NdA : Bonjour à tous. Me revoilà pour une nouvelle fic. J'ai pour cela relevé un défi de Demon-dray sur le thème : « pas facile d'être un emo ». Je lui dédicace donc cette fic.
En ce qui concerne les avertissements, le paring est M et, fidèle à moi-même, vous y trouverez du yaoi alors si vous n'aimez pas ça, passez votre chemin.
Attention, ce chapitre a déjà été publié il y a quelques mois mais je l'ai remanié. Je vous invite à le relire avant de vous attaquer au second chapitre.
Voici le défi de Demon-Dray :
Harry, jeune emo de 16ans, arriva devant le collège de Poudlard avec une grosse valise pleine de fringues et de bouquins qui semblaient tous inutiles à ces yeux. Enfaîte depuis bientôt 4ans, à la mort de ses parents, plus rien ne l'intéressait réellement.
Il entra dans le hall d'entrée qui était taillé entièrement dans une pierre grisâtre. Il remarqua alors une grande porte en bois, se dirigea vers celle-ci et poussa les portes en bois massif. Il entra dans une immense salle au plafond peint et se dirigea directement vers la table des professeurs sous les regards médusés des autres élèves.
- Bonjours professeurs, bon je vais pas m'éterniser en discours alors je vais abréger: J'ai aucune envie d'être ici, ni de voir la gueule de tous ces fils à papa, et... 'Il se tourna vers un groupe d'élèves se trouvant à l'une des quatre tables de la salle et qui se moquer ouvertement de ses habits, constitués de converses, d'un slim en jean, et d'un t-shirt ultra moulant à rayures bleues et noires' je tiens à préciser que je me fringuerais comme je veux et que je me fous royalement de ce que pense une bande de cafards pourris gâtés!
Voila, sur ce dites moi où je vais pieuté et je me tire dans les dortoirs!
Les différents élèves et professeurs le regardèrent éberlué, et ce fut le directeur qui brisa le silence qui s'était installé, d'une voix forte et calme en esquissant un léger sourire.
- Bienvenu parmi nous Mr. Potter, je pense que vu votre entrée je vais vous placer dans la maison la plus à ma droite, Griffondor!
Il y eu des acclamations venant de la table désignée par le directeur, où quelques personnes ne ressemblaient pas du tout à des fils et filles à papa, surtout un groupe de rouquins qui avaient tous l'air de sortirent d'une boite de nuit avec leurs airs débraillés.
- Du moment que je n'ai pas à supporter les snobs ça me va.
Harry se dirigea alors vers la table de sa nouvelle maison en suçotant un des piercings qu'il avait à la lèvre inférieure. Il ne se doutait alors pas que ce choix de maison scellerait une partie de son destin...
NdA : Chère Demon-Dray, ce qui va suivre est une libre adaptation de ton défi. Peut être que l'histoire ne ressemblera pas du tout à ce que tu t'étais imaginé en faisant le défi, mais ce sera j'espère, une agréable surprise.
Bonne lecture à tous
CHAPITRE 1 : un nouveau départ
- « Debout là dedans !! »
Deux coups violents assénés à la porte de la chambre firent trembler les murs. Ils ne reçurent qu'un grommellement intelligible en guise de réponse.
Quelques mèches de cheveux noirs dépassaient de la couette posée sur le petit lit au coin de la pièce. Au bout de quelques secondes, une frimousse mal réveillée en sortit. Des yeux mal démaquillés cernés de noir, un visage encore chiffonné par le sommeil et une bouche grande ouverte sous l'effet d'un bâillement bruyant s'extirpèrent de la tiédeur de la couverture.
Enfin, une voix rauque murmura pour elle-même.
« Putain…on se les gèle ici. »
Avec un entrain tout à fait discutable, Harry Potter se leva pour commencer une nouvelle journée.
Baillant à s'en décrocher la mâchoire, il rabattit la couette à ses pieds et roula vers le bord du lit avant de se lever en grimaçant. Vêtu en tout et pour tout d'un caleçon, sa peau pâle se couvrit de chair de poule quand il posa le pied au sol et un juron s'échappa de ses lèvres.
Enfin, il se traina vers la petite salle de bain qui jouxtait sa chambre et s'affaissa sur la cuvette des toilettes, un air complètement absent sur le visage, le dos vouté.
