Les personnages utilisés dans cette fic ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de Matsuri Hino, même si j'ai eu le toupet de revisiter leurs physiques ainsi que leurs personnalités au fur et à mesure que mes fictions gagnaient en longueur ;)
Cette fiction est écrite de manière à ce que vous ayez deux points de vue différents de la situation, histoire que vous ayez une idée du ressenti de mes deux personnages principaux.
Bonne lecture et pensez aux commentaires ;)
« L'appel du sang est assurément irrésistible, et on ne fait jamais d'une hyène un mouton. » Ahmadou Kourouma
°0°ZERO°0°
« Level E … Level E … Level E … Level E … Level E … Level E … Level E … »
Je me répétais ces deux mots dans une rage et une résignation macabre, litanie sans fin dans le but d'en imprégner la moindre petite parcelle de mon corps. La perspective d'être un vampire me dégoutant, celle de devenir un LEVEL E me terrifiant au point d'en souhaiter ma propre mort.
Un murmure, répété … comme le vieux disque rayé du directeur, la chanteuse répétant de manière redondante et profondément agaçante, un « help me» rauque et sourd, sa plainte perdue, comme un écho dans un tunnel vide.
« Level E … LEVEL E ! Je deviens un putain de MONSTRE ! »
J'avais fini par le hurler, espérant inconsciemment qu'une aide, qu'un miracle me vienne. Que le peu d'espoir qu'il me restait avait encore une raison d'existé, qu'il ait le pouvoir d'influencer d'une façon ou d'une autre cette situation, des plus pitoyables.
Malgré le fait que je ne m'adressais à personne en particulier, hormis le fait qu'il n'y ait jamais eu autre chose que le mur crasseux en face de moi, depuis qu'on m'avait enfermé. Le besoin de hurler, de savoir mon corps fatiguer, ma respiration haletante, me faisait me sentir bien, me rassurait, me permettait de me sentir vivant … encore un peu, juste un instant. Mes cordes vocales déchirées à force de beugler, j'en arrivais parfois à m'étouffer dans une toux sèche et déchirante.
J'avais perdu toute notion du temps, ignorant totalement depuis combien de temps j'avais été enfermé dans cette petite pièce, sombre, froide et humide. Une simple meurtrière en guise de fenêtre, enchaîner et surélever à quelques centimètres au-dessus du sol, par des chaînes reliées au plafond ainsi qu'aux murs adjacents, me brûlant les poignets et ne me laissant que très peu d'appui et donc aucune chance de m'enfuir. Je pouvais tout juste appuyer mon dos sur le mur derrière moi et mes pieds sur une des chaînes qui traversaient la pièce de long en large, mon corps ne se balançant plus, lorsque j'y parvenais. M'échapper … une chose à laquelle je n'aurais même pas dû avoir l'idée de penser car là était ma place, celle d'un monstre ballotant au bout de ces chaînes, telle une poupée de chiffon sans vie, inanimée.
En vérité, plus le temps passait et plus je me trouvais pathétique. Moi et ma situation, las de tout, même de vivre. Mon seul billet de sortie pour ce cauchemar ayant été réduit en cendre par un autre vampire et moi-même.
Yuki, que penserait-elle en me voyant, attendre une mort lente et qui plus est douloureuse, avec résignation et lâcheté ?
La Yuki que je connaissais aurait pleurée. Mais celle, sang pur et fiancée de Kaname … Ressentirait-elle de la pitié? Du dégoût ? De l'indifférence ? Ou alors n'avait-elle tout simplement pas changée ?
Ma vision se troublait de nouveau et ma tête se faisait lourde, beaucoup trop, ma nuque ne la supportant déjà plus. Le mur me faisant face se tâchait de noir pour disparaître complètement. Et les chaînes m'entravant sifflèrent sous le poids de mon corps inerte, qui quittait le mur pour tomber en avant, l'ayant retenu dans sa chute.
°0°KANAME°0°
Yuki ma jeune sœur et fiancée, pleurait de nouveau pour cet homme, pour se «pseudo» vampire et sa souffrance plus que certaine. Elle avait sangloté et m'avait supplié d'aider celui qu'elle considère et aime comme un frère … peut être plus ?
Ce n'était pas la première fois que ce Zéro était responsable de son afflux de larmes. Cet idiot a toujours eu le don de compliquer les choses. Le sang de cette sang pur était sa solution, mais bien évidemment, il ne l'avait pas bu, j'aurais dû m'en douter !
