Sur le fil
Partie I : Indécisions
Yo les jeunes ! Me revoici donc pour la suite tant attendue (je blague) de Sauvages. Je vais faire court en blabla parce qu'il se fait tard et que je dois me lever tôt demain. Je tiens donc à remercier humblement chaque personne qui m'a laissé une review sur Sauvages. J'en avais rarement reçu d'aussi constructives et encourageantes et ça m'a fait vraiment plaisir.
Avertissements : Bah, toujours pareil, sans doute en pire. Viols, violence, meurtres et tutti quanti. Pas du joli, quoi. Si vous aviez pas aimé Sauvages, vous attendez pas à aimer celui-là. J'assume une part de UA aussi, parce que Lavi part vraiment trop en couilles et je peux décemment plus placer cette chose dans le manga. Présence de plusieurs OC récurrents également.
Parings: Laven, Lavyuu, Lenallen, LavixLenalee, LavixOC, KandaxOC, AllenxOC. Le bordel, quoi, c'est la fête.
Voilà, je pense que c'est à peu près tout. Bonne lecture, donc !
oOo
« Ah, distinctly I remember it was in the bleak December,And each separate dying ember wrought its ghost upon the I wished the morrow; - vainly I had sought to borrowFrom my books surcease of sorrow - sorrow for the lost Lenore -For the rare and radiant maiden whom the angels named Lenore -Nameless here for evermore. »Edgar Allan Poe, The Raven
Ils n'en avaient pas reparlé, jamais. A quoi bon? Rien n'avait changé et ils étaient toujours l'exorciste maudit et son ami un peu idiot, en apparence. Les apparences suffisaient amplement dans le monde où ils évoluaient : on se foutait de leur souffrance tant qu'ils se battaient et faisaient bonne figure. Même entre eux, les élus sensés être frères d'armes, ils ne cherchaient jamais plus loin que ce qu'ils désiraient savoir, pour éviter tout malentendu ou situation gênante. Ainsi, puisque personne n'en parlait, puisque personne n'avait vu, alors rien n'avait eu lieu. Le rapport écrit à la va-vite fut rangé dans les archives de la Congrégation et on organisa une cérémonie pour les Traqueurs disparus, puis ce fut comme si l'incident de Roumanie n'avait jamais existé.
Pourtant, s'ils avaient creusé un peu plus profond, ils auraient tous compris que ce n'était pas tout à fait exact. Ayant relégué le souvenir des lèvres d'Allen au fin fond de son inépuisable mémoire, Lavi avait trouvé en la personne de Kanda un nouveau compagnon de jeu dont il usait et abusait selon son bon plaisir. Le brun s'était révélé être un partenaire beaucoup plus amusant qu'il ne l'aurait cru au premier abord et la perversité de leurs ébats ne cessait de l'étonner. Durant cette fameuse nuit qui avait inauguré leur relation, les choses ne s'étaient d'ailleurs pas vraiment déroulées comme prévu : alors qu'il pensait que Kanda le laisserait prendre son pied sans broncher, le bretteur avait commencé à se débattre furieusement, terrorisé par le contact de cette peau étrangère sur la sienne. Lavi avait mis du temps à saisir l'importance de ce constat mais il en était arrivé à la conclusion que c'était bien là la seule et unique peur de l'autre exorciste. Il craignait le sexe et l'intimité que cela représentait, il craignait de se mettre littéralement à nu et plus incroyable encore, il avait honte de son propre corps. Il ne l'avait pas dit mais le roux l'avait lu dans son attitude, alors qu'il tentait de cacher ses côtes saillantes et ses cuisses trop maigres en se recroquevillant sur lui-même. Il avait même regardé sa queue érigée comme si ça avait été la pire abomination au monde. Le calcul était facile à faire : il avait été élevé dans une institution religieuse où il avait dû apprendre par la manière forte que ce genre de pulsions étaient mauvaises, maléfiques. On avait dû le gaver de catéchismes depuis sa plus tendre enfance et, s'il n'avait visiblement pas bien retenu le principe d'aimer son prochain, cette croyance-ci était restée ancrée en lui jusqu'à ce jour. Kanda éprouvait du désir, qui plus est pour un homme et son esprit tourmenté ne pouvait l'accepter.
Loin de le rassurer, Lavi s'était servi de cette peur pour faire passer ce simulacre de baise pour un viol et, cette nuit-là, il avait joui comme jamais auparavant. L'autre pas tellement, sans doute et le roux avait pensé qu'il ne reviendrait pas vers lui après ça. Il s'était trompé. Kanda n'avait pas cessé son petit manège et Lavi avait sauté sur l'occasion pour faire de lui son nouveau jouet favori. Toutes les fois qui suivirent, ils rejouèrent inlassablement cette première fois qui les avaient tant marqués tous les deux. Et si la peur et la honte avaient disparu depuis bien longtemps, le bretteur continua à les exprimer, ayant assimilé d'une façon ou d'une autre que c'était la seule raison pour laquelle l'apprenti-Bookman restait avec lui.
