Annonce : Rien n'est à moi !
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Déjà ?
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Huuuuuh, je voudrais être une petite souris, pour pouvoir aller les écouter, pensa le manager qui regardait discrètement dans la direction des acteurs un peu plus loin.
Comme ils étaient mignons, assis tous les deux cote à cote ! Ils doivent avoir le cœur qui bat ! Son téléphone collé au visage, bougeant les lèvres et hochant la tête de temps en tems tout en picorant dans son bento, le manager hyper compétant faisait semblant de tenir une conversation avec un interlocuteur imaginaire.
Yashiro n'en revenait pas, son plan avait marché ! Il avait réussi à les entrainer dans un parc pour le déjeuner, et à les laisser en tête à tête !
Le reste dépendait d'eux à présent... Les sentiments de Ren ne faisaient aucun doute, mais Kyoko ? Que ressentait Kyoko ? Elle avait complètement perdu sa concentration, lors de l'audition, après avoir discuté avec cette peste de Morizumi san, et il savait qu'elles avaient parlé de Ren. Ce n'était pas tiré par les cheveux que d'imaginer que peut être, Kyoko avait ressenti au moins un peu de jalousie…
Il sorti son agenda et fit mine de prendre des notes, en tournant les pages comme s'il était en train d'organiser un planning.
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« Alors il a pris mon téléphone dans sa main gantée, et il m'a menacé en rapprochant son autre main lentement, en répétant ses questions. »
La conversation avait atterri sur Yashiro après le départ du principal intéressé.
« C'est pas vrai ! »
« Je te jure. » il eut un petit rire « c'était terrifiant ! Moi je voulais juste garder mon secret… et il a vraiment mis mon téléphone hors service ! »
Kyoko ne pouvait pas s'empêcher de rire.
« Ca alors, je n'aurais pas cru Yashiro san capable d'aller aussi loin ! »
Elle avait le cœur serré, à cause des évènements récents, mais elle ressentait aussi une joie immense. C'était si agréable, si facile de lui parler ! C'était comme s'il ne s'était rien passé, comme si il n'avait jamais dit à Bo qu'il était amoureux, et comme si cette fille n'avait jamais existé. Comme si elle n'avait jamais trahi l'estime de Tsuruga san en… renonçant ? Kyoko n'arrivait pas à y croire. Comment pouvait-on renoncer à Tsuruga san ? Elle-même en était incapable, et pourtant… S'il y avait bien une personne qui n'avait aucune chance avec Tsuruga san…
Elle soupira, et sourit aussitôt en relevant les yeux vers lui tendrement.
« C'était quoi le secret ? » demanda-t-elle sans y penser.
« Oh, c'était il y a longtemps, je ne m'en souviens plus… » répondit-il, un peu mal à l'aise.
« Oh pardon, je ne voulais pas… me mêler de ce qui ne me regarde pas ! » elle s'inclina rapidement « J'ai été présomptueuse, pardonne moi ! »
« Ce n'est rien, Mogami san. » dit-il aimablement.
« Tu n'as pas fini ton bento. » remarqua-t-elle en se relevant.
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« Ah… » il lâcha une petite grimace comique « Je vais tout manger, compte sur moi. » il attrapa un morceau d'omelette qu'il fourra dans sa bouche avec conviction.
Kuon avait perçu chez Kyoko quelque chose de nouveau. Il ne savait pas ce que c'était mais ça ne lui plaisait pas du tout. Elle arrivait à donner le change, mais elle avait l'air triste, résignée. Ce n'était qu'un fragment d'attitude par ci par là, mais il avait perçu une sorte de nostalgie, de renoncement. Alors qu'elle venait de décrocher un rôle ? Ca n'avait aucun sens. Il espérait juste que ça n'avait pas à voir avec Sho Fuwa. En attendant, il essayait de la mettre à l'aise…
« C'est délicieux. » ajouta-t-il avec un sourire.
Il était sincère, il se régalait. Rien que de savoir qu'elle avait préparé ce repas spécialement pour lui, donnait à chaque bouchée une saveur particulière… exquise… Savoir qu'elle avait pensé à lui, c'était comme un nutriment pour son âme. Elle lui avait même préparé une portion qui tenait compte de son maigre appétit, la part de Kuon était significativement moins copieuse que celles de Kyoko et Yashiro.
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Kyoko gardait le silence. Elle était arrivée au bout des décimales de pi qu'elle avait mémorisées, et s'il continuait à la regarder, il allait falloir qu'elle trouve autre chose.
« Il y a quelque chose que tu ne me dis pas ? »
« Hein ? » Elle sursauta. Il avait posé la question tellement calmement. Comment savait-il ? « Euh… non ! » Si ! Mais je ne peux pas… « Pourquoi tu me demandes ça ? »
« Tu as l'air préoccupé. »
Elle baissa les yeux. Bien sur qu'elle était préoccupée. Elle voulait qu'il sache. Kimiko Morizumi était un être humain détestable, il devait le savoir ! C'était complètement scandaleux que quelqu'un comme lui… Complètement scandaleux. Comment aurait elle pu lui dire une chose pareille ?
