Il avait passé la journée aux côtés de son épouse, essayant de partager des semblants de moments unis. Stannis avait tenu à ce qu'elle prenne l'air, en cette après midi ensoleillée, et avait insisté pour qu'elle le suive dans les jardins du Donjon Rouge. Elle qui appréciait tant les fleurs, dans un geste de bonté temporaire, le roi avait ordonné aux jardiniers royaux, de planter d'avantage de roses. Devant un parterre orné d'une végétation riche en couleur, la Louve, joyeuse, s'était assise délicatement sur un banc en marbre, en évitant tout geste brusque, suite à son ventre encombrant:

« Cela vous plaît-il ? »

« Je vous remercie, lord Stannis, de cette attention que vous me portez »

Cela dit, il ne s'agissait que du début, car le roi, afin de fêter l'anniversaire de son épouse, avait tenu à lui offrir un présent. Certes, il n'était pas adepte de ce genre de fêtes et pratiquait rarement les cérémonies, mais en ce jour, pressentant qu'il devait agir, il avait décidé de se comporter en mari, quelque peu aimant et bienveillant.

Il claqua du doigt en direction d'un garde, chargé de surveiller les entrées et sorties des membres de la Cour, qui, après avoir vu le signe de son roi, partit durant quelques minutes. Lorsqu'il revint, accompagné d'un domestique, il prit à nouveau sa place, devant la grande porte, laissant le jeune s'approcher, les mains chargées d'un poids relativement lourd pour sa personne. Il présenta d'une révérence le bien à Stannis qui le débarrassa. Saisissant le coffre avec habileté, il le présenta à son épouse, un léger sourire aux lèvres. Se doutant qu'elle allait apprécier, il la laissa l'ouvrir en silence, submergée par une curiosité enfantine. Cependant, elle trahi durant un instant la surprise du roi, en constatant avec joie, au travers des trous percés dans la coque, une forme se dessiner à l'intérieur. Avec difficulté, elle ouvrit le coffre et un hurlement de bonheur s'échappa de sa bouche, laissant à Stannis une audition douloureuse et instantanée:

« Un chien ! Vous m'avez offert un chien ! »

Elle saisi l'animal en ses bras et le pressa contre son visage, lui apportant toute l'affection dont elle avait cruellement manqué ces dernières années. Le Cerf afficha une figure contrariée devant la désillusion, pourtant acceptée, de l'enfant se trouvant à ses côtés. Sansa était une personne mûr pour son âge, résultat de sa jeunesse tourmentée, cependant, parfois, lorsque sa barrière fatiguait, elle lâchait prise et se comportait telle sa génération. L'homme n'appréciait pas particulièrement la compagnie animale et seuls les chiens avaient réussi à retenir sa faible patience. Plus jeune, il en avait eu plusieurs, gambadant librement dans le château familial, et une fois son statut de seigneur endossé, il n'avait plus eut le temps pour leur présence.

Péniblement, elle se leva et, après avoir salué son époux, se promena dans les jardins, seule avec son cadeau. Cet animal lui rappelait celui qu'elle avait eu à Winterfell, du vivant de son père. Cependant, ce chien-loup qu'elle avait adopté avait dû subir la perversité du jeune roi Joffrey et avait été tué injustement.

Durant de longues minutes, elle marcha aux côtés du chien, quand, soudainement, prise d'un vertige, elle appela son mari, affolée.

Le Cerf Couronné arriva en courant et constata avec stupeur le visage pâle qu'arborait son épouse, la main posée sur son ventre, la faisant atrocement souffrir. D'un bond et paniqué à l'idée qu'il arrive un malheur à la Louve et son bébé, il se dirigea à l'intérieur du Donjon Rouge, à la recherche d'une Septa et du maestre:

« Respirez ma reine, tout va bien, le septième mois n'est pas encore achevé, la naissance n'est pas prévue ce jour »

« Maestre, soyez plus ordonné et dites moi ce qu'a ma femme ! »

Il prit le seigneur à part et l'informa de ses inquiétudes concernant la santé de son épouse. Cela constituait la troisième alerte en peu de temps et il pensa un accouchement prématuré. Seulement, face à ces interrogations, le roi s'emporta et obligea le maestre à lui en dire d'avantage. Sansa, était jeune, relativement mince et formée pour supporter un enfant, de plus, elle en avait porté un premier, l'on ne comprenait donc pas pourquoi la nature agissait ainsi sur son corps. Le vieil homme fut franc avec son interlocuteur et le mit en garde d'un probable accident funeste durant l'accouchement, si ces douleurs ne cessaient rapidement.

La Louve fut conduite dans ses appartements par la Septa, afin qu'elle se repose et retrouve ses forces. Stannis, quant à lui, ordonna aux domestiques de placer le chien au chenil et regagna le Donjon rouge, anxieux. Si Sansa venait à mourir, il se trouverait une nouvelle fois veuf. Tout en marchant, poings serrés et visage durci, vers les appartements de la prêtresse, il se sentit maudit suite à une telle annonce:

« Vous avez vu la vie et non la mort ! Je viens d'apprendre que mon épouse risque de rendre son dernier souffle, vous n'étiez pas au courant ?! Que se passera t-il si je me retrouve sans reine ? Que se passera t-il si l'enfant meurt avec elle ? »

Le fracas qu'il produisit en entrant dans la pièce la fit sursauter et elle émit un gémissement étonné. Il lui fit face, le regard déçu et attristé, puis s'avança vers elle et scruta ses yeux, intensément. Melisandre ne bougea pas et le dévisagea, convaincue de sa vision. Par le passé, elle avait pu souffrir de présages erronés mais désormais, la confiance qu'elle avait gagné en voyant son roi défaire les Marcheurs Blancs, la rendait plus forte. Il lui conta les douleurs abdominales que ressentait la Louve, ainsi que les frayeurs qu'elle avait eu à plusieurs reprises:

« Si Sansa Stark venait à mourir, ce sera par la volonté du Maître »

« Ne dîtes pas pareil chose ! Votre Dieu n'est en rien impliqué dans cette affaire ! »

Elle le contourna et vint se placer dans son dos, posant sa tête sur ses épaules et l'entourant de ses bras, en guise de soutien. La femme pouvait sentir son cœur affolé et elle pria pour qu'il se détende. Après un court instant, ses nerfs se détendirent comme par enchantement, et ils purent reprendre leur conversation:

« Stannis, n'oubliez pas que votre fils Steffon n'est toujours pas offert.. Le Seigneur de la Lumière témoigne de son mécontentement en s'en prenant à votre entourage.. Je vous avez prévenu, le garder ici, avec vous à Port Réal n'est pas une bonne chose»

« Il ne partira pas à Essos pour devenir prêtre rouge, bon sang ! Arrêtez avec ce manège mesquin, tout ceci n'est que pur hasard, et votre Dieu ne peut rien face à cela. Vous disiez pourtant qu'il n'était qu'amour et vie ! »

« Amour et vie certes, mais il n'aime pas être contrarié »

Elle le quitta, le laissant dans ses appartements, pour vaquer à ses occupations, ainsi, retrouver Thoros et Béric, ses semblables, dispersés dans le Donjon Rouge.