*
Lavi soupira pour la énième fois. Il avait du mal à croire qu'à peine deux heures auparavant il était arrivé sifflotant et joyeux dans la bibliothèque, repu après une séance de baise particulièrement sportive. La nuit dernière, frustrés après une séparation de plusieurs semaines, Kanda et lui avaient été tellement agités qu'ils avaient fait exploser la moitié des ressorts du lit du Japonais et cassé un morceau de mur. Il y avait donc bien de quoi se réjouir mais c'était sans compter sur Bookman qui était d'une humeur pour le moins bizarre depuis le matin. En effet, plutôt que de ce concentrer comme à son habitude sur les antiques documents qu'ils étaient en train de traduire, il n'avait pas cessé une seconde de fixer le roux, le mettant très mal à l'aise.
« Bon ça va comme ça, » lança-t-il, à bout de nerfs. « Qu'est-ce qu'il y a ? Si j'ai encore fait une bêtise, tu n'as qu'à me frapper, ça ira plus vite. »
« Il faut qu'on parle, » répondit le Bookman sur un ton qu'il n'utilisait que quand ils devaient effectivement discuter de choses importantes. Lavi baissa les yeux et déglutit : en général, ça n'annonçait rien de bon.
« Si c'est encore pour me bassiner avec ton éternel « Les Bookmen n'ont pas de cœur, tu t'investis trop et cætera… » tu n'as pas à te donner cette peine. Depuis le temps que tu me le répètes, j'ai eu le temps d'écouter, de comprendre et même d'en faire des confitures. »
« Surveille tes paroles, jeune homme, je ne suis pas l'un de tes amis exorcistes, » déclara le vieil homme d'une voix ferme mais fatiguée. « et regarde-moi quand je m'adresse à toi, c'est la moindre des politesses. De plus, ce n'est pas de cela dont il est question. Ces derniers temps, vois-tu, il y a une idée fixe qui me trotte dans la tête, le genre de pensée que j'aurais préféré ne pas envisager. Je dois t'en faire part, parce que j'ai tout de même certains égards pour toi qui m'obligent à te laisser l'occasion de te défendre. Je t'ai dit de me regarder, Joshua ! »
Stupéfié, Lavi se tourna vers lui. Le vieux ne l'avait pas appelé par son véritable nom depuis des années, l'heure était vraiment grave. L'espace d'un instant, il songea à Kanda et surtout à Allen. Ce qu'ils avaient partagé avait beau avoir été réduit à néant par son esprit, si Bookman l'avait appris, il pouvait parfaitement l'avoir interprété de travers. Puis il secoua la tête, agacé : Bookman ne pouvait pas l'avoir appris, personne n'aurait pu le lui dire et si, de toute façon, ça ne concernait pas son investissement personnel, il n'avait normalement rien à craindre de ce côté-là. Quant à Kanda… Non, au vu des circonstances, il n'avait même pas besoin de s'arrêter là-dessus.
« Ca, ce n'est vraiment pas sympa, » dit Lavi en fronçant les sourcils pour se donner un semblant de contenance. « Tu sais très bien que j'ai abandonné ce nom depuis longtemps. »
« Il me fallait ton entière attention. Je commence à te connaître, tu as tendance à éviter les confrontations directes et, dans un sens, je le comprends mais là, c'est différent. Lavi, j'ai peut-être fait une erreur. »
« Une erreur, toi? A propos de quoi? » s'étonna Lavi, sa curiosité piquée au vif. Même dans les moments les plus critiques, le vieux n'admettait jamais avoir eu tort.
« Quand je t'ai proposé de devenir mon apprenti. »
L'apprenti en question en resta comme deux ronds de flan, la bouche grande ouverte. Plusieurs minutes durant, il fut incapable d'articuler un seul mot. En réalité, il s'était attendu à tout, sauf à ça. Bookman remettait en doute ses aptitudes, cette capacité d'observation qu'il avait éprouvée pendant toutes ces années. Il n'avait pas le droit, c'était trop injuste. Pas après toutes ces épreuves, pas après toutes ces horreurs qu'il s'était forcé à regarder. Il n'avait pas le droit et Lavi sentit une colère sourde prendre possession de son corps, laissant un goût amer sur le bout de sa langue. Il eut presque envie de passer ses mains autour du cou frêle de celui qu'il avait oublié de considérer comme un vieillard. Il lui serait si facile de le briser, si facile de faire passer cela pour un accident : « Je suis désolé Komui. Il est tombé de l'échelle en voulant attraper un livre. Je n'ai rien pu faire. » Il connaissait cette sensation, c'était le monstre. Le même monstre qui avait désiré par-dessus tout pendre les sbires d'Angelescu par leurs entrailles et les laisser sécher au soleil, à la merci des corbeaux. Il fit de son mieux pour le contenir mais ses doigts continuèrent à tressaillir, agités de violents spasmes.
