La fillette pleurait. Elle s'était blottie dans un coin et hoquetait sans discontinuer depuis dix minutes, ses cheveux noirs coupés courts lui tombant dans les yeux à cause du vent. Elle était petite, maigre et très pâle de naissance. Au moment où nous parlons, elle sanglotait, de peur, de rage et d'humiliation. De solitude, aussi, car son meilleur ami, Naruto, n'était pas venu à l'école ce jour-là, tout comme la veille. Son protecteur. Parce que Hinata était toute petite, faible et timide, elle avait besoin de Naruto pour la protéger des autres élèves. De leurs regards, qui la jugeaient, et de leurs jeux, qui l'effrayaient, car elle en était souvent la victime. Ce jour-là, Hinata avait faim parce la bande de Sasuke avait jeté ce qu'elle avait apporté pour son gouter au fond de la rivière. En la défiant de venir le chercher, défi qu'elle n'avait pas relevé, préférant fuir, comme à son habitude.
Et voila qu'il pleuvait. Essuyant ses larmes, la petite fille fouilla son sac, y trouva son Ipod, cadeau de ses dix ans, et se leva avec l'intention de rentrer chez elle. Il commençait à pleuvoir fort et Hinata était un peu effrayée par l'obscurité qui s'installait. Pour ne pas entendre le tonnerre, elle augmenta le son dans ses oreilles. Elle pensa qu'elle avait de la chance que Sasuke ignore l'existence de son Ipod. Peut-être qu'il serait plus prudent de ne plus l'emmener à l'école dorénavant.
Hinata avait envie de parler à Naruto. Elle se dit qu'elle lui téléphonerait une fois à la maison... Soudain pressée de rentrer, elle accéléra le pas. Elle rabattit sa capuche sur ses cheveux, et, peut-être à cause de la musique puissante qui retentissait sous son crâne, elle se mit à courir. Courir pour oublier, courir pour fuir. Inévitablement le destin devait la rattraper.
Ce fut peut-être à cause de la musique trop forte, ou du coup de tonnerre qui retentit à ce moment-là, toujours est-il que Hinata n'entendit pas le violent coup de frein sur sa gauche. Ce fut peut-être à cause de la pluie, ou de l'éclair qui l'éblouit à ce moment-là, toujours est-il qu'elle ne vit pas les phares.
En revanche, elle sentit très bien le choc. La douleur vint quelque secondes après, comme à retardement. Elle explosa en elle de partout, dans tout son corps.
Hinata fut projeté dans le ciel, sentit la pluie sur son visage, comme si il n'y avait que cela au monde. Et puis elle retomba. De nouveau, la douleur. Intense, partout. Puis plus rien.
La voiture freina, hésita, mais ne s'arrêta pas. Le craquement de l'Ipod se brisant sous son pneu fût couvert par le tonnerre, le moteur et la pluie.
Sur la chaussée, il n'y avait pas de sang. Juste une petite fille, pâle et maigre, un peu tordue, étendue là, comme une poupée démantibulé, les yeux clos.
