Bonjour à tous ! Je vous retrouve avec une nouvelle petite histoire ! Les chapitres sont déjà tous prêts, j'essaierai donc de les publier chaque dimanche. Merci à ma correctrice pour avoir pris le temps de tout relire ! :D
J'espère que ça vous plaira, n'hésitez pas à laisser une petite review pour me donner vos impressions !
Bonnes fêtes à tous !
Assise sur le rebord d'une fenêtre, une lanterne suspendue dans les airs pour l'éclairer, Hermione lisait. Elle savait qu'elle n'avait aucun droit d'être dans la bibliothèque à une heure aussi tardive de la nuit, mais elle n'avait pas pu faire autrement que de venir se réfugier dans cette pièce, ce lieu qu'elle chérissait tant. Elle en connaissait le moindre recoin, savait où trouver le moindre livre. Hermione connaissait cette bibliothèque presque aussi bien que Mme Pince elle-même.
Le silence était total et la jeune femme lisait, toujours plus vite, essayant – en vain – de ne pas penser à la dispute qui l'avait amenée à venir se réfugier ici. Qu'est-ce qu'ils peuvent être stupides parfois, pensa-t-elle en relevant la tête de sa lecture. Soupirant, elle tenta de se replonger dans son livre, mais rien n'y fit. Elle était trop énervée pour se concentrer sur quoi que ce soit ce soir.
Elle était assise seule à une table, en train de faire ses devoirs, lorsque une ribambelle de première et deuxième année s'était lancée dans une expérience particulièrement bruyante et dérangeante, à savoir réussir à faire la plus haute montagne de chaises sans que celles-ci ne tombent. Bien sûr, Hermione n'avait pas été la seule à souhaiter qu'ils arrêtent de chahuter, mais en bon Gryffondor qu'ils étaient, personne n'avait tenté d'arrêter ces jeunes. Hermione, elle, l'avait fait. Elle avait bien tenté d'ignorer le raffut provoqué par les chutes de chaises, les rires d'enfants aigus, les cris stridents, mais au bout d'un moment, son devoir de préfète en chef – et son envie de plus en plus grande de tuer ces gosses qui l'empêchaient de se concentrer sur ses runes, plutôt compliquées – avait pris le dessus. Elle s'était alors levée doucement, essayant d'afficher un air mi-sévère, mi-amusée, puis s'était dirigée vers eux. Ils l'avaient tous regardée s'approcher de la nouvelle pile de chaises posées en équilibre instable les unes sur les autres et montant de plus en plus haut. Ils l'avaient également tous regardée se faire écraser par toutes ces chaises qui avaient dégringolées au moment précis où elle était passée à côté. Et ils avaient ri. Tous. Sans exception. Même les plus âgés, ses amis, ceux qui, en règle générale, se seraient précipités pour la faire sortir de sous cette montagne de pieds et de dossiers en bois couverts d'échardes, qui lui avaient entamé le visage, les bras et les mains. Vexée, elle avait fait voler toutes ces chaises d'un coup de baguette magique, les renvoyant à leur place, puis s'était tournée vers les première et deuxième années qui riaient encore d'elle, tandis que les autres, bien conscients maintenant de l'état d'énervement dans lequel se trouvait leur camarade et préfète, se taisaient progressivement.
« Retenue. Pour tous, avait déclaré Hermione d'un ton froid et calme, ses yeux lançant des éclairs. »
La tempête aurait très bien pu s'arrêter là, si l'un d'entre eux, un petit caïd, n'avait pas répliqué. Mais c'était sans compter sur l'arrogance et l'impertinence des jeunes à leur époque.
« Pourquoi ? On n'a rien fait de mal à ce que je sache. C'est pas notre faute si tu es passée trop près des chaises et qu'elles te sont tombées dessus. Et c'est pas de notre faute non plus si c'était tellement ridicule que tout le monde a rigolé. Faut te calmer tu sais. »
Et là, la tempête avait réellement commencé. Hermione s'était énervée comme jamais elle ne l'avait fait – bon, peut-être une fois ou deux, mais sur Ronald, c'était donc normal – et avait fait en sorte que ces gosses, et en particulier celui qui avait osé lui tenir tête, se souviennent qu'il ne fallait pas l'énerver, sous peine de la voir se transformer en une copie conforme du professeur Rogue, version féminine.
