Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya ne m'appartiennent pas, dommage !
CHAPITRE 1 : CHIBIS.
Les deux petits garçons jouaient bruyamment dans la clairière, lorsqu'une voix juvénile les héla :
- Shura ! Enzo ! Où êtes-vous ?
- Ici, Aioros ! Répondit un petit garçon aux cheveux noirs.
Le petit italien aux cheveux bleus, lui, grimaça et tira la langue en direction du chemin. Son compagnon pouffa et lui fit signe d'arrêter. En effet, un garçon de huit ans approchait, tenant par la main un bambin apeuré d'environ trois ans qui étreignait de toutes ses forces un petit pot de fleur.
Quand les deux garçons se mirent à le regarder avec curiosité, le petit se cacha derrière les jambes d'Aioros, et se mit à pleurer.
- C'est quoi, ça ? Demanda le petit italien.
- C'est un futur apprenti, comme nous, expliqua Aioros. Il habitera avec vous deux en attendant de commencer sa formation. Il s'appelle Aphrodite, et vient de Suède.
- C'est où la Suède ? Interrogea Shura, curieux. C'est loin ?
- Oui, Shura, c'est très loin. Tout au nord, là où il neige.
- Oohh !!! Firent les deux garçons, impressionnés.
- Aphrodite a trois ans, et il ne connaît pas la vie ici. De plus, il ne parle pas le grec. Alors, soyez gentils avec lui.
- Oui, Aioros ! Promit Shura.
- Bon, je vous laisse faire connaissance, tous les trois. Costa viendra vous chercher dans deux heures pour la sieste.
- Oui, Aioros ! Répéta Shura avec un grand sourire.
- A plus tard, alors ! Au revoir, Aphrodite.
Le jeune chevalier du sagittaire s'éloigna vivement, et les deux garnements se mirent à tourner autour du petit suédois, l'examinant sous toutes ses coutures.
- T'as vu, il a les cheveux bleus comme moi ! S'exclama Enzo.
Le petit garçon sursauta et chercha de nouveau le sagittaire pour se cacher derrière lui.
- Eh, poule mouillée ! Railla Enzo.
- Il ressemble vraiment à une fille ! Commenta Shura.
Le petit italien eut alors une idée de génie :
- Attends, on va vérifier s'il a un zizi ou une zézette !
Ils attrapèrent le nouveau venu et lui descendirent prestement le pantalon. Aphrodite eut très peur et fit aussitôt pipi, puis se remit à pleurer. Enzo et Shura rirent à gorges déployées et se moquèrent de lui.
Costa, un brave serviteur d'une cinquantaine d'années qui était leur nounou attitrée, vint les chercher peu de temps après. Comme il s'y attendait, les deux garnements avaient filé en l'entendant arriver, en laissant le petit Aphrodite endormi par terre, son pouce dans la bouche.
Le grec fronça le nez en sentant l'odeur d'urine qui imprégnait le pantalon du petit suédois, mais le prit tendrement dans ses bras et l'emmena pour le coucher. Le petit avait les joues zébrées de traces de larmes, et le serviteur soupira, devinant sans peine ce qui avait du se passer.
Lorsque Aphrodite se réveilla un peu plus tard, une bonne tasse de chocolat chaud l'attendait, et Costa le prit sur ses genoux pour l'aider. Le petit suédois sourit et fit un bisou au serviteur, qui s'esclaffa :
- Ben dis donc, t'es un vrai charmeur, toi !
Malheureusement pour les deux terreurs, le brave Costa connaissait suffisamment de langues étrangères pour pouvoir communiquer avec les enfants de toutes nationalités qui venaient au sanctuaire. Après tout, le Grand Pope, dans sa grande sagesse, l'avait recruté justement en raison de cette aptitude particulière.
Quand il apprit de la bouche d'Aphrodite le mauvais comportement d'Enzo et de Shura, il les prit sur ses genoux et leur administra une fessée qu'ils ne devaient pas oublier de sitôt.
