Chapitre 1:

Il était tard, presque l'heure du couvre-feu.

Severus Rogue marchait à pas vif vers sa salle de classe. Il avait laissé Potter en train de laver le sol tandis que lui devait régler une affaire importante. Ordinairement, il n'aurait pas laissé un élève sans surveillance dans sa classe pendant une heure de retenue, surtout pas un Griffondor, mais Potter était un élève plutôt assidu et, bien que ce fût dur à admettre, il n'avait pas les mêmes tendances facétieuses que son père. Oh, le garçon avait bien eu des tas d'ennuis, mais c'était rarement de sa faute.

Bien que Rogue ne l'avouerait jamais à voix haute.

Quoi qu'il en soit, Rogue devait maintenant retourner auprès du Griffondor afin de le renvoyer, ainsi il pourrait partir. Ce soir serait sa dernière chance de trouver une fleur rare, pour ses potions, qui n'apparaissait qu'à la pleine lune et il voulait en trouver le plus possible.

L'homme jeta un regard circulaire à la salle de classe en y entrant, notant ainsi que chaque centimètre carré était absolument impeccable, la laissant probablement même bien plus propre qu'elle ne l'avait été depuis longtemps. Il remarqua également que Potter ne semblait plus être là. Il devait donc s'être lui-même autorisé à sortir une fois qu'il avait eu fini.

Décidant alors qu'une autre retenue avait l'air de s'imposer pour le garçon, Rogue sortit sa baguette et la dirigea vers le placard à balai, le fermant à double tour. Puis il alla vérifier que tout fût en ordre dans son bureau avant de pouvoir s'en aller.

Harry s'étira, s'élevant sur la pointe des pieds pour remettre le seau à sa place initiale. Evidemment, il aurait été bien plus facile de le laisser posé à terre. Mais il avait presque réussi à le remettre à sa place quand la porte du placard se ferma brusquement, le laissant enfermé dans le noir le plus complet.

Oh non, non, non, non… Il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine tandis qu'il laissait retomber ses pieds, le seau toujours entre ses mains. Il franchit le pas qui le séparait de la porte et tourna de toutes ses forces la poignée.

C'était fermé. Il était enfermé là, avec tous les produits ménagers. Sa respiration devint alors un peu plus accélérée. Quelque chose devait ne pas tourner rond. Peut-être était-ce un coup de vent qui avait refermé cette porte, mais bientôt le Professeur Rogue reviendrait, pour voir ou il en était dans sa tâche. L'homme vérifiait toujours son travail. Bien sûr qu'il reviendrait, il le retrouverait vite…

Il n'était pas dans un placard, cet endroit était bien plus grand qu'un placard. Non. Non, ce n'était pas plus grand que son placard. Il était plus haut, c'est vrai, mais certainement pas plus grand. En fait, à bien y regarder, il avait même l'air plus petit…

Il était dans un placard. Il était enfermé à l'intérieur. Encore. Il avait dû dire quelque chose de mal. Il faisait toujours ça. Mais pourquoi faisait-il toujours ça ? L'oncle Vernon détestait cela pourtant. Et la tante Pétunia n'apprécierait certainement pas non plus son comportement effronté. Ce devait être la raison pour laquelle il était enfermé, et aussi, pourquoi ils avaient pris son ampoule. Il avait pourtant terminé ses corvées, il savait qu'il les avait terminées !

Relâchant le seau, produisant par la même occasion un grand bruit qui résonna dans cet espace si confiné, Harry se jeta de nouveau sur la poignée et la tourna désespérément dans tous les sens tout en frappant la porte de son autre main. Il se fichait bien d'être frappé par la suite pour avoir fait autant de bruit, tout ce qu'il voulait, c'était ne pas avoir à rester enfermé dans cette obscurité.

Dans son bureau, Severus releva la tête en entendant tout un fracas provenant de sa salle de classe. Fermant son tiroir, il approcha doucement de la porte en observant la salle apparemment totalement vide. Un bruit de coup répété provenait de son placard à balai, tandis qu'il pouvait voir sa poignée bouger dans un mouvement incessant.

