Titre : Il ritorno del Granchio

Auteur : Mrs. Crowley

Personnages : Death Mask, Rhadamante, Mu…

Genre : Angst, Romance

Rating : M (violence pour torture physique et langage grossier. Yaoi en préparation)

Résumé : Les chevaliers d'or ont droit à une seconde chance. Mais certains ne l'acceptent pas comme Death Mask. Humilié par Mu et son Starlight Extinction, torturé par Rhadamante, le chevalier d'or du Cancer essaie de reprendre les rênes d'une nouvelle vie qui lui échappe totalement. Le chemin sera long et parsemé d'embûches pour le Crabe. Heureusement, les autres chevaliers seront là pour le soutenir et l'aider…surtout Mu.

IL RITORNO DEL GRANCHIO

CHAPITRE 1

"STARLIGHT EXTINCTION !"

Sa voix résonna dans ma tête. Un écho éternel. Sans fin. Encore et encore. Cette force brute. Ce torrent d'énergie. Qui aurait pu imaginer cela ? Certainement pas moi. Certes, je savais que certains chevaliers d'Athéna cachaient leurs véritables forces. Tsss…quels idiots.

Ils étaient bien nombreux dans le sanctuaire à être une arnaque ambulante. Et pas la peine de me demander de qui je voulais parler. Je n'en avais que faire. Cela m'énervait tellement parce que franchement, c'était…pathétique à mes yeux. Une hérésie !

Bouhou…j'ai une super attaque de la mort qui tue mais je ne la sors qu'au dernier moment… parce que je suis un gentil, moi…je veux laisser le choix aux gens de faire le bon choix… rester ou fuir….mourir ou vivre. Quel dilemme, dis donc !

C'était vraiment ridicule. Nous sommes des chevaliers. Merde. Des chevaliers d'Or par-dessus le marché. Nous sommes l'élite. Nous sommes censés faire le ménage. Dépoussiérer. Balayer nos ennemis en une seule attaque. Tuer avant d'être tué. Faire mal. Pas proposer un choix !

Et lui, il m'avait vraiment fait mal.

Qui aurait pu croire que l'atlante avait une attaque pareille ?

Pas moi.

Tu parles d'un plan.

Je m'étais fait massacrer. Parce que j'avais eu foi dans le plan de Shion et de Saga. Ahaha, qu'est-ce que j'ai été con sur le coup ! Si j'avais su, je serai passé en force et j'aurai laissé le suédois se faire pulvériser tout seul. Merci pour la diversion. Saga, je retiens !

"STARLIGHT EXTINCTION"

Sa voix n'avait plus rien de doux. La poupée aux cheveux violets avait du avoir une sacré poussée d'hormones pour nous sortir une pareille voix rauque. Je n'avais rien compris ! Aphrodite non plus. Et puis, l'attaque nous avait touchés de plein fouet !

Et ça avait vraiment fait mal.

C'était une technique terrible, qui n'avait rien de sympathique et franchement, niveau compassion pour mort instantanée, on repassera. Oula, qu'on était loin des agréables techniques manucurées du scorpion. Ca, c'était du bon. J'aimais ses attaques. Fourbes. Douloureuses. Langoureuses.

Mais la putain d'attaque de Mu !

Ahaha…Rien que d'y repenser, j'en avais mal partout. Son attaque avait fait exploser chaque cellule de mon corps, me désintégrant de la tête aux pieds par petites couches. Peau (derme et épiderme), muscles, tendons, chair, organes, moelle, os…

Tout y était passé.

Cette insupportable lumière, cette poussière d'étoile, qui m'avait brûlé les yeux, atomisant mon cerveau par la même occasion. Cette énergie vicieuse qui m'avait décapé la peau, tel le rabot d'un charpentier. Elle avait tout arraché sur son passage.

Sincèrement, et sans me vanter, j'avais un excellent seuil de tolérance à la douleur. En plus, en tant qu'expert, en tortures de toutes sortes, je connaissais les limites du corps humain et de l'esprit sur le bout des doigts. Mais là…

J'avais dérouillé grave. Le coup de soleil de la mort. Version stellaire. Pour un crabe, être cramé, c'est un comble.