Même Aioros, délaissant un moment l'entraînement qui devait lui faire gagner son armure, vint en grand courroux, pour les gronder :
- Vous n'aviez pas promis d'être gentils ? Dit-il en secouant l'index de sa main droite.
- J'ai rien promis, moi ! Bouda Enzo.
- Pardon, Aioros, dit cependant le petit espagnol tout contrit. Je serai sage, je promets !
- Je sais que tu seras sage, Shura. Et toi, Enzo, si j'entends encore quelque chose, c'est moi-même qui te donnerai la fessée !
Enzo se renfrogna et sortit en donnant un coup de pied dans la porte. Costa lui donna aussitôt une tape derrière la nuque et le petit s'enfuit en courant. Quand il fut sorti, Aphrodite, sourit et recommença à jouer avec son petit cheval de bois.
- Câlin ! Demanda Shura en tendant les bras au sagittaire.
- Oh, toi alors ! Sourit le grec qui se mit à le bercer contre lui en lui tapotant les cheveux. Comme si j'avais pas déjà assez à faire avec mon petit frère !
Costa était content : Aphrodite apprenait vite. Au bout de trois jours, il savait déjà dire « bonjour », « s'il vous plaît », « merci », et comprenait parfaitement les quelques formules de politesse qui lui avaient été inculquées. Le serviteur lui donna l'autorisation d'aller jouer dehors. Le petit suédois s'éloigna, serrant comme toujours son pot de fleur. Les deux autres garçons étaient déjà occupés à se courir après, mais interrompirent leur jeu en le voyant approcher. Quand Shura commença à grimper dans un olivier, les yeux d'Aphrodite se mirent aussitôt à briller, et il grimpa à son tour.
- Arrête de me suivre, Aphrodite, tu vas te faire mal ! Cria Shura. On va encore se faire gronder !
Mais le bambin était souple, et avait visiblement l'habitude de grimper aux arbres. Il le rattrapa vite. Il rigola et fit un bisou à Shura, qui lui sourit en retour.
Resté au sol, Enzo boudait. Shura préférait déjà Aioros, et voilà maintenant que cette jolie poupée arrivait avec ses bisous ! Il avisa alors le pot de fleurs posé soigneusement sur un rocher et le jeta par terre, écrabouillant sauvagement les pousses du rosier.
Dans l'arbre, le petit Aphrodite cria et redescendit si vite que Shura prit peur :
- Doucement, sinon tu vas tomber !
Enzo le regarda méchamment et ricana :
- Nananèreeuuhh ! Cassée, la jooolie fleufleur !
Mais sous les petits doigts agiles du suédois, une petite onde dorée coula vers la fleur, et la plante se redressa, ses dommages réparés. Enzo recula de deux pas, incrédule :
- Comment tu fais ça ?
Deux semaines plus tard, le jeune Saga qui s'entraînait avec Aioros devenait chevalier d'or des gémeaux. Le petit Enzo, quand il apprit la nouvelle, ne put retenir un cri d'admiration :
- Wouahhh ! Un chevalier d'or !
Aphrodite, qui ne comprenait pas de quoi il retournait, tourna des yeux interrogateurs vers Costa, qui le lui expliqua patiemment, en concluant :
- Enzo et Shura ont aussi envie de devenir chevaliers, tu comprends ?
- Moi aussi je veux !
- Oui, je sais, dit Costa. C'est pour ça qu'il faut être amis. Tu te rappelles comment on dit « ami » ?
Aphrodite plaqua aussitôt un gros bisou sur la joue d'Enzo et de Shura :
- Amis ! Dit-il en grec.
- Beurk ! Grimaça l'italien en s'essuyant la joue.
Quelques mois après, vers la fin de l'année, ce fut Aioros qui devint chevalier d'or du sagittaire. Shura se réjouit car il l'aimait bien, et Costa décida d'emmener les enfants rendre visite au nouveau saint.
