Chapitre 1 : Une rencontre inattendue
Jusqu'à présent Harry Potter avait passé un été comme les autres... Son oncle Vernon et sa tante Pétunia étaient venus le chercher à la gare de King's Cross. Ils lui avaient réservé un accueil détestable comme chaque année, mais Harry était trop triste pour y prêter beaucoup d'attention. Il venait de passer une année à l'école de magie de Poudlard, et il devait dire au revoir à ses amis, tout en ignorant les regards de mépris que lui lançait la seule famille qui lui restait. Il souhaita donc à Ron et à Hermione de passer de bonnes vacances, puis il s'en alla d'un air désespéré avec son oncle et sa tante. Cela faisait maintenant quelques semaines qu'il était rentré et il se demandait comment il allait faire pour survivre jusqu'à la prochaine rentrée scolaire. Il passait donc son temps à envoyer des hiboux à ses amis et à polir son balai ainsi que sa baguette magique. Ron et Hermione lui manquaient vraiment... Trois semaines auparavant il aurait tout fait pour ne pas avoir à écouter les discours réprobateurs d'Hermione, alors que maintenant il aurait bien vidé tout le contenu de son coffre à Gringotts pour y avoir droit... Enfin... Il savait qu'il ne devait pas trop s'en faire puisque d'ici quelques semaines il aurait la chance de retourner à Poudlard et d'y passer sa septième et dernière année. Il fallait juste qu'il arrive à s'occuper d'ici là, et plus il y pensait, plus il se disait que ce n'était pas la mer à boire. Son oncle et sa tante le méprisaient toujours autant, mais ils avaient abandonné l'idée de l'insulter et de le dénigrer, maintenant leur dédain se traduisait par une absence totale de communication... Ce qui arrangeait d'ailleurs beaucoup Harry. En plus de ça, aujourd'hui oncle Vernon était parti travailler tandis que tante Pétunia et Dudley étaient allés faire des courses. Harry avait donc la maison pour lui tout seul, il fallait qu'il savoure ce moment de paix. Mais que pourrait-il bien faire pour se distraire ? Certes il faisait un temps radieux et il aurait pu aller faire un tour dans le quartier, mais il réservait sa ballade quotidienne pour les soirs car c'était à ce moment là qu'il se sentait le plus à l'aise. A cette heure là les voisins regardaient la télé et ne pensaient plus à espionner les passants dans la rue. Lorsque Harry revint à se demander comment il allait passer son après midi, quelqu'un sonna à la porte. Il fut quelque peu perplexe car il avait rarement l'occasion de voir passer des gens chez les Dursleys. Bien que persuadé que son oncle et sa tante ne l'auraient jamais autorisé à ouvrir la porte à qui que ce soit, il y alla quand même. Une jeune fille attendait sur le seuil de la porte. Son sourire candide et radieux fut la première chose que Harry remarqua, cependant il vit rapidement que son sourire était loin d'être le seul élément qui faisait d'elle la fille la plus jolie qu'il avait jamais vu. Ses cheveux châtains et légèrement ondulés retombaient élégamment sur ses épaules tandis que ses yeux verts illuminaient son regard ainsi que celui d'Harry. Elle avait l'air d'avoir le même âge que lui, c'est à dire aux alentours de dix sept ans. Il fallut un instant à Harry pour retrouver ses esprits et il finit tout de même par lui adresser la parole.
« Euh...bonjour... » fut la seule chose qu'il arriva à articuler.
« Salut, excuse moi de te déranger. Je m'appelle Hannah Lake, je donne des cours de math à Dudley. Il est par là ? »
« Euh...non... » Il n'arrivait pas à se concentrer et à articuler une phrase cohérente. Les yeux verts d'Hannah le troublaient tellement que tous ses sens semblaient être bloqués sur ce regard hypnotisant. Ils ne semblaient pas arriver à s'en détacher. Bizarrement, elle ne paraissait pas s'en rendre compte, elle devait sûrement être habituée à ce que les garçons la regardent.
« Ah, ben en fait il a oublié son livre chez moi hier après midi » elle lui tendit alors le livre, et il s'empressa de le saisir. Cependant, lorsque ses mains se posèrent sur la couverture, il effleura accidentellement les doigts d'Hannah. Cela suffit à le rendre rouge de honte. Cette fois ci, elle s'en rendit compte et lui esquissa un sourire amical. « Mais qu'est ce qui m'arrive ... !? » pensa t-il. « Arrête de faire l'idiot, bon sang ! » Hannah le regardait maintenant de façon plus insistante, elle semblait vouloir lui dire quelque chose mais il parut à Harry qu'elle aussi s'était mise à rougir.
« Tu es Harry Potter, n'est-ce pas ? » Il n'en revenait pas... Comment pouvait-elle le reconnaître ? Ils ne s'étaient jamais vus auparavant, et de toute évidence elle n'était pas une sorcière puisqu'elle ne semblait pas avoir remarqué la cicatrice en forme d'éclair sur le front d'Harry. C'était généralement grâce à cela que les sorciers le reconnaissaient, et il faut dire que cette cicatrice légendaire ne passait pas inaperçue.
« Oui... » répondit-il quelques secondes après, « mais comment tu le sais ? »
« On était à l'école ensemble en primaire. Je sais que tu ne te souviens pas de moi, il faut dire que je faisais tout pour ne pas me faire remarquer... » Hannah baissa les yeux à ce moment là, et même si Harry n'était pas un bon psychologue, il sentit tout de suite qu'il n'était pas le seul à garder un souvenir amer et déplaisant de ses années passées à l'école primaire. Hannah releva les yeux et continua.
« Bref... Je me souviens bien de toi. Je me rappelle que ton cousin avait déjà commencé à jouer les caïds en primaire, et il agissait en vraie peste avec toi. Vu comme il a grandi, je suppose qu'il est toujours aussi désagréable. » En effet, Dudley n'avait pas changé, c'était toujours la même teigne, et il ne s'arrangerait certainement pas avec le temps. Il faut dire que Harry s'en sortait tout de même mieux avec lui qu'en primaire, puisque Dudley avait une peur bleue de se faire transformer en crapaud ou en cochon. Evidemment il ne pouvait pas répondre cela à Hannah.
« Oui c'est sûr, il ne se bonifie pas. Mais j'arrive à trouver certains arguments qui le dissuadent de venir me chercher... » répondit-il d'un air amusé.
« T'as bien raison... Mais si je me souviens bien, tu ne t'en tirais déjà pas trop mal à neuf ans... Je me rappelle qu'une fois Dudley et sa bande te couraient après, tu avais réussi à t'échapper et tu t'étais retrouvé sur le toit de l'école, comme par magie ! Comme je t'ai envié quand j'ai appris ça ! D'ailleurs je me suis toujours demandé comment tu y étais arrivé... » Venait-elle de dire qu'elle l'avait envié ? Il fallait qu'Harry se reprenne, sinon il allait s'évanouir. Une fille comme elle avait voulu être comme lui ? Ca paraissait impensable. En plus de ça, il allait falloir qu'il lui explique comment il s'était retrouvé sur le toit de l'école. Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir lui dire ? Bien sûr il ne pouvait pas lui dire ce qui s'était réellement passé, parce que les Moldus n'étaient pas vraiment habitués à entendre des mots comme « téléportation » ou « magie ». Il se rendait maintenant compte à quel point il s'était déconnecté du monde Moldu il devait peser ses mots à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Il faut aussi dire que la beauté troublante d'Hannah ne l'aidait pas du tout à se concentrer.
« Euh...J'ai euh... emprunté une porte qui...euh... m'a mené directement au toit. » Après avoir balbutié ces quelques mots, Harry se mit à redouter la réaction d'Hannah. Mais au lieu d'avoir l'air incrédule, celle ci hocha la tête en souriant.
« Oui, c'est ce que je pensais... En tout cas, tu avais bien réussi à les semer. » Il y eut un silence pendant quelques instants. Harry ne savait pas quoi lui dire, il avait peur de se remettre à bégayer ou de lui raconter des âneries, malgré tout il se lança :
« Tu habites où ? » lui demanda t-il après avoir repris ses esprits.