« Ce n'est rien. » murmura-t-elle.
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Pourquoi ne lui disait-elle jamais rien ? Ca avait le don de l'agacer. Plus encore que de la voir se laisser, encore, embrasser par son minable chanteur d'ex, ce qui l'attristait, c'est qu'elle ne se confierait sans doute jamais à lui. S'il avait été Corn, elle ne se serait pas fait prier. Enfin, s'il était parfaitement honnête, lui-même ne s'était jamais vraiment confié à elle non plus… Même en tant que Corn, il n'avait parlé que par images.
« Tu sais, moi j'ai eu quelques désagréments ces derniers jours. » se lança-t-il finalement. Il fallait bien commencer quelque part.
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« Ah bon ? » elle tourna vivement la tête vers lui « Qu'est ce qu'il s'est passé ? » demanda-t-elle nerveusement « Rien de grave, j'espère ? Il y a eu un problème sur le tournage de TraMa ? » ou est ce que… Peut être que Yashiro… avait-il parlé, de… Etait ce pour ça qu'il était contrarié ? Elle fixait sur lui un regard angoissé. Il n'avait pourtant pas l'air d'être en colère, en tout cas, son radar n'avait rien détecté…
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Kuon laissa passer une seconde de plus que nécessaire. Sa sincère inquiétude était si prévisible. Cette fille… Il y avait visiblement quelque chose qui lui pesait, mais elle semblait avoir tout oublié. Voilà qu'elle était prête à mettre de coté ses propres émotions pour lui accorder une oreille attentive… eh bien…elle n'allait pas être déçue.
« Non, non, ce n'était pas grand-chose, mais je ne sais pas si je devrais te dire… » il fit une petite moue « Tu vas encore me traiter de playboy... » il leva un sourcil « Pourtant, je n'ai rien fait ! » finit-il d'un air détaché en levant les mains dans un geste de défense.
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Elle détestait quand il faisait ça. Etait-ce bien nécessaire de lui rappeler ses habitudes de coureur de jupons ? Elle croisa les bras sans rien dire. Elle ne pouvait pas le réprimander. Elle savait bien qu'au fond, il était amoureux. Tout ce qu'il disait, c'était probablement du flan… elle se sentit rougir – enfin… évidemment, Tsuruga san était expérimenté, dans, enfin, ces choses là… Mais en vérité, elle avait du mal à s'imaginer qu'il fréquente d'autres femmes que celle qu'il aimait. Et elle ne pouvait pas lui reprocher d'être un playboy, maintenant qu'elle avait compris sa situation. Ca faisait trop mal, de savoir que l'amour de Tsuruga san n'était pas réciproque.
« Tu ne veux plus savoir ? » reprit-il. Elle serra les dents. « Figure toi que Kijima san m'a trainé dans un bar hier soir. » elle leva un œil intrigué, mais il s'arrêta là.
« Et alors ? » demanda-t-elle dans la seconde.
« Et alors, » reprit-il « nous avons rencontré une connaissance commune. Une actrice qui est notre senpai. » il avala la dernière bouchée de son bento. « Elle m'a demandé de la raccompagner à sa voiture, et… » Kyoko l'écoutait malgré elle avec une grande attention. « elle m'a volé un baiser ! » dit il d'un air outré.
« Eeeeeeh ? » réagit la jeune fille, choquée.
« Oui ! J'étais complètement pris au dépourvu, je ne l'ai absolument pas vu venir… » déplora-t-il en portant sa main à son front pompeusement.
« C'est pas vrai ! » s'écria Kyoko « C'est comme moi avec l'autre imbéci… » elle s'interrompit brusquement. Elle avait failli parler de Sho.
« Comment ça ? » Tsuruga san leva un sourcil « Tu t'es fait voler un baiser, toi aussi ? »
Kyoko se renfrogna imperceptiblement. Elle en avait laissé échapper trop… Et maintenant elle allait devoir gâcher ce moment formidable avec Tsuruga san.
« Ne me dis pas… » il fit mine d'être soudainement traversé par l'idée « c'est pour ça que tu es tracassée ? »
« Euh… » Que devait-elle faire ? Il allait forcément se fâcher si elle lui racontait pour Sho. Mais si elle arrivait à mettre son embarras sur le dos de cette mésaventure… « En fait, oui… » C'était peut être finalement l'occasion de sauver leur moment. « C'est encore ce crétin de Sho. » elle fit la grimace « l'autre soir, avant qu'on se voit, quand j'ai… » elle s'arrêta, embarrassée par le souvenir de cette soirée où elle avait pleuré égoïstement dans les bras de Tsuruga san. « enfin, ce soir là. »
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« Ah, cet imbécile là. » dit-il avec tout le calme qu'il pu trouver en lui. Ce n'était pas le moment de se laisser envahir par la jalousie, d'autant plus qu'il avait bien vu par lui-même combien il était injuste de faire des reproches à qui se fait embrasser contre son gré.
Mais quelque chose ne collait pas. Elle aurait du être plus remontée, énervée, possédée. Elle n'avait pas l'air aussi affectée que d'habitude par les actions du chanteur.
