Une autre chance
Bonjour à toute. Je vous retrouve pour une nouvelle histoire mais avant ça je tiens à remercier toutes celles qui ont lu ou commenté la précédente. C'est une source de motivation et un plaisir de voir que ce temps passé à écrire n'est pas vain.
Pour cette fiction c'est une suite de l'OS "Un peu plus que ça" du recueil "A corps perdu". Amazing-Destiny m'avait soumis l'idée de l'OS et avec son accord je l'ai allongé de trois chapitres car cette fin me frustrait terriblement comme ce fut le cas pour la plupart de celles qui l'ont lu. Comme à mon habitude je posterai une fois par semaine, le mercredi.
Un dernier mot pour ma beta adorée Delicity-Unicorn. Merci d'être à mes côtés, je t'embrasse fort.
Bonne lecture à toutes...
Chapitre 1
Felicity sortait de l'hôtel où elle avait rencontré son dernier client de la journée. Elle s'était arrêtée au bar après son rendez-vous pour décompresser un peu. Elle avait toujours besoin d'un moment entre ses deux vies, elle quittait son rôle d'escort, quittait Meghan pour retrouver Felicity et une vie plus simple. La plupart du temps, marcher dans les rues animées de Starling City ou un voyage en taxi lui permettait de redevenir celle qu'elle était mais ce soir elle avait eu besoin d'endormir un peu ce dégoût d'elle-même qu'elle ressentait.
Elle quitta les rues animées et marcha d'un pas un peu plus rapide, elle préférait ne courir aucun risque inutile en se promenant seule aussi tard. Une voiture noire aux vitres teintées remonta la rue derrière elle et elle resserra son manteau autour d'elle dans un réflexe de protection. La voiture la dépassa en roulant au pas et s'arrêta quelques mètres plus loin. Felicity accéléra le pas pour la dépasser et quand elle longea la berline, la fenêtre côté passager s'ouvrit dans un bruit étouffé.
- « Mademoiselle… », elle accéléra encore le pas. Elle n'était pas assez idiote pour s'approcher d'une voiture qu'elle ne connaissait pas et qui l'accostait ainsi dans la rue.
La voiture se remit en marche pour la suivre et son inquiétude augmenta d'un cran. La portière avant du côté passager s'ouvrit et un homme habillé en noir en descendit pour lui faire face. Felicity se figea, elle réfléchit à ses possibilités de fuite sans quitter l'homme des yeux pour surveiller ses gestes. Cette fois la fenêtre arrière descendit dans un murmure et elle jeta un regard à l'intérieur de la voiture.
- « Nous devons parler Meghan », annonça une voix féminine et aux accents inébranlables. Elle se pencha légèrement et découvrit une femme blonde à l'allure froide qui la toisait depuis sa place.
L'homme s'avança et Felicity reposa son regard sur lui avec méfiance. Il leva les mains en l'air pour lui montrer qu'il ne tenterait rien contre elle et ouvrit la porte arrière en lui faisait signe de prendre place. Elle jeta encore une fois un regard à l'intérieur et se glissa à contre cœur dans la berline. Elle s'installa sur le siège en cuir et la porte se referma sur elle.
Il n'y avait que cette femme dans l'habitacle et elles étaient séparées du chauffeur et de l'autre homme par un verre teinté. Elle posa son regard sur la femme cette fois-ci en prenant le temps de la détailler. Elle avait l'air d'avoir une cinquantaine d'années, ses cheveux blonds coupés dans un carré parfait, des vêtements qui semblaient taillés sur elle, une prestance naturelle et un regard déterminé qui devait pouvoir faire plier qui elle voulait.
La voiture se remit en route et Felicity sentit son ventre se crisper. Elle regarda par la fenêtre pour voir les rues défiler et quand elle se tourna à nouveau vers la femme, elle posait sur elle un regard froid et son visage restait fermé.
- « Qu'est-ce que vous voulez ? », lui demanda Felicity sur la défensive.
- « Vous parler d'un de vos… clients », un air dégoûté apparaissant sur son visage au dernier mot employé.
- « Vous avez l'air de savoir qui je suis et ce que je fais mais je vous préviens immédiatement que je ne divulgue aucune information quel qu'elle soit », d'un ton sûr. « Je ne sais pas qui vous êtes et cette mise en scène…
- Je suis la mère d'un de vos clients… Oliver Queen.