« A Townsend Road, c'est la rue qui passe juste devant le parc. Tu connais ? »
« Oui, j'y passe tous les soirs quand je vais me promener. » Il sentait que les mots commençaient à lui revenir petit à petit. Il arrivait même à en aligner plus de trois sans bégayer, ce qui le soulagea énormément. Après tout, Hannah n'avait rien de terrifiant. Elle était magnifique, mais aussi bizarrement soit-il, elle n'avait pas l'air d'être au courant. D'habitude, les filles très belles étaient hautaines et méprisantes, mais ce n'était pas son cas. Au contraire, Hannah ne semblait pas avoir une once de méchanceté en elle. Elle regarda Harry et lui dit timidement :
« Ecoute, je dois y aller, mais si ça te dérange pas trop ... euh ...peut être que je pourrais t'accompagner ce soir... Sauf si tu ne veux pas, je comprends tout à fait. » Ca y est, cette fois ci il allait vraiment s'évanouir. Ses jambes se mirent à trembler et il sentit une goutte de sueur lui couler dans le cou. « Allez reprend toi » pensa t-il. C'est ce qu'il fit et il lui répondit :
« Non, non... Ca me pose aucun problème mais euh... On se retrouve où ? »
« On peut se retrouver aux balançoires qui sont dans le parc. » répondit-elle.
« D'accord... C'est là que je vais la plupart du temps en plus. Huit heures, ça te va ? » Enfin ! Il semblait avoir recouvré intégralement l'usage de la parole.
« Oui, c'est parfait... A ce soir alors ! » Elle lui sourit une dernière fois, puis s'en alla. Trois minutes après, Harry se rendit compte qu'il était encore sur le seuil de la porte, à fixer le coin de rue où Hannah avait tourné...
Après avoir finalement trouvé la volonté de rentrer dans la maison, Harry monta dans sa chambre et s'assit sur son lit, perplexe. Il se demandait ce qui venait de lui arriver, et pour être sûr qu'il ne divaguait pas, il se remémora toute la scène mentalement. Au début, il était tranquillement en train de réfléchir dans le salon, puis il avait entendu quelqu'un sonner... Jusqu'ici, tout allait bien. Il était allé ouvrir la porte, et c'était à ce moment là que l'illumination s'était produite : Hannah. Ce qu'il n'arrivait pas à croire, c'était qu'elle lui avait demandé de l'accompagner... Peut être l'avait-il rêvé. La seule fois qu'il avait ressenti quelque chose de similaire, c'était lors de la Coupe de Monde de Quidditch lorsque les Veelas avaient fait leur entrée. Pourtant Hannah était une Moldu, elle ne l'avait donc pas ensorcelé... Harry était tellement perdu dans ses pensées qu'il ne remarqua presque pas le retour d'Hedwig. Il fut rappelé à la réalité par un violent coup de bec de la part de son hibou, qui, manifestement avait accompli un long voyage et réclamait à manger.
« Oui, je vais te donner à manger. » Il caressa affectueusement Hedwig, et détacha de sa patte la réponse que lui avait adressé Ron. Il lui donna à manger et lu la lettre :
Salut Harry,
Merci pour ta lettre, j'espère que tu ne t'ennuies pas trop avec ton
oncle, ta tante et ton abruti de cousin. Ici tout le monde va bien, comme
d'habitude... J'ai reçu une lettre d'Hermione, elle voulait être la
première à t'en parler, mais après tout, elle en saura rien ! Ses grands-
parents partent en voyage cet été et ils sont d'accords pour lui prêter
leur maison pendant deux ou trois jours. A priori c'est une grande
baraque perdue dans la campagne, donc on fera pas grand chose mais au
moins on sera ensemble... Si tout va bien, on partirait dans deux semaines.
Bien sûr, tu peux inviter une fille si tu veux... Pourquoi pas Cho ? Après
tout, vous êtes déjà sortis ensemble ! Bon, alors réfléchis, demande à
ton oncle et ta tante et envoie moi un hibou dès que tu sais, ok ?
Allez à plus tard,
Ron
P.S : Ne dis pas à Hermione que je te l'ai dit !
Harry ne put s'empêcher de pousser un cri de joie. C'était le jour des bonnes nouvelles ! Il allait passer trois jours de pur bonheur avec ses meilleurs amis. Il savait que oncle Vernon et tante Pétunia ne s'y opposeraient pas, car ils étaient prêts à tout pour pouvoir se débarrasser d'Harry. Cependant quelque chose le dérangeait... Qui pourrait-il emmener ? Ce qui était certain, c'était qu'il n'allait pas suivre le conseil de Ron. Inviter Cho à passer trois jours à la campagne ? Impossible... D'une part, elle ne lui parlait plus depuis six mois, et d'autre part, il n'avait aucune envie de la voir. Pour l'instant, le seul visage qu'il avait en tête était celui d'Hannah. Harry se mit à rêver il se vit arriver devant Ron et Hermione, avec Hannah lui tenant la main... « C'est beau de rêver... » pensa t-il. La voix d'Hannah résonnait dans sa tête. Instinctivement il ferma les yeux, comme pour isoler les images et les sons qui défilaient dans sa tête du reste du monde. Quelques instants plus tard, il savait qu'il ne rêvait plus, car à la douce voix d'Hannah s'étaient mêlés les grognements de Dudley.
« Pourquoi tu m'a pas acheté l'autre ? Il est moche celui-là ! De toute façon je le porterai pas... »
« Ecoute mon chéri, tu sais qu'il coûtait très cher l'autre... »
« J' m'en fous ! J'veux l'autre ! »
« D'accord, d'accord mon ange, demain on retourna à Londres et on ira l'acheter d'accord ? »
« Ouais... » Harry n'en revenait pas... Quel petit pourri gâté ! Mais comment aurait-il pu devenir autrement ? Oncle Vernon et tante Pétunia l'avaient toujours considéré comme la huitième merveille du monde. Harry y était tellement habitué qu'il avait fini par ne même plus s'en rendre compte. Sa tante et son cousin devraient retourner à Londres demain, et cela voulait dire qu'il allait encore avoir la maison pour lui tout seul. A ce moment là il se dit « Aujourd'hui, c'est ton jour de chance... » et il avait bien raison... Alors qu'il s'était replongé dans ses rêveries, il entendit la voix grinçante de sa tante :
« HARRY POTTER ! Descends tout de suite ! » hurla t-elle dans toute la maison. Harry émergea une nouvelle fois, sortit de sa chambre, et descendit les escaliers. Arrivé en bas, il vit sa tante, une expression de fureur sur son visage, et tenant entre ses mains le livre qu'avait rapporté Hannah.
« Comment est-il arrivé là ? J'espère pour toi que tu n'es pas allé répondre à la porte... Tu nous fais déjà assez honte comme ça ! » Tante Pétunia se redressa fièrement. Il faut dire qu'Harry était la seule personne de la maison sur laquelle elle pouvait exercer son autorité, et elle ne manquait jamais une occasion de lui crier dessus. Harry pensa qu'il valait mieux adopter un profil bas cette fois-ci, il ne voulait surtout pas être privé de sortie ce soir.
« Quelqu'un a frappé à la porte... Mais je n'y suis pas allé... Après, j'ai vu que la personne qui avait frappé avait glissé un livre par la boîte aux lettres, alors je l'ai ramassé et je l'ai mis sur la table... » répondit-il, maintenant la seule chose qu'il lui restait à faire était de prier pour que sa tante ne flaire pas le mensonge. Elle fronça les sourcils, dévisagea Harry puis se retourna vers Dudley :
« Il faut que tu arrêtes d'oublier ton livre Dudley, la pauvre Hannah ne fait que te le ramener depuis deux semaines... » Harry venait juste de remarquer l'expression de rage qui régnait le visage de son cousin. Mais pourquoi faisait-il cette tête ? Ca ne pouvait pas être à cause du reproche de sa mère, car si cela avait été le cas, il lui aurait répondu que ça ne la regardait pas, et qu'elle pouvait aller se faire cuire un œuf. Mais si ce n'était pas ça, qu'est ce que c'était ? Il fallut quelques secondes de plus à Harry pour comprendre la raison pour laquelle son cousin était furieux il faisait sûrement exprès de laisser son livre chez elle à chaque fois... Il savait qu'Hannah le lui ramènerait, et cela lui donnait des occasions de la voir... Par contre, il ne s'attendait à ce qu'elle lui ramène aujourd'hui, sinon il ne serait jamais allé à Londres. C'était pour ça qu'il était rouge de colère ! Dudley était sans aucun doute amoureux d'Hannah... Sans qu'il l'ait vu venir, Harry fut subitement saisi d'une envie folle de défigurer son cousin. « Cet abruti de Dudley pense qu'une fille comme elle s'intéresserait à lui ? Non mais il a fumé ses baskets ou quoi ? » Il fallait qu'Harry retienne ses pulsions ou sinon il allait se jeter sur Dudley...
« Bon, ne reste pas planté là comme un piquet, » lui dit sa tante, « remonte dans ta chambre. » « Bonne idée » pensa Harry. Une fois remonté dans sa chambre, il se demanda ce qui lui avait pris. Pourquoi s'était-il senti aussi mal à l'aise ? Certes, Hannah lui plaisait, mais il ne la connaissait même pas ! Comment pouvait-il être déjà amoureux d'elle ?