« Tu plaisantes, j'espère? On a pas fait tout ce chemin ensemble pour que tu me dises ça maintenant ?! » Il avait hurlé ces derniers mots, incapable de retenir la vague de violence qui s'accumulait à l'intérieur de son être. Le monstre ronronna de satisfaction en voyant Bookman se recroqueviller sur sa chaise.
« C'est exactement de ça que je parle, Lavi, » admit-il après un moment. « Tu n'es plus en mesure de contrôler tes pulsions, tu es devenu trop instable. Quand je t'ai pris avec moi, je n'ai pas su mesurer à quel point tu avais été fragilisé par ton passé. J'ai vu ce qui s'est produit avec toutes ces jeunes filles et… avec tous ces jeunes garçons. Tu me croyais gâteux à ce point-là? J'ai vu et bien vu, j'en ai même été témoin à ton insu, parfois. Pourtant, je pensais que ce ne serait qu'une passade, que tu finirais par t'en lasser. J'ai même pensé que c'était une bonne chose qu'ensuite tu partes sans te retourner. J'ai eu tort et, pour ça, je m'excuse car si j'avais été un meilleur précepteur, j'aurais peut-être pu t'arrêter avant que ça ne dégénère. Ce n'était pas du détachement, c'était juste l'un des reflets de ta haine. Je t'ai trop souvent averti du danger que représente l'attachement mais nous ne pouvons pas nous permettre de détester non plus. Le devoir d'un Bookman est de rester neutre, Lavi, et je crois à présent que tu n'as jamais possédé la neutralité nécessaire pour accomplir cette fonction. »
Un silence interminable suivit cette pénible déclaration. Les deux hommes se jaugeaient, immobiles, ne souhaitant pas accélérer d'un geste l'implacable verdict qui menaçait de tomber. Entre eux, un mur fait d'acier et de diamant se dressait déjà, rendant toute communication impossible. Ils ne pouvaient plus se comprendre. Cet enfoiré de vioque sénile avait tout détruit. Il aurait très bien pu fermer les yeux, continuer à faire semblant, ça n'aurait rien changé. Mais non, il avait fallu qu'il ouvre son putain de clapet et lui renvoie en pleine gueule toute la confiance, toute l'admiration qu'il avait pour lui. Il avait fallu qu'il piétine son unique rêve, la seule chose qui lui permettait encore de tenir le coup. Tout ça pour quelques humains débiles qui auraient de toute façon été tués dans une autre de leurs putain de guerres. Lavi était bon dans ce qu'il faisait, il était le meilleur. Bookman n'en trouverait jamais un qui lui arrive à la cheville. D'ailleurs, il n'en aurait pas le loisir. Pas le temps. Il crèverait bien avant, la cervelle à l'air au milieu d'un énième champ de bataille. Lavi sourit méchamment à cette pensée.
« Bien, si c'est comme ça que tu le prends… » dit-il en soupirant, ne prenant même pas la peine de nier les accusations dont il était victime. « On fait quoi, maintenant? »
« Je n'en ai aucune idée, Lavi, j'ai encore besoin d'y réfléchir. Tiens, » lança Bookman en lui tendant une feuille de papier.
« Qu'est-ce que c'est? »
« Un ordre de mission que m'a confié Komui. Evidemment, il est pour nous deux mais je lui ai déjà dit que je ne t'accompagnerai pas cette fois. Tu iras seul. Je ne suis pas sûr que ce soit judicieux mais je n'ai trouvé que cette solution, pour le moment. J'userai de ce temps pour la méditation et, à ton retour, je te donnerai ma réponse. Cela te convient-il? »
« Est-ce que j'ai vraiment le choix? » demanda Lavi d'un ton railleur.
« Tais-toi, idiot. »
*
Le train avançait lentement, rampant tel un long serpent de métal à travers les champs de la banlieue parisienne : des betteraves et des choux à pertes de vue, Lavi en avait rêvé. Faute de mieux, il observait les quelques paysans qui travaillaient le long de la voie ferrée, regardant passer le train comme autant de vaches aux yeux globuleux et vitreux. Pitoyable. Fatigué, il se cogna la tête contre la vitre une fois, puis deux, espérant que cela évacuerait le flot de pensées qui tourbillonnait dans son esprit.
« Hé, lapin débile, arrête ça. Déjà que t'as le cerveau atrophié, ça va pas arranger les choses. »
Oui, Kanda. Entre tous, cette bande d'enfoirés avaient choisi de l'envoyer en mission avec Kanda. Pour couronner le tout, ils devaient rejoindre Allen et Lenalee qui les attendaient sur place. Le plan royal, quoi.