- Oh… », en sentant son anxiété se transformer en inquiétude.
Avant de connaitre personnellement Oliver, Felicity connaissait la famille Queen, leur réputation, leur influence et bien sûr leur façon de faire plier leurs adversaires. Ils avaient la réputation d'utiliser tous les moyens à leur disposition pour obtenir ce qu'ils voulaient.
- « Je sais que mon fils fait appel à vos services depuis plusieurs mois. Il est adulte et a le droit de chercher du plaisir où bon lui semble.
- Mais… ? », en sentant sa gorge se serrer. Elle savait que Moira Queen n'était pas venu à sa rencontre dans la rue pour lui donner sa bénédiction sur le lien qui l'unissait à son fils.
- « Je ne pense pas que vous ayez discuté avec Oliver… il vous paye pour d'autres activités… », alors que le tressaillement aux coins de ses lèvres ne pouvait pas cacher le dégoût qu'elle ressentait à se retrouver face à elle, « mais vous devez savoir ce qu'il a traversé. J'ai consenti à votre existence dans sa vie car il avait besoin de retrouver ses marques mais maintenant qu'il va mieux vous devez disparaître ».
Felicity écarquilla les yeux au fil de ses mots. Elle avait l'habitude qu'on la traite comme un objet et qu'on l'utilise pour passer du bon temps et avoir du plaisir, mais Oliver avait besoin de plus. Et elle aimait penser qu'elle lui apportait ce plus et répondait aux besoins qu'il avait pour se réadapter à cette vie. Elle trouvait déjà dérangeant que la mère d'un de ses clients vienne l'aborder pour lui parler de son travail, mais le fait qu'elle soit aussi intrusive dans sa vie et qu'elle pense savoir mieux que lui ce dont il avait besoin l'ahurissait.
- « Je ne pense pas que ce soit à vous de prendre cette décision. Comme vous l'avez précisé Oliver est adulte et il fréquente qui il veut.
- Qui il veut peut-être...mais certainement pas une fille dans votre genre », d'un ton cinglant, son dégoût resurgissant avec force cette fois. Elle baissa la tête pour fouiller dans son sac et en retira une enveloppe qu'elle posa sur le siège entre elles.
Felicity resta muette mais un sourire en coin fleurit sur ses lèvres. Elle n'avait pas à discuter avec cette femme et décida qu'elle en avait assez entendu.
- « Je ne suis pas à acheter madame Queen », son sourire se teinta de tristesse alors que Moira étouffait un rire condescendant. « Vous pouvez penser ce que vous voulez de moi mais mon client est Oliver, pas vous ».
La seule chose qui semblait avoir de l'importance était le statut différent entre son fils et elle. Elle se fichait bien de savoir la véritable raison qui avait poussé son fils à faire appel à ses services, la façon dont il se percevait. Et elle sentit une colère poindre dans son cœur. Elle se détourna, attrapa la poignée de la portière et se redressa pour taper contre la vitre fumée lui faisant face pour faire arrêter la voiture et s'éloigner de cette femme horrible.
- « Oliver n'a pas besoin que de plaisir sexuel, je suis là pour lui. Il a… », elle se tut pour ne pas dévoiler l'intimité d'Oliver. Elle lui avait promis qu'elle ne dirait rien de ce qu'il se passerait entre eux et elle ne comptait pas le trahir.
- « Meghan… mademoiselle… », en lui attrapant le bras pour la retenir alors qu'elle allait frapper contre la vitre.
Felicity posa son regard sur la main qui l'enserrait et le remonta jusqu'à son visage. Moira Queen avait perdu son masque de froideur et elle posait maintenant sur elle un regard troublé.
- « Ecoutez », reprit-elle en prenant sa main dans les siennes. « J'ai perdu mon fils pendant cinq ans… cinq longues années où j'ai cru qu'il était mort avec mon mari. Et par une chance incroyable le ciel me le rend », d'une voix vibrante alors que son regard était plus brillant. « Je sais qu'il a traversé de terribles épreuves et il ne nous a sans doute pas tout dit pour nous épargner… mais il a droit à une seconde chance et une nouvelle vie. Il n'est plus celui que les journaux prenaient plaisir à mettre en unes de leur torchon. Il a changé et je le crois capable de reprendre l'entreprise familiale, de se faire une place dans ce monde, de construire sa vie sérieusement… et pour ça il doit se détacher de vous pour faire ce qui l'attend ».