« Amoureux ? », ce mot sortit de la bouche d'Harry indépendamment de sa volonté, cela avait été plus fort que lui... Mais qu'est ce qu'il racontait ? Bien sûr qu'il n'était pas amoureux d'elle... Il fallait vraiment qu'il arrête d'agir comme un idiot, sinon Hannah ne lui proposerait plus jamais de l'accompagner...
Harry avait mis beaucoup de temps à se préparer ce soir là. Les seuls habits décents qu'il possédait étaient des robes de sorciers, et il était bien évident qu'il ne pouvait pas les porter dans le monde Moldu... Après trois quarts d'heure de réflexion, il opta pour un vieux jean large et délavé qui avait autrefois appartenu à Dudley, et un t-shirt noir. Il se regarda dans la glace, et pensa qu'il aurait pu faire bien pire. Après tout, c'était bien à la mode les pantalons larges, non ? Il partit de chez lui à huit heures moins le quart et profita du sentiment de paix ainsi que de la légère brise qui soufflait sur le quartier. Durant tout le trajet, il pensa à ce qu'il pourrait dire à Hannah. A un moment ou à un autre, elle allait forcément lui poser des questions sur sa vie, comme par exemple le lycée dans lequel il était, ce qu'il aimait faire, le genre de musique qu'il écoutait, le film qu'il avait préféré cette année... Le problème, c'était qu'il étudiait à Poudlard, que son passe-temps favori était le Quidditch, qu'il n'écoutait pas de musique, et que la dernière fois qu'il avait vu un film remontait à sept ans... Il imagina un instant la tête que ferait Hannah s'il lui disait ça... Soit elle appellerait l'asile de suite, soit elle le prendrait pour ce qu'il n'était pas, c'est à dire un garçon marrant qui invente des histoires pour faire rire les filles... Tout à coup l'idée de lui avouer tout ne lui semblait pas si déplaisante car il savait très bien comment il allait être ce soir timide, sérieux, et barbant... Il se rappelait encore de la fois où il était sorti avec Cho. Quel désastre cela avait été... S'il y avait quelque chose auquel il ne connaissait rien, c'était bien les filles. Qu'est ce qu'il n'aurait pas donné pour avoir de l'assurance... Lorsqu'il eut fini de fantasmer, Harry revint à ses moutons et finit par décider qu'il fallait à tout prix éviter qu'Hannah lui pose des questions. Le seul moyen d'y parvenir était donc de ne parler que d'elle... Voilà ce qu'il ferait il n'arrêterait pas de lui poser des questions. Avant même de s'en apercevoir, Harry se retrouva devant le parc. Il regarda sa montre, et vit qu'il avait cinq minutes d'avance. Il alla donc se poser sur les balançoires et se mit à attendre impatiemment l'arrivée d'Hannah. Quelques minutes plus tard, il entendit des voix de garçons qu'il ne connaissait que trop bien car il s'agissait de celles de Piers Polkiss et de Dudley Dursley, son cher cousin. Piers ne manquait jamais une occasion de le chercher... C'est pourquoi dès qu'il l'aperçut, il se dirigea vers Harry... Dudley suivit son ami mais d'un pas bien moins assuré. Piers avait une voix très haut perchée, mais personne ne lui faisait jamais remarquer car Dudley avait pris la mauvaise habitude de sauter sur tous ceux qui leur manquaient de respect.
« Qu'est ce que tu fais là toi ? Les minables comme toi ça devrait être au lit à cette heure-ci... »
« La ferme » lui répondit Harry « tu ferais mieux de rouler sept fois ta langue dans ta bouche avant de traiter quelqu'un de minable...surtout après t'être fait tabasser par un gamin de douze ans la semaine dernière. » Piers se retourna vers Dudley comme pour lui demander comment son cousin avait été au courant. « Et oui Piers, les nouvelles vont vite ici... Ca te change quand tes petits amis ne sont pas là pour assurer ta défense, hein ? » Lorsque Harry eut fini sa phrase, Piers ne savait plus quoi dire. Finalement, Dudley lui attrapa le bras et lui dit :
« Allez viens, on se barre... » Et c'est ce qu'ils firent...Harry les regarda s'en aller, un sourire de contentement aux lèvres. Au moment où ils sortirent du parc, quelqu'un d'autre y entra... Quelqu'un que Harry voulait vraiment voir... Hannah Lake. Elle portait une longue robe blanche et vaporeuse avec un gilet bleu. Ses cheveux étaient coiffés en un chignon savamment négligé, tandis que quelques mèches venaient balayer son visage si ravissant. Il sembla à Harry qu'Hannah flottait plus qu'elle ne marchait. Il lui fallut d'ailleurs un moment pour se rendre compte que ce n'était pas un ange qui s'approchait de lui. Lorsqu'elle arriva à son niveau, elle le salua, et ils entamèrent la discussion. Ils parlèrent du temps qu'il avait fait ce jour-là, et lorsqu'ils eurent fini de dire qu'il avait fait très beau, Harry décida de mettre son plan en pratique.
"Et sinon tu fais quoi comme études?"
"Je suis au Lycée Cromwell à Londres. C'est un lycée un peu spécial où on étudie surtout l'art et la littérature..." Harry ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. L'art? La littérature? Cela lui semblait tellement étranger... Les seuls livres qu'il lisait portaient sur le Quidditch, ou sur les créatures magiques. Hannah fit un sourire, et dit: "Je te rassure, c'est aussi barbant que ça en a l'air ! Et toi sinon... Ta tante m'a dit que tu étais à St Brutus. Ca se passe bien là bas?" Que venait-elle de dire? Qu'elle avait appris qu'il était à St Brutus? Le lycée pour délinquants, et malades mentaux? Ca ne pouvait pas être vrai... Si c'était vraiment ce que lui avait dit sa tante, elle n'aurait jamais voulu rencontrer Harry... Cependant, il lui semblait bien avoir entendu ça. Hannah vit l'état dans lequel elle venait de le mettre, et essaya de se rattraper:
"Pardon Harry... Je suis désolée, je ne savais pas que ça te mettrait dans un état pareil! Je m'excuse..."
"Non, ne t'excuse pas. T'as rien fait de mal... mais... euh... Comment ça se fait que tu aies voulu qu'on se retrouve si tu pensais que j'étais à St Brutus? Tu sais ce que c'est comme lycée?" Cette fois-ci, ce fut Hannah qui parut offensée. Elle fronça les sourcils et dit:
"Oui je sais ce que c'est... Si j'ai voulu te revoir, c'est parce que... tu... enfin... j'ai... j'en sais rien... Tu m'as paru sympa, c'est tout. Ca ne m'a jamais dérangé que tu sois à St Brutus... Mais si tu ne voulais pas me voir, tu aurais dû me le dire."
"Mais je voulais te voir! Je t'assure! Si je suis aussi bizarre, c'est parce que j'en reviens pas qu'une fille comme toi veuille connaître quelqu'un comme moi, c'est tout." Oulala... Il avait parlé plus vite qu'il n'avait réfléchi. Désormais elle savait qu'il la trouvait belle. Il était dans de beaux draps! Il fallait maintenant qu'il attende qu'elle lui dise quelque chose comme "tu n'es pas mon genre" ou "j'ai un copain" ou mieux encore qu'elle lui rit au nez.
"Pourquoi tu dis ça?" Harry n'avait pas prévu cette réaction. Il avait deux choix: soit lui dire clairement qu'elle lui plaisait, soit essayer de se rattraper... Il voulait se rattraper, mais il ne trouva rien à lui dire, alors il décida de lui dire la vérité.
" Parce que... Tu es mignonne...euh...jolie... très jolie... enfin belle, quoi! Et puis sympa, et intelligente. J'ai pas l'habitude de rencontrer des filles comme toi. Alors dès que tu me parles, je dis n'importe quoi, je te pose des questions débiles. Et j'arrive pas à comprendre comment tu fais pour vouloir passer du temps avec moi " En effet, pour dire la vérité, il avait dit la vérité! Lui chanter la sérénade sous la fenêtre avec un bouquet de roses aurait été moins clair comparé a ce qu'il venait de faire...
Hannah semblait perplexe. Apparemment elle ne s'attendait pas à une déclaration ce soir-là. Elle ne disait rien, et un silence gêné commença à s'installer. Harry ne savait pas quoi faire... Ils n'allaient pas rester plantés là toute la soirée à se regarder dans le blanc des yeux et à attendre que l'un des deux se mette à parler! Harry décida donc de rompre le silence:
"Ecoute, je comprend que tu ne saches pas quoi dire, mais je commence à me sentir un peu mal là... Donc même si c'est pour m'envoyer sur les roses, faudrait que tu me réponde quelque chose." Hannah secoua la tête et sourit.
