Bonjour, bonsoir, bonne nuit. Je vous présente ma fanfiction Harry Potter. L'histoire reprend OOTP et je tente au mieux de respecter le canon, en y apportant mes touches personnelles. C'est la première fois que je me lance dans un projet de Fantasy de cet acabit. Vous pouvez considérer que cette fic que vous commencerez à lire comme en cours (de réécriture, d'où la lenteur à venir dans le rythme de publication) et qu'elle aura deux suites (en cours d'écriture également).
Le rythme de publication actuel est d'une fois par semaine, le samedi, pour me laisser assez de marge de manœuvre d'écriture. Dans le cas où ce rythme changerait, je vous tiendrai informé(e)s. N'hésitez pas à me laisser des reviews, car je souhaite progresser et m'améliorer. Au plaisir!
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Disclaimers: La fanfiction débute à partir de l'Ordre du Phénix. Plus ou moins la suite du Concept de Pureté. L'univers, les personnages, sont de J.K. Rowling. Si une erreur grosse comme une cathédrale vous saute aux yeux, vous pouvez me la signaler et je tenterai de modifier. Rating: T-M.
Sources de recherche: hp-lexicon and Harry Potter Wikia
Inspirational canon: the Harry Potter saga by J.K. Rowling
Fictions qui ont nourri mes réflexions sur l'Occlumencie et le personnage de Snape: Digging for the Bones by Paganaidd and Harry Potter and the Enemy Within + Harry Potter and the Chained Souls by Theowyn from HPG
Bonne lecture o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0o0
Prologue : Nuit sans lune
Le ciel était comme peint d'encre noire. Nulle lumière n'en perçait l'obscurité. La lune, masquée par l'ombre de la Terre, se fondait dans l'ambiance; tandis que les étoiles ne daignaient pas s'exposer aux yeux des mortels ici-bas. Un léger vent soufflait entre les herbes, faisait chuchoter les arbres entre eux alors que les branches se balançaient paresseusement, apportait avec lui les messages émis d'animaux de différentes espèces, des feuilles volantes, de papiers froissés, de chapeaux qui avaient eu le malheur de s'échapper de la tête des humains distraits.
L'homme jouait avec ses mains. Il les pliait et dépliait sans cesse, avec lenteur, des poignets aux doigts, recouvrant la sensation brute de ces gestes simples. Il observait sa manœuvre sans lassitude, un rictus aux lèvres. Puis, il prit sa baguette de bois d'if qui renfermait une plume de phénix avec délicatesse, la leva au niveau de ses iris rouges, la caressa avec douceur telle une créature fragile qu'il chérissait plus que tout au monde. Dès lors qu'il l'avait eue en main, une connexion s'était établie, un lien magique entre le corps et l'objet, une sorte de pulsion électrique qui dansait en saccades dans ses veines, ses muscles, ses tendons, ses os... résonnait en lui, tout entier – entier.
Il était ô combien réjouissant de retrouver toutes ces sensations, si vivantes, si pleines et entières. La joie inqualifiable que d'avoir retrouvé son corps, son propre corps... Et non plus être l'hôte de celui d'un autre, que ce fusse un animal ou un humain; et surtout, surtout, ne plus être ce petit être chétif, maladif, qui devait dépendre d'autrui en permanence, tant affaibli, tant...
Il secoua la tête et ferma les yeux un long moment, comme méditatif. Non, peu de gens pouvaient comprendre ce qu'il ressentait actuellement – depuis cette nuit de juin où il était revenu de chez les morts, debout dans un chaudron, à renouer avec son cher corps et ses pleins pouvoirs.