Quand elle en eut finit avec eux, elle retourna à ses livres, plumes et parchemins, dans le but de reprendre sa traduction là où elle l'avait laissée mais fut à nouveau interrompue, cette fois par des gens de sixième et septième année. Ils formèrent une sorte de cercle autour d'elle, en s'asseyant sur les chaises qu'elle venait de remettre en place après qu'elles lui soient toutes tombées dessus, et ils lui firent une sorte de leçon de morale, en lui disant qu'elle avait été trop dure, qu'ils ne faisaient que s'amuser, qu'ils avaient bien le droit de le faire et que, de toute manière, elle avait toujours été trop coincée et enfermée dans ses cours pour comprendre quoi que ce soit à la notion d'amusement. Ça avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Hermione avait rangé calmement ses affaires, hurlant intérieurement, mais d'un calme horrifiant à l'extérieur, puis était sortie de la salle commune sans dire un mot, pas même à Neville et Ginny qui rentraient à ce moment là.
Au début, elle n'avait eu aucune idée de l'endroit où elle pourrait se réfugier histoire de faire redescendre un peu la pression avant de remonter se coucher, mais ses pieds l'avaient menée directement à la bibliothèque et elle n'avait pas trouvé de bonne raison pour ne pas y aller – ce qui, soit dit en passant, montrait bien l'état d'énervement profond et irrémédiable dans lequel elle se trouvait. Se promener dans les couloirs, à découvert, à une heure aussi avancée de la nuit et se rendre dans la bibliothèque, de surcroît, était quelque chose qu'elle s'interdisait habituellement. Elle avait toujours – la plupart du temps – respecter au doigt et à l'œil le règlement de Poudlard. Mais ce soir, elle s'en fichait éperdument.
Alors elle était maintenant, et depuis bientôt deux heures, assise sur cet appui de fenêtre d'où elle pouvait lire tranquillement, ou du moins essayer, et se perdre dans ses pensées tout en observant le parc de Poudlard. Et c'est ainsi qu'elle était, perdue dans ses pensées et les yeux dans le vide, lorsqu'une ombre passa devant la fenêtre à gauche de la sienne.
« Il va donc falloir que je donne une retenue à la Miss-Je-Sais-Tout ? s'exclama une voix froide et posée. »
Hermione sursauta et poussa un petit cri. Elle se leva précipitamment, laissant tomber le livre qui atterrit à terre dans un claquement sourd, et sortit sa baguette.
« Rangez immédiatement votre baguette si vous ne voulez pas plus d'ennuis Granger. »
Levant les yeux vers la source de la voix, Hermione se rendit compte qu'elle menaçait actuellement le terrible professeur Rogue. Elle rangea donc sa baguette en laissant échapper un léger « Oh non ... » qui parvint cependant aux oreilles du sombre maître des cachots.
« Et si, c'est bien lui, le terrible et cruel bâtard aux cheveux gras. Qu'est-ce que vous pensez de ça Granger ? Ce surnom ? Me convient-il ? »
Hermione fronça les sourcils et leva de nouveau les yeux vers son professeur. Avait-elle mal entendu ? Elle espérait.
« Que voulez-vous dire professeur ? demanda-t-elle d'une toute petite voix.
-Je pensais pourtant que ma question n'était pas très difficile à comprendre. Je vous ai demandé ce que vous pensiez du surnom que me donnent vos chers camarades, répliqua-t-il. »
Il est fou, pensa Hermione. La guerre lui a fait plus de mal que ce que je pensais. Il perd les pédales. Mais, en faisant un peu plus attention à son professeur, la jeune femme déduisit une nouvelle théorie qui, bien que bizarre, collait peut-être un peu mieux à la situation. En observant l'homme qui se tenait devant elle, elle s'aperçut qu'il tanguait un peu. D'avant en arrière. Les bras de long du corps, l'air d'être là mais pas tout à fait. Il avait bu.