"Pourquoi je t'enverrais sur les roses? Le truc, c'est que je ne savais pas que je te plaisais. Pour tout te dire, je ne me rends jamais compte quand quelqu'un s'intéresse à moi... Je suis un peu dans la lune pour ces choses là..." Hannah s'assit sur un banc et continua à parler:
"Mais comme je viens de te le dire, je ne vais pas « t'envoyer sur les roses » pour deux raisons: premièrement, je n'agis jamais comme ça avec qui que ce soit. Et deuxièmement, si je t'envoyais balader, ça voudrait dire que tu ne me plais pas... Et je n'aime pas bien mentir..." A ces mots, le cœur d'Harry se crispa. Il voulait courir dans tous les sens, hurler, dire au monde entier qu'Hannah Lake s'intéressait à lui. Mais bien sûr il ne pouvait pas, alors il fit de son mieux pour maîtriser ses pulsions. Lorsqu'il réussit à calmer le feu d'artifices qui avait explosé dans son estomac, il décida de s'assurer de ce qu'il avait entendu:
"C'est vrai?"
"Bien sûr que oui..."
"Alors...euh... On fait quoi?" Hannah éclata de rire.
"Quel romantisme Harry! Je ne sais pas ce qu'on fait... On vient de dire qu'on se plaisait, alors à toi d'inventer la suite... Je ne vais pas te l'écrire... Si tu veux qu'on continuent à parler, y'a aucun problème."
"Non!... Euh, enfin si...!" Harry s'arrêta un instant pour reprendre son souffle "Je suis désolé, je sais vraiment pas du tout comment parler aux filles. En plus, j'arrive toujours pas à croire que je te plais. Pour être franc, j'ai envie de t'embrasser depuis une heure, mais j'ai une peur bleue de me faire jeter..." Le cœur de Harry battait la chamade. Il ne savait pas combien de temps il allait pouvoir rester debout, et Hannah le voyait. Pour le rassurer, elle s'approcha de lui et lui prit les mains. Ce qui était sûr, c'était que cela n'avait pas produit l'effet recherché par Hannah... Si c'était possible, le cœur d'Harry battait encore plus vite. Il avait une envie folle de l'embrasser mais ses membres s'étaient tétanisés, il ne pouvait plus bouger. Son regard s'était fixé sur les mains d'Hannah qui caressaient les siennes. Elle avait fait le premier pas, c'était maintenant à lui de suivre. Sans même réfléchir, il posa ses mains sur les hanches d'Hannah, puis il rapprocha lentement son visage du sien... Quelques secondes plus tard, les lèvres d'Harry s'étaient posées là où il les avait imaginé toute la journée. Ce baiser ne ressemblait à aucun de ceux qu'il avait eu. Il n'avait rien de mécanique, rien de superficiel. Les deux bouches étaient devenues une seule et même chose. Harry s'oubliait totalement, il n'avait plus la notion du temps ou de l'espace. Il était dans une sorte de bulle totalement hermétique aux influences extérieures. Mais tout à coup, la cicatrice qu'il avait sur son front se mit à le brûler de telle façon qu'il crut pendant un instant que sa tête avait pris feu. Il avait déjà eu cette sensation, mais cette fois ci c'était différent... Contrairement aux autres fois, il avait une sorte de certitude étrange; quelque chose lui disait que la douleur ne dépendait que de lui, il pouvait faire en sorte que cela s'arrête seulement s'il le voulait réellement. Harry s'efforça alors de chasser cette douleur, il se mit à chercher une pensée qui pourrait la faire disparaître. Mais il ne savait pas ce qu'il devait faire, à quoi devait-il penser, a quoi devait-il s'accrocher? La seule chose qu'il savait c'était qu'il voulait que ce baiser ne s'arête jamais, il voulait qu'Hannah reste toujours auprès de lui. Dès qu'il prit conscience de cela, Harry se mit à serrer Hannah très fort, comme s'il voulait la faire rentrer dans son propre corps, comme s'il voulait qu'elle et lui ne soient plus qu'un. Tout d'un coup la douleur disparut... Etait ce parce qu'il avait pensé à Hannah ? Il n'en savait rien. L'important c'était que sa cicatrice ne lui faisait plus mal, et qu'il était toujours en train d'embrasser Hannah. Lorsque le baiser prit fin, une discussion simple et gaie s'installa entre eux. Ils s'assirent sur le banc, main dans la main et entamèrent la conversation. Elle lui parla de ses études, des films qu'elle avait aimés, et même si Harry n'y connaissait rien, il trouvait qu'Hannah rendait tout cela particulièrement intéressant. Au bout d'un quart d'heure, il se rendit compte qu'il ne lui avait toujours pas dit à propos de ses études à lui.
« Tu sais, Hannah... Tout à l'heure, j'ai un peu oublié de te dire qu'en réalité je ne vais pas à St Brutus. Ma tante t'as dit n'importe quoi... »
« Mais pourquoi elle m'a dit ça ? Je comprend pas. »
« Parce qu'elle veut se convaincre que je suis un malade, et en disant ça, elle veut surtout cacher à tout le monde là où je vais réellement. » Les derniers mots sortirent de sa bouche avant même qu'il ne s'en rende compte. Hannah lui lança un regard hésitant.
« Et...euh... tu vas où alors ...? Sauf si t'as pas envie de me le dire, je comprend. » Il y eut un moment où Harry s'était âpreté à lui parler de Poudlard, et du fait qu'il était un sorcier. Cependant, quelques secondes plus tard, il se reprit en pensant au choc que cela pourrait faire à Hannah, et décida de lui en parler lorsqu'il la connaîtrait mieux. Il ne voulait pas lui mentir, mais il préférait ne pas tout lui avouer de peur de l'effrayer.
« En fait, c'est un lycée très particulier... mais c'est pas un centre pour délinquants je te rassure... ! Je voudrais t'en dire plus, mais c'est très compliqué à expliquer. Je préfère attendre. Tu ne m'en veux pas trop ? » Hannah avait l'air légèrement décontenancée par les propos d'Harry, et ce dernier s'attendait au pire. Cependant, Hannah serra les mains d'Harry encore plus fort.
« Non, bien sûr que je ne t'en veux pas. Mais j'espère que tu ne feras pas planer le mystère trop longtemps... Je n'arrive toujours pas à croire que ta tante ait pu dire ça... Je me doutais bien que ton oncle et ta tante étaient un peu particuliers, comme tout le monde dans ce quartier d'ailleurs, mais je n'aurais jamais imaginé qu'ils puissent aller aussi loin. »
« Oh mais t'en sais pas la moitié ! » Harry se mit alors à lui raconter toutes les horreurs que lui avait infligé les Dursleys. Tout à coup, la discussion devint beaucoup plus animée. Hannah l'écoutait très attentivement; elle riait, poussait des soupirs, et couvrait sa bouche dès qu'elle entendait quelque chose qui la choquait. Les seules personnes qui écoutaient aussi attentivement Harry étaient Ron et Hermione, la différence c'était que ni Ron ni Hermione ne lui faisaient le même effet qu'Hannah.
« Comment ça se fait que tu aies été élevé par ton oncle et ta tante ? » Hannah semblait réticente à poser cette question.
« Mes parents sont morts quand j'étais petit, alors mon oncle et ma tante ont été forcés de me prendre. » Il savait très bien qu'Hannah ne demanderait jamais de quoi ses parents étaient morts, et il s'en voulait de lui cacher, mais il était trop tôt pour qu'elle sache.
« Je suis désolée pour tes parents. Ca doit être dur... Moi, j'ai aussi été adoptée. Mais j'ai eu plus de chance que toi. Mes parents sont adorables, et très ouverts. Ils me laissent beaucoup de libertés, et me font vraiment confiance... Mais, parfois je me demande comment étaient mes parents biologiques, si c'étaient des gens bien, ce qu'ils aimaient... » Hannah baissa les yeux, il était évident que cela la rendait triste de parler de ça «... je me demande surtout ce qu'aurait été ma vie s'ils ne m'avaient pas abandonné... » Hannah venait de résumer en dix mots toutes les questions que s'était posé Harry depuis qu'il avait été adopté par les Dursleys. Savoir qu'il avait traversé les mêmes choses qu'elle, lui donna l'impression de mieux la connaître, de mieux la comprendre. Cependant, il ne savait pas quoi lui dire. Qu'y a-t-il à répondre dans des situations comme ça ? Il se demanda si son incapacité à répondre ne venait pas d'un besoin de silence partagé plutôt que de son incompétence à réconforter les gens. Au lieu de balbutier des inepties, Harry prit Hannah dans ses bras et sentit ses larmes silencieuses couler le long de son cou.
