1.

Depuis l'existence même de l'Homme, l'Océan avait toujours été partagé en deux territoires égaux, les profondeurs et la surface, l'ombre et la lumière. Ces deux camps étaient alors peuplés par différentes espèces, les sirènes et les hommes-poissons. Ils n'avaient pour dire rien en commun si ce n'était le faite qu'ils vivaient sous la grande étendue bleue.

Les sirènes étaient des êtres bien disgracieux, la peau blafarde et granuleuse, les yeux sombres et froids. Elles avaient un buste d'humain et une longue queue de poisson dépourvue d'écailles, lisse et gluantes d'une substance dégoutante et incolore. Leurs visages ne rattrapaient pas le reste de leur apparence, avec leurs yeux noirs et grands, elles avaient une bouche fine et pâle avec de longues dents très souvent cassées ou abîmées. Ces créatures n'avaient rien d'attirant et d'attractif comme l'Homme pouvait le penser auparavant. Elles vivaient dans les profondeurs des Océans et attaquaient tous les navires qui étaient aspirés vers le fond. C'était pour cela que les bateaux et leurs équipages n'étaient jamais retrouvés, ils étaient dépouillés et démantelés par ces êtres sombres et mauvais.

Les hommes-poissons étaient bien différents d'eux. La plupart des êtres de cette espèce était bien entendu du sexe masculin. Leurs corps étaient gracieux, ils avaient tous une queue de poissons épaisse et colorée d'écailles qui brillaient à la lumière du soleil. Leurs visages étaient pour chacun unique en sen genre, ils avaient de beaux cheveux, des magnifiques et pétillants yeux et des lèvres charmeuses. Même s'ils vivaient sur le haut de l'étendue bleue, aucun humain encore vivant n'en avait vu leur espèce était très pacifiste et discrète quoiqu'un peu rêveuse.

Certains marins racontaient que des fois, quand ils se perdaient en mer, des hommes-poissons avaient guidés leur navire vers les rivages pour les aider, d'autres disaient qu'alors qu'ils allaient mourir de faim, un chant envoutant les éveillait et des poissons se mettaient à flotter sur la surface comme pour leur dire qu'ils pouvaient se servir et en manger.

Pourtant, la pèche se fait capricieuse et les pécheurs ont beaucoup de mal à ramener la nourriture marine sur le port et la famine touche de plus en plus de village. Les familles ont alors prié les Océans pour que les hommes-poissons leurs viennent en aide, mais ils n'eurent jamais de réponse.

Les êtres aquatiques, sirènes et hommes-poissons devinrent de simples légendes que les pères marins racontaient le soir à leurs enfants pour les endormirent.

« Les êtres de l'Océan se battent depuis des années maintenant. C'est un combat qui oppose la lumière à l'obscurité. Les animaux marins se retrouvent à en pâtirent et se comptent parmi les grosses pertes qu'entraine cette guerre sous-marine. Ton père, Harry, lui se bat pour pouvoir nous ramener de quoi nous nourrir, toi, maman Lily, et moi. »

« Mais pourquoi tu n'es pas parti avec lui pour combattre ? Et puis, les hommes poissons ont besoin d'aide aussi ! Il faut les aider ! »

L'adulte, un grand homme brun, avec une fière carrure de pécheur, élancé et musclé, de longs cheveux bruns et bouclés attachés en une fine queue de cheval basse, ferma ses beaux yeux noisette pour se laisser aller dans un grand fou rire. Il prit son neveu dans les bras et le posa sur ses genoux.

« Eh bien je voulais venir mais James n'a pas voulu car mon dos me fait encore très mal ! Du coup, je reste avec toi pour te raconter pleins d'histoires ! Je partirai en mer la saison prochaine ! »

Son neveu, Harry regarda son oncle avec beaucoup de sérieux. Il aimait beaucoup Sirius, celui-ci était très proche de son frère et ils partaient souvent en mer pour pécher toutes sorte de poissons et faire ainsi tourner la petite entreprise familiale des Potter qu'était la Sirène d'eau douce, leur seul bien de famille, leur héritage. Alors que Sirius préférait aller explorer l'Océan bleue, James, l'ainé, avait pris les commandes du navire et s'occupait de la Sirène d'eau douce.

