PROLOGUE
« ― Va-t'en ! souffla-t-il, d'une voix autoritaire, le visage impassible.
― Non, pas sans toi, répondit-elle d'une petite voix brisée en lui agrippant la main.
Le jeune homme frissonna à son contact et évita soigneusement de croiser ses prunelles chocolatées. Il savait qu'il faillirait s'il osait un seul regard pour elle. C'était trop tentant de vouloir s'enfuir à ses côtés, de simplement accepter de baisser les armes et de partir tel un fugitif. Mais il avait des responsabilités, des devoirs à accomplir et plus que tout, il devait la protéger. Et il n'y avait qu'ici, dans le repère sacré des mages noirs, qu'il pouvait effectuer cette tâche si ardue. La brunette serra davantage son étreinte sur sa poigne et essaya, vainement, de le tirer vers elle. Il fit alors ce qu'il savait faire le mieux : être un petit con arrogant.
― Lâche-moi, sale sang-de-bourbe ! cracha-t-il en récupérant violemment l'emprise de sa main. Ne crois pas que ce qui s'est passé ici avait une quelconque signification. Ma place est avec les miens. Et toi, tu n'as plus rien à faire ici.
Bien qu'il évitait soigneusement de la regarder en face, il pouvait sentir son regard le brûler et picoter son épiderme. Comme lorsque, jadis, elle déposait de doux et tendres baisers sur sa peau abimée. Un flot nostalgique s'empara de lui et pendant un quart de secondes, il fut sur le point de baisser les armes. De juste la prendre dans ses bras et de s'excuser pour son sale comportement. Mais c'était prohibé. Aussi, il se contenta de sortir sa baguette et de la pointer vers elle, comme pour lui faire comprendre que c'était là son dernier avertissement. Enfin, leurs iris s'accrochèrent pour la première fois depuis quelques minutes.
― Tu mens. Ta place est avec moi et tu le sais, dit-elle d'un ton déterminé comme lorsqu'elle récitait ses manuels durant les cours.
― Ne te montres pas si prétentieuse, Granger. Certes, on a eut quelques bons moments mais c'était purement et simplement pour le boulot. Tu crois vraiment qu'une fille comme toi pourrait m'intéresser ? Regarde-toi !
Il fit mine de ricaner et secoua la tête, l'air profondément amusé par ses paroles.
― Tout ce que je voulais de toi, je l'ai eu. Maintenant, dégage ! Tu ne nous sers plus à rien.
Elle mordit sa lèvre inférieure et ses yeux s'embuèrent. Elle avait finit par croire à ses propos, parce que finalement elle n'avait pas si confiance en elle que ça. La miss-je-sais-tout ne se rendait absolument pas compte de l'effet qu'elle pouvait avoir sur les autres. Elle avait ce halo réconfortant et candide qui donnait envie de la protéger. Et s'il avait mit du temps à l'apercevoir, aujourd'hui, il ne voyait plus que ça. Elle finit par bouger et lui tourna le dos dans un geste rapide. Durant un instant, il put presque voir les larmes sur son visage opalin et sa main se mit à trembler. Il ferma les yeux et quand il les rouvrit, elle avait disparu.
Enlevée par l'étau de la nuit et la solitude propice à un cœur en détresse. »