Ses yeux rencontrèrent fugitivement leurs jumeaux dans le miroir en face et le jeune homme esquissa une grimace avant de lever vers son reflet un doigt agressif. Il détestait se voir dans une glace le matin. Il avait toujours l'impression de se retrouver face à cette partie de lui-même qu'il exécrait et qu'il recherchait en même temps, ce besoin de se salir pour voir jusqu'où il pourrait aller dans la déchéance…
…et ce matin, il avait tout du déchet. Ses cheveux sombres retombaient en mèches sales devant son visage et ses yeux verts autrefois brillants et rieurs étaient ternes et injectés de sang. Son maquillage noir et prononcé avait coulé pendant la nuit, formant des larmes noirâtres sur ses joues pâles.
Il passa une main fatiguée sur son visage et soupira tandis qu'un mal de crâne lancinant commençait à battre ses tempes. Il savait qu'il n'aurait pas du se siffler la totalité d'une bouteille de whisky la veille mais il n'avait trouvé que ce moyen pour s'abrutir assez pour ne plus penser.
De nouveaux coups à la porte de firent sursauter. Grommelant une réponse à peine compréhensible, il fit couler l'eau de la douche et après s'être débarrassé de son caleçon, se glissa sous l'eau trop chaude.
Quand son corps fut rouge, il sortit, se sécha rapidement et retourna vers sa chambre. Il enfila les vêtements qu'il avait choisis la veille en prévision de la gueule de bois qu'il tiendrait ce matin et risqua un coup d'œil dans le miroir de la penderie. Dans son slim en jean et son tee shirt rayé bleu et noir si moulant qu'il en était indécent, il avait presque repris forme humaine. Il enfila une paire de converse puis n'essaya même pas de discipliner ses cheveux noirs et rebels, les laissant tomber sur son visage en mèches humides.
Un trait de khôl noir vint entourer ses yeux clairs et un sourire narquois vint se nicher sur ses lèvres, contrastant étrangement avec la fragilité presque innocente de ses traits.
Attrapant un sac volumineux dans le coin de la pièce, il le hissa sur ses épaules et ouvrit la porte, descendant vers le grand séjour.
Comme tous les matins, une vague de nausée lui monta à la gorge quand il vit les personnes qui se trouvaient dans la salle.
A son arrivée, un homme d'une corpulence hors norme, à la moustache emmêlée et au sourcil furieux se tourna vers lui.
« Ca fait des heures que tu devrais être prêt ! Ne crois pas que tu vas réussir à arriver en retard pour ton premier jour. »
Harry le regarda d'un air absent et, s'asseyant à la table, regarda avec dégout la nourriture posée devant lui.
Une femme grande et maigre aux cheveux sombres et à la bouche pincée s'assit face à lui, dardant sur lui un regard acéré.
« Bien sûr, nous savons pertinemment que tu feras tout pour nous faire honte mais essaye de ne pas te faire renvoyer de cette école. »
« Ouais…vous seriez tellement contents de m'avoir à temps plein à la maison… » Répondit le jeune homme sur un ton laconique.
« Vernont ! Il recommence à être insolent ! » S'insurgea la femme qui se leva brusquement.
Le gros homme tapa du poing sur la table, son visage rougeau luisant de sueur.
« Je t'ai déjà dit de nous parler avec respect. Nous avons pris sur nous pour nous occuper de toi depuis la mort de tes parents. Nous aurions très bien pu te laisser te débrouiller et… »
« … et vous passer des millions de mon père ? Laissez-moi rire. Il n'était pas encore froid que vous avez débarqué dans notre maison ! » Le coupa Harry, ses yeux s'allumant soudain d'un feu intense. « Vous me foutez en pension pour profiter de mon argent et je me ferai virer de cette école juste pour le plaisir de vous empoisonner l'existence. »
Une gifle claqua.
Harry se leva, prit son sac, refoulant les larmes qui menaçaient d'apparaitre dans ses yeux et se rendit dans le jardin, claquant la porte derrière lui. S'asseyant sur les marches du perron, il sortit une cigarette, ses doigts tremblants sous l'effet de la fureur.