Felicity écoutait Moira Queen, surprise de l'entendre enfin parler de son fils avec attachement. Comme toute mère elle prenait soin de son enfant et voulait le mieux pour lui. Et pour cela selon elle, elle devait sortir de sa vie.
- « Vous comprenez n'est-ce pas ? », reprit-elle. « Vous avez aidé Oliver à s'acclimater à cette vie mais maintenant il doit aller de l'avant. Mon fils a souffert et a droit maintenant à une vie heureuse qu'il doit construire ».
La berline s'arrêta quelques instants plus tard devant chez elle et Felicity en descendit le cœur lourd. Elle ne s'était pas retournée pour voir les feux de la voiture se perdre dans la nuit, elle était restée hébétée sur le trottoir devant son immeuble à penser à ce qu'il venait de se passer.
Elle avait senti son cœur se tordre en entendant la peine et la douleur dans la voix de cette mère qui s'inquiétait pour son fils. Et elle avait acquiescé d'accord avec elle, Oliver avait le droit à une vie heureuse et elle ne pourrait pas lui apporter tout ce qu'il pouvait espérer. Il devait avoir une femme qui lui ressemblait près de lui et qui pourrait l'accompagner dans ce monde autour duquel elle ne faisait que graviter. Elle avait alors accepté son offre d'une petite voix. Elle se rassura, elle faisait ça pour Oliver mais aussi pour elle. La somme d'argent qu'elle lui proposait était une chance inespérée et elle devait penser aussi à sa vie.
Felicity referma la porte de la chambre derrière elle et une fois dans l'ascenseur, elle prit appui contre le mur du fond et laissa les larmes dévaler ses joues. Elle avait expliqué à Oliver qu'elle déménageait et laissait cette vie derrière elle et elle lui avait menti en lui affirmant qu'elle ne ressentait rien pour lui. Un sanglot plus important la submergea et elle tenta tant bien que mal de l'étouffer. Pour l'aider à reprendre sa vie, elle ne devait lui laisser aucun espoir la concernant. Il l'avait déjà invité, il avait essayé de la connaitre et dans l'état où il était, elle comprenait qu'il pouvait s'attacher à la moindre personne qui prenait soin de lui et le soulageait de ses ombres. Mais ça ne pouvait pas être elle…
Elle sentit son cœur se tordre à cette idée. Il s'était confié à elle, pas en détails, mais assez pour qu'elle sente la douleur qu'il supportait et les traumatismes qui continuaient de le hanter. Elle espérait qu'il puisse rencontrer une femme qui saurait l'écouter et alléger ses souffrances sans les utiliser contre lui ou lui faire du mal. Elle était heureuse d'avoir pu l'aider durant ces derniers mois mais aussi terriblement coupable de l'avoir fait souffrir avec ces derniers mots. Elle avait l'impression de l'abandonner.
Elle était sortie rapidement de cette chambre qui était devenue la leur, afin ne pas changer d'avis et de le prendre dans ses bras en lui demandant de lui pardonner de lui avoir fait du mal en le repoussant. Elle avait senti sa colère surgir et il avait émané de tout son corps une aura puissante et presque dangereuse. Elle avait eu l'impression d'entrapercevoir un bref instant l'homme qui avait affronté l'hostilité de ce monde avant que sa voix ne soit prête à se briser. Tu ne veux plus me voir ?, lui avait-il demandé et elle avait menti encore une fois.
Elle lui avait assuré qu'ils ne pouvaient plus se voir et que c'était le mieux pour elle mais tout ceci n'avait été qu'un mensonge éhonté. Les mots de Moira et son visage inquiet occupaient son esprit et lui avaient permis de garder sa décision intacte. Elle s'était seulement permise de lui donner un dernier baiser, de sentir une dernier fois son corps sous ses mains et elle était sortie rapidement tant que ses jambes la soutenaient encore.
Felicity essuya les larmes sur ses joues en entendant le tintement de l'ascenseur. Elle prit une profonde inspiration pour reprendre contenance et sortit pour commencer sa nouvelle vie quand la porte s'ouvrit. Elle traversa le hall en abandonnant derrière elle cette vie faite de faux semblant, en laissant un homme qui abordait lui aussi un nouveau tournant dans sa vie et avec qui elle avait partagé une histoire particulière. Le groom ouvrit la porte de l'hôtel et elle sortit dans la rue sans un regard en arrière, laissant le fantôme de Meghan hanter le hall de l'hôtel.
