Bonjours à tous/toutes. Je commence dès maintenant à poster ce premier chapitre, en espérant que ce dernier soit bien reçu par les critiques des fidèles lecteurs/lectrices de FLight. Cette fiction, je l'ai écrite en me basant un prompt Fangrai-Forever proposé, que je ne citerais pas pour ne pas spoiler ceux qui la lirons. J'ai trouvé l'idée plutôt bien et bien que cette histoire soit plus commune que la précédente écrite et plus proche de la réalité, j'ai eu envie d'en commencer l'écriture. Je n'ai pas forcément toutes les connaissances nécessaires pour certains sujets abordés, je resterais donc un peu floue en espérant que cette fiction plaise quand même.
N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire, je le recevrais avec plaisir et y répondrais comme je l'ai déjà fait pour ma fiction précédente.
En vous souhaitant une bonne lecture, je vous dis à très bientôt !
- Born Anew -
- Chapitre 1 -
Dieu ce qu'elle était belle. Ne dit-on pas que lorsque l'on est près de la mort, toutes les choses nous paraissent plus belles, plus lumineuses, plus vivantes que jamais ? Dans tous les cas, me réveiller en présence d'une magnifique créature ne peut pas me faire mal. Cela me ravie, et m'effraie à la fois. Serais-je en train de rêver sur mon lit de mort ? Est-ce que tout ceci est vraiment réel ?
Une petite phrase me vient en tête. "Tu devrais parler avec tes voisins de chambre. Cela te remonterait le moral". C'était une jeune fille aux cheveux roux, tirés en deux couettes symétriques, qui l'avait prononcée. Mais je ne me souvenais pas de son nom. Je savais que je l'avais connue mais..impossible de m'en souvenir parfaitement. Et ce reste de migraine n'arrangeait pas la chose.
Mon voisin de chambre, avec qui elle avait souhaité que j'établisse conversation, s'appelait Galenth, Dysley de son prénom, ça je m'en souvenais. Le pauvre homme toussait sans arrêt, une maladie des poumons je crois. Autant dire que les seuls moments de répits qu'il avait, je préférais les lui laisser. Aux cigarettes et à leur effet dévastateur !
Ce matin, ce n'était pourtant pas à côté de Dysley que je me réveillais. Mon regard s'était, à la place, posé sur une silhouette inconnue dans le lit voisin. Et elle était loin d'égaler l'âge de l'homme que j'avais connu. Elle devait plus se rapprocher du mien, à vrai dire. Deux existences brisées donc…
Je soupirais, m'habituant à la lumière du jour qui illuminait la pièce, clignant des yeux, une, puis deux fois. Nous étions au printemps depuis peu, mais les oiseaux chantaient pourtant, malgré le froid encore trop présent à mon goût. Comme si l'arrivée de ma nouvelle voisine de chambre était synonyme de joie et gaieté. Comme un vrai petit rayon de soleil, elle illuminait la pièce. Il était simple de dire qu'on ne pouvait l'ignorer, mais c'était pourtant le cas. Je n'arrivais à détourner mon regard de cette jeune femme.
« -Monsieur Galenth est mort pendant la nuit. »
Je sursautais, prise de surprise par l'apparition de l'infirmière près de moi. Revenant à la réalité, j'affichais une moue désolée, repensant au pauvre homme qui était maintenant parti.
« -Il est sans doute mieux où il est… » murmurais-je.
La femme chargé de mon service acquiesça, m'apportant mon plateau déjeuner, constitué de légumes cru, taillés sous différentes formes. C'était une matinée comme les autres, malgré l'absence de Dysley, un déjeuner identique composé principalement de protéines censées m'apporter une énergie nécessaire pour la journée. Mon état ne s'améliorait pourtant pas, au contraire, ma fatigue me paralysait. Même si je l'avais voulu, je n'aurais pu mettre un pied dehors. Je ne pouvais plus me tenir debout, pas sans l'aide d'un bras droit pour m'y aider.
Je passais ma main sur mon crâne, où mes cheveux habituellement bruns ne poussaient plus depuis un bon moment. C'était une sensation qui m'avait d'abord semblé étrange, mais je m'y étais faite. Pas le choix de toute manière. Caressant mon crâne lisse, je saisissais le foulard bleu reposant sur ma table de nuit et regardais la jeune femme allongée non loin. Alors elle avait remplacé (viré le e) Galenth ? Je baissais la tête lentement.
