Bonjour à tous ! Voilà une nouvelle fic^^ Le titre n'est pas très original, mais c'est fait exprès (si, si). Les deux personnages principaux étant, sans surprise, Artemis et Artemis x]

Disclamer : Pour le moment je ne prévois pas de faire intervenir d'OC importants, donc je peux dire que tous les personnages appartiennent à Eoin Colfer (merci à lui !) et que personne ne me paye pour écrire cette fic xD

Rater : K+ au cas où… En général je n'écris jamais au-delà (pas douée XD)

Paring : Tome 6

Résumé : Artemis Fowl II est sur le point de fêter ses quinze ans, lorsqu'il reçoit un appel désespéré de Foaly : Holly a été contaminée par un virus inconnu du Peuple des Fées, un virus qui peut aussi bien toucher les humains. Problème : aucun remède n'existe. Du moins… pas encore. Le petit génie irlandais est donc appelé à voyager dans le futur afin de ramener cet antidote. Nouveau problème : Dix ans plus tard, c'est à une multinationale du nom de Fowl Industries qu'il appartient. Et cette entreprise est dirigée par l'héritier irlandais le plus intelligent au monde. Un héritier qui a tiré un trait sur son amitié avec le Peuple des Fées il y a des années de cela, car il les tient pour responsables d'une tragédie survenue dans sa famille. Autant dire que pour l'Artemis adolescent, rencontrer son aîné ne va pas être simple. Car sans l'influence positive de sa mère et de Holly, Artemis Fowl II est retombé dans son milieu naturel… Je vous le donne en mille ?

Note : L'histoire commence dix ans dans le futur. Bonne lecture !

* * *

Chapitre 1

IL Y A BUTLER ET BUTLER

MANOIR FOWL, DUBLIN, IRLANDE

Pour la première fois de sa vie, Domovoï Butler faisait une chose qu'il n'aurait jamais osé ne serait-ce qu'imaginer : Il paressait. Pire, même : Il paressait dans un fauteuil, dans une tenue décontractée et il regardait la télévision. Mille fois pire : la chaîne culinaire. En conséquence, et malgré ce que sa sœur lui avait conseillé, Domovoï Butler savait qu'il n'avait pas besoin d'une séance de psychologie : Il était désespéré, et cela se voyait.

La question qui se posait à présent était la suivante : Pourquoi ? Et la réponse était simple. Elle tenait en un seul mot. La retraite.

Les doigts de Butler serrèrent dangereusement les accoudoirs du siège relaxant qu'Artemis lui avait offert pour son dernier anniversaire. Même lui le traitait comme… comme… – il n'osait même pas y penser – comme un retraité. « Mais non vieux frère, je ne fais pas cela pour me débarrasser de vous, avait-il dit avec cet air indéchiffrable qui était le sien, je fais cela pour vous rendre service. » Butler était convaincu que lui acheter un fauteuil relaxant n'était pas lui rendre service, mais quand Artemis Fowl II voulait quelque chose, il l'obtenait. Par tous les moyens. « Butler, je ne le dirai qu'une seule et dernière fois : J'exige que vous cessiez vos activités de garde du corps. Restez à la maison, et rendez-vous utile ! » avait-il fini par lui assener. Inutile de dire combien Domovoï avait été blessé par ces propos. Pourtant, il n'arrivait pas à en vouloir à Artemis. C'est de ma faute, se disait-il, s'il a dû en arriver là, à utiliser des mots aussi durs. Artemis s'inquiète pour ma santé, c'est tout. Tout est de ma faute. J'aurais dû être à la hauteur.

Il avait faillit à sa tâche. Un jour, une faiblesse de sa part avait été sur le point de coûter la vie d'Artemis. Alors, ils avaient tous deux senti que le moment était venu. Butler ne pouvait pas exercer comme garde du corps jusqu'à la fin de ses jours… il avait été blessé à de nombreuses reprises par le passé, s'en était parfois sortit de justesse… Ce moment devait bien arriver un jour. Butler regrettait seulement qu'il ait semblé plus facile à accepter pour Artemis que pour lui.