Tout s'était passé comme prévu. Il était incroyable que personne n'ait eu réussi à déjouer ses plans cette fois-ci. Oh, certes, il y avait eu cet imprévu... Potter avait eu amené avec lui l'un des autres Champions du Tournoi, mais tout avait été réglé en un rien de temps, comme n''importe quel petit détail sans grande importance. De plus, un de ses serviteurs ne pourrait lui être utile désormais – Barty Crouch Junior avait été emprisonné sans ménagement et reçu le Baiser du Dementor... Après tout, ce n'était que vie courante entre dommages collatéraux et pertes dans ses propres troupes. Il n'avait même pas sourcillé lorsqu'il avait senti qu'un de ses partisans n'avait plus âme qui vive en lui. Il y avait plus important que de déplorer la perte de ce malade mental – libérer tous ceux encore en possession de leurs moyens de leur geôle et les rassembler autour de lui. Et pour pouvoir enfin détruire Potter, il lui fallait absolument mettre la main sur cette Prophétie, ce satané de Snape ne lui en ayant révélé qu'une partie. Il lui en voulait encore aujourd'hui. Ils n'en seraient pas là actuellement si le jeune homme d'alors n'avait pas pris peur en cours de route et s'était enfui comme un lâche.
Voldemort avait été excédé et exaspéré. Son espion avait eu un faible pour une Muggle-Born. Il l'avait supplié, en larmes, à genoux, d'infinies fois, d'épargner la vie de cette femme. Pour le calmer, il le lui avait assuré, sauf qu'en vérité, il en avait eu rien à faire de cette Lily Potter. Elle et son mari s'étaient opposés à lui maintes fois et les ennemis ne devaient pas être laissés derrière soi au risque d'avoir une sacrée déconvenue quelques temps plus tard. Oh, par souci d'avoir essayé, il avait demandé à la jeune femme de se pousser lorsqu'elle s'était mise au travers de son chemin pour protéger son fils... Une pression dans son torse naquit et le Mage Noir cessa le fil de ses pensées. Tout puissant qu'il était, autant qu'il pouvait être cruel et sans cœur, le souvenir de cette nuit d'Halloween lui demeurait désagréable. Sa chute avait été une longue et douloureuse période. Et qu'un nourrisson d'un an survive au Killing Curse dépassait l'entendement. La colère remplaça la douleur et l'homme au faciès reptilien blanc se leva d'un bond, saisit plus fermement sa baguette, ce qui fit danser en rythme les manches de sa robe et commença à réaliser les cent pas, tout en essayant de contenir son émotion, qui troublait son jugement. Il se persuada au calme en se répétant qu'il allait finir par y arriver, et que pour cela, il lui fallait peaufiner son plan.
Comment rendre la communauté sorcière paranoïaque et divisée? En se faisant oublier. Depuis qu'il avait repris possession de son corps, Voldemort s'était croupi dans l'ombre et agi en douce. Cela avait pris quelques semaines pour placer ses pions petit à petit, l'air de rien et il admettait aimer cela. La vie n'était qu'un jeu d'échecs où il fallait avoir quelques coups d'avance pour parvenir à ses fins. C'était on ne peut plus plaisant lorsqu'on avait face à soi un adversaire de taille. Dumbledore lui donnait le change, le Ministère beaucoup moins. Baillant d'ennui. Néanmoins, cela demeurait savoureux.
En attendant des faits plus marquants, il laissait les quelques Death Eaters libres à faire ce qu'il leur semblait bon et utile pour progresser. Lucius Malfoy, après qu'il l'ait un peu puni comme les autres pour avoir douté de son retour, était très doué en la chose. Malgré le fait qu'il ait eu abandonné son Maître, le noble mage était parvenu à se faire une place au sein du Ministère et à établir une influence de taille. C'était on ne peut plus parfait pour Voldemort, qui saurait tirer les ficelles au moment opportun. Il avait connaissance qu'il ne manquait que peu de faits pour que ceux qui s'étaient terrés dans l'ombre sans se déclarer auparavant sauteraient sur l'occasion, avides de s'enrôler et de faire valoir leurs idéologies pour une communauté sorcière plus pure. Severus Snape, quant à lui, avait pu être embauché par Albus Dumbledore comme enseignant et avait fini par acquérir sa confiance pleine et entière. Excellent: le Mage Noir avait son pion à Hogwarts. Il pourra agir en temps et en heure le moment voulu, le prodige de Potions lui ayant démontré à plusieurs reprises son allégeance inchangée depuis juin. C'était par ces quelques séances de génuflexions, d'embrassades des pans de sa robe, de regards baissés et de visages déformés par la crainte que le Mage Noir avait pu vérifier que son aura et son pouvoir n'avaient été point altérés en treize ans, presque quatorze.