Shura prit la petite menotte d'Aphrodite qui tenait son rosier, tandis que Enzo, derrière eux, boudait comme toujours :
- J'veux pas voir Aioros ! J'veux aller jouer ! Tu viens, Shura ?
- Tais-toi, bougre d'idiot ! Lui intima Costa sévèrement. Ce n'est pas tous les jours qu'un chevalier d'or accepte de voir des apprentis !
Aioros leur ouvrit la porte avec un grand sourire, et leur prépara des crêpes. Une expression réjouie se peignit sur le visage du petit italien qui, en se léchant les babines, oublia sa rancune et engloutit un énorme morceau de crêpe. Aphrodite mangea un tout petit peu et lui offrit le reste de la sienne avec un grand sourire :
- Amis ? Demanda-t-il d'une voix flûtée.
- Oh oui, alors ! S'exclama l'italien qui s'empiffra tout de go.
Pendant ce temps, Costa discutait avec le nouveau chevalier :
- Quand est-ce que tu prends tes quartiers dans ton temple, Aioros ?
- La semaine prochaine. Saga et moi, on va avoir plus de temps libre, et le Grand Pope veut qu'on commence un petit entraînement pour les garçons.
- Si tôt ? S'étonna le serviteur.
- Oui. Le Pope a lu les étoiles. Athéna va bientôt se réincarner, il ne faut plus attendre. Mais c'est surtout Saga qui s'occupera d'eux. Moi, je dois prendre en charge l'éducation de mon petit frère.
- Tu avoir petit frère ? Demanda Aphrodite, curieux. Il avoir quel âge ?
- C'est encore un bébé, dit Shura.
- Tu veux le voir ? Demanda Aioros Il dort juste à côté.
- Plus vite, Enzo ! Cria Saga depuis son rocher.
Enzo essayait de rattraper Aphrodite depuis dix bonnes minutes, mais le petit nordique était plus rapide que lui, et il s'assit par terre en se tenant le côté. Shura le rejoignit et le montra du doigt :
- Bouhhh ! T'es un escargot ! Tu s'ras jamais chevalier !
Furieux, le petit italien lui sauta dessus et le mordit à la jambe. Shura, en colère, fit apparaître une petite lueur dorée qui tremblota autour de lui et laissa retomber son bras sur la nuque d'Enzo qui s'écroula, inconscient. Le petit espagnol devint tout pâle et courut se cacher derrière un rocher.
- C'est pas ma faute ! Couina-t-il. J'voulais pas !
- Tu pas ami ! Pleura Aphrodite. Tu faire mal Enzo !
- Oh par Athéna ! S'écria Saga en se précipitant. Vite, à l'infirmerie ! Aioros, appela-t-il par télépathie, viens vite surveiller les enfants !
- Qu'est-ce qu'il y a ? S'enquit le sagittaire.
- Première manifestation consciente de cosmos, chez Shura ! Dépêche-toi, ils paniquent !
- J'arrive !
- Allez, Enzo, tu peux y arriver ! Cria Saga.
Le petit italien serra les dents et se cramponna de toutes ses forces à sa prise. Il leva les yeux vers le haut de la petite falaise et vit Shura et Aphrodite qui l'encourageaient par de petits gestes.
- Viens ! Dit Shura.
- Vi ! Si te plaît ! Renchérit Aphrodite.
Enzo regarda en bas et eut le tournis. Il se plaqua un peu plus contre la paroi et se mit à sangloter désespérément.
- Viens ! Répéta Shura.
- NAN ! J'VAIS TOMBER !!!! Hurla Enzo.
Saga se gratta la tête : A l'évidence, il ne pourrait rein tirer de plus du petit garçon qui affrontait une grave phobie. Il grimpa à côté de lui sur la saillie rocheuse, le fit s'accrocher à son dos et revint au sol précautionneusement.
