Une heure. Il s'est assis sur le banc comme avant chaque match important. Il se souvient de tout. De sa première paire de patins. De sa première chute et de sa première victoire. De la fierté dans les yeux de ses parents lors du repêchage de la Ligue Nationale. Il ne se souvient pas vraiment de son premier match dans la cour des grands. Juste de l'avalanche d'émotions. Son tir lui a donné son premier but. Le dernier a réalisé cet exploit, c'était Mario Lemieux.
Quelques fans sont déjà là. Ils lui font signe, et il répond, avec un sourire. Jouer au Canada, c'est tellement différent de Chicago. Ici, le Hockey, c'est une Religion. Les records de Wayne Gretzky, ce sont autant de petites flammes qui brûlent sur les autels des églises. Les gens vivent, respirent pour ce sport. Ici, un joueur de Hockey, c'est plus qu'un homme. C'est un champion qui réinvente l'Histoire tous les soirs. On parle encore des buts de Paul Henderson et de Mario Le Magnifique, alors que tant de temps a passé. Ici, les victoires sont immortelles. Il ne veut pas penser à la défaite. Il a attendu toute sa vie pour jouer ce match là. Dans moins d'une heure, quand il posera le patin sur la glace, la foule va rugir, vibrer et prier. L'énergie de toute une nation va les transporter pour 60 minutes de folie. Il commence à se sentir nerveux. Il monte le volume de son MP3, histoire de ne pas s'entendre penser. C'est peine perdue. Son estomac fait des nœuds.
Il sera bientôt l'heure de rejoindre le vestiaire, et d'écouter le petit discours de Mike Babcock. Quelque fois, il aimerait bien que son entraîneur soit un peu moins sérieux. Il n'est pas si loin de l'enfance, quand la médaille d'or ou la coupe Stanley, il les disputait à ses copains dans les rues de Winnipeg. Ses parents et son frère doivent être là, quelque part. Il les verra après le match, avec une médaille au cou. Peut-être une médaille d'or. Après tout, comme a dit Steve Downie en 2005 aux championnats du monde junior : «Silver is not in our dictionary.»
