

Le violon émit une fausse note.

« Nous compatissons, » assura la présentatrice. « Vous devez vous sentir affreusement seul ! »

Pennywise approuva d'un hochement de tête.

« Mais maintenant, j'ai des colocataires ! »

Les trompettes remplacèrent les violons.

« C'est fantastique ! » s'enthousiasma la présentatrice. « Nous sommes tous très heureux pour vous, et je suis sûre que nos téléspectateurs le sont tout autant ! »

Un stagiaire applaudit dans un coin de l'écran.

« Merci, » fit Pennywise, un petit sourire satisfait aux lèvres. « Je voudrais par ailleurs ajouter- »

Billy éteignit la télévision avant d'en entendre plus, les yeux exorbités.

Il se rua sur son téléphone.

Beverly décrocha presque aussitôt.

« Ça est revenu, » murmura Billy d'une voix blanche.

« Oh mon Dieu, » s'épouvanta Beverly. « Il a kidnappé d'autres enfants ? »

« Non. »

« … ? »

« Il est passé à Tellement Vrai. »

« … »

« … »

« … mais What the f- »

OoOooOooOoo

« Hey ! Cher Joker ! »

L'interpellé leva une tête ahurie, observant Ronald qui s'approchait d'un pas sautillant, portant un plateau à bout de bras.

« … Qu'est ce qui justifie le « cher » ? » s'enquit-il.

« Personne ne me dit jamais ça, à moi, » geint Pennywise, accrochant des citrouilles d'Halloween aux enfants flottants.

« Cher Pennywiiiiiise, » fit une fan girl passant par là.

Un silence suivit cette brillante intervention.

Pennywise avait ouvert très grand les yeux, la bouche en « o ».

« … Donc, » reprit lentement Ronald en fixant le plafond. « Je voulais juste… savoir ce que tu pensais de ma nouvelle recette de hamburger. »

Le Joker hocha vaguement la tête.

Il s'empara du plateau en plastique rouge d'un air assez ennuyé.

« Ouais, je suppose que je peux faire ça, » marmonna-t-il.

Il déballa le sandwich graisseux, et jeta le papier dans la flotte.

Tout une organisation d'écologistes fut choquée par ce geste honteux.

Il le détailla sous toutes ses coutures, et croqua dedans.

« … Mmh. C'est meilleur que d'habitude, tu t'améliores, » concéda-t-il.

Ronald se rengorgea.

« Tu as rajouté quelque chose, je me trompe ? » reprit le Joker, après une nouvelle bouchée.

« Oui, une pointe de cumin, » approuva Ronald. « Et j'ai aussi changé la provenance de la viande. »

« Je le savais. On dirait presque un vrai steak, c'est un miracle. »

« Arrêtez de faire l'apologie de la nourriture, je vais finir par avoir faim, » se plaignit Pennywise.

Un « cronch » retentit soudainement. Les dents du Prince du Crime venait de rencontrer quelque chose.

« Mais qu'est-ce que- »

« EH ! » rugit soudainement Pennywise. « Qui a volé l'un de mes enfants flottants ? »

Ronald ricana.

Le Joker extirpa le truc dur du burger.

« Un ongle, » lâcha-t-il laconiquement. « Je vais aller vomir. »

Il jeta le sandwich très loin de sa personne et déguerpit.

Pennywise fixa Ronald d'un air choqué.

Le clown rouge et or lui adressa son meilleur sourire psychopathe.

« Est-ce que je fais assez « clown démoniaque » pour toi, maintenant ? »

OoOooOooOoo

« PENNYWISE ! » beugla le Joker, faisant irruption dans la pièce centrale des égouts.

« Je te jure que je ne suis pas retourné voir Harley ! » fit très vite l'intéresser.

Le Prince du Crime effectua un dérapage contrôlé, aspergeant l'autre clown d'eau nauséabonde.

« Ce n'est pas de ça que je te parle, » le rembarra-t-il.

Pennywise s'ébroua comme un chien, pas très heureux d'avoir été ainsi douché.

« Ah oui, » gronda-t-il. « De quoi, alors ? »

Le Joker le saisit par le bras et le traîna à travers les égouts.

« Mais lâches-moi ! » couina Pennywise, qui ne comprenait pas pourquoi il se faisait ainsi violenter.

« Ronald s'est fait arrêter, les policiers fouillent son restaurant, » expliqua le Joker.

« Ah, » comprit Pennywise. « Mais je ne vois pas trop ce qu'on pourrait faire. On l'avait prévenu, que les sandwichs aux enfants ce n'était pas très judicieux. »

Le Joker se stoppa.

« Très juste, » admit-il. « Donc, on le laisse dans sa merde ? »

« Exactement, » approuva Pennywise.

Un silence s'installa.

« C'est beau, la solidarité clownesque, » railla finalement le Prince du Crime.

Pennywise lui adressa un sourire éclatant.

« T'as vu. C'est fantastique. »

Une nouvelle pause.

« A mon avis, » reprit le Joker, « Ronald a réussi à supplanter Findus au niveau du scandale alimentaire. »

Pennywise éclata de son rire le plus tonitruant.

FIN

P-S : petite scène cadeau ~

Le Joker ouvrit la porte de la chambre. Harley Queen était recroquevillée derrière un rideau, répétant en boucle quelque chose à propos d'un clown dans ses toilettes.

« Harley ? »

La blonde pointa timidement sous le velours.

Ah. Il avait effectivement bien vu lorsqu'il avait cru la voir traverser le salon sans le moindre vêtement.

« Oui ? » couina-t-elle.

Il lui jeta un drap à la figure.

« VA TE COUVRI- »

Il toussota.

Rester calme.

« Enfile quelque chose, S'IL TE PLAÎT. »

Harley rougit et obéit très vite.

« Cachez ce sein que je ne saurais voir, » ricana Pennywise depuis l'armoire entrouverte. « Par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupable p- »

Le Joker se retourna vivement, le regard fou.

« TOI ! »

« Est-ce que c'était du Baudelaire ? » s'enquit Harley, ébahie.

Pennywise déguerpit très vite.

« Reste là, » gronda le Prince du Crime « Je reviens. »

Il s'empara d'une batte de base-ball et partit à la vitesse d'un buffle enragé, laissant la pauvre Harley traumatisée sous son drap.