Titre : Le voyeur
Auteur : Rieval
Genre : R, je suppose, slashy, encore que peut être vu comme du ship. Le pairing ? A, ça c'est à vous de deviner !
Résumé : quelqu'un observe le Colonel Sheppard et le Docteur McKay.
Disclaimer : Paramount, Sci-Fi and co/Tout, Rieval/Rien ou la Coupe du monde revisitée par moi, LOL.
oOo
Je les observe depuis un moment. John et Rodney. Rodney et John. Le couple star de notre petite expédition. Nous venons de sortir d'un briefing pré-mission et ils doivent discuter de P5M-677 ou du dernier potain mondain version Atlantis City.
John a les mains dans ses poches, il a l'air détendu, presque trop. Cool dirait certainement mon neveu. Oui, le Colonel John Sheppard est l'archétype du mec cool. Du moins en apparence. Pas sûr que la soixantaine de Geniis qu'il a liquidés l'année dernière seraient de cet avis. John sourit à ce que Rodney lui raconte. Ce dernier lui parle soit de l'influence des deux lunes d'Atlantica sur les rites amoureux des E2PZ, soit de la couleur des sous-vêtements du Lt Col. Samantha Carter, soit de l'horreur suprême consistant à avoir supprimé les brownies de la carte de la cafétéria … Bref, l'important c'est que John a ce sourire, celui qu'il réserve à Rodney quel que soit le sujet de leur conversation.
Je connais tous les sourires de John. Celui qu'il me lance lorsqu'il veut obtenir quelque chose (taux de réussite garanti), entre flirt et « copain-copine » ; celui qu'il jette au Col. Caldwell lorsqu'il fait – semblant – d'être en accord avec les décisions de ce dernier (celui-ci est toujours accompagné d'un « monsieur » sur un ton qui frôle l'impertinence que seul Caldwell semble rater) ; celui qu'il accorde aux autres membres de l'expédition, le sourire chaleureux pour Teyla, le sourire « grand frère » pour Ronon … et éventuellement, le sourire « je suis fier de vous » pour ses subordonnés.
Oui, je connais tous les sourires du Lt Col John Sheppard, mais le seul que j'aimerais voir lorsqu'il s'adresse à moi, c'est celui qu'il a actuellement sur les lèvres. Celui qu'il réserve à Rodney.
Un sourire qui hurle « je t'aime ».
Oh, bien sûr, John ne sait pas ce que dit son sourire. Rodney non plus en fait. Ils peuvent être si aveugles, si inconscients de ce qu'ils sont l'un pour l'autre.
Ah, les hommes …
Notre couple star qui n'en est pas un. Pas encore du moins.
J'ai longtemps cru que je pourrais être à la place qu'occupe Rodney actuellement. J'y ai vraiment cru. Je suis tombée amoureuse comme une collégienne. Amoureuse de John. Amoureuse de son côté chien fou, de ses yeux verts, de … Bref, amoureuse.
Je regarde les mains de Rodney. Elles sont sans cesse en mouvement, un peu comme des oiseaux. Empêchez Rodney de communiquer avec ses mains et c'est exactement ce que vous obtenez d'ailleurs : un malheureux oiseau à qui on aurait coupé les ailes. Il sourit lui aussi.
Ses sourires sont plus rares que ceux de John, mais ils n'en sont que plus précieux. Oui, Rodney sourit peu mais Rodney est … et bien, il est Rodney. Sourire reviendrait à reconnaître que tout va bien or Rodney se voit toujours la victime d'une quelconque menace de mort imminente ou autres terrible catastrophe. La seule idée de priver la galaxie, que dis-je deux galaxies, de son génie suffit à le rendre maussade. Proposez lui une petite ballade un jour de pluie, il vous parle pneumonie et s'empresse de rajouter un pull par-dessus celui qu'il porte déjà. Bref, disons qu'avec Rodney, le verre est plus souvent à moitié vide qu'à moitié plein et un verre à moitié vide, cela ne donne pas envie de sourire, mais là, Rodney sourit.
Il est avec John.
Quand me suis-je rendue compte que je me trompais ? Après cet épisode avec Phoebius, après ce fameux baiser … après cette nuit passée ensemble à l'infirmerie. Je pensais que nous avions enfin l'intimité requise, même si elle nous avait été imposée par deux aliens psychopathes, et je me suis lancée, j'étais si sûre de moi … Oh, John a été charmant, comme d'habitude. Charmant mais sans amour, sans passion, sans … sentiment. Il m'apprécie, je le sais, il me respecte, mais il ne m'aime pas. Du moins, pas comme ça. Il me considère juste comme une amie.
Alors, j'observe, c'est tout ce qu'il me reste.
Parfois, je peux passer de longues minutes à les observer, à épier chacun de leurs gestes pour les graver dans mon esprit. Je veux pouvoir m'en rappeler après … après, lorsque je serais à nouveau seule. Je veux me rappeler ce que c'est d'être aimée même si ce n'est pas moi qui suis l'objet de cet amour.
Les sourires, les regards, les mains qui se frôlent accidentellement, les corps qui se cherchent … j'enregistre chacune de ses petites preuves d'amour, je m'enivre de leur ballet amoureux.
Au début, je dois avouer avoir été prise d'une violente bouffée de jalousie. J'ai eu l'impression d'avoir été dépossédée de quelque chose qui me revenait de droit. Rodney m'avait volé John. Oui, j'ai été jalouse de Rodney, juste le temps de comprendre … comprendre que ce n'était pas lui le problème, que le problème, c'était moi.
John ne s'est pas éloigné de moi pour Rodney. John n'a tout simplement jamais été à moi. C'était juste mon fantasme … Une illusion.
Depuis le début.
Et maintenant lorsque je les regarde, c'est de Rodney que je suis jalouse, Rodney qui a réussi là où tant d'autres, Chaya, Teer, moi, ont échoué : capturer le cœur de John Sheppard, même si ce dernier l'ignore encore et d'ailleurs …
Je me rassois à mon bureau. Il est temps … Je branche mon communicateur.
« Colonel ? »
/Oui, Elisabeth /
« Est-ce que je pourrais vous voir quelques instants dans mon bureau, Rodney et vous ? »
/Pas de problème, nous arrivons./
J'ignore encore ce que je vais dire, comment je vais m'y prendre, mais ce soir, foi d'Elisabeth Weir, le couple star d'Atlantis sera un véritable couple.
Parce que je les aime tous les deux … comme des amis.
Fini !
