Bonjour à toutes et à tous.

Je pense que ceux qui avaient commencés à lire cette histoire ont dû être surpris qu'il n'y ait plus rien d'un coup. J'écrivais sur des choses que j'ai beaucoup de mal à exprimer dans la vie de tous les jours, les sentiments, et ça m'a fait peur de les exposer ainsi. Je m'excuse auprès de tous ceux qui suivaient cette histoire, et j'espère qu'ils la retrouveront avec plaisir.

Évidemment si vous voyez des fautes ou que vous avez des commentaires n'hésitez pas à me les dire !

Bonne lecture :)

Chapitre 1 : La petite robe noire

Il pleuvait.

Il y a des jours comme ça.

Et il y a des jours où le pire arrive au moment où on s'y attends le moins.

Ici, un de ces jours se mêlait à la pluie. Cliché.

Encore un énième aller-retour express.

Le taxi venant de l'aéroport de Hadena, traversait les rues de Shibuya tristement sombres, dû au ciel plombé par d'épais nuages qui deversaient leurs eaux sur la capitale japonaise.

Bien sûr, dans la précipitation et l'inquiétude, il était parti avec le stricte nécessaire, ce qui voulait dire sans parapluie. Détail.

- Vous êtes arrivé Monsieur. Ça fera 6700 yen.

Reprenant d'un coup pieds dans la réalité, le jeune homme se figea en entendant le prix de la course. Rapidement, son cerveau effectua la conversion en livres, après s'être rappelé qu'il était bien au Japon. Le garçon soupira, énervé d'avoir oublié bêtement de ne pas avoir été au change.

La journée qui avait très mal commençé semblait ne pas s'améliorer.

Il tentait de trouver une excuse quand tout à coup, on cogna à la vitre. Il l'ouvrit aussitôt en reconnaissant un visage familié.

- Tu es enfin arrivé.

Son ami avait le ton très grave, sourd, comme s'il n'avait jamais connu le mot « rire ».

- Pourrais-tu me dépanner ? Je ne me suis pas arrêté au change en arrivant.

L'homme dehors, sous son parapluie, paru surpris.

- Ça ne te ressemble pas. De combien tu as besoin ?

- 6700 yen.

Il lui tendit la liasse de billets, que le jeune homme s'empressa de donner au chauffeur, avant de sortir du véhicule, un sac sur le dos.

- Qui est là ?

- Tout le monde. Beaucoup d'hommes d'affaires aussi et des représentants d'entreprise. Beaucoup de gens qui sont là pour tenter de profiter de la situation.

- C'est toujours comme ça. Les requins ne peuvent pas être évités. Je connais.

Takigawa a.k.a Bô-san sourit, lassement, rassuré de savoir que son ami avait toujours son mordant impitoyable. En parlant de ça…

- Elle est là aussi. Alors je t'en prie, ne dis rien et ne fais rien de stupide.

Les deux hommes s'arrêtèrent en haut des marches du temple shinto. Les yeux incroyablement bleus du jeune homme étaient ancrés dans ses prunelles. Il ne dit rien. Ils entrèrent tout les deux et la chose qui le frappa fut de ne voir que du noir. La plupart des personnes étaient en noir, à l'occidentale. Seule Ayako Matsuzaki, dans son kimono blanc et son hakama rouge de prêtresse shinto ressortait de la foule, traditionnelle, comme à son habitude, lors des cérémonies. Masako Hara portait un kimono sombre et ses soquettes blanches faisaient tache. John Brown était en costume noir, prés de Lin Koujo et de son épouse Madoka Koujo, anciennement Madoka Mori, en noir eux aussi. Mais ce n'étaient pas eux que ses yeux cherchaient. Il chercha du regard l'objet de son inquiétude. Un peu plus loin sur un banc, elle était là, voûtée sous son parapluie, les chaussures sales et couvertes de boue.

Le jeune homme se dirigea vers elle. L'air était incroyablement lourd, et la pluie chaude. Il ne s'étonna donc pas de la voir porter une robe sans manches. Il y avait des traces rouges sur son décolleté et ses bras, comme si elle s'était frottée pendant des heures.

