Bonjour, bonjour. Ceci est le prélude de ma toute première fiction. Je ne sais pas vraiment si c'est maladroit, ou si c'est bon, mais j'avais envie de vous le faire partager.

Les personnages appartiennent à J.K et les paroles de la chanson " Le bar de l'hôtel " à Raphaël.
Je prévois pour cette fiction, 6 chapitres. Dont un épilogue. Pour la situer, elle se passe juste après la guerre, juste avant la dernière année à Poudlard.
Pour les autres chapitres, je prévois d'écrire un sur chaque couple, pour développer leur relation. Dont une partie sur leurs vacances, et à Poudlard.
Je vous laisse donc découvrir cette introduction, qui ressemble à un lâchage massif d'informations.


CHAPITRE 1 - LE BAR DE L'HOTEL
Pansy, Blaise, Drago, Astoria, Millicent, Tracey, Théodore.
France, Antibes, Fin Août.


Est-ce que tout peut pourrir même ce qu'il a de plus doux ?

On nous jette des fleurs ou bien des caillous.


A Antibes, quand le soleil se lève, il y a les petites rues typiques qui prennent vie. La Baie des anges, les vagues qui se cognent contre les rochers, la même mer qui longe les plages, les mêmes sentiments le long de la Méditerranée.
Millicent a encore le sucre de son cocktail au bord des lèvres. Au bord de la piscine, au bord du cœur.
Elle est partie à la nage, elle est partie chercher l'infini. Elle va bien finir par se noyer.


La nuit est douce et Pansy est seule. Elle redécouvre les étoiles pour mieux fermer les yeux. Pour ne plus penser. La canicule inflitre son sang, laisse sa nostalgie dans une léthargie qui finit pas de s'égarer.
Assise à une table au bar de l'hôtel, elle observe d'un oeil discret l'ambiance imprégné d'alcool, autour d'elle. Elle balance ses idées noires, à coup de gin et de souvenirs qu'elle ne reconnaît plus. Il y a quelque chose dans son attitude qui tremble d'indifférence. C'est cela que déteste Blaise chez elle. D'ailleurs, il entre.
Démarche féline, regards équivoques. Terrifiant comme attirant. Peau d'ébène, il dévore les décors, il éclipse ce qui n'est pas lui. Il est seul, désormais. Sourire désenchanté, Blaise est chez lui. Il a déjà refermé ses mâchoires sur la silhouette de Pansy.

« - Pourrais-tu au moins faire semblant d'être contente de me voir, Pansy ? »

Blaise a déjà son sourire de chasseur. Pansy préfère ne pas répondre. Alors elle commande un rouge. Il s'installe à ses côtés. Elle le découpe de ses pupilles, elle ne va pas baisser la tête. Pas cette fois.

« - Des nouvelles de Drago ?
- Il est revenu hier soir de Tunis. »

Pansy secoue la tête, hoche et se détourne. Elle a perdu.

« - Pansy, écoute-moi. Je suis désolé. Je sais bien que tout est gris. Je ne voulais pas te faire de peine. Aime-moi une dernière fois. Je sais ce que j'ai fait de toi. Mais je ne verrais plus aucune autre fille. Je le jure. Je te le jure. Dis, Pansy, tu me crois ? »

Blaise a cette voix chaude, pour la première fois hésitante, une faiblesse presque ignorée. Décidement.
Pansy et le bonheur instantané. Un peu chimérique, à peine sincère. Elle ne répond pas - ou plus, mais elle se dit qu'elle peut faire confiance, une énième fois et alors, tout ira bien.
Blaise, jure-moi que tout ira bien. Enlace-moi, frappe-moi, embrasse-moi mais ne me brise pas.
Elle a encore les lèvres chaudes du baiser de Blaise.


Est-ce mon squelette au bar de l'hôtel ?

Est-ce que ce sont mes effets aux enchères ?