Jusqu'à présent Harry Potter avait passé un été comme les autres... Son oncle Vernon et sa tante Pétunia étaient venus le chercher à la gare de King's Cross. Ils lui avaient réservé un accueil détestable comme chaque année, mais Harry était trop triste pour y prêter beaucoup d'attention. Il venait de passer une année à l'école de magie de Poudlard, et il devait dire au revoir à ses amis, tout en ignorant les regards de mépris que lui lançait la seule famille qui lui restait. Il souhaita donc à Ron et à Hermione de passer de bonnes vacances, puis il s'en alla d'un air désespéré avec son oncle et sa tante. Cela faisait maintenant quelques semaines qu'il était rentré et il se demandait comment il allait faire pour survivre jusqu'à la prochaine rentrée scolaire. Il passait donc son temps à envoyer des hiboux à ses amis et à polir son balai ainsi que sa baguette magique. Ron et Hermione lui manquaient vraiment... Trois semaines auparavant il aurait tout fait pour ne pas avoir à écouter les discours réprobateurs d'Hermione, alors que maintenant il aurait bien vidé tout le contenu de son coffre à Gringotts pour y avoir droit... Enfin... Il savait qu'il ne devait pas trop s'en faire puisque d'ici quelques semaines il aurait la chance de retourner à Poudlard et d'y passer sa septième et dernière année. Il fallait juste qu'il arrive à s'occuper d'ici là, et plus il y pensait, plus il se disait que ce n'était pas la mer à boire. Son oncle et sa tante le méprisaient toujours autant, mais ils avaient abandonné l'idée de l'insulter et de le dénigrer, maintenant leur dédain se traduisait par une absence totale de communication... Ce qui arrangeait d'ailleurs beaucoup Harry. En plus de ça, aujourd'hui oncle Vernon était parti travailler tandis que tante Pétunia et Dudley étaient allés faire des courses. Harry avait donc la maison pour lui tout seul, il fallait qu'il savoure ce moment de paix. Mais que pourrait-il bien faire pour se distraire ? Certes il faisait un temps radieux et il aurait pu aller faire un tour dans le quartier, mais il réservait sa ballade quotidienne pour les soirs car c'était à ce moment là qu'il se sentait le plus à l'aise. A cette heure là les voisins regardaient la télé et ne pensaient plus à espionner les passants dans la rue. Lorsque Harry revint à se demander comment il allait passer son après midi, quelqu'un sonna à la porte. Il fut quelque peu perplexe car il avait rarement l'occasion de voir passer des gens chez les Dursleys. Bien que persuadé que son oncle et sa tante ne l'auraient jamais autorisé à ouvrir la porte à qui que ce soit, il y alla quand même. Une jeune fille attendait sur le seuil de la porte. Son sourire candide et radieux fut la première chose que Harry remarqua, cependant il vit rapidement que son sourire était loin d'être le seul élément qui faisait d'elle la fille la plus jolie qu'il avait jamais vu. Ses cheveux châtains et légèrement ondulés retombaient élégamment sur ses épaules tandis que ses yeux verts illuminaient son regard ainsi que celui d'Harry. Elle avait l'air d'avoir le même âge que lui, c'est à dire aux alentours de dix sept ans. Il fallut un instant à Harry pour retrouver ses esprits et il finit tout de même par lui adresser la parole.
« Euh...bonjour... » fut la seule chose qu'il arriva à articuler.
« Salut, excuse moi de te déranger. Je m'appelle Hannah Lake, je donne des cours de math à Dudley. Il est par là ? »
« Euh...non... » Il n'arrivait pas à se concentrer et à articuler une phrase cohérente. Les yeux verts d'Hannah le troublaient tellement que tous ses sens semblaient être bloqués sur ce regard hypnotisant. Ils ne semblaient pas arriver à s'en détacher. Bizarrement, elle ne paraissait pas s'en rendre compte, elle devait sûrement être habituée à ce que les garçons la regardent.
« Ah, ben en fait il a oublié son livre chez moi hier après midi » elle lui tendit alors le livre, et il s'empressa de le saisir. Cependant, lorsque ses mains se posèrent sur la couverture, il effleura accidentellement les doigts d'Hannah. Cela suffit à le rendre rouge de honte. Cette fois ci, elle s'en rendit compte et lui esquissa un sourire amical. « Mais qu'est ce qui m'arrive ... !? » pensa t-il. « Arrête de faire l'idiot, bon sang ! » Hannah le regardait maintenant de façon plus insistante, elle semblait vouloir lui dire quelque chose mais il parut à Harry qu'elle aussi s'était mise à rougir.
« Tu es Harry Potter, n'est-ce pas ? » Il n'en revenait pas... Comment pouvait-elle le reconnaître ? Ils ne s'étaient jamais vus auparavant, et de toute évidence elle n'était pas une sorcière puisqu'elle ne semblait pas avoir remarqué la cicatrice en forme d'éclair sur le front d'Harry. C'était généralement grâce à cela que les sorciers le reconnaissaient, et il faut dire que cette cicatrice légendaire ne passait pas inaperçue.
« Oui... » répondit-il quelques secondes après, « mais comment tu le sais ? »
« On était à l'école ensemble en primaire. Je sais que tu ne te souviens pas de moi, il faut dire que je faisais tout pour ne pas me faire remarquer... » Hannah baissa les yeux à ce moment là, et même si Harry n'était pas un bon psychologue, il sentit tout de suite qu'il n'était pas le seul à garder un souvenir amer et déplaisant de ses années passées à l'école primaire. Hannah releva les yeux et continua.
« Bref... Je me souviens bien de toi. Je me rappelle que ton cousin avait déjà commencé à jouer les caïds en primaire, et il agissait en vraie peste avec toi. Vu comme il a grandi, je suppose qu'il est toujours aussi désagréable. » En effet, Dudley n'avait pas changé, c'était toujours la même teigne, et il ne s'arrangerait certainement pas avec le temps. Il faut dire que Harry s'en sortait tout de même mieux avec lui qu'en primaire, puisque Dudley avait une peur bleue de se faire transformer en crapaud ou en cochon. Evidemment il ne pouvait pas répondre cela à Hannah.
« Oui c'est sûr, il ne se bonifie pas. Mais j'arrive à trouver certains arguments qui le dissuadent de venir me chercher... » répondit-il d'un air amusé.
« T'as bien raison... Mais si je me souviens bien, tu ne t'en tirais déjà pas trop mal à neuf ans... Je me rappelle qu'une fois Dudley et sa bande te couraient après, tu avais réussi à t'échapper et tu t'étais retrouvé sur le toit de l'école, comme par magie ! Comme je t'ai envié quand j'ai appris ça ! D'ailleurs je me suis toujours demandé comment tu y étais arrivé... » Venait-elle de dire qu'elle l'avait envié ? Il fallait qu'Harry se reprenne, sinon il allait s'évanouir. Une fille comme elle avait voulu être comme lui ? Ca paraissait impensable. En plus de ça, il allait falloir qu'il lui explique comment il s'était retrouvé sur le toit de l'école. Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir lui dire ? Bien sûr il ne pouvait pas lui dire ce qui s'était réellement passé, parce que les Moldus n'étaient pas vraiment habitués à entendre des mots comme « téléportation » ou « magie ». Il se rendait maintenant compte à quel point il s'était déconnecté du monde Moldu il devait peser ses mots à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Il faut aussi dire que la beauté troublante d'Hannah ne l'aidait pas du tout à se concentrer.
« Euh...J'ai euh... emprunté une porte qui...euh... m'a mené directement au toit. » Après avoir balbutié ces quelques mots, Harry se mit à redouter la réaction d'Hannah. Mais au lieu d'avoir l'air incrédule, celle ci hocha la tête en souriant.
« Oui, c'est ce que je pensais... En tout cas, tu avais bien réussi à les semer. » Il y eut un silence pendant quelques instants. Harry ne savait pas quoi lui dire, il avait peur de se remettre à bégayer ou de lui raconter des âneries, malgré tout il se lança :
« Tu habites où ? » lui demanda t-il après avoir repris ses esprits.