Dans une situation normale, accueillir une inconnue dans ma chambre n'était pas quelque chose qui me dérangeait. Non, au final, je m'y étais habituée. Avoir des dizaines de filles dans ma chambre d'étudiante, un rien dans mon frigo. Accumuler les conquêtes, les filles d'un soir je vous dirais plutôt. Un soir une brune, le lendemain une blonde. J'avais un appétit infernal sur ce niveau. Mais maintenant, plus rien.
Plus rien d'autre qu'un silence, coupé par la toux de mon ancien camarade de chambre. Plus de filles, plus rien. Même l'envie n'était plus. La vie ne m'attirait plus, et parfois j'oubliais ce que je faisais là. Attendre que la mort m'emporte, je n'avais plus que cela à faire. Ma vie ne tenait plus qu'à un fil, un bout d'existence. Alors que l'on me promettait un avenir brillant, une fin de vie tranquille, voilà maintenant où j'en étais. Prête à accueillir la mort et son sourire tranchant, glacial.
Je retournais la tête vers la nouvelle venue. Quand était-il d'elle, qu'est ce qu'elle venait faire ici ? Je plissais les yeux, tentant de lire la fiche de la nouvelle patiente. Rien à faire, ma vision était trop floue lorsque je me réveillais, et l'écriture trop petite pour que je puisse même déchiffrer le premier mot. Résignée à attendre son réveil, je m'enfouissais dans mon oreiller, passant une main amicale sur mon crâne. C'était comme taquiner le mal, au plus près de son être. Plus je caressais ma peau, et plus je me sentais m'opposant à ce qu'elle abritait en son sein. Saloperie.
Je souriais, je n'allais pas laisser tomber. Je l'avais juré à quelqu'un. Je ne savais plus qui, mais j'allais tenir parole. Cette petite voix dans mon crâne me soufflait un doux murmure « Laisse toi aller...tu as assez souffert ». Elle m'appelait, mais je refusais de la rejoindre. J'avais encore trop à vivre. La mort attendrait.
« -Miss Yun, vous devriez terminer, me conseilla l'infirmière. Vous avez besoin de tout cela, vous savez. »
Je continuais à manger, je savais qu'elle avait raison. Bien que mon appétit n'aille pas en s'arrangeant, il fallait que je lutte. Les patients comme moi n'ont plus droit au sucre, aux glucides tels que les pâtes, le riz ou même le pain. Plus de céréales pour moi, de lait non plus d'ailleurs. Mon régime était d'un strict implacable, et ma consommation de base ne changeait pas vraiment. Au niveau nutritif, il y n'y avait que les légumes, crus et non, qui étaient efficaces pour moi. Tout ce qui était réellement important était en fait une dose suffisante de protéines pour me faire tenir. Mais étrangement, le manque de sucre ne me pesait pas vraiment.
Finissant mon assiette et remettant mon plateau vide sur le chariot que poussait la jeune femme, je l'interrogeais à propos de la nouvelle venue.
« -Qu'est ce qu'il lui arrive ? »
Elle fit une moue, et s'approcha doucement de ma nouvelle camarade de chambre. Saisissant sa fiche informative, elle se pencha vers cette dernière, déchiffrant les écritures médicales.
« -Arythmie. C'est une anomalie cardiaque, mais plus poussée qu'un simple défaut, me dit-elle tristement. Son cœur bat trop rapidement. Je n'en sais pas plus. Elle a un examen programmé cet après-midi, à quinze heures. Elle en saura sûrement un peu plus après ça... »
Un silence s'installa entre nous. Cette atmosphère était lourde, beaucoup trop lourde. Et intérieurement, je me demandais comment des étudiants étaient tentés par des métiers pareils. Voir des personnes mourir ainsi, tout en sachant qu'on ne peut rien y faire. Je trouvais ce choix courageux au final, je savais que je n'aurais pas pu en faire autant. Je remarquais le faible sourire sur le visage de l'infirmière.
« -Telle que je vous connais, vous allez bientôt savoir qui elle est. »
Je lui rendais un sourire, quelque peu gênée. Ma préférence pour les femmes était-elle si évidente que cela ? Je repensais à mon arrivée. Il était vrai que je me rapprochais plus facilement des femmes que des hommes, surtout depuis que j'étais ici. Mis à part les vieillards, les hommes n'étaient pas bien présents. Sauf au niveau administratif, mais je n'avais rien à faire là-bas. Mon médecin attitré étant une femme également, je considérais avoir une chance avant la mort. Regarder de jolies créatures avant de ne plus rien voir.
