Hey à tous !

Me revoilà donc avec le prologue du tome deux de Vice Vital, car cette histoire ne pouvait s'achever de cette façon. Beaucoup d'ombres demeurent, et il est temps qu'elles disparaissent.

Pour rappel, il s'agit du prologue du tome deux, et si vous n'avez pas lu le premier tome, en plus de ne pas comprendre grand-chose aux enjeux actuels, vous allez salement vous faire spoiler sur l'intrigue, ce qui serait fort dommage.

Concernant le rythme de publication, je reste sur un chapitre toutes les deux semaines, généralement posté le dimanche.

Autrement, un nouveau merci à Illheart pour sa review sur le dernier chapitre du tome 1, ainsi qu'à ceux qui suivent et ont mis cette histoire en favori !

Pour ceux qui recherchent un thème musical, je conseille Nordica d'Audiomachine, qui m'a notamment inspiré pour toute la première partie.

Sans plus attendre,

Enjoy it !


Prologue : Solitude enneigée

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– Dix-sept ans plus tôt –

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La nuit lui semblait atrocement silencieuse, pas même un miaulement de chat ne se faisait entendre. Seul le bruit étouffé de ses pas hésitants résonnaient dans ces ruelles désertées. Sa solitude l'oppressait dans cette obscurité lugubre, où la lune régnait par son absence. C'est à peine s'il voyait à deux mètres devant son nez, il avançait à tâtons. Il était bien trop loin du souk pour s'y réfugier.

Il peinait à avancer dans l'épaisse couche de poudreuse qui recouvrait le sol. Il n'avait cessé de neiger depuis la veille, et les flocons continuaient de tomber drus. Ils virevoltaient à cause du vent hurlant qui lui glaçait les sangs. Il grelotait de froid, enfonçant davantage ses mains dans les manches de son pull. Il avait oublié ses gants et son bonnet lorsqu'il était parti en courant. Il le regrettait amèrement maintenant.

Il trébucha soudainement, et s'écrasa dans la neige. Sa peur grimpa en flèche, mais seul le vent continuait de mugir. Il n'entendait rien d'autre que sa propre respiration affolée. Personne d'autre ne se trouvait là, il était seul dans cette nuit angoissante. Qui d'autre s'amuserait à sortir par un temps pareil après tout ?

Il finit par se relever, trempé, retenant un sanglot. Il était perdu et ne savait plus quoi faire ni où il se trouvait. À force de courir, il avait perdu tout repère spatial et ces ténèbres l'empêchaient de retourner au Bar de l'Arnaque. Il était parti dans la colère, mais maintenant qu'elle s'était évaporée, il se retrouvait désemparé. Il ne reconnaissait même pas les lieux.

Il se retourna brusquement, ayant cru entendre un bruit, mais il ne distingua rien dans la noirceur de la nuit. Il reprit alors son chemin balbutiant, pas à pas. Sa confiance s'était volatilisée, l'hésitation et la crainte avaient pris le dessus. Il aurait préféré, et de loin, être auprès de Shakky devant la cheminée avec un bon chocolat chaud, mais il s'était disputé avec elle. Il était d'ailleurs parti pour cette raison.

Il chassa soudainement ce souvenir de son esprit. Il ne voulait pas s'en rappeler, car les causes de leur désaccord le renverraient à des évènements moins joyeux, plus sombres. Il ne souhaitait pas y penser, tout était encore trop récent, trop blessant.

Il s'efforçait donc d'avancer vers une direction qui lui était strictement inconnue alors que la neige redoublait d'intensité. Le vent le glaçait sur place, et faire un pas de plus était une véritable épreuve. Il aurait préféré s'effondrer sur le sol et attendre. Choisir le chemin de la facilité.

Sa vision se brouillait, tant à cause des flocons qu'à cause de la fatigue et du froid. Il tremblait, ses dents claquaient, et tenait à peine sur ses jambes. Il s'écroula encore, tombant à genoux dans la neige. L'humidité lui gelait les os, mais il n'avait plus la force de se lever.

Il distingua vaguement une silhouette au loin, mais il n'en était pas certain. Cela devait être son imagination. Personne d'autre n'était aussi fou pour sortir par cette météo. De toute façon, il n'eut pas le temps de vérifier que le froid eut raison de lui.