À présent, il vaquait à ses tâches de majordome, ne faisant jamais rien qui puisse épuiser ses forces, sur les ordres de son médecin – c'est-à-dire Artemis. Et pendant ce temps-là, Juliet Butler assurait la sécurité de l'héritier Fowl. Domovoï soupira. Il y avait Butler, et Butler. Les capacités de sa sœur n'étaient pas à prouver ; ils n'avaient simplement pas la même façon de faire. Mais il avait confiance en Juliet. C'était avec Artemis que cela clochait. L'ex-garde du corps cliqua sur la télécommande holographique de la télévision et se résigna à abaisser légèrement le dossier de son fauteuil. Si Artemis rentrait et qu'il le voyait assis droit comme un « i », il allait encore le sermonner sur ses problèmes de dos.

*

MANOIR DES FOWL, DE NOS JOURS

Artemis était en pleine séance de yoga lorsque cela arriva. Clang ! Le jeune Fowl inspira à fond. Clong ! Il expira lentement. CLANG ! CLONG ! CLING ! Cette fois-ci, impossible d'ignorer le bruit. Avec un bref soupir, l'adolescent se redressa, s'étira puis sortit de son bureau afin de comprendre la raison de ce chahut.

– Butler, j'avais demandé à être au calme. Que signifie ce boucan ?

Pas de réponse. L'adolescent descendit le plus calmement du monde les marches menant au hall et se plaça devant les grandes portes, les mains dans le dos.

– Beckett, Myles… Que faites-vous ? questionna-t-il avec un air légèrement blasé.

Ses deux petits frères jetaient des regards aux alentours, l'air aux aguets. En l'apercevant, Myles se figea.

– Beckett fait le guet ! s'exclama l'un des jumeaux avec un sourire ravi.

– Le guet ?

Le ton d'Artemis était patient.

– Et qui surveillez-vous ?

– Ben, Artemis ! répondit encore Beckett, comme si c'était la chose la plus évidente au monde.

Et il se remit à surveiller les alentours. Myles leva les yeux au ciel.

– Tu n'es pas censé être ici, dit-il calmement à son grand frère. Papa et maman ont dit que tu ne devais pas voir la voiture.

– La voiture ?

Artemis était perplexe. Son anniversaire avait lieu le lendemain ; il savait donc qu'il devait s'attendre à des cadeaux de la part de ses parents. Mais une voiture ? Cela semblait un peu exagéré. Surtout si sa mère était dans le coup. Mais Myles lui jeta un nouveau regard exaspéré :

– Ou ce qu'elle contient, articula-t-il très clairement.

– La surprise ! s'écria son jumeau.

– Nigaud, soupira l'autre.

Ayant compris l'essentiel, Artemis renonça à rester dans les parages. C'est alors que le bruit mystérieux reprit du service. CLONG ! Agacé, le jeune Fowl fit le tour de la propriété.

– Non, pas par là ! s'exclama Beckett.

Ignorant les protestations de son cadet, Artemis marcha à grands pas jusqu'au garage, où se trouvait en ce moment-même la désormais incontournable Bentley des Fowl.

– Artemis ! s'exclama Butler en le voyant arriver.

Il avait l'air embarrassé. Il se glissa à l'extérieur et referma la porte derrière lui.

– C'est donc ici que vous vous cachiez, remarqua l'adolescent au teint pâle avec un très léger haussement de sourcil. Butler, je déteste avoir l'impression d'être le seul à ignorer une chose que tout le monde sait. À fortiori quand ce "tout le monde" semble faire des pieds et des mains pour me le cacher. Alors dites-moi que ce que vous faites est en rapport avec mon anniversaire et, surtout, que vous allez arrêter ce boucan.