Sirius se leva et porta le petit Harry, tout juste âgé de huit, dans son petit lit. Il l'embrassa tendrement sur le front et remonta sa couverture sur les épaules du garçon. Avant d'atteindre la porte de la chambre, il rangea le livre et se mit à chanter.

« Dans les fonds marins,

Nagent les sirènes de mon cœur,

Car même si les hommes poissons ne sont pas tous bruns,

Ils ne m'apporteront pas de chagrin, »

Sur ces drôles de paroles, Harry ferma les yeux pour s'endormir et plonger dans des rêves aquatiques plus fous les uns que les autres.

2.

Deux bonnes années étaient passées depuis le départ de son père. Le navire, la Bête Bleue, n'avait toujours pas posé son encre sur les rives du grand village qu'était Poudlard, la ville des Embrumes. Il n'était pas sensé partir si longtemps alors les villageois avaient vite conclu que James Potter était mort, avec son équipage. Harry avait perdu un père compréhensif, Sirius un frère adorable et Lily un mari aimant. L'année qui suivit fut encore plus pénible, alors qu'Harry avait fêté ses dix ans, Sirius, son oncle était à son tour parti en mer, pour maintenir la Sirène d'eau douce et dans l'espoir de retrouver le bateau de son frère disparu. Harry n'avait pas revu son oncle pendant deux longues années mais il avait regardé sa mère mourir de chagrin petit à petit. Mais lui, il n'avait pas arrêté de prier les êtres marins d'épargner Sirius et de le sauver. Il avait gardé espoir.

Un soir, alors qu'il rangeait sa maison, éloignée du village et en mauvaise était, il avait entendu quelqu'un chanter.

« Dans les fonds marins,

Nagent les sirènes de mon cœur,

Car même si les hommes poissons ne sont pas tous bruns,

Ils ne m'apporteront pas de chagrin, »

Harry s'était précipité dehors et avait cru halluciner en voyant devant lui, son oncle, le visage bien mince, une longue barbe, les cheveux très longs et les vêtements en lambeaux. Les retrouvailles avaient été touchantes, Harry était sûr de n'avoir jamais autant pleuré. Sirius lui avait alors raconté son long et terrible périple : leur navire avait été pris dans une tempête sur le chemin du retour et une bonne partie de l'équipage avait périt, ils s'étaient retrouvé sur les barques du navire et avaient dérivé pendant longtemps. Les vivres avaient manqué et les morts avaient commencé à se compter. Pourtant, quand Sirius avait fini par arrêter de croire, trois poissons étaient remontés à la surface, morts. Il ne restait que trois marins, Marcel Brown, Vincent Holmes et lui. Et pour la première fois, ils s'étaient nourrit convenablement. Les jours avaient continué de défiler et la mort était restée au dessus de leurs têtes. Puis alors que Sirius avait commencé à fermer les yeux, une longue nageoire, d'un bleu paon et sarcelle brillant et pailleté s'était montré et les avait éclaboussés. Le retour vers la ville des Embrumes s'était fait grâce à cette queue d'homme-poisson.

Harry aurait pu penser que son oncle était devenu fou, mais lui-même croyait en ces légendes, car même s'ils n'avaient pas sauvé son père, il avait l'intime conviction que ces créatures existaient.

Après avoir mangé un bon repas, le jeune homme avait raconté que de son coté, les choses ne s'étaient pas passées pour le mieux car Lily avait fini par mourir et Harry s'était retrouvé un peu seul. Bien sûr, Molly Weasley, la boulangère, s'était occupé de lui et il était resté avec son fils, Ron mais il s'était tout de même senti seul au monde, orphelin.

« Je suis là maintenant et je te promets de ne plus te laisser ! C'est une promesse de marin ! »

Les années s'étaient écoulées et Harry avait bien grandit. Il ressemblait à son père, de petite taille, élancé et plutôt bien battit, il avait les yeux d'un étincelant vert émeraude qu'il cachait sous des lunettes de vue toutes rondes. Ses cheveux étaient aussi indomptables que ceux de sa mère mais d'un joli brun. Sirius, du haut de ses trente huit ans, ne se lassait pas de lui dire qu'il était un très bel homme et que, au lieu de se casser le dos à travailler à la Sirène d'eau douce, il ferait mieux de partir en ville et de trouver une belle fille à marier, comme la petite dernière des Weasley, Ginny, ou la fille étrange du libraire, Luna Lovegood . Mais il n'avait rien à faire, Harry ne vivait que pour la pèche et ses études sur les êtres marins qu'il chérissait pour avoir sauvé son oncle neuf ans plus tôt.