Quant aux autres, ils avaient carte blanche pour se remettre dans le bain – tout en demeurant discrets. Voldemort avait été intransigeant sur ce point: terroriser mais ne pas se montrer, pas pour le moment. Il souhaitait plus que tout retirer le pouvoir de Dumbledore et l'influence d'espoir que dégageait Potter et rien de tel que de les discréditer tous deux aux yeux du monde.
La lecture quotidienne des journaux, que Wormtail volait à la dérobée comme il le pouvait pour les donner à son Maître, le confortait dans son idée. Au fur et à mesure que les jours avançaient et se succédaient, le Mage Noir pouvait suivre la lente chute de Dumbledore au regard de ses pairs, des représentants politiques, du commun des civils. La perte de son poste comme membre éminent du Wizengamot fut commentée par un rire qui fit sursauter Wormtail et glacer ses sangs. Le fidèle serviteur avait tourné sa face de rat vers son Maître, secoué de tics nerveux.
- M... Maître?
- Rien, rien Wormtail, sussurra Voldemort qui plia le journal. Enfin, si... Convocation ce soir, lieu et heure habituels. Je veux que tout soit présentable.
- Bi... Bien, Maître, s'inclina l'homme avant de reculer sans se retourner puis disparut du champ de vision des fentes aux iris rouges pour filer à toutes jambes et mettre de l'ordre dans la salle du premier.
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La Marque le brûla et un sursaut invisible le saisit, tout comme la décharge nerveuse que son cerveau délivra pour contenir la douleur, alors qu'il tenait son avant-bras gauche fermement, les orbes clos. Le souffle coupé, Snape desserra les dents peu à peu tout en même temps qu'il enfilait un lourd manteau noir et se précipita hors de ses cachots pour Transplaner au-delà du périmètre de sécurité de l'établissement scolaire. Les années n'altéraient pas la peine physique que ce tatouage gravé dans sa chair laiteuse lui infligeait.
Arrivé sur les lieux auxquels son Maître l'avait appelé, le Maître de Potions sortit d'une des poches de son manteau son Masque blanc finement ouvragé, qui avait été rétréci pour être rangé sans encombre, qu'il agrandit et enfila. Le decorum, les atours, le lieu... Toute cette mise en scène démontrait un soin à transmettre des valeurs particulières, mais surtout un sens aigu de l'image de ces Death Eaters qui se résumait en un mot: terreur.
Le jeune homme fixa quelques secondes la bâtisse face à lui.
C'était un cottage comme on pouvait en trouver des semblables partout en Grande-Bretagne, typique dans son cachet désuet. La demeure avait appartenu à une famille de Muggles que Voldemort avait fait partir en embrouillant leurs esprits d'un Obliviate et dont il avait fait jaillir en eux une envie soudaine de tout plaquer et de s'installer en Italie. Ils avaient été chanceux car le Mage Noir ne se gênait pas à tuer en temps normal.
Snape ouvrit le portillon en bois, rattaché à un muret en pierres qui délimitait le terrain, laissé à l'abandon depuis le départ de ses propriétaires. Le champ de protection érigé par le Mage Noir en forme de dôme scintilla faiblement à sa venue. Le panneau planté au milieu des herbes folles sur lequel on pouvait lire 'For sale' tanguait dangereusement, le vent soufflant très fort.