Connaissant le caractère 'doux' de la chèvre atlante, j'avais pensé qu'il aurait d'abord attaqué les nerfs et les sens pour anesthésier le plat de résistance. Mais non. Il avait gardé tout pour le dessert. J'espère que tu avais aimé, Mu ! Et que tu t'étais étouffé avec ta cerise sur le gâteau !

Hop, mon corps avait été vaporisé dans l'atmosphère et ma malheureuse âme était retournée directement à la case de départ, soit l'Enfer. Je pensais être à ma place ici mais que nenni, je n'étais qu'une merde ! L'accueil était glacial, surtout compte tenu de la tronche du maître d'hôtel.

Rhadamante…

Jamais, je n'oublierais ce nom et cette sale gueule. Sa tignasse blonde, ses yeux et surtout… ses sourcils ! Non mais, Aphrodite avait failli faire une crise cardiaque en les voyant. Mais bon, comme moi, il était déjà mort alors il avait survécu au choc visuel.

Rien que de le voir, ça m'énervait. Monsieur était Juge, et oui !, et par conséquent, il se la racontait. Bien trop. Moi, avoir du respect pour ce gars ? Jamais ! Lui cracher à la gueule ? Je n'étais pas contre cette splendide idée.

Mais voyons Rhadis…c'était juste pour faire briller et polir la casserole qui te sert de casque…

Rhadis était à l'image de l'animal, qu'il représentait : une véritable wyverne. Oh, vous ne savez pas ce que c'est que cette bestiole ? Oh, je vais vous le dire en quelques mots. Ce sera simple, clair, précis et même le Scorpion pourrait me comprendre.

Une wyverne est une créature imaginaire (sauf dans mes cauchemars les plus décadents), un reptile, moche, puant, avec une queue empoisonné (un bon gros dard, sans arrière-pensée soit dit en passant) et des cornes. Un dragon en pourri. Bas de gamme.

Et bah voilà, Rhadis c'était tout à fait cela. Un dragon, c'était censé être une créature majestueuse et royale. Sa cousine était loin d'être aussi…belle. Oh lalala. Un véritable massacre ambulant, ce gars.

Il était moche. De petits yeux jaunes, reptiliens. Froids et inertes. C'était comme regarder dans les yeux d'une grenouille, dans une mare. Elle était là, le cul sur son nénuphar, pour passer le temps. Il n'y avait rien du tout dans sa tête. Pas une once d'intelligence.

Il était puant. De par son attitude "je me la pète moi !", de par sa bouche, si si si je vous assure, le dentifrice, monsieur ne connaît pas. Tu m'étonnes, à son époque, ça ne devait pas exister, comme le déodorant…ah oui, et de par ses aisselles.

Mon dieu, est-ce qu'il prenait des bains au moins ou pas du tout ?

Il n'avait pas d"écailles, encore heureux, quoi que, peut-être que ça aurait sauvé son physique. Parce que franchement, il n'y avait rien à rattraper chez lui. J'ai du vous parler de sa touffe toute hirsute. Comme quoi, un casque, c'était le bien.

Une queue empoisonnée ? Hmm…Joker ? Non, je plaisante. Il avait effectivement une queue empoisonnée. En l'occurrence, sa langue. Serpentine, fourchue, noire et…puante, bien sûr. Il savait faire mal avec ses mots, l'enflure.

Quant à la vraie queue…hmm…je n'osais imaginer l'horreur de la bête !

Des cornes, oui, il en avait. Sur la tronche. Le masque, hein. D'ailleurs, en parlant de casque, parlons de son armure. Non, mais, vous l'avez vu ? Ce n'était pas une armure pour se la péter ça ? Des piques partout et tout et tout…ça faisait un peu drag-queen…

Bref, ce n'était pas le genre de personnes que je pouvais apprécier. Alors le côtoyer, quelle horreur. Mais j'étais obligé de le supporter. J'étais en Enfer. J'étais en mission. La diversion avait réussi. Me voilà accueilli par Rhadis, le terrible.

Son accent anglais à couper au couteau, le brouillard vaporeux de ses terres natales, m'interpella, appuyant sur les voyelles de mon nom. "Déaafe Maaske !" Ceci étant la meilleure retranscription possible.