La jeune fille fronça les sourcils en voyant des chaussures noires dans son champs de vision. Elle leva la tête et son parapluie, pour rencontrer le regard le plus manifique qu'elle ait jamais vu. Un regard perçant, qui vous donne l'impression de lire en vous, profond, sombre, bleu indigo tirant sur le gris, insondable.

Elle baissa la tête à nouveau avant de se remettre à pleurer avec sanglots, laissant tomber sa protection. Le jeune homme rammassa doucement le parapluie, puis s'assit à côté d'elle. Il posa ses doigts sur son poignet, et le serra doucement. Il n'aimait pas la voir comme ça, fragile et brisée, et la situation l'attristait aussi, mais pour elle, il se retint de pleurer, pour qu'elle puisse voir qu'il était là et qu'elle pouvait s'accrocher à lui.

Le jeune homme posa sa main sur son épaule et d'une pression à peine perceptible, il la dirigea vers lui, pour qu'elle se calle contre lui. Ce qu'elle fit aussitôt, lentement, complètement hébêtée par son chagrin. La main qui était sur son poignet, se leva doucement frôlant sa clavicule, avant de se refermer doucement sur son autre épaule, tandis que l'autre aggrippait sa taille fluette, pour qu'elle finisse serrée contre lui, dans ses bras, dans son odeur rassurante et quelque part envoûtante.

- Je suis là Mai, je ne te laisserai pas, chuchota-t-il faiblement à son oreille.

Le visage niché dans son cou, elle referma ses bras autour de lui, dans une étrinte désespérée. De longues minutes passèrent, sans qu'ils ne bougent, sans qu'il n'y ait aucun bruit, hormis les sanglots de Mai. Elle ne se calma qu'après un moment, et réussit à parler.

- Pourquoi est-ce que tous les gens que j'aime meurent autour de moi ?

- Ce n'est pas à cause de toi Mai. Tu n'y es jamais pour rien. Ne t'accuses pas.

- Je ne veux plus perdre personne Naru. Je suis fatiguée, j'ai plus la force.

Elle s'était redressée, le visage rougi, les cils mouillés. Naru la resserra dans ses bras en embrassant légèrement son front.

- J'ai l'impression que tous m'abandonnent, murmura-t-elle d'une voix tremblante dans son oreille.

Le jeune homme compris clairement le message derrière ces mots. Il n'y a pas que les morts qui s'éloignent, il y a aussi les gens, bien vivants, auxquels on tient.

- Je ne t'abandonnerai plus. Plus jamais. C'est juré, chuchota-t-il, ses lèvres sur son oreille.

Mai trembla, ce qu'il pris pour les restes d'un sanglots.

- Ne jure pas s'il te plait, c'est trop dur quand on se rend compte que la personne qui a juré ne tient pas sa promesse, répondit-elle sur le même ton.

Il lui releva le visage pour planter son regard dans le sien. Il y avait une sorte de tension entre eux, magnétique.

- Je te connais depuis plus de quatre ans et je t'ai toujours protégée, j'étais toujours derrière toi pour que tu ne sois pas tuée par des esprits, des monstres, et tout le reste du bestiaire du monde paranormal.

- Mais tu…

- Attends, c'est vrai que je n'ai pas été là tout le temps. Mais je crois que ce n'est pas le moment, pas le bon lieu, pour qu'on discute de ça. Et n'essaie pas de faire passer ta colère et ta tristesse par ce genre discussion. Ignorer sa souffrance et sa colère n'est pas la meilleure solution qui soit, j'en suis la preuve. Alors rassure-toi, je suis là maintenant et je serai là jusqu'à ce que tu ailles mieux.

Coupable, elle baissa les yeux et se mordit la lèvre, et de nouvelles larmes commencèrent à tomber.

- Je suis désolée.

- Ce n'est rien, souffla-t-il en posa une main sur ses cheveux pour l'inciter à se serrer contre lui.

Naru caressa ses cheveux et posa des baisers sur son front pour tenter de la calmer. Ils restèrent un long moment, sans rien dire. La pluie continuait de s'abattre sur le parapluie, son emplifié par leur silence. Ils pouvaient entendre au loin la rumeur des gens dans la cours du temple.