Le garde du corps était resté silencieux durant toute la tirade de son jeune maître. Il prit une brève inspiration et se lança :

– Oui, c'est en rapport avec votre anniversaire. En revanche pour le bruit… Nous allons essayer, s'empressa-t-il d'ajouter devant la grimace du garçon.

Il jeta un coup d'œil derrière lui et emmena Artemis à l'écart.

– Ce serait bien que vous ne traîniez pas près du garage pendant les prochaines heures. Disons jusqu'à demain.

Artemis haussa une nouvelle fois un sourcil mais ne fit aucun commentaire – chose très rare. Butler paraissait plus soulagé, mais pas au point de vouloir continuer sur le sujet :

– Au fait, Juliet m'a appelé. Elle s'excuse de ne pas pouvoir venir demain, mais elle a une importante compétition au Mexique, fit-il.

Artemis hocha la tête :

– Je sais. J'espère au moins qu'elle gagnera.

– Ne vous en faites pas. Si elle n'est pas là, c'est vraiment pour une bonne raison.

– Non Butler, je disais cela parce que j'ai parié sur elle, corrigea Artemis avec son fameux sourire de vampire.

Domovoï sourit malgré lui :

– Pas une grosse somme, j'espère ?

– Qu'entendez-vous par "une grosse somme" ? questionna l'adolescent avec ce même sourire.

Butler soupira.

– Disons la moitié de votre fortune.

– Vous n'y pensez pas ! D'après mes estimations, il y a 99.9 % de chances pour que votre sœur gagne. Ce qui nous laisse 0.1 % d'ombre. Je suis prudent, vous savez.

– Je sais, répondit l'Eurasien tout en pariant que la somme en jeu devait sûrement être la même que ce que lui-même gagnait en une année.

C'est-à-dire assez pour s'exiler dans une quelconque île tropicale pendant les treize prochains mois.

– Et maintenant si vous le voulez bien, allons dans le salon, reprit-il. Je dois vous tenir éloigné de la Bentley, dans un lieu où vous ne pourrez pas consulter les caméras de surveillance.

Cette réplique fit sourire Artemis. S'il avait voulu savoir ce qui se tramait dans le garage, il n'aurait eu qu'à sortir son téléphone portable scientifiquement modifié.

*

TERMINAL DE SURFACE DE TARA, IRLANDE

– Vous l'avez contacté ?

À peine eut-il posé cette question, que Qwan entendit Foaly grogner dans son micro.

– Ce sera fait dans une minute. Sachez que cette situation ne me plait pas plus qu'à vous. Mais vous vous rendez compte de tout ce par quoi il faut passer pour avoir une autorisation pareille ?

– N°1 m'a confié que votre amie Holly Short pouvait le contacter très facilement, argua le sorcier.

– C'est différent. Je ne suis pas dans le répertoire téléphonique d'Artemis Fowl, moi. Je dois remplir tout un tas de paperasse pour pouvoir lui faire la causette, moi.

– "Causette" n'est peut-être pas le mot le mieux approprié, commenta le sorcier.

Foaly coupa immédiatement son micro afin de pouvoir hurler sans être dérangé. Qwan reporta alors son attention sur la navette qui le mènerait, lui et un commando des FAR, jusqu'à la demeure des Fowl. Espérons que le Bonhomme de Boue aura eu le temps de préparer notre arrivée, songea-t-il.

*

MANOIR DES FOWL

Artemis réfléchissait au meilleur moyen de faire comprendre à Butler qu'il devait cesser de s'acharner, lorsqu'un petit bip retentit dans la poche intérieur de sa veste Armani. Profitant de cette occasion pour échapper à la partie qu'il menait contre son garde du corps, il déplaça son fou afin de mettre en échec le roi de son adversaire, avant d'ouvrir son téléphone ainsi que le mail qu'il venait de recevoir. Une phrase en gnomique. Artemis la traduisit instantanément par « Avons besoin de votre aide. Holly est en danger. Allumez les écrans de votre bureau. Foaly. » Son visage, déjà très pâle d'ordinaire, fit à Butler l'effet d'un cadavre.