Oliver avait le regard perdu sur la ville de Starling en contre bas alors que son esprit était orienté vers une seule personne. Celle avec qui il avait tant partagé depuis son retour de l'île, celle qui connaissait peut-être mieux que quiconque les ombres qui l'envahissaient et les failles qui le fragilisaient. Il avait fait appel à ses services car il se sentait seul tout en maintenant une distance de sécurité avec elle comme avec tout le monde, mais le monstre qui se tapissait dans son esprit s'était réveillé et s'en était pris à elle.
Il avait senti l'horreur l'envahir en se rendant compte de ce qu'il avait fait et de ce qui avait failli se passer. Sa raison s'était un peu plus effritée, son âme était tombée un peu plus en lambeaux, son esprit avait brûlé et son corps s'était effondré. Et quand il avait atteint le coin le plus sombre de son esprit, il avait senti le corps doux et chaud de cette femme s'enrouler autour du sien.
La bête hideuse qu'il était devenu avait tremblé en sentant tout son attachement, avant de se redresser pour la faire fuir mais elle n'avait rien voulu entendre. Quand il lui avait avoué être un monstre, elle l'avait rassuré même après ce qu'il lui avait fait. Elle l'avait incité à lui faire face, il exposait pour la première fois son corps meurtri à une femme et elle avait découvert son corps avec douceur. Elle l'avait encouragé à la regarder pour faire face à ce qu'elle pensait de lui et au lieu de découvrir de la peur, du dégoût ou de la pitié dans ses yeux, il n'avait pu y lire que de l'inquiétude et une sollicitude qui lui avait serré la gorge.
C'était à ce moment-là que tout avait basculé entre eux. Elle avait posé ses lèvres sur les siennes pour la première fois. Elle lui avait donné un baiser doux, réconfortant qui avait adoucit son dégoût de lui-même. Elle avait approfondi ce baiser et il avait plié à son exigence en la laissant venir caresser sa langue de la sienne. Il s'était laissé transporter par ce baiser tendre qui avait éveillé en lui une nouvelle gamme de sensations disparues depuis bien trop longtemps.
Elle avait alors posé ses mains sur son torse pour la première fois et son corps s'était contracté d'inquiétude sous ses doigts. Il se souvenait encore de la nouvelle vague de peur qu'il avait senti lui étreindre le cœur quand elle avait embrassé ses cicatrices. Ce qu'était devenu son corps était une marque permanente de tous les actes violents ou immoraux qu'il avait pu commettre et pourtant grâce à ses gestes, elle lui permettait de ressentir autre chose et sous ses caresses il se réveillait différent.
Elle avait effleuré sa blessure récente et quand elle avait relevé la tête en posant sur lui un regard teinté d'inquiétude, il avait posé sa main sur sa joue et lui avait donné un nouveau baiser avant de la soulever de terre pour l'installer sur le plan de travail. Il avait ensuite pris le temps d'approfondir ce nouveau baiser en se délectant des nouvelles sensations que ses lèvres éveillaient. Il avait quitté sa bouche pour parsemer la peau de son cou de baisers et entre chaque, il avait murmuré un pardon contre son corps. Il avait cajolé la peau qu'il avait meurtrie voulant faire disparaître les traces rouges qui se dessinaient sur son corps parfait.
La jeune femme avait demandé d'une voix essoufflée s'il voulait en parler mais il avait refusé en fermant les yeux avec force en se cachant dans son cou. Il n'avait pas voulu la salir avec ses souvenirs et il avait préféré retrouver sa bouche pour un baiser qui les avait conduits à plus.
Oliver avait espéré tant de fois pouvoir revenir dans sa ville et parmi sa famille, retrouver ce monde qu'il connaissait et tous ceux qui l'aimaient. Il aurait tout donné pour revenir et aujourd'hui il se rendait compte que cette vie n'était pas celle qu'il avait espérée. Encore plus depuis que cette jeune femme avait disparu de celle-ci. Il sentait qu'il perdait pied dans l'illusion qu'il avait créée et ça se ressentait même dans sa mission. Il était moins concentré et il avait échappé de peu plusieurs fois à des blessures dues seulement à son inattention. Il devrait se reprendre et l'oublier… elle était libre et lui devait sauver sa ville.