Le petit italien pleurait de toutes ses forces, agrippé à sa tunique. Le gémeau le moucha et essuya ses larmes avec un sourire indulgent.
Alors le petit garçon le repoussa avec humeur : Il avait déjà perdu la face devant Aphrodite, Saga et Aioros la semaine dernière quand il avait été mis k.o par Shura, et aujourd'hui, ça recommençait ?
Honteux de sa faiblesse, il s'enfuit en courant à toutes jambes.
Au mois de Décembre, les enfants eurent une surprise en se réveillant : il faisait très froid, ce qui était déjà inhabituel en Grèce. Mais en regardant par la fenêtre, ils découvrirent en prime de gros trucs blancs duveteux qui tombaient du ciel. Aphrodite poussa un cri de ravissement et courut chercher Costa.
Le serviteur était déjà en train de leur préparer leurs tartines, et rit de bon cœur en découvrant l'air émerveillé du petit suédois.
- Oui, Aphrodite, il neige ! Dit-il en suédois.
Le petit ouvrit la porte et courut dehors pour essayer d'attraper quelques flocons. Enzo et Shura, un peu intimidés par ce phénomène météorologique inconnu, voulurent le rejoindre, mais poussèrent un cri de surprise quand leurs pieds rencontrèrent le sol glacé.
- Enzo ! Shura ! Ne sortez pas pieds nus ! Et habillez-vous ! Leur dit Costa gentiment.
- Mais Aphrodite il est déjà dehors ! Se plaignirent les petits.
- Aphrodite vient du nord, il est habitué à ce temps, leur expliqua le grec. Venez manger, et après vous irez jouer ! Il vous apprendra plein de choses, vous verrez !
Aphrodite revint, ils mangèrent tous les trois le plus vite possible, puis coururent dehors faire connaissance avec Dame Neige.
En effet, Aphrodite leur apprit plein de jeux rigolos. Ils apprirent à faire un bonhomme de neige, qu'ils coiffèrent d'un vieux chapeau défraîchi, et Costa leur donna une carotte pour faire le nez. Ils construisirent aussi un igloo, et firent des glissades toute l'après-midi le long de la pente sur une vieille couverture. Vers le soir, Aphrodite leur apprit à faire des boules de neige, et ils s'amusèrent comme des fous. Costa, qui venait les chercher pour le repas, tomba dans une embuscade mais se prêta au jeu de bonne grâce, et les petits criaient de joie.
Depuis le haut de la colline, Saga et Aioros les observaient en souriant.
- On a bien fait d'annuler l'entraînement aujourd'hui ! Rigola Aioros.
- Oui, laissons-les profiter, Athéna réclamera son dû bien assez tôt… Murmura Saga.
Le soir, les petits eurent le droit de barboter tous les trois ensemble dans le grand baquet rempli d'eau bien chaude, après quoi ils mangèrent une bonne soupe de légumes. Puis Aphrodite raconta en suédois l'histoire de la reine des neiges, que Costa leur traduit fidèlement et ils allèrent se coucher le cœur léger.
Aphrodite posa son rosier sur sa table de chevet, puis trottina d'un lit à l'autre pour embrasser ses amis. Ce soir-là, Enzo lui rendit son bisou pour la première fois :
- T'es un bon ami, Aphro.
- Hi ! Fit le suédois en tapant dans ses mains. Ami Enzo !
Noël arriva, et Costa, Aioros et Saga prirent les enfants par la main pour les emmener au palais. Aucun des trois enfants n'y avait jamais mis les pieds, et ils ouvraient de grands yeux étonnés. Quand ils rentrèrent dans la grande salle, ils y trouvèrent différents instructeurs, gardes, serviteurs, et même le Grand Pope en personne, et s'inclinèrent poliment. On leur avait bien expliqué que ce monsieur était le chef de tous les adultes et de tous les enfants du sanctuaire, sans exceptions, et que tous les chevaliers lui obéissaient sans discuter.