Je me tournais vers lui, n'en menant pas large, mais je n'en laissais rien paraître. L'attaque de la chèvre ne m'avait pas laissé indemne et je devais encore supporter le contrecoup de la douleur…de cette destruction totale…de mon corps…de mon esprit…de mon âme…

Mon corps était recouvert de sueur, je le sentais. Ma respiration était presque normale mais ma poitrine me faisait mal, comme si j'avais reçu un coup de poing, qui m'aurait coupé la respiration pendant plusieurs secondes.

J'avais mal partout, comme si j'avais les os en miettes. Apparemment, mon cerveau n'avait pas compris que tout cela était fini. Que mon corps ne pouvait éprouver la moindre douleur parce que mon corps n'existait plus.

Il était mort depuis quelques temps à présent. Pourrissant dans ce gouffre sanglant. Grâce à ce maudit dragon aux cheveux longs. Les âmes perdues l'avaient dévoré tranquillement, déchirant la chair avec leurs ongles longs et leurs dents pourries.

J'avais été aux premières loges du buffet, ayant survécu à la chute. J'aurais préféré me briser la nuque sur le coup, là, contre une pierre. Supporter cette torture. Cette lente agonie. Sentir mes forces s'amenuiser alors que j'avais tenté de lever les bras pour les repousser.

Sentir leurs dents me manger. Sentir l'odeur de mon propre sang. Mon sang serpentant sur ma peau nue et mes muscles déchirés. J'arrivais encore à les entendre mâchouiller. Geindre de plaisir. La bouche pleine.

Ma chair coincée entre leurs dents.

Hmm…je n'avais pas vraiment volé cette mort là. Non ?

L'armure m'avait abandonné. La déesse m'avait punie. Finalement, on n'échappe pas à son karma. Il vous rattrape toujours. Oh, je ne regrettais pas le moindre du monde ce que j'avais fait. Je l'avais fait pour la déesse.

Bon, ok, j'étais peut-être un peu sorti de mon rôle. Un peu trop. J'avais outrepassé mon rôle, brisant les règles de la chevalerie. J'avais tué des innocents ? Oui. J'avais torturé des gens pour le plaisir ? Oui. Et alors ?

Je suis Death Mask !

Je suis sadique, violent, cruel, cynique, fourbe, j'aime blesser, faire mal et cela m'amuse. J'éprouve du plaisir pour mes 'péchés'. J'aime gagner. Une victoire sans égale. Mes trophées sur les murs et les sols de mon temple sont le témoin de ma force.

Qui peut aimer perdre ?

Un débile profond ?

Donc, où était le problème ? À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, non ? Alors, pourquoi ne pas épicer légèrement la mission ? Mettre un petit grain de folie. Où était le mal dans tout cela ? Hein ? Je vous le demande !

Mais peu importe. Je me moque de ce que les autres peuvent penser ou croire. J'ai ma vision des choses. Pour moi, la justice s'impose par la force et par le pouvoir. Point final. Je n'ai rien à rajouter à tout cela.

Néanmoins, et pour en revenir à ce que je disais, être dévoré vivant, c'était vraiment la mort la plus atroce qu'il soit possible de supporter. Ce n'était pas de très agréables vacances. J'en avais vraiment…souffert.

Cela m'avait…bouleversé. Ok, j'aimais faire mal. Mais avoir mal, pas du tout. Je suis un sadique, remember…?

Me redressant, les sourcils froncés, les mâchoires serrées, je lui fis lentement face. Il me dépassait de quelques centimètres, mais la taille n'avait pas la moindre importance, et il me toisa. Je fis de même, sans me laisser démonter.

L'instant d'après, j'étais balancé en arrière et j'heurtais violemment un épais mur en pierre. Quelque chose craqua sinistrement. J'avais du me casser un truc ou deux, mais peu importait. Parce que j'avais un plus gros problème là. Un énorme problème, nommé Rhadis.

L'enfoiré.

Il était au courant ! Il avait du tout observé. Notre manège. Il connaissait le but de notre véritable volonté de nous battre contre nos anciens frères d'armes, au Sanctuaire. La promenade avec les spectres avait un but plus…juste.

Sauver notre déesse.

J'aurai du m'en douter. Cela avait été trop facile. Cela ressemblait beaucoup trop à l'une de mes techniques en plus ! Une technique basique mais efficace et surtout très jouissive. En quoi consistait-elle ? Facile.

