Bonsoir à tous ! J'ai le plaisir de vous présenter une de mes fanfictions en cours sur Digimon Adventure 02. J'ai toujours aimé ce dessin animé, notamment cette saison qui me semble la meilleure. Il s'agit donc d'une fanfiction plutôt longue, découpée en quatre parties, qui s'étendra sur un an dans la vie des personnages de Digimon.
J'ai déjà beaucoup avancé, et en suis déjà au chapitre quatre. Toutefois, je ne poste pour le moment que le prologue et le premier chapitre de la première partie pour me laisser le temps d'avancer et également de m'avancer sur les Enfants de la Raison que je considère toujours comme mon travail majeur.
De plus, vous remarquerez que mon style est moins travaillé dans cette fanfiction. En effet, je l'ai écrite à la base pour moi seule, sans intention de la poster, et puis, étant arrivée à plus de 35.000 mots, j'ai corrigé quelques fautes, remanié quelques éléments pour finalement la poster sur . Il y aura du fluff, du mauvais angst, mais c'est parfaitement normal. J'assume pleinement mon fanservice, mes fautes, pour mon simple plaisir de fan.
Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture.
Digital Generation
Partie I
Soleil Ecarlate
Prologue
Il demeura quelques instants devant la porte d'entrée, sans trop savoir comment procéder. La gorge sèche, cherchant les mots adéquats, il sonna puis inspira à fond.
La porte s'ouvrit et il vit son meilleur ami lui lancer un regard surpris, ce regard bleu, profond à la fois doux et ironique, ce quelque chose qui donnait un frisson au fond du ventre. Il passa une main dans ses cheveux blonds.
- Taichi ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
Il eut un petit sourire et dans le froid ses dents lui firent mal. Son bandeau sur ses cheveux bruns en bataille lui serrait les tempes et ses mains dans les poches de son large manteau bleu étaient malgré tout moites.
- Salut, Yamato.
- Il est très tard, qu'est-ce qui se passe ?
Rien, pensa Taichi. Et quelque part c'était tellement vrai. Depuis la défaite de MaloMyostimon, depuis que le Digimonde allait à présent mieux, depuis que tout allait, tout allait pour tout le monde, que les Digimons, ces êtres de données, amis ou ennemis, présence dans le monde réel qui était acceptée, depuis que les Digisauveurs, dont il faisait partie, allaient bien, redevenaient des adolescents normaux avec tous leurs tracas et leur bonheur. Seulement un mois avait passé depuis Noël, depuis cette bataille et cette paix. Et quand Taichi fixa son meilleur ami, il se dit que tout le discours qu'il avait préparé ne valait absolument rien, comparé à ces trois années à se battre pour un monde de données.
Il était parfois tellement dur de redevenir une génération sans peine. Même si on pouvait avec son Digivice traverser un écran, avoir son Digimon à ses côtés, c'était dur.
A cet instant, une créature à la fourrure bleue, aux grands yeux de grenat apparut à la porte.
- Salut Gabumon, fit Taichi au Digimon. Tu permets deux secondes, j'aimerais parler avec Yamato.
- D'accord, pas de problème, salue Agumon pour moi, dit joyeusement le Digimon avant de repartir dans la chambre de Matt pour écouter un CD.
Yamato regarda son Digimon avec un léger sourire puis se tourna de nouveau vers Taichi.
- Tu ne veux pas rentrer pour discuter ? proposa-t-il en montrant le chemin vers le salon.
- Non merci, ce ne sera pas long, tu sais. En fait… je ne sais même pas comment te le dire…
- Me dire quoi ?
Les sourcils de Yamato se froncèrent légèrement. Taichi le regarda encore une seconde, pour s'ancrer cette image, une bonne fois pour toutes, juste cela, le visage de ce garçon qui savait mordre doucement de ses mots, ou bien réconforter d'un sourire tranquille.
« Tu n'es pas fâché, Taichi ? Pour moi et Yamato… »
- Tu ne peux pas sortir avec Sora.
Yamato eut une étrange expression, comme si Taichi l'avait giflé. Il resta une seconde un peu surpris.
- Et pourquoi donc ? Je pensais que ça ne te faisait rien, que c'était fini entre toi et Sora.
« Je vais attendre Matt, après le concert… Oui, les gâteaux étaient pour lui… Je suis heureuse, tu sais, Taichi… »
Taichi baissa la tête, et les mots restèrent bloqués, à mi-chemin entre la gorge et la bouche. Peu importait de toute manière, peu importait ce qu'il allait dire, rien n'allait changer.