Aphrodite eut un peu peur de ce grand monsieur qui portait un masque, mais le Pope s'approcha et s'accroupit pour être à leur hauteur :
- C'est un jour spécial, aujourd'hui, mes petits. Vous avez été bien sages, et Saga et Aioros m'ont dit que vous avez bien fait vos exercices. C'est très bien. Alors aujourd'hui vous viendrez avec les adultes vous incliner devant la déesse Athéna.
- Ooohhh ! Firent les trois enfants.
Tout le monde sortit sur l'esplanade et s'agenouilla devant la grande statue de la déesse. Aphrodite suça son pouce un moment, posa son rosier et toucha la statue de sa petite main. Enzo le rejoignit et ricana :
- C'est que de la pierre !
Costa lui donna immédiatement une tape sur les fesses et il se tut, maussade.
Mais Shura, lui, ne cachait pas son admiration devant la taille et l'impression de puissance qui se dégageait de la statue. Il serra la jambe d'Aioros et chuchota :
- Elle est belle ! Quand je serai chevalier, il y aura une statue comme ça dans mon temple !
- Tu seras un très bon chevalier, Shura, lui dit Aioros en souriant.
- Câlin ! Fit l'espagnol en se jetant dans les bras du sagittaire.
La surprise, en ce jour béni, ne s'arrêta pas là. De grandes tables avaient été dressées dans une autre salle, et on installa les trois futurs chevaliers à une table plus petite, en compagnie des enfants des gardes et des domestiques. Ils mangèrent des frites et du jambon, et on leur donna autant de glace au chocolat qu'ils voulaient. Heureux, ils riaient gaiement, leurs joues et leurs mains toutes barbouillées.
Quand le repas fut fini et que les enfants commençaient à bâiller, toutes les lumières s'éteignirent et les adultes retinrent leur souffle : on leur avait promit quelque chose d'inédit cette année, et ils s'interrogeaient. Un gros bonhomme habillé de rouge, avec une longue barbe blanche, fit alors son apparition, un grand sac sur l'épaule :
- Oh, oh, oh !!! Les enfants, j'ai quelque chose pour vous !
Les adultes sourirent avec bonhomie, et les enfants restèrent bouches bées. Qui était donc ce gros monsieur ? Seul le petit Aphrodite, qui avait déjà fêté Noël à la façon nordique, sous la neige qui plus est, bondit sur ses pieds et courut vers le gros bonhomme :
- Père Noël !!! Bisou !
Shura reçut une petite boîte à musique qui jouait des airs ibériques avec une petite danseuse de flamenco automatisée, et Enzo une petite gondole avec un petit gondolier qui chantait « solo mio ». Aphrodite reçut une petite boule de verre contenant un petit renne et un sapin, et qui faisait de la neige quand on la secouait. Très fier, il expliqua à ses amis :
- Père Noël habiter dans pays moi. Il venir de Suède avec luge pour donner cadeaux vous !
- Ohhhh !!! Firent Shura et Enzo, intimidés.
Aioros serra tout contre lui son petit frère qui gazouillait et lui chatouilla le nez. Le petit Aiolia laissa échapper un rire enfantin et se tortilla de plaisir. Le Grand Pope, lui, sourit sous son masque. Dans quelques années ce serait son apprenti qui fêterait Noël au sanctuaire...
Après la fête de Noël, Aphrodite, Shura et Enzo furent présentés à leurs maîtres et apprirent qu'ils seraient dispersés aux quatre coins de la terre.
Costa leur avait préparé leurs sacs, prenant bien soin d'y mettre des habits chauds pour Shura et Aphrodite. Lorsque leurs maîtres vinrent les chercher, ils pleurèrent et se firent un dernier câlin. Le petit Aphrodite, en particulier, étreignit très fort son pot de fleur et suçota nerveusement son pouce.