Pourquoi lui en avais-je laissé d'ailleurs ? Pour Yuki ? Ma réputation ? Espérais-je inconsciemment qu'il accepte le fait qu'il est un vampire ? Pourquoi ce point m'a-t-il toujours préoccupé ? En y réfléchissant, je l'ignorais moi-même. Yuki n'aurait pas été là que s'en serait revenu au même, c'est bien là, la seule certitude que j'avais.
Et malgré le fait que personne ne m'ait dit ou était enfermé cet imbécile impulsif, je savais déjà où il se trouvait, sans avoir la moindre recherche à faire, juste comme le ferait un chien de chasse suivant une piste. Son odeur était attractive et avait toujours empli l'air de sa présence, comme si son propriétaire était là, tout proche. Elle était omniprésente, tout du moins pour moi, c'était le cas. J'avais toujours été conscient de ce fait, sans pouvoir me donner d'explication sur cet instinct étrange.
Son odeur emplissait l'atmosphère ici … entourait et imprégnait les pierres de cette tour en mauvais état. En voyant le bâtiment, j'avais immédiatement pensé à l'image d'un fauve en cage, sauvage et puissant, enfermer depuis des années, à tel point qu'on aurait pu l'oublier. Tout en sachant que dans le cas de Zéro, cela revenait à le bridé et le laisser mourir.
Passant la porte, faisant grincer ses gonds rouillés, un escalier en colimaçon trônait au milieu de la petite pièce vide, montant et descendant sur plusieurs mètres. Suivant mon instinct, j'étais descendu et c'est seulement au bout de dix minutes de marche(s), qu'une porte en acier avait fait son apparition derrière la colonne servant de pilier au bâtiment. Et bien sûr cette immense porte était fermée par au moins six cadenas, accompagnés de chaînes toutes aussi grosses et massives que fines et inutiles.
Prenant conscience que Zéro se trouvait de l'autre côté, j'avais de nouveau perdu le contrôle de mes pouvoirs, provoquant l'explosion de la porte et de ses atours ainsi que des objets environnants. Ce n'était pas la première fois, en fait ça datait de la St valentin, il y avait les membres de la night ainsi que de la day classe, une jeune femme présentait ses chocolats à … Non, Zéro ne pouvait être responsable de ma perte de contrôle, c'était tout bonnement impossible.
Percevant un gémissement j'étais sortie de mes pensées et passé entre les deux battants de la lourde porte me séparant de lui. Et à ma surprise, voir l'argenté dans cette état m'avait presque rendu malade. Nauséeux, mon estomac faisait des nœuds et mes yeux s'étaient légèrement écarquillés.
Un autre gémissement avait attiré mon attention, contraignant mon regard à lâcher le corps amaigri pour se concentrer sur les traits tirés par la fatigue, le teint cadavérique et le souffle quasi-inexistant. Il semblait émergé, l'avait-on frappé ?
°0° ZERO°0°
A moitié remis de ma perte de connaissance, je concentrais mes sens sur la personne me faisant face, incrédule. Faut dire que je ne devais pas être beau à voir avec seulement une visite tous les deux jours pour les besoins quotidiens d'un être vivant normalement constitué ! C'est sûr je devais vraiment être hideux !
Rassemblant mes idées et forçant sur ma vue avec le reste de mes forces, j'avais pu distinguer la silhouette d'un homme. Brun, carré, plutôt grand peut-être même plus que moi, vêtu de blanc et son regard cramoisi … Un vampire et pas n'importe lequel.
« -Tu n'as pas l'air en forme. »
Kuran Kaname ! Si je m'étais attendu à le voir lui !
« -Que fais-tu ici ? Je ne suis pas digne du repas d'un sang pur !
-Aurais-tu oubliez la courtoisie ? Je t'ai connu plus poli ! Sache qu'un repas reste un repas même si je ne vois absolument pas de quoi tu parles ! Où as-tu vue que je désirais ton sang ?
-Tes yeux, imbécile ! Ils sont d'un rouge flamboyant presque phosphorescent !
-…
-Je réitère donc ma question ! Que fais-tu ici ?
-Toujours aussi aimable !
-Il faut croire que je ne suis pas d'humeur !
-L'es-tu seulement d'habitude !
-…
-Il parait que tu deviens un Level E ?
-J'ai toujours trouvé que tu manquais de tact Kaname ! Est-ce ton statut de noble qui te monte à la tête ou le fait de me voir réduit à l'état de loque qui t'aurait rendu un peu plus idiot que tu ne l'étais déjà?
