" Le travail de la pensée ressemble au forage d'un puits ; l'eau est trouble d'abord, puis elle se clarifie. "
Proverbe Chinois
Pensées
Lorsque Mai s'ennuyait, elle avait l'habitude de se perdre dans ses pensées. Mais dans les locaux de la SPR, ça n'était pas possible... Pas qu'elle ne s'ennuyait pas, non, lorsque les autres n'étaient pas là et qu'elle restait seule avec Lin et Naru – et qu'elle ne devait pas faire le thé pour sa majesté le grand roi Narcisse – elle ne savait pas quoi faire. Elle s'ennuyait...
Généralement, lorsque Mai s'ennuyait en classe, elle posait son menton sur la paume de sa main, coude appuyé sur sa table, le regard tourné vers la fenêtre par laquelle elle regardait l'extérieur, ou un morceau de ciel visible de sa place. Souvent, ses yeux étaient braqués dans la direction de son travail, vers la SPR, là où se trouvait Naru.
Au bureau, ça n'était pas possible. Bien sûr, elle regardait toujours la porte close du bureau de son patron tyrannique, sans s'en rendre compte, et tout à coup, elle réalisait et pour ne pas se faire prendre elle secouait la tête, chassant au loin ses pensées, claquant ses mains sur ses joues puis partait dans la cuisine pour s'occuper.
Non, Mai ne pouvait pas penser au bureau ou plutôt, elle ne voulait pas penser. Parce que c'était dangereux ! Oh, pas à cause des remarques sarcastiques de Naru, non, ça, elle y était habituée. Non, c'était dangereux parce qu'il y avait une possibilité pour qu'elle se laisse entraîner trop loin. A l'école, ça n'était pas trop grave, mais à la SPR, à moins de dix mètres de l'objet principal de toutes ses pensées, ça pouvait vite devenir embarrassant.
Parce que oui, elle avait tendance à se laisser complétement aller dans ses pensées jusqu'à totalement oublier tout, tout ce qui l'entourait.
Difficile dans ces conditions de reprendre pleinement pied dans la réalité. Ça avait faillit arriver une fois et depuis, elle s'interdisait de penser sur son lieu de travail.
Perdue dans ses pensées,à mille lieux de là, elle n'avait pas entendu Naru entrer dans la pièce, pas plus qu'elle ne l'avait entendu l'appeler. Dans son esprit, ils étaient ensemble, quelque part ailleurs que dans le bureau où ils travaillaient, dans un parc, un magasin, au restaurant, qu'importe ? En rendez-vous. Naru n'était pas le scientifique à l'air froid, sarcastique et ouvertement ironique, pas plus que son tyran de patron.
Au moment où dans ses pensées, ils allaient s'embrasser, un claquement sonore l'avait 'réveillée'. Clignant des yeux à plusieurs reprises, comme pour se re situer, elle avait regardé autour d'elle et avait aperçu le brun qui venait de frappait une fois dans ses mains juste devant son visage pour la faire revenir sur terre. Pas totalement redescendue dans le bureau, elle avait commencé à rougir d'embarras.
Heureusement pour elle, Naru avait une façon bien à lui pour faire reprendre entièrement conscience aux gens, notamment elle :
« - Mai, thé. » et il s'était dirigé de nouveau vers son bureau, refermant la porte derrière lui après un regard amusé et moqueur vers le visage rouge de colère de Mai, qui le fusillait des yeux.
Elle s'était levée, dirigée vers la cuisine d'un pas colérique et retentissant où elle avait préparé le thé que Naru aimait le moins.
Non, elle ne voulait pas penser lorsqu'elle était à la SPR. Ce qu'elle ignorait c'est que lorsque Naru la surprenait ainsi, le regard rêveur, tournée vers la porte de son bureau, et après avoir regagné ledit bureau, lui-même se perdait dans ses pensées, espérant que Mai avait 'rêvé' de lui...