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oOo

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Il s'enveloppa un peu plus dans cette épaisse couverture, ramenant aussi l'édredon de plumes vers lui. Il cherchait à s'enfermer davantage dans ce cocon de douce chaleur, ne voulant pas retourner dans le froid et la neige. Il préférait nettement cette sensation de sérénité à la solitude glacée de la nuit noire.

Il cala sa tête contre l'oreiller moelleux, et chercha à se rendormir. Il ne se souvenait pas d'en avoir un aussi confortable dans sa chambre, mais il comptait bien profiter de cette nouveauté. Son sommeil s'annonçait déjà récupérateur.

Cependant, ses souvenirs lui revinrent à l'esprit, et il se redressa aussitôt. Il voulut alors observer les lieux, mais la lumière du jour qui filtrait par la fenêtre lui agressa les yeux et il mit un moment avant de s'y habituer.

Il ne reconnaissait pas les lieux. Tout lui était inconnu. Il était assis dans un grand lit en bois sculpté, avec des draps trahissant une certaine richesse de la part du propriétaire, et cette impression se retrouvait dans le reste de la pièce. Le parquet vernis était orné de tapis richement décorés, des rideaux de velours rouge étaient accrochés aux fenêtres parées de dorures, un bureau en bois ancien et laqué était placé au milieu de la chambre, avec un large fauteuil aux épais coussins. Cela lui paraissait irréaliste, ou tout droit sorti d'un conte. Ce décor contrastait tellement avec le Bar de l'Arnaque, ou encore l'appartement que ses parents avaient au-dessus de leur herboristerie.

Il jeta un œil dehors. Des nuages gris recouvraient le ciel, et la neige continuait de tomber. Des flocons se collaient puis fondaient en grand nombre contre la fenêtre. Il reconnut au loin la grande horloge de Roanapura, et la crainte lui saisit soudainement le ventre. Il ne l'avait jamais vue avec un tel angle de vue. Où était-il ?

Il ne savait même pas comment il était arrivé là. La dernière chose dont il se souvenait, c'était le vent qui lui glaçait les os, et aussi cette vague silhouette au loin. Il secoua la tête pour chasser cette idée ; personne n'avait pu être assez fou pour sortir avec un temps pareil. Pourtant, cela expliquait ce qu'il faisait là.

– Oh, tu es réveillé.

Cette voix masculine, à la fois douce et suave, le fit sursauter brusquement. Il n'eut même pas le temps de se retourner que l'inconnu passa devant lui, se dirigeant vers le bureau. Il y posa un plateau d'argent, puis s'installa dans le fauteuil.

– Tu as faim ? demanda-t-il en désignant ce qu'il avait apporté.

Il ne trouva rien à répondre, comme hypnotisé. Il avait déjà aperçu cet homme, une fois. Il le reconnaîtrait entre mille avec ce manteau de plumes roses si particulier et ses lunettes violettes. Cependant, il lui semblait plus avenant que cette fois où il l'avait vu dans la rue. Il était vêtu sobrement, une chemise noire avec quelques boutons ouverts, et un pantalon de lin blanc. Il avait perdu cette extravagance qui le caractérisait tant. Enfin, de ce qu'il avait pu entendre dire. Trop de rumeurs circulaient au Bar de l'Arnaque.

L'homme finit par l'interroger doucement du regard, mais il ne pouvait deviner à quoi il pensait réellement. Il ne savait même pas comment se comporter avec lui, partagé entre les ouï-dire et la réalité qui se présentait à lui. Dangereux mafieux ou bienfaiteur inattendu ?

Joker finit par lui tendre une tasse de chocolat chaud, toujours aussi calme. Avec une hésitation à peine dissimulée, il finit par la saisir et le remercia timidement. Il ne côtoyait jamais les criminels d'aussi près, Shakky l'en empêchait.

– Tu n'as pas à avoir peur, petit. Je ne te veux aucun mal.

Malgré la distance qui les séparait, il percevait sans difficulté son sérieux. Aucun mensonge ne s'entendait dans sa voix, et de toute façon, il ne voyait pas pourquoi il lui mentirait. Un enfant comme lui ne lui était sûrement d'aucune utilité.

– Tu étais évanoui dans la neige. Tu as de la chance que je t'ai trouvé à temps.

