Je sens ta présence. Ton souffle froid qui brûle ma nuque, les frissons qui grouillent sur mon corps. Je sais que tu es là. Je te hais, qu'est-ce que tu attends ? Tu aimes ça. La peur, l'angoisse, ce cri aigu, affreux.

Parfois tu y arrives, tu m'engourdis, tu m'attires dans ta mélancolie, ton abjecte douleur. Je sais que tu ris. Tu ris et tu craches sur mes joues déjà humides. J'ai beau pleurer, mes larmes ne me protègent pas. Tu sais que tu es la reine. Tu sais que tu gagneras. Que tu auras la chair, l'os, l'esprit.

Mais tout ce qui t'importe en vérité, c'est ma détresse, c'est ma solitude. C'est mon corps recroquevillé qui ne sait pas hurler, qui ne sait plus parler. C'est ma peau pâle, mes yeux creux, noirs, mes lèvres blanches, mon linceul de cheveux sombres, ma monochromie ambulante, celle qui façonne le cadavre que tu aimes tant. Et quand enfin je mourrai, quand je n'aurai plus à supporter cela, tu auras tout et là encore tu te nourriras de moi.

Parce que tu n'en auras jamais assez, un jour je te donnerai tout.

L'infirmière sort de son bureau. Elle a des fioles dans ses mains.

« Les voilà. Bois.

— Merci. »

Je déglutis, le liquide est épais, ferreux, crissant. Elle repart après avoir déployé le paravent. Je tire la couverture, me tourne sur le côté. Combien de temps vais-je rester encore ici ? La guérison promise ne viendra jamais, la douleur rouge déchire mon corps. Les crises sont de plus en plus fortes, elles m'engloutissent, m'engourdissent. Je me sens mieux. L'effet des potions. Quatre d'un coup, je n'en ai jamais pris autant.

Lily et Mary doivent être à leur cours de Runes maintenant. Elles ne remarqueront pas mon absence. A cette heure-ci, je devrais être à la tour des Gryffondors. Finalement, ici ou là-bas. La douleur s'est estompée.

Je sais que tu es là. Tu ne peux rien faire et tu me regardes m'endormir, cette fois encore.