« Et bien, je pense qu'ils ont tort de vous appeler comme ça, que non seulement c'est un manque de respect total, mais qu'en plus ça ne vous correspond pas. A une certaine époque peut-être, mais plus maintenant. »
Sa réponse ne parut pas totalement satisfaire le professeur Rogue. Pourtant, elle avait été plus que sincère. Bien sûr qu'à l'époque où Hermione était elle-même une pauvre petite morveuse comme ceux qui l'avait fortement énervée ce soir – elle ressentit à cette pensée une nouvelle bouffée de rage monter en elle – il était un bâtard aux cheveux gras, mais plus maintenant. Bien que toujours sévère, strict et inflexible, il n'était plus l'homme qu'il était auparavant. La guerre fait des miracles, ironisa-t-elle pour elle-même. Severus Rogue avait changé. Il prenait soin de lui, de son apparence, tout en restant cependant lui-même. Mais on pouvait maintenant affirmer qu'il n'avait que 38 ans, chose impossible si l'on revenait quelques années en arrière. Son teint n'était plus jaunâtre, bien que toujours très pâle. On voyait bien quelques rides par-ci par-là sur son visage mais rien de bien méchant. Et ses cheveux étaient propres, par Merlin ! Toujours propres, et parfois même tirés en une queue de cheval à la base de sa nuque, le plus souvent lorsqu'il effectuait le dernier tour de classe pour vérifier la qualité des potions confectionnées.
« Vous mentez Granger, grogna Severus Rogue, les yeux fixés sur un point légèrement au-dessus de son interlocutrice.
-Pourquoi mentirai-je ? s'étonna la jeune femme.
-Pour vous en sortir sans encombres ce soir.
-Professeur, je suis dans la bibliothèque en pleine nuit alors que c'est interdit. Je sais très bien que je ne vais pas m'en sortir comme ça. Vous m'avez posé une question, j'y ai répondu sincèrement, pas pour vous faire plaisir, répliqua-t-elle doucement. »
Elle sentait qu'il valait mieux ne pas le brusquer ce soir. Elle se doutait bien que s'il avait bu, c'est qu'il y avait un problème.
« C'est exact Granger, vous êtes hors de votre dortoir, en pleine nuit, ce qui est totalement proho … prohi … prohibo …
-Prohibé ? suggéra Hermione.
-Ne vous moquez pas !
-Je ne me moque pas. Vous avez bu ? demanda-t-elle alors, se fustigeant ensuite pour avoir osé poser une telle question à un professeur.
-Ça vous regarde ? »
Severus Rogue la regardait maintenant droit dans les yeux et c'était particulièrement intimidant. Elle tenta de garder un peu de contenance pour lui répondre car, visiblement, il attendait une réponse une fois de plus.
-Non, je ne pense pas que … bredouilla-t-elle.
-Alors pourquoi avoir posé la question ? continua-t-il, un brin menaçant.
-Et bien je …
-Oui, j'ai bu. »
Tous deux se turent, Hermione étonnée qu'il ait avoué avoir bu, Severus surpris d'avoir laissé échapper cette réponse. Ils se regardèrent un instant, puis détournèrent les yeux. Enfin, après un moment de silence qui parut s'éterniser à l'infini, le professeur de potions reprit la parole.
« Je pense que je ferai mieux de retourner dans mes appartements, pour dormir et être d'aplomb demain. J'ai des cours à assurer. Vous devriez faire de même Miss Granger.
-Bien sûr professeur. »
Hermione baissa la tête, vit le livre gisant toujours à ses pieds, le ramassa puis se dirigea vers la sortie. Elle était quasiment arrivée à la porte lorsqu'elle l'entendit l'appeler.
« Oui ? fit-elle en se retournant.
-Je ne vous ai pas vue. Vous n'étiez pas dans les couloirs cette nuit. Et moi non plus d'ailleurs.
-Non, je ne suis pas sortie cette nuit professeur. Et je ne vois aucune raison pour laquelle vous auriez pu sortir vous aussi. Bonne nuit professeur, répondit-elle en souriant.
-Bonne nuit Miss. »