Il baissa la tête, soudainement honteux. Sans lui, il serait mort de froid. Personne d'autre ne serait passé là avant le matin. Il avait été stupide de quitter le bar alors qu'il neigeait aussi fort.

– Merci…

Il s'efforçait de ne pas croiser son regard, fixant sa tasse, buvant un peu. La faim lui tenaillait le ventre, il n'avait pas mangé depuis son départ précipité.

Néanmoins, il ne put s'empêcher de relever un peu la tête, la curiosité prenant le dessus, et il aperçut Joker lui sourire doucement.

C'était ça, le mafieux que tous craignaient ? Ce fameux Empereur dont il entendait sans cesse parler au bar, sur lequel circulaient des rumeurs aussi affreuses les unes que les autres ? Il avait l'impression que deux personnes complètement différentes se cachaient derrière ce pseudonyme.

Une aura rassurante se dégageait de l'homme, chaleureuse aussi. Un peu comme celle qui régnait chez lui, avant. Rester là lui conférait une sensation de sécurité.

– Tu as un nom, petit ?

Il l'observa alors, hésitant. Ses parents, et même Shakky, lui répétaient toujours de se méfier des inconnus ou de ceux qui s'intéressaient d'un peu trop près à lui, sans pour autant lui expliquer pourquoi. Cependant, aucun d'eux n'était là en ce moment. Il était livré à lui-même, face à son bienfaiteur.

– À moins que tu ne préfères que je continue à t'appeler « petit », s'amusa doucement Joker.

– Law. Trafalgar Law.

Un silence étrange lui répondit, et il se demanda un instant s'il avait dit ou fait quelque chose de travers. Même le sourire du mafieux s'était légèrement fané, mais il ne tarda pas à reprendre de la vigueur.

La douceur envolée revint alors dans la chambre, comme si rien ne s'était passé, alors il ne s'appesantit pas sur la question. Il n'avait pas envie de s'arrêter sur des sujets sérieux. Il voulait seulement oublier ses soucis, c'était après tout pour cette raison qu'il avait fui Shakky la veille.

– Tu as faim, Law ?

Il hocha timidement la tête, et l'adulte lui apporta le plateau qui contenait du pain frais sortant du four avec de la confiture, ainsi qu'une mandarine. Il le remercia distraitement, songeant qu'il avait tout prévu. Il se souvenait parfaitement avoir vu Joker arriver avec cette nourriture lorsqu'il s'était réveillé. Il peinait vraiment à associer le dangereux mafieux à l'homme qui se tenait en face de lui.

– … Et vous êtes ?

Peut-être s'était-il trompé de personne, que ce n'était pas le célèbre Empereur, mais seulement quelqu'un lui ressemblant. Il avait préféré jouer l'ignorant pour obtenir une réponse.

Un léger rire amusé résonna dans la chambre, lui prouvant que sa tentative ne l'avait pas dupé.

– Je crois que tu sais déjà qui je suis, Law.

– Joker… souffla-t-il faiblement.

Il avait cette impression injustifiée que prononcer son nom suffirait à concrétiser la cruauté et la sévérité dont il avait la réputation, faisant disparaître dès lors son côté avenant et chaleureux.

L'adulte le lui confirma silencieusement, le fixant calmement. Le monstre évoqué par les rumeurs n'apparaissait pas devant lui il restait le même.

– Je préfère Donquixote Doflamingo.

Law cligna des yeux un instant, avant d'assimiler le nom. Les Donquixote étaient l'une des plus grandes familles nobles de Roanapura. Il avait déjà entendu ses parents ou Shakky en parler.

Cependant, la porte s'ouvrit, l'empêchant d'ajouter quoi que ce soit. Joker se tourna vers la porte, l'air un peu contrarié d'être ainsi dérangé.

Un autre homme, qu'il ne connaissait pas cette fois-ci, se tenait sur le seuil et son manteau de plumes noires attira son regard. Il ressemblait à son bienfaiteur aussi, avec ses cheveux blonds et ce même style vestimentaire.

– Il est là, Doffy.

– Commence sans moi, je suis occupé, Rossinante.

