Chers lecteurs,

J'espère que vous vous portez pour le mieux et que nous partagerons de nouveaux bons moments ensemble au travers de cette nouvelle fan-fiction. J'ai bien conscience que je ne suis pas le seul à écrire ou avoir des idées sur les conséquences immédiates du double épisode inaugural de la saison 8. Toutefois sachez que je ne lis plus du tout (à regret d'ailleurs) d'autres fan fic, donc si des idées pouvaient se ressembler cela ne serait pas dû à un plagiat. J'estime que plusieurs auteurs regardant une même série ont tout à fait le droit d'avoir des idées similaires, après tout nous voyons tous la même série ^^ c'est presque normal quand on y pense. Mais à l'instar d'une photographie d'un monument je pense que tout comme les jeux de lumières, l'écrivain par sa plume rend le style spécifique.

Pour la deuxième fic consécutive je remercie prolixius5 pour son admirable travail de bêta, je suis ravi que nous puissions de nouveau collaborer ensemble. Et désolé pour les spoilers vu les épisodes de retard !

Un grand merci à Madoka-Ayu pour son aide. Ca a été un plaisir d'envisager d'autres écrits et merci pour ton aide sur ce chapitre, d'ailleurs elle est telle que je te mets en co auteur ^^ ainsi que pour le titre et aussi tes encouragements à l'écriture.

Je vous souhaite une bonne lecture.

Bien à vous

Gilles


Chapitre 1.

Rick,

J'étais debout là au centre de mon loft, tétanisé, effaré par les mots que je venais d'entendre. C'était comme si la terre s'ouvrait en deux autour de moi et je ne bougeais pas d'un iota. Cette expression pouvait paraître comme une hyperbole, mais à ce moment précis je la ressentais dans le plus profond de mon être. Ce n'était pas la terre qui s'ouvrait en deux, mais mon monde qui s'écroulait entièrement. J'assistais impuissant au spectacle de ma vie, étant relégué en figurant de seconde zone alors que j'étais dans les acteurs vedettes quelques secondes auparavant.

Mon effroi était d'autant plus fort que je ne l'avais pas vu venir. Comment avait-elle pu me faire cela ? Etait-ce seulement réel ? Je souhaitais de tout cœur pouvoir me réveiller comme l'on sort d'un mauvais rêve. Néanmoins la sensation était là, la peine me brûlait l'échine, mon estomac était aigre et un goût amer arrivait dans ma bouche. Je ne parvenais pas à bouger. La smorlette que j'étais en train de préparer en vue d'un tête à tête amoureux avec ma femme était en train de cramer mais je ne faisais aucun mouvement. Le détecteur de fumée installé dans la cuisine fit son office et l'eau tomba là encore je restais interdit.

J'avais beau me repasser la scène, je ne comprenais pas. Elle avait botté en touche à toutes mes questions, refusant de me donner la moindre explication. Je doutais d'ailleurs qu'un argument aurait été à même de me convaincre de la rationalité de sa décision. Un tas d'émotions affluaient en moi, sans qu'aucune ne prenne réellement le dessus. Je ne m'étais jamais amusé à imaginer comment je réagirais si un jour elle me quittait, mais j'aurais néanmoins pensé que je pleurerais. Cependant, aucune larme ne s'écoulait de mes yeux. C'était comme si l'énormité de la situation ne m'atteignait pas ou qu'elle était si invraisemblable que je ne parvenais pas à y croire encore. Pourtant j'étais triste, même abattu. En colère je dirais, contre elle car elle me portait un coup fatal en plein cœur, le broyant sous son talon. J'avais l'impression que la femme que j'aimais de tout mon être, que je pensais connaître depuis sept années était au final une étrangère. Une inconnue dont je ne comprenais pas la décision. Une intruse pourtant mise à jour par son pire ennemi, le feu Sénateur Bracken.

Ainsi avait-il raison en disant qu'elle ne serait jamais heureuse en étant simplement Madame Castle ? Comment cet être abject et dépourvu de morale pouvait-il savoir cela sur mon épouse ? Comment n'avais-je pas été capable de le cerner? Bien évidemment le comportement de Kate n'était pas une nouveauté non plus, mais elle avait fait tant d'efforts, de progrès depuis afin de construire (de concert) avec moi la vie que nous menions.