« A Townsend Road, c'est la rue qui passe juste devant le parc. Tu connais ? »
« Oui, j'y passe tous les soirs quand je vais me promener. » Il sentait que les mots commençaient à lui revenir petit à petit. Il arrivait même à en aligner plus de trois sans bégayer, ce qui le soulagea énormément. Après tout, Hannah n'avait rien de terrifiant. Elle était magnifique, mais aussi bizarrement soit-il, elle n'avait pas l'air d'être au courant. D'habitude, les filles très belles étaient hautaines et méprisantes, mais ce n'était pas son cas. Au contraire, Hannah ne semblait pas avoir une once de méchanceté en elle. Elle regarda Harry et lui dit timidement :
« Ecoute, je dois y aller, mais si ça te dérange pas trop ... euh ...peut être que je pourrais t'accompagner ce soir... Sauf si tu ne veux pas, je comprends tout à fait. » Ca y est, cette fois ci il allait vraiment s'évanouir. Ses jambes se mirent à trembler et il sentit une goutte de sueur lui couler dans le cou. « Allez reprend toi » pensa t-il. C'est ce qu'il fit et il lui répondit :
« Non, non... Ca me pose aucun problème mais euh... On se retrouve où ? »
« On peut se retrouver aux balançoires qui sont dans le parc. » répondit-elle.
« D'accord... C'est là que je vais la plupart du temps en plus. Huit heures, ça te va ? » Enfin ! Il semblait avoir recouvré intégralement l'usage de la parole.
« Oui, c'est parfait... A ce soir alors ! » Elle lui sourit une dernière fois, puis s'en alla. Trois minutes après, Harry se rendit compte qu'il était encore sur le seuil de la porte, à fixer le coin de rue où Hannah avait tourné...
Après avoir finalement trouvé la volonté de rentrer dans la maison, Harry monta dans sa chambre et s'assit sur son lit, perplexe. Il se demandait ce qui venait de lui arriver, et pour être sûr qu'il ne divaguait pas, il se remémora toute la scène mentalement. Au début, il était tranquillement en train de réfléchir dans le salon, puis il avait entendu quelqu'un sonner... Jusqu'ici, tout allait bien. Il était allé ouvrir la porte, et c'était à ce moment là que l'illumination s'était produite : Hannah. Ce qu'il n'arrivait pas à croire, c'était qu'elle lui avait demandé de l'accompagner... Peut être l'avait-il rêvé. La seule fois qu'il avait ressenti quelque chose de similaire, c'était lors de la Coupe de Monde de Quidditch lorsque les Veelas avaient fait leur entrée. Pourtant Hannah était une Moldu, elle ne l'avait donc pas ensorcelé... Harry était tellement perdu dans ses pensées qu'il ne remarqua presque pas le retour d'Hedwig. Il fut rappelé à la réalité par un violent coup de bec de la part de son hibou, qui, manifestement avait accompli un long voyage et réclamait à manger.
« Oui, je vais te donner à manger. » Il caressa affectueusement Hedwig, et détacha de sa patte la réponse que lui avait adressé Ron. Il lui donna à manger et lu la lettre :
Salut Harry,
Merci pour ta lettre, j'espère que tu ne t'ennuies pas trop avec ton
oncle, ta tante et ton abruti de cousin. Ici tout le monde va bien, comme
d'habitude... J'ai reçu une lettre d'Hermione, elle voulait être la
première à t'en parler, mais après tout, elle en saura rien ! Ses grands-
parents partent en voyage cet été et ils sont d'accords pour lui prêter
leur maison pendant deux ou trois jours. A priori c'est une grande
baraque perdue dans la campagne, donc on fera pas grand chose mais au
moins on sera ensemble... Si tout va bien, on partirait dans deux semaines.
Bien sûr, tu peux inviter une fille si tu veux... Pourquoi pas Cho ? Après
tout, vous êtes déjà sortis ensemble ! Bon, alors réfléchis, demande à
ton oncle et ta tante et envoie moi un hibou dès que tu sais, ok ?
Allez à plus tard,
Ron
P.S : Ne dis pas à Hermione que je te l'ai dit !
Harry ne put s'empêcher de pousser un cri de joie. C'était le jour des bonnes nouvelles ! Il allait passer trois jours de pur bonheur avec ses meilleurs amis. Il savait que oncle Vernon et tante Pétunia ne s'y opposeraient pas, car ils étaient prêts à tout pour pouvoir se débarrasser d'Harry. Cependant quelque chose le dérangeait... Qui pourrait-il emmener ? Ce qui était certain, c'était qu'il n'allait pas suivre le conseil de Ron. Inviter Cho à passer trois jours à la campagne ? Impossible... D'une part, elle ne lui parlait plus depuis six mois, et d'autre part, il n'avait aucune envie de la voir. Pour l'instant, le seul visage qu'il avait en tête était celui d'Hannah. Harry se mit à rêver il se vit arriver devant Ron et Hermione, avec Hannah lui tenant la main... « C'est beau de rêver... » pensa t-il. La voix d'Hannah résonnait dans sa tête. Instinctivement il ferma les yeux, comme pour isoler les images et les sons qui défilaient dans sa tête du reste du monde. Quelques instants plus tard, il savait qu'il ne rêvait plus, car à la douce voix d'Hannah s'étaient mêlés les grognements de Dudley.
« Pourquoi tu m'a pas acheté l'autre ? Il est moche celui-là ! De toute façon je le porterai pas... »
« Ecoute mon chéri, tu sais qu'il coûtait très cher l'autre... »
« J' m'en fous ! J'veux l'autre ! »
« D'accord, d'accord mon ange, demain on retourna à Londres et on ira l'acheter d'accord ? »
« Ouais... » Harry n'en revenait pas... Quel petit pourri gâté ! Mais comment aurait-il pu devenir autrement ? Oncle Vernon et tante Pétunia l'avaient toujours considéré comme la huitième merveille du monde. Harry y était tellement habitué qu'il avait fini par ne même plus s'en rendre compte. Sa tante et son cousin devraient retourner à Londres demain, et cela voulait dire qu'il allait encore avoir la maison pour lui tout seul. A ce moment là il se dit « Aujourd'hui, c'est ton jour de chance... » et il avait bien raison... Alors qu'il s'était replongé dans ses rêveries, il entendit la voix grinçante de sa tante :
« HARRY POTTER ! Descends tout de suite ! » hurla t-elle dans toute la maison. Harry émergea une nouvelle fois, sortit de sa chambre, et descendit les escaliers. Arrivé en bas, il vit sa tante, une expression de fureur sur son visage, et tenant entre ses mains le livre qu'avait rapporté Hannah.
« Comment est-il arrivé là ? J'espère pour toi que tu n'es pas allé répondre à la porte... Tu nous fais déjà assez honte comme ça ! » Tante Pétunia se redressa fièrement. Il faut dire qu'Harry était la seule personne de la maison sur laquelle elle pouvait exercer son autorité, et elle ne manquait jamais une occasion de lui crier dessus. Harry pensa qu'il valait mieux adopter un profil bas cette fois-ci, il ne voulait surtout pas être privé de sortie ce soir.
« Quelqu'un a frappé à la porte... Mais je n'y suis pas allé... Après, j'ai vu que la personne qui avait frappé avait glissé un livre par la boîte aux lettres, alors je l'ai ramassé et je l'ai mis sur la table... » répondit-il, maintenant la seule chose qu'il lui restait à faire était de prier pour que sa tante ne flaire pas le mensonge. Elle fronça les sourcils, dévisagea Harry puis se retourna vers Dudley :
« Il faut que tu arrêtes d'oublier ton livre Dudley, la pauvre Hannah ne fait que te le ramener depuis deux semaines... » Harry venait juste de remarquer l'expression de rage qui régnait le visage de son cousin. Mais pourquoi faisait-il cette tête ? Ca ne pouvait pas être à cause du reproche de sa mère, car si cela avait été le cas, il lui aurait répondu que ça ne la regardait pas, et qu'elle pouvait aller se faire cuire un œuf. Mais si ce n'était pas ça, qu'est ce que c'était ? Il fallut quelques secondes de plus à Harry pour comprendre la raison pour laquelle son cousin était furieux il faisait sûrement exprès de laisser son livre chez elle à chaque fois... Il savait qu'Hannah le lui ramènerait, et cela lui donnait des occasions de la voir... Par contre, il ne s'attendait à ce qu'elle lui ramène aujourd'hui, sinon il ne serait jamais allé à Londres. C'était pour ça qu'il était rouge de colère ! Dudley était sans aucun doute amoureux d'Hannah... Sans qu'il l'ait vu venir, Harry fut subitement saisi d'une envie folle de défigurer son cousin. « Cet abruti de Dudley pense qu'une fille comme elle s'intéresserait à lui ? Non mais il a fumé ses baskets ou quoi ? » Il fallait qu'Harry retienne ses pulsions ou sinon il allait se jeter sur Dudley...
« Bon, ne reste pas planté là comme un piquet, » lui dit sa tante, « remonte dans ta chambre. » « Bonne idée » pensa Harry. Une fois remonté dans sa chambre, il se demanda ce qui lui avait pris. Pourquoi s'était-il senti aussi mal à l'aise ? Certes, Hannah lui plaisait, mais il ne la connaissait même pas ! Comment pouvait-il être déjà amoureux d'elle ?