Il suffisait de convaincre sa proie qu'on la croyait. Qu'elle n'avait plus rien à craindre. Qu'on était maintenant de son côté. Il fallait ensuite la laisser respirer un peu, se remettre de ses émotions, avec un regard bienveillant pour bien faire passer le message.

Et dès qu'elle avait le dos tourné.

Un petit coup sec à l'arrière de la nuque pour l'achever.

Et là, Rhadis allait m'achever. Ok, qu'il le fasse, j'étais prêt. Je n'avais pas peur de mourir. J'avais accompli mon devoir, et pour l'une des rares fois, j'en étais content parce que cette mission était…juste. Je me sentais l'âme d'un repenti.

Cette dernière mission était la plus importante et je l'avais exécutée parfaitement. Je me sentais bien. Libéré d'un poids. C'était l'extase. Bien que j'aurai bien eu envie de casser la tronche du pégase, pour le ramener ici.

Cet abruti m'avait pété une dent tout à l'heure. Dent que la chèvre avait faite éclater avec sa maudite attaque. Et dent que Rhadis venait de casser de nouveau en me donnant un très vigoureux coup de poing en pleine mâchoire.

Assommé, je titubais en arrière, massant ma mâchoire endolorie. "Et bien, Rhadis, tu frappes comme une pédale anglaise…" fanfaronnais-je avec un sourire, crachant du sang sur sa tronche. Ca lui allait bien à ce con. Il me frappa de nouveau. "C'est…mieux…"

"Mephisto…" Il souffla mon nom de famille avec un grand sourire. Ses dents pourries, j'allais les lui briser…je donnerai mon âme au diable pour cela…pour lui faire ravaler son sourire et ses dents, à cette bestiole puante. "Dante Mephisto…"

"Ouah, tu connais mon véritable nom" Applaudissement. "Je savais que je n'aurai pas du écrire ma biographie…mais vu que tu insistes pour avoir mon autographe, laisse-moi te l'offrir…Seki Shiki Meikai Ha"

Il balaya mon attaque du revers de sa main, avec une nonchalance déconcertante. Personne ne m'avait ainsi résisté. Et je compris rapidement que…je n'allais rien pouvoir lui faire. Parce que ce gars…c'était un vrai monstre…

"Ton père est passé devant moi, Dante…" m'annonça t-il, avec ce maudit sourire en coin. "Tel père, tel fils, devrais-je dire…" Il s'approcha lentement de moi et je retentais mon attaque, avec autant de réussite que tout à l'heure. "Ta mère aussi…"

Du calme, Death Mask.

Cela ne sert à rien de t'énerver de la sorte surtout que tu n'as pas de parents. Non ?

"Et alors ?" demandai-je en imitant son sourire radieux. "Moi aussi, j'ai vu ta mère…une vraie salope…j'ai adoré ses gros seins et son étroit petit cul…" Les mots étaient sortis de ma bouche avant que je ne m'en rende compte.

Il se figea un instant. Mon sourire s'agrandit. J'avais trouvé son point faible. Prends ça dans ta tronche ! Alors que moi, je me foutais complètement de mes parents, lui, il avait clairement plus de considérations pour sa mère.

Quelque chose d'énorme et de puissant me frappa. La pièce tournoya devant mes yeux, comme je voltigeais de nouveau dans les airs, et j'embrassais de nouveau le mur…mon armure ne résista pas au choc, rendant l'âme alors que je vomissais du sang.

"Tu vois…tu peux faire beaucoup mieux…bien bien…Et je suis vraiment désolé de ne pas être en mesure de t'applaudir, mais le cœur y est…Je te l'assure !" Je souris largement. Je ne pouvais plus du tout bouger. J'étais un papillon, épinglé au fond de sa boite.

J'allais mourir. Autant que ce soit divertente.

Le visage décomposé du serpent entra dans mon champ de vision et il me frappa sèchement dans le menton. Quelque chose se brisa dans ma bouche et quelques étoiles noires dansèrent devant mes yeux. Continue. Je veux être inconscient.

"Si je me souviens bien, ta mère est venue devant moi sous le nom de 'La Pute de Tarente'. Une vraie salope…défraîchie. Je te laisse deviner où elle se trouve maintenant…Tu vois bien de quoi je veux parler, don't you ?"