Un silence contre-nature lui fit vriller les oreilles, après avoir eu ouï le bruit caractéristique d'une vie animant une ville. Le Corbeau leva les yeux vers les fenêtres du premier étage. Le dôme magique était entre-autres constitué d'un Silencing Charm très puissant, pour que les voisins ne soient témoins de rien. Le jeune homme avança la main sur la poignée de la porte pour l'ouvrir, mais celle-ci s'ouvrit avant qu'il ait eu le temps d'enclencher le système mécanique. Habitué à ces détails, il n'éprouva aucune peur, bien que cela faisait partie des petits tours favoris de Voldemort. En somme, il indiquait à tout un chacun qu'il avait la mainmise sur leurs vies. La Marque des Ténèbres en avait été le symbole premier. Le Maître de Potions esquissa un faible sourire ironique à cette pensée, profitant de l'obscurité du hall d'entrée et de sa solitude. Qu'importe si son Maître n'avait pas un plein contrôle sur la sienne, il n'en demeurait pas moins un pantin. Il soigna les barrières mentales qu'il avait mises en place par le biais de l'Occlumencie en montant les marches, le léger froissement de ses sur-robes et de son manteau accompagnant et rythmant chacun de ses pas.
Le rez-de-chaussée avait été laissé en l'état, cependant le premier palier avait subi un changement profond – à l'exception de la pièce d'eau laissée telle quelle. Les chambres et le bureau avaient été transformés en une seule et unique pièce, les parois rasées, les meubles usuels disparus et remplacés par une lourde table en bois longiligne et des chaises à hauts dossiers, le plus ouvragé en bout et pris d'office par le Mage Noir.
- Bonsoir Severussss, siffla Voldemort qui le fixait sans ciller, une moue mécontente se lisant sur son visage blanc. Tu es en retard...
- Veuillez m'excuser, Maître, fit le jeune homme en s'inclinant profondément après avoir retiré son masque. Il me faut davantage de temps pour venir parce que Hogwarts maintient ses propres barrières de sécurité et je ne peux Transplaner tant que je reste dans les limites de son domaine.
- Soit, répliqua son Maître d'un ton méditatif en joignant ses mains, les doigts se touchant comme à une prière. Je savais bien que te faire enrôler chez eux me permettrait d'atteindre un jour ces défenses de toute façon. Tu peux t'asseoir, invita-t-il d'un large signe de main.
Le Corbeau obéit avec docilité et se glissa dans une chaise libre à la gauche de Voldemort. Comme le plan de rallier leurs collègues emprisonnés et d'autres personnes à leur cause n'était pas encore d'actualité, les rangs étaient très clairsemés en ce soir de réunion.
- Je nous réunis ce soir pour décider de la marche à suivre en fonction de l'actualité. Vous devez savoir qu'Albus Dumbledore perd peu à peu de sa puissance (quelques ricanements se glissèrent à cet instant, que Voldemort interrompit avec un regard meurtrier). Nous n'avons même pas besoin de fournir un quelconque effort, car le Ministre lui-même ne veut pas admettre mon retour. De ce fait, la presse se charge du reste. (Quelques coups d'œil à droite et à gauche plus tard, il reprit) Severus, dis-moi concrètement comment cela se passe du côté d'Albus? Comment cet homme puissant endure sa chute inévitable?
Pensait-il vraiment qu'il pourrait lui transmettre un exposé détaillé des tourments du vénérable sorcier face à ces attaques incessantes, songeait amèrement le jeune homme. Il ne laissa rien transparaître, bien qu'il soupira intérieurement.
- Dumbledore ne me dit pas tout, malheureusement, murmura-t-il. Il est délicat, voire impossible, de le croiser au château ces temps-ci qui plus est... Et quand bien même il aurait eu du temps à consacrer pour son staff, il ne s'épancherait pas sur ses ressentis, mon Seigneur. Vous savez comment il est...