Bientôt, le jour va se lever. Comme d'habitude, Astoria sera la première à descendre de sa chambre. Tracey, en dernier, pour ne pas gêner les autres.
La cadette Greengrass va s'intaller à la dernière table pour petit-déjeuner, celle qui donne sur la grande fenêtre, face à la mer. Elle va commander son thé, et attendre les autres.
Astoria est bonne à ce jeu. Au désir, aux espoirs. Elle attend une lettre de ses parents, une visite de sa sœur, Drago. Surtout, Drago. Elle se vide à désirer.
Les bonnes manières d'Astoria sont une tare. Sa gentillesse, une faiblesse. Sa fierté, absente. C'est une monstre d'innocence. La réalité ne noircit pas son cœur. De gré ou de force, elle ne peut pas vivre sans les autres.
Le soleil à travers les volets semble froid. La lumière d'une fin d'été.
Que cherches-tu, petite Astoria? Qu'attends-tu, encore?
Personne ne t'attend, toi. Personne ne te cherche.
Elle blêmit. Parmi l'agitation ambiante, les degrés du matin et le vent qui ne souffle toujours pas, il y a Drago qui descend les escaliers. Cernes violettes sous les yeux, vestiges d'une nuit rythmée d'aéroports et d'une solitude quasi obscène.
Astoria a le souffle court, et elle ne sait pas. De toute façon, elle non plus, elle n'a pas bien dormi. Elle a cherché toute la nuit la chaleur de Drago dans ses draps et elle a pleuré. A présent, il est là, en face et elle ne s'est jamais sentie aussi seule. Son petit corps frêle est une prison. Son thé a le goût d'un rêve.
Bientôt ils sont rejoints par Blaise et Pansy, comme au premier jour. Millicent se traîne jusqu'à eux et s'installe. Elle commande son café noir et Astoria l'observe. Il n'est que 9 heures, elle est déjà maquillée et ses longues boucles d'oreilles en diamants tombent le long de son cou pâle. Elle a toujours cet horrible rouge à lèvres rouge, ses bagues à tous les doigts et elle s'amuse à faire cliqueter ses bracelets quand le silence est trop pesant.
Elle dit à peine bonjour et déjà, elle se mord les lèvres. Blaise joue avec les longs cheveux de Pansy, il pique parfois des baisers contre sa nuque, à l'abri des regards, mais il n'y a que Millicent pour le voir. Il y a sa jalousie qui l'effondre et l'envie, qui lui tord le ventre. Elle allume une des ses cigarettes à la menthe et elle fait des ronds avec sa fumée. Elle fait tourner les volutes, joue et souffle dans les arabesques. Elle crée un rempart face à l'amour qui lui fait défaut. Elle érige un barrage entre elle et le couple qu'elle ne veut plus voir. Millicent a toujours été forte. Millicent ne tombe pas. Elle n'est pas comme Astoria. Parfois, elles se sourient dans leur désespoir de petites filles, elles font semblant et tout va pour le mieux. Elles se terrent dans un silence et dans une musique qui n'est pas la leur.
Tracey descend lentement l'escalier de marbre et son cœur se serre. Que fait-elle ici, déjà ? Elle-même ne sait plus. Personne n'a vu Théodore s'installer près de Drago, dans l'angle de la pièce. Elle aimerait être désolée d'être ce qu'elle est, d'être ici, mais elle ne peut plus. Alors elle regarde Théodore et ne s'attarde même pas à balayer la salle des yeux. Il lui fait son sourire de joli garçon et de suite, elle se sent un peu mieux.
Après le petit-déjeuner, tout le monde se sépare et va se retrouver, ce soir, au bar de l'hôtel.
Astoria, en première, toujours. Tracey, en dernier, pour n'embarrasser personne.


Et cette détresse que je paye bien cher.

Combien tu m'aimes ? Combien tu me quittes ?


Le sablier des vacances s'écoule tout doucement. L'air est toujours aussi chaud. Bientôt, à la rentrée, les anciens Serpentards formeront l'avenir dans l'unité. La guerre a tout pris, a fait de nos jeunes adultes des déchets émotionnels, a fait de l'hôtel français un dépotoir d'âmes tristes, en les traînant plus morts que vifs. Loin de l'Angleterre, qui sent toujours la mort, loin de la guerre terminée. Un mois de vacances, après la tempête, avant le calme. Avant la dernière année à Poudlard. Ils se cherchent, se creusent, se détruisent, s'enterrent, mais ils ne pleurent pas. Ils sont encore trop jeunes.
A Antibes, il y a le soleil et la Méditerranée, Pansy qui aime un peu trop - Blaise qui s'en fiche - Drago qui n'aime rien - Astoria, victime consentante - Millicent, l'éternelle envieuse - Théodore qui n'avait jamais touché à la drogue avant Tracey - et la dernière, qui est trop occupée à rougir de sa présence.
Ils ne savaient pas, autrefois, qu'un hôtel en France serait leur sanctuaire. Que les vacances prolongés feindront l'intrigue romanesque et que le ciel ne sera plus jamais aussi lumineux.