Le regard de Naru tomba sur Bô-san qui était debout, non loin d'eux. Il les attendait sans vouloir les déranger. Avec douceur le jeune homme repoussa Mai.

- Il faut qu'on y aille, murmura-t-il, doucement.

Elle s'écarta de lui et s'essuya le visage avec le dos de sa main. Naru se leva et tendit son bras à la jeune fille qui se leva et s'accrocha à son bras. Ses yeux chocolat rencontrèrent ceux du moine qui lui sourit affectueusement. Elle ne réussit pas à lui rendre son sourire.

Et brusquement, pour la énième fois de la journée, elle se rendit compte que la mort avait frappée prés d'elle.

Elle venait de perdre un être trop cher.

Elle fut prise de nausées et courut pour rendre dans un buisson le petit déjeuner qu'Ayako l'avait obligée à ingurgiter.

Elle venait de perdre son fiancé.

Je n'ai peut être pas commencé par le bon moment de l'histoire, en voyant votre air perplexe. Peut être qu'un retour en arrière serait appréciable. Je vous comprends. Vous avez déjà pu entrevoir quelques protagonistes importants. Mais faisons un petit retour en arrière.

Il y a un peu plus de quatre ans maintenant, la jeune et innocente Mai Taniyama avait 16 ans et était au lycée. Petite brune pétillante, parfois maladroite, mais toujours de bonne humeur. Elle était tout à fait normale. Elle arrivait en retard en cours, avait des difficultés dans certaines matière et de sérieuses lacunes en anglais. Ce qui ne l'empêchait pas de continuer de diffuser sa joie de vivre. Elle faisait partie d'un petit groupe de copines avec Keiko et Michiru. Mai aimait se faire peur en squattant une salle de classe après les cours avec ses amies, dans le noir complet et avec des petites lupiotes qui ne permettaient pas de voir à plus de cinquantes centimètres. Et dans ces moments-là, elles se racontaient des histoires d'horreurs, entre légendes urbaines et faits tirés d'histoires vraies. Ces trois-là se faisaient de vraies frayeurs mais cela se finissaient toujours par de grands éclats de rire. Elles s'étaient toujours arrangées pour ne pas se faire prendre par leurs professeurs.

Mais un jour… et bien, elles furent découvertes. Mai venait de raconter une histoire sur une femme qui était hantée par un esprit dans sa maison et qui au final mourrait violemment. Elle s'amusait bien à prendre une voix peu rassurante et était plus que satisfaite de voir la peur sur le visage de ses amies. À chaque histoire, la fille qui racontait devait éteindre sa lupiote. Il ne restait plus que Michiru. Elle leur raconta l'histoire du vieux bâtiment à côté du lycée, et Mai n'en menait pas large. La dernière lumière disparue à la fin du récit, et elles comptèrent jusqu'à trois, car apparamment, il devrait y avoir une personne ou quelque chose en plus…

- Ichi…

- Ni…

- San…

- Shi.

Hurlements de terreurs. Et quelle ne fut pas leur peur. Il y avait de quoi. Un garçon se tenait dans l'embrasure de la porte, la main nonchalemment appuyée contre l'intérupteur, tout en noir. Il faisait l'unanimité auprès de ces trois jeunes adolescentes. Il n'était pas beau, mais… sublime, séduisant. D'épais cheveux corbeaux tombaient sur deux yeux d'un bleu peu commun, foncé qui tirait vers le gris. Son visage semblait avoir été façonné par le meilleur des sculteurs, avec des traits japonais, très délicats. Et il était immense par rapport à leurs camarades garçons. Malgré toute cette beauté qu'elles venaient de se prendre dans les yeux, il y avait de quoi avoir peur.

Shi. Ce petit mot avait de quoi refroidir n'importe quel japonais. Car la culture japonaise, très supersticieuse, ne laissait pas passer ce mot, cette syllabe. Et la façon dont il l'avait prononcé, de manière si… naturelle avait de quoi perturber. Vous l'aurait compris, shi est l'équivalence du chiffre 4, qui dans sa prononciation nippone est très proche du mot mort. Ce chiffre est prohibé, la preuve en est que des hôpitaux passent directement du troisième étage au cinquième. Curieux non ? Pour nous occidentaux oui, mais pour les asiatiques de l'extrème orient non.