« -Comptez sur moi, je m'occuperai d'elle. »
Je scellais mon pacte avec la jeune femme, et tandis qu'elle s'en allait je fixais inlassablement la nouvelle patiente à mes côtés. Me reportant sur l'horloge accrochée au mur, je réalisais qu'il était seulement dix heures. Autant dire que mademoiselle près de moi avait le temps de se reposer avant son rendez-vous. Mademoiselle...comment s'appelait-elle d'ailleurs ? Je souriais bêtement. Elle avait oublié de me dire son nom. Et j'allais avoir la joie de le lui demander.
Qu'allais-je faire en attendant. Chaque jour la même routine qui me poussait à trouver des activités pour la journée. Le matériel informatique ici ? Interdit. Les ondes téléphoniques, les réseaux, en bref tout cela n'existait pas ici. Pour une cause de sécurité médicale ou je ne savais plus quoi. Tout était-il que le changement avait été radical dans ma vie et pour le moment, je ne me décidais pas à m'en plaindre. Non, je faisais bonne figure. J'avais décidé d'être tolérante envers tout le monde. Si ma vie devait se terminer ici, je n'aurais rien à me reprocher. Mis à part le fait de tomber dans les pommes à tout va alors que je me promenais dans les couloirs. Mais ça, je n'y pouvais rien.
Je m'installais en position assise sur mon lit, tout en essayant de calmer le tremblement de mes jambes. Si je me mettais debout, elles lâcheraient pour sûr. Les garces. Je serrais les dents, attrapant une béquille déposée au pied du matelas, et me levait doucement. Quelle idée avait-elle eue de déposer le journal à l'autre bout de la pièce. Je me parlais à moi-même et suppliais mes jambes de tenir.
« Ne tombe pas Fang, ne tombe pas... »
J'utilisais mon bras gauche, m'appuyant désespérément sur mon appui, afin d'atteindre la table d'à côté. Accrochant enfin le journal du jour, je revenais rapidement sur mes pas, me laissant presque tomber sur mon lit. Je détestais la façon dont mon corps ne répondait plus à mes ordres. Me mouvoir maintenant était un effort aussi intense qu'un marathon. Je ne valais pas grand-chose dans le milieu du sport dans cet état.
Je m'installais confortablement sur mon matelas, m'enfouissant sous les couvertures, ne laissant dépasser que mes avant-bras pour pouvoir lire les nouvelles. En une, deux hommes se disant oui pour la première fois. Le mariage gay était finalement autorisé dans mon pays. Je soupirais, ce n'était pas trop tôt. Et pourtant, cela ne changeait pas l'opinion qu'avaient les gens sur nous. Bien au contraire, il n'y avait jamais eu tant de révoltes que depuis que cette loi était passée. Allez comprendre l'engouement qu'avaient les gens à s'opposer à cela.
L'amour n'était pour moi, qu'un sentiment que je n'avais jamais su définir. Mais si je devais le décrire, je dirais sans doute qu'il n'est rien de plus important. C'est ce qui lie chaque être humain, qui nous est plus que nécessaire dans un monde déchiré par la guerre et l'abus de pouvoir. Alors quoi ? Les amoureux, les romantiques, à la recherche éternelle du bonheur. Un homme, une femme, deux hommes, deux femmes. Qu'était-il vraiment important de penser ? J'étais, de mon côté, convaincue que l'amour n'était que sentiment pur et agréable, et que peu importait la personne désignée. Si le bonheur était là, c'était tout ce qui comptait.
Et je passe ainsi mes prochaines heures, à débattre sur ce fait tandis que je perds peu à peu la notion des choses et du temps qui passe. De ce que je pense maintenant, je n'en aurai sans doute plus le souvenir demain. Pourtant, ma vision des choses restera identique.
Mes yeux verts fixant le plafond d'un blanc immaculé, je m'interroge sur le pourquoi et le comment de l'amour. La raison de la haine que portaient les gens. Je souriais finalement. Ils pouvaient aller se faire foutre. Au fond, je m'en fichais.