Il est presque 19 heures. La chambre d'hôtel d'Astoria est pleine de rires féminins, de jambes nues, des valises pleines à craquer et la peau de Pansy sent la pêche. Les murs sont tapissés d'un beige démodé et Tracey fume à la fenêtre. Elle a l'air d'une Mona Lisa à qui on aurait fait une frange. Perchée, les jambes dans le vide. Millicent lui répète qu'elle va finir par tomber. Peut-être, et alors ? Qu'elle tombe, la Muse. Que son impureté s'échoue sur le sol.
Astoria ne sait pas tenir sa langue. Tout le monde le sait.

« - Drago m'aime, puis m'ignore. M'évite, et m'étreins. J'ignore comment agir pour le retenir. Toi, qui le connaît bien, Pansy, aide-moi au lieu de mettre le désordre dans mes tiroirs ! »

La nommée relève brusquement la tête. C'est fou comme Astoria a de jolis foulards !
Elle compte peut-être trop sur les autres.

« - Cesse d'attendre quoi que ce soit. Certes, tu couches avec lui, vous allez aux réceptions ensemble, mais il te bouffe, Asto. Tu es encore une petite fille. A la rentrée, vous serez à Poudlard. Rien ne sera plus comme avant. Comme la guerre, comme nos vacances. Mais tu ne veux rien savoir, n'est-ce pas ? »

Astoria soupire et s'allonge sur le lit. Elle pose le dos de sa main sur son front, en parfaite reine du drame.
Pansy et Millicent, elles, ne peuvent s'empêcher de s'échanger un sourire moqueur.
C'est vrai, qu'est-ce que la petite Astoria connaît de l'amour ?
Si sa sœur était là, au moins, cette fausse tragédie aurait eu le goût du vin blanc.


Même scène à peine plus décadente dans la chambre de Blaise.
Drago a déjà entamé la deuxième bouteille de whisky et le joint de Théodore se flingue en solitaire. Un tableau à peine plus enjoué, nos hommes n'ont pas la théâtralité dans le sang. Ils ont plutôt le sang embué et l'esprit un peu brumeux alors que le soleil cogne à travers les volets.
Théodore n'a pas décroché un mot de l'après-midi. Tant pis. Personne n'a vraiment envie de l'entendre parler, après tout. Qu'il garde sa rédemption pour sa sang-mêlé.
Mais c'est Blaise qui brise le silence.

« - Je ne pense pas que Pansy soit une fille merveilleuse. La nuit, pour moi, elle l'est. Elle est belle et éternelle. Mais le jour, elle devient de nouveau cette fille méchante, vous savez, comme elle vous regarde avec ses yeux verts, mais ils sont noirs, en fait. Parce qu'elle déteste tout le monde. Elle se nourrit de sa haine. Alors voilà, le jour se lève, et je n'existe plus. Et par Merlin, j'en ai marre de me poser des questions à longueur de journée, c'est pas une vie. Pourquoi fallait-il que je tombe sur elle ?
Mais je sais que si je ne lui avais pas dit de revenir, Pansy aurait été mon vieux regret. Je m'en serais voulu, toujours.
- Tu parles comme un vieux, Blaise. Je te jure que tu me fais flipper. C'est rien qu'une gonzesse. Et puis, si elle est tellement merveilleuse, pourquoi tu n'as pas arrêté de la tromper depuis le début de l'été ? Demande Drago, de sa voix détaché. »

Drago a grandi mais il n'a pas beaucoup changé. Pourquoi se sent-il toujours obligé de ne rien ressentir ? Mais Blaise a compris et il s'accapare déjà de la bouteille caché dans une valise que lui a offert Millicent, juste avant de partir. Soudain, il pense à elle. Mais il a déjà oublié pourquoi. Il boit au goulot et il ne pense plus à aucune fille.
Peut-être qu'au fond, Blaise aime Pansy. Mais il s'en moque. Au prochain verre, il ne pensera plus à elle, et quand ils se retrouveront, au bar de l'hôtel, il pourra faire comme s'il s'en fichait. Il pourra être sublime, il pourra exceller dans l'art d'oublier jusqu'à son odeur. Et comme la nuit sera tombée, elle sera toute à lui.
Théodore écrase son mégot par terre et Blaise s'énerve. Maintenant, il y a une trace noire sur le parquet.
Pansy est le cauchemar de Blaise, Pansy est la trace noire sur le parquet.