L'inconnu acquiesça silencieusement, et jeta ensuite un regard dans sa direction. Sans peine, il y devina une certaine suspicion qui le déstabilisa. Des tas d'interrogations l'assaillirent aussitôt, et des craintes infondées le rattrapèrent. Sa présence gênait-elle ? La véritable raison de sa présence ici lui était-elle cachée ? N'aurait-il pas mieux fait de partir sans demander son reste, au lieu de rester là ? Pourquoi un grand nom de la criminalité avait-il pris la peine de le sauver d'une mort certaine ? Un enfant lui était probablement d'aucune utilité, alors pourquoi ?

– Law ?

Il sursauta, et il se rendit compte que le dénommé Rossinante avait disparu la porte avait été refermée.

Il se tourna vers Doflamingo, qui lui souriait doucement comme pour le rassurer.

– Ne te préoccupe pas de Rossinante, mon frère est toujours plus méfiant que nécessaire.

Il chassa alors toutes ses questions de son esprit, et il hocha légèrement la tête. Il s'était sûrement inquiété pour rien, s'imaginant des scénarios catastrophes irréalistes.

Il jeta un œil à la fenêtre. Il neigeait toujours, et le vent semblait avoir redoublé d'intensité. Les gros flocons virevoltaient dans le ciel gris, et s'échouaient ensuite dans la poudreuse déjà bien épaisse. Même s'il avait eu l'envie de rentrer, ce qui était loin d'être le cas, la météo l'en empêchait.

– Tu peux rester ici autant de temps que tu veux, Law.

– Vraiment ?

– Bien sûr, cela ne me dérange pas. Et puis, tu n'as pas envie de rentrer chez toi, je me trompe ?

Il dévisagea un instant le mafieux, avant de ramener ses genoux contre son torse. La tristesse de ces derniers jours se rappela soudainement à lui. Il n'avait plus de chez lui. L'herboristerie et leur appartement avaient brulé. Tout avait été réduit en cendres ; il ne restait plus rien. Tout était parti en fumée, son seul refuge était désormais le Bar de l'Arnaque. Mais il s'était disputé avec Shakky, et il était parti en courant sans prêter attention à la météo désastreuse qui sévissait. Il connaissait la ville, alors cela n'aurait pas été gênant en temps normal, mais lorsque les éléments se déchaînaient, c'était une toute autre paire de manches.

Il baissa la tête, posant son front contre ses genoux alors qu'il sentait les larmes monter. Il ne voulait pas regarder la vérité en face. Il ne voulait pas accepter les faits, c'était au-dessus de ses forces.

Une main douce passa alors dans ses cheveux, le caressant lentement pour le réconforter. Il se redressa un peu, et vit Doflamingo assis à ses côtés, un air peiné sur le visage. Il ne bougea pas, restant là à l'observer silencieusement, à la fois perdu et surpris. Le geste ne cessait pas, et de son autre main, il vint essuyer ses yeux humides.

– Tu devrais te reposer, Law. Tu en as besoin.

Il le regarda encore un instant, et l'adulte parut deviner ses hésitations.

– Je serai là à ton réveil, ne t'en fais pas. D'accord ?

Il acquiesça timidement, se rendant compte en même temps d'un détail des plus importants. Ou plutôt, de l'absence de ce détail.

Il ne portait plus ses lunettes violettes, elles étaient posées sur la table de chevet. Ses yeux brillaient d'une sincérité incontestable, et il était certain que très peu de personnes avaient eu droit à un tel privilège.

Il pouvait lui faire confiance sans l'ombre d'un doute. Lorsqu'il se réveillerait, il serait à ses côtés. Il ne connaîtrait plus cette solitude qui l'habitait ces derniers temps.


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Cette fois-ci, je n'ai rien fait de très énigmatique, j'ai préféré opter pour ce flashback qui me permet de poser plus clairement la relation entre Law et Joker. Et puis c'est toujours bien de commencer par un peu de douceur, compte tenu de la fin du premier tome.

Concernant la suite, elle sera postée le dimanche 7 janvier, et on y retrouvera Law et Ace, vadrouillant chacun de leur côté ! Que va faire Ace maintenant qu'il a découvert l'identité de Lachésis ? Et Law va-t-il poursuivre ses plans malgré sa situation précaire ?

J'espère que cela vous a plu, et n'oubliez pas que la review est toujours bénéfique à l'auteur !

See ya !