Il se serra contre Enzo et celui-ci lui fit un gros baiser. Ils étaient tous les deux devenus très proches, tandis que Shura s'était encore rapproché d'Aioros.
Le petit italien dévisagea son maître avec une expression craintive mêlée d'admiration. L'homme avait l'air dur et sombre, et cela l'intimidait, tout en lui plaisant. Il fit un dernier geste de la main à ses amis et le suivit avec un petit frisson d'excitation.
Shura regarda l'homme maigre et basané qui le toisait mais ne vit que fierté et noblesse en lui. Il lui tendit spontanément la main et l'homme la prit fermement, disant en espagnol :
- Viens, mon garçon.
- Vous êtes espagnol ? Demanda le petit, surpris.
- Oui. J'habite dans les Pyrénées. C'est très joli, tu verras.
Les deux espagnols disparurent en discutant, et le petit Aphrodite resta tout seul et tout tremblant face à son maître qui l'observait attentivement :
- Allons, Aphrodite, il va falloir y aller.
Mais le petit suédois recula et se cacha derrière Costa. Il n'aimait pas cet homme blond au sourire charmeur et aux yeux verts, car si son apparence était plaisante, son cosmos, lui, était doucereux et traître. Costa le prit par le bras et le poussa en avant :
- Allons, mon petit, toi qui es si brave !
Alors Aphrodite commença à marcher derrière l'homme étrange, en maintenant prudemment entre eux une distance de sécurité…
Lorsque Enzo revint au sanctuaire, trois ans plus tard, il alla aussitôt présenter ses respects au Grand Pope, revêtu de son armure d'or. Puis après avoir pris possession de son temple, il se rendit aux arènes, où il trouva Saga en train de s'entraîner avec un jeune garçon qui virevoltait, plus vif que l'éclair. Le combat se termina par la victoire de Saga, qui avait une force physique plus développée que son adversaire. Le perdant rit malgré tout de bon cœur et se tourna pour prendre sa bouteille d'eau sur les gradins.
Enzo resta bouche bée. Jamais il n'avait vu un garçon d'une telle beauté, à la fois douce et dangereuse. Les boucles bleues cascadaient sur des épaules minces mais nerveuses, tandis que la taille, fine et cambrée, était prolongée de deux jambes interminables…
Des yeux bleus sous de longs cils noirs l'étudièrent avec attention, avant de s'écarquiller légèrement :
- Enzo ? C'est toi ? Demanda Aphrodite.
- A… Aphrodite ? Articula le cancer avec difficultés. Mais qu'est-ce que tu fais là ?
Saga éclata de rire et vint donner l'accolade au cancer :
- Il est arrivé il y a juste trois mois, pour endosser l'armure d'or des poissons ! Et toi ? Tu es le chevalier du cancer, maintenant, paraît-il ? Félicitations !
Enzo lui rendit son accolade en grimaçant. Déjà à l'époque, il n'aimait pas trop le chevalier des gémeaux, estimant qu'il était trop sensible pour assumer sa charge. Mais toute pensée cohérente le déserta quand Aphrodite vint se loger dans ses bras pour l'embrasser tendrement sur la joue :
- Tu m'as manqué, tu sais, Enzo ?
- Toi aussi, tu m'as manqué ! Comment tu as fait pour être de retour avant moi ? T'es plus jeune d'un an !
- Justement, j'ai commencé plus tôt !
- Et Shura, il est là ?
- Pas encore, mais il arrivera certainement dans quelques mois, lui aussi.
Enzo fit connaissance avec les nouveaux apprentis, qui avaient tous quatre ans et ne tarderaient pas à partir pour leurs lieux d'entraînement. Il y avait un brésilien qui mesurait déjà presque 1m20, un petit garçon timide, sans sourcils avec deux points sur le front, et des cheveux roses, un petit blondinet tout maigre qui n'ouvrait jamais les yeux, et deux garçons aux cheveux bleus. L'un était silencieux, et préférait rester tout seul, tandis que l'autre courait partout pour jouer. Il y avait aussi le petit frère d'Aioros, qu'Enzo détesta tout de suite.
