Auteur: Evolvana
Titre: Un seul être vous manque...
Disclaimer: tous les personnages appartiennent à JK Rowling.
Avertissement: énorme spoiler Tome5 !!!
Résumé: Toute la douleur que l'on peut éprouver à la perte d'un être cher. Et particulièrement celui-là...
Qu'importe si transplaner est interdit pour un élève comme moi. Qu'importe si entrer à nouveau à Square Grimmaurd est de la folie. Qu'importe si le sang sur mes mains est celui de ton elfe ignoble. J'ai fait ce que tu avais eu la négligence de ne pas faire de ton vivant... A présent, le manoir est entièrement silencieux, et même Buck a été recueilli ailleurs. Je suis le seul être vivant ici, mais je doute de l'être encore vraiment.
Ta mort a emmené mon innocence à la tombe. Oui, j'ai utilisé un Sortilège Impardonnable... sur elle. Je le souhaitais vraiment, et si fort ! mais pourtant, ça n'a pas marché. Pourquoi ? peut-être me suis-je trop précipité, peut-être ai-je voulu faire trop bien... à tête reposée, j'aurais réussi. La colère m'aveuglait, m'empêchait de vraiment prendre du plaisir à ce que je faisais. Elle est vivante, VIVANTE, quelque part. Elle. C'était toi qui devais rester en vie, pas elle ! Je me sens tellement faible, tellement méprisable... faute de pouvoir la trouver, j'ai cherché à passer mes nerfs sur quelque chose. N'importe quoi, quelque chose d'elle... Je me suis rappelé la photo que cet immondice d'elfe cachait dans sa tanière. J'eus soudain envie de la brûler, la voir se consumer, tentant de fuir d'un bout à l'autre de la photo... mais je te vis, toi. Les photos de famille n'avaient pas l'air d'être ton fort, mais je te comprends trop bien : entouré de tous ces gens odieux, personne ne se serait senti à l'aise... ton regard triste me donna l'impression que tu savais. Mais à ce temps là, tu étais loin de savoir. Qui aurait pu imaginer à quinze ans perdre son meilleur ami à peine quelques années plus tard, être trahi, accusé du meurtre, voir son propre nom calomnié, voir ses amis se détourner de soi, et enfermer douze ans dans la pire des prisons, sentant son bonheur se drainer chaque seconde et chaque minute de sa vie... pour finir en cavale, mangeant des rats dans une caverne, fuyant à l'autre bout du monde, pour ensuite revenir s'enterrer dans ce manoir tant détesté. Et mourir en voulant sauver la vie de quelqu'un qui n'a jamais su te rendre tout ce que tu donnais pour lui.
Je n'arrive plus à vivre, Sirius, c'est trop dur... chaque gorgée d'air me semble être du poison, chaque parole qui n'est pas de toi me brûle, chaque seconde passée de ma vie depuis que tu n'es plus là me donne chaque jour un peu plus envie de mourir. La seule chose qui me fait tenir, c'est l'idée que tu ne sois pas mort pour rien. Tu as voulu tout me donner et tu as fini par tout me reprendre. La seule chose qu'il ne fallait pas donner, c'était ta vie, Sirius... tous les cadeaux du monde ne pourront remplacer celui-là. C'était la boîte de Pandore, le présent maléfique, celui qui vaut tant qu'il déchaîne tous les maux.
Tout me paraît fade et infect autour de moi. Je n'ose plus regarder mes amis dans les yeux, leur attitude indifférente à ta mort, qu'ils adoptent en croyant m'éloigner de mes pensées pour toi, ne font que me blesser plus encore. Je ne m'étais jamais senti aussi seul de ma vie, au milieu de toutes ces centaines d'élèves joyeux fêtant la fin des cours. Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé...
Je me rappelle de ce qu'avait dit un sage, un jour. " On ne reconnaît souvent le bonheur que lorsqu'il s'en va " Ses paroles n'ont jamais été aussi vraies qu'aujourd'hui. J'étais heureux, mais je ne m'en apercevais pas. J'avais oublié que beaucoup d'hommes naissent aveugles et ne s'en aperçoivent que le jour où une bonne vérité leur crève les yeux... C'est fou l'importance que quelqu'un peut prendre dans votre vie. On ne s'en aperçoit souvent que lorsqu'il est trop tard... une fois que tout est gâché, et que vous ne pouvez plus lui dire tout ce que vous avez sur le cur, tout cet amour caché par fierté ou par ignorance. Tu étais devenu un deuxième père pour moi. La seule personne à qui je pensais quand je voulais me confier, ou demander un conseil. Maintenant que tu n'es plus, je prends soudain conscience de toutes les questions que j'avais à te poser. Sur mes parents, sur toi, et même sur moi... Voldemort avait raison, et Kreattur ne s'était pas trompé, en disant que tu étais la seule personne pour qui j'étais prêt à prendre tous les risques. Peut-être que si je t'aimais moins, tu serais encore vivant, là, devant moi. Me souriant et demandant : " Alors, Harry, comment va ta vie à Poudlard ? " J'aurais répondu n'importe quoi pour que tu te mettes à rire, pour enfin te rendre aussi heureux que tu ne m'avais rendu heureux par ta seule présence. Mais comment aurais-je pu t'aimer moins ? tu étais tout pour moi : un père, un frère, un ami, un confident... tu savais trouver les mots justes pour me rassurer, pendant que les autres me regardaient d'un air hautain et mystérieux, comme un phénomène sur qui tout reposait et à qui on ne voulait rien révéler.
Désormais, je ne vis plus. Je suis comme un mort qui respire. Plus rien ne m'importe, pas même cette vie de cloîtré que je subis désormais sans rien dire chez les Dursley. Je ne réagis plus qu'au nom d'une étoile et au nom d'une couleur. Tout revient à toi, et je m'en effraie moi-même... Chaque jour je lève machinalement la tête vers Hedwige, m'attendant à une lettre de toi. Tout le monde te dit mort, mais une partie de moi continue à espérer. Tu es peut-être coincé quelque part d'où tu ne peux revenir... j'aimerais qu'il ne s'agisse pas du monde des morts, mais tout le monde s'accorde à le penser. La mort est si mystérieuse, les fantômes et les esprits errants sont là pour le prouver. Je vis pour cet espoir. Et pour la vie que tu m'as donnée...
Je retournerai à Poudlard, mais plus que pour une seule raison : il n'y a que là-bas que se trouve le Miroir de Risèd. Il montre toujours ce que l'on désire le plus au monde. Tu ne peux pas imaginer combien je donnerais pour te voir à nouveau me sourire... Tu ne parleras pas, mais tes yeux le feront pour toi. Dumbledore disait qu'il était dangereux de vivre dans un rêve, mais je pourrai désormais lui affirmer qu'il est encore pire de vivre dans un cauchemar.
