L'épopée d'Amarant
L'ESPOIR DU RADOR
Prologue
Au commencement des temps, le monde était un havre de paix. Le mal n'existait pas, le mot guerre, inconnu, la haine, impensable. Hommes et animaux vivaient en harmonie sous la surveillance de trois dieux : Vagan, le dieu de la foudre, Asllana, la déesse de l'eau et Katan, le dieu du feu. Cette harmonie était gardée grâce à la puissance de trois pierres élémentaires : la pierre de l'eau : waterstone, la pierre de la foudre : thunderstone et la pierre de feu : firestone créées par le dieu de leur élément. Seul leurs puissances conjointes maintenaient l'équilibre de cette harmonie, et si jamais une pierre venait à disparaître, l'équilibre si précaire que les trois dieux avaient eu tant de peine à installer serait irrémédiablement détruit. Les dieux, conscients de ceci veillaient à ce que personne ne vienne les voler. Au début, leur tâche fut fort aisée, car les Hommes, bien conscients de l'importance des pierres, ne les convoitaient nullement. Deux cents ans passèrent ainsi. Jusqu'au jour cent fois honni de la naissance de Rador. Car cet homme devait à jamais rompre cet équilibre, si précieux aux yeux des hommes et des dieux. En effet, celui-ci était un homme fourbe, voleur et détestable au plus haut point. Les dieux craignaient cet homme car ils savaient qu'un jour il tenterait de s'emparer des trois pierres. Rador, abandonné par ses parents (sous les ordres des dieux) vivait du fruit de ses larcins. A vingt ans, il entendit parler des pierres. Il se dit qu'elles devaient valoir très cher et l'avidité s'empara du coeur de cet homme déjà corrompu. Il tenta pour la première fois de s'emparer des pierres à vingt-cinq ans. Il chercha longtemps les pierres quand il entendit parler d'une grotte qui abritait un objet sacré. Il fut certain que les pierres étaient gardées là. Mais il avait compté sans les dieux. Ils l'expulsèrent de la grotte grâce à leurs pouvoirs et trouvèrent une autre cachette, inconnue des humains et surtout de Rador. Mais ce dernier était obstiné et surtout très rusé. Il réussi à trouver cette cachette après de longues recherches. Il s'y introduisit et s'empara des pierres, et s'enfuya avec. Les dieux essayèrent de le rattraper mais les pierres lui avaient donné un tel pouvoir qu'il n'eut aucun mal à les repousser. Il les enferma dans un monde parallèle et en scella l'entrée. Personne ne pourra jamais rompre le sceau. Sauf l'Elu. L'enfant qui naîtra quand mourra la onzième lune du cinquième millénaire sera investi par les pouvoirs des trois pierres et il sera l'égal de Rador. Lui seul pourra ramener le fragile équilibre qui régissait le monde auparavant et lui seul pourra rompre le sceau qui retient les dieux prisonniers. Mais les dieux n'étaient pas les seuls à avoir des pouvoirs. Chacun des dieux avaient un disciple : Vagan avait pour disciple Ashagan, Asllana avait comme disciple Vivianne et Katan avait comme disciple Kyrian. Ces trois personnes devaient révéler à l'Elu l'ampleur de sa tâche. Notre histoire commence à la naissance d'Amarant, l'Elu.
PARTIE 1: L'Elu
Chapitre 1 :
Les trois disciples étaient formels: l'Elu devait naître cette année. En l'an 5000, les hommes avaient perdu l'espoir d'être un jour libérés du joug de Rador. Bien des hommes tentèrent de le tuer, mais aucun n'y parvint. Rador était un roi tyrannique : il écrasait son peuple sous les impôts, restait indifférent aux protestations des serfs et châtiait tous les hommes qui bravaient son autorité. Tous avaient oublié la prophétie et leur ignorance était telle qu'ils se refusaient même à croire à l'existence de leurs dieux. Dans le village perdu de Malaska, les trois disciples veillaient en attendant la naissance de l'Elu qui devait délivrer le monde. Ceux-ci avaient pour mission de protéger et d'instruire l'Elu, car il lui faudrait se familiariser à la magie et au maniement des armes, sinon le monde serait perdu pour de bon.
Ils discutaient dans une taverne, en retrait pour ne pas attirer les curieux.
Tu es sûre que se sera Lui ? demanda Ashagan.
Bien sûr ! Je ne suis pas sénile à ce point ! répliqua hargneusement Vivianne.
Ah bon ? répondit Kyrian avec une innocence feinte.
Oh toi, ta gueule ! pesta Vivianne. On ne peut pas parler sérieusement une minute?
Kyrian fit mine de réfléchir.
Non, répondit-il.
Vivianne préféra abandonner la partie et elle partit dehors soulager ses nerfs mis à rude épreuve.