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« Je te jure, » reprit Kyoko avec véhémence « c'est comme pour toi, je n'ai rien demandé ! » elle baissa les yeux « Je ne t'ai rien dit parce que j'avais peur que ça te mette de mauvaise humeur… » En fait ça m'était complètement sorti de la tête… « je ne voulais pas… » elle senti ses tripes se tordre dans son ventre alors que la véritable raison de son embarras lui revenait à l'esprit « j'étais juste contente de manger ensemble. »
Il avait l'air de se moquer totalement de savoir que Sho l'avait embrassée. Qu'est ce que tu espérais ? Comme si Tsuruga san allait être jaloux de Sho.
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Qu'est ce que c'est que ça ? pensa Kuon. Là, pendant un instant, elle avait eu le même air triste. Elle s'était ressaisie rapidement mais… Etait ce vraiment à cause du chanteur qu'elle était si tracassée ? Que pouvait-il y avoir d'autre ? Il avait bien l'intention de questionner Yashiro plus tard…
« Mogami san, tu n'es pas responsable pour les actions des autres. » Elle hocha la tête. « La seule chose que tu peux essayer de maitriser, c'est la façon dont ça t'affecte. »
« Tsuruga san… »
« Je suis là, si tu as besoin de parler. » il la regarda intensément « De quoi que ce soit. »
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« Hum… » répondit-elle alors que le rouge lui montait aux joues. « Merci » Ne me tente pas. Tsuruga san était la pire personne à qui se confier. Qu'allait-elle lui dire, vraiment ? Qu'en dépis de tous ses efforts, elle l'aimait malgré elle ? Qu'elle savait qui lui aimait, mais que cette personne avait, pour une raison qu'aucune loi de la physique ne saurait expliquer, jeté son dévolu sur quelqu'un d'autre ? Non, c'était impossible de lui dire quoi que ce soit sur la vraie raison de sa tristesse. Elle ne voulait pas briser le cœur de Tsuruga san.
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Il se passa un moment dans un silence pesant.
Kyoko retenait ses larmes, se forçant à maintenir un semblant de sourire sur son visage. Quand à Kuon, il prenait sur lui pour ne pas se laisser envahir par la colère et la jalousie. Depuis quand y avait-il quelque chose de plus grave, dans la vie de sa kôhai que les frasques de son ennemi juré ?
« Il va falloir y aller… » constata-t-il finalement en regardant l'heure sur son téléphone.
« Oui. »
Kuon se leva en faisant un signe à Yashiro.
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Ne me dites pas que… Yashiro jeta un œil à son repas à peine entamé. C'était déjà l'heure ? J'espère que ces deux là ont réussi à dissiper leurs malentendus. Décidément, c'était épuisant de gérer un couple d'idiots comme ces deux là.
Il vit Ren tendre la main à Kyoko et celle-ci la prendre pour se lever. Ils se souriaient timidement. Adorable.
Puis Ren sembla dire quelque chose à Kyoko, qui la pétrifia. Elle resta là, à le regarder sans le voir, visiblement perdue dans ses pensées…
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Actinium : Ac, 89, Aluminium : Al, 13…
« Mogami san ? » Tsuruga san pencha la tête et cligna des yeux.
« Euh, ce soir ? » elle secoua la tête pour se dégourdir les idées « oui, ce soir je suis disponible, pourquoi ? »
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« Que dirais tu de passer chez moi ? » il était nerveux. « Tu pourras tout me raconter sur ton nouveau rôle, on a à peine eu le temps de discuter de quoi que ce soit… » Il faisait de son mieux pour le cacher, mais il se sentait de plus en plus mal à l'aise. « Et puis il y a quelque chose, que je voudrais… euh… » Tiens ton cap, Kuon ! s'encouragea-t-il « te donner, peut être ? » ouf ! C'était sorti.
Il posa sur elle un regard plein d'attentes.
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Américium : am, 95, Antimoine : Sb, 51… Ces mots étaient l'équivalent d'un tremblement de terre pour Kyoko.
Argent : Ag, 47. Tsuruga san, donner, à elle. Quelque chose.
Argon : Ar, 18… Il fallait qu'elle se concentre sur autre chose.
Arsenic : As, 33, Astate : At… mmm…. c'est quoi déjà le nombre atomique de l'astate ? Ne pas penser à ce qu'il comptait lui donner. Est-ce que par hasard, ça pouvait avoir un rapport avec… 85 !
Le nombre atomique de l'astate, c'est 85.
« Mogami san… »
Azote : N, 7…
« Ce soir. » Baryum : Ba, 56… « D'accord. »
Note :
Salut, lecteurs francophones, merci d'avoir cliqué sur cette histoire !
Elle sera périmée bientôt (dans quelques jours à la sortie du chapitre 262), mais j'avais pleins de petites idées qui trainaient dans ma tête alors j'avais envie de l'écrire. Il y aura 3 chapitres.
Elle existe grâce aux quelques lecteurs courageux qui ont demandé plus d'histoires en français ! J'espère qu'elle vous plaira.
