Corrigé le 23/11/2014


« Je l'ai senti dès que je l'ai vue. C'est en elle, cette fille est faite pour l'aventure » Balgruuf le Grand


Le Jarl Balgruuf était vraiment exténué. Irileth et Proventus étaient encore en train de débattre (ou plutôt de se livrer une joute verbale) au sujet des rumeurs de dragons.

« C'est ridicule ! Les dragons n'existent pas Avenicci, c'est surement un ours, un troll ou un gros smilodon. Je pourrais envoyer des soldats enquêter et en finir avec cette bestiole !

- Vous êtes folle ! Avec tout le respect que je vous dois, même si ce n'est pas un dragon, nous sommes en guerre, nos forces doivent rester ici pour protéger la cité ! répliqua le chambellan.

- Il serait préférable d'enquêter sur cette chose et de l'éradiquer rapidement. Laissez-moi partir avec quelques hommes de confiance en éclaireurs mon Jarl, demanda l'Elfe en essayant d'ignorer l'impérial.

- Irileth, c'est insensé !

- Ce n'est pas à vous que j'obéis Avenicci !

- Silence vous deux! » cria Balgruuf, lassé de leur dispute.

Vu la situation, il devait garder l'esprit clair et ce n'est pas en étant entouré de personnes se prenant la gorge que les choses allaient s'éclaircir.

« Nous en savons trop peu pour l'instant. Je ne veux pas risquer de gaspiller mes meilleurs soldats mais c'est aussi mon devoir de protéger mes sujets. J'attends des plus d'échos des villages ou des caravanes. Je n'ai pas assez de cartes en main pour l'instant. » trancha-t-il.

Le chambellan et l'huscarl ne contredirent pas la décision de leur supérieur, ce qui ne les empêcha pas de se fusiller du regard de part et d'autre de Balgruuf. Ce dernier sentait la migraine arriver. Cette nouvelle le perturbait profondément, déjà que la guerre civile faisait rage et affaiblissait le pays, il fallait maintenant ajouter des monstres tout droits sortis des légendes quel les aïeux racontent aux enfants. Et s'il s'agissait réellement de dragons, des créatures qu'ils avaient vaincus et qui avaient disparus il y a de cela des millénaires. Dans quel pétrin sommes-nous tombés ? Ne pût que s'interroger le Jarl.

« Proventus !

- Oui, mon Jarl ?

- Préparez–moi des messages à destination des jarls d'Epervine, de la Crevasse et de la Brèche. Ils partiront demain aux premières lueurs de l'aube si nous ne reçevons pas de plus ample renseignements d'ici là. J'espère seulement qu'ils me répondront et qu'ils pourront mettre leurs allégeances dans cette guerre civile de côté pour ça, soupira-t-il.

- Bien, je m'en occupe immédiatement. »

Alors que le chambellan se retirait, l'elfe posa une question qui la taraudait.

« Excusez-moi mais que comptez-vous faire pour les bourgs de la châtellerie ?

- Je dois attendre de savoir si ces rumeurs sont fondées ou c'est juste une ruse provoquée pour nous affaiblir. La défense de la cité est prioritaire. Si cette histoire de dragon est bien réelle, j'enverrai des troupes protéger les villages Irileth. C'est mon devoir. Mais je dois agir avec réflexion et ne pas laisser mes émotions prendre le pas sur la raison, le coût serait trop élevé. expliqua le jarl de Blancherive.

- Je comprends mon Jarl. Les temps sont bien troublés.

- Je vous l'accorde. »

Balgruuf le Grand et Irileth échangèrent un sourire bien triste. Ils devraient faire part de bravoure plus que jamais en ces temps troublés.

Alors que le chambellan préparait encore ses messages, un soldat déboula dans le palais avant de s'incliner devant le Jarl. Irileth lui accorda la parole.

« Mon Jarl, une rougegarde prétend venir demander de l'aide de la part des villageois de Rivebois au sujet des dragons.

- L'avez-vous faite entrer ? interrogea Irileth

- Oui, elle semblait épuisée puis elle était…bizarre, je ne sais pas trop. Nous avons préféré vous prévenir et arriver avant elle.

- Vous avez bien fait soldat, repos, dit Irileth. Quand à vous allez prévenir Avenicci, il doit être tenu au courant de tout ce que cette messagère pourrait nous dire.

- Bien huscarl ! »

Un des soldats qui gardait la pièce principale se dépêcha vers les quartiers privés du château.