A ces mots, Voldemort sourit à pleines dents. C'était ce genre de sourire qui vous faisait froid dans le dos et n'annonçait rien de bon, dans l'immédiat ou plus tard. Snape saisit à cet instant toute la détermination qui animait son Maître et il émit un regret à l'égard de Potter l'espace de quelques secondes. Puis, il balaya cette faiblesse d'esprit et offrit une information de premier ordre à son auditoire: le chef d'établissement relançait l'Ordre du Phénix, des mouvements curieux prouvaient un recrutement sous cape mais réel.
Cette information secoua la minuscule assemblée. Le Corbeau se garda bien entendu de sourire de manière ironique – c'était de sa mission que de donner quelques vérités, soigneusement choisies. Son rôle de double-espion était lancé, et plus que jamais, l'angoisse enserrait l'homme tout entier.
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Il ne savait pas très bien comment il en était arrivé à cette conclusion, le cheminement de son raisonnement pas très net et guère fondé sur les faits, mais il dut admettre cette constatation: il croyait en ce que Dumbledore avait révélé au monde sorcier lors de l'enterrement de l'étudiant Cedric Diggory, ses propos ayant été relayés très vite par le biais de la presse. Il se rappelait avec clarté les mots écrits dans l'article en question du Daily Prophet: « La cérémonie en l'hommage du jeune Cedric Diggory, élève de Hufflepuff à Hogwarts, a été sobre et solennelle, somme toute ce que nous aurions attendu d'un tel événement. Ce qu'il s'est passé dans le Labyrinthe magique fut une tragédie qui vient entacher l'histoire de la célèbre institution scolaire britannique. Tous les élèves avaient été conviés et quelques figures publiques incontournables avaient montré leur soutien à la famille endeuillée. Cependant, cette même cérémonie fut également secouée par une élocution du Directeur Albus Dumbledore qui interroge et divise la communauté sorcière depuis lors. Sous couvert de «ne pas salir la mémoire de Cedric Diggory », le membre du Wizengamot a eu l'audace d'exposer sa version des faits quant à la disparition prématurée de l'un de ses étudiants. En effet, d'après les témoignages concordants de plusieurs personnes ce jour-là, Dumbledore a eu dit que He Who Must Not Be Named était de retour et que c'était lui qui avait tué l'élève. Toute la population est aux abois. Faute de preuves abondant dans ce sens, uniquement fondées sur le témoignage de Harry Potter, the Boy Who Lived, nous ne pouvons que nous interroger quant à la véracité de ces propos. Alors que cette cérémonie aurait dû n'être qu'un hommage vibrant quant au sérieux et à la personnalité bienveillante et mature de Cedric Diggory, elle fut tristement salie par cette avancée hasardeuse.»
Depuis la parution de cet article, le journal n'évoqua plus le retour probable du Mage Noir. Autant dire qu'il avait fini par trouver ce désintérêt louche. Ce qui aurait pu soit alarmer la presse, soit susciter un vif engouement d'une quête de détails quant à la dernière Epreuve du Triwizard Tournament, le Prophetavait préféré tout passer sous silence, comme si un tel événement sportif international n'avait jamais eu lieu l'année scolaire écoulée. C'était peut-être tout cela combiné qui avait fait fléchir son opinion à contre-courant de ce que le Ministère déclamait depuis lors; et comme il se détachait de la pensée générale, il préférait garder ses propres opinions pour lui-même.
Il n'eut guère le loisir de s'épancher dessus, son patron passait dans ce couloir pour appeler tous ses employés qui travaillaient dans leurs boxes pour une réunion générale. Le visage fermé et la stature tendue de l'homme le fit froncer les sourcils tandis qu'il abandonnait son poste pour se parquer dans l'immense salle prévue pour lesdites réunions avec ses collègues. La dernière fois qu'il avait vu son boss aussi nerveux avait été lors de l'application d'une loi anti Loups-Garous passée deux ans en arrière et qui rendait presque impossible pour les personnes concernées à trouver un travail convenable et stable. Il estima d'autant plus qu'il devait y avoir une grosse anguille sous roche lorsque le patron s'agaça de la lenteur et le besoin viscéral qu'avaient ses employés à se servir mutuellement de thé et de café. Bientôt, le silence résonna dans la pièce et tout le monde le regardait, désormais attentif.