Le trajet avait été insupportable. Le pire? La traversée de la Manche. Le Traqueur qu'on leur avait refourgué avait le mal de mer. Ben voyons, pauvre chou. Evidemment, cela avait mis les nerfs du brun en pelote et il avait passé son temps à gueuler sur tout le monde pour un oui ou pour un non. Lavi en avait pris pour son grade. Depuis qu'ils couchaient ensemble, il était passé du statut d'emmerdeur à celui de souffre-douleur perpétuel. Kanda voulait sûrement se venger, lui faire regretter toutes ces humiliations en le mettant plus bas que terre. Ou peut-être juste signifier au monde entier que non, il n'y avait rien entre eux et enfoncer le clou jusqu'à ce que ça leur rentre dans le crâne. Lavi aurait aimé lui dire qu'agir comme cela ne faisait que renforcer leurs soupçons mais l'autre ne l'aurait pas écouté et il n'avait pas de temps à perdre avec un tel abruti. De plus, il avait assez vu cette petite pute crier et se tordre de douleur factice pour rester dans ses bonnes grâces. Il savait que, quoi qu'il arrive, il aurait toujours le dessus.
« Oh, je rêve ou Yuu-chan a appris un nouveau mot? » rétorqua-t-il d'une voix mielleuse, lui faisant bien sentir que ce n'était pas le moment. « Ne force pas trop, hein, tu pourrais te faire du mal. »
Un « Che » dédaigneux fut la seule réponse qu'il obtint. Il fronça les sourcils : un tel manque de finesse le rendait malade. Était-ce là la seule répartie dont l'autre était capable? Bookman avait peut-être raison, après tout, il ne se sentait plus vraiment à sa place parmi tous ces gens. Dans ses rêves, les seuls encore supportables sous la masse visqueuse et puante des cauchemars qui l'assaillaient chaque nuit, il se voyait partir de nouveau sur les routes, seul, à la recherche de quelque chose… ou de quelqu'un. Quelqu'un qu'il trouverait enfin à sa hauteur, qui saurait le comprendre. Un miroir, un jumeau qui l'aiderait pas à pas à sortir du trou noir dans lequel il s'était enfoncé. Anna, Allen, ils auraient pu… Non, il ne devait plus y penser.
La mission qu'ils devaient remplir cette fois était d'une banalité affligeante : quelques morts à venger, quelques Akuma à abattre, une Innocence à récupérer s'ils avaient de la chance. Selon Lavi, rien qui nécessitait de déranger quatre exorcistes, surtout avec la nouvelle menace Noah qui pesait sur eux comme une chape de plomb.
Kanda et lui avaient l'obligation de se rendre à Saint-Nazaire, légendaire ville portuaire de l'estuaire de la Loire, autrement dit victime notoire de l'industrialisation en cours, puant le fioul, le poisson pourri et les fientes de mouette, et, par endroits, les relents âcres de vomi laissé par les marins de passage. Evidemment, ils n'avaient trouvé aucun train direct pour se rendre du Havre à Saint-Nazaire et avaient donc dû faire escale à Paris, rallongeant considérablement leur périple. Lavi en avait plus qu'assez et pourtant il aimait beaucoup la France, quand il avait le temps de la visiter. La traverser en compagnie d'un imbécile et d'un trouillard n'avait jamais fait partie de ses projets. Heureusement pour lui, il restait encore à l'imbécile plusieurs qualités cachées qu'il avait la possibilité d'exploiter.
« Toi, à genoux, » ordonna-t-il soudain en écartant les jambes.
Kanda sursauta et le regarda comme un troisième œil était apparu au milieu de son front. Il ouvrit la bouche pour protester, puis la referma, jetant un coup d'œil nerveux vers la porte du compartiment derrière laquelle se trouvait leur Traqueur. Lavi, sentant son incertitude, y mit fin en se levant et en l'attrapant par les cheveux pour le tirer jusqu'à lui. Il se rassit et plaqua de force le visage du brun contre son entrejambe, l'étouffant à moitié. Après quelques secondes, il le relâcha et Kanda s'effondra, le corps agité de soubresauts.
« Tu me le paieras, » haleta le Japonais en se relevant difficilement.
« C'est ça, » répondit Lavi, tout sourire. « Tu préférais peut-être quand je tressais tes cheveux, Yuu-chan? N'oublie jamais que c'est toi et personne d'autre qui me pousse à faire tout ça. Maintenant, ferme-là et suce, salope. »
Lavi soupira de bien-être alors que les mains tremblantes de Kanda s'occupaient enfin d'ouvrir son pantalon. Il n'avait pas à s'en faire, l'autre aimait ça, après tout.