Proventus était à peine arrivé que les portes de Fort-Dragon s'ouvrirent laissant apparaître la rougegarde en question. Cette dernière faisait peine à voir. Sa tenue contenait des éléments d'armures sombrages et impériales qui avaient connus de meilleurs jours. Elle portait un arc de chasse, de vieilles flèches de fer rouillées et des épées de fer. Ses peintures de guerres étaient étalées sur tout le visage comme si elles s'étaient répandues et estompés devant une grande quantité de sueur, sans parler de la saleté qui maculait son armure et sa peau. Un élément intrigua cependant Balgruuf plus que tous les autres, cette fille ne paraissait pas être authentiquement rougegarde. Sa crinière, qui n'avait pas du être coiffée de plusieurs jours, était dans les tons châtain et sa peau n'était pas aussi basanée qu'Amren ou les autres rougegardes vivant dans la cité. Elle était certainement métisse ou impériale. Avant qu'elle ne soit trop proche de l'estrade, Irileth était déjà allée la stopper. Elle sait pourtant qu'on était au courant de sa venue. De son trône, le jarl voyait que l'échange était tendu entre les deux femmes, Irileth avait déjà dégainé son épée et l'étrangère avait la main fermée sur la poignée d'une de ses lames.

« Irileth, laisse là passer, dit le jarl avec lassitude. Je veux entendre ce qu'elle a à dire.

- Bien. Suivez-moi. vous, je vous ai à l'œil. » menaça la dunmer.

L'étrangère ne lâcha pas la main de son épée. Elle s'approcha de l'estrade mais conserva ses distances avant de s'incliner poliment. Elle savait comment se tenir dans une cour, indiquant qu'elle avait eu une certaine éducation.

« Je vous envoie un message de détresse des habitants de Rivebois suite à l'attaque d'un dragon à Helgen.

- Un dragon, c'est sûr ? demanda le chambellan abasourdi.

- Je pense que j'étais bien placée pour voir alors que les impériaux s'apprêtaient à me trancher la tête.» répliqua l'étrangère, plantant un regard de feu sur Proventus.

Je jarl était fasciné par des yeux d'ambres bien exotiques. Mais son insolance lui déplut légèrement.

« Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous n'avez pas honte de vous présenter comme une criminelle dans mon propre palais.

- Si j'étais vraiment une criminelle, je me serais enfuie et ne serait pas venue porter ici un message de la part de vos sujets. » persista-t-elle froidement.

Le Jarl ne put empêcher ses lèvres de former un léger sourire, léger mais visible. Elle l'eut surement remarqué car elle-même sembla se détendre et ses yeux étaient moins froids qu'auparavant. Cette fille à du cran, j'ai trouvé surement un travail à sa hauteur.D'abord, occupons-nous de Rivebois. Il ordonna alors à Irileth d'envoyer quelques soldats pour protéger le village, au plus grand dam du chambellan. Cependant, c'était lui qui décidait ici et Proventus ne put que s'incliner devant sa décision. Irileth se retira donc afin de rassembler quelques hommes au poste de garde à l'entrée de la ville pendant que le chambellan, vaincu, monta dans ses quartiers. La rougegarde semblait vouloir partir. Elle se balançait surr ses jambes et elle scrutait la salle, visiblement mal à l'aise.

« Attendez madame…

- Ambre, mon Jarl. »

Balgruuf ne put penser que qu'elle portait bien son nom. Telle la couleur de ses yeux ou même des reflets que devaient avoir ses cheveux si elle les soignait, la couleur lui correspondait parfaitement.

« Je vous remercie pour m'avoir prévenu au sujet du dragon à Helgen. Je connais un travail qui pourrait vous convenir. Farengar, le mage de la cour attendait justement quelqu'un comme vous pour une mission un peu particulière. »

Ambre ne lui répondit pas, il pouvait cependant voir qu'elle ne paraissait pas enchantée. Malgré cela, elle devait se douter qu'on ne contrarie pas un jarl et elle le suivit.

« Farengar, j'ai peut être trouvé quelqu'un d'adapté pour votre demande. »

Le mage de la cour leva alors la tête de son bureau, son visage n'était pas clairement visible mais il semblait que les adeptes des arcanes aimaient entretenir les mystère autour de leurs personnes. Balgruuf vit Ambre le scruter. Elle ne semblait pas vraiment apprécier les mages.