– Artemis, que se passe-t-il ? s'enquit le garde du corps tout en se levant à la suite du garçon.

– Nous allons bientôt le savoir.

Ils quittèrent précipitamment le salon et se dirigèrent vers le bureau de l'adolescent. Une fois entré, ce dernier cliqua sur une icône de son ordinateur, entra un mot de passe et alluma d'une touche de son clavier quatre des écrans présents dans la pièce. Un fond d'écran sobre apparut. Butler quant à lui refermait soigneusement la porte derrière eux. Il se plaça ensuite près de la fenêtre, aux aguets.

– Foaly m'a envoyé un message, expliqua Artemis tout en survolant son clavier. Il semblerait que… Ah, quand on parle du loup…

Les écrans venaient de laisser apparaître le buste du centaure. Ce dernier se déplaça légèrement afin que son visage soit visible via sa webcam. Avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche, Artemis croisa les bras, releva légèrement le menton et prit les devants :

– Que se passe-t-il ?

– Nous avons des ennuis, expliqua le centaure.

Il jugea plus utile de ne pas entrer dans les détails, ni de faire preuve de délicatesse. Autant de choses qui leur feraient perdre un temps précieux :

– Le capitaine Short a été contaminée par un virus jusque là inconnu. D'après ce que j'ai pu découvrir, il semblerait qu'il s'agisse d'une variante à une grippe humaine, précisa-t-il.

Il ajouta, comme ses deux interlocuteurs le regardaient en silence :

– Holl… Le capitaine Short s'affaiblit de jour en jour. Le virus est mortel, aussi bien pour les fées que les humains.

– J'avais compris, grinça Artemis en s'approchant de l'écran. Mais encore ?

– Nous n'avons pas trouvé d'antidote.

– Cela aussi, je l'avais compris. Venez-en aux faits je vous prie : qu'attendez-vous de moi ? Les notes de mes recherches ?

– Cela ne servirait à rien. Ce virus n'a jamais été observé, pour la simple raison que le capitaine Short est le premier être à l'avoir contracté dans toute l'histoire des Fées ou de l'humanité.

– En êtes-vous sûr ?

– Tout à fait.

– Il doit bien y avoir une solution ? les interrompit Butler. Je veux dire par là que vous n'avez pas contacté Artemis pour qu'il se rende à son chevet… C'est bien que vous le pensez capable d'agir, ou je me trompe ?

L'adolescent resta silencieux, perdu dans ses pensées. Foaly prit une brève inspiration avant de répondre :

– Vous ne vous trompez pas.

Artemis releva les yeux :

– Alors ? Qu'attendez-vous de moi ? répéta-t-il en s'efforçant d'être patient.

Foaly semblait mal à l'aise. Finalement il lâcha :

– Un voyage dans le temps. Puisque le cas du capitaine Short est le premier, nous avons supposé qu'il serait possible que, dans un futur proche, plusieurs autres cas soient détectés. La maladie est contagieuse… N°1 a été mis en quarantaine récemment, par mesure de précaution, et il n'est pas le seul. Nous, c'est-à-dire moi, avons donc émis l'hypothèse que l'antidote à ce virus soit découvert plus tard, après des recherches approfondies. Nous avons envoyé des membres des FAR en mission de reconnaissance à plusieurs époques dans le futur. C'est une entreprise assez aléatoire, vous savez…

– Et ? coupa Artemis avec impatience.

– L'une de nos missions s'est avérée fructueuse. Il semblerait que, dans une dizaine d'années, l'antidote soit plus ou moins sur le marché chez les Hommes de Boue.

– Plus ou moins ? répéta Butler.

Foaly se tourna vers Artemis, un air grave sur le visage :

– La distribution de l'antidote est contrôlée de très près par un certain Artemis Fowl II, articula-t-il lentement. C'est-à-dire vous. Enfin, votre futur vous.