*
Ils parvinrent au crépuscule à la gare de Saint-Nazaire. Le train ralentit subitement, réveillant Lavi en sursaut. Il se frotta la tempe et tenta de rassembler ses esprits. Il avait dû s'assoupir après leur petit intermède : tant mieux, au moins il n'avait pas vu le temps passer. D'un geste agacé, il repoussa Kanda qui dormait sur son épaule et le corps de celui-ci rebondit mollement sur la banquette, sans donner le moindre signe de vie. Le sang du roux ne fit qu'un tour et il sauta près de l'autre garçon pour le secouer. Aucune réaction.
« Je l'ai tué? » se demanda-t-il dans un murmure dépourvu de toute trace d'émotion. Pas que ça lui aurait réellement pesé sur la conscience mais si c'était le cas, il était vraiment dans la merde.
« Messieurs les Exorcistes, » appela Etienne, le Traqueur, de l'autre côté de la porte. « Nous sommes arrivés à destination. Voulez-vous que je m'occupe de vos bagages? »
« Non, merci ! » répondit joyeusement Lavi. « On va se débrouiller ! Essayez plutôt de trouver Allen et Lenalee ! »
« Vous êtes sûr? »
« Oui, oui ! Nous avons euh… un petit problème à régler. On vous rejoint tout de suite! »
« Très bien, » dit l'homme et peu après l'écho de ses pas qui s'éloignaient se fit entendre dans le wagon.
Lavi prit une grande inspiration et s'intima à réfléchir. Il ne disposait que d'un temps limité : quelqu'un s'apercevrait bien à un moment ou à un autre que quelque chose clochait et finirait par venir les chercher. Il devait procéder par ordre. Tout d'abord, son pouls. Il plaça deux doigts sur la carotide de Kanda et attendit quelques secondes. Bien, son cœur battait, faiblement certes, mais c'était toujours ça de gagné. Ensuite, replacer les évènements. Il sonda sa mémoire à la recherche d'un élément déclencheur. Il se revit en train de jouir, quelques heures plus tôt et le brun à ses pieds qui tentait de recracher sa semence. Il s'entendit lui ordonner d'avaler et l'autre lui demander d'aller se faire foutre. Il sentit à nouveau les os de la mâchoire du bretteur craquer sous sa main quand il lui avait asséné le premier coup, celui après lequel il s'était arrêté : dans sa chute, Kanda avait heurté l'un des panneaux de bois qui entouraient la fenêtre et était tombé inconscient sur le sol de la cabine. Lavi se souvint de son étonnement : l'autre devait vraiment être dans un sale état pour s'effondrer aussi vite ; puis de l'indifférence qui avait suivi : après tout, Kanda était solide et il disposait de tout le temps nécessaire pour s'en remettre, ça ne poserait aucun problème. Il l'avait alors placé à côté de lui sur la banquette, ne se préoccupant pas davantage de son sort et se s'était laissé aller au sommeil.
Il avait merdé, ça, on pouvait le dire. Cependant, comment aurait-il pu se douter qu'une chose pareille se produirait ? Il inspira profondément de nouveau et se pencha en tendant le bras pour vérifier la présence d'une bosse à l'arrière du crâne de l'autre. Celui-ci ouvrit brusquement les yeux, manquant de le faire sauter au plafond et le gratifia d'un sourire narquois.
« Alors, tu fais moins le malin maintenant, hein? » ironisa Kanda sans bouger pour autant.
Lavi serra les dents et se retint de justesse de lui en coller une. Il s'était fait avoir sur toute la ligne mais ne devait pas oublier que c'était justement sa propension à la violence qui l'avait conduit jusque dans cette situation, il devait se calmer, faire taire le monstre pour le moment.
« Tu vois, tu n'es pas le seul à pouvoir jouer. Ne fais pas l'erreur de me sous-estimer, enfoiré, » ajouta le Japonais en se levant. Il attrapa Mugen qui traînait sur la banquette opposée et sortit du compartiment sans se retourner.
Lavi prit quelques secondes pour se remettre de ses émotions et sourit à son tour : tant mieux si la petite poupée y mettait un peu de mauvaise volonté, une légère touche de piment dans leur relation était toujours bonne à prendre.
*
Lenalee lui fit de grands signes lorsqu'il posa le pied sur le quai. Il y répondit, en apparence de bon cœur, et se mit à courir dans leur direction. Parvenu à sa hauteur, il embrassa la jeune fille sur la joue, la faisant rosir d'embarras. Avec cette expression enfantine, elle lui inspirait l'éclosion d'une rose délicate au printemps et lui rappelait à quel point elle était fragile sous ses airs matures et aussi combien il lui serait facile de la piétiner.