Moira Queen remontait le couloir de la direction d'un pas rapide et sec. Son fils avait encore une fois fait échoué la signature d'un contrat important pour Queen Consolidated et ça ne pouvait plus durer. Elle ouvrit brutalement la porte de son bureau sans frapper et ne trouva personne derrière le bureau où attendait un dossier ouvert. Elle tourna la tête et le vit debout devant la baie vitrée les mains dans les poches. Ça faisait deux mois que ses efforts pour reprendre la direction de QC s'étaient arrêtés et il ne faisait plus rien. Les dossiers n'avançaient pas, il n'honorait pas les réunions et il sortait moins avec ses amis.
Elle s'approcha de lui, décidée à lui faire un sermon mais le regard qu'il lui lança quand il se tourna vers elle effaça toute sa colère. Il était malheureux depuis quelques temps et elle en connaissait la cause.
- « Oliver… », en posant la main sur son bras. « Mon fils je sais que tu n'es pas bien mais tu ne peux pas te laisser aller de la sorte ». Il baissa la tête et elle posa sa main sur sa joue.
Il resta silencieux et savoura la caresse de sa mère en posant sa main sur la sienne et resserrant ses doigts. Il se sentait seul depuis que cette jeune femme était sortie de sa vie et même s'il passait toutes ses nuits à remplir sa mission vengeresse, il parvenait difficilement le jour à porter le masque d'un homme heureux.
- « Tu es revenu parmi nous », continua Moira d'une voix douce, « et je veux que tu aies la chance de pouvoir vivre la vie à laquelle tu as le droit. Je sais que ça a été difficile de t'acclimater à cette vie,… je sais que tu as eu de l'aide… mais cette fille n'était pas faite pour toi ».
Il releva la tête lentement et trouva le regard de sa mère. Il resta à la contempler, cherchant à savoir s'il comprenait bien ce qu'elle lui disait.
- « Qu'est-ce que tu as fait maman ? », d'une voix craintive. Elle voulut retirer sa main qu'il tenait mais il resserra sa prise et son regard se fit plus dur. « Qu'est-ce que tu as fait ? », lui redemanda-t-il plus durement.
Moira lui jeta un regard agité mais se ressaisit rapidement et lâcha un petit rire sans joie.
- « Cette fille était une prostituée Oliver, une femme vénale. Je n'ai eu qu'à lui proposer une somme d'argent pour qu'elle ne te voie plus, ce qu'elle a accepté sans attendre », d'un air satisfait. Il la regardait abasourdi. C'était à cause d'elle qu'il avait perdu cette femme qui l'avait ramené à la vie.
Moira vit que ces derniers mots lui faisaient encore plus de mal et elle voulut le réconforter et lui faire comprendre qu'elle avait fait ça pour lui.
- « Oliver… », d'une voix douce.
- « Non tais-toi », en repoussant sa main. « Tu ne comprends même pas tout ce qu'elle a fait pour moi », en la regardant horrifié.
- « Elle a seulement couché avec toi Oliver ! », plus sèche. « Après tout ce que tu as traversé tu ne peux pas être aussi innocent », d'un ton incrédule. « Ça m'étonne même qu'elle ne t'ait pas demandé de l'entretenir, tu aurais été capable d'accepter.
- C'est moi qui lui ai proposé de l'argent mais elle a refusé », blessé. « C'est sans doute une femme bien plus intègre que toi », sa voix vibrante de colère en prenant la direction de la porte qu'il claqua derrière lui.
Oliver s'éloigna sans regarder sa mère, il avait lutté pendant des années pour rester en vie et retrouver ceux qui comptaient pour lui mais il avait l'impression que toutes les relations qui avaient de l'importance pour lui finissaient par le faire souffrir. Il avait été blessé par le départ de la jeune femme qu'il avait eu du mal à admettre alors qu'il n'avait pas eu conscience de s'être autant attaché à elle. Se retrouver nu face à elle, exposant ses blessures, lui avait permis de se retrouver et de connaitre un état proche de la sérénité. Ses ombres ne l'avaient pas quitté mais elles avaient semblé s'éclaircir et il avait pu croire pendant quelques jours qu'il avait droit lui aussi à une vie semblable à celle des autres.