Qu'avait-il bien pu se passer pour qu'elle rétrograde de la sorte ? Qu'avais-je pu lui faire pour qu'elle en vienne là ? J'avais beau me répéter mentalement les propos qu'elle avait invoqués, tout cela n'avait aucun sens. L'histoire ne tenait pas debout, comme c'était le cas parfois dans de mauvais écrits ou des films bien en-dessous des séries B. Comment pouvait-elle m'aimer comme elle l'avait clamé et en même temps partir comme elle venait de le faire ? Evidemment que l'être humain était un ensemble complexe, cultivant parfois les contradictions mais là nous étions aux antipodes !

L'eau qui coulait troublait ma vision mais mon inertie était encore totale. Je me demandais même si mon cœur battait encore, comment je pouvais encore respirer alors que j'étais étouffé par les déclarations de mon épouse. J'avais le sentiment que quelque chose me touchait le bras mais je n'éprouvais pas la sensation habituellement associée à ce contact . L'eau s'arrêta de couler et je reçus quelque chose sur le visage que j'identifiai comme une serviette. Il me fallut quelques secondes pour comprendre les évènements. Ma mère me regardait affolée, ses lèvres remuaient mais si l'image était revenue, je ne captais pas encore le son, toujours perdu dans ma torpeur. Il finit par faire son chemin et je l'entendis s'écrier

- Richard, bonté divine, mais que se passe-t-il ?

Martha,

Cela me faisait tout drôle de reprendre le chemin du loft ce soir. En effet, j'avais à présent mon propre appartement et même si j'avais toujours la clé, je faisais en sorte de laisser à mon fils Richard et à son épouse l'intimité de couple dont ils avaient besoin. Ce soir il leur serait d'autant plus nécessaire de se retrouver après la disparition de cette dernière pendant quelques jours, mais je tenais simplement à passer en coup de vent, histoire de la saluer, de m'enquérir de son état et de leur apporter un petit quelque chose.

J'avais beaucoup de chance d'avoir Kate comme belle-fille. C'était une jeune femme charmante, bienveillante et surtout elle rendait mon fils heureux. Nos relations étaient très agréables et j'éprouvais beaucoup de tendresse et d'affection à son égard, comme une mère pour sa fille. C'est dans cet esprit que je leur avais fait préparer un panier garni de douceurs que j'avais ramenées de mon dernier voyage en France et je savais que ces deux tourtereaux ne seraient pas contre un bon repas et un excellent vin. Je sortis donc de l'ascenseur d'un pas avenant et enjoué.

Mon enthousiasme fut freiné lorsqu'à l'approche de la porte du loft, je vis que cette dernière était ouverte, ce qui était très inhabituel. De plus, dans l'air flottait une fumée transportant une odeur de brûlé. Je m'activai donc pour faire les quelques pas me menant à la porte. Je franchis le seuil et fus arrosée par la sécurité incendie. Si à l'accoutumée je me serais ruée tout de suite pour l'éteindre, cette fois mon regard se posa sur mon fils, figé au milieu de la pièce. Je l'appelai, en vain. Pourtant au soulèvement de sa poitrine au travers de ses vêtements, je pouvais voir qu'il respirait. Si cela aurait pu me rassurer, je n'étais pas totalement sereine; cette posture ne me disait rien qui vaille.

Afin que le loft ne se trasnforme pas en piscine, j'allai éteindre l'alarme et pris dans un tiroir de la cuisine un essuie-mains afin qu'il puisse se sécher. Il mit quelques minutes à reprendre ses esprits et encore, il n'avait toujours pas émis le moindre son. Toutefois, c'était inutile, j'avais compris : une seule chose au monde, du moins une seule personne pouvait le mettre dans cet état : Katherine. Il finit par se saisir de l'essuie-mains et s'épongea le visage. Je pus enfin lui demander :

- Richard, bonté divine, mais que se passe-t-il ?

Devant son mutisme prononcé, je m'inquiétai, regardant autour de moi :

- Où est Katherine ?