« C'est vrai mon Jarl ? Parfait. »

Il quitta ses ouvrages pour concentrer son attention sur la nouvelle venue, un léger froncement de sourcil montra son scepticisme mais Balgruuf savait que Farengar ne réfuterait aucune aide, il n'irait jamais mettre les pied lui même en dehors de la cité.

« Je vais aller directement au cœur du problème, j'ai reçu des renseignements concernant les dragons. Je suis à la recherche d'une pierre qui nous permettrait de les localiser. Aucune personne n'a encore été à la hauteur comme vous vous en doutez, expliqua le mage.

- Ou personne n'était assez fou. » murmura l'étrangère.

Balgruuf dut tousser pour cacher son rire. Il appréciait déjà cette fille. Farengar poursuivit comme s'il ne l'avait pas entendue mais la ride au coin de sa bouche trahissait son agacement. Cela ne fit qu'amuser un peu plus le jarl.

« Cette pierre serait au tertre des chutes tourmentées au dessus de Rivebois. Mon contact m'y aurait aussi précisé qu'une bande de bandits y aurait trouvé refuge.

- Donc vous voulez que j'aille là bas, que je tue tous les bandits à moi seule, que je trouve cette pierre et que je vous la ramène c'est bien cela ? »

Le Jarl sentait l'ironie émaner d'Ambre. Il pouvait la comprendre, il ne lui en voudrait pas si elle refusait.

« C'est exactement ça. Enfin pour les bandits, s'ils vous laissent passer, vous n'aurez peut être pas besoin de les éliminer.

- Mais bien sûr. » marmonna-t-elle.

Elle se tourna ensuite vers le Jarl

« Je veux bien aider votre mage mais ainsi équipée et seule, c'est du suicide! Je veux bien vous rendre service mais pas mourir inutilement. »

Et Balgruuf la comprenait parfaitement. Elle n'était pas en mesure dans l'immédiat d'affronter des barbares. En temps normal, il l'aurait simplement congédié et cherché quelqu'un d'autre mais Ambre était différente. Tout d'abord, elle n'avait pas parlé une seule fois d'argent et elle semblait être serviable. De plus, ce serait peu honorable pour lui d'envoyer une jeune femme ayant échappé à un dragon et à la mort, à la fois pour l'image de sa province mais aussi la sienne. Enfin, garder une personne comme elle ici, qui a survécu à une attaque de ces monstres serait une aubaine pour mettre en place des stratégies de défense contre les dragons.

« Je vais vous offrir une armure plus…convenable. Je vais aussi écrire un message à Lydia pour qu'elle vous accompagne lors de cette 'quête'. Elle sera à la Jument pavoisée, l'auberge sur la place du marché. Elle est brune, a une mèche cheveux tressés et porte toujours sur elle une armure d'acier en principe. Vous devriez facilement la reconnaître.

- Merci beaucoup mon Jarl. »

Ambre souriait comme soulagée, peut être qu'elle y serait allée seule mais il avait donné sa parole et ne pouvait certainement plus reculer maintenant.

« Je vous trouverai cette pierre et vous la ramènerez monsieur Farengar » annonça l'étrangère au mage avant de prendre congé.

Balgruuf espérait cependant que même avec Lydia, cette jeune fille survive à ces bandits...Si ce n'était pas Lydia qui se chargerait d'elle.

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Lydia n'était décidément pas de bonne humeur. Le jarl avait cloîtré les habitants de la ville pour raison de sécurité. Les Compagnons en étaient bien sur exemptés : elle en avait vu sortir ce matin mais elle, elle devait rester ici avec les gardes, comme tous les habitants de la ville. Non pas qu'elle veuille entrer chez les Compagnons mais même s'ils étaient les guerriers les plus respectables de Bordeciel, ils pourraient être plus respectueux de leurs concitoyens. Tout le monde devrait boire le même hydromel, ça ferait pas d'histoires ! Lydia mâchait encore ses idées noires alors qu'un garde s'installa à côté d'elle au comptoir et demanda de l'hydromel.

« 'lut Lydia.

- Ivor, grogna la dénommée, peu enchantée par la visite impromptue du soldat.

- Y'a un truc qu'va pas ? T'as l'air d'm'vaise humeur.

- Non vraiment ? répliqua la guerrière.