On ne peut pas plaisanter une minute ? se plaignit Kyrian
Si mais là, c'est chiant, répondit Ashagan. Je suis impatient qu'Il naisse.
Et moi donc ! s'exclama Kyrian. Mais nous devrions peut-être nous demander où nous allons L'élever ?
Dans un endroit que Rador ne connaît pas, suggéra Ashagan.
Tu m'aides vachement là, tu sais, soupira Kyrian.
On ne peut plus plaisanter une minute ? demanda Ashagan.
Kyrian lanca un regard noir à son ami.
C'est bon, j'ai compris, dit-il.
Mais tu ne voulais pas plaisanter, y'a une minute ? continua Ashagan.
Tu vas arrêter de rabâcher ! dit Kyrian en s'énervant, tandis qu'un immense sourire barrait le visage de son ami.
Rabâcher quoi ? s'exclama Ashagan en ouvrant de grands yeux.
C'est bon, tu as gagné, concéda-t-il. J'arrête de jouer à ça avec Vivianne.
Et ben voilà ! Tu as enfin compris comment c'est chiant de te supporter ?
Ashagan, piaula-t-il.
Ashagan sourit.
D'accord, j'arrête. Mais fait moi le plaisir d'arrêter de faire de l'humour à tes heures perdues. Tu es très mauvais à ce jeu là.
Sur ses entrefaits ils se séparèrent et vaquèrent à leurs occupations.
La mère dudit Elu s'appelait Elise. Son mari, Tamarant, tenait une petite boutique d'ébéniste et comptait sur son fils pour reprendre le flambeau. Mais il ne savait pas que son fils était en fait l'Elu et que son destin lui réservait une vie plus passionnante, certes, mais plus dangereuse aussi. Ils avaient deux filles, Xylys et Velys. Xylys avait dix ans et Velys cinq ans. Ils n'étaient ni riche ni pauvre, et menaient une vie heureuse dans la chaîne de montagne du Vant. A côté de Malaska serpentait un petit fleuve du nom de Lye. Jamais aucun trouble n'avait éclaté dans ce village et la guerre n'avait jamais éclatée dans cette région. C'est donc dans cette atmosphère de paix que les disciples attendaient la venue de L'Elu. Vivianne habitait à Krystal, au nord de la Rador (le pays s'appelle Rador), Ashagan logeait à Zéphyr, à l'extrême sud de la Rador, tandis que Kyrian s'était établit à Pyros, près du volcan Harog. Ils se réunissaient fréquemment à Malaska pour surveiller la mère de l'Elu. Mais pourtant, il y avait un problème. Où trouver quelqu'un pour lui apprendre à combattre ? C'est la question que ce pose aujourd'hui Ashagan, Vivianne et Kyrian.
Alors ? demanda Kyrian.
Alors quoi ? répliqua Ashagan.
Qui va apprendre à l'Elu le maniement des armes ?
A ça ! Je ne sais pas, dit Ashagan, venant seulement de deviner l'idée de son ami. Tu n'as pas une idée, toi ?
Peut-être, commença Kyrian qui se tut aussitôt devant le regard noir que Vivianne lui adressait. D'accord, concéda-t-il. Je n'en ai aucune idée. Cela te convient-il ? reprit-il sur un ton mielleux, insupportable.
TAIS-TOI !!! cria Vivianne.
D'accord, piaula-il d'une petite voix.
C'est beaucoup mieux, reprit Vivianne d'une voix normale, cette fois. En fait, je connais une personne qui manie toutes les armes mieux que personne, et c'est un vieil ami.
C'est qui, Vivianne, s'informa Ashagan ?
C'est Arhkan, le maître d'armes de la ville d'Hadan.
Kyrian eu l'air étonné.
Lui ! s'exclama t-il.
Ca te pose un problème ? dit-elle sur un ton menaçant.
Non non, c'est parfait.
Merci. Il faudrait le prévenir.
Un silence suivit les paroles de Vivianne.
Euh...
Qu'est-ce qu'il y a, Ashagan ? s'enquit Vivianne
Je dois veiller sur Tamarant et sa famille et Kyrian m'aide. Tu pourrais le prévenir toi.
Moi ? s'exclama-t-elle, et sa voix monta d'un octave.
S'il te plaît.
D'accord.mais tu me le paira, Ashagan.
Bon...
Vivianne partit dormir dans la taverne du coin. Le lendemain matin, elle acheta un cheval et se mit en route. Quarante-cinq lieues séparaient Malaska de Hadan. A midi, elle s'arrêta pour manger dans un petit village à six lieues de Malaska, qui était, fort heureusement pourvu d'une auberge. Mais des gardes impériaux étaient là pour une tournée d'inspection (pour trouver l'Elu et le tuer). Un des gardes vint importuner Vivianne :
Qui êtes-vous, madame ?demanda-t-il. Qu'est-ce qu'une jolie femme comme vous vient faire dans un taudis pareil ?