Il ferma les yeux une fois dans l'ascenseur, il avait même été jusqu'à l'inviter, il avait espéré plus que du plaisir partagé dans une chambre, il avait cru pouvoir l'aider à son tour, il avait oublié sa mission pendant quelques minutes quand il avait pensé ce bonheur réalisable. Mais il l'avait blessée sans le vouloir et il s'était rendu compte que cette jeune femme ne partageait pas les mêmes attentes que lui. Elle aspirait à une vie libre et certainement pas avec un homme qui avait été un de ses clients et qui l'avait traitée comme une chose.
Le comportement de sa mère avait mis un terme à cette parenthèse dans sa vie de violence et la seule consolation qu'il pouvait en tirer c'était que cette jeune femme avait enfin les moyens d'une nouvelle chance. Il sentit son cœur se serrer en pensant qu'elle l'avait abandonné et son esprit tenta de raisonner son cœur meurtri, elle avait eu raison d'accepter cet argent. Elle n'était pas si vénale que sa mère voulait bien lui faire croire, elle ne lui avait jamais demandé quoi que ce soit et elle avait refusé tout net qu'il lui donne de l'argent.
Moira debout dans son bureau au manoir avait le regard perdu sur les colonnes des comptes. Elle avait fait au mieux elle le savait et Oliver devait le comprendre. Elle leva les yeux quand il fit son apparition sur le seuil de la pièce.
- « Tu as demandé à me voir ? », lui demanda-t-il d'un ton professionnel et distant.
- « Tu vas mieux ? », en espérant que ces quelques jours sans se parler lui auraient permis de comprendre son geste.
- « J'ai terminé le dossier Smith et honoré tous mes rendez-vous de la journée si c'est ce que tu veux savoir ».
Moira baissa la tête en sentant une irritabilité se mélanger à son amour et son inquiétude pour son fils. Il avait toujours été têtu et il ne voulait pas comprendre les rouages de leur monde. Il avait toujours refusé de s'y glisser avant sa disparition et maintenant il restait en retrait. Même s'il occupait une place à Queen Consolidated, qu'il côtoyait ses amis et la société, il donnait parfois l'impression d'observer tout ceci de façon lointaine et se tenait à l'extérieur comme s'il n'en faisait pas réellement parti.
- « Approche », d'une voix où son irritabilité était contenue. Elle se leva et en retourna le document qu'elle était en train de lire pour qu'il puisse le lire à son tour. Oliver s'approcha et regarda la ligne qu'elle lui indiquait de son ongle rouge vif.
- « Je voulais clore cette histoire », reprit-elle, « et te montrer que cette Meghan avait retiré le chèque que je lui ai fait ». Il sentit son cœur se serrer et se redressa pour jeter un regard froid à sa mère.
- « Tu penses que ce geste prouve qu'elle n'en avait qu'après mon argent ? Mais ça prouve seulement qu'elle avait une chance de changer de vie et qu'elle l'a saisie », énervé sans lui laisser le temps de répondre.
- « Oliver ne soit pas aussi têtu. Tu ne peux pas penser une seule seconde que tu aurais pu construire quelque chose avec cette femme ! Elle n'est pas ce qu'il te faut… », alors que l'incompréhension faisait vibrer sa voix.
- « Tu as gagné mère », avec un sourire fragile sur les lèvres. Il la vit esquisser un sourire rassuré. « Je quitte le manoir, je déménage et je t'interdis de t'immiscer à nouveau dans ma vie. Nos relations seront seulement professionnelles puisque c'est ce qui semble compter le plus pour toi ».
Oliver sortit du bureau sous le regard glacial de sa mère, il ne supportait pas son geste et il devait s'éloigner. Elle n'avait poussé aucun cri, n'avait pas cherché à le retenir et il avait vu briller l'éclat de la colère dans ses pupilles. Moira Queen était une femme forte et pleine de ressources et après ce qu'il avait appris sur son père il n'était pas impossible de penser que sa mère pouvait avoir autant de recours que lui. Sa famille n'était pas ce qu'il pensait et sa méfiance envers elle se réveilla.
Voila pour ce premier chapitre qui explique la raison de l'éloignement de Felicity et éclaire un peu plus ce qu'a pu ressentir Oliver à son contact. Je vous retrouve mercredi pour voir comment tout ça va évoluer... Je vous embrasse.