D'où vient le vent du matin ?

Que le jour, que le jour chasse en chemin.

Où s'en vont les poussières qui brûlent nos yeux ?


Sur la terrasse de l'hôtel, du côté du grand jardin, il y a des milliers de fleurs, du jasmin, des petits géraniums qui poussent le long des murs, il y a l'odeur de la lavande qui embaume jusqu'au ciel et le soleil est aveuglant.
C'est l'heure du déjeuner et il n'y a que Millicent qui manque à l'appel. Personne ne se donnera la peine d'en parler, enfin, pas ce midi.
Pansy croque dans une pomme, mâchouille nerveusement et elle se sert de nouveau un verre de rosé. Quand Blaise ouvre la bouche pour la sermonner qu'elle boit trop et à toute heure - la réaction de cette dernière est un peu excessive, mais si Pansy surjoue l'outragée, c'est pour mieux garder Blaise tout contre elle.
Drago sait toujours ce qu'il faut faire et taire. Son assurance est rassurante. Après la guerre, ils ont tous cherchés un phare, un pilier, pour s'y accrocher. Sa présence est sécurisante. Mais il est vrai qu'Astoria compte un peu trop sur lui.
Parfois, Astoria existe - un peu, quand les yeux gris de Drago se posent sur elle. Alors, elle se sent importante et quand il daigne lui accorder un sourire, elle n'est plus du tout en colère. Elle incline la tête, et vraiment, c'est charmant. Son petit visage d'amoureuse se dévoue. Ce que ressent Drago pour Astoria n'a rien à voir avec l'amour, comme dans les livres et les chansons, tout cela n'a rien de charmant. Ce qu'il ressent, ressemble plus à de la possession, comme une propriété.
Astoria sabote sa jeunesse à aimer sans retour, elle s'obstine sans détour, et lui, il n'a que été le vautour près de son cadavre après la guerre et le jour.
A Antibes, on mange du poisson, avait dit Pansy. Et si Madame la Marquise ordonne, y'a t'il un autre choix ?
Théodore et Tracey partage tout, les sentiments, les habits, les cigarettes, les draps, la nourriture - et tiens, Tracey mange déjà le poisson de Théodore.
Mais pourquoi sont-ils toujours aussi silencieux ?
Tracey a le côté du lit qui donne sur la mer.

« - Rappelle-moi déjà qui a invité la sang-mêlé ? Intime Pansy à Blaise, d'un ton neutre.
- Drago. Il a dit vouloir faire plaisir à Théodore et puis.. il serait temps de lui laisser une place, tu ne crois pas ? »

Alors Pansy lève les yeux et de son regard de reine, elle scrute le visage timide de Tracey. Elle n'y voit pas grand chose. Ou si, un bronzage encore clair et du mascara sur le cils. Et Théodore qui lui fait un sourire d'enfant gâté. Il n'a plus l'air de souffrir, comme à Poudlard. Et le regard de Pansy s'assombrit et se poudre d'un peu d'envie, comme celui de Millicent, un peu plus tôt.
Il serait peut-être temps d'apprendre à voir autre chose chez Tracey que son sang et son maquillage de poupée.


Espiègle, Millicent promène ses yeux, joue avec ses doigts, contre la peau de l'autre. Millicent joue avec tout. Ses pleurs, la fumée de ses cigarettes, avec les sentiments des garçons, avec les clichés. Si Millicent n'avait pas été une aristocrate, elle n'aurait pas eu à participer à cette guerre qui ne voulait rien dire pour elle, elle n'aurait pas eu à côtoyer Blaise presque chaque jour depuis sa naissance. Si il y a bien une chose avec laquelle Millicent ne s'amuse pas, c'est bien lui.
Il embrasse la naissance de son cou, il enfouit sa tête dans ses cheveux, l'infidèle. Dans l'intimité de sa chambre, Millicent oublie que Blaise est déloyal, que c'est une traître. Mais elle, elle s'en moque, tellement.
Bientôt, il descendra l'escalier. L'air de rien. Il prendra cet air que Millicent lui connaît bien. L'apostat. Il rejoindra l'officielle et laissera Millicent jouer avec le peu qui lui reste.
Mais pour l'instant, qu'on lui laisse Blaise encore un peu. Rien qu'un tout petit peu.