Je vais rendre visite à mon cousin Arhkan, le maître d'armes de la ville de Hadan. Vous le connaissez peut-être, sire ?
J'en ai entendu parler, madame. Il paraît qu'il vaut dix gardes impériaux au combat. Cette rumeur est-elle fondée ?
Les yeux de Vivianne s'illuminèrent.
Si elle est vraie ! s'exclama-t-elle. Bien sûr qu'elle est vrai ! Arhkan est merveilleux au combat ! Une fois, quinze bandits m'attaquèrent dans une forêt. Armé d'une seule épée, Arhkan vaincu les bandits, pourtant revêtus d'une cotte de mailles et portant un bouclier.
Ah, marmonna-t-il. Mais dites-moi, quel est votre prénom ?
Jaïna, sire.
Jaïna ? C'est un joli nom. Bon, merci de m'avoir accordé un peu de votre temps. Je dois vous quitter, car je dois continuer ma tournée d'inspection. Au revoir, gente dame.
Au revoir, sire.
Les gardes partant enfin, Vivianne se détendit et put commander à manger.
Q'avez-vous à manger, l'ami ?
Il me reste un peu de rôti et du ragoût, madame.
Mademoiselle.
Quoi ?
Je ne suis pas mariée.
Mais alors pourquoi avoir laisser le garde vous appeler madame.
Pour qu'il ne me saute pas dessus.
En effet. Sage décision.
Il servit Vivianne. Après s'être restaurée et acheté des provisions, elle continua sa route. Elle campa pour la nuit après avoir fait dans la journée une vingtaine de lieues en tout. Elle s'était arrêtée à l'orée d'un bois. Un sentier s'y enfonçait. Elle fit un feu, se restaura puis se coucha non sans avoir vérifier que personne ne rôdait dans les environs, quelque bandit que ce soit. Mais elle finit par s'endormir. Le lendemain matin, elle se réveilla, sans avoir subit aucune sorte d'attaque. Elle se mit en route après un petit encas. A la fin de la journée elle avait parcouru une vingtaine d'autres lieues. Elle trouva par chance une chambre dans une auberge qui pouvait assez décemment loger une personne. Elle la loua pour la nuit non sans avoir fait remarquer aimablement à l'aubergiste qu'il avait de la chance d'être la seule personne dans la région à avoir une auberge, car évidemment elle n'était pas faite pour apprécier le confort rustre (si on peut appeler cela confort) offert par cette auberge. Après une nuit passée dans l'auberge elle se mit en route pour Hadan. Quatre heures plus tard elle atteignit Hadan. La ville fortifiée avait de majestueux remparts qui l'entouraient. La ville était belle dans son style : le style militaire. Sobre, majestueux, imprenable. Vivianne se dirigea vers la porte sud de la ville (Malaska est au sud de Hadan), gardée par deux gardes formés par Arhkan. Dès qu'ils la virent, ils la reconnurent :
Vivianne ! Vivianne ! Que faites-vous ici ?
Taisez-vous sombres abrutis ! répliqua-t-elle hargneusement. Vous ne voyez pas que je fais tout pour ne pas être reconnue !?
Désolé, dirent-ils en cœur.
Bon, je dois parler a Arhkan, où est-il ?
Il est dans la salle d'arme du château. Il forme les jeunes recrues au combat.
D'accord. Conduis-moi jusqu'à lui.
Oui madame.
Le garde conduisit Vivianne auprès d'Arhkan, parmi les dédales de couloirs du château. Arhkan combattait contre un jeune chevalier quand Vivianne arriva.
Vivianne, s'exclama Arhkan ?
Oui Arhkan, c'est bien moi répondit Vivianne.
Arhkan arrêta son combat et se tourna vers Vivianne, étonné.
Mais que fais-tu là ?
Je viens te chercher pour une affaire de la plus haute importance, mais nous ne pouvons parler que seuls.
D'accord, répondit Arhkan. Sortez, vous tous ! dit-il aux soldats et aux gardes qui étaient là. Et ne revenez que lorsque je vous en donnerais l'autorisation. Quand tout le monde fut parti, Vivianne pu parler librement :
Arkkan tu te souviens de cette histoire de l'Elu ? demanda Vivianne.
Un peu oui, répondit Arhkan. J'étais sensé le former au maniement des armes quand il naîtra, c'est ça ?
Oui c'est ça. Et bien je t'annonce que l'Elu va naître bientôt. Je t'emmène avec moi pour le former, car le plus tôt sera le mieux.
Si tu le dis, soupira Arhkan. Nous partons quand ?
Dès que possible, répondit Vivianne. Règle ce qu'il faut pour assurer ton absence prolongée et ensuite nous partirons.
Très bien. J'en aurais pour une journée environ. Je serai prêt partir dès demain, au lever du soleil.
Je serais prête, répondit Vivianne.