« Amoureux ? », ce mot sortit de la bouche d'Harry indépendamment de sa volonté, cela avait été plus fort que lui... Mais qu'est ce qu'il racontait ? Bien sûr qu'il n'était pas amoureux d'elle... Il fallait vraiment qu'il arrête d'agir comme un idiot, sinon Hannah ne lui proposerait plus jamais de l'accompagner...
Harry avait mis beaucoup de temps à se préparer ce soir là. Les seuls habits décents qu'il possédait étaient des robes de sorciers, et il était bien évident qu'il ne pouvait pas les porter dans le monde Moldu... Après trois quarts d'heure de réflexion, il opta pour un vieux jean large et délavé qui avait autrefois appartenu à Dudley, et un t-shirt noir. Il se regarda dans la glace, et pensa qu'il aurait pu faire bien pire. Après tout, c'était bien à la mode les pantalons larges, non ? Il partit de chez lui à huit heures moins le quart et profita du sentiment de paix ainsi que de la légère brise qui soufflait sur le quartier. Durant tout le trajet, il pensa à ce qu'il pourrait dire à Hannah. A un moment ou à un autre, elle allait forcément lui poser des questions sur sa vie, comme par exemple le lycée dans lequel il était, ce qu'il aimait faire, le genre de musique qu'il écoutait, le film qu'il avait préféré cette année... Le problème, c'était qu'il étudiait à Poudlard, que son passe-temps favori était le Quidditch, qu'il n'écoutait pas de musique, et que la dernière fois qu'il avait vu un film remontait à sept ans... Il imagina un instant la tête que ferait Hannah s'il lui disait ça... Soit elle appellerait l'asile de suite, soit elle le prendrait pour ce qu'il n'était pas, c'est à dire un garçon marrant qui invente des histoires pour faire rire les filles... Tout à coup l'idée de lui avouer tout ne lui semblait pas si déplaisante car il savait très bien comment il allait être ce soir timide, sérieux, et barbant... Il se rappelait encore de la fois où il était sorti avec Cho. Quel désastre cela avait été... S'il y avait quelque chose auquel il ne connaissait rien, c'était bien les filles. Qu'est ce qu'il n'aurait pas donné pour avoir de l'assurance... Lorsqu'il eut fini de fantasmer, Harry revint à ses moutons et finit par décider qu'il fallait à tout prix éviter qu'Hannah lui pose des questions. Le seul moyen d'y parvenir était donc de ne parler que d'elle... Voilà ce qu'il ferait il n'arrêterait pas de lui poser des questions. Avant même de s'en apercevoir, Harry se retrouva devant le parc. Il regarda sa montre, et vit qu'il avait cinq minutes d'avance. Il alla donc se poser sur les balançoires et se mit à attendre impatiemment l'arrivée d'Hannah. Quelques minutes plus tard, il entendit des voix de garçons qu'il ne connaissait que trop bien car il s'agissait de celles de Piers Polkiss et de Dudley Dursley, son cher cousin. Piers ne manquait jamais une occasion de le chercher... C'est pourquoi dès qu'il l'aperçut, il se dirigea vers Harry... Dudley suivit son ami mais d'un pas bien moins assuré. Piers avait une voix très haut perchée, mais personne ne lui faisait jamais remarquer car Dudley avait pris la mauvaise habitude de sauter sur tous ceux qui leur manquaient de respect.
« Qu'est ce que tu fais là toi ? Les minables comme toi ça devrait être au lit à cette heure-ci... »
« La ferme » lui répondit Harry « tu ferais mieux de rouler sept fois ta langue dans ta bouche avant de traiter quelqu'un de minable...surtout après t'être fait tabasser par un gamin de douze ans la semaine dernière. » Piers se retourna vers Dudley comme pour lui demander comment son cousin avait été au courant. « Et oui Piers, les nouvelles vont vite ici... Ca te change quand tes petits amis ne sont pas là pour assurer ta défense, hein ? » Lorsque Harry eut fini sa phrase, Piers ne savait plus quoi dire. Finalement, Dudley lui attrapa le bras et lui dit :
« Allez viens, on se barre... » Et c'est ce qu'ils firent...Harry les regarda s'en aller, un sourire de contentement aux lèvres. Au moment où ils sortirent du parc, quelqu'un d'autre y entra... Quelqu'un que Harry voulait vraiment voir... Hannah Lake. Elle portait une longue robe blanche et vaporeuse avec un gilet bleu. Ses cheveux étaient coiffés en un chignon savamment négligé, tandis que quelques mèches venaient balayer son visage si ravissant. Il sembla à Harry qu'Hannah flottait plus qu'elle ne marchait. Il lui fallut d'ailleurs un moment pour se rendre compte que ce n'était pas un ange qui s'approchait de lui. Lorsqu'elle arriva à son niveau, elle le salua, et ils entamèrent la discussion. Ils parlèrent du temps qu'il avait fait ce jour-là, et lorsqu'ils eurent fini de dire qu'il avait fait très beau, Harry décida de mettre son plan en pratique.
"Et sinon tu fais quoi comme études?"
"Je suis au Lycée Cromwell à Londres. C'est un lycée un peu spécial où on étudie surtout l'art et la littérature..." Harry ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. L'art? La littérature? Cela lui semblait tellement étranger... Les seuls livres qu'il lisait portaient sur le Quidditch, ou sur les créatures magiques. Hannah fit un sourire, et dit: "Je te rassure, c'est aussi barbant que ça en a l'air ! Et toi sinon... Ta tante m'a dit que tu étais à St Brutus. Ca se passe bien là bas?" Que venait-elle de dire? Qu'elle avait appris qu'il était à St Brutus? Le lycée pour délinquants, et malades mentaux? Ca ne pouvait pas être vrai... Si c'était vraiment ce que lui avait dit sa tante, elle n'aurait jamais voulu rencontrer Harry... Cependant, il lui semblait bien avoir entendu ça. Hannah vit l'état dans lequel elle venait de le mettre, et essaya de se rattraper:
"Pardon Harry... Je suis désolée, je ne savais pas que ça te mettrait dans un état pareil! Je m'excuse..."
"Non, ne t'excuse pas. T'as rien fait de mal... mais... euh... Comment ça se fait que tu aies voulu qu'on se retrouve si tu pensais que j'étais à St Brutus? Tu sais ce que c'est comme lycée?" Cette fois-ci, ce fut Hannah qui parut offensée. Elle fronça les sourcils et dit:
"Oui je sais ce que c'est... Si j'ai voulu te revoir, c'est parce que... tu... enfin... j'ai... j'en sais rien... Tu m'as paru sympa, c'est tout. Ca ne m'a jamais dérangé que tu sois à St Brutus... Mais si tu ne voulais pas me voir, tu aurais dû me le dire."
"Mais je voulais te voir! Je t'assure! Si je suis aussi bizarre, c'est parce que j'en reviens pas qu'une fille comme toi veuille connaître quelqu'un comme moi, c'est tout." Oulala... Il avait parlé plus vite qu'il n'avait réfléchi. Désormais elle savait qu'il la trouvait belle. Il était dans de beaux draps! Il fallait maintenant qu'il attende qu'elle lui dise quelque chose comme "tu n'es pas mon genre" ou "j'ai un copain" ou mieux encore qu'elle lui rit au nez.
"Pourquoi tu dis ça?" Harry n'avait pas prévu cette réaction. Il avait deux choix: soit lui dire clairement qu'elle lui plaisait, soit essayer de se rattraper... Il voulait se rattraper, mais il ne trouva rien à lui dire, alors il décida de lui dire la vérité.
" Parce que... Tu es mignonne...euh...jolie... très jolie... enfin belle, quoi! Et puis sympa, et intelligente. J'ai pas l'habitude de rencontrer des filles comme toi. Alors dès que tu me parles, je dis n'importe quoi, je te pose des questions débiles. Et j'arrive pas à comprendre comment tu fais pour vouloir passer du temps avec moi " En effet, pour dire la vérité, il avait dit la vérité! Lui chanter la sérénade sous la fenêtre avec un bouquet de roses aurait été moins clair comparé a ce qu'il venait de faire...
Hannah semblait perplexe. Apparemment elle ne s'attendait pas à une déclaration ce soir-là. Elle ne disait rien, et un silence gêné commença à s'installer. Harry ne savait pas quoi faire... Ils n'allaient pas rester plantés là toute la soirée à se regarder dans le blanc des yeux et à attendre que l'un des deux se mette à parler! Harry décida donc de rompre le silence:
"Ecoute, je comprend que tu ne saches pas quoi dire, mais je commence à me sentir un peu mal là... Donc même si c'est pour m'envoyer sur les roses, faudrait que tu me réponde quelque chose." Hannah secoua la tête et sourit.