Je ne me souvenais qu'à peine du jour où ma mère m'avait surprise dans ma chambre, faisant l'amour à la gente féminine. Dieu, ce qu'elle avait hurlé cette soirée-là. Ce n'était plus seulement nos engueulades habituelles à cause de l'abus d'alcool lors des fêtes. C'était tellement plus fort, plus intense. Et ma petite amie d'un soir s'était vite retrouvée expulsée sans savoir ce qu'il se passait. En y repensant, je souriais. Ah, les bons moments en famille.
Les souvenirs de ma chambre étaient flous, mais je voyais encore la faible lueur de ma lampe de chevet qui inondait son corps de sublimes rayons. Elle brillait, tandis que sous les draps, je lui faisais l'amour avec allégresse. Ses gémissements me guidaient et je me laissais envahir par la passion et l'envie qui me prenait. Je caressais sa peau nue et en appréciais le spectacle, alors qu'elle se cambrait sous mes actions. Je passais une main sur mon crâne, ce geste était devenu répétitif, m'obligeant à penser à autre chose. L'heure n'était plus aux effluves amoureuses.
Je tournais la tête, posant mon regard sur la jeune femme à côté de moi qui dormait encore paisiblement. Je soupirais, admirant ma nouvelle camarade. Son profil faisait face au plafond comme le mien l'avait fait quelques secondes plus tôt, et son visage était d'un sérieux insurmontable. Pourtant, quelque chose chez elle semblait fragile. Une chose que je ne parvenais pas à entièrement comprendre, déceler.
« -Serait-ce trop demander de ne pas être sujette à tes regards en continu ? J'ai l'impression d'être une bête de foire. »
Surprise au premier abord, je faisais mine de ne pas réagir. Je souriais, entendant sa jolie voix teintée d'une douceur incertaine. Elle tourna sa tête vers moi, me fixant également. Je ne m'attendais pas à cela. Son visage toujours sérieux ne tique pas en me voyant, ses lèvres ne font aucun mouvement, n'articulent aucun son. Ce sont ses yeux d'un bleu pur et dur qui m'interrogent. Et là, je reste muette. Pour la première fois de ma pauvre existence, les mots ne me viennent pas et refusent de franchir la barrière que sont mes lèvres.
Je balbutie péniblement mais elle se détourne, ignorant ma réponse qui ne vient finalement pas. Je déglutis, soudainement intriguée par ma propre réaction. Est-ce que cette chose dans ma tête me jouerait encore des tours, ou bien...est-ce que cette fille m'intimide vraiment ? Je m'éclaircis la gorge, je passerais à travers. Mais...ses yeux me figent. Ce regard à la fois puissant et fragile. Qu'est-ce que c'est que ça ?
Elle ne m'adresse aucun mot, promène ses yeux sur ma personne, cherche sûrement à savoir ce que j'ai. Je ne lui réponds pas. Je la regarde à mon tour, détaille son corps, son visage. La couleur de sa peau est aussi pure que du lait. Aucun sourire ne s'illumine sur ses lèvres, c'est même plutôt le contraire. Je remarque l'étrange teinte de ses cheveux blonds, légèrement rosés. Ses orbes bleus sont sur moi et là nous échangeons un premier regard. Nous nous confrontons, deux malades proches de la mort. Et je souhaite intérieurement qu'elle devienne mon alliée contre cet ennemi surnaturel.
« -Claire » me dit-elle simplement.
Puis elle ferme ses yeux et soupire un grand coup, me laissant à moi-même. Je m'enfonce dans mon lit, continuant de regarder ce visage dont l'expression me paraît si perturbée. Elle s'appelle donc Claire, c'est cela ? Quel joli prénom. Je n'aurais le temps de rien lui dire à ce sujet. Une infirmière entre dans la pièce, me signalant un examen pour mon cas. Je la remercie alors, et tout en m'aidant de ma béquille, je lève une jambe hors du lit pour venir me poser sur un fauteuil roulant.
Je remarque que Claire me regarde, une nouvelle fois. C'est normal, elle n'est pas habituée à tout cela. Je dois autant l'intriguer qu'elle m'intrigue. Je sais ce que c'est. Se retrouver dans cet endroit dont on ne connaît rien, ne plus savoir quoi faire de ses jours. Et puis on s'habitue. Pas le choix, de toute manière. Je fais un signe à la jeune femme, lui adressant un sourire franc et sincère. Je te comprends.
« -Moi, c'est Fang. »
L'infirmière m'emporte sur mon fauteuil, et je vois le regard de Claire à nouveau se fixer sur le plafond immaculé.