Il me regarda à la fois absent, hagard, désemparé sa voix plus grave que d'ordinaire était serrée par les émotions qui le traversaient. C'est ainsi que, le timbre lourd, il me répondit dans un murmure à peine audible :

- Elle est partie, mère. Elle m'a quitté.

Kate,

Je l'avais quitté pour mieux le retrouver plus tard et penser à un avenir serein dans lequel nos futurs enfants pourraient grandir. Évidemment le risque zéro n'existait pas mais je ne voulais pas cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. C'était la décision la plus difficile que j'avais dû prendre dans mon existence. Même celle de renoncer à résoudre l'enquête sur le meurtre de ma mère avant que Castle ne mette le nez dans le dossier, n'avait pas été aussi dur. Je l'aimais plus que tout au monde et cela m'avait arraché le cœur. Son regard, son air m'avaient donné envie de faire marche arrière, son incompréhension, ses lèvres qui étaient restées muettes sous les miennes tant il était bouleversé par ce que je lui avais dit. Anéanti...

Mais j'avais repensé aux paroles de Rita « Voulez-vous qu'il meurt ? ». Depuis elles étaient revenues en boucle dans ma tête, lancinantes comme un disque rayé. Je ne pouvais pas l'exposer, c'était un combat que je devais mener seule car si je l'impliquais, il se lancerait à fond avec moi et cette fois la chance ne serait peut-être plus de notre coté. J'avais grâce à lui échappé à une balle en plein cœur, mais je ne voulais pas prendre le risque que cela se reproduise. Certainement pas pour lui, mais il n'était pas le seul dans l'équation. Même si nous étions magiques tous les deux, comme il le disait si bien, nos actions impactaient également Martha et Alexis ainsi que tout le monde autour de nous. Je ne pouvais pas me permettre de mettre en danger ces personnes que je chérissais, qui appartenaient aujourd'hui à ma famille. Je devais me battre contre un ennemi très puissant. Si Loksat ou quelque soit son nom voulait m'atteindre, il lui suffisait de s'en prendre à Castle. C'est pourquoi tout devait être fait en secret, si quelqu'un devait mourir dans cette bataille ça serait moi ou ce traitre de la CIA.

Malgré ces bons sentiments, j'avais le cœur en miettes. La porte laissée ouverte était comme un appel pour qu'il me retienne. Lui qui si souvent n'avait eu que cure de mes avertissements, respectait ma demande, même s'il ne devait pas la comprendre. J'étais complètement démolie mais déterminée à en finir, encore une fois, je voulais construire un avenir sain pour Castle et moi ainsi que pour nos futurs enfants. J'allais tirer de notre amour et de ma volonté de le retrouver, la force dont j'aurais besoin pour agir. La seule issue pour moi était de démanteler cette affaire qui manifestement prenait sa source dans les plus hautes sphères de la société et du gouvernement. Mon souhait le plus cher était qu'il m'attende jusque là.

Bien évidemment, beaucoup auraient laissé faire, la situation actuelle étant en statut quo. Mais me connaissant, je savais qu'il était impossible que je vive tranquillement tout en sachant que justice n'était pas totalement rendue. Je ne pensais pas que c'était dans mon ADN, j'étais très peu convaincue par le caractère inné des choses et penchais plutôt pour l'acquis les individus devenant ce qu'ils étaient par leur histoire de vie. Ceci dit, inné ou acquis, je ne pouvais pas mener ma vie avec Castle et continuer d'avancer dans nos projets avec cette bombe à retardement qui menaçait à tout moment de nous exploser au visage. Il méritait que je sois totalement impliquée dans notre relation et cet engagement passait par la résolution de cette affaire. Quelque part, je me détestais de lui faire subir cela mais les risques encourus étaient trop grands.

Il ne le savait pas, mais en faisant mon sac de fortune, j'avais embarqué une de ses chemises. Il en avait tellement qu'il ne remarquerait sans doute pas l'absence de celle-ci. Je savais qu'il allait me manquer et même si son odeur ne me le rendrait pas, je pourrais le respirer lorsque j'en aurais envie. M'endormir avec, dans mes bras, imaginant que c'était son corps blotti contre le mien. Dans mes rêves, il serait là, m'entourant de sa chaleur, de son amour, du moins si mes rêves ne se transformaient pas en cauchemars.