"Là, j'hausse les épaules…" le prévins-je comme son énergie bloquait le moindre de mes muscles. En dehors d"ouvrir ma bouche et de cligner les yeux, je ne pouvais plus rien faire. "Mais je suppose qu'elle est sous ton bureau…"

Mauvaise réponse. Punition immédiate. Il se recula et ses cheveux hirsutes se dressèrent sous son masque, ondulant comme des serpents. Hmm…sa mère était peut-être une Méduse. Ca pourrait en expliquer des choses, dis donc.

A défaut de la règle sur les doigts, j'eus droit à quelque chose de tout aussi douloureux. Voir même plus. Mais franchement, il ne m'apprenait rien du tout. Il ne m'impressionnait nullement. Après tout, j'étais maître en douleur et j'aurais fait un excellent profe-

"Hnh !" Je serrais les dents, mordant ma langue pour taire mon gémissement de douleur. Il venait d'utiliser sa technique pour pulvériser ma main droite et le mur avec. Les yeux fermés, j'essayais de respirer convenablement pour reprendre mes esprits.

L'oxygène était un excellent remède pour se remettre plus vite de ce genre de problème.

"Voilà. Maintenant, tu ne peux plus du tout m'applaudir, Dante…" m'apprit-il. J'avais mal. Il venait de…ma main, elle était…en miettes…les os brisés, la chair déchirée, la peau dénudée, les tendons mis à nu.

La douleur était atroce, curieux mélange entre la torture de la chèvre et le buffet à volonté gratuit des âmes perdues.

J'avais machinalement baissé les yeux pour admirer le massacre. Je voyais clairement le blanc des os brisés. Les os de mes doigts avaient traversé la chair et la peau, offrant un appétissant steak tartare à qui avait faim. Manquait plus que l'œuf.

J'aimais la viande crue.

La vision me laissa de marbre. J'avais vu pire. J'avais fait bien pire. Néanmoins, je regrettais de ne pas m'être évanoui. Parce que Rhadis n'allait sérieusement pas s'arrêter en si bon chemin. Franchement, ce gros naze était nul. Incapable de me faire hurler.

A croire qu'on n'était jamais mieux servi que par soi-même.

Je redressais les yeux, quittant ma malheureuse main, qui ne me servirait plus. Et plus jamais même, vu que j'allais mourir pour de vrai, effacé de la surface de la terre et des enfers de ses mains. Je fixais l'anglais, impatient. Il semblait attendre une réponse. Oh. Ok.

"De toute évidence…et j'applaudis mentalement pour ce sens de l'observation particulièrement fin et développé chez toi…tout autant que ton nez…" Je poussais un soupir, attendant la suite, calmement. A croire que j'étais en train de bronzer sur une plage.

Rhadis fronça les sourcils. C'était très difficile à voir compte tenu de son énorme et moustache sourcillère mais je supposais qu'il était en train de froncer les sourcils. Quoi ? Tout le monde était censé pleurer devant lui comme un bébé, le suppliant d'arrêter ses caresses ?

Foi de Death Mask, il pouvait toujours courir.

"Virgilio Mascatti, taxidermiste le jour, violeur et étrangleur de jeunes filles la nuit…Je vois d'où te viennent tes…talents si particuliers…" Il n'allait quand même pas me sortir mon extrait de naissance de sous son casque ? Si il le faisait, j'en serai bluffé !

"Blablabla…" me moquais-je en roulant des yeux. "En tant qu'expert, moins de blabla et plus d'action…sauf si tu comptes me faire mourir d'ennui. Parce que là, c'est franchement bien parti" J'en rajoutais une couche en baillant.

"Oh rassure-toi, j'ai tout mon temps…tu sais bien qu'ici, le temps est différent…il passe bien plus lentement donc…nous avons tout notre temps…" Il fit craquer ses doigts et il sourit. "Et maintenant, nous allons commencer…"

Ce petit con n'était pas si nul que cela finalement. Il m'avait fait mal. Très mal. Il avait attaqué certaines parties molles de mon anatomie de façon vicieuse. Principalement l'un de mes yeux. Il avait poussé le vice à bouffer mon oeil gauche devant moi.