D'un air faussement ennuyé, il jaugea Allen et Kanda qui semblaient partis dans une énième joute verbale tandis qu'Etienne tentait en vain de les séparer. Dernièrement, leurs échanges venimeux avaient pris une toute autre dimension, devenant bien plus violents, et ils étaient tels deux lions ayant senti d'instinct qu'ils couraient après le même gibier. Comportement jouissif, de l'avis du roux, qui se délectait d'être l'objet de tant d'attentions. En réponse à son œillade silencieuse, Lenalee haussa les épaules et s'approcha discrètement de lui. Comprenant avec un plaisir non contenu où elle voulait en venir, il lui prit la main et l'entraîna vers l'entrée de la gare. Douce vengeance pour les deux délaissés qu'ils étaient. Il n'avait donc pas tort en pensant que Lenalee en pinçait pour Walker et tant mieux, ça l'arrangeait. Quoi de mieux qu'une complice pour faire payer à Kanda le juste prix de ses paroles acides : il lui faudrait apprendre de gré ou de force qu'on ne jouait pas impunément avec lui.
Les trois autres les rejoignirent bientôt et, malgré leur empressement suspect, ils firent mine de ne s'apercevoir de rien.
« Hé, Pousse de Soja, » grogna le bretteur, les yeux fixés sur les deux mains jointes devant lui. « Du nouveau pour l'Innocence? »
« C'est Allen, Kandouille, » répondit l'autre sur un ton absent. Etrangement, il regardait au même endroit. « et non, rien de concret sur l'Innocence. On commence tout juste à s'intéresser à une famille de nobles de la région, qui sont devenus très riches du jour au lendemain, il y a quelques années. Pendant longtemps, personne n'y a prêté attention mais nous avons remarqué que les Akuma se trouvaient plutôt dans la périphérie de la ville, où se trouve leur château. Ca n'a peut-être aucun rapport mais nous pensons que ça vaut le coup d'y jeter un coup d'œil. »
« Comment ils s'appellent, ces braves gens? » demanda Lavi, se tournant vers eux.
« Les De Lornais. »
« Ah oui, je m'en souviens. Allen, t'as tort en disant que personne n'y avait prêté attention, ça avait fait grand bruit, à l'époque. L'Empereur avait envoyé des émissaires pour vérifier ce qu'il en était à plusieurs reprises. Ils revenaient tous le sourire aux lèvres, en jurant qu'ils n'avaient jamais de leur vie été si bien reçus. Finalement, on raconte que l'Empereur lui-même a fait le déplacement avec ses généraux et qu'il est revenu ravi. C'est une sorte de légende mais je peux vous assurer que toutes les grandes familles de ce monde se sont battues pour être conviés chez les De Lornais. Mais ce n'est pas le plus bizarre… »
« Crache le morceau, lapin débile, » siffla Kanda en fronçant les sourcils, s'impatientant devant la pause dramatique que s'était accordée le rouquin.
« Eh bien, il paraîtrait que plusieurs témoins aurait vu le fils de Lornais se jeter du haut d'une falaise du coin et se pointer chez lui quelques heures plus tard complètement indemne. Pareil pour la mère. Certains jurent l'avoir aperçue se promenant la nuit dans son jardin avec sa tête sous le bras. »
« Ce serait tous des Akuma ? » s'étonna Allen.
« Ca m'étonnerait. Si c'était le cas, il n'y aurait plus d'Innocence ici depuis bien longtemps. Ce n'est qu'un conte horrifique local, après tout, il ne faut peut-être pas y accorder trop de crédit. »
« Ces contes viennent tous de quelque part, » dit Lenalee avec sagesse. « Je pense qu'il faudra tout de même vérifier. »
« On pourra demander à ma femme ! » s'écria soudain Etienne. « Nous avons toujours vécu ici mais elle est beaucoup plus friande que moi de ce genre d'histoires. Elle saura sûrement vous aider ! »
« T'auras pas pu le dire avant, idiot ?! » explosa Kanda, à bout de nerfs.
« Veuillez m'excuser, » gémit le Traqueur terrorisé. « J'ignorais que c'était ce que vous cherchiez. »
« Ce n'est pas grave, Etienne, » le rassura Allen en jetant un regard noir au brun. « Nous irons la voir demain. Voilà notre hôtel, » ajouta-t-il, désignant un petit immeuble sur leur gauche.
« Et c'est parti pour une bonne nuit de sommeil ! » s'exclama joyeusement Lavi en se précipitant à l'intérieur.
*
En réalité, la nuit s'était avérée plutôt courte. Ils en avaient usé une bonne partie pour construire d'un plan d'action cohérent. Ainsi, il avait été décidé qu'ils rendraient visite à la femme d'Etienne dans l'après-midi afin de ne pas la déranger outre mesure et qu'ils se sépareraient le matin pour glaner des informations auprès des habitants de la ville, histoire de ne rien laisser au hasard.