Aujourd'hui, Sirius et Harry, tout deux revêtus de leur plus vieux vêtements étaient parti à la pèche. Les parents Zabini voulait renouveler leurs vœux de mariage et leurs avaient donc commandé une bonne vingtaine de poissons. Par chance pour les Potter, ces animaux se trouvaient tous près des rives ouest du village, vers les roches. Ils ne pouvaient pas s'y rendre à pied, ni avec leur gros bateau, l'Esperanza, alors ils étaient monté sur une de leurs barques et avaient ramé jusqu'aux rives d'ouest peu de temps après le lever du soleil.

« Mon neveu veut une belle femme à marier ! » chanta Sirius avec entrain.

« Ne rejette pas sur moi ta frustration quotidienne… Je suis très bien seul et tu le sais ! » Rétorqua Harry en tirant la langue. « Je ne veux pas me marier et encore moins avoir des enfants ! »

« Mais tu trompes mon enfant ! Tu resteras libre comme l'Océan ! Tiens, je vais demander aux hommes poissons d'exaucer mon souhait. »

Le brun regarda avec désespoir son ainé faire une prière ridicule. Alors qu'il allait lui balancer de l'eau à la figure, son regard s'attarda sur une ombre qui s'agitait près des rochers. Faisant signe à son oncle pour qu'il se taise, il fit dévier la barque vers les rochers.

Plus proches, les deux hommes purent reconnaitre un autre homme qui semblait se battre contre un filet de pèche. Il s'affairait d'un coté puis faisait le tour du gros caillou pour s'affairer de l'autre coté. Il soufflait, marmonnait et parfois maudissait la race humaine pour son manque d'intelligence et de compassion disait-il.

Se fut finalement Sirius qui brisa la séance d'espionnage d'un simple « bonjour ! » quoiqu'un peu moqueur et taquin. L'inconnu fit volte face en sursautant puis partit se cacher derrière le rocher. Il se mit à murmurer des choses à quelqu'un mais l'oncle et le neveu n'eurent aucun mal à comprendre ce qu'il disait.

« Si tu ne trainais pas si proche d'eux on en serait pas là ! Que va dire ton père bientôt ? Hein Draco ? Il va nous tuer voilà ! Et je tiens à te dire que ce sera de ta faute si on meurt de sa main ! Oui ! Ah non ! On va mourir manger vivant par ces deux humains ! C'est bien pire ! Bravo ! »

Sachant qu'il avait pied de ce coté là, Harry sortit du petit bateau pour voir ce qu'il se passait de près. Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit une grande nageoire dorée entremêlée au filet de pèche vert tout abîmé, le tout relié à un jeune homme blond qui maintenait son buste pâle hors de l'eau en se cramponnant au rocher.

Quand les deux êtres virent qu'il se tenait à coté d'eux, ils poussèrent un cri à l'unisson et tentèrent de s'échapper. Mais à peine, le filet se bloqua entre les pierres et le blond se retrouva coincé et paniqué.

Sirius et Harry levèrent les mains en l'air, en signe de paix, mais les deux créatures prirent cela pour une offense et tentèrent encore plus de partir.

« Attendez ! Attendez ! Nous allons vous aider ! N'ayez pas peur ! » S'écria Sirius en s'approchant doucement.

La plus vielle des créatures, le brun, s'arrêta de gesticuler en premier pour plonger son regard dans celui de l'humain. Finalement, l'oncle parvint à la hauteur du blond et prit son couteau pour couper les filets.

Le blond, enfin libre se cramponna à son ami qui ne put retenir une grimace. Harry, lui, trouvait cette scène bien amusante, même s'il éprouvait le désir de toucher ces êtres si étranges. Il avait en face de lui les hommes-poissons, les créatures qu'il avait étudiées et vénérées depuis presque dix ans maintenant.

Alors que son enthousiaste était à son apogée, il remarqua que l'eau si bleue et sombre était étrangement rougeâtre. L'un de ses hommes était blessé.

a suivre...

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