"Pourquoi je t'enverrais sur les roses? Le truc, c'est que je ne savais pas que je te plaisais. Pour tout te dire, je ne me rends jamais compte quand quelqu'un s'intéresse à moi... Je suis un peu dans la lune pour ces choses là..." Hannah s'assit sur un banc et continua à parler:
"Mais comme je viens de te le dire, je ne vais pas « t'envoyer sur les roses » pour deux raisons: premièrement, je n'agis jamais comme ça avec qui que ce soit. Et deuxièmement, si je t'envoyais balader, ça voudrait dire que tu ne me plais pas... Et je n'aime pas bien mentir..." A ces mots, le cœur d'Harry se crispa. Il voulait courir dans tous les sens, hurler, dire au monde entier qu'Hannah Lake s'intéressait à lui. Mais bien sûr il ne pouvait pas, alors il fit de son mieux pour maîtriser ses pulsions. Lorsqu'il réussit à calmer le feu d'artifices qui avait explosé dans son estomac, il décida de s'assurer de ce qu'il avait entendu:
"C'est vrai?"
"Bien sûr que oui..."
"Alors...euh... On fait quoi?" Hannah éclata de rire.
"Quel romantisme Harry! Je ne sais pas ce qu'on fait... On vient de dire qu'on se plaisait, alors à toi d'inventer la suite... Je ne vais pas te l'écrire... Si tu veux qu'on continuent à parler, y'a aucun problème."
"Non!... Euh, enfin si...!" Harry s'arrêta un instant pour reprendre son souffle "Je suis désolé, je sais vraiment pas du tout comment parler aux filles. En plus, j'arrive toujours pas à croire que je te plais. Pour être franc, j'ai envie de t'embrasser depuis une heure, mais j'ai une peur bleue de me faire jeter..." Le cœur de Harry battait la chamade. Il ne savait pas combien de temps il allait pouvoir rester debout, et Hannah le voyait. Pour le rassurer, elle s'approcha de lui et lui prit les mains. Ce qui était sûr, c'était que cela n'avait pas produit l'effet recherché par Hannah... Si c'était possible, le cœur d'Harry battait encore plus vite. Il avait une envie folle de l'embrasser mais ses membres s'étaient tétanisés, il ne pouvait plus bouger. Son regard s'était fixé sur les mains d'Hannah qui caressaient les siennes. Elle avait fait le premier pas, c'était maintenant à lui de suivre. Sans même réfléchir, il posa ses mains sur les hanches d'Hannah, puis il rapprocha lentement son visage du sien... Quelques secondes plus tard, les lèvres d'Harry s'étaient posées là où il les avait imaginé toute la journée. Ce baiser ne ressemblait à aucun de ceux qu'il avait eu. Il n'avait rien de mécanique, rien de superficiel. Les deux bouches étaient devenues une seule et même chose. Harry s'oubliait totalement, il n'avait plus la notion du temps ou de l'espace. Il était dans une sorte de bulle totalement hermétique aux influences extérieures. Mais tout à coup, la cicatrice qu'il avait sur son front se mit à le brûler de telle façon qu'il crut pendant un instant que sa tête avait pris feu. Il avait déjà eu cette sensation, mais cette fois ci c'était différent... Contrairement aux autres fois, il avait une sorte de certitude étrange; quelque chose lui disait que la douleur ne dépendait que de lui, il pouvait faire en sorte que cela s'arrête seulement s'il le voulait réellement. Harry s'efforça alors de chasser cette douleur, il se mit à chercher une pensée qui pourrait la faire disparaître. Mais il ne savait pas ce qu'il devait faire, à quoi devait-il penser, a quoi devait-il s'accrocher? La seule chose qu'il savait c'était qu'il voulait que ce baiser ne s'arête jamais, il voulait qu'Hannah reste toujours auprès de lui. Dès qu'il prit conscience de cela, Harry se mit à serrer Hannah très fort, comme s'il voulait la faire rentrer dans son propre corps, comme s'il voulait qu'elle et lui ne soient plus qu'un. Tout d'un coup la douleur disparut... Etait ce parce qu'il avait pensé à Hannah ? Il n'en savait rien. L'important c'était que sa cicatrice ne lui faisait plus mal, et qu'il était toujours en train d'embrasser Hannah. Lorsque le baiser prit fin, une discussion simple et gaie s'installa entre eux. Ils s'assirent sur le banc, main dans la main et entamèrent la conversation. Elle lui parla de ses études, des films qu'elle avait aimés, et même si Harry n'y connaissait rien, il trouvait qu'Hannah rendait tout cela particulièrement intéressant. Au bout d'un quart d'heure, il se rendit compte qu'il ne lui avait toujours pas dit à propos de ses études à lui.
« Tu sais, Hannah... Tout à l'heure, j'ai un peu oublié de te dire qu'en réalité je ne vais pas à St Brutus. Ma tante t'as dit n'importe quoi... »
« Mais pourquoi elle m'a dit ça ? Je comprend pas. »
« Parce qu'elle veut se convaincre que je suis un malade, et en disant ça, elle veut surtout cacher à tout le monde là où je vais réellement. » Les derniers mots sortirent de sa bouche avant même qu'il ne s'en rende compte. Hannah lui lança un regard hésitant.
« Et...euh... tu vas où alors ...? Sauf si t'as pas envie de me le dire, je comprend. » Il y eut un moment où Harry s'était âpreté à lui parler de Poudlard, et du fait qu'il était un sorcier. Cependant, quelques secondes plus tard, il se reprit en pensant au choc que cela pourrait faire à Hannah, et décida de lui en parler lorsqu'il la connaîtrait mieux. Il ne voulait pas lui mentir, mais il préférait ne pas tout lui avouer de peur de l'effrayer.
« En fait, c'est un lycée très particulier... mais c'est pas un centre pour délinquants je te rassure... ! Je voudrais t'en dire plus, mais c'est très compliqué à expliquer. Je préfère attendre. Tu ne m'en veux pas trop ? » Hannah avait l'air légèrement décontenancée par les propos d'Harry, et ce dernier s'attendait au pire. Cependant, Hannah serra les mains d'Harry encore plus fort.
« Non, bien sûr que je ne t'en veux pas. Mais j'espère que tu ne feras pas planer le mystère trop longtemps... Je n'arrive toujours pas à croire que ta tante ait pu dire ça... Je me doutais bien que ton oncle et ta tante étaient un peu particuliers, comme tout le monde dans ce quartier d'ailleurs, mais je n'aurais jamais imaginé qu'ils puissent aller aussi loin. »
« Oh mais t'en sais pas la moitié ! » Harry se mit alors à lui raconter toutes les horreurs que lui avait infligé les Dursleys. Tout à coup, la discussion devint beaucoup plus animée. Hannah l'écoutait très attentivement; elle riait, poussait des soupirs, et couvrait sa bouche dès qu'elle entendait quelque chose qui la choquait. Les seules personnes qui écoutaient aussi attentivement Harry étaient Ron et Hermione, la différence c'était que ni Ron ni Hermione ne lui faisaient le même effet qu'Hannah.
« Comment ça se fait que tu aies été élevé par ton oncle et ta tante ? » Hannah semblait réticente à poser cette question.
« Mes parents sont morts quand j'étais petit, alors mon oncle et ma tante ont été forcés de me prendre. » Il savait très bien qu'Hannah ne demanderait jamais de quoi ses parents étaient morts, et il s'en voulait de lui cacher, mais il était trop tôt pour qu'elle sache.
« Je suis désolée pour tes parents. Ca doit être dur... Moi, j'ai aussi été adoptée. Mais j'ai eu plus de chance que toi. Mes parents sont adorables, et très ouverts. Ils me laissent beaucoup de libertés, et me font vraiment confiance... Mais, parfois je me demande comment étaient mes parents biologiques, si c'étaient des gens bien, ce qu'ils aimaient... » Hannah baissa les yeux, il était évident que cela la rendait triste de parler de ça «... je me demande surtout ce qu'aurait été ma vie s'ils ne m'avaient pas abandonné... » Hannah venait de résumer en dix mots toutes les questions que s'était posé Harry depuis qu'il avait été adopté par les Dursleys. Savoir qu'il avait traversé les mêmes choses qu'elle, lui donna l'impression de mieux la connaître, de mieux la comprendre. Cependant, il ne savait pas quoi lui dire. Qu'y a-t-il à répondre dans des situations comme ça ? Il se demanda si son incapacité à répondre ne venait pas d'un besoin de silence partagé plutôt que de son incompétence à réconforter les gens. Au lieu de balbutier des inepties, Harry prit Hannah dans ses bras et sentit ses larmes silencieuses couler le long de son cou.