- Bon, j'ai eu quelques ordres venus de plus haut, annonça le boss loin d'être réjoui. Le Cabinet du Ministre a décrété qu'avec ce qui se passe à Hogwarts depuis quelques années, il est temps de changer la donne et de revoir une partie de la législation éducative pour, je cite, «redresser la barre». Nous n'avons pas à discuter de ces ordres, ajouta-t-il d'un ton sec alors que des murmures de consternations naquirent ici et là dans les rangs des fonctionnaires en robes bleu-cyan. Nous allons nous y mettre dès que le Think Tank* nous aura transmis les idées générales à retranscrire juridiquement. Comme il y aura sans doute beaucoup de boulot, je vous annonce qu'on devra travailler en étroite collaboration avec le Department of Magical Law Enforcement (d'autres cris de protestation fusèrent – ici, ils préféraient largement bosser dans leur coin). Et, hurla-t-il pour se faire entendre au-delà du brouhaha qui montait en crescendo, tout le monde va s'y mettre, donc vous aussi! J'annule toutes les demandes de congés qui ont été faites pour cet été; car nous n'aurons pas le loisir de nous reposer. Ces semaines seront rattrapées ultérieurement, mais ne comptez pas sur une clémence particulière de plus haut: ils s'en fichent! Tout ce qu'ils veulent est une finalisation du projet initial d'ici la fin juillet! Alors, au boulot!
C'était comme s'il venait de déclamer l'Apocalypse. L'agitation qui avait saisi tous les employés ne tarit pas, bien au contraire. Les grognements, les questions, les commentaires désobligeants coulèrent à flot pendant une bonne demi-heure; avant que tout le monde ait pu finalement intégrer qu'ils n'y pouvaient rien et devaient cette fois-ci obéir docilement aux ordres du Cabinet du Ministre – surtout lorsque le Boss leur assena un «sinon, ils vireront à tour de bras, et sachez qu'ils ont l'air très motivés pour cela... Je tiens cela de la part de notre Head of Department*²». Suite à la colère s'installa l'abattement. Peu étaient fans du Department of Magical Education, cette branche du Ministère assez indépendante et libre d'esprit qui avait eu déjà posé quelques problèmes avec le haut du panier.
Au moment où il décida de sortir de la salle de réunion, le patron fonça droit sur lui, l'achoppa par le coude et le poussa contre le mur pour lui parler en tête-à-tête.
- Cela vaut d'autant plus pour vous, Melbourne, murmura-t-il d'une voix précipitée. Ils en ont après tous les employés qui seraient soit des proches de Dumbledore, soit trop... atypiques, fit-il en s'humectant les lèvres, nerveux. Alors, il y a intérêt qu'à partir de maintenant, vous portiez votre fichue robe de service, même si ça ne vous plaît pas, termina-t-il d'une voix sans appel alors que son employé avait froncé les sourcils, circonspect, avant de soupirer à l'entente de cette requête. Melbourne, reprit le boss.
- … J'ai compris, marmonna le jeune homme, qui évita de justesse de rouler des yeux d'un signe d'exaspération.
- Il y a intérêt, sinon je vous traînerais par la peau du cou jusqu'à votre casier tous les jours...
Melbourne estima que la paix qu'avait connu la communauté sorcière britannique touchait à sa fin alors qu'il reprit place dans son box et put soupirer et rouler des yeux tout son soûl.
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* Think Tank: groupe de réflexion (littéralement)
*² Head of Department: chef du département