Tous habitaient dans une grande maison, et Costa s'était vu donner un autre serviteur pour l'aider dans sa tâche.
Enzo et Aphrodite décidèrent d'un commun accord que rester près de ces gamins leur ferait perdre inutilement leur temps, et préférèrent rester ensemble, loin d'eux. L'italien découvrit avec une certaine stupeur que son ami était devenu très difficile et fuyait tout ce qui pouvait ternir son apparence parfaite.
Ils prirent donc l'habitude de passer la majeure partie de leur temps ensemble, laissant l'entraînement des petits à Saga et à Aioros, qui avaient plus d'expérience.
Aphrodite entraîna vivement Enzo à sa suite, jetant des coups d'œil inquiets par-dessus son épaule.
- Hé, attends ! S'exclamait l'italien. On va où ?
- Tais-toi, imbécile ! Répondit le poisson. Si on se fait surprendre, on sera la risée de tout le sanctuaire !
L'italien se tut et pressa le pas pour rejoindre son compagnon. Le soleil était bas sur l'horizon, et la fin du jour approchait doucement. Aphrodite fit signe à Enzo de se baisser, et rampa sur encore trois mètres avant de s'immobiliser sur une plate-forme rocheuse.
- Regarde ! Fit le suédois en désignant des petites formes loin en dessous.
- Des filles ! Ca alors ! S'étonna le jeune cancer. Je n'en ai plus vu depuis mon enfance ! Elles viennent d'où ?
- De l'école de Rodorio, expliqua le suédois. C'est toujours le même groupe, elles sont quelques-unes à habiter autour du sanctuaire.
Par après, de nombreuses fois, Enzo et Aphrodite venaient en cachette observer les jeunes filles. Confinés d'abord dans leurs lieux d'entraînement, puis au sanctuaire avec ordre de protéger la vie d'Athéna, leur monde était tout petit, et à leur âge ils brûlaient d'en savoir plus sur la vie à l'extérieur du sanctuaire.
Enzo prit l'habitude d'espionner une petite brunette, et Aphrodite une petite noiraude… Tout cela furtivement, à l'insu du Grand Pope, bien sûr.
A peine trois mois plus tard, les nouveaux apprentis étaient envoyés en formation loin du sanctuaire. Seul resta le petit Aiolia, qui s'entraînait avec son frère pour conquérir l'armure d'or du lion.
- Le Grand Pope est trop bon, maugréa Enzo. Pourquoi il a droit à un traitement de faveur, ce morveux ? Il aurait du partir, comme tout le monde !
- Ne dis pas n'importe quoi, Enzo. Aioros est aussi dur avec lui que n'importe quel maître. Et puis le petit n'habite même pas avec lui !
- Peuh !
- Eh, salut ! Les interpella une voix chantante.
- Shura ! S'exclamèrent les deux chevaliers.
Deux années passèrent, et les trois amis resserrèrent encore leurs liens, tandis que Shura retrouvait Aioros et Saga avec un plaisir non dissimulé.
Le capricorne, réalisant un vieux rêve, tailla enfin de sa main une immense statue de la déesse Athéna, qu'il établit avec fierté à l'entrée de son temple.
Puis les nouveaux chevaliers d'or prirent leur fonction à leur tour, et Aphrodite et Enzo soupirèrent bruyamment : un bélier plus doux qu'une gonzesse. Un taureau dont seule la taille était imposante. Un lion dégoulinant de bons sentiments. Une vierge qui se prenait pour une divinité, et puis quoi encore. Un scorpion… Non, lui, ça allait encore. Mais alors, son copain le verseau, quel glaçon !
J'espère que ça vous a plu. Dans le prochain chapitre, la période "Saga powaaa"...