Donc soit il se moquait d'elles, soit il était complètement inconscient, soit il n'était pas japonais, soit c'était… un psychopate.

Il se révéla ne pas être un psychopate. Manipulateur, intéressé, arrogant, lunatique, sarcastique, désespérément silencieux, dangereusement intelligent, fêlé,… (la liste est longue)… Oui. Il avait 17 ans et s'appelait Kazuya Shibuya. Porter un nom de famille qui est le même que celui du centre d'affaires de Tokyo est improbable, trop même. Manipulateur et stratège, oui, rappelez vous bien de ce détail.

Mai paya les frais de ce caractère impossible, parce que le lendemain de cette rencontre singulière, elle entra justement dans le vieux bâtiment abandonné de l'école, en voyant une caméra posée sur ses trépieds à travers les vitres. La curiosité est un vilain défaut, mais comment lui résister ? Elle est donc entrée et au moment où elle allait poser son doigt, à quelques nanomètres (1 nm =taille d'un électron. Vive les restes des cours de Terminale S !)(1) de l'engin, un homme immense, un géant, entra dans le bâtiment, lui demanda ce qu'elle faisait là, et la suite se passa très vite. Surprise elle recula et buta contre une vieille étagère qui tanga dangereusement en arrière avant de… décider de rebasculer de l'autre côté pour (sans pitié) écraser une Mai qui trouva cela plus que louche, illogique. Qui se retrouva propulsée à l'autre bout de la pièce par le géant qui venait de la pousser sans ménagement. Ce qui n'empêcha pas l'armoire d'avoir envie d'écraser quelqu'un. Le géant se retrouva à terre, immobilisé par l'étagère, K.O. sur le ring. Inquiète, elle s'était précipitée vers lui pour voir s'il était toujours vivant. R.A.S., mais il ne semblait pas en bon état non plus.

Une voix cinglante lui fit relever la tête. À contre jour, elle reconnut le garçon de la veille, qui ne souriait plus du tout, et qui n'était plus charmant du tout. Il se penchait vers le géant alors que Mai s'excusait. La voix grave du géant fut aussi tranchante que son geste pour la faire s'éloigner. Mai venait donc de rencontrer Lin Koujo, un chinois, qui avait une dent contre les japonais (ce qu'on apprend plus tard dans l'histoire), et qui n'aimait visiblement pas parler. Singulier, vraiment de plus en plus étrange.

Pour le grand malheur de notre héroïne, cet homme ce retrouva dans l'incapacité de travailler. Car lui et Kazuya Shibuya étaient ce qu'on appelle des ghost hunters. Et la caméra, qui n'avait pas survécue à l'incident, valait un petite fortune. Pour les dédommager de la casse et du fait que le chinois ne pouvait plus travailler, le jeune homme ordonna plus qu'il ne proposa à la jeune fille, qu'elle devienne son assistante. Il travaillait pour une agence, la SPR (Shibuya Psychic Research), dont l'énigmatique Kazuya se révéla être le patron. Surprenant pour un garçon de 17 ans, mais bon…

Il était là pour enquêter sur le fameux vieux bâtiment de l'école sur la demande du directeur. C'est ainsi que l'aventure de Mai dans le monde du paranormal commença. Les enquêtes s'enchaînèrent et se joinrent au trio d'autres personnes. Ayako Matsuzaki, prêtresse shinto (se dont beaucoup doutèrent), médecin dans la vraie vie, et qui pouvait être superficielle une heure, et celle d'après, être d'un professionnalisme déconcertant. Takigawa Houshou, ancien moine, mais qui pratiquait toujours, bassiste dans un groupe de rock, qui est très vite devenu le frère adoptif de Mai. John Brown, prêtre exorciste, innoçant et angélique avec son auréole de cheveux blond et ses grands yeux bleus de bébé… et surtout avec un accent du Kantai très prononcé. Masako Hara, véritable poupée japonaise traditionnelle, medium, avec un caractère de peste pourrie gâtée. Osamu Yasuhara, étudiant brillant à lunettes, doté d'un humour à rendre fou n'importe qui.

