2167. Norvège. Walter est enfermé dans une cellule blanche et pauvre, quelque part près de la côte. La mer est visible depuis son donjon, ainsi que la forêt touffue environnante. Il fait plein soleil. Walter est en tenue blanche complète et sobre, comme un patient d'asile. Sa barbe a un peu poussé. Ses yeux sont sombres et éclatés. Il n'est que l'ombre de lui-même. Il est assis près d'un bureau vide.

Il se lève et s'approche de l'unique fenêtre. Il regarde la mer. Il pourrait verser une larme mais n'en a plus la force. Il est maintenant en colère.

WALTER : Je deviens fou, ici...

Il s'éloigne rapidement et fait les cents pas. Il entend un bruit. Il se précipite vers la porte, blanche, au milieu de laquelle une entaille rectangulaire est creusée. Walter s'agenouille. Il regarde à travers. Il aperçoit un couloir sombre se prolongeant sans fin à gauche et à droite. Il entend des pas.

WALTER : Je suis affamé !

Les pas s'interrompent. Puis reprennent. Walter finit par deviner une silhouette. Il s'éloigne de la porte. Une ombre se tient derrière la porte. Un plateau passe par le trou, transportant une assiette remplie d'une bouillie et une cuillère. Elle reste là, immobile. Walter prend un mou de grande déception et de tristesse. Il s'approche. Il attrape l'assiette et tente de regarder la personne derrière à travers la fente. Il devine un tatouage sur son bras, découvert, mais pas plus. Elle est déjà partie.

WALTER : Vous ne mangeriez pas ça, si vous étiez à ma place !

Pas de réponse.

WALTER : Tortionnaire...

Il saisit l'assiette et s'approche du bureau.

Plus tard. Toujours dans sa chambre.

Walter est allongé sur sa couche. Il regarde le plafond, morose. Il entend alors un bruit de métal. Il lève un œil. Rien. Il se redresse et vérifie la pièce. Un objet se tient sur le plateau glissé à travers la fente de sa porte. Il s'en approche. Ça ressemble à un pistolet. Il a déjà vu ça. C'est une des armes des observers. L'engin qui tire des rafales projetant leurs ennemis. Il le saisit doucement.

WALTER : Qu'est-ce que ça veut dire ?

Il retourne près de sa couche.

WALTER : Je ne vais pas me suicider !

Il étudie l'objet. Il est petit pour un si dangereux appareil. La crosse est aussi longue que le canon, et plus large. Il le dirige contre un mur. Puis baisse le bras, se désistant. Il regarde la porte.

WALTER : Ça n'a aucun sens !

Il pose l'engin sur la table et regarde dehors. Il voit un homme marcher, avec un fusil en main, en combinaison bleu foncée, sous sa fenêtre, à 6 mètres plus bas. Des feuillages le cachent. Il s'approche de la porte.

WALTER : S'il-vous-plaît ?

Pas de réponse. Il revient à son bureau, s'empare de l'arme et se poste devant la porte. Il réfléchit. Puis hurle.

WALTER : AIDEZ-MOI !

Il simule l'agonie pendant quelques secondes. Il entend des bruits de pas précipités. Il voit quelques chose bouger derrière la porte. Il ferme les yeux et appuie sur la détente. Une rafale est propulsée et le fait tomber en arrière. La porte est arrachée de ses gonds et s'abat sur l'individu derrière dans un grand fracas. Il se relève étourdi. Il entend un râle. Il sort et voit un homme en tenue verdâtre, en combinaison intégrale. Du sang coule de son front. Il perd connaissance.

WALTER : Désolé.

Il marche dans le couloir, discret. Il se rapproche d'une lumière au loin. Le silence règne. Il finit par arriver sur un autre couloir, plus ensoleillé. Une grande fenêtre l'éclaire. Il se poste au croisement et prête l'oreille. Il entend des cris alertes lointains. Il voit une autre porte. Il respire longuement et se précipite vers elle. Elle est fermée. Il se reprend et regarde derrière lui, un autre porte est là. Il l'ouvre promptement et voit un escalier.

WALTER : Parfait.

Il descend doucement en écoutant. Une voix retentit venant d'en haut. Il accélère. Il descend un étage puis deux. Il aperçoit un panneau.

"Anomalie XB-6783746"

WALTER : Michael...

Il essaie d'ouvrir. Il n'y a pas de poignée. Il hésite à toucher la porte, puis passe sa main dessus. Pas de signal. Il pointe son pistolet sur la porte. Mais des bruits se rapprochent en haut.

WALTER : Désolé Michael.

Il continue à descendre et ouvre une nouvelle porte lorsque l'escalier s'arrête. Il pénètre une grande salle mal éclairée, traversée par un rail étrange et futuriste qui entre par un tunnel et ressort par une ouverture qui donne sur dehors. Au centre, à côté du rail, une estrade siège. Il s'approche et devine un poste de contrôle d'un engin quelconque.