Dans deux ans il serait majeur mais en attendant, ils étaient ses seuls parents vivants et ils étaient ses tuteurs légaux. Ils pouvaient donc l'envoyer où ils voulaient… On ne peut pas dire qu'ils le maltraitaient, non. A part quelques gifles, il ne recevait pas de coups mais Vernont le considérait comme une pièce en trop dans son échiquier. Il lui répétait sans cesse qu'ils avaient eu la bonté de le prendre sous leurs ailes mais Harry n'avait jamais eu droit de leur part à un mot tendre ou un geste affectueux. La mère d'Harry avait été très bonne en léguant la maison à sa sœur ais celle-ci n'avait de cesse de répéter à Harry qu'elle aurait préféré hériter des millions destinés au jeune homme. L'argent dormait dans un coffre à la banque et pas un jour ne se passait sans que Vernont échafaude des plans stupides pour s'en emparer. Harry attendait avec impatience sa majorité pour pouvoir enfin être libre, de prendre son argent et d'aller vivre loin…très loin de cet endroit.
Son estomac se tordit lorsqu'il pensa à ses parents et à leur tragique disparition. Quatre ans auparavant, ils s'étaient trouvés au mauvais endroit et au mauvais moment. Il y avait eu un braquage de banque. Ils faisaient parti des otages. Il y avait eu une fusillade et aucun des deux n'en étaient ressortis.
Du jour au lendemain, il s'était retrouvé à la tête de la grande fortune de son père et la sœur de sa mère accompagnée de sa baleine de mari et de son abruti de fils avait rappliqué pour le soutenir et l'aider jusqu'à sa majorité…belle hypocrisie. Jusqu'à ses dix huit ans il était donc dépossédé de ses biens et obligé d'obéir à ces vautours qui ne voyaient en lui qu'une vache à lait encombrante.
Harry frissonna. L'air était frais et il n'avait que son tee shirt sur le dos. Mais il ne voulait plus rentrer à l'intérieur. Dans quelques minutes, son oncle allait sortir et lui ordonner de monter dans sa grosse voiture. Il allait être conduit dans cette école, Poudlard…un collège où il serait pensionnaire jusqu'à la fin de l'année. Mais ça, ce n'était pas gagné. Harry avait bien décidé de contrecarrer une fois de plus les plans de son oncle et de se faire renvoyer le plus vite possible.
En effet, le jeune homme avait déjà du quitter trois établissements consécutifs. La première fois, il avait mis le feu aux vestiaires du gymnase et son oncle avait failli mourir d'une crise cardiaque quand on lui avait adressé la facture. La deuxième fois, il avait séduit la fille du proviseur et s'était arrangé pour que celui-ci les surprenne en pleine action dans son propre lit. Enfin, dans son dernier collège, il avait été tellement imbuvable avec ses professeurs que l'un d'entre eux avait contracté une grave dépression. Cela en plus de ses mauvaises notes et de ses constantes querelles avec ses camarades avait poussé le proviseur à le renvoyer.
Plus aucune école ne voulait de lui et pourtant, le directeur de Poudlard, un certain Dumbledore, avait contre toute attente accepté de l'accueillir.
Une claque derrière la nuque le fit soudain sortir de ses sombres pensées. Le fils des Dursley, Duddley, venait de sortir et toisait à présent Harry d'un regard goguenard.
« Il parait que tu t'en es pris une ? Ca te fera un souvenir quand tu seras dans ta pension. » Lui dit le garçon massif.
Harry leva ses yeux mornes vers lui. Il méprisait Duddley de la même force qu'il méprisait son oncle et sa tante. D'un an plus âgé que lui, Duddley était le genre de garçon qui jouait les caïds dans son école privée en humiliant les élèves plus petits que lui. Plus grand qu'Harry, plus fort aussi, son passe temps favori était de le rabaisser quotidiennement.
Devant l'absence de réaction de son cousin Duddley reprit de plus belle :
« Je ne sais pas pourquoi papa t'envoie là bas. Il y a pourtant beaucoup de gens biens…il espère peut être que ça te mettra du plomb dans la cervelle…En tout cas, je vois que tu as décidé d'être encore une fois ridicule. Tu te fringues vraiment n'importe comment. Et ton maquillage…on dirait une gonzesse. C'est écœurant. »
Harry écrasa son mégot sur une marche et leva à nouveau les yeux sur son cousin.
« T'avais pas l'air de trouver ça écœurant quand tu me matais l'autre jour quand je sortais de la douche » lui dit-il sur un ton plus froid qu'un glacier.
Duddley ouvrit la bouche de manière grotesque avant de rougir sous l'effet de la fureur.
« C'est pas moi ici la tapette, Ok ? De toute façon, qui aurait envie de te mater ? Tu donnerais plutôt envie de se suicider ! »
« Te gêne pas. » pas répondit Harry sur un ton nonchalant.
