La douleur...

Celle qui vous fait hurler tout en vous paralysant

Celle qui vous fait regretter instantanément de ne pas être mort sur le champ.

La mort vous semble si douce à côté que vous l'appelez à bras ouvert.

Ou est passée cette sensation de sérénité que je ressentais lorsqu'elle s'est jetée sur moi?

Quel est son nom, déjà?

Ah oui...

Maria...

Les deux autres étaient parties, nous laissant seuls, elle et moi.

J'ai vu dans ses yeux un éclat sauvage avant qu'elle ne m'attaque.

Et je n'ai rien pu faire.

Ni résister, ni m'enfuir...

Moi, le Major Jasper Whitlock, je n'ai rien pu faire face à une faible femme.

Faible? Non... Cette Maria était plus forte que moi.

Je me suis laissé avoir par ses charmes.

Elle et ses amies étaient magnifiques. Leur beauté irréelle m'a laissé sans voix.

J'étais incapable de bouger...

Je n'ai pas bougé lorsqu'elle s'est approchée...

Je n'ai pas bougé lorsqu'elle a posé ses lèvres glacées sur mon cou...

Je n'ai pas bougé lorsque j'ai senti ses dents s'enfoncer dans ma chair.

J'étais hypnotisé, et je pensais juste mourir...

Mourir de cette manière était pour moi le plus grand des déshonneurs...

Mourir autre part que sur un champ de bataille.

Mourir des mains d'une femme et non d'un soldat...

Elle en avait l'apparence mais ce n'était pas une femme...

Elle était pâle, froide et son odeur était envoûtante.

Elle voulait que je sois l'un des leurs, mais qu'était-elle, exactement?

Qu'avait-elle fait de moi?

Pourquoi ne m'avait-elle pas tué?

Allais-je souffrir encore longtemps?

Toutes ces questions me taraudaient, et je ne savais pas quand j'aurais une réponse.

Ma souffrance grandissait, et sa voix, sa douce voix, ne cessait de me rassurer.

- C'est bientôt fini, Major. Vous serez un combattant féroce, je le sens. La guerre des clans risque de se terminer rapidement avec vous dans nos rangs.

Un combattant?

Une guerre?

Elle voulait me faire me battre à ses côtés?

J'avais toujours désiré devenir soldat. Si après ma... mort – car je me doutais que je ne serais plus humain après ce qu'elle m'avait fait – j'étais voué à participer à une guerre, cela ne me dérangeait pas.

Je me sentais étrangement excité à l'idée de livrer bataille.

Cette excitation s'intensifiait avec ma douleur...

J'avais hâte.

Hâte de partir au combat.

Hâte de prouver ma valeur.

La douleur s'estompa, de même que les battements de mon cœur.

L'excitation demeura.

La brûlure que je ressentait dans tout mon cœur vint se loger au creux de ma gorge.

J'ouvris les yeux et tout me sembla si différent que je m'en trouvais déstabilisé.

Tous mes sens étaient en éveil.

La belle Maria se trouvait devant moi, mais je ne la voyais pas comme avant.

Pour l'instant elle ne m'intéressait pas.

Je n'avais qu'une envie : éteindre le feu qui crépitait dans ma gorge.

- Je suppose que tu as soif? Carillonna la merveilleuse voix de Maria.

- Soif? M'étonnai-je.

Je tressaillis. Ma voix me semblait différente.

- La brûlure dans ta gorge. Tu la sens, Major? Demanda-t-elle.

Je hochai la tête.

- Nous allons l'apaiser. Viens.

Oui... Je vous suivrai n'importe où, si cela peut atténuer la douleur.