Soudain, le bruit cessa. Il n'y eut plus aucun mouvement perceptible. Il s'arrêta pour écouter, déconcerté par la respiration forte et irrégulière qui émanait du placard. Par Merlin ? Murmurant un sort afin de déverrouiller la porte, il s'approcha précautionneusement et tourna la poignée avec autant de précautions. Il se retrouva alors avec un adolescent de 12 ans dans les bras tandis que la porte s'ouvrit à la volée au même instant.

- Potter- Commença-t-il.

Mais avant qu'il ne puisse continuer, il fut interrompu.

- Je suis désolé monsieur ! S'exclama Harry au bord des larmes. Je suis désolé, je ne voulais pas faire ça, vraiment ! S'il vous plaît monsieur, je serai gentil. Je le promets, s'il vous plaît… Je serai gentil !

- Potter, qu'est-ce que-

- S'il te plaît oncle Vernon, je suis désolé. Pourrais-je au moins avoir ma l-lumière ? Implora le garçon.

Rogue s'empara de lui par les épaules, son propre estomac retourné par le sursaut que cela provoqua chez le jeune garçon.

- Potter, dit-il fermement, regardez-moi.

Des yeux craintifs se relevèrent pour croiser son regard, cependant, il ne fut pas sûr que le garçon voit vraiment ce qui était autour de lui.

- Qui suis-je ?

Potter le fixa, une expression étrange sur le visage, comme si la réalité reprenait le contrôle. Rogue regarda les lèvres du garçon former une dernière fois le mot « oncle », avant qu'il ne cligne de l'œil, confus.

- P-Professeur ?

- Vous souvenez vous où vous êtes ? Demanda Rogue.

Une autre pause dura quelques instants avant que la réponse ne vienne, tandis que le garçon jetait un regard circulaire à la pièce.

- Poudlard, murmura-t-il doucement.

- Potter, reprit l'homme, que faisiez-vous dans le placard ?

- Vous m'avez enfermé à l'intérieur! S'exclama Harry comme s'il réalisait soudainement.

Rogue se demanda si le garçon était conscient de toute la douleur qu'il exprimait dans sa voix. Harry se dégagea alors de la poigne de l'homme. Le poussant sur son passage, il se précipita aussi loin qu'il le pût du placard.

- Je ne savais pas que vous étiez encore là, dit Rogue, je pensais que vous étiez déjà parti.

- Vous ne m'aviez pas encore permis de partir, accusa le garçon. J'essayais de remettre le seau à sa place.

Il pointa alors l'objet qui était toujours sur le sol.

- Je dois admettre… que je n'ai pas pensé à regarder là.

- Et bien vous auriez dû, monsieur !

Rapidement, il dévia son regard, jouant inconsciemment avec ses doigts. Apparemment, il n'était pas encore tout à fait remis de son... incident.

Rogue observa un instant l'adolescent tête baissée.

- Je veux parler de votre réaction.

Potter sembla tendu, continuant de jouer avec ses mains, mais il ne fit aucun mouvement pour répondre.

- Il paraît évident que vous étiez enfermé dans quelque chose qui ressemble à un flash-back, continua l'homme. Potter, est ce que votre oncle, ou votre tante, vous enfermaient dans un placard ?

L'adolescent secoua la tête, visiblement plus dans un mouvement de refus que pour émettre une réponse.

- Potter...

- Monsieur, le couvre-feu est passé, balbutia Harry, toujours décidé à ne pas rencontrer son regard.

Rogue soupira.

- C'est vrai, dit-il, vous pouvez partir M. Potter.

- Merci monsieur.

Le faible murmure était tendu et précautionneusement contrôlé. D'abord hésitant, Harry ne tarda pas à quitter la salle de classe.

Le maître des potions fronça les sourcils. La boule de nerfs qui venait de quitter sa classe n'avait rien à voir avec le garçon qu'il avait imaginé. Se trouvant grandement déstabilisé avec ce nouveau Potter, il marcha rapidement vers la cheminée dans son bureau. Il parlerait au directeur.

Immédiatement.