– J'avais saisi.

Un long moment de silence suivit cette affirmation. Artemis semblait plongé dans une profonde réflexion, à laquelle ni Butler ni Foaly ne souhaitaient mettre fin. Finalement, le génie de – presque – quinze ans reprit la parole :

– Il me faut plus d'informations. Comment comptez-vous m'envoyer là-bas ? De combien de temps disposons-nous ? Quels sont les effets de ce virus ? … Je dois également savoir avec certitude ce que je suis devenu dans le futur. Quels changements majeurs je pourrai trouver… non, tous les changements opérés au cours de ces dix prochaines années. Je ne partirai pas avant de savoir exactement où je vais et à quoi m'attendre, déclara sans ambages l'adolescent.

– Inutile, Artemis. J'irai à votre place.

Le génie irlandais prit tout son temps pour se tourner vers Butler.

– À ma place ? répéta-t-il lentement.

Le garde du corps se figea. Il n'était pas courant qu'Artemis perde du temps à parler pour ne rien dire. Répéter ce qui avait été dit plus tôt en faisait partie et, généralement, ce n'était pas bon signe.

– Comprenez-moi, répondit pourtant l'Eurasien avec tout le calme dont il disposait. Je ne peux pas vous laisser y aller. Mon devoir est de vous protéger, et ce voyage est dangereux, nous le savons.

– Et qui me protégera en votre absence ? déclara l'adolescent avec un calme effrayant.

Tous deux savaient qu'il connaissait parfaitement la réponse à cette question. Qu'il la pose tout de même était encore plus déroutant. Mais Butler ne se laissa pas démonter :

– Juliet bien sûr.

– Bien sûr, répéta Artemis, l'air de réfléchir.

Il prit une pause puis déclara, sur ce même ton très sérieux :

– Butler, vous savez parfaitement que quoi que vous tentiez, je partirai avec ou sans votre accord… ?

Le majordome et garde du corps frémit. Avoir conscience du danger qui menaçait votre protégé était déjà une chose insupportable. Mais savoir que vous ne pourriez pas empêcher ce dernier de s'y jeter à bras ouverts, car cette personne était plus intelligente que vous…

– Ne me sous-estimez pas, déclara le géant sur un ton paisible.

Foaly avait l'impression d'assister à un tournoi d'échec. Chaque adversaire préparant son coup avec une infime précision, et une infinie patience… Le suspense était insoutenable.

– Ecoutez, je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais si Artemis ne part pas, nos chances de réussite sont pour ainsi dire nulles et…

– Effectivement, cela ne vous regarde pas, déclara Butler en coulant un regard lourd en sous-entendus au centaure.

Ce dernier déglutit un peu difficilement. Il venait de se rappeler combien il était rassurant d'avoir le géant Eurasien dans son camp. Enfin, dans celui d'Artemis.

– Laissez-le finir, Butler, l'encouragea l'Irlandais. Foaly, expliquez-moi quelle est la difficulté de la chose.

– Eh bien… Si vous êtes le seul à pouvoir y aller, c'est essentiellement à cause de vous. Je veux dire, de votre futur vous.

– Soyez concis, je vous prie.

Foaly se dandina devant l'écran, mal à l'aise.

– Il se trouve que… lorsque nos agents sont arrivés dans le futur, ils ont pris contact avec les FAR de l'époque afin d'obtenir des informations sur le virus, sur l'antidote… et donc sur vous. Seulement, ils ne possèdent plus aucun dossier vous concernant.

– Auraient-ils été perdus ? questionna Butler, surpris.

– Non. C'est Artemis Fowl lui-même qui les a détruits.

L'adolescent resta un instant silencieux puis haussa les sourcils :

– Eh bien, je suppose que je tenais à ma vie privée. Enfin, je suppose que j'y tiendrai.

Il afficha un sourire de vampire, apparemment fier de sa touche d'humour. Mais Foaly n'était pas d'humeur.