C'est avec tout ce petit monde, qui devint sa famille, que Mai évolua. La jeune fille était en fait orpheline et vivait seule, et son école la laissait tranquille pour son job d'assitante, vu qu'elle s'assumait seule. Son boulot consistait à : trier les dossiers, accueillir les clients, répondre au téléphone et servir le thé dans le bureau. Sur le terrain, elle faisait de tout, de la manutention, des relevés de températures, mais elle était surtout le point d'attache de tout le groupe et restait donc des heures dans la BASE. La base est le QG du groupe sur le terrain, là où le patron mène ses interrogatoires, où Lin surveille les écrans vidéos et les micros, à la recherche du moindre signe d'activité surnaturelle.

La jeune fille développa aussi un don. Quand elle dormait, elle rêvait. Des enquêtes, elle voyait des détails, des histoires. Une fois, elle fut tellement absorbée par son rêve quelle crut vraiment qu'elle se faisait tuer.

Elle tomba aussi amoureuse de son patron, sans qu'elle le veuille vraiment, et mit quelques jours avant d'accepter l'idée quelle était dingue de lui. Et ça dés les premiers jours après leur rencontre. Malgré son caractère inbuvable, son narcissisme qui lui valut le surnom de Naru, et cette manie de ne jamais dire les choses jusqu'au bout et de ne pas répondre à ses questions. Mais surtout, ce qu'elle détestait le plus, c'était sa façon polie de lui demander du thé : « Mai, thé ». Pas de merci, rien du tout. Avec le temps elle s'y était fait, mais il avait quand même le don de la faire enrager.

Elle se posait aussi beaucoup de questions sur lui. D'où venait-il ? Avait-il une famille ? Pourquoi avait-il ces crises d'anémie ? Pourquoi était-il toujours dans les parages quand elle était à deux doigts de se faire faire la peau par des fantômes ou des zombis ? Pourquoi Lin était-il si protecteur avec Naru ? Des questions et toujours des questions.

Un été, ils obtienrent toutes leurs réponses. Lors d'une enquête terrain, ils se retrouvèrent confrontés à une divinité. Et aucune méthode de tous ses capagnons exorcistes ne fonctionnait. Il eut une phrase de trop en disant presque qu'ils étaient tous incompétants. Mai s'emporta comme jamais elle ne s'était emportée contre lui. Ils s'apprêtaient à partir quand ils se rendirent compte que le jeune homme s'était retourné vers l'autel. L'air s'était mis à vibrer tout autour d'eux et Naru était entouré d'une aura électrique. Puis avec un éclair d'énergie surpuissant, il avait réduit en cendre l'entité divine. Ses compagnons, choqués, venaient de comprendre qu'il était dangereux. Pour les autres et surtout pour lui-même. Cet effort lui demandait toute son énergie, et cette fois-là, il avait failli y laisser la vie.

C'est alors que Lin avait expliqué à Mai que Naru était doté de capacités psychiques trop importantes pour son organisme. Etant petit, il provoquait des poltergeist, en faisant léviter des objets et en provoquant des bruits de pas et de portes qui claquent. Lin était là pour lui apprendre à contrôler son pouvoir destructeur, le chinois étant une véritable bibliothèque concernant tout ce qui avait attrait aux malédictions, aux sorts, aux exorcismes, et aux capacités psychiques.

Plus tard, ils apprirent encore que Naru n'était pas du Japon, et surtout, qu'ouvrir son agence n'était son but. Il était venu au Japon à la recherche du corps de son frère jumeau. Qu'il retrouva. Parce que le jeune homme avait encore un autre don, la psychométrie, ce qui lui permettait de voir un évènement en touchant un objot qui appartenait à une personne. C'est ainsi qu'il avait découvert que son frère était mort renversé par par une voiture avant d'être jeté d'un pont.