Lavi arpentait donc les rues, s'arrêtant donc parfois pour interroger les passants. Jusque là, aucun d'eux n'avait pu lui apporter d'information concluante et il commençait vraiment à désespérer. Il finit par tomber sur une immense place de marché et alla avec délice se perdre parmi les étals, respirant à plein poumons le parfum des pommes et des jonquilles fraîchement cueillies. Cela lui changeait de la puanteur de la ville, encore davantage accentuée par la chaleur ambiante. Il acheta à un marchand une portion de fraises des bois qu'il engloutit sans attendre : ça avait clairement un goût de paradis.
« Alors, monsieur l'Exorciste, » s'écria tout à coup une voix féminine derrière lui. « On flâne au lieu de travailler ? »
Il n'aurait pas dû, vraiment. Toujours, toujours il regretterait de s'être retourné et d'avoir posé les yeux sur la peau crème de la jeune fille qui venait de s'adresser à lui. Elle se tenait là, assise sur un étalage de poires et le regardait, la tête penchée sur le côté. Elle était belle, d'une beauté incomparable avec ses longs cheveux corbeau, ses yeux en amande qui semblaient avoir été forgés dans l'acier et les petites tâches de rousseur qui parsemaient sa frimousse enfantine. Enchanté, il s'apprêtait à rejouer son éternel numéro de séduction quand un sentiment étranger et désagréable prit place dans son ventre et lui tordit les entrailles. De la peur. Il sentait son parfum au milieu des effluves immondes de poisson pourri et de viande avariée. C'était celui du danger, du mal, d'une bête tout droit sortie de l'Enfer. Voyant sa soudaine réticence à l'approcher, elle lui sourit et attrapa sans gêne apparente une poire juteuse qu'elle porta à sa bouche sans le quitter des yeux. Ses dents parfaitement alignées lui firent l'effet de crocs prêts à le dévorer et il déglutit lorsqu'elle mordit dans le fruit, autant de désir que de dégoût. Il voulait posséder cette fille autant qu'il voulait s'éloigner d'elle en courant à toutes jambes. L'air se bloqua dans ses poumons et il crut qu'il allait suffoquer.
Pourtant, hormis lui, personne ne semblait remarquer cette diablesse et son aura destructrice. La foule compacte et colorée passait entre eux sans lui prêter la moindre attention. C'était vers lui, l'exorciste en uniforme, qu'ils jetaient des coups d'œil curieux ou effrayés. Le présence de la fille lui paraissait déjà si irréelle qu'il crut un instant qu'il rêvait, qu'il était toujours dans le train et que le souffle tranquille de Kanda caressait toujours sa bouche, réveillant son excitation. Bientôt, il se réveillerait lui-même et le traînerait jusqu'aux toilettes pour le baiser sans retenue. C'était forcément ça.
Pourtant, la fille se leva et lança une pièce au marchand qui la remercia d'un geste vague avant de retourner vaquer à ses occupations. Elle s'avança vers lui, traversant gracieusement la horde des paysans pressés sans qu'aucun ne la touche ou ne s'approche assez près pour faire voleter ses cheveux. Elle s'arrêta à sa hauteur et posa l'une de ses mains sur son torse. Il faillit sursauter tant le contact le surpris : il croyait toujours qu'elle ne devait être qu'une illusion mais la chaleur de cette paume qu'il sentait à travers son manteau n'avait rien de fictif. Perdu, il réalisa qu'elle faisait presque sa taille, peut-être deux ou trois centimètres de moins. La manche gauche de sa robe d'été blanche pendait légèrement sur le haut de son bras, dévoilant son épaule et il la rajusta, laissant ses doigts courir sur la peau laiteuse. Sa douceur et son grain lui rappelèrent quelqu'un mais il n'aurait pas su dire qui.
« Allons ailleurs, » dit-elle soudain et sa voix était grave, presque masculine. Elle lui prit la main et le tira vers elle, l'entraînant dans une course folle qui les mena hors de l'agitation ambiante du marché. Elle continua à courir dans un dédale de ruelles sombres où même un chat n'aurait pas osé s'aventurer. Lavi s'inquiéta sans pour autant chercher à l'arrêter : il ne retrouverait jamais le chemin de l'hôtel. Etrangement, cette idée le contenta et il pensa maladroitement que cette fille était peut-être l'ange venu le délivrer de ce merdier.
Elle tourna une dernière fois et s'arrêta brusquement, le plaquant contre le mur et s'agenouillant devant lui. D'un geste assuré, elle déboutonna son pantalon. Il posa sa main sur la sienne.
« Es-tu un Akuma? » demanda-t-il d'une voix posée qui l'émerveilla lui-même. Son sang bouillonnait tellement dans ses veines qu'il se sentait sur le point d'exploser.