WALTER : Ça doit être un moyen de locomotion...

Il touche le panneau. Rien ne se passe. Il voit un casque. Il le vérifie, le sent. Il prend une moue de dégoût puis l'enfile. Il ne voit rien. Il tâte l'extérieur et trouve un bouton. Il l'enlève et appuie dessus. L'intérieur s'éclaire. Il le renfile et voit écrit :

"Neste forsendelse. : 00:00:37:53"

Le dernier nombre diminue au fil des secondes.

WALTER, plaintif : C'est trop long...

De nouveaux mots s'affichent.

"Er du sikker?"

Walter hésite.

WALTER : Oui !

Un bruit retentit du côté du tunnel. Les rails vibrent. Un bourdonnement continu et grave s'élève. Walter enlève le casque. Un engin s'approche. Ça ressemble à une cabine téléphérique, en plus spacieux et plus moderne. La coque semble être en verre complet.

WALTER : Ça ne peut pas être si facile...

D'autres bruits de pas se font entendre en provenance de l'escalier.

WALTER, s'activant : On s'en contentera.

Il repose le casque et s'approche du véhicule qui semble flotter au-dessus des rails. Une porte qu'il ne soupçonnait pas s'y dessine et s'ouvre. Il entre et trouve un autre casque, moins encombrant et plus esthétique, sur une petite table. Il le met.

WALTER : En marche !

"Oppstart"

Une voix retentit. Il n'y comprend rien mais imagine qu'il s'agit de consignes de sécurité. Il s'approche d'une des banquettes qui borde la cabine et trouve de quoi s'attacher. L'engin s'ébranle et se met en route. L'accélération est grande. La navette s'expulse du bâtiment. Walter aperçoit des gardes armés. Ils entreprennent de tirer sur son véhicule. Il se baisse et entend des impacts qui cessent vite. La cabine reste au sol mais traverse la forêt à vive allure. Un rail y est aménagé et entraîne Walter à presque 2 kilomètres selon ses estimations. Il est toujours en forêt. La piste termine là. La cabine ralentit abruptement et finit sa course au milieu de nulle part. La porte s'ouvre. Walter, secoué, se détache et sort rapidement. Il observe autour de lui. Il n'y a personne. Il court pour s'éloigner de sa prison et monte une colline. La progression n'est pas facile. Il a froid. Il arrive en haut et ne voit que des arbres s'étendant devant lui. Ils sont trop denses et hauts pour qu'il devine ce qui se trouve à plus de cent mètres. Il se retourne et entend une alarme retentir dans la région.

WALTER, pris de remords : Michael...

Il reprend sa course. Il descend la colline et marche rapidement. Il finit par être trop essoufflé. La luminosité diminue. Il avance inlassablement et péniblement. Il finit par entendre un vrombissement irrégulier, au bout de ce qui lui semble être des kilomètres. Il monte une nouvelle colline et profite d'une ouverture dépourvue d'arbres. Il aperçoit alors une route. Il voit le soleil se coucher. Il émet un large sourire et range son pistolet. Il descend, enjambe des rochers au-dessus d'un ravin. Il manque de glisser puis rejoint la route. Elle est peu utilisée. Mais, par chance, il voit s'approcher un engin étrange. C'est le même que les voitures qu'il a pu voir à Oslo quelques jours avant. Il sautille et lève les bras sans faire trop de bruit. L'engin futuriste ralentit et s'arrête devant lui. Il observe l'homme seul à bord.

CONDUCTEUR : Vous êtes perdu, monsieur ?

Walter lâche une larme. Il s'approche du côté de l'engin, dans lequel une fenêtre s'est dessinée puis ouverte.

WALTER : Merci mon Dieu ! Oui ! J'étais en randonnée avec ma famille et nous...

Il regarde le bras de l'homme. C'est le même tatouage que celui de son geôlier. Il perd directement son sourire.

WALTER, sortant son arme et le menaçant : Descendez !

L'autre lève les bras. Une ouverture se dessine à son flanc et il sort de l'engin. Walter le tient en joug.

WALTER, la voix grave et méprisante : Votre ragoût est infecte.

Il tire. L'home est projeté sur la route et roule vers le ravin. Il s'arrête en percutant un tronc d'arbre. Walter se retourne vers l'engin. Il tombe nez à nez avec un observer dont le visage l'horrifie. Windmark est là, souriant.

WALTER, pris de rage : Vous !

Il lève son arme et s'apprête à tirer. Windmark lui saisit le bras.

WINDMARK : Ne luttez pas.

Windmark se téléporte, emmenant Walter avec lui. Ils disparaissent tous deux.

Nouveau générique : la couleur du fond est le vert. L'instrumentale est plus riche que d'habitude, renforcée de cordes et de cuivres, pour donner un effet plus tragique et grandiloquent.