-Crois-tu être en position de faire du sarcasme ?
-Que …fais-tu … ah ! hum ! … ici ?
-Je fais ça pour Yuki !
-Tu … humrr ! »
Ce connard de noble venait de se couper en une fine entaille l'index.
Une chaleur et un désir brûlant s'emparèrent de mon corps suivi d'une douleur atroce devant les gouttes s'écrasant sur le sol dallé et sale … perles rubis … dont je rêvais depuis plusieurs jours ? Semaines ?
« N'oublie pas ! N'oublie pas, que je te suis venu en aide ! N'oublie pas qui t'as fait don de son sang ! N'oublie pas ! »
°0°KANAME°0°
Le voir à ma merci sans aucun moyen de se défendre m'avait complètement retourné et d'une certaine façon mis en rage. Colère grandissante que je dissimulais derrière pics et sarcasmes dirigés vers le captif qu'était Zéro.
Sachant pertinemment qu'il allait boire mon sang, j'avais perdu le contrôle de mes gestes, obnubilé par l'homme me faisant face, fébrile. J'avais fait couler mon sang le long des lignes de ma paume. Puis hurlé une phrase inconsciemment. Phrase qui avait très vite perdue tout son sens une fois que j'avais posé mon doigt sur ses lèvres nacrées et douces. Ses dernières suppliques avaient elles aussi perdues toutes significations, ses allaitements et grognements sourds me troublant au plus haut point !
Je n'avais pas pris le temps de me méfier de cette envie plus que pressante de sentir sa bouche, ses lèvres, sa langue sur mon doigt et les mis en contact sans plus attendre.
Au début, il s'était montré hésitant et passait de léger coup de langue sur toute la longueur de mon indexe, sur les tracés rouges qu'avaient dessiné les gouttes de ce liquide de vie des plus précieux, incapable de refuser pareille offre. Fixant un regard interrogateur sur moi. Moi, qui malgré ma froideur et mon indifférence apparente, bouillonnais littéralement, le sang de mon interlocuteur m'appelant, me hurlant de le boire !
La vision qui s'offrait à moi n'était pas des moins déstabilisantes et bouleversantes. Zéro, dans son hésitation devenait frustrant et la lueur de défi mêlée de curiosité habitant son regard m'émoustillait. Même enchaîner, il ne perdait rien de sa superbe, un lion, majestueux, sauvage et fort, capable de me briser s'il s'en donnait réellement la peine. Un vampire dangereux, qui s'ignorait. Une force que je ne souhaitais pas affronter, mais allier.
Devant mon manque de réaction, il avait entouré mon doigt de sa bouche, chose que j'attendais depuis un moment maintenant, exerçant un mouvement de succion des plus excitants. Sa langue léchait, mouillait, caressait, mon doigt qui m'avait rapidement donné l'impression de pulser entre ses lèvres, dans sa bouche.
Malgré le fait que ses gestes n'avaient rien de calculé, le besoins de ressentir, de le ressentir plus m'était devenu vital !
Alors que ma plaie se refermait, sa langue, muscle rugueux et doux à la fois était descendue le long de ma paume puis de mon poignet. Les sensations que ce simple mouvement et touché me procuraient, étaient des plus alarmantes mais jouissantes. Je me sentais bien, voir même heureux, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Malgré le fait qu'une fois remis Zéro et moi ne serions plus jamais aussi proche, le sang que j'avais bu de l'autre sang pur le sauverait de la transformation en level E ! Et c'était là tout ce dont j'avais besoin, qu'il survive et devienne un vampire à part entière.
Mais j'en avais voulu beaucoup, immensément plus et en le sentant reculer, j'avais saisi de manière brusque sa nuque l'attirant de force vers mon cou. Son menton à sa naissance et ses crocs pointant vers ma jugulaire. Veine battante qu'il avait mordu sans ménagement, aspirant mon sang, provoquant une vague ardente de plaisir que pour rien au monde je n'aurais souhaité voir s'éteindre.
Zéro semblait lui aussi plonger dans les limbes du plaisir, son regard fixé sur les gouttes de mon liquide de pouvoir et de vie, ne prenant en aucun cas conscience de l'état dans lequel je sombrais. Sa bouche butinant désormais ma clavicule laissant à mes yeux luminescents une vue plongeante sur sa veine battante … son cou, et la promesse d'un délice au-delà de tous plaisir.