« - Blaise ?
- Présent, souffle t'il.
- J'en ai marre. Enfin, je veux dire, de toi. J'en ai marre de toi.
- Tu ne te sens pas à la hauteur ? Enfin, je veux dire, vis-à-vis de moi.
- Enfoiré. »

Il explose de rire, et l'amante ne cache pas son sourire amusé. Et puis soudain, d'un seul coup, elle reprend un air sérieux. Millicent n'a jamais été une fille sévère, ni autoritaire, elle n'a jamais voulu régner nulle part - contrairement à Pansy. C'est peut-être cela qui lui faut défaut. Blaise, tu ne trouves pas ?

« - Blaise, je déconne pas.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Pourquoi fait-il semblant de ne pas comprendre ? Il retarde l'échéance depuis trop longtemps.

« - Ce qui ne va pas ? Je vais te le dire, Blaise, tout ce qui ne va pas. En fait, rien ne va. Rien ne va jamais depuis qu'on se voit. Je ne suis pas une victime, je ne vais pas te faire un discours de matyr - parce que je n'en suis pas un. Pas comme Astoria. Mais cela ne peut plus durer. Toi. Moi. Ce nous qui n'a jamais existé. Tu me crois trop faible pour que je me refuse à toi, n'est-ce pas ? Tu te trompes. Va t'en. Je ne suis pas ton souffre-douleur, moi, je suis une Bulstrode. J'ai laissé ce jeu durer trop longtemps. Demain, je pars. Tu ne me reverras plus jusqu'à la rentrée. »

Millicent a attendu pendant de longues secondes quelque chose mourir dans le regard de Blaise. Mais rien n'est venu. Il s'est levé, tout doucement, il s'est rhabillé et il a claqué la porte.
Millicent, a essuyé de ses fins doigts les larmes, le long de ses joues, et elle s'est endormie. Elle a senti son cœur se fendre.
Demain, il fera beau.


Nous troublent la vue et nous rendent amoureux.

Les plumes dans les cheveux et rien dans les mains.


Millicent n'a pas menti. Au petit déjeuner, elle n'était pas là. Blaise s'est senti coupable, quelques secondes. Et puis, il a pensé à autre chose.
Pansy a la gueule de bois, alors elle a mis ses énormes lunettes de soleil. Astoria boit son thé. Silence religieux. Personne ne parle de l'absence criante de Millicent. Personne n'en parle - parce que tout le monde sait. Ou personne ne veut savoir.
Drago arrive, et sa nouvelle présence n'a rien de discret. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Astoria ne le regarde même pas. Ou du moins, elle essaye. Hier soir, il n'est pas venu. Il ne l'a pas rejoint dans sa chambre. C'est pourtant ce qu'elle attendait. Mais il n'est pas venu. Alors elle a rejoint Pansy au bar de l'hôtel. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de boire un verre à quatre heures du matin pour repousser la dépression nerveuse. Mais on ne peut rien refuser à l'héritière Parkinson.
Astoria est encore grise. C'est joli à voir. Elle n'a plus cet air charmant. Elle a juste l'air encore exalté de sa nuit sans chaleur. Pourtant, la canicule est toujours là.
Drago observe Astoria d'un oeil curieux - rien d'habituel, en somme.

« - Astoria, je peux savoir ce que tu as fait hier soir ? »

Pansy et sa cadette s'échange un regard enchanté. Le sang et la Tequila se mélangent encore dans leurs veines.