– Vous ne comprenez pas, s'agaça-t-il – ce qui eut pour effet de froncer les sourcils du petit génie. Depuis quand en effet ne comprenait-il pas quelque chose ? – Vous avez coupé les ponts avec les FAR. Avec le Peuple.

Artemis ne se laissa pas démonter :

– Je suppose que j'aurai une bonne raison de le faire, dit-il calmement.

Puis, après un examen minutieux du visage de Foaly :

– Vous connaissez ces raisons, déclara-t-il sur un ton un peu plus dur.

Le centaure opina du chef.

– Oui. Elles sont à la fois très simples et très effrayantes. D'après ce que nos agents ont pu nous rapporter, votre futur vous aurait tiré un trait sur son alliance avec le Peuple. Il aurait fait disparaître de sa vie tout, absolument tout nous concernant. Technologie…

– Souvenirs ? coupa Butler.

– C'est ce que nous avons tenté de savoir. Mais je vous l'ai dit, nous ne possédons plus aucune information sur Artemis Fowl. Il ne se préoccupe plus de nos affaires et, en contrepartie, nous ne nous occupons plus des siennes. Nous ne savons pas ce qui a été à l'origine de tout cela. Un conflit, peut-être.

Artemis pencha légèrement la tête sur le côté, réfléchissant. Avec les connaissances qu'il possédait en psychologie, il ne devait pas être très compliqué de faire une analyse de son propre cas. Ou plutôt de son futur cas. Il sourit à demi :

– En réalité je ne pense pas qu'il ait effacé tous les souvenirs concernant le Peuple des Fées, dit-il, et ce pour deux raisons : Premièrement, à ma place je n'aurai jamais effacé volontairement toutes ses informations. D'ailleurs je garderai toujours un œil sur vous. Et deuxièmement, parce que je pense que si votre futur vous essaye sans succès de surveiller mon futur moi, c'est parce que je suis en mesure de vous en empêcher. Vous me suivez jusque là ?

– Euh…

– En conséquence, et malgré que vous ne sachiez pas pourquoi mon futur moi a souhaité couper les ponts avec votre futur vous, je peux affirmer à 98% que mon futur moi est encore au courant de votre existence, voire qu'il vous surveille et peut-être, qui sait ? qu'il est au courant que des FAR du passé ont pris contact avec ceux de son futur.

– Cela faciliterait notre mission, supposa Butler.

Foaly se demanda si par « notre » il entendait partir avec le Bonhomme de Boue.

– Oui et non, tempéra-t-il. Car si le futur Artemis a coupé les ponts avec le Peuple, il en a fait de même avec le capitaine Short. Vous comprenez à présent qu'il ne suffira pas de lui rendre une petite visite en lui demandant poliment de la sauver, elle ainsi que tout notre peuple. Il faudra vous montrer… convaincant.

– Et il n'y a qu'Artemis Fowl qui puisse convaincre Artemis Fowl, déclara l'adolescent avec un demi-sourire. Voilà pourquoi vous me demandez d'agir.

Foaly acquiesça, mal à l'aise. Quant à Butler, il sentait que quelque chose dans les propos de son jeune protégé le dérangeait, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Tandis qu'il se répétait en boucle les derniers mots d'Artemis, ce dernier commença à demander des informations à Foaly sur le déroulement des opérations :

– Qwan se chargera de vous faire voyager dans le temps, ainsi que de vous rapatrier ici le moment venu. Il est techniquement capable de vous faire exécuter plusieurs voyages, pour le cas où vous auriez besoin de revenir ici entre-temps. Malheureusement votre organisme a déjà subit plusieurs allers-retours dans le temps. Pour plus de sûreté…

– Je ne ferai qu'un aller et un seul retour, compléta Artemis. Je comprends.

– Si cela peut vous rassurer, puisque Qwan est un sorcier plus expérimenté que N°1, vous n'aurez pas à vous déshabiller, ajouta le centaure avec un sourire qui ne se voulait pas aussi crispé.