- En tout les cas j'ai un truc qui d'vrait t'intéresser. »

Le dénommé Ivor semblait attendre un soupçon d'intérêt de la part de sa voisine mais cette dernière se contenta de l'ignorer. Il chuchota alors à la jeune femme

« Les collègues ont fait entrer une rougegarde dans la ville. T'sais pourquoi ? »

Lydia hocha la tête, elle l'ignorait.

« Elle disait avoir échappé à un dragon à Helgen? Un dragon, tu t'rends compte ? »

Lydia avala de travers son hydromel et faillit s'étouffer. Après avoir retrouvé un semblant de respiration normale, elle put balbutier.

« Un quoi ?

-Ça t'épate hein ? »

Ivor était tout fier de son petit effet.

« Un dragon, elle est même montée faire un rapport au château que j'te dis.

- Foutaises, grogna Lydia pour elle même.

-C'est c'que j'ai pensé aussi. Mais elle est r'descendue et travaille à la forge d'Avenicci, elle semblait s'préparer une armure d'cuir. Si s'tait des racontars, elle s'rait en prison et c'tainement pas ici. Le jarl, il aime pas les menteurs et ceux qui veulent s'rendre intéressants, chuchota le soldat.

-Si des dragons sont vraiment apparus…Je ne sais pas si nous serons jamais prêts à les combattre. dit pour elle-même Lydia.

-Alors c'est vrai ce qu'on dit ? » s'incrusta Hulda l'aubergiste.

Le soldat, tout fier de son exclusivité se dépêcha de raconter à nouveau son récit, oubliant Lydia. Cette dernière en revanche n'était pas ravie. Des dragons…c'était inconcevable. Comment les battre ?

C'est alors qu'une rougegarde entra dans l'auberge. Lydia n'aimait pas vraiment les rougegardes, ils étaient indisciplinés et ne se battaient que pour l'argent. S'ils n'étaient pas des pirates assoiffés de sang qui pillaient les mers, il se terraient dans les cavernes et attaquaient les marchands dans le continent. Elle ne comprenait pas ce qu'ils venaient faire en Bordeciel, il parait que le climat y est à l'opposé du leur. C'est vrai que Blancherive était une ville hospitalière et que tout le monde était toléré tant qu'il ne faisait pas d'histoires mais c'était plus fort qu'elle, elle se méfiait de tous les non-nordiques excepté Irileth qui l'entraînait depuis son plus jeune âge. Cette femme ne l'inspirait pas que ce soit par son attitude : elle tenait la tête trop haute, trop fière. De plus, elle était étrange pour une rougegarde : elle ne portait pas leurs tenues ni leurs armes. Tout le monde connaissait leurs fameuses épées incurvées mais elle portait deux simples épées d'acier bien d'ici. Elle ressemblait aussi à une espèce de demi-rougegarde. Il était évident qu'elle n'était pas de pure souche. Surement une bâtarde de bandits. Lydia ne put qu'être surprise quand la nouvelle venue s'approcha d'elle.

« Lydia ? demanda-t-elle.

- Qu'est-ce que tu me veux ? » demanda la nordique, méfiante.

Comment connait-elle mon nom ? Ajouta-t-elle pour elle même. Ce n'était pas bon signe.

« J'ai ça pour toi de la part du Jarl.»

L'inconnue lui tendit un rouleau de papier. Le sceau de Blancherive fermait la lettre. Elle décacheta le papier et parcourut le message. Il était écrit par Balgruuf le Grand en personne ! Il lui sommait de partir pour une quête avec la rougegarde qui lui porterait ce papier, elle s'appellerait Ambre. Si elle refusait, son poste de potentiel huscarl serait donné à quelqu'un d'autre. Il en est hors de question, je me suis battue pour ça ! Il semblait qu'elle n'avait pas le choix.

« Ambre c'est ça ? »

L'étrangère confirma d'un hochement de tête.

« J'espère que vous êtes prête car je voudrais qu'on en finisse au plus vite. dit froidement Lydia.

- Dans ce cas on est partis. Mes affaires sont prêtes. répondit sur un ton tout aussi chaleureux Ambre.

- Je vous suis alors. J'espère que vous savez vous défendre. »

Lydia vit avec un plaisir malsain que la femme serrait les poings et les dents pour se retenir de la frapper. Elle n'était pas d'humeur aujourd'hui et sa hiérarchie n'avait pas amélioré sa colère ces derniers temps. Elle lui obéirait comme lui commandait son cher jarl mais elle ferait en sorte que la fille lui supplie de partir. Non, elle était décidée à ne faire aucun effort aujourd'hui.