« - J'étais avec Pansy. »

Tout le monde a compris. Toute personne qui connaît Pansy de près ou de loin, sait qu'elle ne finit jamais une soirée d'été sans être aviné. Au moins rien qu'un peu. Drago soupire bruyamment. Par pitié, qu'Astoria ne prenne pas pour modèle cette dépravée de Parkinson, pense-t'il. Il ne manquera plus que cela.
Pansy a une affection toute douce pour Astoria. Parce qu'elle lui rappelle Daphné - un peu, parce qu'elle est amoureuse de Drago - tout comme elle, il y a bien des années de cela, parce qu'elle est maniable - et que Pansy aime bien tout maîtriser.
Elle maîtrise tout, sauf Blaise, bien sûr. Personne ne maîtrise Blaise, pas même lui. C'est un animal.
Après, Drago a dit à Astoria qu'il l'emmenait voir la Villa Thuret, qui est, selon lui, une sorte de jardin exotique. Elle a opiné. Comme toujours. Et Blaise n'a pas pu s'en empêcher :

« - Un Jardin ? Mais t'as toujours été nul en Botanique, Drago.
- Rien à voir, Blaise. On va voir des plantes moldues. Et je me souviens pas t'avoir vu exceller dans cette matière, toi non plus !
- Il va l'aider pour ses Aspic ! La bécoter dans les buissons, mais surtout, découvrir des tas de plantes intéressantes ! S'exclame Pansy. »

Elle continue de mordre dans ses petits croissants français en se marrant comme une gamine. Astoria, elle, n'ose même pas sourire. Mais elle sent la main de Drago glisser dans la sienne sous la table. Et tout d'un coup, le cœur de la cadette se gonfle.


Dans le coin du bar de l'hôtel, il y a un piano. Blanc, à la peinture luisante. L'année dernière, jour pour jour, Daphné posait ses doigts délicats sur les touches blanches. A l'époque, la guerre paraissait encore bien lointaine, Tracey n'était pas là, Théodore fumait pour la première fois, Drago promenait son regard innocent sur le décolleté d'Astoria, Pansy et Blaise s'embrassait sur le balcon et Millicent... personne ne s'en souvient. Mais Daphné chassait une de ses mèches blondes derrière son oreille et elle prenait cet air imperturbable, avant de jouer Chopin. Elle prenait feu, face à la musique, elle chassait de ses notes les ardeurs de la nuit et elle commençait à s'égarer, les yeux fermés.
Daphné n'était pas virtuose, mais elle était passionnée.
Aujourd'hui, elle n'est plus là. Et Blaise se rend compte parfois qu'il cherche le blond glacé de ses cheveux, près du piano, quand il rejoint Pansy au bar de l'hôtel. Daphné n'est pas un manque, elle est une absence pesante. Un stigmate. Daphné est l'arrière-goût de ses plus belles nuits.
Mais plus personne ne joue, il n'y a que Pansy, le seul vestige de ses plus vieux souvenirs.
Le visage de Pansy le ramène sans cesse à autrefois. Il ne sait pas pourquoi ce sont ses lèvres, à elle, l'unique mémorial de son avant.


D'où vient que je t'aimais avant ?

Combien coûte le bonheur d'une seule nuit ?

Qui a fait les océans et les cœur brûlés ?


C'est drôle, comme Tracey peut angoisser pour un rien. Elle angoisse toujours. Elle veut toujours tout bien faire. Elle s'agite. Elle panique. Elle se tourmente.
Elle ressemble à un petit chat, avec ses grands yeux. Elle les ballade sur ses affaires. Elle plie ses habits, fait le tri. Méthodiquement. Dans l'armoire blanche, ses vêtements sont mélangés à ceux de Théodore. Elle ne s'était pas rendue compte à quel point il avait pris de la place dans sa vie, dans ses habitudes, dans sa tête, dans son armoire. Elle rouspète, maudit. Un sacré bordel, sa vie et son armoire.
Tracey marque une pause dans son rangement, et détourne la tête. Théodore fume dans son lit, il tousse un peu. Et elle se demande si ils sont ensemble. Sont-ils ensemble ? Comme un vrai couple, comme Pansy et Blaise. Et elle ne sait pas.
C'est drôle, elle angoisse de nouveau. Elle n'y avait jamais pensé, mais quand ils seront à Poudlard, lui donnera-t'il toujours autant d'attention ? Il est trop tard, elle s'inquiète. Elle ronge ses ongles. Elle fréquente trop les sang-purs et leur assurance débordante. Elle ne sent pas à la hauteur. Elle n'a pas vraiment confiance en elle. Quand Théodore est là, tout va bien, elle se sent entière et importante. Mais quand il n'est plus là, elle ne sait plus trop. Elle est terrorisée.
Tracey se cache derrière Théodore. C'est un peu facile, en fin de compte.