Duddley serra les poings et Harry senti que les coups n'allaient pas tarder à pleuvoir. Duddley était du genre à reluquer son cousin sous la douche mais à refaire le portrait de tout homme efféminé croisant son chemin. Le jeune homme savait que bafouer la virilité de Duddley entrainait des instants douloureux mais ce matin, il s'en fichait bien.
Il ne reçut pourtant aucune correction. Son oncle venait de sortir sur le perron et, transfiguré, Duddley semblait s'être transformé en la réincarnation de l'ange Gabriel. Il ne manquait plus que l'auréole.
Vernont Dursley se dirigea vers sa voiture et ordonna sèchement à son neveu de le suivre. Harry se leva, jeta un dernier regard narquois à Duddley, puis s'engouffra à l'arrière de la berline.
Le voyage se déroula dans un silence absolu. Harry, le front posé contre la vitre, avait le regard fixe de ceux qui, lassés de tout, ne s'intéressaient plus à rien. Son Oncle le regardait par intermittence avec méfiance dans le rétroviseur. La voiture filait bon train, preuve que le gros homme avait hâte d'amener son fardeau à bon port.
Au bout de deux heures, la voiture s'immobilisa enfin et Vernont fit signe d'un ton bourru à Harry qu'ils étaient arrivés.
Le jeune homme, sans lui adresser un regard, s'extirpa du véhicule et posa son sac à ses pieds.
Le nez en l'air, ses yeux se posèrent pour la première fois sur Poudlard.
Au lieu d'une école ordinaire, il avait face à lui un véritable château. Haussant un sourcil il se retourna vers son Oncle qui n'avait pas daigné sortir de la voiture. Baissant la vitre côté passager, il lui dit sur un ton suffisant :
« L'entrée est juste devant toi…et ne t'avise pas de revenir avant les vacances scolaires. »
Et sur ces adieux émouvants il démarra et disparut dans un nuage de poussière.
Une fois seul, Harry soupira et remit son sac sur le dos avant de commencer à se diriger vers l'entrée du bâtiment.
Arrivé près de la grande porte de bois, il frappa de trois coups discrets, espérant que personne ne l'entendrait et qu'il pourrait rebrousser chemin. Manque de chance, la porte s'ouvrit devant un homme grand et maigre au visage émacié et à la bouche édentée. Harry avait soudain l'impression d'être aux portes du château de Dracula et il recula instinctivement d'un pas.
« Harry Potter ? » Coassa l'homme étrange.
« Euh…oui » répondit Harry, pas vraiment sûr de vouloir entrer là dedans.
« Le directeur m'avait prévenu de votre arrivée. Je vais vous conduire jusqu'à lui. »
Ouvrant la porte en grand, il fit signe à Harry de le suivre. Hésitant une seconde, il prit son courage à deux mains et pénétra à l'intérieur du bâtiment.
Ils suivirent plusieurs grands couloirs. Aux murs, d'immenses tableaux hétéroclites recouvraient la pierre nue et grise. De grands tapis colorés recouvraient le sol, étouffant le bruit de leurs pas.
« Je suis le concierge de cet établissement » dit soudain l'homme au détour d'un couloir. « C'est moi aussi qui règle les problèmes de discipline alors sachez d'ores et déjà que les heures de retenue que vous risquez d'avoir vous seront ici beaucoup plus pénibles que dans vos anciens collèges. Je vous conseille donc de bien vous tenir. »
Harry eut un sourire imperceptible. Si cette momie croyait lui faire peur avec ses menaces c'était raté.
Ils arrivèrent enfin devant une grande porte que le concierge ouvrit.
Harry, regardant à l'intérieur, sentit une grimace lui déformer le visage : la salle était pleine de mondes. Deux bonnes centaines d'élèves étaient assis autour de quatre immenses tables et bavardaient avec entrain. Ils étaient en train de prendre leur petit déjeuner.
Harry jeta sur un eux un regard soupçonneux puis se tourna vers le concierge…mais celui-ci avait disparu.
Le jeune homme, immobile sur le pas de la porte, prit une profonde inspiration et entra dans la salle. Il repéra immédiatement la table des professeurs et se dirigea vers elle sans un regard vers les élèves qui se tournaient sur son passage, chuchotant entre eux avec animation. Les yeux fixés sur le vieux barbu qui devait sûrement être le directeur, il se sentait affreusement mal à l'aise. Ce mal être se matérialisa chez lui sous la forme de la plus affreuse des mauvaises humeurs.