Oui, c'était dégoûtant et j'aurai pu vomir devant le spectacle immonde. Mais heureusement pour moi, j'avais fait l'impasse sur le déjeuner. Ah mais qui suis-je bête ! J'étais mort. Je ne mangeais plus du tout !

Néanmoins, je ne m'attendais pas à cela venant de lui.

Il avait des couilles l'anglais ! J'étais sadique mais j'avais des règles. Et franchement, le cannibalisme très peu pour moi. Je n'étais pas un sauvage, moi ! La torture était un art, au même titre que la peinture…le cannibalisme, c'était tout bonnement...

Une déviance.

Il continua son travail. Mais jamais je ne criais. La douleur était psychique. Une demande du corps pour crier et soulager la peine. Mais si j'ignorais mon corps, j'oubliais la douleur. La seule chose qui résonnait dans mon esprit, ce n'était pas "aie j'ai mal" mais "oh je m'ennuie".

L'indifférence. C'était la meilleure défense. Mais il y avait toujours mieux. L'attaque !

Se moquer de lui et de ses techniques de torture, c'était bien plus jouissif à mes yeux (enfin mon œil). Lui donner des conseils. L'extase. Le pied total. Ca l'énervait. Il perdait son sang-froid. Il avait du mal à se concentrer sur ce qu'il faisait.

Bon point pour moi.

Et bien vite, il en eut marre. Il relâcha son emprise, me libérant. Je m'écroulais alors par terre, incapable de bouger. J'avais mal partout. Je me rendais vraiment compte maintenant. Mais ce n'était pas le plus important. Parce que bientôt…ce serait fini…

Je sentis sa main griffue agrippée mes cheveux et il me tira facilement. J'étais inerte, tel un sac de patates et il me traîna sans la moindre délicatesse à travers la pièce. Où étaient donc passées ses manières de gentleman ? Aux oubliettes ? Aux toilettes ?

J'entendais des spectres parler autour de moi. Se moquer de moi. Mais je m'en fichais totalement. Je reçus quelques coups et on me cracha dessus, mais non importa ! J'allais être libre. Finalement. Même si je devais avouer que je n'étais pas pressé de mourir mais…

Mais en même temps...

La mort m'attendait au tournant depuis quelques temps…j'avais souvent joué avec elle…je la respectais. Après tout, je lui avais apporté tant d'âmes en guise de cadeaux. J'espérais juste qu'elle aurait autant de respect pour moi, que moi pour elle. Parce que…

Je ne voulais plus souffrir.

Ce n'était plus marrant…surtout dans ma situation actuelle…

Je voulais juste…le néant…le noir total…

"Death Mask !" C'était Aphrodite. Lui aussi, il avait dû être jugé. Je voyais clairement des bleus sur son beau visage. Ses longs cheveux étaient emmêlés et il ne semblait pas être en mesure de tenir debout seul. Nous avions trahi les spectres. Nous allions mourir ensemble.

Comme quand nous avions trahi Athéna. Nous étions morts le même jour.

Je le fixais de mon unique œil, souriant malgré ma mâchoire fracturée. Au moins, je ne serais pas seul. Rhadis me souleva facilement, sa grande main autour de mon cou, et il m'approcha du gouffre. Je le regardais, ennuyé. "Un dernier mot, Dante ?" me demanda t-il.

Ahaha le con ! Il venait de me tendre une perche et je l'attrapais fermement, soufflant avec mon habituel mordant.

"Oui. J'ai même trois choses à te dire" Je pris une profonde inspiration et je répondis rapidement, à la vitesse de la lumière, pour avoir le temps de tout lui dire. "Un. Tu pues de la gueule. Deux, va t'épiler les sourcils et trois, va fan culo, figlio di puttana !"

Naturellement, il m'avait jeté quand j'en étais arrivé au numéro deux mais je m'en fichais. J'avais crié le reste dans ma chute pour bien qu'il m'entende. Certes, mon dernier souvenir serait sa sale gueule mais…sa sale gueule de perdant. Je l'avais fumé en beauté.

Je l'avais battu à ma façon et c'était tant mieux.

"AHAHAHAHAHAHA !"

Mon rire avait résonné dans le gouffre sombre, sans fond, éternellement, avant que tout ne disparaisse subitement, m'étouffant finalement. Et pour une fois, je la fermais sans rien pouvoir dire. C'était…fini…