« - Théo, arrête un peu de fumer tes merdes sur mon lit.
- Sans vouloir te vexer, Tracey, c'est un peu de ta faute.
- Sans vouloir te vexer, Théodore, je ne me souviens pas t'avoir forcé. »

En bon chevalier servant, il écrase son joint à demi entamé dans le cendrier d'une marque de bière. Il passe une main dans ses cheveux, se masse rapidement les tempes et s'allonge en observant Tracey s'affairer. Il ne manque pas une miette de son déhanchement quand elle se baisse pour ranger dans la valise les étoffes. Il fronce un sourcil. Il ne savait pas qu'il avait mis ce polo dans l'armoire de Tracey. Enfin Bref.

« - Tracey ?
- Mh ?
- Quand on sera à Poudlard.. »

La jeune fille se tourne brusquement. Ce n'est pas trop tôt, pense-t'elle. Méfiante, et peu confiante, elle se bat intérieurement pour ne porter à ses dents ses pauvres ongles déjà en sang.

« - ... On restera ensemble ? »
- C'est ce que tu veux ?
- Oui, je crois. Nous sommes majeurs, maintenant. On peut faire ce qu'on veut. Enfin, sauf si tu n'en as pas envie.
- Si, Théodore, j'en ai envie. »

Bien sûr qu'elle en a envie. Bien sûr que oui. Tracey voit en Théo tout ce qu'elle n'a pas encore. Sa confiance, un avenir, une famille. Bien sûr qu'elle s'emporte un peu trop vite. Tracey, l'angoissée, l'anxieuse, a toujours eu le trac de sa vie future. Mais si Théodore en fait parti, il ne peut rien lui arriver.
Tracey se moque que le père de celui qu'elle aime soit en prison, que son nom soit associé à un fils de mangemort, parce qu'elle a une place, maintenant.
Ses lèvres s'étirent en un sourire, elle s'avance vers Théodore, de ses pas de chat, elle attrape le joint éteint dans le cendrier, l'allume et Théodore lâche les armes. Elle est belle à en crever.


Drago a décidé que pour la dernière journée, il prendrait le bateau de son père et il emmènerait Astoria et les autres pour une ballade sur la mer turquoise. Ils sont tombés d'accord. Pour une fois, le blond avait eu une bonne idée.
Il fait toujours aussi chaud. Blaise conduit la bateau, une casquette sur la tête. Il a ordonné qu'on l'appelle Capitaine. Qu'il en soit ainsi.
Pansy a dégoté une bouteille de vieux vin, du bon et trois de porto, il est à peine 14 heures. Elle gueule : C'est l'heure de l'apéro ! Qu'il en soit ainsi.
Astoria est assise à l'arrière du petit bateau, fait glisser ses doigts sur l'eau, azur et indigo. Drago s'assoit à côté d'elle. Il regarde sa robe blanche.

« - On voit ta culotte. »

Elle explose de rire, et baisse un peu sa robe. Astoria a ce genre de rire, quand il fait beau, un rire de petite fille, un rire d'amoureuse, un rire d'Astoria. L'insouciante.
Et soudain, Drago pose ses lèvres sur la bouche rose d'Astoria. Il la sent sourire contre sa bouche. Elle est brûlante du baiser, de la chaleur, et de Drago. Elle sent la menthe. Elle sent toujours la menthe. L'esprit pratique de Drago se demande si cette odeur vient de sa lessive. Ou a-t'elle un parfum à la menthe ? C'est absurde, un parfum à la menthe.


Est-ce mon squelette au bar de l'hôtel ?

Est-ce que ce sont mes effets aux enchères ?


Bientôt, à Poudlard, il vont se retrouver. Mais ce ne sera plus Antibes. Ce sera l'Angleterre.
Mais Tracey n'a pas peur. Elle a Théodore. Et Théodore a sa came, planquée dans son sommier.
Blaise et Pansy se manquent déjà. Millicent sèche ses larmes, elle va prendre une douche froide et s'entraîner à l'indifférence, devant son miroir.
Drago, lui, a peur - mais il ne l'avouera jamais. La petite Astoria attend qu'on veille sur elle.

Daphné, elle, n'a pas bronzé. Elle a passé ses vacances à l'Est. Mais elle est prête. C'est certain.


Voilà, n'hésitez pas à laisser un avis pour m'aider.