Posant lourdement son sac sur le sol, il planta son regard vert dans celui, bleu et clair du directeur et déclama sans la moindre pudeur :
« Bonjour professeur. Je n'ai eu aucune envie de venir ici pour suivre vos cours et vivre en compagnie de tous ces fils à papa. »
Son regard se porta automatiquement vers la table la plus proche de lui, aux couleurs vertes et argent. Des rires y fusaient en sa direction et la plupart des adolescents assis à cet endroit le regardaient avec mépris et condescendance.
« J'ai déjà déjeuné et j'aimerais juste savoir où se trouve mon dortoir. »
Essayant de garder le ton le plus insolent possible, il défia le vieil homme du regard, l'attendant à le voir s'emporter d'un instant à l'autre. Cependant, Dumbledore esquissa un léger sourire.
« Bienvenue parmi nous Mr Potter. Votre sens de la théâtralité et votre franc parlé vous amènent tout de suite dans la maison Gryffondor. »
Il lui désigna de la main une des quatre tables, recouverte d'une nappe rouge et or. Les élèves assis de part et d'autre de celle-ci semblaient moins snobs que les autres et certains lui souriaient même avec gentillesse.
« Après le déjeuner, vos camarades vous expliqueront le fonctionnement des dortoirs et des cours » finit le directeur.
Sans même le remercier, Harry se dirigea vers une place libre et s'y assit, une lueur franchement hostile dans les yeux.
Evitant de regarder autour de lui, il fut néanmoins de lever les yeux de la nappe bariolée qui recouvrait la table quand une main passa devant son visage.
Levant les yeux vers le gêneur, il tomba nez à nez avec une tignasse rousse, un visage constellé de tâches de rousseur au milieu duquel brillaient deux yeux bleus et un sourire amical.
« Salut ! Moi c'est Ron Weasley. Je suis en sixième année. »
Harry faillit lui répondre qu'il n'en avait rien à foutre mais il se ravisa. On était rarement sympathique avec lui et à en juger par la tenue dépenaillée et colorée à outrance du rouquin, il ne semblait pas être à ranger dans la catégorie des fils à papa mais plutôt dans celle des clubbeurs acharnés.
« Harry Potter. » répondit il sans grand entrain, ce qui ne sembla pas décourager Ron.
« Eux c'est mes frères Georges et Fred et elle c'est ma sœur Ginny » dit il en désignant face à eux trois adolescents qui arboraient la même chevelure flamboyante. Les deux garçons qui étaient vraisemblablement jumeaux le saluèrent avec entrain et la rouquine lui lança un sourire charmeur, vite remplacé par une grimace quand son frère lui envoya un léger coup de coude dans les côtes. Harry ne put s'empêcher d'esquisser un sourire : ces quatre là avaient l'air franchement sympathique.
Puis, se rappelant qu'il n'était pas ici pour se faire des amis mais plutôt pour se faire assez détester pour être renvoyé, il se renfrogna et détourna le regard.
Le reste du déjeuner lui parut affreusement long. Eviter d'entamer la conversation avec les Weasley semblait perdu d'avance car ceux-ci, bavards comme des pies, harcelaient le jeune homme de questions. Celui-ci y répondait le plus succinctement possible, ce qui ne semblait pas décourager son voisin rouquin.
Quand enfin, tout le monde eut fini de se restaurer, les tables commencèrent à se vider et Ron entraina Harry derrière lui, ne lui laissant pas le temps de refuser.
Cette première journée passa à la vitesse de la lumière. Chaperonné par un Ron tout dévoué à sa mission, Harry fit le tour de l'immense établissement. Il apprit que le collège était divisé en quatre sections, ce qui était prétexte à de nombreuses compétitions sportives et intellectuelles entre celles-ci : tournoi de foot, de rugby et de tennis, tournoi d'échec, d'escrime…tout cela afin de gagner à la fin de l'année le trophée de l'école.
Harry apprit de Ron que la plupart des gosses de riches de l'école se trouvaient dans la maison verte et argent, la maison Serpentard et qu'il fallait plutôt les éviter si on ne voulait pas avoir d'ennuis.
Une montagne de livres lui fut donnée et il put enfin monter aux dortoirs ranger ses affaires.
