Épouser la fille Kervillard était sans doute la meilleure chose à faire. Seule héritière de la fortune familiale on peut dire qu'il avait tiré le gros lot le Sioc'han.
Mais il était comme ça Liam Sioc'han. Il avait cette chance qui semblait lui filer au train plus sûrement qu'un botruc en colère.
Premier rejeton d'une famille nombreuse il avait hérité du commerce de son père et par la même occasion du titre de sieur de Kerdannec. À même pas vingt ans il envoyait ses propres bateaux à la conquête de ce nouveau monde qui avait été découvert l'année même de sa naissance.
À trente ans il avait épousé, comme son père avant lui, la fille unique d'un riche armateur.
Il faut dire qu'il avait de quoi à séduire le nouveau sieur de Kerdannec. En plus de ses terres et vaisseaux il était séduisant le Franco-Irlandais. C'était un solide gaillard qui dépassait les autres d'une tête. Quand il parlait tout le monde se taisait pour l'écouter et avec cet accent rocailleux hérité de son père il faisait tourner quelques têtes.
Y a pas à dire Liam Sioc'han c'était un sacré homme, alors lorsqu'il reprit les affaires de sa belle-famille personne ne fut étonné que la fortune lui sourie encore. Et ce n'est pas ses hommes qui allaient s'en plaindre. Avec lui, leur fortune était assurée. Et vaut mieux être chanceux lorsqu'on décide d'armer des bateaux de course.
Mais il était comme ça Liam Sioc'han sieur de Kerdannec chanceux comme un Irlandais joyeux compagnon comme un Breton et sorcier par-dessus le marché. Le bougre avait vraiment tout pour plaire et ce n'était pas sa femme Anne Kervillard la plus belle femme de Roscoff qui allait s'en plaindre.