Il fallait que je trouve un endroit où aller. Chez Lanie ou les gars, c'était hors de question, ça serait les exposer mon père, c'était la même chose. Je n'avais qu'une solution, celle que j'avais déjà utilisée dans ma fuite avec Vikram, mais cette fois il me fallait trouver un logement où je pourrais vivre à plus ou moins long terme sans être dérangée. Pour cela il me fallait entrer en toute discrétion dans les fichiers de la police, et bien sûr sans utiliser mes identifiants de capitaine pour ne pas être repérée comme nous l'avions été avec Vikram. J'allais donc lui demander de pirater le central pour trouver un logement saisi où vivre mais aussi enquêter en toute sécurité. D'ailleurs étant donné que celui-ci allait devenir un employé du douzième, il devrait se loger aussi. On travaillait ensemble et donc prendre une planque discrète tous les deux était de mise. L'idée de vivre avec un autre homme que mon mari ne m'enchantait vraiment pas mais il y allait de notre survie. Plus vite cette affaire serait résolue et plus vite je retrouverais les bras amoureux et réconfortants de l'amour de ma vie, mon mari…

Rick,

Au petit matin j'ouvris les yeux et me rendis compte que le lit n'était pas défait à côté de moi. Les évènements de la veille me revinrent très rapidement en mémoire et je grimaçai en observant la place vide à mes côtés. Je ne m'attardai pas dans mon lit. Hier soir j'avais beaucoup discuté avec mère et l'abattement consécutif au choc n'avait pas duré. Je me sentis prêt à prendre le taureau par les cornes et la faire revenir à la raison. J'avais trouvé sur le net une conseillère conjugale 2.0, une merveille au niveau technologique de l'intelligence artificielle. Il fallait l'admettre, Siri était marrant cinq minutes mais il ne comprenait rien.

J'allais reconquérir Kate après tout elle avait bien accepté de m'épouser une fois, donc on pouvait imaginer que le plus dur était fait. Il faut dire qu'elle avait été coriace, mais les proies les plus difficiles à atteindre ne sont-elles pas les plus délicieuses ? La vie avec elle ces trois dernières années m'avait plutôt montré que le jeu en valait la chandelle. Lorsque je l'avais connue, elle était un peu comme un animal rare, sauvage et blessé. L'apprivoiser avait été une entreprise de longue haleine. Il m'avait fallu entrer dans son milieu pour apprendre comment elle vivait et ensuite observer son comportement afin de parler le même langage qu'elle.

Travailler de nouveau avec elle était sans doute le meilleur moyen de la retrouver. Lui rappeler que nous étions forts et magiques ensemble, qu'avoir quelqu'un pour parler et partager était un atout. Par rapport à la première fois j'avais au moins l'avantage d'avancer en terrain connu je connaissais ses faiblesses et ses forces. Je devais juste lui réapprendre ce que nous étions, au final c'était un peu le même procédé qu'avec un amnésique.

J'allais employer les mêmes méthodes, après tout c'était un peu comme une recette de cuisine que l'on refaisait plusieurs fois lorsque le plat était très bon, s'améliorant au fil de la pratique. J'avais défini mon but, mais encore fallait-il avoir les moyens d'atteindre mes fins. Pour cela, il me fallait un accès aux enquêtes en cours. J'avais besoin d'un point d'entrée. Ryan et Espo auraient pu être des atouts précieux mais ils étaient trop sous le joug de Kate, et cela encore plus depuis qu'elle était capitaine. Elle leur donnait déjà des ordres avant alors maintenant que c'était dans sa fiche de poste, cela serait décuplé; et je n'aurais pas été surpris qu'elle m'ait mis sur la liste rouge même noire des personnes non acceptées sur les enquêtes ! Au final Lanie me semblait être la meilleure carte. Kate et elle étaient très proches, mais cela ne l'empêchait pas d'être agréable avec moi. La sachant de service, j'allai lui rendre visite à la morgue, muni d'un thé ou d'un chocolat et d'une viennoiserie vu qu'elle n'aimait pas le café. La stratégie était en route, il ne me restait plus qu'à la mettre en œuvre et prier tous les saints pour que cela fonctionne et que l'amour de ma vie me revienne vite...