Un lit vacant était à sa disposition, sous une haute fenêtre du dortoir. Celui-ci était chaleureux orné des couleurs chaudes de sa maison. Du feu crépitait dans la cheminée et une odeur de sucreries flottait dans l'air. Harry ne put s'empêcher une nouvelle fois de trouver l'endroit sympathique. Ca semblait tellement vivant…tellement plus vivant que chez lui…
Une fois ses affaires rangées, il descendit à la suite de Ron pour son premier cours : Chimie. Harry n'aimait pas particulièrement cette matière et c'est donc la mine renfrognée qu'il arpentait les couloirs, trainant les pieds afin de retarder l'inéluctable.
Quand quelque chose de lourd le percuta violemment sur le côté, il sursauta et se retourna vivement, le regard assassin.
Ses yeux se posèrent sur un garçon à l'allure massive et au visage rougeau qui lui fit immédiatement penser à son cousin. Il arborait les couleurs vert et argent.
« Tu peux pas faire attention, le nouveau ? » dit-il sur un ton méprisant.
Harry le toisa avec hargne, se massant l'épaule droite qui commençait à être douloureuse.
« Le couloir était pas assez large pour toi, gros lard ? »
Le Serpentard sembla suffoquer un instant tandis qu'autour d'eux un silence étrange s'était fait.
« Tu vas regretter ce que tu viens de dire, fillette » lui cracha t'il.
Harry, malgré ses airs bravaches, n'en menait pas large. L'autre garçon devait bien faire trente kilos de plus que lui et semblait prompt à la bagarre. Il allait se faire massacrer.
Une voix caverneuse se fit soudain entendre derrière eux et le gros garçon recula d'un pas, sans toutefois quitter Harry de son regard furieux.
« Tout le monde en classe ! Et en silence ! Le premier qui parle aura droit à une retenue tous les soirs jusqu'aux prochaines vacances ! »
C'était un homme de haute stature aux longs cheveux bruns et au visage sévère qui venait de parler. Vêtu de sombre, ses yeux noirs se posèrent avec animosité sur Harry qui soutint son regard malgré son envie d'aller se cacher dans un trou de souris.
« Mr Potter…Ceci est valable pour vous. Notre directeur est peut être le genre d'homme à pardonner mais je connais votre CV et je vous préviens immédiatement que vous ne continuerez pas vos petites frasques dans cette école et plus particulièrement dans ma salle de classe. Suis-je bien clair ? »
« Très clair. » Répondit Harry et sur ces paroles, l'homme entra dans la salle de chimie d'un pas vif et sec.
Le gros Serpentard le bouscula en lui chuchotant au passage qu'il ne perdait rien pour attendre. Un autre garçon aux épaules massives et arborant les mêmes couleurs que le premier le suivit, lançant à Harry un regard mauvais.
« C'est Crabbe et Goyle » lui chuchota Ron. « Tu ne devrais pas t'embrouiller avec eux, surtout que là où ils sont Malefoy n'est jamais loin. »
« Malefoy ? » répondit Harry.
« Fais gaffe, le voilà. » souffla Ron en désignant le bout du couloir du menton.
Harry regarda dans la direction indiquée pour voir arriver celui qui semblait faire peur au rouquin.
Grand, les cheveux si blonds qu'ils en paraissaient blancs, le Serpentard passa devant eux comme s'ils n'existaient pas, donnant à Harry la désagréable impression de n'être qu'un minuscule insecte sur son passage. Pas un instant, les yeux gris du nouveau venu ne se posèrent sur personne et d'ailleurs, personne ne semblait vouloir être remarqué par lui. Harry était ébahi : ils étaient tous morts de trouille devant ce gars.
Gracieux et silencieux, il disparut à l'intérieur de la salle de classe et le monde sembla recommencer à tourner.
« C'était qui ce mec ? » souffla Harry à Ron.
« Drago Malefoy. Son père a la plus grosse fortune du pays. Ne t'approche surtout pas de lui, il est dangereux » répondit Ron sur un ton presque excité.
« Dangereux ? Il a tué quelqu'un ? » Rétorqua Harry sur un ton sarcastique.
Ron le regarda étrangement.
« Ne t'approche pas de lui, c'est tout. Crabbe et Goyle, ce sont des bisounours à côté de lui. Et ne te fies pas à sa gueule d'ange, ce mec c'est le diable. Il peut faire de ta vie un enfer si tu le fais chier. »
Harry était perplexe. Comment un seul mec arrivait il à imposer un tel règne de terreur à tout un établissement ?
Il n'eut pas le temps d'approfondir ses réflexions. L'heure d'entrer en classe leur fut douloureusement rappelé par la sonnerie stridente qui retentit dans le couloir…