L'adolescent lui répondit par une légère grimace.

– Je vous fais parvenir tout ce que nous savons sur l'époque où nous vous envoyons. Ainsi que le peu d'informations que nous détenons sur votre futur vous, et sur le virus.

L'ordinateur d'Artemis ronronna. Une nouvelle fenêtre s'ouvrit, découvrant plusieurs fichiers, audio ou vidéo. Le génie irlandais alluma son imprimante et, quelques instants plus tard, plusieurs papiers en sortirent.

– Quand avez-vous prévu de me faire partir ? demanda-t-il.

– Quand pouvez-vous être prêt ?

– Dès ce soir, répondit l'adolescent, ignorant les protestations muettes de son garde du corps.

– Tant mieux. Parce qu'une navette des FAR est en route.

– Je vous demande pardon ?

– Une navette des FAR, répéta patiemment Foaly, avec à son bord un commando spécial ainsi que le sorcier Qwan. Afin d'assurer sa sécurité et votre voyage.

Artemis se tourna immédiatement vers Butler, les lèvres pincées. Ce dernier comprit instantanément le message.

– Vos parents. Vos frères, dit-il en se dirigeant vers la porte.

– Trouvez une excuse pour les retenir dans le garage, murmura Artemis en se massant les tempes. Le temps que la navette arrive… je dois étudier ces dossiers et me préparer… Foaly, vous m'informerez de l'arrivée de la navette… en attendant, j'ai besoin d'être seul. Au calme, ajouta-t-il avec un regard lourd en sous-entendus à Butler.

– Je vais trouver les jumeaux, répondit celui-ci en sortant.

Le centaure hocha la tête et tendit le bras pour couper la communication.

– Au fait, Bonhomme de Boue…

Artemis releva le nez.

– Hum ?

– Merci. Pour elle et pour nous.

L'adolescent resta quelques instants silencieux, avant d'hocher la tête :

– Je fais aussi cela pour moi, dit-il. Vous m'avez fait comprendre que le virus pourrait s'étendre à la race humaine. Ce que j'essaye de vous dire c'est : Ne croyez pas que…

– Je sais, sourit Foaly. Ne croyez pas que le grand Artemis Fowl commence à rendre des services sans contrepartie. Mais merci quand même, Fowl.

Et il coupa la conversation. Artemis resta quelques instants silencieux face à l'écran. Oui, il faisait cela pour leurs deux peuples. Mais il savait également que s'il avait été à la place d'Holly et elle à la sienne, elle n'aurait pas hésité une seule seconde. Voilà pourquoi il ne pouvait pas refuser. Et puis dans le cas contraire, sa conscience en aurait certainement fait des siennes.

*

Butler guettait avec appréhension l'arrivée des Fées. Il n'avait pas eu grand-peine à convaincre les parents d'Artemis de rester dans le garage, étant donné qu'ils préparaient encore la « surprise » pour le lendemain. Les choses avaient été plus compliquées avec les jumeaux de deux ans. Ils ne comprenaient pas pourquoi ils devaient rester enfermés dans ce lieu sans aucun intérêt. Enfin, Myles surtout ne comprenait pas. Beckett lui se plaisait à mettre ses mains (ou autre chose) dans le cambouis. « Je croyais que nous devions faire le guet, déclara le plus éveillé des jumeaux.

– C'est vrai, avait convenu Butler, mais à présent que votre frère sait qu'il se trame quelque chose dans le garage, il ne sert plus à rien de surveiller les alentours… Et je suis certain que vos parents ont besoin de votre aide. De votre avis, ajouta-t-il comme Myles le regardait sans grande conviction.

– Très bien. Mais pas longtemps », avait ordonné le garçon en obtempérant de très mauvaise grâce. S'il n'était pas aussi professionnel, Butler en aurait soupiré de soulagement. D'après la précédente expérience temporelle d'Artemis, il savait que le voyage ne devrait pas durer plus de quelques secondes dans le présent. Il remonta dans sa chambre afin de préparer quelques petites affaires – armes, munitions, protections – bien décidé à accompagner le jeune Irlandais. Où qu'il aille.