« Tu n'es pas fâché, Taichi ? »
Pendant un instant, le visage de Sora flotta devant ses yeux, ce visage souriant et ces cheveux roux que Taichi avait en quelque sorte aimé, et ce visage se mélangea à l'air intrigué de Yamato devant lui. Mais c'était tellement différent, tellement… mieux.
Pas d'importance.
- Et pourquoi je ne peux pas sortir avec Sora ? Répéta Yamato avec un peu plus de force, une pointe d'agacement dans la voix. Tu n'es quand même venu aussi tard à la maison juste pour me dire ça ?
Taichi se mordit la lèvre, ses mains encore plus moites dans les poches de son manteau. Il avait tellement froid que sa peau lui brûlait.
- Non, tu ne peux pas… parce que… parce que…
Il avait envie de pleurer. Et c'était tellement idiot, tellement inutile, de rester là, à pleurer, alors qu'il savait que cela ne valait rien. Le sourire de Sora était inscrit sur sa rétine et il voulut presser ses paupières de ses doigts pour en extraire l'image.
Ce qui suivit, il n'en fut pas désolé. Ce fut un geste presque désespéré, celui qui n'a rien à perdre.
Pas d'importance.
Il leva la tête et posa ses lèvres sur celles de Yamato, sentit cette bouche légèrement humide contre la sienne, et appuya, les yeux mi-clos. Le corps de son meilleur ami se tendit, se tendit tant qu'il crut sentir tout son corps se muer en une pierre tiède ; ses mains se crispèrent sur les épaules de Taichi, l'étreignant tout en donnant l'impression de le repousser de toutes ses forces. Taichi pressa ses mains contre les joues de Yamato, le tenant contre lui le temps du baiser qui au fond ne fut pas long puis recula violemment.
- Je suis désolé, murmura-t-il, et dans ses yeux bruns un éclat sourd de douleur et de honte. Je… Je vais y aller, je suis désolé…
« Tu n'es pas fâché, Taichi ? »
Yamato le regarda, profondément choqué, les yeux écarquillés. Il eut un long frisson, terrible, dans tout son dos et au moment où Taichi fit mine de partir, quelque chose en lui éclata. Il l'attrapa par le bras et dans un mouvement brusque le ramena vers lui avant de l'embrasser à son tour, férocement.
Taichi, suffoqué, sentit de nouveau les lèvres de Yamato contre les siennes, et le baiser fut haletant, comme s'il était le trop-plein d'émotions trop longtemps contenues. Les lèvres de Yamato, la langue de Yamato et ses mains, ses mains qui le serraient fort, tout cela lui parut étrangement lointain et en même temps si proche qu'il manqua de s'étouffer. Des souvenirs, des associations d'idées lui vinrent à l'esprit : le son d'un harmonica, le goût de l'eau et surtout cette odeur presque fragile, cette odeur qui n'existait que dans le Digimonde, quelque part, dans un endroit qu'il avait oublié.
Il retint une sorte de son, comme un mélange de cri et de gémissement, et brisa le baiser, le souffle court, tenant le visage de Yamato entre ses paumes tièdes. Bien que plus grand que lui, Yamato avait à cet instant le dos voûté, et ses yeux bleus, ses yeux qui savaient se moquer et en même temps consoler, avaient une lueur vulnérable que peu de gens avaient eu l'occasion de voir. Sa respiration était sifflante alors qu'il tentait de dire quelque chose.
- Je suis désolé, répéta Taichi, sans trop savoir pourquoi il s'excusait. Vraiment… Je vais rentrer…
Yamato acquiesça vaguement, et Taichi sentit aussitôt qu'il avait honte ce qu'il avait fait. Une bouffée de colère l'envahit et il arrêta à la dernière seconde le geste violent qu'il s'apprêtait à faire. Il fit un signe à Yamato puis s'en alla.
Il ne se rappela pas comment il rentra chez lui, glacé par le froid. Lorsqu'il franchit la porte de l'appartement, ses parents regardaient la télévision et ne firent pas attention à la voix pincée ni aux yeux rouges de leur fils. Hikari était absente, ce qui était une bonne chose pour Taichi qui n'aurait pas supporté le regard clair et insoutenable de sa sœur. Il alla dans sa chambre et trouva Agumon sur son ordinateur, ouvrant une gueule souriante et ses yeux brillaient tandis qu'il gagnait des points à Tetris.
- Salut, Taichi, ça s'est bien passé ?
