Les personnages appartiennent à Stephenie Meyer.
Résumé :
Bella Swan, jeune provinciale naïve et bohème, s'installe à New York pour fuir une relation amoureuse désastreuse. Elle y rencontre Edward Cullen, un mystérieux jeune homme au passé trouble. Ensemble, ils tenteront de faire la lumière sur le drame terrible qui a touché Edward et sa famille, huit ans plus tôt. Entre New York, Los Angeles et Miami, par une canicule étouffante, ils mèneront l'enquête, aidés par un cynique et séduisant Inspecteur de Police. Meurtres, sexe, argent, mensonges et manipulations, Bella dénouera un à un tous les secrets d'une famille qui s'entredéchire, jusqu'à découvrir l'horrible vérité…
Prologue
La traque avait commencé, et j'étais la proie.
Les herbes hautes étendues à perte de vue sur le sol limoneux ondulaient lascivement sous le vent chaud, faisant frémir la surface ridée et étincelante de l'eau. Dans le ciel sans nuages, l'astre brûlant jetait implacablement ses rayons ardents sur la végétation luxuriante.
Aveuglée par le soleil, je marchais dans cet environnement hostile et marécageux que je savais hanté de bêtes toutes plus terrifiantes les unes que les autres.
Le front baigné de sueur et le cœur battant à tout rompre, je soulevais sans relâche mes sandales gorgées de vase, fendant la fine brume qui s'élevait au-dessus de l'eau et qui s'accrochait à mes chevilles comme des lambeaux de coton.
Le souffle court, la peur au ventre, je progressais le long des palétuviers aux racines emmêlées, respirant avec peine l'air épais chargé de sel et de pourriture. Fébrilement, je pressai une main sale sur ma tempe palpitante et grimaçai de douleur.
Une sueur glacée coulait dans mon dos, le long de mes bras, collant à ma peau ma robe détrempée et maculée de boue. Je grimpai difficilement un monticule rocheux, m'enfonçant plus profondément dans le marais fangeux, où mes jambes nues, dont le sang presque sec suintait toujours des profondes égratignures, plongeaient inlassablement jusqu'aux chevilles.
Soudain, un bruissement de roseaux résonna près de moi et je sursautai violemment, appuyant mes paumes moites sur ma poitrine. Les mâchoires contractées, je suivis des yeux un oiseau à l'envergure majestueuse quitter son refuge et s'élever dans l'air avec un froissement d'ailes soyeux, suivi d'un pépiement indigné.
Je soufflai lourdement et, tremblant de tous mes membres, l'oreille aux aguets et la terreur me vrillant les tripes, je repris ma course en essuyant d'un revers de main la sueur et le sang qui coulaient dans mes yeux.
Le marais sinistre et puant paraissait se refermer sur moi à mesure que j'avançais, repliant ses roseaux ondulants tels des barreaux de fer au-dessus de ma tête. La vase collait à mes semelles, semblant m'aspirer à chaque pas dans cette eau trouble et pestilentielle.
L'air bourdonnait de moustiques qui, agitant leurs frêles ailes translucides dans de frénétiques battements, tourbillonnaient autour de ma peau moite. Je les chassai d'un geste agacé, et continuai à marcher. Je ne devais pas m'arrêter si je voulais le retrouver.
Le retrouver vivant, c'est tout ce qui comptait.
Au loin, un ululement lugubre déchira le silence angoissant du marécage, puis le clapotis incessant des vaguelettes se brisant entre les lianes humides de la mangrove, reprit son immuable litanie.
Tout ici paraissait calme et tranquille, mais je savais qu'il n'en était rien. Cet endroit était peuplé de créatures sauvages, dangereuses et imprévisibles. Et malgré tout, ce n'étaient pas elles qui me terrifiaient le plus.
Un claquement de mâchoires résonna, suivi d'un glissement doux, un murmure d'eau et d'alluvions remuées. J'accélérai le pas, trébuchant sur des racines enchevêtrées comme des doigts maléfiques rampant sur le sol boueux, et je me retins de justesse sur le bois glissant.
Je suffoquais dans l'air humide et salé, le corps brûlé par l'ardeur du soleil, les membres douloureux d'avoir trop marché.
La peur bourdonnait dans ma tête comme une nuée d'insectes. Tous mes nerfs étaient tendus à l'extrême, dans l'attente. Mon cœur vibrait dans ma poitrine, battant furieusement contre mes côtes.
La mort était là, quelque part. Je sentais sa présence autour de moi comme un souffle fétide et glacial sur ma peau. Cachée parmi les feuillages dentelés mêlés de lianes, dans la langueur torride et étouffante du jour, sous la surface brillante de l'eau, elle attendait son heure pour attaquer.
Machinalement, j'attrapai le médaillon se balançant sur sa chaîne autour de mon cou et le caressai lentement entre mes doigts sales, comme s'il s'agissait d'un talisman. Je serrai les dents et plissai les paupières alors qu'un élan de courage m'assaillait. Jamais je ne m'avouerais vaincue avant d'avoir combattu. J'étais prête à lutter. J'étais prête à mourir. J'étais prête à tout pour survivre, même à tuer s'il le fallait.
Soudain, j'aperçu plus loin dans un bras d'eau sale tapissé de joncs, le bout d'une chaussure noire. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et, malgré la douleur lancinante irradiant tout mon corps, je me précipitai dans sa direction.
Derrière moi, le bruit de l'eau remuée me fit stopper ma course et je sus, comme si c'était une évidence, que la traque avait pris fin.
Je resserrai mes doigts crispés en deux poings étroitement serrés, et le souffle court, je me retournai lentement.
La mort était là et elle m'attendait.