*

Artemis était penché sur ses dossiers lorsque Foaly reprit contact avec lui pour l'informer de l'arrivée imminente de Qwan. Et effectivement, quelques secondes plus tard, le génie aperçu à travers la vitre un bref éclat, synonyme de l'arrivée du vaisseau des FAR. Il supprima les dossiers qu'il venait de visionner et d'écouter sur son ordinateur, certain d'avoir enregistré mentalement toutes les informations dont il aurait besoin. Lorsque Qwan entra avec deux FAR quelques minutes plus tard, Artemis brûlait les autres papiers à l'aide d'un briquet. Le sorcier s'arrêta, interloqué.

– Qu'est-ce que vous faites ?

– Bonsoir Qwan, répondit Artemis, son attention rivée sur les feuilles qui se consommaient lentement.

Il se débarrassa des restes et jaugea le démon-sorcier du regard :

– Tout est prêt ?

– Départ imminent, grommela le démon, au moment où la porte du bureau s'ouvrait à nouveau, sur Butler cette fois.

Il était habillé normalement, d'un costume sobre mais, en-dessous, Artemis devina un gilet pare-balles en kevlar.

– J'en conclus que je n'arriverai pas à vous convaincre de rester, vieux frère ?

– Non, vous n'y arriverez pas. Tout comme je n'arriverai pas à vous convaincre de ne pas partir, répliqua la garde du corps avec sérieux.

Holly était une amie pour lui aussi, et il n'aurait pas supporté l'idée de la laisser mourir sans rien tenter. Il s'approcha de l'adolescent et posa une main sur son épaule :

– Êtes-vous prêt ?

Par cette question, il s'inquiétait moins de la préparation psychologique d'Artemis, que de tout ce qu'il avait dû mettre au point avant leur départ. Leur destination se trouvant dans leur futur, il se doutait que le petit génie avait dû prévoir diverses choses pouvant leur être utile, cachées là où il pourrait les retrouver dans le futur. Artemis opina du chef, tandis que Foaly réapparaissait sur les écrans du jeune Fowl afin de se lancer dans les recommandations d'usage :

– N'oubliez pas de cacher votre identité et le but de votre voyage à un maximum de personnes. Les FAR du futur – appelons-les comme cela – sont au courant de notre projet. Vous pourrez les contacter en cas de besoin. Pour vous faire revenir ici, Qwan aura besoin d'un traceur, d'une personne à essence magique. Nous avons déjà arrangé votre retour avec nos amis du futur. Vous serez attendu au terminal de surface de Tara, déclara le centaure. Dans une semaine. J'espère que ce sera assez. Votre absence ici ne durera que vingt-cinq secondes, commenta-t-il. Ah, et n'oubliez pas de ne pas mourir en étant dans le futur, auquel cas ce voyage ne pourra pas avoir lieu. Paradoxe temporel, ajouta-t-il.

– On sait, on sait, grommela Butler, mal à l'aise. Mais rien n'arrivera, j'en fais le serment. Nous rentrerons tous les deux sains et saufs, avec l'antidote. N'est-ce pas Artemis ?

Pour toute réponse, l'intéressé lui adressa son plus beau sourire de vampire.

* * *

Voilà, j'espère que ce début vous a plu x] J'en profite aussi pour remercier Seiry !

Je ne suis de loin pas aussi douée qu'Eoin Colfer, mais j'espère réussir à mettre un peu de suspense dans cette histoire xD C'est la raison pour laquelle Artemis-le-Grand (celui du futur, donc) n'apparaît pas encore dans ce chapitre (pour vous obliger à lire la suite… c'est sadique et extrêmement machiavélique, je sais). Avant de me faire lapider, je tiens à dire qu'il fera une apparition dans le suivant^^