Naru, ou Kazuya Shibuya, était en fait le professeur Oliver Davis, fils adoptif de Martin et Luella Davis, trois noms célèbres dans le monde de la psychologie (2) et de la parapsychologie dans le monde. En ne se faisant pas appeler par son vrai nom, il s'était protégé de la presse, et des possibles cinglés qui auraient tué son frère, car il était convaincu que ce n'était pas un banal accident.

Son père dirigeait la vraie SPR, la Society for Psychical Research, en Angleterre, Naru était le plus jeune parapsychologue de la profession. Pour protéger ses dons et sa famille, il s'était fabriqué une identité.

C'est Bô-san qui avait découvert la vérité, ce qui avait agréablement surpris le jeune professeur, bien qu'il ne l'ait pas montré. Après, il était retourné en Angleterre pour enterrer son frère avec Lin. Ils laissèrent donc les clés à leurs amis et ne revinrent que quelques mois plus tard, sans que le caractère de Naru ait vraiment changé.

Ce qui changea fut sa relation avec les autres. Découvert, il ne pouvait plus vraiment se cacher et devait se justifier. Cela provoqua des tensions mais qui s'estompèrent grâce à Mai qui jouait l'arbitre entre lui et ses collaborateurs. Le jeune homme se rapprocha beaucoup d'elle, une amitié forte commença. Osamu devint comme un deuxième frère. Ils se complétaient bien tous les deux. S'ils étaient brillants et sérieux, Naru était plein de sarcasme et d'ironie, alors qu'Osamu n'était qu'humour et blagues douteuses.

Le jeune patron apprit notamment à lacher du leste et à voir la vie comme un jeune homme de son âge, à regarder autour de lui, s'intéresser aux autres, aux gens et aux filles. Ses hormones, qu'il avait dû réprimer, s'était réveillées. Et en cotoyant Mai tous les jours, il commença à ne plus la voir seulement comme son assistante ou son amie, mais comme quelqu'un qui l'attirait beaucoup. Elle changeait sans s'en rendre vraiment compte, physiquement et mentalement, mais gardait cet air insouciant, un mélange qui le rendait fou. C'était de plus en plus dur de ne pas se jeter sur elle, parce qu'il se souvennait en plus très bien de sa déclaration avant qu'il ne parte en Europe et de la façon dont il l'avait rejetée. Tout devenait très ambigü et Mai percevait le changement chez son ami, sans vraiment se rendre compte de ce qui changeait.

Au moment où il commençait à devenir fou et qu'il allait enfin aller vers elle, on lui proposa un poste de professeur en parapsychologie dans l'une des plus prestigieuse école d'Angleterre, l'unique à dispenser des cours aussi spécialisés dans le paranormal. Opportuniste avant tout, il accepta. En conséquence, ses relations avec Mai se dégradèrent, car il ne lui en avait parlé qu'une semaine avant son départ. Mais il venait de décrocher le job de ses rêves car ce n'était pas le fait de donner des cours qui l'intéressait le plus, mais de pouvoir booster les recherches en laboratoire sur les capacités psychiques. Boulot qui promettait de très longues heures de travail et très peu de repos, mais qui lui permettrait de s'épanouir professionnellement, mais aussi d'assouvir sa curiosité personnelle.

En revenant quelques jours au Japon, plusieurs fois dans l'année, il découvrit que Mai nétait plus toute seule, mais avec Osamu. Quelque part il se sentit trahi, mais ne put s'en vouloir qu'à lui-même. Ils s'était réconciliés mais bien qu'aimant Osamu comme son frère, il ne put s'empêcher de ressentir une jalousie qui le dévora longtemps par la suite.

Mai tremblait de tout son corps. Le goût dans sa bouche était horrible. Elle fut prise encore d'un autre haut le cœur. Quelqu'un lui retenait les cheveux en arrière, et elle se sentait mouillée par la pluie. Elle entendait une voix lointaine qui l'appelait, inquiète, mais la jeune fille était tellement mal qu'elle n'avait conscience de rien autour d'elle. Encore faible elle tatonna pour trouver quelque chose sur laquelle s'appuyer pour se relever. Une main s'accrocha à la sienne tandis qu'une autre lui retenait la taille. Debout, elle était contre le torse de quelqu'un qui la soutenait pour qu'elle ne retombe pas. Mai reconnut l'odeur de Naru. Il était aussi trempé qu'elle. Sa petite robe noire en soie lui collait à la peau, tâchée de boue. Ses ballerines était bonne pour un aller simple dans une poubelle. Plein de choses se mélangeaient dans sa tête, mais ce qui revennait sans arrêt lui donnait encore l'envie de pleurer.