« Non, » répondit-elle simplement et il la crut. Il avait compris instantanément qu'elle n'était pas le genre de personne qui avait besoin de mentir pour survivre. Elle tenta de retourner à sa tâche mais il l'en empêcha en resserrant sa prise sur les doigts fins. Elle leva les yeux vers lui, l'air ennuyé. « Quoi encore? »
« Es-tu une Noah? »
« Certainement pas, » rétorqua-t-elle placidement en essayant une nouvelle fois de se dégager et il la laissa faire. Il ne se demanda même pas comment elle pouvait connaître l'existence des Akuma et des Noah, il verrait ça plus tard. Le contact de cette bouche parfaite sur sa queue lui fit l'effet d'un choc électrique et ses jambes l'auraient lâché s'il n'avait pu se retenir à temps au rebord sale d'une fenêtre. Elle effectuait sa besogne lentement, taquinant, léchant, mordant doucement, juste comme il aimait, comme si elle savait exactement de quoi il avait besoin. Il lui sembla qu'elle avait pénétré dans sa tête et qu'elle suçait son âme en même temps que son sperme. La honte le faucha soudain, étincelle douloureuse au milieu du plaisir et il pensa à Lenalee, à ce qu'elle dirait si elle les trouvait dans cette position et à son joli visage crispé par l'effroi. La déception qui ternirait son regard quand elle saurait qu'il ne connaissait même pas son nom. Il ferma les yeux pour se concentrer sur autre chose mais elle l'en empêcha : elle passa sa main sous son manteau et sa chemise et le griffa, sûrement jusqu'au sang, le forçant à ne voir qu'elle. Elle s'éloigna une seconde, juste le temps de placer un sourire sardonique sur ses lèvres, un sourire qui paraissait dire « Tu es avec moi, mon chéri, je suis la seule à laquelle tu dois penser. »
Ce fut à la fois la plus longue et la plus courte minute de sa vie et quand il se libéra dans sa gorge, il se rendit compte qu'il était en train de pleurer. La fille le vit et essuya les quelques larmes qui coulaient sur ses joues après s'être relevée. Elle secoua rapidement sa robe pleine de poussière et le prit dans ses bras, le berçant comme s'il avait été un jeune enfant.
« On m'appelle Juliette, » lui glissa-t-elle à l'oreille. « mais ce n'est pas mon vrai nom. Je ne sais pas si j'en ai déjà eu un. On est pareils, tu vois. »
Il ne s'étonna même pas qu'elle soit au courant. Dans un sens, elle lui rappelait Anna. Cette simple pensée lui fit resserrer ses bras autour d'elle et il la sentit se détendre, compréhensive. C'était la première fois qu'il craquait ainsi depuis la mort de son amie et cette sensation qu'il avait tout fait pour oublier ressurgissait en lui avec la même force que ce jour-là, mettant son cœur en pièces. Pour étouffer le cri d'horreur qui menaçait de sortir, il enfonça ses dents dans sa nuque aussi fort qu'il le put et le goût métallique du sang vint titiller sa langue. Il souffrait tellement qu'il aurait voulu tuer Juliette là, tout de suite, arracher sa jugulaire et faire disparaître celle qui faisait remonter de si mauvais souvenirs à la surface. Pourtant, quelque chose l'en dissuada. Peut-être était-ce parce qu'elle n'esquissait pas le moindre geste pour s'éloigner de lui, peut-être pas. La douleur finit par s'estomper progressivement et il se dit que c'était sans doute elle qui l'absorbait car Juliette tremblait, à présent.
« Ca ne peut pas continuer comme ça, » dit-elle d'une voix éteinte. Il ne chercha pas à comprendre et la repoussa sans douceur, tentant de rassembler ses forces pour partir loin de ce monstre et remettre son second masque, celui de l'indifférence, en place. Alors qu'il avait à peine fait deux pas, elle le retint par la manche.
« Qu'est-ce que tu veux? » demanda-t-il froidement. « Je suis pressé, je n'ai pas le temps de m'amuser avec toi. »
« Ton hôtel est de l'autre côté, gros malin, » répondit-elle d'un ton moqueur. Si trace de faiblesse il y avait eu, celle-ci s'était complètement envolée. Juliette avait retrouvé son air hautain sans difficulté apparente. Elle se mit en marche sans un regard en arrière et il la suivit, ne sachant pas quoi faire d'autre.
« Pourquoi tu viens avec moi? Je n'ai pas l'intention de continuer ce que nous avons commencé. »
« Nous verrons, » dit Juliette en riant. « mais pour le moment, ça n'a pas d'importance. Je sais que tu cherches des renseignements sur l'Innocence et je peux t'en fournir mais, avant, je veux rencontrer tes amis. »
oOo
Et voilà pour le chapitre un. Il ne se passe pas grand-chose, je vous l'accorde mais c'est avant tout une mise en place, donc c'est normal.
Je ne sais pas quand je posterai la suite. Elle est loin d'être finie mais j'avance petit à petit.
N'hésitez pas à laisser une trace de votre passage (on dirait vraiment un vieux disque rayé, ma parole).
A bientôt !