- Plus ou moins, répondit Taichi.
Il se sentait épuisé et sans rien dire de plus, il s'allongea, encore tout habillé.
- Taichi ? fit la voix inquiète d'Agumon qui descendit du siège pour venir le voir.
Le petit dinosaure jaune s'approcha de lui et posa une patte affectueuse sur son bras.
- Ca ne va pas ?
- T'en fais pas, Agumon… Tout va bien… Tout ira bien…
Pas d'importance.
« Tu n'es pas fâché, Taichi ? »
Il pressa son avant-bras contre ses yeux, fort, très fort, mais cela n'empêcha pas un sanglot de l'étouffer et sous le regarda abasourdi et blessé de son Digimon inquiet, il pleura, la manche humide, un rictus sur les lèvres pour ne pas faire trop de bruit. Agumon monta sur le lit et le consola, l'entourant de ses pattes, le consolant comme il le pouvait, complètement dépassé par les évènements. Taichi, le corps douloureux, s'endormit contre lui, et sentit sur son Digimon cette odeur fraîche et fragile du Digimonde, cette odeur qu'il reconnaissait sans pourtant savoir où il l'avait réellement ressenti.
Ils se connaissaient tous au camp, comme des camarades, pas de réels amis. Des enfants qui riaient ensemble mais qui n'étaient pas prêt à partager leurs secrets. Cet été, tout avait changé, et lorsque leurs corps avaient atterris dans le Digimon, leur complicité s'en était retrouvée agrandie. Les premiers émois, les premières peurs, l'affection des uns, et des Digimons. Ils avaient combattu, avaient survécu et ils en étaient devenus plus forts.
Le son de l'harmonica résonnait toujours dans un coin de la tête de Taichi. Cette musique qui savait être fluide sans être compliquée, et surtout ce mouvement des lèvres, des mains de Yamato qui jouait pour Takeru, endormi près de lui. Le sourire de Sora, ses cris quand elle était en colère, ses larmes lorsqu'elle était triste, cette fille qui avait été le premier amour de Taichi. C'avait été un amour maladroit, débutant qui s'était fini tout juste deux mois après l'aventure au Digimonde. Les rares baisers et étreintes qu'ils avaient échangés au cours de leur relation avaient été suffisants, les avaient rassasiés et tous deux avaient compris que ce n'était pas la peine de continuer. Taichi avait eu un peu de regret, Sora avait pleuré. Mais ils étaient restés amis.
Yamato avait consolé, avait joué de l'harmonica à Taichi qui était venu lui en parler, ce jour d'automne. Il lui avait passé un verre d'eau, et, près de la fenêtre, sous la lumière, avait joué l'air favori de Taichi. Quelque chose avait serré le cœur de Taichi, qu'il n'avait pas su définir. Les yeux de Yamato, presque incolores sous la clarté du jour, s'étaient fermés et il s'était appuyé contre la vitre, un léger sourire aux lèvres, profitant de la chaleur du dehors.
Cet instant, Taichi ne l'avait jamais oublié. Il était resté longtemps comme ça, à fixer le visage de son meilleur ami, serein, qui se reposait, laissant filer l'heure, laissant à Taichi le temps d'oublier Sora. Taichi, en regardant Yamato, avait bu une gorgée de l'eau glacée. Et la sensation resta gravée, associée à l'image de Yamato. Curieusement, le souvenir de leurs disputes, leurs combats était tout aussi vivace mais occupait une autre partie de son esprit. Car ce n'était pas Yamato, ou plutôt celui qu'il ne voulait pas voir.
Ils avaient grandi, mûri. Koushiro avait continué à rester sur son ordinateur, Jyou préparait ses examens à l'école de médecine, Mimi voguait où le vent la portait, Takeru et Hikari grandissaient, prêts à combattre une nouvelle fois. Taichi sentait qu'il était celui qui avait le moins changé. Face à Sora qui au fil des années avait commencé à devenir plus féminine et douce encore, face à Yamato dont la beauté ironique et le calme tranquille faisaient craquer toutes les filles, il se voyait toujours le petit chef d'un groupe qui avait depuis bien longtemps passé la main. A qui ? Là était la question.
Il était différent, bien sûr. Mais quelque part, depuis ce jour, chez Yamato, cet infime instant où son regard s'était posé sur le visage paisible de son meilleur ami, il s'était senti figé. Et le goût de l'eau toujours sur la langue. Ce goût que plus tard, il ne put s'empêcher d'associer à Yamato.
A suivre…