- Mai ça va ?

La jeune fille ne faisait même pas attention à Bô-san qui s'était penché à sa hauteur, un air soucieux sur le visage.

- il est mort… il est plus là…

- Mai ?

Naru entendait ses murmures qu'elles répétait. Il la sentit trembler de plus en plus fort.

- Il est mort…

- Oui Mai, chuchota le garçon le cœur battant à tout rompre, pressentant une réaction de la jeune fille.

- Mon fiancé est mort… Osamu…

Naru ressera sa prise sur elle alors qu'elle se tendait et se courbait à cause de ses sanglots qui revennaient, plus forts. Et elle hurla. Enfin. Elle s'effondra comme jamais personne ne l'avait vu. Le cœur en morceaux, Mai ne voyait plus rien à travers ses larmes. Elle hoquetait violemment et peinait à retrouver une respiration normale. Emporté par la réaction violente de son amie, ne l'ayant pas lachée, il était par terre avec elle. Ils étaient assez loin pour que personne ne se rende compte de rien. Il ressera tout son corps contre le sien pour la rassurer, refermant ses bras et ses jambes autour d'elle.

D'un commun accord, le moine et Naru décidèrent de quitter la cérémonie funèbre avec Mai, qui était totalement hors de contrôle. Il prévint seulement Lin qui se chargerait de rassurer les autres. Ils s'installèrent chez le moine. La jeune fille était encore dans un état second, incontrôlable. Naru lui enleva ses chaussures et se dirigea directement vers la salle de bain. Il souleva la jeune fille et la déposa dans la baignoire avant d'enlever sa veste et ses propres chaussures et chaussettes avant de la rejoindre, tout habillé, et l'enferma à nouveau dans ses bras, en laissant couler l'eau tiède de la douche pour tenter en vain de la calmer.

Ils finirent finalement dans un bain, chaud, rassurant. La robe noire de Mai flottait tranquillement dans l'eau. Le jeune homme lui avait mouillé les cheveux, pour leur redonner un semblant de discipline, et pour l'apaiser, il passait doucement, tendrement ses mains mouillées sur son visage pour la masser, et chasser quelques traces de maquillage. Elle tremblait encore un peu et le seul bruit perceptible était le clapoti de l'eau quand le jeune homme bougeait.

Malgré les circonstances, il était heureux de l'avoir dans ses bras, de pouvoir la serrer contre lui, respirer son odeur, effleurer sa peau douce. N'en pouvant plus, il la resserra contre lui, passant ses bras autour de sa taille, ses jambes se pressèrent contre celles, fines et blanches de la jeune fille qui le tentaient trop. Son dos était plaqué contre tout son corps, son torse et son ventre, et il ne put retenir un soupir de contentement. L'instant était vraiment mal choisi, il avait vraiment envie de laisser ses mains se balader sur elle, d'enfouir son visage dans son cou, mais l'eau rendue trouble par la boue qui s'était accrochée à eux lui rappelait douloureusement que son ami, son presque frère, le garçon qui avait réussi à lui voler Mai, mais qu'il aimait, venait de mourir dans un stupide accident.

C'était horrible de la voir si malheureuse, si décharnée. Il l'aimait trop, et le réalisait pleinement. Il se laissa aller à son tour et quelques larmes s'échappèrent de ses yeux. Mais il ne laissa rien paraître. Sentant l'eau se refroidir, il bougea légèrement et Mai sortit un peu de sa tropeur. Le jeune homme se releva et aida Mai à faire de même. Il déclencha à nouveau l'eau pour les débrasser de la terre, en profita pour se passer del'eau sur le visage.

Le jeune homme trouva deux serviettes en éponge. Il en passa une autour de la jeune fille et la frictionna.

Bô-san, qui avait remarqué le bruit, entra dans la salle de bain. Il tendit deux peignoirs de bain à Naru, qui enleva sans gêne sa chemise et son pantalon, avant de passer les bras dans un des peignoirs. Il expliqua calmement à Mai quelle devait enlever sa robe et enfiler le deuxième peignoir. Sans regarder personne, elle se débarassa de la serviette et tenta de faire descendre la fermeture de sa robe. Le jeune homme l'aida et à son tour elle enleva son vêtement. Voûtée, elle tremblait de froid et son ami s'empressa de la couvrir. Il la prit dans ses bras et lui frotta le dos pour la réchauffer.

Bô-san la dirigea vers sa chambre. Naru l'installa sous les couvertures. Elle resta en position fœtus, emmitouflée jusqu'au cou. Accroupi devant elle, il scruttait son beau visage du regard.

- Mai, est-ce que tu veux que je te fasses un thé ?

Sa voix était douce, basse. Elle lui fit signe que oui. Quand il se releva, Mai se redressa et sortit paniquée :

- Reste avec moi. S'il-te-plait.

Sa voix était complètement enrouée.

- Je reviens dans deux secondes. Reste au chaud.

Il sortit rapidement de la chambre pour préparer un thé. Le jeune homme se rendit brusquement compte de sa fatigue, due au décalage horaire.

- Comment va-t-elle ?

- Je crois que c'est déjà mieux que quand je suis arrivé, répondit Naru sans se retourner.

- Tu dois être crevé non ?

- C'est vrai que je commence à fatiguer.

Le thé étant prêt, il retourna voir Mai.

- Naru, tu peux rester chez moi si tu veux, le temps que tu veux et surtout le temps que Mai se remette.

- Merci.

Le jeune homme continua son chemin et il entendit le téléphone du moine sonner.

- Oui, je sais où ils sont… hum chez moi… on est parti vite parce que Mai pêtait les plombs… Ayako… Non je n'ai pas eu le temps de prévenir de te prévenir… J'ai préféré Lin parce que je sais au moins qu'il n'aurait pas fait un scandale… bla bla bla, écoute tu es consciente que les personnes qui étaient là étaient des clients ou des associés de l'entreprise de la famille d'Osamu, et il y avait des journalistes… La vie de Mai ne regarde personne à part nous… Oui si tu veux… Hum, moi aussi… Bye.

Naru s'installa sur le bord du lit du côté de la jeune fille, et posa une tasse sur la table de chevet. Elle le regardait avec ses yeux rougis et gonflés.

-Tu peux rester avec moi ?

Une petite voix franchit la barrière de ses lèvres, lèvres qu'il rêvait bien sûr d'embrasser.

- Bien sûr. Tu me fais de la place ?

Il crut voir un air agacé passer sur son visage et elle posa la main de son côté droit. Il se leva et souleva les couvertures, se couchant donc à sa droite. Mai se tourna vers lui, la couverture toujours remontée jusqu'au cou. Sans lui demander son avis, Naru se rapprocha et passa ses bras autour d'elle. Elle se retrouva le nez dans le décolleté de son peignoir, ses jambes frôlant les siennes. L'odeur de la lessive de Bô-san et celle de la peau du jeune homme eurent un effet apaisant et électrisant. Son corps à lui irradiait de chaleur et il suffisait juste qu'elle bouge un peu pour qu'elle puisse embrasser sa peau. Jamais ils n'avait étaient aussi proches. Et malgré ce qu'elle vivait, Mai ne pouvait s'empêcher de réveiller ses vieilles envies qui semblaient avoir disparu avec la distance qu'il avait mis entre eux, il y a déjà des mois de ça.

La fatigue pris le dessus et elle sombra dans un long sommeil sans rêves, pour une fois.

(1) Excusez mes petits débordements.

(2) C'est à partir de là que je commence à inventer la suite de l'histoire, tout ce qu'il y a avant vient du manga.

Voilà vous aurez deviné que le premier parfum est la petite robe noire de Guerlain :).

Bisous,

Ipiu.